Loxias | Loxias 9 Littératures d'outre-mer: une ou des écritures « créoles » ?

Sous la direction de Odile Gannier

15 juin 2005

Les Antilles, la Guyane, la Réunion, par exemple, s'interrogent tout naturellement sur le métissage des cultures, et ont en commun la notion de créolité. Pourtant cette communauté ne va pas de soi, car elle existe de fait plutôt qu'elle ne s'élabore comme convergence ; chaque territoire conserve jalousement sa spécificité, et à la vérité personne ne semble souhaiter vraiment le mélange de réalités différentes et originales. Pourtant, il existe indéniablement des points communs, que partagent aussi la Polynésie française, la Nouvelle-Calédonie, mais encore des pays qui n'ont pas, ou plus, de liens directs avec la métropole française, comme Haïti, qui a fêté en 2004 l'anniversaire de son indépendance, Maurice ou bien des pays d'Afrique, - affinités plus ou moins marquées sur les plans culturel, linguistique ou littéraire avec la France – sans préjuger des relations politiques sur lesquelles il ne nous appartient pas de nous prononcer ici. Dans toutes ces littératures d'expression française, l'idée de métissage est riche de sens. De quelque manière qu'il se décline, et pour commencer, sous la forme peut-être presque nécessaire de l'intertextualité, le métissage pose en littérature des questions spécifiques : génère-t-il des formes d'invention particulière, fruit du mélange des cultures ? Privilégie-t-il certains genres plutôt que d'autres ? Traite-t-il de thèmes particuliers ? Montre-t-il une appropriation originale de la langue française ? Trahit-il la difficulté d'assumer cette situation mixte ou exhibe-t-il la satisfaction de se tenir à une croisée des chemins ou de pouvoir jouer sur plusieurs tableaux ? Ce numéro mettra moins l'accent sur des monographies traitant d'œuvres particulières, qu'il ne tentera de poursuivre une réflexion plus générale engagée sur l'hybridation des genres.