Loxias-Colloques |  14. Tolérance(s) I : Regards croisés sur la tolérance 

Thi Phuong Thu LE  : 

Comparaison de la tolérance chrétienne française et confucianiste vietnamienne

Résumé

Cet article montre, tant au point de vue de l’étymologie que de la morphologie et de la sémantique, des différences ainsi que des ressemblances entre l’utilisation du terme tolérance en France (ou en Europe) et au Vietnam (ou en Asie). L’étude examine, par l’analyse de discours, la tolérance dans un roman français avec sa version adaptée en vietnamien pour bien comparer la tolérance entre ces deux cultures très différentes.

Abstract

This article shows, from etymological, morphological, and semantic aspects, the differences and similarities between the meaning of the term tolerance in France (or in Europe) and in Vietnam (or in Asia). Specifically, it examines how this term is used in a French novel in comparison with its adapted version in Vietnamese. Using discourse analysis, this study is expected to thoroughly compare the usage of the targeted term in those two distinct cultures.

Index

Mots-clés : christianisme , confucianisme, discours, étymologie, morphologie, sémantique, tolérance

Géographique : France , Vietnam

Chronologique : XIXe , XVIIIe, XXe

Plan

Texte intégral

Introduction

La tolérance, ainsi que ses principes, est un sujet vaste et difficile. En Europe, la question a maintes fois été traitée, notamment, pour la période de la Renaissance, par Guy Saupin1 ou Thierry Wanegffelen2, du point de vue de l’Histoire. Ils dépeignent une époque troublée, où l’apparition d’une deuxième religion forme de nouveaux besoins dans la société occidentale, dont notamment le fait de coexister avec un ennemi apparemment irréconciliable. Au niveau philosophique, la question est également traitée avec beaucoup de verve par les contemporains du XVIe et XVIIe siècle, notamment John Locke3 et Voltaire4 : cet intérêt, bien entendu, trouve ses origines dans la lutte acharnée qui a pu se livrer entre la nouvelle religion et l’ancienne. Toute cette effervescence intellectuelle amène les Occidentaux à devoir réfléchir sur le sens qu’apporte ce terme, un terme relativement nouveau, à l’échelle de la linguistique ; le terme de tolérance, tel que nous le connaissons actuellement, a pris son origine dans le latin tolerare (d’où tolerantia, attesté dans la langue classique5), et serait passé dans la langue française au XIVe siècle.

Cette première apparition en latin a connu depuis de grandes différences de sens et d’interprétations : en latin, il évoque l’idée de devoir endurer une situation inhabituelle ; tout en sachant qu’à l’époque de l’Empire romain, empire militaire, le terme était souvent utilisé dans le domaine militaire. S’il est vrai que l’endurance était une nécessité pour les armées, Alain Rey explique dans le dictionnaire Robert, que tolerantia se fonde également sur le sens d’un exploit physique. Le sens de la tolérance au fil des siècles est devenu celui d’une vertu, par la nécessité de voir coexister deux mondes antagonistes pour le bien d’une société. C’est cette nécessité qu’il est bon d’observer pour comprendre comment une société dans son ensemble a pu s’approprier un terme pour en faire un qui lui correspond.

Ce qui nous intéresse ici est de comprendre ces changements du terme en Occident, en opérant une comparaison d’un terme équivalent, Khoan Dung6 (la tolérance en vietnamien), du Vietnam, et plus globalement, d’une Asie sinophile. Pourquoi alors utiliser Khoan Dung, en comparaison avec la tolérance exprimée en français ? Khoan Dung [kwn zung], du vietnamien, est grandement inspiré d’un terme chinois 寬容 [kwan rung], dont l’inspiration vient du confucianisme chinois ; nous voyons d’ailleurs que la prononciation est très proche. La première apparition attestée du terme chinois de la tolérance est aperçue chez Confucius, au IVe siècle av. J-C, mais il faut se garder d’y voir une précocité du principe de la tolérance exprimée chez les Asiatiques par rapport à l’Occident, car nous sommes tributaires des sources conservées. Toutefois, nous pouvons faire un parallèle entre la langue chinoise très ancienne ayant inspiré le terme de la tolérance à une langue vietnamienne modernisée par l’apparition de l’alphabet latin et d’autre part le terme latin de la tolérance, ayant inspiré le vocable français.

C’est ce parallélisme historique qui nous intéresse de notre point de vue de linguiste car s’il existe une concordance entre les deux phénomènes, au point d’une influence ancienne d’un terme, pour en faire une autre plus moderne, le parallèle s’arrête ici : car si du latin au français le terme a peu changé de forme mais légèrement de sens, du chinois au vietnamien, seule la forme change, le sens en est conservé. Et c’est justement cette différence qui nous incite à comparer la tolérance chrétienne française et la tolérance confucianiste vietnamienne. D’autant plus que le Vietnam est un pays qui par son histoire a été autant influencé par la culture asiatique que par la culture occidentale, jusqu’à une modification profonde de son écriture alphabétique imposée par des missionnaires venus d’Europe à l’époque moderne.

Ainsi, notre questionnement au sein de cette étude sera d’observer, du point de vue linguistique mais également culturel, des similitudes ou au contraire des différences entre la tolérance exprimée en français et en vietnamien, et d’essayer de comprendre le pourquoi de ces différences.

Brève présentation de la langue vietnamienne

Le vietnamien est une langue qui appartient à la famille des langues austro-asiatiques. On n’a pas trouvé de preuve de l’écriture du vietnamien avant l’invasion par la Chine en 179 av. J-C. Toutefois, le vietnamien parlé s’est développé avant cette période. Pendant cette période, les habitants parlaient le chinois mais également le nom (une écriture vietnamienne à partir des sinogrammes chinoises). Ensuite, vers le XVIe siècle, des missionnaires, venus des pays européens, comme la France, le Portugal et les Pays-Bas, sont arrivés au Vietnam. Pour pouvoir communiquer avec les Vietnamiens, ces missionnaires ont alors transcrit les phonèmes vietnamiens par des voyelles et des consonnes latines. La personne en partie à l’origine de ce changement est le missionnaire Alexandre de Rhodes, responsable du dictionnaire Annamiticum Lusitinum et Latinum (en 1651) avec plus de six cents pages, qui est à la base du système de la nouvelle langue vietnamienne (le quoc ngu) avec alphabet latin. Selon Le Thanh Khoi, à l’époque de la colonisation, les Français ont imposé l’utilisation du quoc ngu et le français pour des documents officiels. Après la colonisation française, le quoc ngu est choisi comme langue officielle du Vietnam.

Les termes ‘tolérance’ et ‘khoan dung

Étymologie

Le terme khoan dung ne change pas beaucoup par rapport au terme d’origine du point de vue phonétique, ainsi que sémantique, ce qui change est son écriture. En effet, le terme khoan dung possédait la forme de l’écriture idéogramme chinoise à partir de l’invasion de la Chine au Ier siècle av. J-C. Par la suite, la colonisation française a imposé l’utilisation officielle du quoc ngu, alors nous voyons apparaitre le terme khoan-dung au XXe siècle avec l’alphabet latin. Comme khoan dung est un mot composé, à l’époque où étaient adoptés ce nouvel alphabet ainsi que la grammaire française, un tiret est apparu entre les deux mots. À partir du XXIe siècle, on a enlevé le tiret entre les mots composés. Phonétiquement, khoan dung est devenu plus ouvert et léger par rapport à son origine chinoise. Khoan est prononcé avec la même consonne qu’à son origine, mais les voyelles sont composées de (w) et (n) au lieu de (u) et (en) ; Dung est prononcé avec une consonne (z) au lieu de (r). Le terme tolérance en français change beaucoup selon le contexte historique. Le terme emprunté au latin tolerantia est attesté au XIVe siècle, tolérance signifiant « action de tolérer, d’admettre quelque chose qu’on n’approuve pas ou qui est défendu, mais que l’on renonce par indulgence à interdire, à empêcher7 » (TLFI). Ensuite, vers le XVIe-XVIIe siècle, le terme est utilisé selon un contexte religieux, avec l’édit de tolérance, édit de Nantes. Puis, au moment des Lumières, la tolérance est utilisée dans un contexte plus politique et philosophique, même si elle conserve toujours sa portée religieuse, ce que nous pouvons observer chez Jean-Jacques Rousseau8 ou Voltaire qui y voit le « respect de la liberté d’autrui en ce qui concerne ses opinions politiques, philosophiques9 ». Par la suite, au XIXe siècle, la tolérance est utilisée dans le milieu juridique, dans la loi. Au XXe siècle, le mot tolérance est repris par le milieu des sociologues, dont le sens est dérivé de la médecine « aptitude d’un individu à supporter la modification de son milieu ». Ces utilisations, nous ne les observons pas en vietnamien. Par exemple, les Vietnamiens n’utilisent pas le terme pour l’associer à des machines ou à des objets inanimés.

Morphologie du terme ‘tolérance’ et ‘khoan dung

Pour voir la différence morphologique des deux termes, nous nous sommes majoritairement servie du Dictionnaire latin-français de François Gaffiot10, édité en 1934, qui donne non seulement les définitions des termes qui nous intéressent, mais explique également qui sont les auteurs latins qui les utilisent et dans quel contexte. Ce qui nous permet de comprendre la mentalité de l’époque et de réfléchir par rapport à un contexte historique, bien entendu, différent du nôtre. Alain Rey11, linguiste qui coordonne le dictionnaire Robert, explique que le concept de la tolérance chez les Latins ne se trouve pas dans le choix de supporter une idée contraire à la sienne, mais qu’elle se fonde sur un exploit physique12.

Par ailleurs, le terme la tolérance est un nom féminin, qui est construit par le radical tolérer et le suffixe -ance pour dire « la qualité de ce qui est tolérant13 ». Les suffixes -ance/-ence trouvant leur origine dans le latin -antia dérivé du participe présent des verbes latins, sont adaptés au français dans la période des XIe et XIIe siècle. Un nom ayant le suffixe -ance/-ence pourra être à la fois un nom abstrait d’action ou un nom abstrait de qualité suivant qu’il a la signification verbale ou la signification adjectivale de base. Ainsi, la tolérance est à la fois le caractère de celui qui est tolérant et le fait de tolérer. On a également un autre nom tolérantisme, deux adjectifs : tolérant(e), tolérable, et le verbe du premier groupe tolérer. En comparaison avec Khoan dung, lors du passage du chinois au vietnamien, le mot ne change pas beaucoup. Comme c’est un mot composé, chaque partie a sa signification individuelle, qui peut se composer avec un autre mot pour former des mots nouveaux, on peut avoir une grande liste de mots à décliner. Par exemple, avec khoan on peut avoir des mots composés comme khoan hong, khoan thu, khoan nhuong, khoan hoa, khoan dai, etc ; avec dung et bao dung, dung luong, dung thu, dung tha14, etc. En particulier, khoan dung peut être un nom, un adjectif et un verbe. Quand on veut l’utiliser comme un nom, on ajoute un mot de classement devant comme long khoan dung (l’esprit de la tolérance), su khoan dung (la tolérance). On peut ajouter un adverbe devant ou derrière pour l’utiliser comme adjectif comme rat khoan dung, khoan dung lam (très tolérant). On peut ajouter des adverbes derrière, ou des expressions impératives pour l’utilisation du verbe, comme khoan dung nhieu, hay khoan dung, khoan dung gium, khoan dung giup (tolérez, je vous supplie de tolérer). Parfois, on ne peut pas distinguer l’utilisation de l’adjectif et du verbe parce que l’adjectif joue de temps en temps le rôle de verbe : anh ay rat khoan dung voi moi nguoi (il est tolérant avec les gens/ il tolère bien les gens).

Sémantique du terme tolérance et khoan dung

Pour travailler sur la sémantique des deux termes, nous avons consulté des dictionnaires en français et en vietnamien. Nous avons observé que la tolérance en français a plusieurs sens plus ou moins différents tandis que khoan dung en vietnamien veut globalement toujours dire la même chose.

Dans le Dictionnaire érudit de la langue française, la tolérance est l’« action d’admettre ; acceptation ». Par ailleurs, dans le dictionnaire le Grand Robert de la langue française, elle est définie comme une « attitude qui consiste à admettre chez autrui une manière de penser ou d’agir différente de celle que l’on adopte soi-même ». La tolérance dans ce cas est comme la compréhension et l’indulgence. Le dictionnaire a donné une autre définition de la tolérance théologique, ecclésiastique, religieuse, « indulgence à l’égard de l’opinion d’autrui sur les points de dogme que l’Église ne considère pas comme essentiels ». La tolérance est utilisée dans la médecine et physique avec la définition d’une aptitude de l’organisme à supporter les symptômes de l’action d’un médicament, d’un agent chimique ou physique déterminé.

Dans le dictionnaire venant de Saigon, des années cinquante du XXe siècle, Viet-Nam tu-dien de Hoi Khai tri Tien Duc, la définition est très simple « khoan-dung Rong-rai bao-dung <> Nen khoan-dung cho ke co toi da biet hoi cai. » (il faut tolérer les gens qui regrettent leurs fautes).

Des dictionnaires des années suivantes, de 1967 à 1970, ont un peu changé la définition du terme. Le Tu dien Tieng Viet, par Van Tan, « khoan dung Rong long tha thu <> Khoan dung cho ke biet hoi cai », et il l’a défini comme pardonner dans le même contexte que l’autre dictionnaire, c’est-à-dire pardonner ou tolérer les gens qui regrettent leurs fautes. Dans les dictionnaires à partir de 1999, Khoan dung est défini de façon plus ou moins détaillée selon les auteurs et les époques. En effet, dans le Tu dien Han Viet tu nguyen, un dictionnaire chinois-vietnamien, l’auteur Buu Ke donne la définition du terme Khoan dung en même temps que le terme bao dung, il définit séparément chaque morphème de ces termes. Selon lui, khoan signifie la largeur d’esprit, de l’âme, bao veut dire couvrir, protéger quelque chose, dung exprime pardonner. Pour lui, bao dung est « être indulgent, généreux et pardonner aux autres », khoan dung veut dire « couvrir, protéger, aider les autres ». D’ailleurs, la seule traduction de ces deux termes en français est le seul terme la tolérance.

Selon le dictionnaire vietnamien Tu dien tieng Viet du linguiste Hoang Phe, édité en 2000, khoan dung est un verbe qui veut dire « être bienveillant et pardonner aux gens qui ont commis des erreurs ». À côté, il a défini le terme du synonyme de Khoan dung : bao dung qui désigne quelqu’un ayant une ouverture d’esprit avec tout le monde « do luong, rong luong voi moi nguoi ». Dans le dictionnaire chinois-vietnamien (2003) de Phan Van Cac, khoan dung est un verbe qui exprime le fait d’être généreux et bienveillant pour pardonner aux autres « khoan dung cho ke biet hoi loi » (tolérer les gens qui regrettent leurs fautes). L’Encyclopédie vietnamienne donne la définition du mot et explique le mot dans le contexte de l’histoire européenne et mondiale. On a défini khoan dung comme « thai do ung xu rong luong, day long nhan ai cua nguoi tren doi voi ke duoi quyen, cua ong ba, cha me doi voi con chau » (un comportement indulgent des hommes supérieurs envers les hommes inférieurs, des grands-parents, des parents par rapport aux enfants, aux jeunes, etc.).

Nous trouvons que contrairement à la sémantique française, les Vietnamiens respectent toujours le signifiant d’origine du terme chinois de la tolérance, en ajoutant des variations selon les auteurs des différentes époques, des détails concernant des personnes qui font ou qui reçoivent l’acte de la tolérance ; c’est-à-dire que Khoan dung est le fait d’être bienveillant, de pardonner et de protéger les autres. Alors que pour la tolérance en français, nous pouvons observer des différences vraiment flagrantes de significations.

Le point commun c’est que généralement, les deux termes veulent parler du comportement dans des relations sociales. Les synonymes de deux termes sont la plupart ressemblants. D’ailleurs, nous avons fait un tableau pour montrer que le nombre des synonymes de la tolérance en français s’élève à une dizaine15, parmi lesquels six mots synonymes ont la même signification que des synonymes de khoan dung en vietnamien ; et il n’y a que trois mots ayant un sens très différent des mots vietnamiens.

Tolérance

Khoan dung

Différences

acceptation,

permission,

ouverture d’esprit

Tha thu (pardonner)

On hoa (harmonie)

Nhan hau (humaniste)

Rong luong (généreux)

Similitudes

mansuétude (khoan hoa, nhon duc, hien tu)

bienveillance (khoan nhan, nhow nghia, long nhon, thanh tinh, luong thien)

indulgence (khoan hong, nhon tu, bao dung, khoan dung, dung)

patience (nhan nhin, hien duc)

bonté (do luong, nhon, thien, phuoc, lam phuoc, tu bi, quang dai, tu thien, thi an, bo duc)

compréhension (thau hieu, thuong, thong cam, giup do, tha an)

Tableau des synonymes de tolérance et khoan dung

La tolérance chrétienne française et confucianiste vietnamienne

Pour bien démontrer la tolérance des cultures différentes, nous allons prendre une anecdote de Voltaire dans son livre Traité sur la tolérance. Par ailleurs, il n’est pas question dans cette étude de savoir si Voltaire partageait ces idées ou pas, ou s’il en faisait une qualité ou non, mais plutôt d’observer qu’il a apparemment su comprendre les différences entre les deux aspects de la tolérance, entre la culture asiatique et la culture occidentale.

Une anecdote de Voltaire

Selon une histoire – dont on ne sait pas si elle a été inventée par Voltaire –, un aumônier du Danemark, un chapelain de Batavia, donc de Hollande, et un jésuite, s’invectivaient dans une maison. Les trois religieux sont invités par le mandarin à expliquer pourquoi ils se cherchent querelle, et à comprendre que la moindre des politesses est de permettre à l’autre de parler sans forcément s’invectiver. Le jésuite lui répond que son problème, c’est que les deux autres religieux ne croient pas au Concile de Trente. On comprend donc qu’aucun des trois, qui sont pourtant chrétiens, ne sont d’accord avec les idées de l’autre et la façon d’adopter la religion chrétienne, de la vivre et de la promouvoir. Alors le mandarin répond :

Je ne vous conçois pas, dit le mandarin ; n’êtes-vous pas tous trois chrétiens ? Ne venez-vous pas tous trois enseigneurs le christianisme dans notre empire ? Et ne devez-vous pas par conséquent avoir les mêmes dogmes ?16

Alors le mandarin demande à ceux qui lui expliquent leurs différences de point de vue. Le jésuite fait un long discours, le Danois et le Hollandais réagissent en montrant leur désaccord, le mandarin ne comprend rien. Le Danois et le Hollandais, chacun son tour, font la même chose, et à la fin ils finissent par tous s’insulter devant le mandarin. Le mandarin, excédé par tant de violences verbales, finit par leur dire : « Si vous voulez qu’on tolère ici votre doctrine, commencez par n’être ni intolérants ni intolérables17. » Lorsque le jésuite est sorti de l’entrevue, il rencontre un missionnaire jacobin, et le jésuite lui dit, en mentant, qu’il était parvenu à convaincre tout le monde. Et le jacobin lui répondit que s’il avait été là, il aurait dit devant tout le monde que le jésuite croyait des choses fausses. Ils finissent par se battre en pleine rue, se font enfermer en prison. Un sous-mandarin demanda alors au mandarin qui les avaient fait enfermer :

Combien de temps votre Excellence veut-elle qu’ils soient aux arrêts ?
– Jusqu’à ce qu’ils soient d’accord, dit le Mandarin.
– Ah, dit le sous Mandarin, ils seront donc en prison toute leur vie.
– Hé bien, dit le Mandarin, jusqu’à ce qu’ils se pardonnent.
– Ils ne se pardonneront jamais, dit l’autre, je les connais bien.
– Hé bien, donc, dit le Mandarin, jusqu’à ce qu’ils fassent semblant de se pardonner18.

Il y a beaucoup de choses à analyser dans cette histoire, mais elle est très parlante sur la différence qui peut exister entre la culture asiatique et la culture européenne vis-à-vis de la tolérance. D’après Voltaire, Confucius enseigne qu’il faut se détacher de ses propres croyances, à ne pas les transformer en quelque chose d’un peu trop personnel et au contraire à voir ce en quoi l’on croit comme quelque chose de collectif. Cela se remarque lorsque le mandarin dit qu’une assemblée de personnes sait toujours mieux qu’un individu, parce qu’il y a toujours cette volonté d’harmoniser le savoir pour qu’il corresponde aux désirs du plus grand nombre et non pas d’une personne en particulier. Alors que nous voyons par l’exemple de chaque religieux d’Europe qu’ils sont très individualistes dans leur vision de la religion et veulent imposer leurs idées. Le mandarin ne comprend d’ailleurs même pas quelles sont leurs différences. L’histoire montre aussi que l’on fait plus souvent preuve d’intolérance quand le sujet nous concerne personnellement que lorsque l’on n’a aucune connaissance concrète d’un sujet. Dans ce type de débats, le mandarin chinois ne connaît pas la religion chrétienne, cela lui paraît totalement ridicule que l’on puisse se battre pour ces idées-là. On comprend que Voltaire montre avec cette anecdote qu’ils ne savaient pas eux-mêmes pourquoi ils avaient raison ou tort, puisqu’ils ont été incapables d’expliquer correctement à quelqu’un qui ne connaissait pas le problème de départ, pourquoi ils n’étaient pas d’accord entre eux et pourquoi, pour eux, c’était un problème. Alors, l’intolérance vient aussi d’un manque de pédagogie face au problème perçu, d’un manque cruel de réflexion de la personne intolérante. Et Voltaire rejoint une de ses idées, qu’il a pu exposer avant : si nous voulons que l’on tolère nos idées, il faut également avoir un comportement irréprochable, en tout cas non provocateur. Si nous sommes intolérants vis-à-vis des idées des autres, il est fort probable que l’on sera intolérant envers nous, surtout si nos idées sont comprises par l’autre.

Voltaire offre une dernière réplique : « jusqu’à ce qu’ils fassent semblant ». Cela sous-entend que l’on peut être tolérant mais de façade, c’est à dire de ne pas l’être véritablement. Mais finalement, pour la société chinoise ou vietnamienne, cela suffit en effet, car cette tolérance de façade permet de créer une harmonie sociale qui empêche que les gens soient en désaccord publiquement. La notion de pardon, également, rejoint la définition confucéenne.

L’anecdote décrit une image typique de la tolérance chrétienne et confucianiste. Dans la morale confucianiste, khoan dung est le fait de pardonner aux gens ayant fait des fautes (dans ce cas de la dispute ou controverse), pour une harmonie dans les relations. Et avant de demander une tolérance aux autres, il faut n’être « ni intolérant, ni intolérable ». Alors que dans la morale chrétienne, chacun a ses raisons, et il est très difficile de faire preuve de tolérance quand les raisons sont très différentes, et qu’ils ne font même pas « semblant de se pardonner ».

Cela dit, nous voyons à travers les propos de Voltaire que la conception asiatique de la tolérance n’est pas exempte de tout défaut, puisque celle-ci déclare qu’il vaut mieux être hypocrite pour le bien-être commun de la société plutôt que de croire en ses propres convictions, quitte à créer des conflits.

Un roman français et sa reprise en vietnamien

Nous avons fait un examen sémantique du terme tolérance dans les deux cultures confucéenne et chrétienne, à travers les différentes réalisations linguistiques (vietnamien et français) du roman Le comte de Monte Cristo et de la version vietnamienne de sa reprise, intitulée Chua Tau Kim Quy. En effet, l’auteur vietnamien Ho Bieu Chanh a emprunté l’intrigue du Comte de Monte Cristo et il l’a vietnamisé avec la culture et l’idéologie vietnamiennes pour faire une adaptation qui fut bien reçue par le public au Vietnam à l’époque de la colonisation française.

Nous avons cherché dans les deux romans les termes « tolérance » et ses synonymes.

Le comte de Monte Cristo

Alexandre Dumas

Chua tau Kim Quy

Ho bieu Chanh

Tolérance/ Tolérer

4 passages

4 passages

Bao dung, dung thu, tha, dung tha (tolérance, pardonner)

Mansuétude

2 passages

4 passages

Quang dai, rong luong (généreux), hien tu, dao nghia

Indulgent

14 passages

11 passages

Nhon, nhon nghia, long nhon, nhon duc, ai nhon, luong thien, hien luong (humaniste)

Permission/ permettre/ permis

139 passages

4 passages

Dung hoa, khoan hoa (harmonie)

Bienveillance/ Bienveillant/

28 passages

3 passages

Thanh tinh, thanh liem chinh truc

Patience/ Impatience/ Patient/ Impatient

56 passages

3 passages

Tu thien, tu bi, thien tam

Bonté

21 passages

11 passages

Do, dao do, te do, duc, on duc, long duc, co duc, lam phuoc, lam on

Compréhension/ Comprendre

115 passages

10 passages

Thuong cam, thuong, dong long thuong, thuong gium

Nous pouvons voir qu’il y a beaucoup plus de passages contenant ces termes dans la version française que dans la reprise vietnamienne. La première raison est le volume des deux romans : l’auteur Ho Bieu Chanh a beaucoup simplifié l’histoire d’origine, il a éliminé des personnages secondaires, il a enlevé plusieurs détails (surtout des détails concernant le développement de la psychologie et des caractères des personnages). Le roman français a un volume de plus de deux mille pages, soit dix fois de plus que le roman vietnamien avec cent soixante-deux pages. La deuxième raison est morphologique : pour exprimer une attitude, on peut avoir e vietnamien beaucoup plus de mots simples et de mots composés qu’en français. La troisième raison est sémantique : comme la tolérance dans le christianisme insiste bien sur les différences entre individus, on peut trouver beaucoup de passages ayant le terme compréhension, permission et patient pour arriver à les accepter. Tandis que l’on peut avoir, avec khoan dung en confucianisme, plusieurs passages où figurent les termes de bonté, de compréhension, d’humanisme pour pardonner et être en harmonie. À titre d’exemple, dans Chua tau Kim Quy de Ho Bieu Chanh, le héros est ainsi décrit :

Le Comte est un grand riche, il peut faire ce qu’il veut ; tu vois, le Comte est un homme doux, gentil et humaniste, il a une telle grande carrière, il est une telle bonne personne, pourquoi est-il toujours déprimé, n’a ni bon appétit ni bon sommeil ?19

Alors que dans le Comte de Monte Cristo, Alexandre Dumas a écrit :

Vous vous trompez, Fernand, ce n’est pas une loi, c’est une habitude, voilà tout ; et, croyez-moi, n’invoquez pas cette habitude en votre faveur. Vous êtes tombé à la conscription, Fernand ; la liberté qu’on vous laisse, c’est une simple tolérance ; d’un moment à l’autre vous pouvez être appelé sous les drapeaux20.

Bien que les deux romans ne soient pas à proprement parler identiques et que les deux passages ne soient pas la traduction l’un de l’autre, ces extraits reflètent bien la différence de sens du mot adopté par les deux auteurs. De toutes façons, il est difficile de trouver deux extraits qui montrent le même passage au sein de ces deux ouvrages, dans la mesure où la version vietnamienne n’est pas une traduction mais une adaptation de l’intrigue. Ainsi, malgré des ressemblances évidentes entre certaines situations, nous avons affaire à deux ouvrages très distincts.

Nous pouvons voir la tolérance au Vietnam exprimée par son synonyme humaniste, dans un sens moral. L’auteur a utilisé l’adjectif humaniste dans un contexte où il y a d’autres adjectifs pour faire l’éloge de beaucoup de valeurs morales. De plus, humaniste est associé à doux, gentil, qui sont des qualités psychologiques et sociales. Tandis que dans cet extrait du Comte de Monte Cristo, l’emploi de l’article indéfini (« une simple tolérance ») diffère de l’utilisation de l’article défini, la tolérance : l’article indéfini une montre qu’il ne s’agit pas de la valeur morale. Le mot tolérance est caractérisé par l’adjectif simple – synonyme de permission – et dans ce cas le terme est très proche du sens juridique. Il faut bien comprendre qu’il existe une grande différence entre le roman d’Alexandre Dumas et celui de l’auteur vietnamien. Le Comte de Monte Cristo est l’histoire d’une vengeance, ce qui n’est pas le cas de Chua tau Kim Quy. En effet, au début le héros cherche à se venger, mais au fur et à mesure de l’histoire cela n’est plus son objectif. La plupart de ses ennemis meurent tout seuls ou il leur pardonne.

Enfin, le comte demande au Mandarin de juger seul Tran Tan Than, comme le sous-Mandarin est déjà vieux, tolérez-le, laissez-le aller à la retraite tranquillement, ne le jugez pas, j’ai peur qu’il meure de tristesse, le pauvre21.

Cela explique-t-il pour autant ces différences de conceptions entre ces deux cultures ? Vraisemblablement une partie de ces différences est due au transfert culturel entre les deux versions. Cela dit, il nous semble que s’il existe une telle différence, dans la morale de ces deux histoires, très proches, c’est parce que le concept de la tolérance est différent. Certes, l’époque à laquelle écrit Ho Bieu Chanh, le début du XXe siècle, est une époque d’évolution de la lecture et le public est avide d’histoires simples qui finissent bien ; de plus, il est possible que l’adaptation qu’en fait l’auteur vietnamien (qui nous le rappelons n’est pas une traduction simple de l’ouvrage d’Alexandre Dumas) transforme, de fait, le sens de la tolérance car il voulait s’adapter à son public. Cela dit, il est clair pour nous, dans ce travail d’étude, que ces différences sont également à chercher dans une conception relativement lointaine de la tolérance. Quand bien même ces transformations seraient dues à une volonté de toucher un public plus large, cela n’explique pas non plus pourquoi il existe un tel écart de sens entre la tolérance exprimée en français et la tolérance exprimée en vietnamien, tout au long de ces deux romans. Il est vraisemblable que cette différence est due à la conception éloignée qu’en fait le confucianisme par rapport à la chrétienté.

Il nous faut ajouter qu’en analysant les termes synonymes de la tolérance dans les deux romans, les réalisations linguistiques des termes confirment des ressemblances ainsi que des différences dans la morale vietnamienne et française.

Conclusion

En conclusion, nous pouvons voir que le terme Khoan dung n’a pas été influencé par le changement entre l’écriture en sinogrammes et l’écriture en caractères latins. Effectivement, morphologiquement et sémantiquement il est resté le même, contrairement au terme tolérance en français qui, lui, a évolué du latin. En effet, une langue se modifie selon le contexte historique du pays ou de la société dans laquelle elle existe. Au Vietnam ou en Asie, il n’y a pas eu un bouleversement religieux et politique tel qu’en France ou en Europe.

Nous avons pu percevoir une certaine différence dans la définition de la tolérance exprimée en français et en vietnamien, la différence qui a persisté et qui persiste toujours, malgré la colonisation française. Il est intéressant de voir que la culture française n’a pas beaucoup influencé la culture vietnamienne dans son utilisation du terme tolérance. À tel point que lorsque nous faisons la comparaison entre la version originale du Comte de Monte Cristo et la version vietnamienne revisitée, il existe des différences, surtout au point de vue du message que veut donner l’histoire et des différences culturelles très importantes. Alors, nous en concluons que la société vietnamienne, hautement influencée par la culture chinoise, a été intégrée dans une culture asiatique puissante, qui a résisté aux volontés occidentales de l’assimiler à leur propre culture.

Notes de bas de page numériques

1 Guy Saupin, Naissance de la tolérance, en Europe aux Temps modernes : XVIe-XVIIIe siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1998.

2 Thierry Wanegffelen, L’Édit de Nantes : une histoire européenne de la tolérance (XVIe -XXe siècle), Paris, Le Livre de poche, 1998.

3 John Locke, Lettre sur la tolérance [1710], traduction française de Jean Le Clerc, Paris, Garnier-Flammarion.

4 Voltaire, Traité sur la tolérance [1763], Paris, Gallimard, 2017.

5 Selon le dictionnaire latin-français de Gaffiot, le mot tolerantia est attesté dans l’œuvre de Cicéron, Ier siècle avant J.-C.

6 Dans le cadre de cet article, nous avons choisi de ne pas utiliser des accents ni des traits de la langue vietnamienne et nous avons gardé juste des lettres latines.

7 TLFI est le dictionnaire Trésor de la langue française informatisé : http://atilf.atilf.fr/tlf.htm (consulté le 25-07-2019).

8 Jean-Jacques Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, in Œuvres Complètes, éd. Raymond Trousson, Frédéric Eigeldinger, Genève, Éditions Slatkine, 2012.

9 Voltaire, Traité sur la tolérance [1763], Paris, Gallimard, 2017.

10 François Gaffiot, Dictionnaire Latin-Français, Paris, Hachette, 1934.

11 Alain Rey, Dictionnaire historique de la langue française, Paris, Dictionnaire le Robert, 1992.

12 https://www.edimark.fr/Front/frontpost/getfiles/5681.pdf (consulté le 25-07-2019).

13 TLFI .

14 Ces termes veulent dire en français : tolérant, pardonner, harmonie, généreux.

15 Nous avons cherché des synonymes du terme tolérance dans le dictionnaire des synonymes du Crisco : dans une liste de vingt pseudo-synonymes du mot tolérance nous avons décidé d’en garder une dizaine pour les analyser selon leurs significations. http://crisco.unicaen.fr/des/synonymes/tol%C3%A9rance (consulté le 22-07-2019).

16 Voltaire, Traité sur la Tolérance, éd. cit., p. 102.

17 Voltaire, Traité sur la Tolérance, éd. cit., p. 102.

18 Voltaire, Traité sur la Tolérance, éd. cit., p. 103.

19 Ho Bieu Chanh, Chua tau Kim Quy, [Saigon, 1923], Ho chi Minh-ville, NXB Van hoa-Van nghe, 2015, Chap. I, t. II, p. 78 (nous traduisons).

20 Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo [1844], Paris, Calmann-Lévy, 1889, t. I, p. 35.

21 Ho Bieu Chanh, Chua tau Kim Quy, [Saigon, 1923], Ho chi Minh-ville, NXB Van hoa-Van nghe, 2015, chap. VI, t. II, p. 118.

Bibliographie

Corpus

DUMAS Alexandre, Le comte de Monte-Cristo [1844], Paris, Calmann-Lévy, 1889.

HO Bieu Chanh, Chua tau Kim Quy, [Saigon, 1923], Ho chi Minh-ville, NXB Van hoa-Van nghe, 2015.

Dictionnaires

- Dictionnaires français

GAFFIOT François, Dictionnaire Latin-Français, Paris, Hachette, 1934.

GOUIN Eugène, Dictionnaire Vietnamien-Chinois-Français [1957, Saigon], Paris, You-Feng, 2002.

Le Dictionnaire Érudit de la langue française [1957], Paris, Dictionnaire Larousse, 2014.

REY Alain, Le Dictionnaire Le petit Robert [1967], Paris, Dictionnaire le Robert, 2017.

REY Alain, Dictionnaire historique de la langue française, Paris, Dictionnaire le Robert, 1992.

REY Alain, Le Grand Robert de la langue française [1945], Paris, Dictionnaire le Robert, 2001.

ROBERT Paul, Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française [1945], Paris, Dictionnaire le Robert, 1964.

- Dictionnaires vietnamiens

BUU Ke, Tu dien Han Viet tu nguyen (un dictionnaire chinois-vietnamien), Hue, Thuan Hoa, 1999.

DAO Duy Anh, Han viet tu dien gian yeu, [1932], Hanoi, Van hoa thong tin, 2003.

HOANG Phe, Tu dien tieng Viet, [1988], Hanoi-Da Nang, Da Nang va trung tam Tu dien hoc, 2000.

HOI dong quoc gia (Assemblée nationale), Tu bien bach khoa Viet Nam (dictionnaire l’Encyclopédie vietnamien), Tu dien bach khoa (Encyclopédie vietnamienne), Hanoi, 2002.

HOI Khai Tri Tien Duc, Viet-Nam tu-dien, Hanoi, Trung Bac Tan Va, 1931.

LE Van Duc, Tu-đien Viet-Nam, Saigon, Khai Tri, 1970.

NGUYEN Lan, Tu dien tu va ngu Viet-Nam, Ho Chi Minh-ville, Thanh pho Ho Chi Minh, 2000.

NGUYEN Nhu Y, Dai tu dien tu tieng Viet, Hanoi Van hoa thong tin, 1999.

PHAN Van Cac, Tu dien Han Viet (dictionnaire chinois-vietnamien), [ ? ], Ho Chi Minh-ville, Thanh pho Ho Chi Minh, 2003.

THANH Nghi, Viet-Nam tan tu-dien, Saigon, Thoi-tre, 1952.

VAN Tan, Tu dien Tieng Viet, Hanoi, Khoa hoc xa hoi, 1977.

Études

-- En vietnamien

DO Lan Hien, « Khoan dung ton giao – Mot triet ly nhan sinh cua nguoi Viet », Revue de la philosophie (11), Hanoi, 2007.

DO Quang Chinh, Lich su chu Quoc ngu 1620-1659 (L’histoire du quoc ngu), [Saigon, Ra khoi, 1972], Vietnam, Ton giao, 2008.

NGUYEN Thi Phuong Mai, Tu tuong khoan dung va y nghia hien thoi cua no (Esprit de la tolérance et ses signification contemporains), Hanoi, Dai hoc Quoc Gia Hanoi, 2012.

TRAN Van Giau, ĐINH Xuan Lam, NGUYEN Van Su, Lich Su Viet Nam can dai, (L’histoire contemporaine du Vietnam), t. 1, Hanoi, Maison d’Edition de l’Education, 1959.

-- En français ou en traduction

ARTHUR Waley, Trois courants de la pensée chinoise antique, Paris, Payot, 1949.

BROCHEUX Pierre et HEMERY Daniel, Indochine : la colonisation ambiguë 1858-1954, [1994], Paris, La Découverte, 2004.

DOMINIQUE Maingueneau, Discours et analyse de discours, Paris, Armand Colin, 2014.

LE Thanh Khoi, Histoire du Vietnam : des origines à 1858, Paris, Sudestasie, 1982.

LOCKE John, Lettre sur la tolérance [1710], traduction française de Jean Le Clerc, Paris, Garnier-Flammarion.

ROUSSEAU Jean-Jacques, Julie ou la Nouvelle Héloïse, [1761], in Œuvres Complètes, Raymond Trousson, Frédéric Eigeldinger (éd.), Genève, Éditions Slatkine, 2012

SAUPIN Guy, Naissance de la tolérance, en Europe aux Temps modernes : XVIe-XVIIIe siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1998.

SAUPIN Guy, Tolérance et intolérance : de l’Édit de Nantes à nos jours, Apogée, 1998.

VOLTAIRE, Traité sur la tolérance, [1763], Paris, Gallimard, 2017.

WANEGFFELEN Thierry, L’Édit de Nantes : une histoire européenne de la tolérance (XVIe -XXe siècle), Paris, LGF, « Le Livre de poche », 1998.

UZO Mizoguchi et VANDERMEESCH Léon, Confucianisme et sociétés asiatiques, Paris, L’Harmattan, 1991.

Sites (tous ces sites ont été consultés pour la dernière fois le 26 juillet 2019)

https://www.edimark.fr/Front/frontpost/getfiles/5681.pdf

https://ctext.org/pre-qin-and-han ?searchu =generosity

http://crisco.unicaen.fr/des/synonymes/tol%C3%A9rance

Pour citer cet article

Thi Phuong Thu LE, « Comparaison de la tolérance chrétienne française et confucianiste vietnamienne », paru dans Loxias-Colloques, 14. Tolérance(s) I : Regards croisés sur la tolérance, Comparaison de la tolérance chrétienne française et confucianiste vietnamienne, mis en ligne le 06 octobre 2019, URL : http://revel.unice.fr/symposia/actel/index.html?id=1332.

Auteurs

Thi Phuong Thu LE

Thi Phuong Thu LE fait une thèse en sciences du langage sur l’« Étude comparative de l’expression discursive de la tolérance en français et en vietnamien, texte littéraire du XIXe siècle ». Son travail est dirigé par la Professeure Marie-Anne Paveau, dans l’équipe de recherche Erasme de l’Université Paris 13.