XVIe siècle dans Loxias-Colloques


Articles


Loxias-Colloques | 7. Images de l’Oriental dans l’art et la littérature

« Contro l’empio Ottoman / Veneti Eroi » : la figure du Turc sur les scènes vénitiennes du XVIIe siècle

Au carrefour entre l’Est byzantin et l’Ouest latin, Venise instaure depuis le XIIe siècle des relations commerciales durables avec les villes majeures du Proche et du Moyen Orient : elle s’empare des motifs décoratifs orientaux, et intègre certaines populations dans le fonctionnement mercantile interne à la ville. Si au premier abord il semble que Venise soit régie par un esprit de tolérance, la culture artistique et scénique du XVIIe siècle nous révèle un regard complexe envers l’altérité orientale, comprise comme objet de fascination et de répulsion à la fois. Plus spécifiquement, c’est la culture turque qui stigmatise le tremens et fascinans de l’altérité sur les scènes vénitiennes. En focalisant l’analyse sur les livrets d’opéra compris entre 1637 et 1700, il s’agira de mettre en confrontation la représentation de la spécificité vénitienne (la « venezianità ») et de « l’Autre », qui est caractérisé comme l’impie turc, ennemi et barbare.

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Loxias-Colloques | 15. Traverser l'espace

Pierre Gringore, entre les genres et les registres

Pierre Gringore est un homme de spectacle et un écrivain bien connu dans Paris à la fin du XVe siècle puis dans le premier tiers du XVIe siècle. Il a su se faire un nom à un moment charnière de notre Histoire, profitant des évolutions techniques de l’époque pour publier des textes qui doivent beaucoup à la littérature médiévale. Il est donc un auteur polyvalent, à l’image de son œuvre qui touche à tous les genres littéraires et n’hésite pas à mêler les registres pour affirmer son originalité.

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Loxias-Colloques | 18. Tolérance(s) II : Comment définir la tolérance?

La tolérance par les mots — une étude quantitative sur les œuvres d’Agrippa d’Aubigné et de Michel de Montaigne

Cet article établit une comparaison entre Les Tragiques d’Agrippa d’Aubigné et Les Essais de Montaigne. Il propose une étude quantitative menée afin de voir si l’usage de certains mots, en particulier dénotant des sentiments, diffère d’un texte à l’autre. D’après les résultats de celle-ci, la différence est grande. Là où Montaigne parle de fondements de notre société, de philosophie et de gouvernement politique, Agrippa d’Aubigné donne un aspect profondément dysphorique à son texte. Les mots clés chez lui sont la mort, le sang, les armes, les ennemis, la fureur, etc. Son texte pourrait même être qualifié de catalogue d’intolérance. Les mots les plus fréquents sont pourtant Dieu et ciel, au nom desquels le spectacle a lieu. This article investigates if there is a difference between how the author Michel de Montaigne and the writer Agrippa d’Aubigné use words, mostly connected with emotions, in their argumentation. This quantitative study of the Essais and the Tragiques shows that Montaigne is discussing the government of states and philosophy in society. It also shows that d’Aubigné is far more polemic than Montaigne, using emotion words like death, blood, arms, ennemies etc., which makes this text look like a catalogue of intolerance. Even if the most frequent words are God and heaven, it just means that the fight is holy, made in God’s name.

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Intolérance côté scène, tolérance côté rue : le regard de Gil Vicente sur les Juifs

Rares sont les personnages des autos1 de Gil Vicente (1465-15372) qui ne se trouvent pas sous les feux de sa satire. Une des figures qui n’est pas épargnée sur scène, victime de nombreuses railleries et calomnies, est celle du Juif. Catholique fervent, les pièces de l’auteur sont un reflet des idées de la cour et de leurs perceptions de l’autre. La critique du Juif ne possède pas de limites comme le témoigne le Juif de la Barca do Inferno. En comparaison avec les autres auteurs de son époque, Gil Vicente se montre moins virulent. Il offre, en effet, un tout autre visage en ce qui concerne les juifs établis au Portugal et partie intégrante de la société, comme le démontre la carte de Santarém. À première vue paradoxale dans ce qui pourrait être perçu comme un double-discours, à savoir celui de la scène et celui de la vie, la vision de Gil Vicente porte sur la tolérance et l’acceptation de l’autre dans un contexte politique et religieux épineux, lié à la religion et à la pensée de son époque. Few of Gil Vicente’s characters are not in the spotlight of his satire. One figure is not spared on stage and is the victim of numerous railings and slanders: the Jew. Coming from a fervent Catholic, the author’s plays reflect the ideas of the court and their perceptions of the other. The criticism of the Jew has no limits, as shown in the auto Barca do Inferno. In comparison with the other Portuguese authors, Gil Vicente is less virulent. As revealed in the card of Santarém, he shows, even more so, a completely different way of writing about the Jews established in Portugal. At first sight paradoxical in what could be perceived as a double discourse, the one of the theater scene and the one of the general life, Gil Vicente’s vision is mostly about tolerance and acceptance of the other, while limited to the religion and thoughts of its time during a thorny political and religious context.

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Vérité et tolérance dans la pensée de Philippe Duplessis-Mornay

Cette étude se propose d’explorer la tension entre vérité et tolérance dans la pensée de Philippe Duplessis-Mornay. Si, dans la France des guerres de religion, le concept de tolérance civile s’impose peu à peu comme un mal nécessaire pour en éviter un plus grand, la question de la défense de la vérité demeure aux yeux des protagonistes. Ardent serviteur de la cause réformée, Mornay œuvre en faveur de la coexistence en contribuant à l’élaboration de l’édit de Nantes qui est signé en 1598. La même année, la publication de son Traité de l’Eucharistie manifeste son intransigeance sur le point le plus sensible de la déchirure entre catholiques et réformés. Toutefois, l’objectif du controversiste reste de convaincre et de susciter la conversion. Il s’agira donc d’analyser la façon dont l’auteur module entre intransigeance et concession et adapte son discours en fonction d’une hiérarchisation des objectifs à atteindre. The purpose of this paper is to analyse the tension between truth and tolerance in Philippe Duplessis-Mornay’s thought. If, during the Wars of Religion in France, the concept of civil tolerance begins to be seen as a necessary evil in order to avoid an even greater one, the defence of truth remains an essential question for the protagonists. Duplessis-Mornay, a faithful servant of the Reformed cause, strongly promotes coexistence by contributing towards the formulation of the Edict of Nantes, signed in 1598. That same year, the publication of his Traité de l’Eucharistie reveals his intransigence concerning the most sensitive point of contention between Catholics and Protestants. Nevertheless, his intention remains to convince and to encourage conversion. This study aims to analyse how the author moves between intransigence and concession and adapts his discourse to a hierarchy of objectives he wishes to obtain.

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“Paroles de tolérance” – stratagèmes poético-subversifs face aux controverses religieuses du XVIe siècle (ou comment relire Agrippa et Ronsard en Syrie)

Cet article vise à examiner le défi de pratiquer de la tolérance dans un contexte de guerre civile, lorsque le monde contemporain se transforme en « théâtre de cruauté » et que les gens sont constamment forcés à témoigner des violences décrites comme inouïes, barbares et inhumaines (Crouzet 2017). Quelques liens seront cherchés entre, d’une part, les descriptions des massacres de la France du XVIe siècle et, d’autre part, de ceux commis dans la Syrie d’aujourd’hui. Face aux discours dominateurs et oppressifs menant à des paroxysmes de rage, les écrits des poètes de la Renaissance ont radicalement changé : des stratégies littéraires comprenant des éléments subversifs ont pris forme, rendant visibles les afflictions et les calamités de leur temps, évoluant parfois même en critique subtile mais furieuse du régime en vigueur. L’article discute s’il serait possible, dans notre lutte d’aujourd’hui pour la tolérance, d’apprendre quelque chose des humanistes du XVIe siècle, qui ont souvent préféré la plume au glaive, malgré le fait que dans plusieurs cas, comme celui d’Agrippa d’Aubigné (1552-1630), ils étaient des soldats eux-mêmes… This article aims to examine the challenge of practicing tolerance in a context of religious war, when the world turns into a “theater of cruelty” and people constantly have to witness violence described as “unheard of”, “barbaric” and “inhuman” (Crouzet 2017). Comparisons will be made between, on the one hand, the descriptions of massacres in 16th century France and, on the other, those committed in today’s Syria. Discussing the dominating, oppressive discourses leading up to paroxysms of rage, the paper wants to underline how the writings of Early Modern poets changed radically in the context of religious controversy and war in France. Literary strategies including subversive elements took shape, making visible the afflictions and calamities of their time and gradually evolving into a subtle yet furious critique of the prevailing regime. The article discusses if it could be possible, in our struggle today to embrace tolerance, to learn something from 16th century humanists, who often preferred the pen to the sword, although in several cases, like the one of Agrippa d’Aubigné (1552-1630), they were soldiers themselves.

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L’ambassadeur doit-il être tolérant ?

La tolérance de l’ambassadeur ne peut ressembler à celle d’un roi ou d’un ministre qui prend des décrets pour que deux religions puissent coexister pacifiquement dans son royaume. La sienne sera plus limitée. Disons même que, d’une certaine façon, l’ambassadeur tel que le façonnent les nombreux traités de la Renaissance, n’est pas l’homme de la tolérance. Représentant intransigeant de celui qui l’envoie, il doit faire respecter les intérêts de celui-ci, ne rien céder sur le protocole d’une réception. Pourtant, s’il s’obstine dans sa raideur, sa mission est vouée à l’échec. On lui demande aussi de devenir le familier du prince chez qui on l’a envoyé. Il doit capter ses confidences, vraies ou fausses, profiter des moments où il sera en tête-à-tête avec lui. Exercice qui n’est pas sans risque, comme on peut le voir dans la conduite de Machiavel auprès de Borgia. Exercice où l’on réussira si on fait preuve de prudence. À la Renaissance celle-ci n’est plus l’apanage des vieux serviteurs du roi, bien au contraire. Elle demande de la rapidité d’esprit et de l’intuition, qualités de la jeunesse. Séduire, voilà le nouvel objectif de l’ambassadeur. Peu à peu, on voit qu’il est de plus en plus à l’aise dans le pays où il réside et qu’il regarde avec un intérêt croissant. Or, attention : l’ambassadeur n’est guère un ange… The ambassador’s tolerance cannot be like that of a king or minister who issues decrees so that two religions can coexist peacefully in his kingdom. His tolerance will be more limited. In a certain way, the role of the ambassador is born through the ideals of the Renaissance. He needs to be an uncompromising representative of the one who sends him, respecting the interests of his master, and not yield too much to the protocol of the receiving context. However, if he persists in his stiffness, his mission is doomed to failure: he is often asked to become a “pet” of the prince he was sent to. He must capture his confidences, true or false, take advantage of the moments when he will be alone with him. This exercise is not without risk, as can be seen in the conduct of Machiavelli towards Borgia: The exercise will only succeed if you are cautious. During the Renaissance, it was no longer the preserve of the king's old servants, quite the contrary. It requires speed of mind and intuition qualities of youth. Seduce, this is the new ambassador’s goal. Little by little, we see that he is more and more comfortable in the country where he resides and that he is watching with growing interest. But watch out: the ambassador is not an angel…

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La patience du martyr huguenot, ou l’hymne à la tolérance chez Agrippa d’Aubigné

Dans le martyrologe des Tragiques, la tolérance fait du discours poétique d’Aubigné sur les guerres de religion le lieu d’un voyage au cœur des croyances bibliques du réformé. En effet, dans « Les feux » comme dans « Les fers », la constance des huguenots morts pour leur foi côtoie en permanence celle du Christ sur la croix pour exhiber, exalter et revivifier le substrat culturel protestant. En faisant de ces victimes des inquisitions du XVIe siècle et de la Saint-Barthélemy les vaisseaux de la victoire de Dieu contre Satan, Aubigné met en avant un hymne à la volonté de vertu qui peut être lue comme une exhortation à avoir, face à la persécution, assez de patience et de charité pour ne pas succomber à la tentation de la haine et de la violence. La tolérance repose dans cette mesure sur la réunion d’un certain nombre de valeurs dont le monde a besoin pour abolir la violence qui le secoue souvent : la crainte de Dieu, le pardon, l’amour, la charité, le dialogue. In the martyrology of the Tragiques, tolerance makes Aubigné's poetic discourse on the wars of religion the place of a journey to the heart of the biblical beliefs of the Reformed. Indeed, in "Les feux" as in "Les fers", the constancy of the Huguenots who died for their faith permanently rubs shoulders with that of Christ on the cross to exhibit, exalt and revitalize the Protestant cultural substratum. By making these victims of the sixteenth-century inquisitions and St. Bartholomew's Day the vessels of God's victory over Satan, Aubigné puts forward a hymn to the will to virtue that can be read as an exhortation to have, in the face of persecution, enough patience and charity not to succumb to the temptation of hate and violence. Tolerance rests to this extent on the coming together of several values that the world needs to abolish the violence that often shakes it: the fear of God, forgiveness, love, charity, dialogue.

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Victor-Palma Cayet, Agrippa d’Aubigné et de Pierre de L’Estoile : regards croisés sur le projet de réunion des religions (1593-1610)

La position sur la tolérance de Palma Cayet (1525-1610) constitue un cas singulier de la définition du concept entre le moment de la conversion d’Henri IV au catholicisme en 1593 et la proclamation de l’édit de Nantes en 1598. Durant cette période, l’ancien pasteur de Catherine de Bourbon, converti au catholicisme en 1595 et occupant la charge de professeur de langues orientales, publie une demi-douzaine de traités, d’avertissements et de propositions sur la réunion des religions. Un des intérêts de sa production tient à la défense des grands thèmes théologiques mis en œuvre pour ramener les Réformés dans le giron de l’Église. Au moment où le contexte politico religieux de l’édit de Nantes va déporter l’irénisme vers l’autonomisation du politique, il sera intéressant d’observer les limites conceptuelles du projet de Cayet, notamment à travers la réception de son œuvre par le calviniste intransigeant Agrippa d’Aubigné et le gallican modéré Pierre de L’Estoile. Le corpus analysé permet de cibler les résistances théologiques et littéraires à une tolérance que la proclamation politique de l’édit va provisoirement imposer. The position on tolerance of Palma Cayet (1525-1610) constitutes a singular case of the definition of the concept between the moment of the conversion of Henri IV to Catholicism in 1593 and the proclamation of the Edict of Nantes in 1598. During this period, Catherine de Bourbon's former pastor, converted to Catholicism in 1595 and holding the position of professor of oriental languages, published half a dozen treatises, warnings and proposals on the reunion of religions. One of the interests of his production is the defense of the major theological themes used to bring the Reformed back into the bosom of the Church. At a time when the politico-religious context of the Edict of Nantes is going to deport irenicism towards the empowerment of politics, it will be interesting to observe the conceptual limits of Cayet's project, especially through the reception of his work by the uncompromising Calvinist Agrippa d'Aubigné and the moderate Gallican Pierre de L'Estoile. The corpus analyzed makes it possible to target theological and literary resistance to a tolerance that the political proclamation of the edict will temporarily impose.

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Le refus du jugement chez Sébastien Castellion : une nécessaire et chrétienne humilité

Aux origines du combat de Sébastien Castellion, connu comme un des plus tenaces adversaires protestants de Jean Calvin, se trouve une prise de conscience autour du bûcher de Michel Servet, en 1553. The origins of the struggle of Sébastien Castellion, known as one of the most tenacious Protestant opponents of John Calvin, lie in an awareness of the burning of Michel Servet in 1553.

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Le « voile commun à tous meschans »
La justification de l’intolérance par la rhétorique du dévoilement dans la polémique catholique (France et Pays-Bas habsbourgeois, 1580–1594)

Cet article propose une étude comparative des pratiques discursives exploitant la rhétorique du dévoilement dans les textes polémiques produits par les catholiques de France et des Pays-Bas méridionaux à la fin du XVIe siècle. Dans le premier cas, il montre comment cet argumentaire est lié à ceux de la peur, de la guerre et de la vérité au sein d’un discours profondément intolérant qui légitime une traque radicale et intransigeante. Ensuite, il étudie comment, tout à l’inverse, la polémique produite dans les Pays-Bas utilise la rhétorique du dévoilement d’une manière bien plus limitée et concentrée sur la figure d’un seul ennemi. This paper offers a comparative study of the polemical texts produced by the Catholic party in France and in the Southern Low Countries at the end of the 16th century. It focuses on the use of a specific rhetoric strategy: the disclosure. In the case of France, this survey shows how this argument is linked to those of fear, war and truth within a deeply intolerant discourse which legitimizes a radical and intransigent hunt. Then, it studies how, on the contrary, the controversy produced in the Low Countries uses the rhetoric strategy of disclosure in a much more limited way, focused on the figure of a single enemy.

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