portrait dans Loxias


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Loxias | 75. | I.

La figure de Camille au livre V de l’Ab Vrbe condita : de l’élaboration d’un personnage à la construction de la vérité historique livienne

Nous verrons comment le personnage de Camille s’impose progressivement comme central dans le livre V de l’Ab Vrbe condita, en analysant les divers dispositifs déployés pour construire le personnage (de la simple notation à la scène détaillée), ainsi que la maîtrise de la parole et de la loi qui lui est conférée. Ces procédés, tout comme l’étude des regards et émotions qui façonnent le personnage (ceux des protagonistes du récit, collectifs ou individuels ; celui du narrateur, riche de sa connaissance de l’histoire de Rome et porteur d’un rôle moral), ou encore l’intertextualité, montrent que le caractère et les valeurs qui lui sont liés le placent dans la typologie de ces grands hommes qui ont fait la grandeur de Rome, les summi uiri ; toutefois, Camille semble parfois excéder ce cadre et atteindre une dimension plus individuelle, celle du protagoniste de la tragédie ou de l’épopée, dessinant un Camille héroïco-mythique. À travers l’élaboration du personnage, nous pourrons ainsi étudier la construction de la vérité historique livienne, qui repose sur l’articulation de plusieurs traditions, pour créer cette tension latente mais contenue entre individuel et collectif. We will see how Camillus’ character emerges as a key figure in the book 5 of the Ab urbe condita, thanks to the analysis of the different means to build the character (from notation to scene), and to his mastery of speech and law. These ways, with the study of looks and emotions which help to shape his figure (these of the narrative protagonists, who are individual or collective; these of the narrator, with his knowledge of Roman history and his moral role), or intertextuality, show that through his personality and values he belongs to the typology of these great men who made Rome great, summi viri. Yet Camillus sometimes seems to exceed this pattern and to reach the more individual dimension of the tragic or epic figure; he thus appears as a heroico-mythic Camillus. Therefore, through the development of the character, we will be able to study the construction of the livian historical true which is based on the articulation of several traditions, in order to create this latent but restrained tension between individual and collective.

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Loxias | 79. | I.

« On est très mal avec ces femmes-là » : portraits des mères supérieures dans La Religieuse de Diderot

Dans son roman-mémoires ou lettre-mémoire, forme hybride et originale mettant en scène un narrateur unique : Suzanne Simonin, enfermée contre sa volonté dans un couvent et contrainte à prononcer des vœux, Diderot se lance dans une satire et une critique religieuses, notamment à l’occasion des portraits des mères supérieures des trois couvents où Suzanne est cloîtrée. Cette galerie de portraits forme un intéressant triptyque, tant les techniques picturales et théâtrales mêlées contribuent à faire de ces passages attendus des morceaux de bravoure, hauts en couleurs, et parfaitement orientés sur le plan démonstratif et argumentatif. Les deux panneaux latéraux abritent, à gauche, le portrait de la mère supérieure du couvent Sainte-Marie, à droite, celui de l’imprévisible et surprenante, Madame***. Le panneau central, plus large, est occupé par les deux mères de Longchamp (mère de Moni et sœur Sainte-Christine), que tout oppose. Diderot construit ces portraits sur des phénomènes convergents de variations et de reconfigurations (portrait dialogué, en pied, en symétrie ou en antithèse), pour conserver la perspective, dramatique et dramatisée, de la rencontre de Suzanne avec ses bourreaux. Ce sont à la fois les effets de symétrie, les échos, les procédés différentiels que l’étude stylistique chercher à caractériser, pour témoigner de l’art du portrait sous la plume de Denis Diderot. In his novel-memoirs or epistolary-novel, a hybrid and original form featuring a single narrator: Suzanne Simonin, locked up against her will in a convent and forced to pronounce vows, Diderot realises a religious satire and criticism, linked to the portraits of the Abbess of the three convents where Suzanne is cloistered. This gallery of portraits forms an interesting triptych, with pictorial and theatrical techniques mixed, and turns these expected descriptions into purple passages, colorful, and perfectly oriented. The two panels house, on the left side, the portrait of the Abbess of the Sainte-Marie convent, on the right side, the portrait of the unpredictable and surprising, Madame***. The larger central panel is devoted to the two Mothers of Longchamp (Mother de Moni and Sister Sainte-Christine), who are totally opposite. Diderot builds these portraits on many converging phenomena of variations and reconfigurations (dialogued, full-length, in symmetry, or antithesis), to preserve the dramatic and dramatized perspective of Suzanne’s encounter with her tormentors. These are at the same time the effects of symmetry, the echoes, and the different processes that the stylistic analysis shows, to characterise the art of Diderot’s portrait.

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