Loxias | Loxias 40. Panaït Istrati, « l’homme qui n’adhère à rien » |  Panaït Istrati, « l’homme qui n’adhère à rien » 

Frédérica Zéphir  : 

Trois voix pour la vérité : Panaït Istrati, Victor Serge, Boris Souvarine

Résumé

Lorsqu’à son retour d’URSS Panaït Istrati décide de dénoncer la vérité du système soviétique, il signe de son nom, sous le titre Vers l’autre flamme, une œuvre en trois parties dont seule la première, Après seize mois dans l’URSS, est de lui, les deux autres, Soviet 1929 et La Russie nue, étant respectivement de Victor Serge et de Boris Souvarine. De tonalité différente, les trois parties de ce livre singulier révèlent également un esprit et un point de vue différent, quoique complémentaire, sur la Révolution prolétarienne et, si l’ensemble vise bien à une dénonciation, celle-ci n’est pas de la même ampleur chez les trois auteurs. Néanmoins, l’identité de la démarche ainsi que celle des thèmes abordés suscite un questionnement quant aux motivations qui les ont conduits à réaliser un tel ouvrage ainsi que sur les buts poursuivis. Quelles défaillances du régime établi depuis douze ans en Russie pouvaient provoquer cette protestation à trois voix ? Que cherchait à prouver ce triple témoignage ? Quel message voulaient transmettre les auteurs sous le titre Vers l’autre flamme ?

Index

Mots-clés : Serge (Victor) , Souvarine (Boris), témoignage, URSS, vérité

Géographique : Roumanie , URSS

Chronologique : XXe siècle

Thématique : voyage

Plan

Texte intégral

1Quand Panaït Istrati revient d’URSS brisé et désemparé par ce qu’il y a vu, il ne sait s’il doit ou non révéler ce qu’il a découvert. Ne pouvant se résoudre à écrire, mais ne pouvant se taire il conçoit alors un témoignage commun avec deux opposants Victor Serge et Boris Souvarine. Ceux-ci acceptent de joindre leur voix à la sienne, le premier parce qu’il ne peut rien publier en URSS, le second parce qu’il espère ainsi encourager Istrati à écrire son propre récit et voit en outre là une occasion de donner, grâce à la célébrité de l’écrivain roumain, une plus large audience à son propre travail documentaire sur la Russie soviétique. Ainsi fut composé Vers l’autre flamme dont seule la première partie Après seize mois dans l’URSS est d’Istrati, les deux autres Soviet 1929 et La Russie nue étant respectivement de Victor Serge et de Boris Souvarine. De tonalité différente, les trois parties de ce livre singulier révèlent également un esprit et un point de vue différents, quoique complémentaires, sur la Révolution prolétarienne et, si l’ensemble vise bien à une dénonciation, celle-ci n’est pas de la même ampleur chez les trois auteurs. Réquisitoire implacable chez Istrati, elle se présente plutôt comme une analyse symptomatique assortie de réflexions à visée curative des dérives du système chez Serge, alors que Souvarine exposant des faits incontestables issus de sources officielles dresse un tableau détaillé de la réalité soviétique. Néanmoins, l’identité de la démarche ainsi que celle des thèmes abordés suscite un questionnement quant aux motivations qui les ont conduits à réaliser un tel ouvrage, dont la forme même pouvait soulever bien des objections, ainsi que sur les buts poursuivis. Quels manquements, quelles défaillances du régime établi depuis douze ans en Russie pouvaient en effet provoquer cette protestation à trois voix ? Que cherchait à prouver ce triple témoignage ? Quel message voulait délivrer ces trois personnalités sous le titre énigmatique Vers l’autre flamme ?

I. La révolte contre le mensonge

2Que le troisième tome de cette trilogie, écrit par Boris Souvarine, s’ouvre sur une description extraite de Voyage dans l’île des plaisirs, fable de Fénelon composée pour l’éducation du Duc de Bourgogne, définit de façon assez claire le motif central de l’ouvrage. Car avec ce conte, qui met en scène une île imaginaire offrant une luxuriance de friandises capable de combler les rêves enfantins les plus fous et dont le style préfigure les œuvres de la littérature utopiste du XVIIIe siècle, apparaissent les notions de rêve, d’illusion, de fable, lesquelles suggèrent, à des degrés divers, l’idée d’irréalité, de légende et, pour finir, de mystification et d’imposture. Or, voilà justement ce qui explique l’entreprise d’Istrati, dénoncer la monstrueuse tromperie que représente l’établissement, en Russie, du régime soviétique.

3Cette falsification de la vérité érigée en principe de gouvernement à partir de la mort de Lénine en 1924, Istrati ne la découvre que progressivement lors de son séjour, refusant tout d’abord d’y croire tant il est persuadé de l’intégrité foncière du régime issu de la Révolution comme l’atteste cette réflexion : « Mais j’étais fermement convaincu, que du point de vue moral, du point de vue de la justice élémentaire, la « dictature du prolétariat » ne laissait rien à désirer, ne pouvait être que saine1 ». Troublé par certaines contradictions, il reste cependant incrédule devant les faits qui contrarient ses certitudes, se refusant durant la première partie de son séjour, c’est-à-dire durant la période officielle (il avait été invité aux cérémonies du dixième anniversaire de la Révolution par les autorités soviétiques) à poser un jugement définitif. Ce n’est qu’à partir de juillet 1928, soit neuf mois après son arrivée, au moment où, muni d’un permis de libre circulation il entame son périple en-dehors des circuits officiels, qu’il doit se rendre à l’évidence et reconnaître que la réalité qui s’offre à son regard est bien différente de celle qu’il croyait trouver au pays des soviets et en complète opposition avec l’image édifiante façonnée par la propagande. C’est alors pour lui une amère désillusion, « la dégringolade de la foi2 » écrit-il. Car pour Istrati, homme de cœur venu au socialisme par sentimentalisme pour « répandre la bonté3 », et non en suivant les préceptes d’une doctrine, la révélation de cette réalité est un coup terrible : « je suis blessé pour le reste de mes jours4 » écrit-il à Romain Rolland. Trompé dans ses espoirs, privé de l’idéal qui l’animait, atteint dans ses croyances les plus intimes, il n’a alors de cesse de crier sa révolte contre la dépravation du système et le mensonge qui le dissimule. Dès lors ce « Vaincu5 », ce « chien aux reins cassés6 » dénonce avec virulence ce régime « où tout se base sur l’iniquité, sur la cruauté, sur le mensonge7 » ainsi que « la fausseté de l’homme au pouvoir qui triche avec la vérité […] (et) pue le mensonge, l’hypocrisie, le faux enthousiasme8 ».

4Si c’est avec la véhémence de l’homme révolté que cette conscience meurtrie s’élève contre le mensonge soviétique, c’est avec la même force, quoique sur un autre ton, que Souvarine vient corroborer le constat accablant d’Istrati et condamner à son tour sans appel le régime. Avec autant de neutralité dans l’exposé qu’Istrati y met de passion, celui-ci dresse en effet un tableau de la réalité dont l’objectivité est par elle-même accusatrice. S’engageant dès l’avant-propos devant le prolétariat, dont il est aussi un ardent défenseur, et face au tribunal de l’Histoire « à dire la vérité, rien que la vérité, et toute la vérité9 », l’un des fondateurs du parti communiste français s’applique ainsi à dévoiler méticuleusement tout à la fois l’impéritie, la perversité et la fourberie du régime soviétique. Et sa critique est d’autant plus probante qu’elle procède non plus de l’émotion comme chez Istrati, mais d’une analyse marxiste de la réalité. Car le témoignage de Souvarine s’inscrit dans une démarche plus large et surtout plus systématique que celle de son ami roumain puisque s’il s’agit bien pour lui de dénoncer la malignité du système en déconstruisant, preuves irréfutables à l’appui, le mensonge organisé, il s’agit plus radicalement encore de comprendre les fondements du stalinisme en confrontant ses principes de fonctionnement aux sources de la pensée marxiste. De la sorte Souvarine prend le régime en défaut sur chaque point de société ou de politique déformé et altéré par la dérive stalinienne, remarquant par exemple à propos du travestissement de la vérité, que « le marxisme exige de regarder la réalité en face, fût-elle amère, et non de se bercer de pieuses illusions10 ».

5En cela, il se démarque nettement de la démarche de Victor Serge qui considère les méfaits, qu’il dénonce lui aussi avec sévérité, comme une altération certes condamnable mais réversible. Soviet 1929 filant ainsi la métaphore de la maladie du début à la fin avec un champ lexical très riche de la pathologie – abcès, gangrène, plaie, malade, pustule, « envahissement bacillaire11 » – dans le but d’affirmer le caractère accidentel de ce qui n’est pour lui qu’une déviation et non une défaillance organique ; champ lexical qu’il faut alors opposer à celui de la mort chez Souvarine – pourriture, décomposition, pourri, ou de l’anomalie aberrante et pernicieuse « hypertrophie tératologique de l’administration12 », dégénérescence – pour bien souligner leur divergence de point de vue sur le régime, malade chez l’un et déjà mort quant à ses buts chez l’autre. Car si Serge s’élève avec lucidité contre les excès de la bureaucratie, le manque de démocratie à l’intérieur du Parti communiste, il ne remet en question ni la légitimité de celui-ci ni sa suprématie, inscrivant ainsi sa critique dans la ligne d’idées de Trotski et de l’opposition de gauche.

6Dès lors, la réunion, au sein du même ouvrage et sous la signature d’Istrati de ces trois témoignages, pose la question si ce n’est de la cohérence du moins de la rigueur de l’entreprise, question que Souvarine éclairera plus tard en évoquant la personnalité même d’Istrati qui « n’y regardait pas de si près, [que] la logique n’embarrassait guère […] [et] qui laissait libre cours à son tempérament13 ».

7Au reste, c’est ce tempérament passionné d’un être pétri d’humanité qui avait conduit ce « révolté sentimental14 » ce romantique révolutionnaire à se reconnaître d’abord dans le mouvement socialiste puis, après 1917, à s’enthousiasmer pour le bolchévisme en tant que celui-ci prétendait donner le pouvoir à la classe ouvrière et libérer les masses de l’oppression et de l’injustice sociale ; position qu’il ne reniera d’ailleurs jamais et qu’il réaffirme au début de Vers l’autre flamme « bolchévisant […] je le suis toujours et le resterai15 ». Et cette complexion tout d’ardeur et de sensibilité explique alors l’âpreté de sa révolte à la découverte du dévoiement du régime soviétique. Car, ayant une vision messianique de la révolution et considérant l’accession au pouvoir de la classe ouvrière non comme une revanche mais comme une gloire et une récompense des souffrances endurées dans le passé, Istrati ne peut en effet concevoir l’action du prolétariat que dans les limites de la plus stricte moralité : « Après tant de siècles d’abomination, je pense donc que ma classe se voit brusquement attribuer un rôle où la vertu, la justice, la dignité, l’honnêteté, la fraternité, le désintéressement, l’abnégation sont au premier plan16 ». Les élites dirigeantes se doivent donc selon lui d’être exemplaires du haut en bas de la hiérarchie et la conduite du militant relever d’un certain ascétisme, afin que le prolétariat, accédant enfin à la dignité qui lui avait été si longtemps déniée, ne se fourvoie pas à son tour dans les injustices et les crimes que la Révolution venait d’extirper : « À nous, les bolchéviks, la légèreté, la jouissance, le confort, l’injustice, les abus, les faveurs, tout ce que nous avons taxé de crime et puni de mort, ne nous est plus permis. […] Voilà de quel stoïcisme nous devons faire preuve17. »

8S’il apparaît que la condamnation du régime soviétique par Istrati s’inscrit ainsi, et tout autant par son refus d’accepter la subordination des moyens à la réalisation des fins, dans la perspective de l’éthique de conviction définie par Max Weber, il apparaît de même que celle de Victor Serge se situe elle dans celle de l’éthique de la responsabilité. Moins idéaliste et plus pragmatique, Serge ne s’indigne en effet pas tant de l’immoralité du système que de son inefficacité. Ne remettant pas fondamentalement en question le régime, sa critique se veut positive et vise à corriger les dysfonctionnements, à dénoncer les excès, notamment celui de la bureaucratie. Moins sensible qu’Istrati à l’aspect humain des difficultés et des souffrances générées par les dérives du pouvoir, il s’intéresse principalement aux conséquences de ces anomalies sur l’avenir du régime, à leurs effets négatifs sur le développement du processus révolutionnaire.

9Illustrant et synthétisant l’expérience soviétique d’Istrati le dernier chapitre avant la conclusion de Après seize mois dans l’URSS présente la relation d’un cas particulièrement édifiant. Survenu au moment où l’écrivain s’apprêtait à quitter le pays, l’événement concerne un de ses proches en la personne d’Alexandre-Ivanovitch Roussakov, le beau-père de son ami Victor Serge. Ce vieil ouvrier d’origine juive se voyait en effet à ce moment-là menacé d’arrestation et même d’exécution suite aux menées d’une de ses voisines qui cherchait à récupérer une pièce du logement commun qu’ils occupaient. Révolté par cette injustice manifeste, Istrati fit tout ce qu’il put pour le sauver et toucha du doigt la malignité de l’appareil socio-politique de l’état soviétique. Cet incident s’inscrivant comme le point d’orgue de son expérience en URSS acheva sa déconvenue et cristallisa son aversion envers le régime. Expression de toutes les turpitudes de l’état prolétarien – absence de liberté, arbitraire, injustice, intrication et compromission de la presse et de tous les appareils d’état – l’Affaire Roussakov, comme la nomme Istrati en insistant ainsi sur son caractère paradigmatique, fournit donc au « diseur de vérité18 » l’occasion de révéler au monde, et notamment aux militants de l’Internationale communiste, la vérité sans fard d’un régime se disant au service de la libération des masses, mais dont les rouages broient impitoyablement les individus qui ne se conforment pas aux directives d’un parti seul détenteur du pouvoir.

10Or, Victor Serge dans son ouvrage fait peu référence à des cas de ce genre qui, non seulement selon Istrati mais également d’après Souvarine, étaient légion au pays des soviets, préférant en rester à l’évocation de faits généraux rarement illustrés d’exemples particuliers. Si cela tient pour une part à la disposition d’esprit évoquée précédemment, l’exemplarité de ces cas, trahissant tous le caractère foncièrement pernicieux du système qu’il ne remettait pas pour sa part en question, n’est sans doute pas étrangère à cet état de chose.

11Articulé autour du cri de révolte d’Istrati les trois tomes de Vers l’autre flamme se présentent donc, sous des aspects différents, comme une dénonciation sévère du mensonge soviétique. Témoignage fondé sur le relevé minutieux de faits recueillis dans la presse officielle de Souvarine et critique ferme de Victor Serge qui accorde cependant encore crédit à l’URSS et croit un redressement possible, ce triptyque souligne la grande lucidité de ses trois co-auteurs dont il faut à présent analyser les motivations, après avoir cerné l’origine de leur clairvoyance dont l’acuité exceptionnelle leur a permis de démasquer, douze ans seulement après la Révolution d’Octobre, l’imposture soviétique.

II. Lucidité des témoins, force du témoignage

12Concernant Istrati, cette pénétration d’esprit s’enracine autant dans son tempérament de révolté idéaliste que dans son vécu de marginal. Conscient très tôt de la misère et de l’injustice sociale qui régnaient dans son milieu et révolté contre elles, il n’a en effet eu de cesse dès sa jeunesse de lutter pour faire triompher l’amour, la justice et la vérité au sein d’un monde qu’il rêvait libre, débarrassé de l’ignorance et de l’égoïsme : « Jai cru aveuglément à cet Idéal19 » écrit-il à Romain Rolland. Épris de liberté, il a par ailleurs mené pendant vingt ans une vie de vagabondage riche d’expériences et d’enseignements qui lui ont révélé toute la grandeur mais aussi toutes les faiblesses de la condition humaine. Ayant côtoyé durant cette existence tumultueuse des hommes de toute condition et de moralité très diverse, dont il n’a toujours jugé la valeur qu’à l’aune de son cœur, il s’est ainsi forgé une connaissance approfondie et lucide de l’âme humaine. C’est pourquoi, en gardant cependant « toute [sa] confiance en l’homme, cette ignoble brute20 » il porte sur l’humanité un regard sans complaisance qui ne se laisse abuser par aucun faux-semblant. Issu des bas-fonds de la société mais attiré vers des aspirations plus élevées que celles de ses compagnons de misère qui n’ont « besoin que de justice et [ignorent] la révélation de la pensée qui veut ennoblir l’homme21 », Istrati s’est, spirituellement et non affectivement, séparé assez vite de l’humble humanité au sein de laquelle il avait grandi. Séparation douloureuse d’une conscience supérieure et clairvoyante bien qu’il n’ait jamais renié ses origines et qu’il ait toujours défendu avec une détermination fougueuse l’intérêt de sa classe, position qu’il expose d’ailleurs avec franchise : « C’est ce que j’appelle avoir louvoyé autour du bateau qui porte les revendications de ma classe22 ». Et c’est de cette position aux marges de sa condition que découle la lucidité d’Istrati lorsqu’il découvre la dérive du prolétariat parvenu au pouvoir en URSS, car il n’a alors aucun mal à comprendre comment, dans « le pays le moins bourgeois du monde mais qui aspire le plus à la bourgeoisie23 », la conscience de classe définie par le marxisme se réduit en fait à la seule « conscience des appétits de classe24 », raison pour laquelle il déplore que la tentative historique d’édification du socialisme se soit produite précisément en Russie.

13Si la sagacité d’Istrati prend sa source dans sa nature rebelle et son non-conformisme, celle de Souvarine est liée tant à sa culture qu’à sa trajectoire de militant. Venu lui aussi très jeune au socialisme puis au bolchévisme, il a pratiqué, à la différence d’Istrati, un militantisme très actif et participé aux plus hautes instances du mouvement socialo-communiste, étant l’un des fondateurs en 1920 du parti communiste français et nommé un an plus tard au comité exécutif du Praesidium du Komintern. Très impliqué donc dans ces années décisives de l’extension du courant révolutionnaire, Souvarine a cependant rapidement fait preuve d’esprit critique face à l’évolution de la politique soviétique, attitude qui lui vaudra d’être exclu du parti et de l’Internationale dès 1924. Même si cette prise de conscience n’a été que progressive, Souvarine ayant été lui aussi captivé un temps par l’idéologie communiste, sa perception des dérives du régime dès avant la mort de Lénine et son courage à les dénoncer publiquement y compris à la tribune du Parti communiste russe, de même que, plus tard, sa déception devant les positions de Trotski en qui il avait placé ses espoirs de régénération du bolchévisme, attestent cependant sa grande clairvoyance et son indépendance d’esprit. Esprit critique auquel Souvarine fait référence tout au long du troisième tome de Vers l’autre flamme observant qu’il est l’instrument le plus simple, parce qu’à la portée de tous ceux qui veulent se donner la peine de penser par eux-mêmes, et pourtant le plus efficace pour démonter les artifices de la propagande et parvenir à établir la vérité des faits. À ce propos il n’est peut-être pas inintéressant de considérer les origines de Souvarine en soulignant qu’il était issu du karaïsme, courant du judaïsme qui rejette le Talmud et fonde la pratique religieuse sur l’exégèse personnelle du texte sacré en faisant appel à la responsabilité de chaque fidèle. Et cette imprégnation culturelle appelant à faire retour aux sources textuelles originelles et à exercer son propre discernement n’a sans doute pas été sans influence sur la formation intellectuelle de Souvarine.

14Quant à Victor Serge, sa lucidité envers le régime soviétique procède pour sa part directement de son passé anarchiste. Libertaire, venu au bolchévisme non sans déchirement et renoncements intérieurs, par désir de sortir l’anarchisme de sa marginalité afin de lui faire jouer un rôle effectif dans le mouvement de libération de l’homme, Serge est néanmoins toujours resté très attaché aux principes fondamentaux de la doctrine. Ayant analysé l’attitude des anarchistes russes face à la révolution et fait le bilan de leur action, il était en effet parvenu à la conclusion que l’anarchisme devait, s’il voulait compter et diffuser ses principes, s’adapter à la réalité historique en renonçant à ses positions radicales et utopistes tout en conservant ses valeurs philosophiques et éthiques. Pressentant dès 1920 les dérives probables que la prise du pouvoir par les bolchéviks et l’instauration de la dictature du prolétariat risquait d’entraîner, il fixe ainsi pour mission au courant anarchiste de se rallier aux révolutionnaires afin de se poser en gardien de la moralité du mouvement, et ce en égard à ses positions critiques traditionnelles face à toute autorité et à tout pouvoir ; « ils (les anarchistes) s’efforceront à travers toutes les circonstances de conserver l’esprit de liberté, ce qui leur donnera plus d’esprit critique et une plus nette conscience des buts ultimes25 », écrit-il. Marqué par les principes et les valeurs de ce mouvement – liberté d’action et de pensée, négation du principe d’autorité notamment de l’État, Serge était donc particulièrement bien armé pour percevoir très tôt les errements moraux et politiques de l’État soviétique qu’il fut le premier à définir comme État totalitaire26.

15Si la lucidité commune aux trois co-auteurs de Vers l’autre flamme résulte de causes diverses propres à la personnalité de chacun, les motivations qui les poussent à témoigner en faveur de la vérité sont elles aussi différentes bien que leur visée soit la même.

16« Cri du cœur (d’un) révolté sentimental27 », sursaut d’indignation d’un homme sincère devant le pervertissement de son idéal, le témoignage d’Istrati répond en outre à la double responsabilité dont il se sent investi. D’abord, en tant que membre de ce qu’il appelle « l’Ordre des Lettres universelles28 » c’est-à-dire en tant que conscience supérieure, le devoir de défendre les valeurs de justice et de liberté, tant il croit au rôle civilisateur de la pensée et à la mission souveraine de ceux que Julien Benda nomme à la même époque « les clercs » : « J’étais fermement convaincu, écrit-il, que les savants, les philosophes, les écrivains, les artistes […] se soulèvent contre la tyrannie avec […] promptitude, […] spontanéité, […] abnégation29 ». L’emploi de l’imparfait marquant alors toute la déception qu’il éprouve non seulement face à l’attitude de Romain Rolland qui se refuse à critiquer le régime soviétique, mais surtout devant celle de Gorki qu’il critique sévèrement :

L’auteur des Vagabonds et des Bas-Fonds, l’homme qui connaît mieux que quiconque les deux fascismes et dont l’appel au secours serait entendu par l’humanité entière, Maxime Gorki, donne le premier l’exemple de l’abdication, se faisant couronner à Moscou et admettre en Italie30.

17Le second devoir, auquel son honnêteté et sa fidélité envers les humbles lui interdisent de se dérober, est ensuite celui de faire connaître au monde le sort misérable que la dictature du prolétariat réserve aux masses soviétiques et qu’une propagande habile s’applique à dissimuler. Douloureux fardeau pour cet esprit intègre que cette responsabilité faisant de lui le porte-voix de ces nouveaux opprimés : « Des yeux que je n’oublierai jamais, des voix qui tonnent encore dans mon cœur, m’ont jeté sur les épaules des charges qui m’écrasent et que je ne peux plus soutenir31 » confesse-t-il. Mais aussi pénible que soit cette épreuve, il ne peut être question pour lui de s’y soustraire en entérinant par son silence les abjections du système, sauf à se renier lui-même : « La plume et le papier me dégoûte, dès que j’essaie, tant soit peu, de me mentir à moi-même32 » écrit-il à Romain Rolland. Enfin, trompé lui-même dans ses espoirs les plus profonds, Istrati s’assigne encore comme objectif d’éclairer le prolétariat mondial afin que celui-ci ne soit pas berné à son tour choisissant ainsi, à la différence de beaucoup d’intellectuels qui préférèrent entretenir l’espoir des masses en couvrant le mensonge soviétique, l’attitude, courageuse et unique à l’époque, de tenter de le sauver en révélant la vérité.

18Si la démarche d’Istrati est motivée par la conscience de son devoir moral envers les masses ouvrières opprimées, celle de Souvarine se développe dans une perspective un peu différente et plus large car, au-delà de cet aspect humain, elle vise encore à dénoncer la falsification intellectuelle de la pensée marxiste par le stalinisme. Grâce à son énorme travail documentaire et l’accumulation d’exemples recueillis dans la presse officielle entre 1924 et 1929, Souvarine relève en effet les contradictions du système à la fois sur le plan de la réalité concrète et sur celui des idées et de leur fondement théorique. Ainsi met-il d’abord en lumière les distorsions entre les intentions déclarées, attestées par les innombrables « résolutions » prises par les différentes instances bureaucratiques et les faits, constatant qu’entre les décisions « sur le papier » – expression récurrente sous sa plume, tout comme « soi-disant », «prétendument» et surtout «pseudo» qui toutes traduisent le faux-semblant et la mystification – entre les projets et leur réalisation, il y a de quoi berner « les colporteurs de la légende soviétiste33 ». Passant ensuite à l’analyse des principes sensés présider à l’édification du socialisme, il révèle leur contradiction voire leur complète opposition avec les enseignements du marxisme. Démontant tous les rouages du système, il prouve en effet comment dans l’Etat stalinien et la République socialiste soviétique, il n’y a plus ni socialisme ni soviets, mais un état entièrement phagocyté par « un parti über alles34 » identifié à lui, ayant rétabli un régime inégalitaire et injuste, confisqué tous les pouvoirs et toutes les libertés :

L’institution bureaucratique étiquetée encore « Parti communiste » n’a plus rien d’un parti ni guère de communiste […] rien de communiste, car l’esclavage et le communisme sont incompatibles, pour qui est instruit des principes communistes35.

19C’est donc par fidélité au marxisme authentique dont il affirmait que « l’idéologie officielle en Russie est une antinomie achevée36 », pour en rétablir la valeur humaine dévoyée par le « pseudo-communisme37 » stalinien, que Boris Souvarine a écrit la plus corrosive des trois critiques qui composent Vers l’autre flamme.

20Pour ce qui est de Victor Serge, les motivations de son témoignage sont plus concrètes et plus simples puisqu’il s’agit pour lui de sauver la Révolution. Dans un texte également bien documenté mais sans référence de sources, il s’adresse directement aux « travailleurs russes38 » les enjoignant d’« ouvrir les yeux39 » afin d’éradiquer les maux dont souffre la République des soviets, ignorant ainsi – ou feignant d’ignorer ? – la soumission dans laquelle étaient maintenues les masses ouvrières entravées par le carcan bureaucratique et réduites au silence et à l’inertie par le pouvoir sanguinaire du Guépéou. Ce faisant, il ne remet pas en question les fondements du système, dénonçant principalement l’autoritarisme et les abus de la bureaucratie mais accordant toujours un rôle prépondérant au Parti pour lequel il préconise seulement une plus large démocratie interne. Quant à l’absence générale de liberté, à l’inégalité et à l’injustice croissantes au sein de la société, il ne les critique que comme phénomènes secondaires et non comme des vices inhérents au régime. Croyant encore le prolétariat maître de son destin comme il l’affirme en conclusion40, il estime possible un redressement dont il voit les axes définis par le programme de Trotski.

21Composé des trois contributions d’Istrati, de Victor Serge et de Boris Souvarine, Vers l’autre flamme constitue donc un témoignage unique sur l’URSS de l’entre-deux-guerres dont la force résulte tant de la personnalité remarquable mais différente de leurs auteurs que de la diversité des motivations qui les ont poussés à écrire. Mais s’il reste indubitable que leur sincérité et leur lucidité respectives assoient la réalité des faits et des situations relatés et font donc émerger de façon éclatante la vérité masquée par les artifices de la propagande, il n’en demeure pas moins que cette entreprise testimoniale trouve ses limites dans sa singularité même. Outre la différence de perspective sur le sujet propre à chaque témoin, la position énonciative adoptée par Serge, qui écrit à la première personne et donc au nom du signataire, soulève inévitablement la question du positionnement politique d’Istrati : croyait-il vraiment aux thèses réformistes de Trotski ? En outre, ce choix éditorial fournissait un argument facile à utiliser par les détracteurs d’Istrati, et que Romain Rolland ne manqua d’ailleurs pas d’exploiter dans sa correspondance pour tenter de dissuader Istrati de publier ce brûlot. Enfin, comme Souvarine le souligne lui-même dans les lettres échangées avec Istrati au moment de la parution du troisième tome, celui-ci s’illusionne beaucoup sur la portée du témoignage : « Ce qui importe, c’est de mordre sur l’opinion bolchévisée. Trois livres, à moitie étouffés par l’éditeur, et que les ouvriers ne liront pas, n’y peuvent suffire41 ». Il est vrai qu’il fait ici allusion à la décision d’Istrati de publier, en avant-première dans la NRF, l’Affaire Roussakov ce qui représente à ses yeux une erreur tactique quant à la captation de l’électorat ouvrier.

Vers l’autre flamme

22Tous profondément déçus par la faillite de la révolution prolétarienne, les trois co-auteurs du témoignage, vont adopter dès lors des positions diverses pour continuer leur dénonciation du régime soviétique. Pour Victor Serge, le choix est clair à cette époque et son soutien va inconditionnellement à Trotski. Pour lui, le vainqueur de la guerre civile et fondateur de l’Armée Rouge représente en effet le seul recours possible pour enrayer la dérive totalitaire de l’État stalinien en revenant aux principes d’action de Lénine. Et c’est cette « autre flamme », éclairant Soviet 1929 d’une lueur d’espoir, qui fait échapper son témoignage au pessimisme complet. Pourtant, celle-ci s’éteindra à son tour quand, sauvé après trois ans de déportation grâce à l’action internationale d’intellectuels occidentaux, Victor Serge, prenant conscience du sectarisme de Trotski et de son entourage, rompra définitivement avec le leader de l’opposition, huit ans après sa contribution au livre d’Istrati.

23Pour Souvarine, le chemin a été plus long et le désenchantement, implicite mais perceptible en dépit de la neutralité du ton, dans La Russie nue, définitif. Car, même s’il accorde quelque crédit à la critique trotskiste, il ne peut être question pour lui de voir un recours dans l’exilé d’Alma-Ata, trop conscient qu’il est du caractère structurel des dysfonctionnements du régime soviétique. Aussi a-t-il maintenu pendant cinquante ans, avec la même clairvoyance et la même rigueur intellectuelle, sa position critique envers l’URSS, publiant notamment en 1935 un ouvrage sur Staline dont les révélations des derniers dissidents soviétiques et la chute du régime elle-même n’ont démenti ni la profondeur ni la justesse d’analyse. De même s’est-il efforcé, par une fidélité au marxisme jamais démentie, de rétablir l’authenticité de la pensée de Marx en la dégageant des scories du léninisme et du stalinisme afin d’en rétablir la profonde valeur humaine.

24Quant à Istrati, sa position traduit en même temps sa déception définitive face à l’espoir suscité par le mouvement socialiste, son désarroi moral et intellectuel face à l’avenir de l’humanité mais également sa foi toujours intacte dans l’homme et dans la vie. En effet, malgré l’admiration qu’il éprouve pour Trotski son point de vue sur lui n’est pas dépourvu d’ambivalence voire d’ambigüité ; car s’il est convaincu de sa bonne foi, il ne croit pourtant pas vraiment l’opposition à même de redresser la situation et semble douter de la capacité de son chef à lutter contre une telle déliquescence du système : « Je ne crois guère quelqu’un capable, fut-ce l’intelligence d’un Trotski, de remettre les choses là où elles étaient le premier jour42 » écrit-il à Romain Rolland. Cependant, malgré ce constat désabusé, la conclusion de Seize mois dans l’URSS intitulée « Conclusion pour combattants » loin d’être un aveu de démission ou une annonce de repli dans un isolement désespéré, est au contraire un appel à croire aux forces de la vie, le livre s’achevant sur l’injonction « Allons vers l’autre flamme43 » qui s’oppose au « Je suis un de ces vaincus44 » de l’incipit, signifiant ainsi que le témoignage qui s’achève est le premier acte d’un autre combat, celui de « l’homme qui n’adhère à rien45 ». Ultime attitude de résistance que ce rebelle opposera quelques années plus tard à tous ces contempteurs, y compris ceux de l’opposition trotskiste, et qui affirme le refus de tous les endoctrinements de l’homme libre, lucide et probe qu’il n’a jamais cessé d’être.

25Avec cette ultime position se dessinent alors les enseignements du témoignage voulu par Istrati. Dénonçant les vices caractéristiques du système soviétique douze ans seulement après le Révolution d’Octobre, Vers l’autre flamme s’impose d’abord comme une magistrale leçon d’histoire dont l’avenir confirmera la pertinence. Parce qu’il cherche à établir la vérité dans un univers de mensonge, l’entreprise testimoniale d’Istrati constitue ensuite un acte à valeur politique, au sens où l’entend Hannah Arendt, puisqu’il s’inscrit comme un premier pas vers le changement de ce monde. Mais c’est avant tout une leçon d’éthique qui s’en dégage avec la révolte d’Istrati contre l’injustice, l’oppression, la cruauté du régime, sa résistance à tous les endoctrinements, sa conviction qu’aucune cause, fût-elle celle du bonheur de l’humanité, ne justifie le sacrifice des individus, son refus opiniâtre enfin de subir « la loi du mensonge triomphant46 ».

26Document unique qui allie la passion à l’objectivité et atteste de la sincérité de ses auteurs et de leur déception face à la corruption d’une idée généreuse, Vers l’autre flamme s’inscrit et inscrit son auteur dans la lignée des œuvres et des hommes qui par leur lucidité, leur fidélité à la vérité et leur courage opposent aux idéologies, au fanatisme aveugle et à la barbarie de tous les temps la flamme de l’esprit.

Notes de bas de page numériques

1  Panaït Istrati, Vers l’autre flamme, Œuvres III, Paris, Phébus libretto, 2006, p. 556.

2  Panaït Istrati, Vers l’autre flamme, Œuvres III, Paris, Phébus libretto, 2006, p. 548.

3  Panaït Istrati, Le Vagabond du Monde, Bassac, Plein Chant, 1989, p. 49.

4  Panaït Istrati-Romain Rolland, Correspondance intégrale, Valence, Paris, Canevas éditeur, 1989, p. 305.

5  Panaït Istrati, Vers l’autre flamme, Œuvres III, Paris, Phébus libretto, 2006, p. 459, 477, 561, 569.

6  Panaït Istrati – Romain Rolland, Correspondance intégrale, Valence, Paris, Canevas éditeur, 1989, p. 305 : « C’est-à-dire, je crois à tout cela, comme un chien continue à se traîner sur ses pattes de devant après avoir eu les reins cassés. Je suis ce chien. Et c’est la Russie qui m’a cassé les reins. »

7  Panaït Istrati – Romain Rolland, Correspondance intégrale, Valence, Paris, Canevas éditeur, 1989, p. 339.

8  Panaït Istrati, Vers l’autre flamme, Œuvres III, Paris, Phébus libretto, 2006, p. 545.

9  Panaït Istrati, Vers l’autre flamme, t. 3, La Russie nue, Paris, Rieder, 1929, p. 7.

10  Boris Souvarine, La Critique sociale, n° 8, avril 1933, p. 97.

11  Panaït Istrati, Vers l’autre flamme, t. 2, Soviet 1929, Paris, Rieder, 1929, p. 204.

12  Panaït Istrati, Vers l’autre flamme, t. 3, La Russie nue, Paris, Rieder, 1929, p. 302.

13  Boris Souvarine, Panaït Istrati et le communisme, Paris, Editions Champ Libre, 1981, p. 21.

14  Panaït Istrati, Pour avoir aimé la terre, Œuvres III, Paris, Phébus libretto, 2006, p. 421.

15  Panaït Istrati, Vers l’autre flamme, Œuvres III, Paris, Phébus libretto, 2006, p. 483.

16  Panaït Istrati, Vers l’autre flamme, Œuvres III, Paris, Phébus libretto, 2006, p. 467.

17  Panaït Istrati, Vers l’autre flamme, Œuvres III, Paris, Phébus libretto, 2006, p. 467.

18  Hannah Arendt, La Crise de la culture, Paris, Gallimard, 1972, « Folio essais », p. 318.

19  Panaït Istrati – Romain Rolland, Correspondance intégrale, Valence, Paris, Canevas éditeur, 1989, p. 83.

20  Panaït Istrati, Pour avoir aimé la terre, Œuvres III, Paris, Phébus libretto, 2006, p. 447.

21  Panaït Istrati, Pour avoir aimé la terre, Œuvres III, Paris, Phébus libretto, 2006, p. 430.

22  Panaït Istrati, Pour avoir aimé la terre, Œuvres III, Paris, Phébus libretto, 2006, p. 442.

23  Panaït Istrati, Vers l’autre flamme, Œuvres III, Paris, Phébus libretto, 2006, p. 474.

24  Panaït Istrati, Pour avoir aimé la terre, Œuvres III, Paris, Phébus libretto, 2006, p. 441.

25  Victor Serge, Mémoires d’un Révolutionnaire, Paris, Robert Laffont, 2001, « Bouquins », p. 159.

26  Victor Serge, Mémoires d’un Révolutionnaire, Paris, Robert Laffont, 2001, « Bouquins », p. 732.

27  Panaït Istrati, Pour avoir aimé la terre, Œuvres III, Paris, Phébus libretto, 2006, p. 421.

28  Panaït Istrati, Pour avoir aimé la terre, Œuvres III, Paris, Phébus libretto, 2006, p. 429.

29  Panaït Istrati, Pour avoir aimé la terre, Œuvres III, Paris, Phébus libretto, 2006, p. 433-434.

30  Panaït Istrai, Pour avoir aimé la terre, Œuvres III, Paris, Phébus libretto, 2006, p. 435.

31  Panaït Istrati, Vers l’autre flamme, Œuvres III, Paris, Phébus libretto, 2006, p. 569.

32  Panaït Istrati – Romain Rolland, Correspondance intégrale, Valence, Paris, Canevas éditeur, 1989, p. 303-304.

33  Panaït Istrati, Vers l’autre flamme, t. 3, La Russie nue, Paris, Rieder, 1929, p. 53.

34  Boris Souvarine, Panaït Istrati et le communisme, Paris, Éditions Champ Libre, 1981, p. 15.

35  Panaït Istrati, Vers l’autre flamme, t. 3, La Russie nue, Paris, Rieder, 1929, p. 260.

36  Boris Souvarine, « Anniversaire et actualité », La Critique sociale, n° 8, avril 1933, cité dans Les vies de Boris Souvarine publié en ligne le 14 octobre 2008 par Critique sociale.

37  Panaït Istrati, Vers l’autre flamme, t. 3 La Russie nue, Paris, Rieder, 1929, p. 281.

38  Panaït Istrati, Vers l’autre flamme, t. 2 Soviet 1929, Paris, Rieder, 1929, p. 17.

39  Panaït Istrati, Vers l’autre flamme, t. 2 Soviet 1929, Paris, Rieder, p. 18.

40  Panaït Istrati, Vers l’autre flamme, t. 2 Soviet 1929, Paris, Rieder, 1929, p. 209.

41  Boris Souvarine, « Lettre à Panaït Istrati », Cahiers Panaït Istrati, n° 7, 1990, p. 167.

42  Panaït Istrati-Romain Rolland, Correspondance intégrale, Valence, Paris, Canevas éditeur, 1989, p. 300.

43  Panaït Istrati, Vers l’autre flamme, Œuvres III, Paris, Phébus libretto, 2006, p. 595.

44  Panaït Istrat, Vers l’autre flamme, Œuvres III, Paris, Phébus libretto, 2006, p. 457.

45  Panaït Istrati, Vers l’autre flamme, Œuvres III, Paris, Phébus libretto, 2006, p. 685.

46  Jean Jaurès, Discours à la jeunesse, Albi, juillet 1903, disponible par exemple http://www.lours.org/default.asp?pid=100 ou http://www.museedeslettres.fr .

Bibliographie

 Œuvres de Panaït Istrati

ISTRATI Panaït, Œuvres II, III, Paris, Phébus libretto, 2006.

ISTRATI Panaït, Vers l’autre flamme, t. 2 Soviet 1929, Paris, Rieder, 1929.

ISTRATI Panaït, Vers l’autre flamme, t. 3 La Russie nue, Paris, Rieder, 1929.

ISTRATI Panaït-Romain Rolland, Correspondance intégrale 1919-1935, Valence, Paris, Canevas éditeur, 1989.

 Autres textes de référence

ARENDT Hannah, La Crise de la culture, Paris, Gallimard, 1972, « folio essais ».

BACOT Jean-François, « Panaït Istrati : ou la conscience écorchée d’un vaincu », Moedius Écritures / Littérature, n° 35, 1988, p. 95 http://id.erudit.org/iderudit/15212ac.

SERGE Victor, Mémoires d’un Révolutionnaire, Paris, Robert Laffont, 2001, « Bouquins ».

SOUVARINE Boris, Panaït Istrati et le communisme, Paris, Éditions Champ Libre, 1981.

VUILLEMIN Alain, La dénonciation du communisme en Union soviétique et en France par des intellectuels est – et centre – européens d’expression française, Ante Ciliga, Panaït Istrati, Victor Serge, Boris Souvarine, Phantasma, Universitatea « Babes-Bolyai » Facultatea de Litere Cluj-Napoca.

Cahiers Panaït Istrati n°7, 1990.

Les Vies de Boris Souvarine publication en ligne 14 octobre 2008 par « Critique Sociale » www.critique-sociale.info

Pour citer cet article

Frédérica Zéphir, « Trois voix pour la vérité : Panaït Istrati, Victor Serge, Boris Souvarine », paru dans Loxias, Loxias 40., mis en ligne le 04 mars 2013, URL : http://revel.unice.fr/loxias/index.html?id=7351.


Auteurs

Frédérica Zéphir

Frédérica Zéphir, professeur de Lettres modernes, docteur en littérature comparée, chercheur associé au LIRCES (Université de Nice ; elle a participé à plusieurs colloques et publié des articles sur Panaït Istrati : « Les enjeux idéologiques et politiques de la vérité dans la correspondance Panaït Istrati-Romain Rolland », Valeurs et correspondance, CIRCPLES L’Harmattan, 2010 ; « Panaït Istrati, le Vagabond du monde », Le Vagabond en Occident L’Harmattan, 2012 ; « Grecs et Turcs, deux visages de l’Autre dans l’œuvre de Panaït Istrati », Visages de l’Autre dans les Balkans et ailleurs, Editura Universitaria Craiova, 2012. Elle aussi travaillé et publié sur Stefan Zweig et Pierre Jean Jouve.