Europe dans Loxias-Colloques


Articles


Loxias-Colloques | 6. Sociétés et académies savantes. Voyages et voyageurs, exploration et explorateurs, 1600-1900

Atlas Pittoresque : le regard européen sur l’Amérique chez Alexander von Humboldt

On peut définir le pittoresque comme un sentiment qui inviterait le spectateur d’une scène particulière à la reproduire dans un tableau, et qui a permis au XIXe siècle de transporter les images comme des possessions vers l’Europe. Cet article fait l’hypothèse de la représentation du pittoresque comme une forme d’appropriation du Nouveau Monde à travers l’art des peintres qui étaient au service des explorateurs. Lorsque le naturaliste allemand Alexandre de Humboldt a montré son désir de représenter des scènes fidèles à la nature, les planches de son Atlas Pittoresque. Vues des Cordillères et Monumens des Peuples Indigènes de l’Amérique ont été, d’une certaine façon, aussi théâtralisées par le langage de l’art. The picturesque can be defined as a feeling that invite the viewer of a particular scene to reproduce it in a table, and that was what allowed the images to be transported as possessions to Europe in the Nineteenth-Century. This article exposes the assumption of the picturesque representation as a form of appropriation of the New World through the art of painters who were employed by the scientific explorers. Although the German naturalist Alexander von Humboldt expressed his desire to represent scenes of true and real nature, the plates of his Atlas Pittoresque. Vues des Cordillères et Monumens des Peuples Indigènes de l’Amérique were embellished by the language of art.

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Loxias-Colloques | 8. Ecrire en Suisse pendant la grande Guerre | Ecrire en Suisse pendant la Grande Guerre

« Des scènes qui se passent au front » vues par Romain Rolland

Ces pages traitent du shell shock dans le Journal des Années de Guerre (1914-1918) de Romain Rolland. Affectant des prisonniers de guerre internés en Suisse, ce syndrome suscita une effervescence publiciste parmi les milieux médicaux mais passa inaperçu de la population civile. Rolland, lui, recueille des tableaux cliniques précis, transcrits de sa correspondance avec de jeunes combattants, ou enregistrés lors des entretiens menés avec des prisonniers, permissionnaires et autres expatriés austro-hongrois, allemands ou français réfugiés en terre helvétique. Les noms d’E. R. Curtius, P. Latzko ou encore Paul Cassirer défilent ainsi parmi les victimes du syndrome de stress post-traumatique. De ce syndrome, le Journal interroge les versants médical, militaire, juridique et existentiel. Mais jamais Rolland ne se départit des normes d’une écriture rationnelle. Aussi récuse-t-il l’image distordue que lui renvoient de la guerre Apollinaire, dada, le cubisme. Intellectuel d’avant-garde, Rolland milite dans l’arrière-garde littéraire. This paper is about shell shock in Romain Rolland’s diary written near Geneva during the First World War. Medical personnel were strongly concerned about this very new disease. But neurological and psychiatric understanding were still to come and neither civilian nor military authorities were willing to indemnify victims. The latter were suspected of unconscious simulation and were treated with so-called “medical persuasion” or electrotherapy – if not punished for desertion. Due to this medical-military collusion, there was no public awareness of Post Traumatic Stress Disorders. This is what makes Rolland’s diary so singular. He had to deal with plenty of private letters convincing him that PTSD was frequent among all belligerent armies. Travelling through Switzerland, he came across victims of shell shock : prisoners of war interned at Interlaken, furloughed soldiers and refugees (E. R. Curtius, Paul Latzko, the gallery owner Paul Cassirer…). But there is a discrepancy between epistemological awareness (modern war is a war of machines against human beings) and the diary’s aesthetics : Rolland quotes Molière and Jarry (King Ubu) in order to gain distance from pictures of horror. But he refuses “disrupted” representation of war practised by Apollinaire, Dada, cubism, futurism… The claim for moral and intellectual strength puts Rolland among the literary “arrière-garde”.

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Éditer en temps de guerre, inventer dans la pénurie. La revue Dada à Zurich (1917-1919)

Publiée à Zurich de 1917 à 1919, la revue Dada, dans une optique internationale, était opposée à la guerre, et des liens ont existé entre le groupe de R. Rolland et les dadas (sans influence réciproque). Dada a cependant adopté une tournure radicale qui lui était propre. L’expérimentation a joué dans cette revue un rôle central, entraînant une esthétique transmédiale qui a préludé aux futurs livres d’artistes. Published in Zurich from 1917 to 1919, the Dada journal, with an international perspective, was opposed to the war, and links have existed between the group of R. Rolland and the members of Dada (without mutual influence). Dada has however adopted a radical original turn. Experimentation in this journal has played a central role, leading to a transmedial aesthetic which announced the future artist books.

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Loxias-Colloques | 15. Traverser l'espace

L’espace concentrationnaire

Le camp nazi est un espace unique dans sa conception et son fonctionnement, puisqu’il est à la fois marginalisé et producteur de marginalisation ; créé pour exclure des populations particulières, il les fait dans le même temps cohabiter, s’affronter et parfois s’entraider. Lieu incessant de passages, le camp est aussi marqué par des frontières multiples : physiques, abstraites, officielles et officieuses, et le plus souvent, synonymes de mort en cas de transgression. L’espace concentrationnaire est donc un espace d’exception qui impose ses propres normes et modifie en profondeur les notions de bien et de mal. Le déporté est le produit de ce cadre extra-ordinaire. Être de l’entre-deux, il est marqué par ce voyage au-delà des limites physiques et mentales. En quoi le déporté devient-il alors un médiateur entre l’espace concentrationnaire et la société civile ? Quelles sont les tentatives en littérature pour décrire, transmettre ce voyage hors normes ?

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