exil dans Loxias-Colloques


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Loxias-Colloques | 4. Camus: "un temps pour témoigner de vivre" (séminaire)

L’idée de l’exil d’Hélène, chez Euripide, chez Camus et chez Séféris

Dans un petit essai intitulé « L’exil d’Hélène », Camus célèbre la civilisation grecque qui, à travers les causes données à la guerre de Troie, manifeste un profond attachement à la beauté. Pour lui, l’époque moderne au contraire s’en détourne, comme en atteste la laideur de la seconde guerre mondiale qu’il vient de traverser. En fait, l’analyse de la caractérisation d’Hélène chez Eschyle et du motif littéraire de son exil dans la tragédie d’Euripide témoigne d’une réflexion plus complexe selon laquelle la séduction de ce personnage mythologique apparaît comme un piège. Toutefois, au terme d’une dialectique, Camus et Euripide peuvent s’accorder dans une perspective optimiste restituant à l’artiste ou au philosophe le pouvoir de recréer des conduites humaines et une philosophie du beau et de la mesure. Dans le même cadre de pensée, Georges Séféris exprime au contraire beaucoup de désenchantement.

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Loxias-Colloques | 13. Lettres d'exil. Autour des Tristes et des Pontiques d’Ovide | Enjeux poétiques et politiques des Tristes et des Pontiques

Nason exilé ou des élégies en quête de lecteurs

La situation d’exil a permis à Ovide d’approfondir une réflexion sur sa carrière littéraire tout en y surimposant le problème de la représentation autobiographique. Au sein des transformations imposées par la relegatio, la possibilité d’une parole aux marges du pouvoir s’instaure comme l’un des leitmotive des Tristes et des Pontiques. D’une manière plus spécifique, le lien entre la littérature et la vie est un aspect central du motif, étant donné qu’il se fonde sur un paradoxe capable de déconcerter, au premier abord, le lecteur ovidien. Le poète inscrit son personnage exilé dans une tension entre la portée véridique et le statut fictionnel de sa voix à Tomes. Dans une perspective stylistique, nous dégagerons les visées poétiques de cette tension à la lumière du rapport entre l’exil et l’idée d’une métamorphose du ‘je’. Exile allowed Ovid to reflect on his literary career while adding the problem of autobiographical representation. Within the transformations derived from the relegatio, the possibility of speaking on the margins of power became a crucial motif in the Tristia and Ex Ponto collections. Moreover, the link between literature and life is a central aspect of such motif, since it displays a paradox that troubles, at first sight, an Ovidian reader. The poet shapes his story within a tension between the factual and the fictional status of his voice in Tomi. From a stylistic approach, I show the poetic features of this tension in the light of the relationship between exile and the idea of metamorphosis.

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Loxias-Colloques | 13. Lettres d'exil. Autour des Tristes et des Pontiques d’Ovide | Mélancolie de la disgrâce: échos génériques

De la mélancolie du disgracié. Étude d’un vestige ovidien dans les Mémoires du duc de Saint-Simon

Le duc de Saint-Simon (1675-1755) fut assurément nourri de lettres latines et il ne fait aucun doute sur le fait qu’il se délecta des historiens romains, à commencer par Salluste et Tacite. C’est toutefois aux Tristes d’Ovide qu’est emprunté l’un des plus spectaculaires surgissements d’un fragment de littérature latine dans les Mémoires. Dans la chronique de 1709, Saint-Simon relate en effet une savoureuse anecdote qui invite à dresser un parallèle explicite entre Ovide et Chamillart, ami de Saint-Simon qui vient de faire l’expérience d’une bien cruelle disgrâce. Il s’agira donc d’étudier à la fois la valeur paradigmatique de la référence à Ovide pour nourrir une médiation sur la disgrâce, véritable fil d’Ariane courant dans les milliers de pages des Mémoires et thème essentiel de la chronique de cour. Il s’agira aussi de mener une réflexion sur la façon dont la référence à Ovide permet à Saint-Simon de mettre en valeur sa position originale d’ami demeurant envers et contre tout fidèle à un homme foudroyé par la disgrâce du Roi-Soleil. La référence ovidienne, outre le thème de la disgrâce, en innerve donc un second, plus discret certes, et pourtant essentiel, celui de l’amitié. En faisant de Chamillart un anti-Ovide, Saint-Simon esquisse donc aussi de lui-même l’image d’un ami idéalement fidèle.

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Un chevalier romain sur la mer Noire’ : regards sur l’exil d’Ovide et les fautes d’Auguste au XVIIIe siècle

Cette contribution analyse l’interprétation de l’exil d’Ovide dans la culture française entre la fin du XVIIe siècle et celle du XVIIIe à partir d’attestations tirées d’œuvres d’intellectuels, d’érudits, d’historiens aux intérêts différents. On voit comment, à l’âge des Lumières, Ovide n’était pas uniquement rappelé et apprécié sur le plan artistique et littéraire comme l’auteur des Métamorphoses mais incarnait l’exemple de l’exilé victime d’Octavien Auguste. À ce propos, une attention particulière est réservée aux réflexions de Voltaire qui, s’appuyant sur des passages des Pontiques et des Tristia, mettait en lumière la triste condition d’Ovide contraint de vivre loin de sa patrie parmi des peuples d’une langue différente mais contre lesquels il n’éprouvait pas d’hostilité. Par ailleurs, Voltaire saisissait, dans son éloignement, la preuve du déclin de la liberté sous le Principat d’Auguste à qui il attribuait la faute de l’avoir éloigné pour cacher sa conduite dépravée. D’autre part, certains passages de son ouvrage montrent que Voltaire jugeait trop soumise la ligne d’Ovide exilé au point de lui reprocher d’avoir exagéré dans ses louanges envers de prince et de soutenir qu’il aurait dû réagir courageusement en rentrant à Rome pour ordonner l’assassinat d’Octavien. Cette lecture différente de celle des érudits et des historiens qui, dans l’ensemble, plus ou moins à la même époque ne virent en Ovide qu’une victime, reflète des positions et des états d’âme propres aux décennies qui précédèrent la Révolution Française. This contribution analyses how latter 17th and 18th century French Culture interpreted Ovid’s exile examining texts from works of intellectuals, scholars and historians with various interests. What emerges is that in the Age of the Enlightenment Ovid was not remembered and appreciates simply for his artistic merits as the author of the Metamorphoses, but rather as the embodiment of the exile, victim of Octavian Augustus. In this sense, noteworthy are reflections of Voltaire who focussing on some passages from the Black Sea Letters and Tristia highlighted the sad situation of the poet condemned to live far from his homeland among people speaking a different language, even if felt no hostility toward them. Moreover, in his exil Voltaire found proof that liberty had declined under Augustus’ rule, blaming him for exiling Ovid to cover his own depraved behaviour. Furthermore, some passages of his work show that Voltaire considered Ovid’s attitude while in exile too docile, reproaching him for effusively praising the prince, declaring he should have been courageous enough to return to Rome and have Octavian assassinated. In Voltaire’s stance, which stood out from that of the more or less contemporary scholars and historians who saw him only as a victim, one can recognize a reflection of the attitudes and moods of the decades leading up to the French Revolution.

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