Loxias | 48. Stevenson et la culture polynésienne | I. Stevenson et la culture polynésienne 

Odile Gannier  : 

En hommage à Florence Arthaud
Vagabonds des mers du sud : les navigateurs solitaires dans le sillage de R. L. Stevenson et Joshua Slocum

Résumé

La fin des grands voiliers à la fin du XIXe correspondit à une innovation : la navigation solitaire de « plaisance » sur de petits voiliers. Stevenson, dans les Mers du Sud (1890), affirme explorer un nouveau genre : le journal de bord « littéraire ». Joshua Slocum partit en 1895, Sailing Alone around the World, emportant sur le Spray les œuvres de Stevenson. 1911 : Jack London publie The Cruise of the Snark, imitant Slocum ; suivi des Français Gerbault, Marin-Marie, Moitessier (sur le Snark et le Joshua). Ces récits montrent l’amour de la vie en mer et de sa liberté, le tropisme du voyage vers le Sud, alliant détails réalistes et passages lyriques ou philosophiques. Pour quel public, aspirants à la croisière ou lectorat plus large ? En outre, ces récits ont partie liée avec le journalisme, participant paradoxalement à l’histoire des exploits sportifs, leur motivation relevant plutôt d’un accomplissement personnel.

Abstract

At the end of the XIXth century the decrease of large clippers was followed by a new way of sailing, alone, on small boats. Stevenson explains in the South Seas (1890) that he has found a new genre: the literary logbook. Joshua Slocum left in 1895, Sailing Alone around the World, taking Stevenson’s books aboard the Spray. In 1911, Jack London published The Cruise of the Snark, following Slocum and followed by Gerbault, Marin-Marie, Moitessier (on the Snark and the Joshua). In these accounts seamen show how they like living free on the seas, how they are fond of travelling southwards; they give in turn detailed descriptions of the journey and lyrical or even philosophical passages. Who are supposed to be the readers, seamen to-be or not? Moreover, these accounts often flirt with the media system, adding paradoxically their personal experience to the history of record-breaking performances.

Index

Mots-clés : Arthaud (Florence) , Gerbault (Alain), London (Jack), Maillart (Ella), Moitessier (Bernard), navigateurs solitaires, Slocum (Josuah), Stevenson (Robert Louis)

Plan

Texte intégral

1Conrad, qui théorise son expérience de la navigation dans Le Miroir de la mer, regrette la fin des grands voiliers de commerce : Conrad se situe précisément au moment où la vapeur, la mécanique, les grands navires de fer ont envahi les mers et détrôné les beaux navires à voile qui avaient façonné tant de « vrais » marins. Or Conrad se sent plus proche de ceux qu’il appelle des « yachtmen » :

La navigation et la course de yachts à la voile ont entraîné le développement d’une classe nouvelle de marins spécialisés dans les bâtiments à gréement longitudinal, marins de naissance et d’éducation, pêcheurs l’hiver et yachtmen l’été ; des hommes pour qui la manœuvre de ce gréement particulier ne présente aucun mystère. Ce sont leurs efforts pour vaincre qui ont élevé la conduite des voiliers de plaisance à la dignité d’un des beaux-arts en ce sens particulier2.

2Cette nouvelle catégorie de navigateurs est appelée à prendre le relais, sur des voiliers sensiblement plus petits en général que les clippers qui avaient fait la gloire de la marine marchande. On peut noter aussi que c’est à peu près à cette époque (en 1914, après des travaux qui ont duré une quinzaine d’années) que s’est ouvert le canal de Panama, qui permet aux navires d’éviter le long et périlleux tour du Cap Horn – Alain Gerbault rendant compte de cette innovation en 1924. Or les courses sportives incluent en général ce « passage du Horn », comme l’épreuve décisive qui baptise un vrai marin. Pour compliquer encore les choses, les régates proposent de renoncer à tout contact avec la terre, le fin du fin étant un tour du monde en solitaire, sans escale, et si possible, contre le vent et les courants. Tropisme vers le sud ? La conformation terrestre oblige à nuancer ce Sud : Sud tropical pour la destination, extrême Sud pour la circumnavigation, les courses passant par le Sud des trois caps : le Sud attire et inspire une crainte révérencielle.

3En 1934, Marin-Marie analysait déjà la situation en ces termes :

Et s’il est vrai qu’en France le sport de la plaisance et de la course à voile n’a pas manqué de valeureuses figures, il était très peu populaire chez nous avant la guerre de quarante, et recrutait essentiellement ses adeptes parmi les gens de la haute société. Mon père regrettait qu’il y ait cette distance entre les marins professionnels, les pêcheurs en particulier, gens du peuple, et les superbes yachtmen dont il portait la casquette traditionnelle avec le plus grand naturel3.

4Parmi tous les « navigateurs solitaires » que le grand public connaît aujourd’hui, on aurait tendance à mélanger les noms de Joshua Slocum, d’Alain Gerbault, d’Henri de Monfreid, de Bernard Moitessier, mais aussi de Vito Dumas l’Argentin, d’Olivier de Kersauson, de Florence Arthaud, d’Ellen Mc Arthur et de tous ceux qui, entrés dans le monde de la course en solitaire dans les dernières décennies, se font connaître par leurs exploits sportifs et la performance technique de leurs bateaux. Le tout dernier livre d’Isabelle Autissier, écrit avec Erik Orsenna, s’intitule Salut au grand Sud4. Cependant on ne peut mettre tous ces navigateurs dans le même sac de marin, car leurs motivations sont sensiblement différentes. Mais d’un autre côté on mentionne moins les récits de Stevenson, de Jack London, d’Ella Maillart, qui, de fait, ont embarqué avec de petits équipages. Ne sont-ils pas eux aussi, à classer dans cette catégorie des navigateurs indépendants amoureux de la vie en mer, et détachés de tout but commercial ? Des vagabonds des mers du Sud ? Peut-on encore parler de « plaisance » ?

Le cercle des marins

5L’ancêtre commun des navigateurs solitaires pourrait être Ulysse, seul sur son radeau, dérivant en Méditerranée. On ne lit pourtant pas dans L’Odyssée son engouement pour la mer et les navires : bien au contraire il ne rêve que d’un prompt retour au port. Stevenson évoque dans Trafiquants d’épaves les rumeurs du Sud : dans le port de San Francisco, ouvert sur le monde, se rassemblent tous les navires,

… venus du cap Horn, de Chine, de Sydney et des Antilles […] mais on remarque à peine, au milieu de cette foule des géants des hautes mers, une autre catégorie de bateaux, les schooners des îles, dont la quille plonge profondément dans la mer, qui s’avancent, hauts de mâture et pleins d’élégance ; leur voilure et leur aspect général les font ressembler à des yachts […] Ces schooners entrent et sortent, et personne ne les remarque, pas même la presse qui ne leur consacre qu’une ligne dans la colonne des départs : « Le schooner X en partance pour Yap et les îles des mers du Sud »…

6Et il fait dire à son personnage :

Ce fut au cours de telles conversations […] que j’entendis parler pour la première fois des îles, que je tombai pour la première fois sous leur sortilège. Ce fut à l’issue d’un de ces premiers entretiens que je m’en revins un jour, le cœur plein de joie, Omoo sous un bras et sous l’autre les aventures de mon ami5.

7Ainsi la filiation remonte jusqu’à Melville, qui, fasciné par les mers du Sud, n’avait pourtant rien d’un plaisancier. Stevenson lui-même et sa femme aussi, partis à l’aventure sur un voilier, au départ de San Francisco étaient arrivés en bateau dans le Pacifique, et lui-même avait constaté dans les mers du Sud qu’aux Marquises :

Le trafic n’était pas uniquement indigène. Durant notre séjour au mouillage […] une goélette fut signalée en mer, qui se dirigeait vers l’entrée. Nous connaissions toutes les goélettes du groupe, mais celle-ci paraissait plus grande. Elle était d’ailleurs gréée à la manière anglaise, et après avoir jeté l’ancre à peu de distance du Casco, elle montra enfin le pavillon bleu. À cette époque, d’après les rumeurs courantes, il n’y avait pas moins de quatre yachts dans le Pacifique6.

8Le premier à partir seul sur un petit bateau, pour boucler le tour du monde, et à raconter ensuite son voyage, est Joshua Slocum, qui après avoir été capitaine de navires marchands, prend une espèce de retraite sur l’eau : il remet à flot, avec un minimum d’investissement et beaucoup de travail de ses propres mains, un vieux rafiot qui va lui permettre de partir entre 1895 et 1898 faire le tour du monde. Après son retour, il publie Sailing Alone around the World, qui lui assure l’estime de ses lecteurs et fait des prosélytes. Il donne ses plans, ses bons « tuyaux », ses impressions de bord, ses doutes et ses bonheurs. De la sorte, son journal est autant le récit de ses navigations qu’une sorte de guide pratique donnant à imaginer une semblable aventure aux marins qui le liront. Il témoigne du résultat de son entreprise à la dernière page, fixant pratiquement les composantes de ce genre de récit une fois pour toutes :

Si le Spray n’a découvert aucun continent dans son voyage, c’est peut-être qu’il n’y avait plus de continents à découvrir ; il n’a pas cherché de nouveaux mondes, ou navigué pour discuter des dangers des mers. La mer a été beaucoup calomniée. Trouver sa propre route vers des terres déjà découvertes est déjà bien, et le Spray découvrit que même la plus mauvaise mer n’est pas si terrible pour un bateau bien équipé. Aucun roi, aucun pays, aucune trésorerie n’ont été mis à contribution pour le voyage du Spray, et il a accompli tout ce qu’il s’était fixé. Pour réussir, quoi qu’il en soit, on doit connaître son affaire et être paré à toute éventualité. Je vois, quand je regarde après coup mon propre petit exploit, un assortiment d’outils de charpentier pas très compliqués, une horloge en fer-blanc, quelques clous de tapissier, pas grand-chose, pour faciliter mon entreprise, comme je l’ai déjà raconté. Mais par-dessus tout, ce qu’il faut prendre en compte, ce sont les années d’apprentissage, pendant lesquelles j’ai étudié avec application les lois de Neptune, et ce sont ces lois que j’ai essayé de suivre lors de mes navigations lointaines. Cela valait la peine7.

9Ce qui caractérise donc le voyage de Slocum, c’est la parfaite indépendance, la liberté de l’itinéraire, la gratuité du geste, autorisé par la seule volonté d’entreprendre et l’expérience du marin : le voyage est à la portée du « plaisancier ». Ce témoignage a fait des émules : il se crée une sorte de chaîne, qui revendique le parrainage des devanciers.

10Slocum lui-même raconte avoir rencontré Fanny Stevenson aux Samoa, après la mort de l’écrivain en 1894 : elle lui fait cadeau des « beaux volumes d’instructions nautiques pour la Méditerranée, en écrivant sur la page de garde » : « Au capitaine Slocum. Ces volumes ont été lus et relus de nombreuses fois par mon mari, et je suis bien sûre qu’il serait heureux qu’ils passent à un genre de navigateur qu’il aimait par-dessus tout8 ». Certes, Slocum n’était pas le premier à partir dans ces conditions, mais entre Stevenson et lui, c’est le même amour de la mer. Que l’écrivain voyage sur le yacht d’un milliardaire, avec un petit équipage, ou que Slocum ait commencé par voyager avec sa femme et ses enfants (ce qui a donné lieu en 1890 au Voyage of the Liberdade), l’aventure est de même nature, de même que la famille britannique Brassey, sur le Sunbeam, avait navigué et publié un récit en 1878, Around the world in the yacht Sunbeam : Our Home on the Ocean for Eleven Months9. Ce n’est pas tant l’exploit de l’homme seul face aux éléments, c’est l’homme sur l’eau, prêt à vivre une autre vie. D’autres prennent le relais, comme Jack London en 1911 :

Nos amis n’arrivent pas à comprendre les raisons de notre voyage. Ils tremblent, poussent les hauts cris et nous croient perdus. Malgré toutes nos explications, ils ne voient donc pas que nous suivons la ligne de moindre résistance ; pour eux le bonheur consiste à vivre sur la terre ferme, tandis que nous préférons voguer dans un petit bateau en plein océan10.

11Jack London et sa femme décident de construire le Snark et de partir dans le sillage de Slocum.

Mon ami Roscoe était un yachtsman, et moi j’avais quelque peu bourlingué en mer. Inévitablement, nous en arrivâmes à parler bateaux. Ce jour-là, la conversation roulait sur les voiliers, leur possibilité de naviguer en plein Océan, et nous citions, en exemple, le capitaine Slocum qui en trois ans fit le tour du monde, sur le Spray. Après tout, qui nous empêchait d’en faire autant, dans une embarcation de douze mètres ? En fin de compte, nous décrétâmes que rien ne nous procurerait tant de joie que d’entreprendre pareille croisière11.

12Le récit est écrit sur le mode de l’autodérision, et il souligne les difficultés et les déconvenues de l’entreprise, surmontées par une détermination sans faille et le désir de suivre l’exemple de son prédécesseur : « Je n’oublierai jamais ce passage où, dans son livre, il encourage les jeunes gens à l’imiter12. »

13En 1924, c’est Alain Gerbault qui s’embarque à son tour sur le Firecrest pour rallier Tahiti en solitaire. Dans sa bibliothèque : « Il y a aussi tous mes vieux compagnons aux reliures abîmées par l’eau de mer, les Jack London, Loti, Conrad, Stevenson qui ont traversé avec moi l’Atlantique13 ». L’une de ses amies, Ella Maillart, le cite fréquemment, tout en racontant sa propre fascination pour la vie en mer. Il n’était pas courant dans les années vingt que des femmes cherchent à s’embarquer comme matelot ou que quatre filles partent ensemble en croisière après avoir remis en état un vieux bateau. Ella Maillart donne aussi, dans La Vagabonde des mers, un aperçu de ses lectures : Melville, Bullen et sa Croisière du Cachalot, Conrad, Stevenson, Slocum, Jack London et la Croisière du Snark, ainsi que Knight, qui traversa l’Atlantique en 1880-1881, et publia ses aventures dans The Cruise of the Falcon (1884)… Elle se rappelle que lorsqu’elle partit en 1930 vers l’Asie, avec cent dollars en poche, elle devait la moitié de cette somme à la générosité de « l’épouse de Jack London14 ».

14Plus récemment, Bernard Moitessier a entrepris le même genre d’expédition, en construisant laborieusement et au moindre coût plusieurs bateaux, ce qu’il décrit en particulier dans Un vagabond des mers du Sud (1960) et La Longue Route, puis dans Tamata ou l’alliance. Il y fournit très complaisamment les plans de ses bateaux, comme s’il voulait lui aussi faire des adeptes – ce qui lui a largement réussi. Nulle surprise que parmi ses bateaux, il y ait eu un Snark et un Joshua, et que dans Un vagabond des mers du Sud15, il examine les bateaux respectifs de Le Toumelin (qui partit sur le Kurun), d’Alain Gerbault, de Bardiaux, de Jean Gau, Harry Pidgeon (qui construisit l’Islander), Frank Witman, Marin-Marie, un autre navigateur et peintre de marine, familier de Gerbault. Marin-Marie a écrit ses mémoires, et il explique que :

Les « solitaires », on en parlait peu, à vrai dire. Dans le public, ils n’étaient pas encore à la mode. Lorsqu’en 1923 je fis ma première exposition de scènes du large […] Gerbault n’avait pas encore entrepris sa fameuse traversée. Dans un milieu de marins, d’autre part, ce genre de performance n’excitait […] ni envie ni curiosité, et le terme de solitaire lui-même était peu employé. Nous nous contentions de dire de ceux qui se débrouillaient seuls dans leurs embarcations ou qui avaient l’habitude de tirer de leur bord, pour une raison quelconque, qu’ils naviguaient « en cochons »16.

15Certes, affirme-t-il, « un matelot ne peut guère se lancer très loin, faute de notions suffisantes en matière de navigation astronomique ou même de navigation tout court », mais à l’inverse,

Il est comique d’observer la fierté et l’émotion du capitaine Joshua Slocum manœuvrant son petit bateau pour la première fois. Il n’est pas sûr de lui du tout. Or il avait commandé les plus grands et les plus magnifiques clippers de l’époque17.

16Marin-Marie en profite ensuite pour présenter ses lectures : son enthousiasme pour Rallier du Baty, dont il lit 15 000 milles on a Ketch ; son mépris pour la Croisière du Snark, « au point de vue marin, un ramassis d’enfantillages18 » ; son admiration pour Slocum et pour Pidgeon, qui lui aussi avait croisé Gerbault.

17Le monde des navigateurs est finalement petit ; ses lectures sont généralement assez conformistes, dans un certain sens. Deniau s’en moque ouvertement dans La Mer est ronde, au chapitre « Littérature » :

Il n’est pas mauvais d’avoir quelques livres à bord. On lit bien en mer. Une bibliothèque de base doit être composée de London et Conrad. Ce sont les maîtres. Les Mémoires de Slocum, chef d’œuvre encore inégalé. Pour la technique de navigation en haute mer et par gros temps, rien ne vaut, rien ne bat Vito-Dumas. Mais la plus belle description de tempête, la seule, est dans Le Nègre du Narcisse de Conrad.19

18Slocum était le premier à se féliciter de passer son temps, dans le Pacifique, à lire pendant tout le temps laissé libre par les manœuvres, et tout spécialement « quelques-uns des plus intéressants parmi les anciens voyages effectués sur de mauvais rafiots20 ». Le cercle des navigateurs solitaires est ainsi un petit monde particulier qui se définit par ses connivences, ses ambitions et ses lectures, sa bible et ses dogmes, ses routes et ses escales.

Ce que cela n’est pas

« Est-ce que cela va rapporter ? » était la question à laquelle pendant un an et plus j’ai répondu en déclarant que cela rapporterait. […] La seule chose qui préoccupait maintenant mes amis le long de la plage était : « est-ce qu’il va rapporter ? »21.

19La formule revient comme un leitmotiv ironique tout au long du voyage de Slocum. Car cette entreprise a pour originalité le parfait désintéressement : ce marin part sans un sou, et tente, ici ou là, de glaner quelque argent en donnant des conférences ou en exposant en Australie un requin sur le pont de son navire, en tirant parti des présents faits au hasard des rencontres. À sa suite, les navigateurs solitaires enhardis par son exemple ont souvent peu de ressources, mais trouvent des expédients, parfois des donateurs, souvent des aides inespérées. Car la recherche des moyens financiers est évidemment capitale, même si l’on suppose que les mers du Sud sont propices aux marins désargentés ; cependant, le but de ces voyages n’est pas en soi financier. Cette ambition rejoint l’image que l’on se fait des îles du Sud, où l’on pense que l’on pourrait vivre sans argent.

20L’enjeu des Stevenson et des Slocum, puis de leurs successeurs, n’est pas non plus la course. Dès les années 1860-1880 les clippers américains – qui ne connaît par exemple le Cutty Sark, avec ses 64 m de long et sa belle garde-robe – avaient tenté de traverser au plus vite, plusieurs voiliers régatant à travers l’Atlantique ou le Pacifique (il en est question par exemple dans deux romans de John Masefield, la Course du thé et Par les Moyens du bord)22. La première régate évoquée par la littérature ne l’est-elle pas, d’ailleurs, par Virgile, au livre V de l’Énéide, la régate étant un jeu nautique en l’honneur de l’anniversaire de la mort d’Anchise. Moitessier lui-même est parti en 1968 appâté par la perspective d’une

régate pour solitaires autour du monde et sans escale, avec de l’argent pour récompense. Deux prix à la clé : un globe en or pour le premier arrivé, et 5000 livres sterling pour le voyage le plus rapide. Le règlement était simple, […] les bateaux devaient quitter un port quelconque d’Angleterre entre le 1er juin et le 31 octobre et y revenir après avoir doublé les trois caps, Bonne-Espérance, Leeuwin et Horn23.

21Un livre récent d’un certain Jon Bowermaster avait de quoi attirer l’attention : Alone against the sea24, qui combine Sailing alone around the world de Slocum et Men against the sea – le deuxième épisode de L’Odyssée de la « Bounty » de Charles Nordhoff et James Norman Hall (1932). Tout porte à y lire des aventures héroïques vécues par l’auteur. Le sous-titre « and other true adventures » met pourtant la puce à l’oreille. Ce correspondant du National Geographic rassemble ici une vingtaine d’articles, dont deux seulement traitent de la mer. Pour écrire le chapitre « Alone against the sea », il s’est contenté de rencontrer des marins ayant effectivement à leur actif des traversées en solitaire. Leur entretien suffit en quelque sorte à faire accéder le journaliste à un héroïsme occasionnel. Reprenant encore le cas Slocum, il observe qu’il lui a fallu trois ans pour boucler le tour du monde ; Vito Dumas a mis moins de temps, en 1942, seulement 272 jours avec trois escales ; Sir Francis Chichester, en 1966, sur le Gipsy Moth III bat le record avec 270 jours ! Mais en mélangeant ainsi les genres et en se focalisant sur le temps de traversée, il oublie que le but de Slocum n’était pas de battre un record de vitesse. Par souci de mettre en scène l’exploit immédiat, J. Bowermaster méconnaît la signification profonde de ces circumnavigations. Certes ce type de récit rencontre aussi un public – mais généralement pas de « voileux », pour employer un argot qui signe, entre adeptes, une certaine conception de la croisière.

22De fait, les récits de course et d’exploits ne manquent pas. Par exemple, Fortune de mer, signée Olivier de Kersauson (et Jean Noli, en petits caractères, d’après les témoignages de son équipage), raconte une course Londres-Sydney-Londres par le cap de Bonne-Espérance et retour par le cap Horn, pour battre le record du clipper britannique Patriarch, qui 106 ans auparavant avait enregistré le record de 136 jours pour cette traversée. La course ainsi racontée décrit autre chose, malgré les apparences, qu’une navigation solitaire (pour la bonne raison, d’abord, que les marins sont 13 à bord du Kriter II ce qui justifie aussi le récit d’une tension permanente entre le capitaine et l’équipage, et entre les hommes eux-mêmes) mais cette atmosphère de record à battre donne une tout autre saveur à la traversée. Plus que le bonheur d’être en mer et de sentir son bateau tracer harmonieusement sa route, ou la beauté de l’océan, il s’agit plutôt de décrire la bataille livrée par les marins contre la mer, contre la montre, contre les concurrents, contre le sort. Finalement, le record du clipper est battu de deux jours, mais le concurrent anglais les a devancés de peu. Les derniers mots « Olivier est triste » ne sauraient nous attendrir beaucoup même s’il a perdu la bataille. Il n’a rien vu, ni de l’Australie ni du Pacifique sud.

23L’affirmation de Marin-Marie en 1934 s’est largement avérée et accentuée : « Aujourd’hui, la navigation de plaisance a bien évolué. On n’y rencontre plus que des gens positifs, expliqueurs, calés comme des théodolites. Plus de place pour un pauvre poète dans un équipage de course-croisière, par exemple25 ». D’ailleurs on ne peut nier que les marins de métier, souvent, manifestent une certaine condescendance envers la « plaisance » ; Kersauson écrase même de son mépris les « navigateurs du dimanche » :

Tout autour de Kriter II, dans les marinas voisines, c’est l’agitation des appareillages familiaux à bord des petits yachts de plaisance. On embarque les pique-niques, les canettes de bière, la limonade des enfants, belle-maman, les petits, le chien, un ami de la famille, on dégonfle le canot pneumatique, on hisse le foc à l’envers, on entortille son bout de corps mort dans sa propre hélice, on se colle au sec, on se tartine d’huile solaire, on vire le grappin, on cogne dans le voisin. Tous les pays se ressemblent. La connerie est apatride26.

24Certes les « marins d’eau douce » existent sous toutes les latitudes… Mais mettant dans la balance les désagréments réels – le mauvais temps, l’avarie, le matelas mouillé d’eau salée et qui ne sèchera plus, les miettes du disque merveilleux sur lequel il vient de s’asseoir dans une embardée, Marin-Marie s’interroge sur « l’amour de la mer » :

Chacun a bien le droit d’y voir ce qui lui plaît et d’aimer la mer à sa façon. Pour moi, j’y vois surtout le goût des bateaux, et je ne suis pas le seul, ce qui ne m’empêche pas du tout d’avoir pour la mer une passion plus contemplative, étant donné mon métier de peintre. Mais c’est là précisément que j’ai pu m’apercevoir du nombre de gens qui ne voient la mer qu’à travers ce qui flotte dessus. […] Il existe encore, dans le vocabulaire romanesque, ce que l’on nomme « l’appel du large et le goût du risque ». L’appel du large, c’est de la poésie, et de la meilleure ; par le temps qui court, un peu d’idéal n’est pas défendu, au contraire… À moins que ce ne soit, comme je l’ai observé, le désir très naturel d’aller aborder de l’autre côté de l’eau, c’est-à-dire le goût des voyages. Mais le « goût des voyages », cela fait un peu agence Cook, c’est déconsidéré, cela sent la vieille malle et le wagon : l’appel du large fait incontestablement plus distingué. Quant au « goût du risque », cela, c’est du sport27.

25Quant à « l’esprit d’aventure »,

Malheureusement […] l’obsession de l’aventure habite chez les sots aussi fréquemment que chez les gens raisonnables, ce qui fait qu’il y a de sottes aventures. C’est même le prétexte qui a servi à dire et à écrire à tort et à travers qu’il est fou de se risquer au large seul sur un petit bateau, alors qu’il faut au contraire des trésors de prudence et de réflexion pour le faire sans inconvénient28

Raconter, faire partager

26Mais la navigation s’accompagne du récit. Conrad d’abord, dans Jeunesse, décrit le petit auditoire de Marlow.

Nous avions tous débuté dans la marine marchande. Il y avait entre nous cinq le lien puissant de la mer et aussi la solidarité du métier, que ne peut conférer nulle passion, si grande soit-elle, du yachting, des croisières, etc. car, d’un côté, ce n’est que plaisirs de la vie, et, de l’autre, c’est la vie elle-même29.

27Précisément ce désir d’une navigation solitaire peut être un choix de vie. Slocum explique des anciens navigateurs :

Leurs privations et la manière romanesque dont ils s’en sont sortis – pour ceux d’entre eux qui ont échappé à la mort et à de pires tourments – je ne les avais pas éprouvées, faisant tout seul le tour du monde à la voile. En ce qui me concerne, je n’ai à raconter que des expériences plaisantes, au point que finalement mes aventures sont prosaïques et fades30.

28Cependant la différence entre la philosophie d’un navigateur solitaire au long cours et un régatier est immense : entre les deux, Moitessier, dans La Longue Route, raconte le dilemme entre le régatier, qui court pour le prix et la gloire, et le navigateur, qui réalise son rêve en renonçant à une course qui lui semble tout à coup absurde, au moment de remonter vers l’Europe, et vire vers le Pacifique, Tahiti ou les Galapagos. Il envoie à un bateau de rencontre un petit billet terminant ainsi : « Je continue sans escale vers les îles du Pacifique parce que je suis heureux en mer, et peut-être aussi pour sauver mon âme31. » Et le vrai voyage commence.

La terre s’éloigne. Et maintenant c’est une histoire entre Joshua et moi, entre moi et le ciel, une belle histoire à nous tout seuls, une grande histoire d’amour qui ne regarde plus les autres32.

29Et pourtant la différence entre un récit comme celui de Kersauson et celui de Slocum ou de Moitessier réside précisément dans cette différence : les uns proposent un récit de type journalistique, où priment l’action brute, le record, l’exploit ; tandis que les autres, dans une forme de journal de bord qui est aussi un journal intime, souhaitent d’abord noter leurs impressions et faire partager leurs aventures, leurs difficultés, mais aussi leurs émotions. Si tous racontent les anecdotes du bord, les premiers accordent une place plus grande au suspens, à la succession de coups durs et des manœuvres indispensables : arriveront-ils au but, et arriveront-ils premiers de leur course ? Les journaux se délectent en effet de cette mise en scène : plus les courses ont rapides, plus l’intérêt du public peut rester éveillé. Les coureurs veulent peut-être surpasser les prouesses humaines – ou faire des admirateurs –, les autres des zélateurs. Les régatiers naviguent pour gagner, leurs efforts sont tendus vers un but sur une carte, et ils comptent à rebours le temps qui les en sépare ; ils n’attendent que l’homologation publique de leur exploit ; les « gens de bateau » naviguent pour naviguer, et trouver leur bonheur sur l’eau.

À mes yeux, le bateau dont je rêve sera à la fois un but en soi, et le moyen de trouver sans le chercher, l’endroit qui corresponde à mes goûts […] [Pourtant] je ne crois pas qu’il me soit possible de redevenir tout à fait Terrien. Et un bateau fait pour durer me permettrait de repartir, le jour où je le voudrais, de ce « coin idéal », quitte à y revenir par la suite. Alors, le Ciel aidant, « Bateau » serait peut-être synonyme de « Liberté »33.

30Certains navigateurs ont même conclu des marchés avec des magazines : Stevenson avait des accords très rentables avec le Sun à New York et le Black and White à Londres, auxquels il devait envoyer des « lettres de voyage ». Slocum avait publié aussi des récits du même genre dans le Boston Globe, qui repris et corrigés, fournirent la matière des premiers chapitres de son livre. Le Century Magazine lui offrit ses colonnes pour des articles en série. Ella Maillart a peut-être été l’une des premières à se faire prêter du matériel cinématographique et à « vendre » des images, jouant sur la curiosité intriguée des marins et des médias pour ce petit équipage de filles. Moitessier envoie avec son lance-pierre des bobines de films et son journal pour le Sunday Times.

31Outre ces publications occasionnelles, les navigateurs publient aussi des livres pour les fanatiques de navigation – bien que manifestement le travail littéraire ne fasse peut-être pas leurs délices, car la recherche stylistique n’est guère l’enjeu. L’effet de réalité l’emporte sur toute autre considération. Comme pour nous persuader de la véracité de leur récit, ou pour faire goûter un peu du sel de leurs océans, Slocum, Maillart, Gerbault, Marin-Marie, Moitessier, par exemple, insèrent, dans leurs mémoires réécrits, des pages censément tirées de leur journal de bord, à partir duquel ils ont reconstitué leurs souvenirs et essayé de faire partager leur expérience : date, bulletin météo, avance du bateau, observations diverses34 : « le brouillard se lève », « vu des poissons volants »… Gerbault prétend nous épargner les répétitions par un récit itératif : cette affirmation qui relève de la prétérition accentue l’effet semble-t-il obligé de la répétition, comme élément de réalisme référentiel : « Ce serait infliger un supplice inutile au lecteur que de lui citer mon journal de bord qui, dans cette traversée, ne fait guère que mentionner succession de grains, de tonnerres, d’éclairs, de calmes plats, de pluie diluvienne et de changements de voiles35. » Ella Maillart s’excuse, comme l’avait fait Slocum, du peu d’intérêt de ses réflexions :

Mon carnet de bord de cette époque ne relate pas la moindre conversation, le moindre état d’esprit. Une journée de mer extraordinaire s’y résume à quelque sèche et impersonnelle formule du genre « bon vent, mer belle ». Me méfiant des mots, craignant qu’ils ne sonnent creux, je proscrivais toute expression suspecte de lyrisme […] Aujourd’hui, je ne puis que me fier à ma mémoire pour reconstituer, à partir de ces notes dépersonnalisée, ce que furent à l’époque mes états d’esprit36.

32Perfidement, Deniau propose un modèle du genre : « Il existe aussi une bonne centaine de « livres de mer », journaux de bord plus ou moins élaborés d’une croisière, d’un exploit, d’un tour du monde. Ils se ressemblent souvent. J’ai donc décidé d’en donner ici, une fois pour toutes, un « à la manière de » collectif qui dispensera de bien des lectures ultérieures. » Suit une sorte de centon humoristique des récits possibles :

17 janvier, 2h30 du matin. La tempête fait rage et le fracas de la mer qui rugit est assourdissant. Mon vaillant petit Magellan lutte courageusement. Chaque fois qu’il retombe au creux d’une vague, j’ai l’impression que tout va se disloquer à bord, ou encore que jamais il ne se redressera. Je profite d’une éclaircie pour faire une droite de hauteur et m’envoyer un bouillon Kub, premier aliment chaud depuis 36 heures.
17 janvier, 16h40. Il ne paraît pas possible que le vent forcisse encore, et pourtant c’est le cas. Trop épuisé pour prendre un ris de plus, j’affale en catastrophe et m’écroule de sommeil sur ma couchette. Je fais totalement confiance à Dédé, mon cher gouvernail automatique, ainsi que je l’ai baptisé familièrement37.

33Ce raccourci est d’autant plus savoureux qu’il ressemble fort, en effet, aux récits – et à la réalité d’une tempête, que les mots, finalement, sont bien dérisoires à décrire. Le pauvre solitaire est aussi bien malheureux et impuissant, mais il reste assez intéressant pour rester le centre de son récit. L’emploi parfois ostentatoire du vocabulaire technique entre dans cette nécessité et dans ce jeu (puisque le prétendu « journal » est parfois assorti d’un glossaire, ce qui pose la question du lectorat) :

23 janvier, 19h. La clavette de tiroir de manette de rappel de la clavette d’enclenchement du poussoir de compensation du pilote automatique était coincée. Tout s’explique. J’en bricole une autre à partir d’un ouvre-boîte de conserves38.

34Si Deniau a beau jeu de railler les tics d’écriture et les poncifs de cette littérature, il rejoint le relativisme de Marin-Marie :

On peut bien penser, d’après cela, que la plupart des gens de mer sont peu enragés à lire les récits des navigateurs solitaires. Ils en ignorent les neuf dixièmes, apprennent le reste par ouï-dire et en discutent, bien entendu, à tort et à travers. On ne peut pas non plus leur demander d’être des augures : ils ont bien trop le nez sur le sujet et jamais je n’en ai entendu exprimer l’attrait de l’aventure, ni l’appétit des grands espaces et des îles lointaines…39

35Et pourtant si. Et Deniau, navigateur lui-même, malgré ses railleries est le premier à le reconnaître. Mais à admettre que ce ne sont peut-être pas les plus réussis en matière d’écriture, ces journaux et ces mémoires restent un sous-sous-genre de grande consommation car leur lecture concerne un public de « gens de bateaux » qui s’y retrouvent et se constituent comme une communauté au sein de laquelle les poncifs servent de signe de reconnaissance.

E la nave va…

36L’histoire de la voile continue donc au-delà de la mort des derniers grands voiliers de transport. Mais elle se situe alors sur un autre plan : le risque assumé l’est sans aucune contrepartie ; la navigation n’est plus un métier, mais un loisir, une manière de repousser les limites ou un mode de vie. Pour Marin-Marie,

Reste à savoir dans quelle mesure les gens qui pratiquent quotidiennement la mer y voient une prouesse. On devrait se douter que, pour eux, le navigateur solitaire n’est pas d’une espèce aussi précieuse et aussi rare qu’on veut bien le dire dans les livres. Au large de nos côtes, hors de vue, si vous voulez vous en donner la peine, vous en rencontrerez des solitaires, à peu près tous les jours : vieux chiqueurs – il y en a de jeunes aussi – qui s’en vont ligner du matin au soir, tout seuls comme de grands garçons, sans rien y voir de particulièrement sensationnel. Ils fument leur pipe, boivent un coup, parlent tout seuls, s’ennuient et font, somme toute, leurs petits ermites des mers40.

37Les navigateurs solitaires subissent souvent le tropisme du Sud, mais leurs aventures ne se limitent pas aux eaux chaudes. L’embarquement garde son attrait et ses mystères, mieux évoqués par Conrad, encore :

« La pensée que j’en avais fini avec la terre pour bien des mois à venir faisait naître en moi un calme profond et comme le sentiment de me suffire à moi-même. Les marins me comprendront. » Marlow fit un signe de tête affirmatif. « C’est un sentiment rigoureusement professionnel, expliqua-t-il. Mais les autres professions ou métiers l’ignorent complètement. Seule cette vocation, dont l’attrait réside essentiellement dans la promesse d’aventures incessantes, offre ce sentiment profond à ceux qui la suivent. Il est difficile à définir, j’en conviens. – Je l’appellerais la paix de la mer41

Notes de bas de page numériques

2 Joseph Conrad, Le Miroir de la mer, p. 1068.

3 Marin-Marie, Vent dessus [1934]. Vent dedans [1937], Paris, Gallimard, 1989, p. 5.

4 Henri de Monfreid, Journal de bord [1913-1923], Paris, Arthaud, 1984 ; Isabelle Autissier, Erik Orsenna, Salut au grand Sud, Paris, Stock, 2006.

5 Robert Louis Stevenson, Les Trafiquants d’épaves, [The Wrecker, 1892], trad. Anne-Marie Hertz, Paris, J’ai lu, p. 122-123 et 124.

6 Robert Louis Stevenson, Les Mers du Sud, [The South Seas, 1890], trad. Th. Varlet, I. Chapman, Paris, Payot, « Pbp », 1995, p. 113. Le pavillon bleu est une « enseigne de la marine anglaise désignant un navire du service colonial, un transport, un yacht, etc. Les navires marchands ont l’enseigne rouge ; les vaisseaux de guerre, blanche ». (N.d.T.).

7 Josuah Slocum, Sailing Alone Around the World, [New York, The Century Co, 1900] Penguin Books, with introduction and notes by Thomas Philbrick, 1999, p. 243-245 (nous traduisons).

8 Josuah Slocum, Sailing Alone Around the World, p. 136.

9 Robert Foulke, qui cite un certain nombre de ces navigateurs dans The Sea Voyage Narrative, New York, Twayne Publishers, 1997, oublie de nommer pour le XXe siècle tous les non-Anglo-saxons, ce qui simplifie évidemment la liste.

10 Jack London, La Croisière du Snark, [The Cruise of the Snark, 1911], trad. L. Postif, in Romans et récits autobiographiques, t. 4, Paris, Laffont, 1988, Bouquins, p. 758.

11 Jack London, La Croisière du Snark, p. 757.

12 Jack London, La Croisière du Snark, p. 783.

13 Alain Gerbault, À la poursuite du Soleil, Journal de bord. I. De New-York à Tahiti, Paris, Grasset, 1929, p. 21.

14 Ella Maillart, La Vagabonde des mers, [Gypsy afloat, 1942], Paris, Payot, 1992, « pbp », p. 416.

15 Bernard Moitessier (1925-1994), Un Vagabond des mers du Sud, Paris, Flammarion, 1960, rééd. Arthaud, 1988, p. 303-304.

16 Marin-Marie, Vent dessus, vent dedans, p. 23.

17 Marin-Marie, Vent dessus, vent dedans, p. 26.

18 Marin-Marie, Vent dessus, vent dedans, p. 29.

19 Jean François Deniau, La Mer est ronde [1981], Paris, Gallimard, n. éd. augm. 1992, Folio, p. 216.

20 Josuah Slocum, Sailing Alone Around the World, p. 164.

21 Josuah Slocum, Sailing Alone Around the World, p. 6 et 10.

22 John Masefield (1870-1967), Par les moyens du bord, [Victorious Troy or The « Hurrying Angel », 1933], trad. P. Rigaut, Paris, Phébus, 1994, évoque une situation de ce genre. Mais un cyclone change la donne.

23 Bernard Moitessier, La Longue route. Seul entre mers et ciels, [Arthaud, 1986], Paris, J’ai lu, p. 10.

24 John Bowermaster, Alone against the sea. And other true adventures, Guilford Connecticut, The Lyons Press, 2004.

25 Marin-Marie, Vent dessus, vent dedans, p. 13.

26 Olivier de Kersauson & Jean Noli, Fortune de mer, Paris, Presses de la Cité/Pocket, 1978, p. 211.

27 Marin-Marie, Vent dessus, vent dedans, p. 86.

28 Marin-Marie, Vent dessus, vent dedans, p. 86.

29 Joseph Conrad, Jeunesse, [Youth, 1925] trad. J. Aubry, révisée par C. N. Thomas, S. Monod, Paris, Gallimard, 1993, Folio, p. 16.

30 Josuah Slocum, Sailing Alone Around the World, p. 164.

31 Bernard Moitessier, La Longue route, p. 312.

32 Bernard Moitessier, La Longue route, p. 313.

33 Bernard Moitessier, Un Vagabond des mers du Sud, p. 314.

34 Slocum, p. 181 ; Maillart, p. 246 ; Gerbault, t. I, p. 71; Marin-Marie, p. 270 ; Moitessier, La Longue route, p. 21-30, par exemple.

35 Alain Gerbault, À la poursuite du Soleil, t. I, p. 70.

36 Ella Maillart, La Vagabonde des mers, p. 246-247.

37 Jean-François Deniau, La mer est ronde, p. 218-219.

38 Jean-François Deniau, La mer est ronde, p. 219-220.

39 Marin-Marie, Vent dessus, vent dedans, p. 25.

40 Marin-Marie, Vent dessus, vent dedans, p. 24.

41 Joseph Conrad, Fortune, [Chance, 1913], trad. R. Hibon, Paris, Gallimard, « Folio », 1989, p. 42.

Bibliographie

Textes

AUTISSIER Isabelle, ORSENNA Erik, Salut au grand Sud, Paris, Stock, 2006.

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Études

FOULKE Robert, The Sea Voyage Narrative, New York, Twayne Publishers, 1997.

GANNIER Odile, Le Roman maritime. Émergence d’un genre en Occident, PUPS, 2011.

Notes de l'auteur

Ce texte a d’abord paru dans L’Appel du Sud, sous la direction de Nathalie Vanfasse, Ed. A3, 2009, pp. 183-199.

Pour citer cet article

Odile Gannier, « En hommage à Florence Arthaud
Vagabonds des mers du sud : les navigateurs solitaires dans le sillage de R. L. Stevenson et Joshua Slocum
 », paru dans Loxias, 48., mis en ligne le 10 mai 2015, URL : http://revel.unice.fr/loxias/index.html?id=7966.


Auteurs

Odile Gannier