Roumanie dans Loxias


Articles


Loxias | Loxias 26 | Doctoriales VI

Surréalisme et « littérature prolétarienne ». Position de Gherasim Luca

Connu en France pour son œuvre poétique qu’on rattache généralement aux dernières manifestations du surréalisme ou à la « poésie sonore », Gherasim Luca est également l’auteur d’une série d’articles sur la « poésie prolétarienne » parus entre 1933-1935 dans Cuvîntul liber [La Parole libre], l’organe des communistes roumains. Le problème de l’engagement politique du poète, les conditions de possibilité d’une « poésie prolétarienne », la question de son propre mode de « représentation », de sa valeur « esthétique » représentent les principaux enjeux de ces prises de position théoriques. On identifie dans ces textes des échos du débat mené à partir du début des années 20 dans l’Union Soviétique et en France (Lénine, Trotsky, Breton, Péret), mais en faisant toujours attention à placer ces articles dans le contexte socio-politique et littéraire de la Roumanie de l’entre-deux-guerres : la montée des forces de droite, le climat antisémite, la domination d’un modèle poétique symboliste considéré par Luca « hermétique » et « réactionnaire ».

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Loxias | Loxias 34 | Doctoriales VIII

Béla Bartók et George Enescu : commémoration de leur 130e anniversaire

Le compositeur hongrois Béla Bartók et le compositeur roumain George Enescu sont nés en 1881, dans deux villages appartenant à l’actuelle Roumanie, le 25 mars et respectivement le 19 août. Une ligne horizontale virtuelle presque parfaite unit les villages de naissance des deux musiciens, l’un situé en Transylvanie, à l’extrême Ouest, près de la ville d’Oradea, et l’autre à proximité de la ville de Iasi, à l’extrême Est, en Moldavie. Provenant de milieux familiaux similaires, où l’on pratiquait la musique savante en amateur, les musiciens auront une destinée semblable en se consacrant à la musique savante dès leur plus jeune âge. Leur personnalité polyvalente va leur permettre de devenir à la fois compositeurs, interprètes d’exception, (Bartók étant pianiste et Enescu violoniste), professeurs, chef d’orchestre (Enescu) et ethnomusicologue (Bartók) de renommée internationale. En 1924 les deux musiciens eurent l’occasion de se connaître et de jouer ensemble à Bucarest la Seconde sonate pour violon et piano composée trois ans plus tôt par Bartók. Commémorant cette année le 130e anniversaire de leur naissance, nous proposons en hommage à ces deux musiciens importants du XXe siècle une analyse comparée des Sonates pour violon et piano, œuvres dans lesquelles les compositeurs ont sublimé les éléments de la musique populaire, en les intégrant au langage musical savant. Béla Bartók and George Enesco were born in 1881, in two villages belonging in current Rumania, on March 25th and respectively on August 19th. A virtual horizontal line unites the born villages of musicians, the one situated in Transylvania, extremely West, and the other one extremely East, in Moldavia. Resulting from similar family circles, the musicians will have a similar fate by dedicating itself to the learned music from their youngest age. Their general-purpose personality is going to allow them to become at once composers, interpreters (Bartók being a pianist and Enescu violinist), professors, conductor (Enescu) and ethnomusicologist (Bartók) of international fame. Commemorating the 130th anniversary of their birth, we propose in homage to these two important musicians an analysis of their Sonatas for violin and piano, works in which they sublimated the elements of the popular music, integrating them into the learned musical language.

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L’acte orphique à l’époque moderne : parole de silence d’un chanteur malade. Introduction à la poétique de Lucian Blaga

Dans notre étude nous nous occuperons de la poétique de Lucian Blaga et de sa vision sur sur la création et la tâche du poète au XXe siècle. Nous considérons qu’une telle analyse faciliterait l’accès à la pensée blagienne et contribuerait à une meilleure compréhension de son œuvre. La première partie de l’article se constitue comme une analyse de la contribution de Lucian Blaga au développement de la poésie lyrique roumaine moderne, tandis que la deuxième partie a comme sujet la conception de Blaga sur l’écriture. La poétique de Blaga est intimement liée à sa philosophie et, plus particulièrement, à sa vision sur le mystère existentiel que lui, en tant que « guérisseur des mots », veut accroître. Il y a une « tristesse métaphysique » proche du silence qui se dégage de ses vers, puisque l’aventure de la connaissance se transforme en drame de la connaissance. Cela expliquerait peut-être la métaphore des poètes vus comme chanteurs malades ou lépreux, comme un peuple « indivisible ininterrompu ». Le poète devient Sauveur des mots et aspire à se sauver soi-même grâce à l’acte artistique, ce qui fait de Blaga l’une des consciences les plus actives de la littérature universelle et le fait inscrire dans la modernité. Our study focuses on Lucian Blaga’s poetics and on his perspective concerning literary creation and the poet’s task in the 20th century. We consider that such an approach may contribute to a better comprehension of both Blaga’s philosophical and literary work. The first part of our article is an analysis of Blaga’s contribution to the development of Romanian modern poetry, while the second part is concerned with the poet’s concept of writing. Blaga’s poetics is intimately linked to his philosophy and, more precisely, to his theory of the existential mystery that the poet, as a “healer of words”, wants to increase. There is a “metaphysical sadness”, close to silence, coming out from Blaga’s poetry, as the adventure of knowledge turns out to be a drama of knowledge. This may explain the metaphor of poets seen as sick or leprous singers, as an “indivisible and unbroken” people. The poet becomes a Savior of words who yarns to save himself too by his artistic act. Through these ideas, Blaga is an active conscience of the universal literature and part of modernity.

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Loxias | Loxias 36 | I.

Le Bildungspoem de Simona Popescu

Pour se former, le poème, aussi bien dans sa composition que dans sa transmission aux nouvelles générations de l’Université, ne doit se couper, selon Simona Popescu, d’aucun type de références culturelles. Il ne s’agit pas d’un écrasement postmoderne, mais de la recherche de tout ce qui fait vie et sève. Le mouvement et l’énergie du poème désertent l’académisme poseur et se cachent souvent là où on ne les attendait pas : dans le spectacle de masse du cinéma, de la télévision ou la culture pop-rock. L’esprit d’enfance est plus vivace dans ce qui s’adresse aux enfants et aux grands enfants. Reste au poète à prendre ce matériau suffisamment au sérieux pour en faire, et c’est difficile, un art poétique qui se constitue triplement de manière performative en même temps que le poème. Le poème se dit, il se dit avec des références qui disent, ces références sont d’autant plus proches du poème en formation qu’elles désertent le poétique constitué par des canons frileux et des poses d’individus stratèges.

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Loxias | Loxias 40. | Panaït Istrati, « l’homme qui n’adhère à rien »

Trois voix pour la vérité : Panaït Istrati, Victor Serge, Boris Souvarine

Lorsqu’à son retour d’URSS Panaït Istrati décide de dénoncer la vérité du système soviétique, il signe de son nom, sous le titre Vers l’autre flamme, une œuvre en trois parties dont seule la première, Après seize mois dans l’URSS, est de lui, les deux autres, Soviet 1929 et La Russie nue, étant respectivement de Victor Serge et de Boris Souvarine. De tonalité différente, les trois parties de ce livre singulier révèlent également un esprit et un point de vue différent, quoique complémentaire, sur la Révolution prolétarienne et, si l’ensemble vise bien à une dénonciation, celle-ci n’est pas de la même ampleur chez les trois auteurs. Néanmoins, l’identité de la démarche ainsi que celle des thèmes abordés suscite un questionnement quant aux motivations qui les ont conduits à réaliser un tel ouvrage ainsi que sur les buts poursuivis. Quelles défaillances du régime établi depuis douze ans en Russie pouvaient provoquer cette protestation à trois voix ? Que cherchait à prouver ce triple témoignage ? Quel message voulaient transmettre les auteurs sous le titre Vers l’autre flamme ?

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Positionnement paratopique de Panaït Istrati, l’écrivain « qui n’adhère à rien »

Notre propos touche la problématique de la paratopicité d’une œuvre, celle de Panaït Istrati qui illustre la conduite morale et discursive de « l’homme qui n’adhère à rien » pour proposer une articulation déjà nécessaire entre le contexte de l’œuvre, le statut de l’écrivain et ce qu’il produit dans le champ littéraire. Ce lien se concentre sur quelques aspects paratopiques : d’abord les formes de manifestation, ensuite les territoires disputés et finalement la paratopicité de l’écrivain et de son œuvre. À ce point nous proposons comme repère l’auto/bio/graphie où « auto » a le rôle de ponctuer le positionnement du sujet narrateur par rapport à son acte de narrer/écrire.

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Droiture éthique et vérité d’un carrefour thématique – La famille Perlmutter

La Famille Perlmutter (1927) écrit par Panaït Istrati en collaboration avec Josué Jehouda est la chronique d’une famille juive, un roman de la formation et à la fois un carrefour thématique : l’errance, la générosité et son pendant « le généreux absurde », l’injustice, l’amour, l’amitié, le clivage Orient/Occident. On y retrouve la convivialité et la chaleur humaine, la droiture éthique et la rigueur politique du « chardon déraciné » amant de la Méditerranée qui a projeté les facettes de sa personnalité incandescente dans chacun des personnages de cette écriture polyphonique. Écrit peu avant le voyage en URSS et le grand tournant dans la vie et l’œuvre d’Istrati, ce texte sur les vaincus et les vainqueurs, sur les écorchés de la vie tel Isaac préfigure en quelque sorte le destin de l’auteur.

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Les périodes suisses chez Panaït Istrati

Les « passages » en Suisse de Panaït Istrati de 1916 à 1930 ouvrent des perspectives qui auront de profondes répercussions sur le cours de sa vie. Le canton de Vaud et du Valais forment un étonnant creuset d’où émerge une combinaison de chemins qui sont autant d’étapes fondatrices. Si les recherches abordent souvent les périodes suisses d’Istrati, elles ne les traitent jamais dans leur intégralité. Il est temps de faire une rapide synthèse de ce que nous connaissons.

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Cultures et identités balkano-méditerranéennes dans l’œuvre de Panaït Istrati

Digne descendant d’Ulysse, Istrati construit son existence, de même que sa création littéraire, autour du voyage. Adrien Zografi, son alter ego fictionnel, n’est qu’un éternel vagabond, attiré en égale mesure par la splendeur des étendues marines et par le spectacle humain. Il se glisse sur les bateaux sans payer son billet, sans passeport, sans argent, attiré comme un halluciné par le mirage du voyage qui n’en finit plus. Comme lui, il y a beaucoup de personnages dans l’univers istratien : ils quittent leur pays pour faire fortune ailleurs, mais surtout pour assouvir cette soif de s’en aller et de connaître d’autres horizons. Leur monde est un espace aussi vaste que le Levant entier – avant le démantèlement de l’Empire Ottoman – qui comprend tout le bassin est-méditerranéen et une partie des Balkans (le littoral de la Mer Noire, les bouches du Danube, la plaine roumaine connue sous le nom de « Bărăgan »). Notre article se propose de donner un aperçu de la découverte de l’altérité dans les écrits à forte teinte autobiographique de Panait Istrati. Les premiers pas dans ce sens sont faits dans la ville natale de l’auteur, à Braila, ville multiculturelle et porto franco pendant la seconde moitié du XIXe siècle. Panait, tout comme son double fictionnel, Adrien Zografi, y découvre dès l’enfance des cultures appartenant à l’espace des Balkans et de la Méditerranée, qu’il connaîtra plus tard.

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Loxias | Loxias 43. | II.

Traversées poétiques des littératures et des langues

“Illustrations de Serge Popoff Paris, L’Harmattan, 2013, « Le Thyrse » n° 4, La collection du CTEL, Université Nice Sophia Antipolis, 567 p. ISBN : 978-2-343-00941-4 Réunis sous le titre de Traversées poétiques des littératures et des langues, les articles de ce volume issu du séminaire de recherche « Bilinguisme, double culture, littératures » (2009-2011) – qui s’est tenu conjointement à l’Université de Nice Sophia Antipolis et à l’Université « Lucian Blaga » de Sibiu – permettent de mettre en exergue une proposition théorique susceptible d’intéresser à la fois les disciplines de la poétique et de la littérature comp...”

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