Loxias-Colloques |  13. Lettres d'exil. Autour des Tristes et des Pontiques d’Ovide |  Enjeux poétiques et politiques des Tristes et des Pontiques 

Eleonora Tola  : 

Nason exilé ou des élégies en quête de lecteurs

Résumé

La situation d’exil a permis à Ovide d’approfondir une réflexion sur sa carrière littéraire tout en y surimposant le problème de la représentation autobiographique. Au sein des transformations imposées par la relegatio, la possibilité d’une parole aux marges du pouvoir s’instaure comme l’un des leitmotive des Tristes et des Pontiques. D’une manière plus spécifique, le lien entre la littérature et la vie est un aspect central du motif, étant donné qu’il se fonde sur un paradoxe capable de déconcerter, au premier abord, le lecteur ovidien. Le poète inscrit son personnage exilé dans une tension entre la portée véridique et le statut fictionnel de sa voix à Tomes. Dans une perspective stylistique, nous dégagerons les visées poétiques de cette tension à la lumière du rapport entre l’exil et l’idée d’une métamorphose du ‘je’.

Abstract

Exile allowed Ovid to reflect on his literary career while adding the problem of autobiographical representation. Within the transformations derived from the relegatio, the possibility of speaking on the margins of power became a crucial motif in the Tristia and Ex Ponto collections. Moreover, the link between literature and life is a central aspect of such motif, since it displays a paradox that troubles, at first sight, an Ovidian reader. The poet shapes his story within a tension between the factual and the fictional status of his voice in Tomi. From a stylistic approach, I show the poetic features of this tension in the light of the relationship between exile and the idea of metamorphosis.

Index

Mots-clés : écriture poétique , exil, métamorphose du je, Ovide

Plan

Texte intégral

1Les recueils ovidiens de l’exil donnent à voir une continuité avec les ouvrages précédents du poète à partir du motif des fluctuations et des ambivalences qui sous-tendent l’identité humaine. De fait, la coïncidence du sujet des Tristes et des Pontiques avec la relegatio factuelle d’Ovide aux bords de l’Empire en l’an 8 ap. JC. entraîne des transformations multiples1. Le principe du changement est un axe majeur des deux recueils non seulement du point de vue thématique – à partir du récit du bannissement du ‘je’ et de ses effets2–, mais aussi du point de vue du contexte historique et politique de ces poèmes3. Plus précisément, bien qu’on ne puisse nier la place d’Ovide parmi les poètes augustéens, il a passé les dernières années de sa vie sous le gouvernement de Tibère (14-37 ap. JC.), de sorte que son écriture a été traversée par les bouleversements propres à cette étape de transition dans l’histoire de Rome. La situation d’exil a donc permis au poète de la métamorphose d’approfondir une réflexion sur sa carrière littéraire tout en y surimposant le problème de la représentation autobiographique4. Au sein de ces transformations, la possibilité d’une parole aux marges du pouvoir s’instaure comme l’un des leitmotive des Tristes et des Pontiques5. D’une manière plus spécifique, le lien entre la littérature et la vie est un aspect central du motif, étant donné qu’il se fonde sur un paradoxe capable de déconcerter, au premier abord, le lecteur ovidien. Mieux encore, le poète inscrit son personnage exilé dans une tension entre la portée véridique et le statut fictionnel de sa voix à Tomes. Dans une perspective stylistique, nous dégagerons les visées poétiques de cette tension à la lumière du rapport entre l’exil et l’idée d’une métamorphose du ‘je’.

Se dire (et se contredire) dans l’exil

2Au centre de l’élégie unique des Tristes II – adressée à Auguste –, le poète se consacre à la défense de son Ars et, plus largement, de ses vers élégiaques. En vue de justifier les traits problématiques, voire le ton lascif de ses écrits de jeunesse6, il souligne une rupture entre ses circonstances personnelles et ses mœurs littéraires7 :

Tr. II, 353-3588 :
Crede mihi, distant mores a carmine nostro — 
Vita uerecunda est Musa iocosa mea — 
Magnaque pars mendax operum est et ficta meorum :
Plus sibi permisit compositore suo. 
Nec liber indicium est animi, sed honesta uoluptas, 
Plurima mulcendis auribus apta feret.

Crois-moi, mes mœurs ne ressemblent pas à mes chants – ma vie est sage, si ma Muse est folâtre ! – Mes œuvres sont en grande partie mensonges et fictions ; elles ont pris plus de liberté que leur auteur. Mon livre ne reflète pas mon âme, mais il a l’innocent désir de présenter mille vers qui charment l’oreille.

3L’évocation des pratiques coutumières d’Ovide (Musa iocosa 354) permet de mettre en évidence la nature fictionnelle de l’écriture de l’exilé, au point qu’elle est dite mendax et ficta (355). De ce fait, si Nason cherche à persuader l’empereur au sujet des accusations portées contre ses modes élégiaques (Crede mihi 353), il construit plus encore une opposition méta-poétique entre son vécu (Vita uerecunda 354) et les sujets propres à ce genre « folâtre » (iocosa 354). Plus exactement, dans une sorte de gradatio de l’abstrait (carmine 353) vers le concret (liber 357), l’idée débouche sur l’image du livre du poète : une négation forte à l’attaque de l’hexamètre focalise cette distance voulue entre son ouvrage et sa vie (Nec liber indicium est animi 357). Il n’est pas jusqu’au terme uoluptas (357)9 associé à un charme de l’écriture qui ne rappelle moins l’exil du ‘je’ que les récits mythiques ovidiens : l’expression qu’emploie le poète pour indiquer le but de ses vers (mulcendis auribus 358) suggère les effets traditionnels du chant orphique, dont Ovide avait parlé dans les Métamorphoses (mea si uestras mulcebunt carmina mentes X, 301)10. Nason se sert de cet écho intratextuel pour convaincre le lecteur des Tristes quant à sa distinction, tout comme son élégie des Tristes II vise la clementia d’Auguste en tant que son destinataire primaire. Néanmoins, une inconsistance conceptuelle surgit tout au long des deux recueils, au point qu’elle brouille le sens du rapport vie – littérature. Elle engendre plutôt des questions, voire des soupçons quant au statut de la voix de l’exilé. L’incipit du livre IV des Tristes est exemplaire en la matière11 :

Tr. IV, 1, 1-4 :
Si qua meis fuerint, ut erunt, uitiosa libellis,
Excusata suo tempore, lector, habe !
Exul eram requiesque mihi, H non fama petita est,
Mens intenta suis ne foret usque malis.

Si quelques défauts – et il y en aura – ont déparé mes livres, que les circonstances, lecteur, soient auprès de toi leur excuse. Je suis exile et j’ai recherché non la gloire, mais un délassement, pour distraire mon esprit absorbé par des chagrins.

4Dans cette longue élégie (1-105) consacrée au rôle de l’écriture poétique, le ‘je’ démentit ses propres affirmations précédentes et s’adresse directement à son lecteur au sujet des imperfections (qua…uitiosa 1) de ses ouvrages12. Plus précisément, le poète oppose les idées d’un délassement et d’une recherche de renom (requiesque H non fama petita est 3) pour mieux montrer le lien entre les défauts de ses livres et son vécu. Si, au livre II, la négation contribuait à souligner, comme on l’a vu, la distance entre la littérature et la vie (357), elle permet ici, en revanche, de focaliser, après la césure hephthémimère de l’hexamètre (H), la véracité d’une écriture éloignée des enjeux propres à l’activité poétique et proche des malheurs ‘factuels’ de son auteur (suis…malis 4). Il n’est pas jusqu’au deuxième recueil de l’exil qui ne développe cette idée. Le poète y revient sur sa condition d’exilé tout en introduisant une réflexion sur la portée de ses Tristes à travers l’opposition entre sa vie avant et après Tomes :

Pont. III, 9, 35-42 :
Laeta fere laetus cecini, cano tristia tristis :
conueniens operi tempus utrumque suo est.
Quid nisi de uitio scribam
regionis amarae
utque
loco moriar commodiore precer ? 
Cum totiens
eadem dicam, uix audior ulli 
uerbaque profectu dissimulata carent.
Et tamen
haec eadem cum sint, non scripsimus isdem 
unaque per plures uox mea temptat opem.

Joyeux, j’ai d’ordinaire chanté la joie ; triste, je chante la tristesse : chacune des deux situations est en rapport avec son œuvre. Qu’écrire, sinon les misères de cette amère région, et que demander, sinon de mourir en un lieu plus agréable ? J’ai beau répéter mille fois les mêmes choses, à peine m’écoute-t-on, et mes paroles non entendues sont sans effet. Et pourtant, si le sujet est le même, je n’ai pas écrit aux mêmes personnes, et ma voix toujours identique cherche du secours auprès de plusieurs.

5Au cœur d’une structure chiastique amplifiée (Laeta fere laetus cecini, cano tristia tristis 35), Nason rend explicite le rapport entre ses écrits et ses circonstances personnelles, si bien que la construction verbale en miroir appuie l’idée d’un reflet entre la littérature et la condition du poète, comme le confirme l’emploi du verbe conueniens à l’attaque du deuxième pentamètre13. Des indices qui renvoient à la situation de l’exilé (regionis amarae 37 ; loco…commodiore 38) aboutissent à l’image d’une parole qui reste sans effet (uerbaque profectu…carent 40) dans le contexte d’une demande de secours (unaqueuox mea temptat opem 42).

6Or, si Nason renverse ici ses affirmations du deuxième poème des Tristes pour détacher la concordance entre ses livres et sa condition, il fait glisser en même temps des indices qui brouillent l’interprétation de cette concordance. Mieux encore, l’allusion à l’idée d’une pluralité de destinataires (non scripsimus isdem 41 ; per plures 42) et son contrepoint avec la singularité du sujet (eadem dicam 39) et de la voix du poète (unaque…uox mea 42) évoquent les enjeux propres aux pratiques littéraires d’Ovide.

7De fait, au cours de ses ouvrages précédant l’exil, il avait bien montré à ses lecteurs sa capacité de uariatio14 autour d’un même sujet, voire autour des tensions de l’identité et de l’altérité. Il suffit de rappeler à ce sujet la dynamique des Héroïdes ou les variations sur le thème de l’amour dans les autres ouvrages élégiaques. Quelques vers plus loin au même livre des Pontiques, le poète amplifie cette réflexion littéraire et méta-littéraire fondée sur le paradoxe du rapport entre l’écriture et la vie pendant l’exil :

Pont. III, 9, 47-52 :
Denique materiam quam quis sibi finxerit ipse, 
arbitrio uariat multa poeta suo. 
Musa mea est index nimium quoque uera malorum 
atque incorrupti pondera testis habet.

Enfin, dans un sujet tiré de sa propre imagination, le poète peut à son gré varier ses effets. Ma Muse n’est aussi que l’interprète trop véridique de mes malheurs ; elle a l’autorité d’un témoin incorruptible.

8L’idée de uariatio est apparentée à l’écriture fictionnelle (materiam quam quis sibi finxerit ipse / …uariat…poeta 47-48) en vue d’introduire la symétrie vie – poésie. Si dans Tristes II Nason affirmait que son livre n’était pas un indice de son âme (Nec liber indicium est animi 357), l’idée opposée lui permet ici de présenter le rapport direct entre la Muse et ses malheurs. Non seulement il reprend le même terme pour en renverser le sens (indicium Tr. II, 357 ; index Pont. III, 9, 49), mais il souligne le lien indissociable entre ses vers et son exil à travers le mot testis (50) qui clôt le passage des Pontiques. La référence à la liberté des poètes dans le choix de ses sujets rappelle spécialement les déclarations des Amours III, 12, où Ovide fait allusion à sa propre écriture élégiaque lorsqu’il regrette les effets de ses louanges à Corinne :

Am. III, 12, 41-44:
Exit in inmensum fecunda licentia uatum,
Obligat historica nec sua uerba fide.
Et mea debuerat falso laudata uideri
Femina ; credulitas nunc mihi uestra nocet.

L’imagination créatrice des poètes se déploie sans bornes et n’astreint pas ses productions à la fidélité de l’histoire. On aurait dû tenir pour inexactes aussi les louanges que je donnais à une femme. Vous êtes aujourd’hui crédules et c’est pour mon malheur.

9La reprise de ces déclarations dans le nouveau cadre de l’exil engendre des ambivalences qui relèvent des transformations dans l’univers poétique du ‘je’. Plus exactement, Ovide exilé revendique la credulitas (Am. III, 12, 44) dont il se plaignait à Rome. Il reste que sa condition aux marges du pouvoir et de ses propres pratiques littéraires approfondit ce paradoxe : le poète ne peut pas bénéficier de cette credulitas étant donné que la relegatio a changé aussi le rapport avec ses sujets et ses lecteurs15. Les transformations dépassent alors les effets d’un déplacement physique et géographique pour inclure des références à une modalité poétique autre.

L’exil, la métamorphose et les lecteurs

10Tout au long des Tristes et des Pontiques, le poète présente son exil comme une sorte de métamorphose concernant sa vie et sa voix aux extrêmes de l’Empire. Or, les transformations du ‘je’ évoquent l’univers du carmen perpetuum d’Ovide, comme si Nason devenait à Tomes l’un des personnages de son poème sur la transformation16 :

Tr. III, 8, 37-40 :
Cumque locum moresque hominum cultusque sonumque 
Cernimus, et, qui sim qui fuerimque, subit, 
Tantus amor necis est, querar ut cum Caesaris ira
Quod non ofensas uindicet ense suas

Et quand je vois le pays, les mœurs des habitants, leur coutume et leur langage, quand je songe à ce que je suis, à ce que je fus, j’éprouve un si vif désir de mourir que j’en veux à la colère de César de ne pas venger ses offenses par le glaive.

11Au sein d’une hyperbole renvoyant aux circonstances factuelles de l’exil (Tantus amor necis est, querar ut cum Caesaris ira 39), le poète inscrit son vécu dans une opposition temporelle (qui sim qui fuerimque 37)17. Le lexique ovidien du changement (subit 38)18 s’apparente aux mœurs, à la tenue et à la langue des habitants de ce nouveau cadre (moresque hominum cultusque sonumque 37). Comme nul ne l’ignore, ces aspects relèvent aussi d’une tension paradoxale au cours des Tristes et des Pontiques, où le poète hésite entre le refus de l’altérité et son assimilation au nouvel entourage19. L’exil entraîne, en effet, des ambigüités dans l’identité romaine du narrateur ainsi que de son appartenance à Tomes. Plus précisément, la complexité des rapports du ‘je’ avec les Gètes —concitoyens et étrangers à la fois— et avec son passé romain —familier, mais, désormais, lui-aussi étranger—20 brouille son identité linguistique et, par conséquent, le rapport avec ses lecteurs21 :

Tr. V, 7, 55-60 :
Ille ego Romanus uates -ignoscite, Musae !
Sarmatico cogor plurima more loqui.
Et pudet et fateor, iam desuetudine longa
Vix subeunt ipsi uerba Latina mihi.
Nec dubito quin sint et in hoc non pauca libello
Barbara : non hominis culpa, sed ista loci.

Moi-même, poète romain – pardonnez-moi, Muses ! – je suis très souvent contraint de parler sarmate. J’ai honte et je l’avoue, par l’effet d’une longue désuétude, j’ai désormais moi-même peine à trouver les mots latins. Je ne doute pas qu’il y ait même dans ce livre beaucoup d’expressions barbares : ce n’est pas la faute de l’homme, mais du lieu.

12À partir du bannissement, Nason est un romain et un étranger à Tomes face aux barbares qui habitent la région. Cependant, il se confond avec son milieu au point de devenir lui-même un barbare (in hoc non pauca libello / Barbara 59-60), si bien que dans sa voix se reflètent l’identité et l’altérité d’un entre-deux constant. Il n’est jusqu’au lecteur d’Ovide qui n’hésite face à cette mixité paradoxale. S’il est vrai qu’il retrouve les traces de l’univers coutumier du poète, il est obligé aussi de faire un bilan du fictionnel et du factuel dans chaque étape du récit des Tristes et des Pontiques. Mieux encore, ces hésitations permettent au poète exilé de modeler son propre lecteur dans son cadre tomitain : il s’agit de le guider vers ses pratiques d’autrefois pour les faire resignifier tout en assumant les nouvelles conditions d’écriture. Les paradoxes des deux recueils conduisent alors les destinataires externes de ces élégies vers une lecture capable de suivre le récit factuel du ‘je’ à travers des indices méta-poétiques qui en complexifient la portée.

13À vrai dire, l’exil pose un double défi : il s’agit pour Ovide d’atteindre son audience primaire en vue d’obtenir de l’aide quant à sa relegatio. Pour ce qui est de ses lecteurs, il s’agit de trouver une clé de lecture qui surimpose à l’univers ovidien bien connu les enjeux, voire les pièges du récit de soi.

14Au bout du compte, le poète a bien réussi sa tâche par-delà son impossibilité de retour à Rome. Comme il nous le rappelle dans ses Pontiques, « les grands poètes n’ont pas besoin d’un lecteur indulgent : ils captivent les plus rebelles et les plus difficiles » (Pont. III, 4, 9-11 Non opus est magnis placido lectore poetis : / Quemlibet inuitum difficilemque tenent).

Notes de bas de page numériques

1 Quant aux causes de l’exil d’Ovide, voir notamment W. H. Alexander, « The Culpa of Ovid », CJ 53, 1958, pp. 319-325; J. Carcopino, « L’exil d’Ovide », dans Rencontres de l’histoire et de la littérature romaines, Paris, 1963, pp. 115-129; J. C. Thibault, The Mistery of Ovid’s Exile, Berkeley - Los Angeles, 1964; G. P. Goold, « The Cause of Ovid’s Exile », IllCSt 8, 1983, pp. 84-107; F. Della Corte, « Il reato segreto di Ovidio », C&S 29, 1990, pp. 48-53; J.-M. Claassen, Ovid Revisited: The Poet in Exile, London, 2008; K. Volk, Ovid, Oxford, 2010, pp. 122-127; A. Alvar Ezquerra, « Ovid in Exile: Fact or Fiction? », Annals of Ovidius University Constanta – Philology 21, 2010, pp. 107-26; J. Ingleheart, Two Thousand Years of Solitude: Exile After Ovid. Oxford, 2011 ; E. Bérchez Castaño, El destierro de Ovidio en Tomis : realidad y ficción, Valencia, 2015 ; L. Fulkerson, Ovid : A Poet on the Margins, London, 2016.

2 Cf. E. Tola, La métamorphose poétique chez Ovide : Tristes et Pontiques. Le poème inépuisable, Paris- Louvain-Dudley, Ma., Peteers, 2004.

3 Cf. T. Habinek, Politics of Latin Literature, Writing, Identity, and Empire in Ancient Rome, Princeton, Princeton University Press, 1998.

4 Cf. B. R. Fredericks, « Tristia 4. 10 : Poet’s Autobiography and Poetic Autobiography », TAPhA, 106, 1976, pp. 139-154 ; S. Casali, « Ovidio su sè stesso : autobiografia e carriera poetica in Tristia IV, 10 e altrove », Aevum(ant) 16, 2016, pp. 35-70.

5 Cf. E. Forbis, « Voice and Voicelessness in Ovid’s Exile Poetry », dans C. Deroux (éd.), Studies in Latin Literature and Roman History 8, Brussels, 1997, pp. 245-267; B. Stevens, « Per gestum res est significanda mihi: Ovid and Language in Exile », CPhil 104, 2009, pp. 162-183; B. Natoli, Silenced Voices: The Poetics of Speech in Ovid, University of Wisconsin Press, 2017.

6 Voir Tr. II, 345 (haec tibi me inuisum lasciuas fecit ob Artes / quas ratus es uetitos sollicitare toros).

7 Sur le même sujet, cf. Tr. I, 9, 59-60 ; III, 2, 5-6 ; Pont. II, 7, 47-50 ; IV, 8, 19-20.

8 Pour les textes latins et les traductions des Tristes et des Pontiques, nous suivons les éditions de la CUF, sauf indication contraire : traduction Jacques André. Nous soulignons.

9 Les manuscrits offrent des variantes pour les vers 357-358 du deuxième livre des Tristes. À ce sujet, cf. H. B. Hall, Ovidius. Tristia, Stuttgart, Teubner, 1995.

10 Cf. Ov. Mét. X, 300-303. Sur ce personnage mythique dans les Tristes, voir Tr. IV, 1, 7-18. Quant à son importance méta-poétique dans les recueils ovidiens de l’exil, cf. E. Tola, La métamorphose poétique chez Ovide : Tristes et Pontiques. Le poème inépuisable, Paris - Louvain - Dudley, Ma., Peteers, 2004, pp. 305-332.

11 Cf. S. Hinds, The Metamorphosis of Persephone. Ovid and the Self-Conscious Muse, Cambridge, Cambridge University Press, 1987, p. 25, au sujet de la rhétorique ovidienne de l’ambigüité. J.-M. Claassen, « Ovid’s Poems from Exile. The Creation of a Myth and the Triumph of Poetry », Antike und Abendland 34, 1988, p. 161, souligne l’opposition entre les poèmes ovidiens de l’exil et les représentations factuelles.

12 En ce qui concerne ce topique de l’exil ovidien, cf. l’étude classique de G. Williams, Banished Voices. Readings in Ovid’s Exile Poetry, Cambridge Classical Studies, 1994.

13 Même idée dans Tr. V, 1, 3-10.

14 Quant à l’efficacité rhétorique de cette technique, cf. Cic. De or. II, 41, 177 ; III, 60, 225 ; III, 26, 102.

15 Cf. E. Block, « Poetics in Exile : An Analysis of “Epistulae ex Ponto” 3.9 », CAnt 1, 1982, p. 26 : « The poet attempting to express his own emotions has not learned how to handle the new relationship between himself and his poetic persona, and he misses the essential interplay between persona and audience ».

16 Le poète annonce cette idée programmatique dans sa première élégie des Tristes (I, 1, 117-122).

17 Quant à la construction singulière du temps dans les Tristes, cf. E. Tola, « Chronological Segmentation in Ovid’s Tristia : the Implicit Narrative of Elegy », dans P. Salzman Mitchell & G. Liveley (éd.), Latin Elegy and Narratology. Fragments of Story, Ohio, Ohio University Press-Columbus, pp. 51-67.

18 Cf. W. S. Anderson, « Multiple Change in the Métamorphoses », TAPhA 84, 1963, pp. 2-3. Voir aussi Tr. IV, 1, 99-102 (Cum uice mutata qui sim fuerimque recordor / Et tulerit quo me casus et unde subit / Saepe manus demens, studiis irata sibique, / Misit in arsuros carmina nostra rogos).

19 Voir Pont. IV, 13, 18 (carmina quae faciam paene poeta Getes) ; IV, 13, 21-22 (coepique poetae / inter inhumanos nomen habere Getas).

20 E. Tola, « Les métamorphoses de l’identité culturelle dans les Tristes et les Pontiques d’Ovide », Vita Latina 181, 2009, p. 3.

21 À plusieurs reprises, Nason se plaint de l’absence de récepteurs à Tomes. Cf. Tr. III, 14, 39 sq. ; IV, 1, 89 sq. ; V, 12, 53 sq. ; Pont. III, 9, 39 (non audior ulli).

Bibliographie

Alexander William, « The Culpa of Ovid », CJ 53, 1958, pp. 319-325.

Alvar Ezquerra Alfredo, « Ovid in Exile: Fact or Fiction? », Analele Stiintifice ale Universitatii Ovidius. Constanta. Seria Filologie 21, 2010, pp. 107-126.

Anderson William, « Multiple Change in the Metamorphoses », TAPhA 84, 1963, pp. 1-27.

André Jacques, Ovide. Tristes, Paris, Les Belles Lettres, 1987.

André Jacques, Ovide. Pontiques, Paris, Les Belles Lettres, 1977.

Bérchez Castaño Esteban, El destierro de Ovidio en Tomis : realidad y ficción, Valencia, 2015.

Block Elizabeth, « Poetics in Exile: An Analysis of “Epistulae ex Ponto” 3.9 », CAnt 1, 1982, pp. 18-27.

Carcopino Jerôme, « L’exil d’Ovide », dans Rencontres de l’histoire et de la littérature romaines, Paris, 1963, pp. 115-129.

Casali Sergio, « Ovidio su sè stesso : autobiografia e carriera poetica in Tristia IV, 10 e altrove », Aevum(ant) 16, 2016, pp. 35-70.

Claassen Jo-Marie, « Ovid’s Poems from Exile. The Creation of a Myth and the Triumph of Poetry », Antike und Abendland 34, 1988, pp. 158-169.

Claassen Jo-Marie, Ovid Revisited. The Poet in Exile, Duckworth, 2008.

Della Corte Francesco, « Il reato segreto di Ovidio », C&S 29, 1990, pp. 48-53.

Forbis Elizabeth, « Voice and Voicelessness in Ovid’s Exile Poetry », dans C. Deroux (éd.), Studies in Latin Literature and Roman History 8, Brussels, 1997, pp. 245-267.

Fredericks Betty Rose, « Tristia 4. 10: Poet’s Autobiography and Poetic Autobiography », TAPhA, 106, 1976, pp. 139-154.

Fulkerson Laurel, Ovid: A Poet on the Margins, London, 2016.

Goold George Patrick, « The Cause of Ovid’s Exile », IllCSt 8, 1983, pp. 84-107.

Habinek Thomas, Politics of Latin Literature, Writing, Identity, and Empire in Ancient Rome, Princeton, Princeton University Press, 1998.

Hall John Barrie, Ovidius. Tristia, Stuttgart, Teubner, 1995.

Hinds Stephen, The Metamorphosis of Persephone. Ovid and the Self-Conscious Muse, Cambridge, Cambridge University Press, 1987.

Ingleheart Jennifer, Two Thousand Years of Solitude: Exile After Ovid, Oxford, 2011.

Natoli Bartolo, Silenced Voices : The Poetics of Speech in Ovid, University of Wisconsin Press, 2017.

Stevens Benjamin, « Per gestum res est significanda mihi: Ovid and Language in Exile », CPhil 104, 2009, pp. 162-183.

Thibault John, The Mistery of Ovid’s Exile, Berkeley-Los Angeles, 1964.

Tola Eleonora, La métamorphose poétique chez Ovide : Tristes et Pontiques. Le poème inépuisable, Paris - Louvain - Dudley, Ma., Peteers, 2004.

Tola Eleonora, « Chronological Segmentation in Ovid’s Tristia: the Implicit Narrative of Elegy », dans P. Salzman Mitchell - G. Liveley (éd.), Latin Elegy and Narratology. Fragments of Story, Ohio, Ohio University Press - Columbus, pp. 51-67.

Tola Eleonora, « Les métamorphoses de l’identité culturelle dans les Tristes et les Pontiques d’Ovide », Vita Latina 181, 2009, pp. 2-9.

Volk Katarina, Ovid, Oxford, 2010.

Williams Gareth, Banished Voices. Readings in Ovid’s Exile Poetry, Cambridge Classical Studies, 1994.

Pour citer cet article

Eleonora Tola, « Nason exilé ou des élégies en quête de lecteurs », paru dans Loxias-Colloques, 13. Lettres d'exil. Autour des Tristes et des Pontiques d’Ovide, Enjeux poétiques et politiques des Tristes et des Pontiques, Nason exilé ou des élégies en quête de lecteurs, mis en ligne le 03 juillet 2019, URL : http://revel.unice.fr/symposia/actel/index.html?id=1234.


Auteurs

Eleonora Tola

Docteur en Études Latines de l’Université de Paris-Sorbonne (2000), Eleonora Tola est depuis 2002 chercheuse au Conseil National de la Recherche Scientifique (Conicet) d’Argentine et, depuis 2013, professeur de latin à l’Universidad Nacional de Córdoba (Unc) du même pays. Membre associée du Celis (Clermont-Ferrand), elle dirige en Argentine une équipe de recherche concernant la poétique et la rhétorique à Rome, ainsi que des thèses auprès de son Université. Elle est l’auteur de trois livres (deux sur Ovide ; le troisième sur Sénèque) et de nombreux articles scientifiques publiés dans des revues internationales et des volumes collectifs à comité de lecture. Ses domaines de recherche portent notamment sur des aspects sociopoétiques de la littérature latine augustéenne, néronienne et flavienne.