Rolland (Romain) dans Loxias-Colloques


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Loxias-Colloques | 8. Ecrire en Suisse pendant la grande Guerre | Ecrire en Suisse pendant la Grande Guerre

Solidarité franco-allemande en Suisse au cœur de la première guerre : Stefan Zweig (1881-1942) et Romain Rolland (1866-1944)

Stefan Zweig arrive en Suisse en novembre 1917. D’abord libéré du service militaire pour deux mois, il obtient finalement la permission de rester en Suisse jusqu’à la fin de la guerre. Il peut ainsi assister aux répétitions et à la première de Jérémie, sa pièce de théâtre pacifiste représentée pour la première fois au Stadttheater de Zurich en février 1918. Son séjour en Suisse est également marqué par le développement de son admiration et de son amitié pour Romain Rolland – celui qu’il désigne comme étant « la conscience morale de l’Europe ». L’objet de cet article est de montrer que la conjonction Suisse–Rolland a joué un rôle absolument essentiel dans la vie personnelle et créatrice de Zweig.

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« Des scènes qui se passent au front » vues par Romain Rolland

Ces pages traitent du shell shock dans le Journal des Années de Guerre (1914-1918) de Romain Rolland. Affectant des prisonniers de guerre internés en Suisse, ce syndrome suscita une effervescence publiciste parmi les milieux médicaux mais passa inaperçu de la population civile. Rolland, lui, recueille des tableaux cliniques précis, transcrits de sa correspondance avec de jeunes combattants, ou enregistrés lors des entretiens menés avec des prisonniers, permissionnaires et autres expatriés austro-hongrois, allemands ou français réfugiés en terre helvétique. Les noms d’E. R. Curtius, P. Latzko ou encore Paul Cassirer défilent ainsi parmi les victimes du syndrome de stress post-traumatique. De ce syndrome, le Journal interroge les versants médical, militaire, juridique et existentiel. Mais jamais Rolland ne se départit des normes d’une écriture rationnelle. Aussi récuse-t-il l’image distordue que lui renvoient de la guerre Apollinaire, dada, le cubisme. Intellectuel d’avant-garde, Rolland milite dans l’arrière-garde littéraire. This paper is about shell shock in Romain Rolland’s diary written near Geneva during the First World War. Medical personnel were strongly concerned about this very new disease. But neurological and psychiatric understanding were still to come and neither civilian nor military authorities were willing to indemnify victims. The latter were suspected of unconscious simulation and were treated with so-called “medical persuasion” or electrotherapy – if not punished for desertion. Due to this medical-military collusion, there was no public awareness of Post Traumatic Stress Disorders. This is what makes Rolland’s diary so singular. He had to deal with plenty of private letters convincing him that PTSD was frequent among all belligerent armies. Travelling through Switzerland, he came across victims of shell shock : prisoners of war interned at Interlaken, furloughed soldiers and refugees (E. R. Curtius, Paul Latzko, the gallery owner Paul Cassirer…). But there is a discrepancy between epistemological awareness (modern war is a war of machines against human beings) and the diary’s aesthetics : Rolland quotes Molière and Jarry (King Ubu) in order to gain distance from pictures of horror. But he refuses “disrupted” representation of war practised by Apollinaire, Dada, cubism, futurism… The claim for moral and intellectual strength puts Rolland among the literary “arrière-garde”.

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Jouve, Romain Rolland vivant et En Miroir : les deux facettes, en regard, d’un même art poétique

Le Romain Rolland vivant de Jouve publié en 1920 n’est autre que l’ébauche de En Miroir (1954), le passage, le détour nécessaire par l’étude de l’autre (Romain Rolland) qui constitue, à l’époque, une sorte de père spirituel et permet à Jouve d’arriver à la connaissance de soi-même comme de son propre art poétique. Dans le premier cas (Romain Rolland vivant) nous avons la biographie intellectuelle d’un ami si proche que Jouve déjà peut s’y projeter et s’y construire (« parce que c’était lui, parce que c’était moi », déclare Jouve, citant Montaigne). Dans le deuxième cas, En Miroir constitue une autobiographie intellectuelle et recomposée pour projeter une image de soi-même qui corresponde exactement à l’auteur que l’on voudrait être. Deux monuments, deux architectures, deux statues, l’une d’un modèle adoré puis renié, l’autre de soi-même.

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Qui est le Dieu absent de la Suisse du Monde désert ?

« Un monde sans Dieu est un désert » déclarait un personnage d’une pièce inédite de Pierre Jean Jouve de 1914, écrite dix-huit mois avant son départ pour la Suisse où il devint un ami-disciple du grand intellectuel pacifiste Romain Rolland. En 1927, Jouve publie Le Monde désert où revivent des figures amies de l’écrivain du temps de la Première Guerre mondiale : le sculpteur Jacques Lenoir (Jacques de Todi, homosexuel et suicidé), le peintre Edmond Bille (Siemens), l’amoureuse qui prend soin des artistes (Baladine) et Jouve lui-même (Luc Pascal). Ces clés ont été décodées par des lecteurs attentifs. Se pose alors la question des absents dans ce roman, eux qui étaient si présents dans la vie de l’écrivain : Andrée (sa première épouse), Romain Rolland, son « père mystique », et la guerre elle-même. Qui est le « Dieu absent » du Monde désert ? Quel rôle a joué la seconde épouse de Jouve, la psychanalyste Blanche Reverchon, pour un livre passionné qui nous apparaît comme le roman d’un double divorce ?

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Éditer en temps de guerre, inventer dans la pénurie. La revue Dada à Zurich (1917-1919)

Publiée à Zurich de 1917 à 1919, la revue Dada, dans une optique internationale, était opposée à la guerre, et des liens ont existé entre le groupe de R. Rolland et les dadas (sans influence réciproque). Dada a cependant adopté une tournure radicale qui lui était propre. L’expérimentation a joué dans cette revue un rôle central, entraînant une esthétique transmédiale qui a préludé aux futurs livres d’artistes. Published in Zurich from 1917 to 1919, the Dada journal, with an international perspective, was opposed to the war, and links have existed between the group of R. Rolland and the members of Dada (without mutual influence). Dada has however adopted a radical original turn. Experimentation in this journal has played a central role, leading to a transmedial aesthetic which announced the future artist books.

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