Renaissance dans Loxias-Colloques


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Loxias-Colloques | 14. Tolérance(s) I : Regards croisés sur la tolérance

Les contours de la tolérance dans les édits de pacification de Charles IX

 Si le mot « tolérance » est attesté dans la langue française depuis le XIVe siècle, un certain nombre de ses acceptions sont plus tardives et datent, en particulier, de la Renaissance. En effet, si les dictionnaires de langue précisent que l’acception principale du terme, à cette époque, est directement héritée du latin classique tolerantia, qui désigne la « constance à supporter », de nouveaux sens, dérivés de ceux-ci apparaissent peu à peu. C’est à cette période (et plus précisément dans les années 1560) qu’apparaît le sens de « disposition à admettre chez les autres une manière d’être, de penser, d’agir différente de la sienne », qui s’inscrit dans un cadre politico-religieux. Cette acception peut notamment désigner la permission accordée à des dissidents de pratiquer librement leur religion, c’est-à-dire la tolérance dite « civile ». C’est à cet aspect de la tolérance qu’on se propose ici de s’intéresser, à partir d’un corpus de textes politiques parus dans les années 1560-1570. While the word "tolérance" has been used in the French language since the 14th century, a number of its meanings are later and date, in particular, to the Renaissance. Indeed, if language dictionaries specify that the main meaning of the term, at that time, is directly inherited from the classical Latin tolerantia, which refers to the "constancy to bear", new meanings, derived from them, gradually appear. It was during this period (and more precisely in the 1560s) that the meaning of "readiness to accept in others a way of being, thinking and acting different from one’s own" appeared, which was part of a politico-religious framework. This meaning may refer in particular to the permission granted to dissidents to freely practice their religion, i.e. the so-called "civil" tolerance. It is this aspect of tolerance that we propose here to focus on, based on a corpus of political texts published in the years 1560-1570

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Loxias-Colloques | 20. Tolérance(s) III - concepts, langages, histoire et pratiques
Tolerance(s) - concepts, language, history and practices

Les communautés étrangères dans la République de Venise (XVe-XVIe siècles) : d’une bienveillante hospitalité à un encadrement rigoureux

La République de Venise accueille de nombreuses communautés étrangères. Cela s’explique par sa position géographique, au confluent de l’Europe continentale et du monde méditerranéen, et par l’importance des échanges commerciaux qui sont le fondement de sa puissance économique, développée au cours des siècles. Elle est aussi un lieu d’asile notamment pour tous ceux qui fuient la guerre et l’expansionnisme ottoman dès le XVe siècle. La Cité se montre bienveillante et accueillante. Toutefois elle entend définir scrupuleusement les conditions de cet accueil, dans le strict respect des règles qu’elle établit elle-même. The Republic of Venice welcomes many foreign communities. This is explained by its central geographical position between continental Europe and mediterranean area, and also by the important trade which is the major bases of its economic power developed over the centuries. Venice is also a place of refuge for all of those fleeing the war and the ottoman expansion from the XVth century. The Most Serene Republic is benevolent and welcoming. However she intends to strictly define the conditions of this hospitality, in accordance with rules established by herself.

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La tolérance en voyage. Leçons sur le déplacement à la Renaissance

Dans le premier collectif sur la Tolérance (journée d’études de Nice, 28 juin 2019), j’avais proposé de considérer la « tolérance » comme l’abandon de souveraineté sur les marges du territoire résistant que représentent les valeurs personnelles ou collectives considérées comme intangibles. Dans le présent article les variations du concept et de l’actualisation de la tolérance à travers les personnes en déplacement, qui se décrivent ou sont mises en scène par la littérature de voyage ou sur les voyages au XVIe : une ligne de démarcation se dessine ainsi non seulement entre voyageurs et sédentaires, mais aussi entre différents voyageurs, selon qu’ils se transportent entièrement avec eux-mêmes, caparaçonnés dans leurs certitudes – et donc susceptibles de tolérance si elle n’affecte pas leur entité personnelle –, ou qu’ils sont prêts à s’adapter aux manières et croyances locales, moyennant des concessions sur leur territoire intime. Nous prenons pour hypothèse de travail le présupposé que les voyageurs en mission, qui sont conditionnés par les impératifs de leur mandat, ainsi que les voyageurs très imbus de leur propre culture relèvent plutôt de la première catégorie, tandis que le « voyageur » sans but particulier se plaît, au moins en théorie, à entrer dans la seconde. Pourquoi la Renaissance est-elle exemplaire ? parce que les voyages de découverte révolutionnent les conceptions géographiques de l’Ancien Monde, et suscitent des réflexions sur l’étrangeté. On se souvient ainsi de la différence entre Thevet et Léry dans l’Amérique tout juste découverte (Thevet plein de certitudes, Léry friand de découvertes), ou de Montaigne visitant l’Italie sans préjugés… La Renaissance offre à cet égard des exemples significatifs, qui seront repris et amplifiés plus tard. In the first collective volume on Tolerance (Nice, 28 June 2019), I had proposed to consider ‘tolerance’ as the surrender of sovereignty over the margins of the resistant territory represented by personal or collective values considered as intangible. In this paper, variations in the concept and actualisation of tolerance will be explored through people on the move, who describe themselves or are portrayed by travel literature in the sixteenth century: A line of demarcation thus emerges not only between travellers and sedentary people, but also between different travellers, depending on whether they are transporting themselves entirely with themselves, caparisoned in their certainties - and therefore susceptible to tolerance if it does not affect their personal entity -, or whether they are ready to adapt to local manners and beliefs, in exchange for concessions on their intimate territory. We assume that mission travellers, who are conditioned by the imperatives of their mandate, as well as travellers with a strong sense of their own culture fall into the first category, while the aimless traveller is satisfied withfalling into the second, at least in theory. Why is the Renaissance exemplary? Because voyages of discovery revolutionised geographical conceptions of the Old World, and gave rise to reflections on strangeness. This recalls the example of Montaigne in Italy, or the difference between Thevet and Léry in the newly discovered America... The Renaissance offers significant examples in this respect, which will be taken up and amplified later.

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