Loxias-Colloques |  18. Tolérance(s) II : Comment définir la tolérance? 

Anna Carlstedt  : 

“Paroles de tolérance” – stratagèmes poético-subversifs face aux controverses religieuses du XVIe siècle (ou comment relire Agrippa et Ronsard en Syrie)

Résumé

Cet article vise à examiner le défi de pratiquer de la tolérance dans un contexte de guerre civile, lorsque le monde contemporain se transforme en « théâtre de cruauté » et que les gens sont constamment forcés à témoigner des violences décrites comme inouïes, barbares et inhumaines (Crouzet 2017). Quelques liens seront cherchés entre, d’une part, les descriptions des massacres de la France du XVIe siècle et, d’autre part, de ceux commis dans la Syrie d’aujourd’hui. Face aux discours dominateurs et oppressifs menant à des paroxysmes de rage, les écrits des poètes de la Renaissance ont radicalement changé : des stratégies littéraires comprenant des éléments subversifs ont pris forme, rendant visibles les afflictions et les calamités de leur temps, évoluant parfois même en critique subtile mais furieuse du régime en vigueur. L’article discute s’il serait possible, dans notre lutte d’aujourd’hui pour la tolérance, d’apprendre quelque chose des humanistes du XVIe siècle, qui ont souvent préféré la plume au glaive, malgré le fait que dans plusieurs cas, comme celui d’Agrippa d’Aubigné (1552-1630), ils étaient des soldats eux-mêmes…

Abstract

This article aims to examine the challenge of practicing tolerance in a context of religious war, when the world turns into a “theater of cruelty” and people constantly have to witness violence described as “unheard of”, “barbaric” and “inhuman” (Crouzet 2017). Comparisons will be made between, on the one hand, the descriptions of massacres in 16th century France and, on the other, those committed in today’s Syria. Discussing the dominating, oppressive discourses leading up to paroxysms of rage, the paper wants to underline how the writings of Early Modern poets changed radically in the context of religious controversy and war in France. Literary strategies including subversive elements took shape, making visible the afflictions and calamities of their time and gradually evolving into a subtle yet furious critique of the prevailing regime. The article discusses if it could be possible, in our struggle today to embrace tolerance, to learn something from 16th century humanists, who often preferred the pen to the sword, although in several cases, like the one of Agrippa d’Aubigné (1552-1630), they were soldiers themselves.

Index

Mots-clés : controverse religieuse , d’Aubigné (Agrippa), intolérance, massacre, Ronsard, stratagèmes littéraires, tolérance

Géographique : France , Syrie

Chronologique : époque contemporaine , XVIe siècle

Plan

Texte intégral

1Le Robert Historique explique : « Au XVIe siècle, le mot “tolérance” s’emploie en parlant de religion et entre dans l’expression « édit de tolérance » en 1562, désignant l’édit qui accordait aux protestants le libre exercice de leur culte1 ». Dans les mots d’Agrippa d’Aubigné (1552-1630), « la matiere des Estats estoit la tolerance ou non tolerance de deux religions : ce qui destruict ouvertement l’article quatriesme del’Edict de paix…2 ». Agrippa décrit, dans Princes (troisième livre des Tragiques), comment la société de l’époque essaie d’oublier les horreurs afin de pouvoir avancer – et guérir (l’épigraphe célèbre qui fut d’ailleurs choisi par Baudelaire pour introduire Les Fleurs du Mal en 1857) :

On dit qu’il faut couler les execrables choses
Dans le puits de l’oubly et au sepulchre encloses,
Et que par les escrits le mal resuscité
Infectera les mœurs de la postérité3.

2C’est-à-dire : la tolérance et la réconciliation demandent l’oubli. Mais comment oublier les guerres ? Comment oublier le massacre de la Saint Barthélemy ? Comment faire couler dans le puits de l’oubly et au sepulchre enterrer les attentats de nos jours ? Celui contre Charlie Hebdo ? Ou celui du Bataclan ? Ou de Nice ? Ou bien de Stockholm ?

3Qu’est-ce que le mot ‘tolérance’ veut dire dans notre contexte extrêmement troublé et tendu d’aujourd’hui ? D’après Julia Kristeva, il faut essayer de l’employer malgré tout ; en janvier 2015 elle écrit dans le Figaro, peu après l’attaque contre Charlie Hebdo : « La tolérance n’est que le degré zéro du questionnement, qui ne se réduit pas au généreux accueil d’autrui des autres, mais les invitent à se mettre en question eux-mêmes4. » Elle affirme aussi qu’il faut essayer d’apprendre de l’histoire, et qu’il faut lire des textes écrits pendant des autres périodes troublées – comme le Traité sur la Tolérance, publié par Voltaire en 1763.

4Serait-il possible d’essayer la pratique de la tolérance aujourd’hui, à l’aide des textes du XVIe siècle ? Je me suis posé cette question en 2016, quand j’ai été invitée en Syrie en tant que Présidente de la Croix-Rouge Suédoise, une mission qu’on m’a confiée pendant trois ans. Dr Abdul Rahman Attar, le Président du Croissant-Rouge Arabe Syrien, souhaitait que je puisse voir sur place comment l’aide humanitaire offerte par la Suède a pu soutenir les civils de son pays, déchiré par des années de guerre civile. Mon père et mon mari m’ont suppliée de ne pas y aller. Mais mes deux fils, tous les deux adolescents à l’époque, m’ont dit de le faire. Et, d’ailleurs, comment dire non à une telle invitation ? Après ce voyage, via Beyrouth à Damas, Homs et Alep, après avoir traversé la Syrie en ruines et rencontré les victimes, je n’étais plus la même personne.

5Ces journées me reviennent à l’esprit en lisant l’article « Les guerres de religion entre fin des temps et théâtre de la cruauté » publié en 2017 par Denis Crouzet :

De la France du XVIe siècle au Moyen-Orient d’aujourd’hui, certaines similitudes peuvent surgir sous le regard de l’historien. Les contemporains des guerres de religion eurent en effet la conscience effrayée d’assister à des déchaînements de violences qu’ils qualifièrent d’« inouïes », de « barbares », d’« inhumaines » parce qu’elles s’attachaient à mutiler, brûler, marquer atrocement les corps, jusqu’au paroxysme d’un massacre de masse en 1572. Un théâtre de la cruauté enseignant la puissance d’un dieu de colère refusant toute présence parmi son peuple de fidèles d’un autre dieu5.

6Au cours de mon séjour en Syrie, de nombreux jeunes volontaires qui avaient environ le même âge que mes deux fils m’ont accompagnée. Ces jeunes intervenants humanitaires avaient tout vu. De leurs villes et villages, il ne restait que des débris de béton et de gravier. Beaucoup de monde n’avaient nulle part où trouver refuge. Souvent l’électricité manquait, de même que l’eau et la nourriture. La population était constamment menacée par les bombardements – et aussi par le froid, sans possibilité d’abri. Chaque jour, encore plus de victimes : des voitures piégées, des mines, des fusils et des frappes aériennes. Partout, des témoins de tortures. Et quatre ans plus tard, les conflits se prolongent…

7J’ai demandé aux bénévoles rencontrés quel genre de soutien ils avaient reçu. Ils m’ont expliqué qu’il y avait un système avancé mis en place : après chaque incident grave, ils pouvaient avoir un débriefing pour parler de leurs impressions, et bénéficier d’un programme de réadaptation élaboré par les collègues de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, permettant de mieux surmonter les conséquences dévastatrices physiques et psychologiques. Or, tous ces jeunes volontaires étaient fermement d’accord à ce sujet : ils ne souhaitaient aucun soutien. Ils voulaient tout simplement continuer à travailler. Jusqu’à la mort – littéralement. J’ai cherché à comprendre, en posant une autre question : pourquoi vous restez ici ? Pourquoi ne pas essayer de fuir ? Et ces adolescents, vêtus de leurs gilets rouges, m’ont répondu sans ironie : « Nous ? Nous resterons toujours ici – pour attendre la paix et la démocratie. Et la paix et la tolérance viendront – pour notre génération, ou la prochain6. »

La terre devenue l’enfer

8Sur place en Syrie, j’ai relu un autre texte de Denis Crouzet : son livre Les Guerriers de Dieu. Cet ouvrage, sur la violence de la période troublée des guerres de religion en France au XVIe siècle, décrit comment un prophétisme affolé « ordonne » la mise à mort des « hérétiques »7 : une idéologie valable pour la violence, qui culmine en août 1572 lors des doubles massacres – royaux et populaires – de la Saint-Barthélemy, mais en partie aussi valable pour l’idéologie meurtrière et les crimes commis au Moyen-Orient d’aujourd’hui. En outre, certains aspects du livre de Crouzet sont pertinents pour toute guerre de religion, peu importe l’époque ou le pays.

9Depuis 2011, lors des premières manifestations écrasées dans le sang à Homs, le dictateur syrien a bloqué le développement attendu pour obtenir la liberté de foi, la liberté de s’exprimer et la démocratie. 400 ans plus tôt, la Saint-Barthélemy fait partie d’un programme empêchant un développement plus tolérant : dans le livre qui m’a accompagnée pendant ma descente aux enfers en Syrie, Crouzet dresse une liste des massacres de civils perpétrés au cours de la seconde moitié du XVIe siècle en France. À côté de cette liste, sur une table usée dans un hôpital détruit à Homs, j’ai mis la liste qu’on m’a donnée sur place, établie par la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge des massacres de civils commis en Syrie ces dernières années. Derrière toutes ces dates et statistiques sur le nombre de personnes assassinées se cachent les noms de grands-parents, de mères, de pères, de frères et sœurs, d’amis, de voisins et de collègues. J’ai commencé à comparer les noms des villes, c’est-à-dire les lieux de massacres des années 1570 en France avec les noms de celles du Moyen-Orient où des massacres ont été commis récemment :

Paris       Damas
Toulouse     Ghouta
Bordeaux     Raqqa
Orléans        Homs
Saumur        Idleb
Angers         Alep
Lyon            Daraya
Troyes         Ahrab
Bourges       Jerablus
Rouen          Hama
Meaux         Taqba

10Les toponymes sont beaucoup plus nombreux, les listes sont tout aussi interminables qu’effrayantes, mais arrêtons-là, avec ces exemples. La liste des massacres de civils commis en Syrie a été élaborée pour Peter Maurer, Président du Comité International de la Croix-Rouge. Après un de ses voyages dans la région marquée par la guerre, il s’est demandé : « Pendant encore combien de temps les puissances détenant les clés d’une paix possible permettront-elles au conflit de s’éterniser ? » en concluant qu’« une guerre de vengeance est une guerre sans fin ; une guerre où tout le monde est perdant8. ». Comme Crouzet, Maurer souligne que dans ce genre de conflit, la barbarie n’est plus reconnue seulement chez l’ennemi ; au contraire, les barbares se retrouvent partout. Comme le décrit Agrippa :

[…] par les escrits le mal resuscité
Infectera les mœurs de la postérité :
Mais le vice n’a point pour mere la science,
Et la vertu n’est point fille de l’ignorance.
Elle est le chaud fumier sans qui les ords pechez
S’engraissent en croissant, s’ils ne sont arrachez,
Et l’acier des vertus mesme intellectuelles
Tranche et destruit l’erreur et l’histoire par elles.
Mieux vaut à descouvert monstrer l’infection
Avec sa puanteur, et sa punition.
Le bon père affriquain sagement nous enseigne
Qu’il faut que les Tyrans de tout poinct on depeigne,
Montrer combien impurs sont ceux-là qui de Dieu
Condamnent la famille au couteau et au feu9.

11Ces guerres civiles, qui se déroulent en deux siècles différents, en deux pays différents, ont un noyau commun qui consiste dans le durcissement de l’ultra-violence et des crimes atroces contre l’humanité. Les atrocités se ressemblent à travers les siècles : bébés martyrisés, femmes enceintes percées de coups, petits enfants eux-mêmes se livrant aux crimes inouïs, corps abandonnés ou jetés dans les égouts et les fossés, pillages… On reconnaît tous ces descriptions dans les Tragiques – et dans les comptes rendus de la Croix Rouge ou des Médecins Sans Frontières aujourd’hui. Cette barbarie – dépassant toute limite et commise par l’homme déshumanisé – reste incompréhensible pour ceux qui y sont exposés et pour le reste du monde.

12Si on revient sur la Saint-Barthélémy, il y a des spécialistes qui ont remis en question l’explication traditionnelle du massacre afin de nuancer la recherche, notamment Crouzet déjà cité, et qui précise qu’il s’agit également d’un « crime d’amour » (2005) ; Jean-Louis Bourgeon (1995) ; Janine Garrisson (1989), qui l’appelle « un massacre politique » et Thierry Wanegffelen (2002). Ils identifient, tous les quatre, la peur absolue comme le facteur commun aux deux côtés du conflit : chez les réformés sous la forme d’une panique d’extermination définitive, chez les catholiques sous la forme d’une crainte profonde de la « contamination hérétique ».

13Mais pourquoi revisiter encore une fois ces horreurs et la mort de milliers en août 1572 ? Peut-être non seulement parce que ce massacre (ou plutôt ces massacres) reste(ent), avec toutes les incertitudes qui l(es)’enveloppent, un événement sans histoire précisée. Mais aussi parce que la Saint-Barthélemy nous permet, en contraste total avec le fanatisme et l’oppression régnant à l’époque, de découvrir un autre mouvement qui recherchait – en revanche – la tolérance et la réconciliation : l’approche adoptée quatre siècles plus tard par les jeunes volontaires en Syrie. À certains égards, notre époque reflète le XVIe siècle. Une période intense de progrès technique, scientifique et communicative ; d’innovation et de culture florissante, mais aussi une période sombre, marquée par des guerres civiles, des tyrans assoiffés de pouvoir, des épidémies, des courants de réfugiés et des catastrophes naturelles. D’après Crouzet, le rêve français de la Renaissance – ressuscitant l’idéal des temps anciens et mettant l’homme (et non pas Dieu) au centre, le culte de la beauté, la culture extrêmement riche, la liberté et la forte foi en science – s’est éteint brutalement avec la Saint-Barthélemy, devenue symbole des revers du siècle et de l’apogée des troubles de religion au XVIe siècle10.

Stratagèmes poético-subversifs face aux controverses

14Or, à la lumière des troubles des années 1560 et 70, nous retrouvons peut-être donc aussi plus facilement, comme en relief, les précurseurs humanistes des pensées des droits de l’homme de la Renaissance, qui ont osé la dissidence malgré les risques. Mais comment ces humanistes résistent-ils au régime oppressif ? Quelles stratégies sont utilisées lorsqu’il y a peu de liberté d’expression, peu de volonté de réconciliation et lorsque la logique qui est celle de la guerre et de la violence prévaut ? Les stratégies adoptées par les organisations humanitaires aujourd’hui ne sont peut-être pas, au fond, si différentes de celles utilisées par certain(e)s écrivain(es) ou diplomates en France au XVIe siècle : certain(e)s y ont essayé d’avoir recours à la plume au lieu du glaive, à la tolérance au lieu de la haine, à la diplomatie au lieu de la confrontation. Si le mot tolérer s’associe toujours vers le milieu du XVIe siècle au sens traditionnel de « supporter » (du latin tolerare) et à l’indulgence (à côté de la notion de caritas), la tolérance en tant qu’attitude conciliante se manifeste différemment chez différents auteurs : bien que le concept indique une sorte d’attitude tolérante par rapport à une réalité qu’on désapprouve, ce serait une simplification de l’opposer trop rapidement à l’intolérance11. Chez Marguerite de Navarre par exemple, la charité (dans le sens polyvalent qui rend possible « la pluralité des opinions » devient dans l’Heptaméron) une pratique tolérante dans le cadre de son œuvre, issue de l’Évangile et marquant sa vision de l’être humain. Pour Montaigne, beaucoup plus tard, les violences civiles constituent un arrière-plan de l’ensemble de sa création. Les massacres de 1572 le portent à se retirer partiellement dans sa maison périgourdine, même s’il continue à aborder les événements politiques, surtout après 1585. On pourrait d’ailleurs considérer les Essais comme un précurseur des traités de tolérance du Siècle de Lumières – comme dans Des Boyteux, où Montaigne articule sa profonde affliction devant la violence dogmatique de son propre temps. Or, s’il accepte – en tant que citoyen attaché à la paix publique de son pays – les mesures provisoires de tolérance civile mise en place par Michel de l’Hôpital et autres, la position de l’essayiste vis-à-vis la Réforme n’exprime peut-être pas tout l’esprit d’accueil optimiste du pluralisme des manifestations culturelles et idéologiques qu’attribue parfois la critique postérieure à Montaigne.

15Quand Crouzet cherche à replacer la Saint-Barthélemy dans le contexte idéologique et philosophique du XVIe siècle, il s’appuie sur le cadre du néoplatonisme. D’après lui, ces idées (que l’on retrouve développées chez des écrivains comme Loys Le Roy et Pierre de Ronsard), comprennent

une redéfinition du métier de roi, de ses attributs, de ses devoirs. Selon cette idéologie, le roi est un initié : il détient seul les secrets de l’univers et de la connaissance. Il est l’âme du monde. Ce souverain omniscient a une mission : faire régner l’unité dans le royaume, y faire régner un ordre qui soit en harmonie avec celui du cosmos. Cet ordre, c’est évidemment celui de la paix, de la disparition de toute guerre12.

16Cette idéologie trouve son application politique et concrète, par exemple en 1570 quand on signe la paix de Saint-Germain-en-Laye entre le monarque et les protestants. C’est ensuite, d’après Crouzet, que le roi rappelle l’amiral et chef des reformés Gaspard de Coligny à la cour, et qu’il tente de réconcilier les deux factions religieuses. L’idée de tuer l’amiral serait complètement contraire à la volonté de maintenir la concorde royale : c’est dans ce désir d’harmonie qu’on commence à organiser le mariage entre Henri de Navarre et Marguerite. Ce n’est donc qu’après l’assassinat, par crainte d’une nouvelle guerre civile, que le choix est fait du pouvoir, de sacrifier les seigneurs protestants pour sauver ainsi le principe néo-platonicien d’unité royale, centré autour du roi :

Si Catherine de Médicis a tant insisté, tant œuvré pour que toute la noblesse huguenote y assiste, ce n’est pas du tout dans une intention maligne, mais bien, conformément à l’esprit de la monarchie du temps, pour réaliser le plus parfaitement possible cette fusion magique des contraires – les huguenots unis aux catholiques –, nécessaire à la bonne marche du royaume et à sa renaissance à l’ordre13.

17Il y avait donc, à côté du fanatisme et la violence, un souhait sincère d’une coexistence possible des catholiques et les protestants – et de la tolérance. Plusieurs poètes, ambassadeurs et autres se sont montrés, bien avant le règne plus modéré d’Henri IV, courageux et humains dans un contexte parfois marqué par une haine insensée – due à l’eschatologie et au fanatisme.

18Le poète et soldat anglais Philip Sidney (1554-86) décrit comment toute son écriture créative change, après avoir voyagé en France et avoir vécu très jeune et sur place le meurtre de milliers de personnes en 1572. Quel est le rôle du poète, demande Sidney, dans un monde de cruauté ? On voit les mêmes problèmes soulevés, en même temps, par des écrivains français comme Ronsard, qui revient sur les « antiques prophètes » – qui ont rendu visibles les malheurs, essayant d’avertir le peuple. Il fait place aux idées de Platon sur le rôle du poète en tant que prophète (comme exprimé par exemple dans le Phèdre 265b14).

19En 1562, en pleine guerre civile, Ronsard s’adresse à Michel de Nôtredame (ou Nostradamus) dans son « Élégie sur les troubles d’Amboise, dédiée à Guillaume des Autels15 » : Ronsard voit en Nostradamus « le prophète », modèle de l’inspiration oraculaire et qui développe le lien, stipulé par Platon, entre ingéniosité, créativité et mélancolie. Les Prophéties de Nostradamus sont publiées 1555-1568, formant un total de près de 1000 strophes rimées représentant une sombre fresque de la souffrance humaine, dont le thème principal désigne l’homme (et non pas Dieu) comme responsable de la tyrannie de son temps et des catastrophes à venir.

20Les écrivains catholiques (Ronsard, Nostradamus) et protestants (Agrippa, Clément Marot) explorent le rôle du poète comme le vates – le « voyant » ou prédicateur, marqué par une inspiration prophétique. Ils transforment l’héritage néo-platonicien en lui donnant parfois une dimension presque subversive. Dans le cadre d’un genre qui pourrait être défini comme poético-oraculaire, procurant des éléments qui perturbent et défient les normes de l’époque à plusieurs niveaux : primo, la rupture avec les idéaux esthétiques – le décorum avec sa langue ornementée et haute style et secundo, le défi du pouvoir, décrivant tous les afflictions du peuple. Agrippa adapte ce genre, en expliquant vouloir peindre   un tableau piteux du Royaume en général, d’un style bas et tragique16»

21Or, le poète de la Renaissance française qui souhaite explorer ce genre poético-oraculaire doit être prudent et trouver un équilibre pour ne pas finir sur le bûcher : comment servir le roi et la reine, en essayant en même temps de maintenir son rôle de prophète qui voit les calamités à venir à cause du mauvais gouvernement ? Ronsard, un maître de ce genre d’équilibre, réussit à célébrer le pouvoir, contribuant à la réaffirmation de l’origine divine et la fonction conciliatrice de la monarchie. En même temps, il fait preuve d’une lucidité et d’une clairvoyance qui pourrait être prises pour un questionnement…

22Ses Élégies, Mascarades et Bergerie constituent un exemple de cette dualité exquise. Cette production est commandée par Catherine de Médicis en 1564 – c’est-à-dire pendant une période extraordinairement difficile – pour les fêtes de Fontainebleau en janvier17. Les textes sont donc commandés par la reine de France, mais Ronsard les dédie à Elizabeth I, la reine d’Angleterre. En le faisant, il contribue à l’honorable combat de ces deux souveraines. Très beaux et glorieux à première vue, les poèmes des Élégies, Mascarades et Bergerie parviennent, par la stratégie de l’ironie subtile, à introduire des éléments qui contrecarrent le régime, mais d’une façon délicate. En voici un extrait de la PROPHETIE DE LA SECONDE SEREINE :

Ô Prince heureusement bien-né,
qui fus beni dès ta naissance
par l’Eternel, qui t’a donné
toutes vertus en abondance,

Crois crois, et d’une majesté
monstre toy le fils de ton pere
et porte a front la chasteté
qui reluit aux yeux de ta mere.

La France se peut asseurer
de se voir soudain estrenée
des honneurs qu’on doit esperer
d’une Royauté bien-née.

Et toy mere resjouy toy
mere sur toutes vertueuse,
qui a nourri ce jeune Roy
d’une prudence si soigneuse18.

23Sur un premier plan, le poème véhicule la beauté, la force, la gloire. Or, tout lecteur qui a la moindre connaissance du contexte pourrait apercevoir l’arrière-plan cynique du discours : ce « Prince heureusement bien-né » qui est « beni » de « toutes vertus en abondance », est en réalité un faible garçon de 14 ans, instable et maladif. Les guerres de religion, avec ses victoires royales trop coûteuses, continuent. L’État français est presque ruiné et le peuple souffre. Quand Ronsard écrit que « La France se peut asseurer […] d’une Royauté bien-née », la moquerie ne se cache guère entre les lignes. En même temps, un écrivain comme Agrippa d’Aubigné, d’abord soldat protestant et ensuite poète, a trouvé les œuvres de Ronsard trop sucrées. Il accuse les poètes de la Pléiade d’écrire pour flatter leurs mécènes au lieu de remplir leur rôle de vates. Les stratégies choisies pour commenter les misères de leurs temps varient. Mais en commun, les poètes catholiques et protestant ont une relation complexe vis-à-vis de la notion de tolérance. Dans leur poésie, on discerne une constante remise en cause de son sens : pratiquer de la tolérance, cela veut dire démontrer de l’ouverture et du pragmatisme, ou plutôt de supporter l’oppression de l’autre ? Si Ronsard cherche à renforcer la concorde, Agrippa sème la discorde. Si Ronsard choisit une expression artistique subtile, Agrippa choisit le désordre, la véhémence et la haine dans Les Tragiques, où les parents affamés dévorent leurs bébés et les tyrans se moquent de ses sujets massacrés : « Et encore aujourd’hui, sous la loi de la guerre, les tigres vont brûlant les trésors de la terre19. » Alors que Ronsard veut contribuer à la reconstruction d’une monarchie unificatrice, Agrippa place le lecteur in medias res de la dévastation. Lorsque ce dernier dépeint « la troisième guerre de religion » (1568-70), il donne la parole à un fermier mourant. L’homme mutilé, allongé par terre, nous apprend que des mercenaires allemands sont déjà arrivés, et ce qu’il s’est passé à sa famille :

Hélas ! Si vous avez encore quelque envie
De voir plus de malheur, vous verrez là-dedans
Le massacre piteux de nos petits enfants 20.

24Ensuite, Agrippa décrit ce qu’il trouve quand il entre les ruines de la petite maison, et comment il doit voire la femme et les enfants du fermier mourir devant lui. Chez Agrippa, Catherine de Médicis n’est guère la « mere sur toutes vertueuse » et la reine juste et glorieuse rencontrée chez Ronsard, mais plutôt un monstre : il l’associe à Jézabel, au dragon, à la sorcière, au serpent hideux…21 D’après Anthony Glaise, Agrippa va jusqu’à faire le portrait de Catherine de Médicis la nécromancienne :

[Elle] déterre sans effroi les effroyables corps,
Puis, remplissant les os de la force des diables,
Les fait saillir en pieds, terreux, épouvantables,
Oit leur voix enrouée, et des obscurs propos
Des démons imagine un travail sans repos22.

25Autre groupe, à côté des poètes, qui essaient différentes stratégies plus ou moins prudentes pour promouvoir la tolérance jusqu’à critiquer le régime dirigé par la reine-mère et la ligue, est celui des diplomates. À la journée d’études organisée à la Sorbonne le 1er février 2020, dans le cadre du projet « Tolérance(s) », Daniel Ménager a donné une présentation du rôle de l’ambassadeur, représentant intransigeant du pouvoir qui l’envoie : le diplomate doit faire respecter les intérêts de celui-ci. Pourtant, Ménager montre comment l’ambassadeur se sert parfois de la confiance à lui donnée, afin de procurer la tolérance et la modération.

La tolérance diplomatique

26Parmi les partisans de la paix qui ont osé critiquer ouvertement les massacres – dont la Saint-Barthélemy – nous trouvons Arnaud du Ferrier, le représentant de Charles IX et de la reine mère à Venise. Né en 1506, ce professeur de droit à Toulouse – devenu président aux enquêtes et maître des requêtes à Paris – a été envoyé en ambassade à Venise. Lors de mes recherches, je suis tombée sur une lettre écrite par ce diplomate23.

27Vingt-trois jours après le début de la Saint-Barthélemy, c’est-à-dire le 16 septembre 1572, du Ferrier envoie ce document particulier à Catherine de Médicis. Étant ambassadeur de France à l’étranger, il a donc suivi à distance tous les événements qui bouleversent la France dans les années 1560 et 70. Comme le reste de l’Europe, il y a réagi violemment24. Or, si les réactions ont partout été fortes, elles étaient aussi diverses : on rapporte peu après les massacres que Philippe II d’Espagne aurait dit « c’est le plus beau jour de ma vie » et que le pape Grégoire, en apprenant la nouvelle de la Saint-Barthélemy, aurait fait chanter un Te Deum afin de célébrer l’événement. Mais, en même temps, Brantôme nous apprend dans ses chroniques sur le XVIe siècle que le souverain pontife n’a pas pu retenir ses larmes, quand on lui a rapporté le récit du massacre. En Angleterre, le reine Elizabeth a pris le deuil après avoir appris ce qui s’est passé à Paris et ses alentours. Elle a réprouvé les actes de violence même si elle se voyait forcée d’accepter, pour des raisons diplomatiques, la thèse d’un complot de la part des huguenots et la nécessité d’une démonstration de force « préventive ». À Genève, il va de soi, on a régi avec effarement.

28En 1880, Édouard Frémy écrit :

Arnaud du Ferrier n’était pas un courtisan. Dans cet esprit judicieux, fortifié par l’étude comparée de la législation antique et de la jurisprudence, la notion du juste et de l’injuste avait acquis une clarté inflexible et sereine que l’art de négociations n’altéra jamais. Chez ce diplomate honnête homme, malgré les exigences de la raison d’État, la conscience restait l’invariable règle d’une politique sagement conduite. Le gouvernement qui venait de faire massacrer les huguenots sous prétexte de conspiration lui envoyait mille écus pour acheter son silence. Tout révélait un crime odieux au magistrat, une faute irréparable à l’ambassadeur.
Il comprit aussitôt que son devoir était de parler pour flétrir l’un et pour dénoncer l’autre25.

29Comme tout le monde, du Ferrier a du mal à comprendre ce qui s’est passé. Une copie de la dépêche envoyée par du Ferrier se trouve à la Bibliothèque Impériale de Saint-Pétersbourg (fonds Documents français26). La lettre est aussi citée dans le livre de Frémy, que j’ai consulté à la bibliothèque de l’ENS. Son contenu aurait pu coûter cher à du Ferrier. Le texte commence ainsi :

Madame,
le commandement qu’il vous pleust me faire, en prenant congé de Vostre Majesté, venant par deça et la bonté que j’ay cogneu en icelle, m’ont faict, jusques icy, escrire librement et à la vérité tout ce qui est venu à ma cognoissance concernant vostre service, grandeur et réputation du Roy et de Monseigneur ; et je suis résolu de continuer toute ma vie, et en quelque lieu que je soys, jusque à ce que vous me commandez de me taire. Or, Madame, la vérité est certaine et indubitable que les massacres advenus par tout le royaume de France, non seullement contre le feu admiral et autres principaulx chefs de la Religion, mais aussy contre tant de pauvre peuple innocent, ont si fort esmeu et altéré l’honneur de ceulx qui sont, par deçà, affectionnés à vostre couronne, encores qu’ils soyent du tout catholiques, qu’ils ne se peuvent contenter d’excuse aucune, imputant tout ce qui a esté faict à vous tant seulement et à Monseigneur d’Anjou.

30Le contenu de cette lettre nous donne un aperçu des pensées du diplomate qui diffèrent profondément de celles du gouvernement. On peut comprendre que du Ferrier estime que sa fidélité au roi et à la reine l’aidera à faire accepter cette expression non seulement de sa propre prise de position mais aussi de sa divergence d’opinion. En même temps, il s’agit d’une lettre qui témoigne d’un patriotisme incontestable. Du Ferrier était sans doute, à l’époque, sincèrement attaché à la religion catholique, au moins officiellement. Il s’élève contre le massacre de la Saint-Barthélemy, mais on pourrait aussi voir comment du Ferrier plus tard condamne les excès dont les protestants sont coupables. Du Ferrier a mené un jeu dangereux déjà au concile de Trente, où il s’est prononcé devant tout le parlement contre l’application de la peine de mort en matières religieuses. Anne du Bourg, aussi présent, a parlé dans le même sens. Lui sera livré au bourreau.

31L’enjeu pour les historiens reste toujours de clarifier le degré de la responsabilité de la famille royale dans l’affaire de 1572. La discussion se poursuit sur leur implication dans l’organisation du massacre, même si on convient de dissocier le massacre « populaire » de l’exécution préméditée des chefs protestants. D’après Jean-Louis Bourgeon il suffit de voir la correspondance des diplomates de la France à l’étranger, dont du Ferrier à Venise, pour se persuader que la Saint-Barthélemy n’a jamais pu être voulue par la royauté : « Sauf à l’imaginer capable, sans aucun motif, d’un geste complètement suicidaire : or, tout le monde est d’accord pour créditer Catherine de Médicis d’un minimum d’intelligence politique…27 ».

Conclusion

32La haine exprimée en 1572 par des tueurs ultra-catholiques glorifiant la violence, a des points communs avec celle démontrée par les délinquants au lendemain de la tragédie du Bataclan en 2015, et avec la haine née de « la nécessité absolue » que décrit l’État Islamique/Daesh, pour « demeurer pur », et annoncer « la seule vérité ». Heureusement, pendant des périodes où la haine menace l’humanité, il y a aussi toujours des altruistes, procurant malgré tout une voie plus tolérante. Et sous chaque régime d’oppression, il y toujours des stratégies à trouver pour pouvoir s’exprimer.

33Dans le mythe bien connu de Philomèle et Procné, du Livre VI des Métamorphoses, Ovide raconte : Procné est mariée à Térée, qui viole sa sœur Philomèle et l’enferme dans un pavillon de forêt. Après l’agression, Térée coupe la langue de Philomèle et l’abandonne dans la cabane. Rendue incapable de parler à cause de ses blessures, Philomèle se met à faire une tapisserie qui raconte son histoire, elle l’envoie à Procné, sa sœur. Pour le philosophe Jacques Rancière, l’histoire de Philomèle est l’histoire de tout discours engagé, qui réussit à être résistant sans nécessairement faire de la résistance28. Quand Ovide fait tisser Philomèle, le poète lui donne la possibilité de s’exprimer sans parler. Les volontaires de la Syrie d’aujourd’hui résistent, face aux controverses religieuses, et s’expriment en soulageant la souffrance à tous les côtés du conflit.

34Et à Paris, en 1572, le duc de Montmorency se trouve à Paris après les massacres. Il ne proteste pas du tout. Mais il fait, discrètement, décrocher le cadavre de son cousin Gaspard de Coligny du gibet de Montfaucon où le corps de ce leader protestant et Amiral de France était suspendu. À cette époque le père du duc, le grand guerrier Anne de Montmorency, avait fait tisser des tapisseries géantes pour leur château à Écouen29. À première vue, les motifs de cette série – appelée Fructus Belli – font penser à des festivités joyeuses. Mais à regarder plus près, on s’aperçoit qu’il s’agit des gens qui essaient de fuir une ville détruite – une ville à feu à cause des conflits. Montmorency, un héros de guerre, n’exprime peut-être pas toujours de la résistance de haute voix vis-à-vis le gouvernement sanglant, mais il fait tisser, sur les bordures latérales de ses tapisseries, l’inscription Non sine fastidio – non sans aversion.

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Tapisserie de Giulio Romano

Notes de bas de page numériques

1 Dictionnaire historique de la langue Française – Le Robert en ligne : https://lerobert.com/dictionnaires/francais/histoire-de-la-langue.

2 Agrippa d’Aubigné, Histoire universelle, éd. André Thierry, tome V, p. 1576, Genève, Droz, 1991.

3 Agrippa d’Aubigné, Œuvres, éd. sous la direction de J-R, Fanlo, M-M Fragonard, et G. Schrenck, tome V, Les Tragiques, I. Princes, 1083-1088, Paris, Garnier, 2020.

4 Julia Kristeva, « L’Europe a le temps » dans Le Figaro, 30 janvier 2015.

5 Denis Crouzet, « Les Guerres de Religion entre fin des temps et théâtre de la cruauté » dans la Revue des deux mondes, no février-mars 2017, pp. 87-102.

6 Communication personnelle, Homs, février 2016.

7 Denis Crouzet, Les Guerriers de Dieu : La Violence au temps des troubles de religion, vers 1525 – vers 1610, Paris, Champ Vallon, 1990.

8 Traduction des extraits en anglais du « Statement by ICRC Peter Maurer on Syria trip » publié sur le site du Comité International de la Croix-Rouge, le 24 mai 2017.

9 Agrippa d’Aubigné, Œuvres, éd. sous la direction de J-R. Fanlo, M-M. Fragonard, et G. Schrenck, tome V, Les Tragiques, I. Princes, Livre II, Paris, Garnier, 2020.

10 Denis Crouzet, Les Guerriers de Dieu : La Violence au temps des troubles de religion, vers 1525 – vers 1610. Paris, Champ Vallon, 1990.

11 Benjamin Kaplan, Divided by faith. Religious Conflict and the Practise of Toleration in Early Modern Europe, Cambridge MA, Harvard University Press, 2007, pp. 8-9.

12 Denis Crouzet, « Enquête sur un massacre : la Saint-Barthélemy » (entretien), L’Histoire, n° 175, mars 1994, p. 94.

13 Denis Crouzet, « Enquête sur un massacre : la Saint-Barthélemy » (entretien), L’Histoire, n° 175, mars 1994, p. 94.

14 Platon, Œuvres complètes, éd. Luc Brisson, Paris, Flammarion, 2020.

15 Pierre de Ronsard, Œuvres complètes, 7 vol., éd. P. Laumonier, R. Lebègue et I. Silver, Paris, STFM, 2015.

16 Agrippa d'Aubigné, Tragiques, édition F. Lestringant, I, 908-912, Paris, Gallimard, 1995.

17 Pierre de Ronsard, Elégies, mascarades et bergerie, Par P. de Ronsard Gentilhomme Vandomois. A la Majesté de la Royne d’Angleterre. A Paris, Chez Gabriel Buon, au clos Bruneau, à l’enseigne S. Claude. 1565. Avec privilege du Roy. (Pierre de Ronsard, Œuvres complètes XIII, éd. P. Laumonier, Paris, Didier, 1948, pp. 97-100.

18 Pierre de Ronsard, Elégies, mascarades et bergerie, Par P. de Ronsard Gentilhomme Vandomois. A la Majesté de la Royne d’Angleterre. A Paris, Chez Gabriel Buon, au clos Bruneau, à l’enseigne S. Claude. 1565. Avec privilege du Roy. (Pierre de Ronsard, Œuvres complètes XIII, éd. P. Laumonier, Paris, Didier, 1948, pp. 97-100.

19 Pierre de Ronsard, Elégies, mascarades et bergerie, Par P. de Ronsard Gentilhomme Vandomois. A la Majesté de la Royne d’Angleterre. A Paris, Chez Gabriel Buon, au clos Bruneau, à l’enseigne S. Claude. 1565. Avec privilege du Roy. (Pierre de Ronsard, Œuvres complètes XIII, éd. P. Laumonier, Paris, Didier, 1948, pp. 97-100.

20 Pierre de Ronsard, Elégies, mascarades et bergerie, Par P. de Ronsard Gentilhomme Vandomois. A la Majesté de la Royne d’Angleterre. A Paris, Chez Gabriel Buon, au clos Bruneau, à l’enseigne S. Claude. 1565. Avec privilege du Roy. (Pierre de Ronsard, Œuvres complètes XIII, éd. P. Laumonier, Paris, Didier, 1948, pp. 97-100.

21 Anthony Glaise, « La tragique épopée des “Misières dans « Le Verger » – bouquet VIII, (L’Exotisme à la Renaissance), numéro dirigé par Anne Debrosse, Isabelle Imbert, Colt Segrest et Hélène Vu Thanh, http://cornucopia16.com/blog/2015/09/28/le-verger-bouquet-viii-lexotisme-a-la-renaissance/, 2015, p. 3.

22 Agrippa d’Aubigné, Tragiques, édition F. Lestringant, I, 908-912, Paris, Gallimard, 1995.

23 Recherches faites à la bibliothèque de l’École Normale Supérieure, rue d’Ulm à Paris, sur les événements précédant les massacres de 1572.

24 Parmi ceux qui ont étudié plus récemment la correspondance de du Ferrier et le contexte contemporain de Venise, on trouve Anna Bettoni, Arnaud du Ferrier et les Français de Venise à l’époque de la peste de 1576, 2009 ; Alain Tallon, Diplomate et « politique » Arnaud du Ferrier, 2002 ; Jacqueline Boucher, La diplomatie de Henri III, 2007 ; Jean-Louis Bourgeon, Charles IX devant la Saint-Barthélemy, 1995 et Denis Crouzet, Les Guerriers de Dieu. La violence au temps des troubles de religion vers 1525 – vers 1610, 1990/2005.

25 Édouard Frémy, Un ambassadeur libéral sous Charles IX et Henri III. Ambassades à Venise d’Arnaud du Ferrier d’après sa correspondance inédite, 1880, p. 160

26 vol. XCVIII, pièce no 35, pp. 41-43.

27 Jean-Louis Bourgeon, Charles IX devant la Saint-Barthélemy, Genève, Droz, collection « Travaux d'histoire éthico-politique », 1995, p. 181.

28 Jacques Rancière, The Politics of Aesthetics, London, Continuum, 2006.

29 Les tapisseries du château de Montmorency ont été réalisées par l'un des disciples de Raphaël, Giulio Romano. Un ensemble, au thème militaire, a été commandé à partir des modèles de Romano. L’ensemble, Fructus Belli, comprend huit tapisseries. Réalisé en 1545-1547, l’ensemble a d’abord été acheté par le commandant en chef des armées de l'empereur Charles V, Ferrante Gonzaga. Les tapisseries illustrent les épreuves et les horreurs mais c’est au spectateur de juger de quelle guerre il s’agit : celle de Troie ? Celle contre l’empereur ? Ou de la guerre civile et contemporaine… Certains modèles en carton ont survécu au Louvre.

Bibliographie

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RONSARD Pierre de, Elégies, mascarades et bergerie, Par P. de Ronsard Gentilhomme Vandomois. A la Majesté de la Royne d’Angleterre. A Paris, Chez Gabriel Buon, au clos Bruneau, à l’enseigne S. Claude. 1565. Avec privilege du Roy dans Pierre de Ronsard, Œuvres complètes XIII, éd. Paul Laumonier, Paris, Didier, 1948

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WANEGFFELEN Thierry (dir.), De Michel de L’Hospital à l’Édit de Nantes : être « politique » à la Renaissance. Politique et religion face aux Églises, Clermont-Ferrand, Presses Universitaires Blaise-Pascal, 2002.

Pour citer cet article

Anna Carlstedt, « “Paroles de tolérance” – stratagèmes poético-subversifs face aux controverses religieuses du XVIe siècle (ou comment relire Agrippa et Ronsard en Syrie) », paru dans Loxias-Colloques, 18. Tolérance(s) II : Comment définir la tolérance?, “Paroles de tolérance” – stratagèmes poético-subversifs face aux controverses religieuses du XVIe siècle (ou comment relire Agrippa et Ronsard en Syrie), mis en ligne le 07 octobre 2021, URL : http://revel.unice.fr/symposia/actel/index.html?id=1731.


Auteurs

Anna Carlstedt

Anna Carlstedt a soutenu sa thèse en littérature française au Département des études romanes et classiques à l’Université de Stockholm en Suède, où elle est aujourd’hui responsable des programmes de formation des futurs enseignants. Elle continue (lentement !) ses recherches et s’est spécialisée dans l’étude de la poésie poético-oraculaire en France au XVIe siècle. Elle s’intéresse particulièrement aux notions de tolérance et de concorde à l’ombre des guerres de religion. Elle est l’auteur de plusieurs livres et membre de l’Atelier XVIe de recherche rattaché à l’équipe d’accueil « Sens, Texte, Histoire » de l’Université Paris IV-Sorbonne. Elle a été Présidente de la Croix-Rouge Suédoise (2015-2017) et la Présidente du Forum Suédois des Associations non gouvernementales (2008-2014).