Tolérance dans Loxias-Colloques


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Loxias-Colloques | 18. Tolérance(s) II : Comment définir la tolérance?

Intolérance côté scène, tolérance côté rue : le regard de Gil Vicente sur les Juifs

Rares sont les personnages des autos1 de Gil Vicente (1465-15372) qui ne se trouvent pas sous les feux de sa satire. Une des figures qui n’est pas épargnée sur scène, victime de nombreuses railleries et calomnies, est celle du Juif. Catholique fervent, les pièces de l’auteur sont un reflet des idées de la cour et de leurs perceptions de l’autre. La critique du Juif ne possède pas de limites comme le témoigne le Juif de la Barca do Inferno. En comparaison avec les autres auteurs de son époque, Gil Vicente se montre moins virulent. Il offre, en effet, un tout autre visage en ce qui concerne les juifs établis au Portugal et partie intégrante de la société, comme le démontre la carte de Santarém. À première vue paradoxale dans ce qui pourrait être perçu comme un double-discours, à savoir celui de la scène et celui de la vie, la vision de Gil Vicente porte sur la tolérance et l’acceptation de l’autre dans un contexte politique et religieux épineux, lié à la religion et à la pensée de son époque. Few of Gil Vicente’s characters are not in the spotlight of his satire. One figure is not spared on stage and is the victim of numerous railings and slanders: the Jew. Coming from a fervent Catholic, the author’s plays reflect the ideas of the court and their perceptions of the other. The criticism of the Jew has no limits, as shown in the auto Barca do Inferno. In comparison with the other Portuguese authors, Gil Vicente is less virulent. As revealed in the card of Santarém, he shows, even more so, a completely different way of writing about the Jews established in Portugal. At first sight paradoxical in what could be perceived as a double discourse, the one of the theater scene and the one of the general life, Gil Vicente’s vision is mostly about tolerance and acceptance of the other, while limited to the religion and thoughts of its time during a thorny political and religious context.

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Loxias-Colloques | 20. Tolérance(s) III - concepts, langages, histoire et pratiques
Tolerance(s) - concepts, language, history and practices

Can law ensure tolerance? How French labour law deals with tolerance

La relation de travail, lieu de confrontation de la règle de droit et de la tolérance de chacun, prise comme objet d’étude, permet de mettre le droit du travail français à l’épreuve du concept de tolérance afin d’apporter un éclairage sur la relation complexe entretenue entre droit et tolérance. L’absence de juridicité du concept de tolérance conduit à relever que son appréhension par le droit s’opère par l’interdiction de comportements relevant de l’intolérance. L’exclusion de comportements intolérants en droit du travail se traduit, d’une part, par la prohibition de la discrimination, d’autre part, par la protection de la liberté d’expression au sein et hors de l’entreprise. Les principes, règles et mécanismes relatifs à la tolérance en droit du travail français ont pour objectif de prévenir l’intolérance dans la relation de travail. Chercher à identifier des actions de mise en œuvre positive du concept de tolérance, telles que les accommodements raisonnables, revient à dépasser le concept, à aller au-delà de la tolérance, vers d’autres fondements tels que l’égalité. Being the locus where the rule of law challenges, and is challenged by, our own tolerance, the workplace has been chosen to base my analysis on. In this article, I try to unravel the complex interplay between tolerance and law by studying how French labour law deals with the concept of tolerance. The article’s core arguments begin with the finding that it is the practice of tolerance which can be regulated in some fashion, but not tolerance as such, with no juridical status. Hence the exclusion of undesirable behaviour appears as the true cornerstone of tolerance and encompasses both the prohibition of discrimination and the protection of freedom of expression, as a stand-alone right, in the workplace. The provisions, instruments and mechanisms related to tolerance found in French labour law amount to preventing intolerance in the workplace. A positive action towards tolerance, “reasonable accommodations” for instance, would be far beyond the scope of tolerance, towards other grounds such as equality.

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Genèses simulées et dissimulées de la tolérance « moderne » : le problème d’un transfert conceptuel

Il s’est agi de se pencher tout d’abord sur une gravure représentant Tolerantia sous l’aspect d’une figure Herculéenne avançant en ignorant les troubles du monde d’ici-bas en s’éclairant de la lumière d’une torche, une lumière symbolique du Logos qui, intériorisé secrètement par le chrétien, lui permet de se maintenir dans une foi invisible et confiante dans l’amour divin malgré toutes les menaces qui peuvent surgir. Tolérance et dissimulation seraient synonymes dans une tension d’adhésion à l’amour divin. Et ensuite, il a été observé que la royauté française, à partir de 1560-1562, confrontée aux antagonismes religieux et à leurs pulsions conflictuelles, s’approprie le langage et le code de cette Tolerantia lors de la promulgation des édits visant à contrer le cours des tensions paroxystiques opposant catholiques zélés et fidèles de l’Évangile. Ce serait le roi qui dissimulerait en lui le secret d’une politique tentant de rejoindre la volonté divine dans la pratique cachée d’une dissimulation ou une simulation qui serait aussi synonyme d’un amour voulu par Dieu. We start by a close examination of an engraving representing Tolerantia under the aspect of a Herculean figure advancing while ignoring the troubles of the world here below by lighting up the light of a torch, a symbolic light of the Logos which, secretly interiorized by the Christian, allows him to maintain himself in an invisible and confident faith in divine love despite all the threats that may arise. Tolerance and dissimulation appear as synonyms in a movement of adherence to divine love. We then observe that French royalty, from 1560-1562, faced with religious antagonisms and their conflicting impulses, appropriated the language and the code of this Tolerantia during the promulgation of edicts aimed at countering the paroxysmal tensions between zealous Catholics and the faithful to the Gospel. It would be the king who would conceal within himself the secret of a policy attempting to join the divine will in the hidden practice of a dissimulation or a simulation which would also be synonymous with a love willed by God.

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