XIXe siècle dans Loxias-Colloques


Articles


Loxias-Colloques | 5. L’expérience féminine dans l’écriture littéraire | I.

Jane Eyre (1847) de Charlotte Brontë : une (ré)écriture de transgression

L’affirmation liminaire du chapitre XXXVIII du roman Jane Eyre en constitue certainement la signature. La jeune femme exhibe une fierté féminine que peu de personnages féminins victoriens possédaient. C’est une « victoire » que Jane remporte, à titre personnel, mais également au nom de toutes ces femmes honnies, réduites au silence, sous le poids d’une société patriarcale qui fait peu cas de la volonté et des désirs de ces êtres « inférieurs ». Cette petite revanche, Jane l’immortalise sur papier. Le mariage harmonieux des genres auquel assiste le lecteur est l’appropriation par Brontë d’outils littéraires réservés aux hommes et devient l’expression originale de son expérience unique de perversion littéraire.

Consulter l'article

Écriture de l’expérience et expérimentation de l’écriture : la maternité, un enjeu stylistique chez George Eliot

À travers le jeu des comparaisons entre le chapitre XVII d’Adam Bede et de « Woman in France: Madame de Sablé », publié en octobre 1854 dans la Westminster Review, le but de cet article est d’analyser la manière dont les discours scientifiques et évolutionnistes de l’époque influencent George Eliot dans son interprétation du corps féminin et maternel, et dont elle transpose ces théories à la littérature afin d’identifier un style féminin de l’écriture. Through the comparison between chapter XVII in Adam Bede and an article she wrote in 1854, entitled “Woman in France: Mme de Sablé”, the purpose of this paper is to analyse how George Eliot is influenced by scientific and evolutionary discourses in her interpretation of the female and maternal body, and how she transposes these theories to literature in order to identify a feminine writing style.

Consulter l'article

Loxias-Colloques | 5. L’expérience féminine dans l’écriture littéraire | II.

Sur les traces de Lady Montagu. Femmes ottomanes du XXe siècle dans les récits de voyage de Demetra Vaka et Noëlle Roger

Cette contribution porte sur la représentation féminine, tant concernant la manière dont la femme est représentée, que les traits éventuellement « genrés » du discours narratif. Les auteurs abordés sont l’écrivaine et journaliste gréco-américaine Demetra Vaka Brown (1877-1946) qui voyagea en Albanie en compagnie de son frère, envoyé en mission politique pour le compte du gouvernement turc, et la romancière suisse Noëlle Roger (1874-1953), qui parcourut l’Europe balkanique et ottomane à la suite de son mari, l’anthropologue Eugène Pittard. Les œuvres rédigées par des femmes voyageant avec leurs maris, frères, ou d’autres hommes de famille sont assez répandues dans la littérature des derniers siècles ; à une époque où il était encore rare que des femmes partissent à l’étranger de leur propre initiative, ces « voyages à la suite de » étaient pour beaucoup d’entre elles l’occasion de franchir le seuil entre l’écriture « privée », à savoir limitée à la rédaction de lettres, que les femmes ont écrites depuis toujours, et l’écriture destinée à la publication, ce qui – depuis toujours – était pratiquement l’apanage des hommes. This contribution focuses on female representation, regarding either the ways women are represented, as the lines possibly gendered of the narrative discourse. The authors discussed are the writer and Greek-American journalist Demetra Vaka Brown (1877-1946), who travelled in Albania with his brother, sent on political mission on behalf of the Turkish government, and the Swiss novelist Noëlle Roger (1874-1953), who toured the Balkans and Ottoman Europe because of the anthropological research of her husband, Eugene Pittard. Travel books written by women journeying with their husbands, brothers or other relatives are quite common in the literature of the last centuries. In a time when it was still rare that women went abroad on their own initiative, these trips were for many of them the opportunity to cross the threshold between « private » writing (namely limited to writing letters, which women have always been doing) and publishing books, which – since forever – has always been a male prerogative.

Consulter l'article

La vie hors du commun de Jane Dieulafoy et son écriture du voyage

Dans la France du XIXͤ siècle, où les femmes devaient surmonter encore beaucoup d’obstacles pour pouvoir mener une vie littéraire, on assiste à la naissance d’une écrivaine aussi marquante par sa vie que par sa carrière : Jane Dieulafoy. Une femme qui s’est battue contre l’ennemi dans les champs de bataille et qui en se travestissant en homme, a accompagné son mari en Orient en tant qu’archéologue. Ses deux récits de voyage autobiographiques, Une amazone en Orient et L’Orient sous le voile, bien loin d’être uniquement factuels, nous révèlent ses grandes qualités intellectuelles. Jane est une femme qui ne veut pas rester en marge de la société : tel est le message qu’elle fait passer à travers sa vie de femme combattante, ainsi qu’à travers ses livres. Quelles sont les caractéristiques de son écriture ? Quelle image donne-t-elle d’elle-même et de la femme en général ? Pourquoi accepte-t-elle les conditions de vie qu’on prêtait aux hommes de son siècle ?

Consulter l'article

Loxias-Colloques | 6. Sociétés et académies savantes. Voyages et voyageurs, exploration et explorateurs, 1600-1900

Les récits de voyage et d’exploration dans les Annales maritimes et coloniales 

Le propos de cet article est d’étudier l’importance, les caractéristiques et la fonction des récits de voyages et d’explorations dans les Annales maritimes et coloniales, publiées à partir de 1816. Les Annales accordent une large place aux textes et récits relatifs aux voyages et expéditions maritimes : cette publication innovante, à visée encyclopédique, remplit une fonction utilitaire dans un contexte professionnel, tout en servant les intérêts de la Marine. Les auteurs des écrits relatifs aux expéditions sont principalement des officiers de la Marine Royale ou du service de Santé, des capitaines au long cours et des savants. La grande variété de textes publiés sur les voyages révèle la très forte sociabilité qui unit les marins et les membres des sociétés et académies savantes, à une époque où les marins ont un rôle déterminant dans la collecte, l’analyse et la transmission des observations effectuées lors des explorations. Les textes publiés occupent dès lors une place singulière parmi les publications relatives aux voyages. This article aims to study the importance, the main characteristics and the functions of the travel narratives and exploration accounts, written in the Annales maritimes and coloniales, whose publication began in 1816. The Annales gave an extensive consideration to the documents and accounts dealing with travels and maritime expeditions : this innovative kind of publication, with an encyclopaedic purpose, fulfilled a utilitarian function in a professional context, while serving the interests of the French royal Navy. The authors of the documents related to expeditions were mainly officers belonging to the French royal Navy, or to the Army Health Service, or master mariners or scientists. The great variety of publications dealing with travels reveals the development of the networks of friendship which connected mariners and members of scientific societies or academies, during an era when mariners played a decisive role in collecting, analyzing and sharing observations made during the explorations. Thus, their publications played a singular role among travel accounts.

Consulter l'article

Atlas Pittoresque : le regard européen sur l’Amérique chez Alexander von Humboldt

On peut définir le pittoresque comme un sentiment qui inviterait le spectateur d’une scène particulière à la reproduire dans un tableau, et qui a permis au XIXe siècle de transporter les images comme des possessions vers l’Europe. Cet article fait l’hypothèse de la représentation du pittoresque comme une forme d’appropriation du Nouveau Monde à travers l’art des peintres qui étaient au service des explorateurs. Lorsque le naturaliste allemand Alexandre de Humboldt a montré son désir de représenter des scènes fidèles à la nature, les planches de son Atlas Pittoresque. Vues des Cordillères et Monumens des Peuples Indigènes de l’Amérique ont été, d’une certaine façon, aussi théâtralisées par le langage de l’art. The picturesque can be defined as a feeling that invite the viewer of a particular scene to reproduce it in a table, and that was what allowed the images to be transported as possessions to Europe in the Nineteenth-Century. This article exposes the assumption of the picturesque representation as a form of appropriation of the New World through the art of painters who were employed by the scientific explorers. Although the German naturalist Alexander von Humboldt expressed his desire to represent scenes of true and real nature, the plates of his Atlas Pittoresque. Vues des Cordillères et Monumens des Peuples Indigènes de l’Amérique were embellished by the language of art.

Consulter l'article

Loxias-Colloques | 7. Images de l’Oriental dans l’art et la littérature

Les Yeux d’Orient. Dialectique du regard, mythes féminins et esthétique de la courbe dans “Ligeia” d’Edgar Allan Poe et Splendeurs et misères des courtisanes d’Honoré de Balzac

Honoré de Balzac et Edgar Allan Poe sont deux auteurs majeurs du XIXe siècle. Le premier est français, le second américain et tous deux ont en commun de produire des œuvres représentatives de leur époque et de leur culture avec l’ambitieux projet de contribuer à leur renouveau. Balzac et Poe se penchent sur la société de leur époque, une société occidentale. Ils l’analysent et en dénoncent les travers. Paradoxalement, si l’Occident apparaît comme leur objet d’étude, ils recourent fréquemment à la thématique de l’Orient pour représenter leur époque. L’Orient, source de fantasmes et d’inquiétudes pour l’Occident du XIXe siècle, opère une influence majeure sur les écrivains et artistes de cette période qui voit se multiplier les œuvres orientalistes. La tentation de l’Orient éprouvée par le XIXe siècle nous amène à étudier deux portraits d’héroïnes féminines semi-orientales, Esther Gobseck dans Splendeurs et misères des courtisanes de Balzac, roman publié entre 1838 et 1847 et “Ligeia” de Poe, nouvelle publiée en 1838. Ces deux écrivains recourent à des clichés orientalisants pour introduire l’Orient dans leurs œuvres respectives. L’usage du stéréotype des « yeux orientaux » présent dans les deux extraits à l’étude nous amène à tenter de comprendre l’origine de ce stéréotype étudier la manière dont il est exploité par Balzac et Poe dans les portraits de leurs héroïnes respectives.

Consulter l'article

Loxias-Colloques | 10. Figures du voyage

Figures de l’autocorrection dans les Voyages romantiques

Les Voyages de la période romantique manient avec virtuosité les constructions discursives qui consistent à reprendre, rectifier, nuancer, infirmer un énoncé. Le relateur use de ces figures qui vont lui permettre d’infléchir une première formulation, soumise à examen et dont il apprécie la validité. De par sa plasticité, l’épanorthose se prête particulièrement à ces constantes révisions qui s’accordent aux humeurs changeantes du voyageur et grâce auxquelles sont approchées impressions fugitives et surprises du réel. Elle fait en tout cas partie de ces signaux qui indiquent que l’on a renoncé à bien des certitudes et que le récit de voyage s’est radicalement émancipé de la « relation historique » ou du discours savant.

Consulter l'article

Loxias-Colloques | 11. Corps, son et technologies entre théories et pratiques | Première partie : Les scènes du corps sonore

Le gaz et le diorama : la pensée sonore du corps et la technologie de la première révolution industrielle

Les nouvelles technologies du XIXe siècle sont, au théâtre, le gaz et le diorama. Par le réalisme qu’ils permettent, ils transforment le rapport à la scène. Celle-ci doit promouvoir une expérience audio-visuelle nouvelle, dans laquelle le corps des chanteurs doit trouver une nouvelle place. L’article s’attache à évoquer le contexte dans lequel ces technologies émergent et cherche ensuite à situer ce rapport à la scène dans une histoire plus longue, du baroque au numérique. Il pose enfin quelques pistes pour appréhender l’impact du style d’un compositeur sur sa conception du corps. Gaz and diorama are the new technologies at the beginning of the XIXth century. They allow a new realism on stage and oblige the artists to think a new visual and auditive experience. There, the body of the singer receives new features. The paper evokes the historical context in which these technologies emerge. Moreover, it tries to situate them in a larger history, from baroque to digital. Then, it tries to situate the musical style in relation to the implicit conception of the body that is thus constructed.

Consulter l'article

Loxias-Colloques | 16. Représentations littéraires et artistiques de la femme japonaise depuis le milieu du XIXe siècle

Représenter les Japonaises modernes : à travers les albums de dessins humoristiques de Georges Bigot, peintre illustrateur français vers la fin du XIXe siècle 

Georges Bigot (1860-1927), peintre-illustrateur français féru de culture japonaise a décidé de s’installer au Japon en 1882. Son objectif était de rassembler des objets locaux et de réaliser des dessins sur place, afin de les utiliser comme matériaux pour l’élaboration de tableaux qui seraient présenté dans les Salons officiels français. Durant ses dix-sept ans passés dans l’archipel, Bigot s’intégra au sein de la société indigène et prêta une attention particulière aux mousmés à savoir, aux jeunes Japonaises. Contrairement aux stéréotypes fournis par les écrivains contemporains comme Pierre Loti (1850-1923) dans Madame Chrysanthème, l’artiste dépeint, à la même époque, dans ses albums humoristiques les Japonaises modernes, de manière franche et incisive. Les mousmés de l’artiste paraissaient encore plus atypiques aux Français. Le romancier et l’illustrateur ont vécu, chacun à leur façon, la réalité du Japon. Or, ce qu’ils dépeignent offre deux aspects différents. Bigot assumait pourtant parfaitement l’idée des stéréotypes des mousmés de Madame Chrysanthème et même la méthode descriptive de Loti. En effet, nous pouvons considérer que la représentation des Japonaises modernes de Bigot concordait avec la curiosité des Français de l’époque, désireux de découvrir la réalité de ces mousmés, surtout au-delà des images convenues.

Consulter l'article

Le manège aux chrysanthèmes : images et réalités des femmes japonaises dans le Panorama du tour du monde de Louis Jules Dumoulin (1860-1924) à l’Exposition universelle de Paris en 1900

Peintre paysagiste français, Louis Jules Dumoulin (1860-1924) a séjourné trois fois au Japon entre 1888 et 1897. Il présente lors de l’Exposition universelle de 1900 le Panorama du tour du monde, grande attraction populaire qu’il va agrémenter d’un théâtre animé par des « indigènes ». Il donne alors une image du Japon très stéréotypée en exhibant devant sa peinture une troupe de geisha. Cette étude vise à analyser les rouages et la réception de l’œuvre de Dumoulin ainsi que l’image de femmes japonaises qu’il véhicule. Elle s’attache également à montrer les conditions de recrutement et de vie des geisha.

Consulter l'article

Loxias-Colloques | 18. Tolérance(s) II : Comment définir la tolérance?

La « tolérance » de la prostitution de 1791 à 1946, un système inclusif et marginalisant : le cas des Bouches-du-Rhône

De 1791 à 1946, l’État français tolère l’exercice de la prostitution sur le territoire national. La mise en œuvre de cette tolérance s’effectue par des procédés coercitifs. Tout d’abord, cette tolérance de la sexualité vénale passe par la reconnaissance normative de cette activité en créant une catégorie juridique exceptionnelle, celles des filles publiques. Ces dernières ont des obligations spécifiques en vue de la préservation de l’ordre public dès lors que ces femmes sont inscrites sur le registre des mœurs. cette inscription participe de la construction d’une identité sociale et administrative, laquelle déclenche tout un processus de marginalisation lié au contrôle du lieu de travail et du lieu de vie. L’autorité publique organise et réglemente les établissements au sein desquels l’activité prostitutionnelle peut s’exercer, mais ces femmes sont contraintes de vivre et de rester enfermées dans ces maisons de prostitution dite « maisons de tolérance ». L’accès à l’extérieur de l’établissement est très limité. La tolérance de la prostitution est alors le reflet de ce double jeu entre l’inacceptable et le tolérable, c’est en raison de cette ambiguïté qu’en 1946 le législateur abolit l’ensemble des réglementations de la prostitution. This article describes the system of tolerance of prostitution in France, and more particularly in Marseilles, from 1791 to 1946 and attempts to provide a symbolic analysis of the latter. Indeed, this tolerance will produce effects both on the people who engage in prostitution, by attributing to them a particular administrative status from which a legal regime derives, and on the organization of the cities.

Consulter l'article