Frédérica Zéphir
Frédérica Zéphir, professeur de Lettres modernes, docteur en littérature comparée, chercheur associé au LIRCES (Université de Nice ; elle a participé à plusieurs colloques et publié des articles sur Panaït Istrati : « Les enjeux idéologiques et politiques de la vérité dans la correspondance Panaït Istrati-Romain Rolland », Valeurs et correspondance, CIRCPLES L’Harmattan, 2010 ; « Panaït Istrati, le Vagabond du monde », Le Vagabond en Occident L’Harmattan, 2012 ; « Grecs et Turcs, deux visages de l’Autre dans l’œuvre de Panaït Istrati », Visages de l’Autre dans les Balkans et ailleurs, Editura Universitaria Craiova, 2012. Elle aussi travaillé et publié sur Stefan Zweig et Pierre Jean Jouve.
Articles de l'auteur
Loxias | Loxias 22 | Doctoriales V
L’éthique au-delà du politique. Étude comparative des relations de voyage en URSS de Panaït Istrati et d’André Gide
Panaït Istrati (1884-1935), écrivain roumain d’expression française au parcours atypique, et André Gide (1869-1951), l’un des plus célèbres auteurs de sa génération, avaient tous deux adhéré à l’idéal incarné par la révolution bolchévique de 1917 et fondé un grand espoir sur l’avènement du communisme en Russie. Profondément déçus par la réalité soviétique qu’ils découvrirent à l’occasion de leur voyage en U.R.S.S., ils décidèrent l’un et l’autre de faire connaître au monde, à sept ans d’intervalle, le véritable visage du pays des soviets qu’une propagande efficace magnifiait alors aux yeux de l’Occident. Privilégiant les valeurs morales face aux principes idéologiques, Istrati, dans un pamphlet intitulé Vers l’autre flamme paru en 1929, et Gide, dans son essai Retour de l’U.R.S.S. complété par Retouches à mon « Retour de l’U.R.S.S. » publiés respectivement en 1936 et1937, prenaient fermement le parti de l’éthique contre le politique, plaçant le dévoilement de la vérité au centre de leur démarche. Ce choix et cette attitude si différents de celui d’un grand nombre d’intellectuels de l’entre-deux-guerres, invite dès lors à s’interroger sur cette surprenante rencontre réunissant, dans une commune appréhension des idées et des événements de leur temps, deux esprits par ailleurs si dissemblables.
Loxias | Loxias 40. | Panaït Istrati, « l’homme qui n’adhère à rien »
Trois voix pour la vérité : Panaït Istrati, Victor Serge, Boris Souvarine
Lorsqu’à son retour d’URSS Panaït Istrati décide de dénoncer la vérité du système soviétique, il signe de son nom, sous le titre Vers l’autre flamme, une œuvre en trois parties dont seule la première, Après seize mois dans l’URSS, est de lui, les deux autres, Soviet 1929 et La Russie nue, étant respectivement de Victor Serge et de Boris Souvarine. De tonalité différente, les trois parties de ce livre singulier révèlent également un esprit et un point de vue différent, quoique complémentaire, sur la Révolution prolétarienne et, si l’ensemble vise bien à une dénonciation, celle-ci n’est pas de la même ampleur chez les trois auteurs. Néanmoins, l’identité de la démarche ainsi que celle des thèmes abordés suscite un questionnement quant aux motivations qui les ont conduits à réaliser un tel ouvrage ainsi que sur les buts poursuivis. Quelles défaillances du régime établi depuis douze ans en Russie pouvaient provoquer cette protestation à trois voix ? Que cherchait à prouver ce triple témoignage ? Quel message voulaient transmettre les auteurs sous le titre Vers l’autre flamme ?