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Naghmeh Tarjoman Porshkoh  : 

La maternité et son évolution chez Zoyâ Pirzâd

Résumé

Suivant les efforts des féministes pour montrer qu’« on ne naît pas femme, on le devient », Zoyâ Pirzâd illustre l’idée que l’instinct maternel n’existe pas et que la maternité est un devoir parental que la société fait particulièrement reposer sur les épaules des femmes plus que sur celles des hommes. Cet article se concentre sur l’image et la place de la mère ainsi que sur son évolution chez Zoyâ Pirzâd. Cette romancière tout en renversant des idées reçues sur la maternité, propose une autre image plus réaliste. Elle insiste sur les imperfections chez les mères comme chez tous les êtres humains en mettant en œuvre des mères absentes et distantes. En effet, Zoyâ Pirzâd désacralise intentionnellement la maternité pour introduire une réflexion plus objective sur les autres aspects de la vie des mères : les mères célibataires sont-elles assez comblées par l’amour maternel pour ne plus sentir le besoin d’un amour charnel dans leur vie ? La maternité est-elle en opposition avec une vie de femme ? L’étude de l’évolution du rôle maternel est l’axe central de cet article.

Index

Mots-clés : féminité , maternité, Pirzâd (Zoyâ)

Géographique : Iran

Chronologique : Période contemporaine

Plan

Texte intégral

1Quelle que soit la figure principale ou secondaire des récits et des représentations, une héroïne ou une simple figurante, la mère est un personnage important dans la culture iranienne, y compris dans la production littéraire ancienne et contemporaine.

2De la même manière, l’autorité et l’importance de la mère apparaissent dans la majorité des œuvres de Zoyâ Pirzâd. Dans ses deux romans et dans quelques-unes de ses nouvelles, la présence d’une mère et d’une fille s’impose comme inévitable. Si les protagonistes ont toutes choisi de parler de leur mère, c’est que cette relation leur a semblé capitale dans leur développement. Il nous semble que ce lien familial est le lien préféré de l’auteure. Ce travail est concentré sur le roman On s’y fera où Zoyâ Pirzâd a particulièrement mis en exergue la relation mère/fille.

3La nouveauté du personnage maternel dans On s’y fera réside dans sa capacité à s’exprimer non plus seulement en tant que mère mais également en tant que femme. Dans ce roman, Zoyâ Pirzâd pose des questions primordiales : naît-on mère ou le devient-on ? La maternité est-elle en opposition avec une vie de femme ? Les mères célibataires sont-elles assez comblées par l’amour maternel pour ne plus sentir le besoin d’un amour charnel dans leur vie ?

4Arezou est une femme de quarante ans qui fait tourner l’agence immobilière héritée de son père. Enfant unique, elle s’est mariée avec son cousin Hamid qui faisait ses études à Paris. Elle s’est installée en France et a mis au monde une fille, Ayeh. Deux ans plus tard, lassée par son conjoint égoïste et irresponsable, elle le quitte pour rentrer en Iran avec sa fille. Au moment où le récit commence, Arezou est une femme très prise par son agence immobilière, les exigences de sa fille maintenant âgée de dix-neuf ans et les caprices de sa mère, Mah-Monir.

5Nous découvrons donc trois générations de femmes. La plus ancienne est représentée par Mah-Monir, une belle femme très centrée sur elle-même. Descendante de la famille Qajar, elle se comporte comme une princesse et exige une vie de luxe. Elle a été une épouse irresponsable et dépensière, une mère stricte et distante, mais se révèle une grand-mère bienveillante et généreuse. Mah-Monir avait toujours été gâtée par son défunt mari, elle attend à présent d’Arezou qu’elle comble ses désirs déraisonnables. À l’autre bout de la chaîne, Ayeh est typiquement une jeune fille moderne de milieu aisé, passionnée par l’informatique, dépensière, assez égoïste. Même si elle ne fait pas de grosses bêtises, Arezou s’inquiète constamment à son sujet, d’autant plus qu’elle culpabilise de l’avoir élevée sans père. Ayeh se rebiffe contre cette surveillance et se rêve une vie meilleure en France auprès d’un père qu’elle ne connaît pas, ce que sa mère redoute. Quant à Arezou, sa personnalité, ses relations avec les autres et ses soucis sont au centre du récit. Elle se confie souvent à Shirine, son amie intime et à Nosrat sa nounou devenue la domestique de sa mère. Un élément important est l’attirance naissante entre la jeune femme et un des clients de son agence, Sohrab, qui semble être le gendre parfait, courtois dans ses relations avec les femmes. Persuadée qu’il est différent et qu’il peut la rendre heureuse, elle décide de se marier avec lui.

6Ainsi, dans ce roman, trois générations de femmes cohabitent l’une à côté de l’autre : Mah-Monir (grand-mère), Arezou (mère) et Ayeh (petite-fille). En Iran la responsabilité́ des enfants semble essentiellement une affaire de femmes, non parce que les mères choisissent volontairement de s’approprier les enfants et leur éducation, mais parce que la société fait reposer ce devoir plutôt sur les épaules des femmes que celles des hommes. De la même manière, dans On s’y fera, les relations parentales se limitent à la relation mère/fille car les pères sont présentés comme absents. Le père d’Arezou est décédé et celui d’Ayeh est divorcé et habite en France.

7En général, le dévouement, le sacrifice et l’oblation sont des termes récurrents qui qualifient l’attitude maternelle. Dans la pensée collective des Iraniens, la sacralisation de la maternité est un phénomène courant qui se trouve dans les œuvres littéraires, dans les séries, dans le cinéma, etc. Ainsi, par toute dévotion, une mère devrait se sacrifier au bien-être de ses enfants et de sa famille parce que la pensée collective croit fortement que « le paradis est sous les pieds des mères ». Cet article étudie particulièrement l’image et la place de la mère dans On s’y fera et montre l’évolution du rôle maternel au sein d’une famille unique à travers les trois générations de femmes. Ici, nous observerons la façon dont sont présentées les mères, c’est-à-dire Mah-Monir et Arezou, par leur fille et dans leur relation avec elles.

Mah-Monir en tant que mère

8L’émergence de Mah-Monir se fait dès la deuxième page, ce qui confirme d’ailleurs son importance dans le roman. Rentrant dans son agence immobilière, Arezou croise Naïm, le domestique de sa mère, portant les lunettes de son père défunt. Un peu vexée, elle se dit « elle a encore fait des bénévolats1 ». Même si le bénévolat est en soi un acte positif et qu’Arezou n’a rien contre Naïm, le fait que sa mère lui donne les biens de son père l’agace. Par la suite, à travers des dialogues échangés avec Naïm et avec Shirine, nous nous rendons compte de l’omniprésence de Mah-Monir dans la vie de sa fille : « – Madame vous a téléphoné trois fois depuis ce matin2. » Shirine, habituée aux commandes inconsidérées de Mah-Monir refuse de passer tout de suite son appel à Arezou pour laisser cette dernière reprendre son souffle. « – D’accord ! Elle vous rappelle dès qu’elle arrive. […] [En prenant le téléphone des mains d’Arezou elle dit :] – Souffle un peu d’abord3. » Un peu plus tard, Naïm considéré comme l’espion de Mah-Monir rentre dans leur bureau sous prétexte d’apporter le thé.

– Madame vous fait demander de lui téléphoner immédiatement. […] Je ne comprends pas pourquoi Shirine khanom ne vous a pas passée. […] 
– Il faut que je règle ça tout de suite, sans quoi on ne pourra pas se défaire de Mah-Monir et de son agent double4.

9Ainsi Zoyâ Pirzâd suggère l’omniprésence de la mère malgré son absence. Il semble que le surgissement de Mah-Monir se fait plutôt par une image agaçante d’elle. La citation suivante comprenant la toute première conversation rapportée entre Arezou et Mah-Monir reflète l’écart qui règne entre mère et fille.

– Bonjour Monir djan, dit Arezou. Je viens juste d’arriver. J’avais plusieurs courses à faire. Oui ! Je l’ai emmenée à l’université… C’était bien la soirée ?... Formidable !... […] Elle éloigna le combiné de son oreille en secouant la tête et regarda Shirine. […] Monir djan, je suis occupée pour l’instant, reprit Arezou, je rappelle plus tard… Shirine ne va pas mal. […] D’accord... Peut-être jeudi… D’accord, donnez la liste à Naïm ce soir. Je l’enverrai faire les courses demain… Je me charge moi-même de la viande… D’accord… Je l’achèterai chez Amir… À part le pressing, vous n’avez pas besoin de Naïm pour le moment ? D’accord, d’accord… Au revoir5.

10Cette citation est suffisamment parlante pour que le lecteur puisse découvrir Mah-Monir comme un personnage qui soumet les autres, et particulièrement Arezou, à son autorité et à ses ordres. Prisonnière des volontés de sa mère, Arezou se cède à toutes ses exigences interminables. Ainsi dès le début, le lecteur se rend compte qu’il est loin de l’image stéréotypée de la mère compréhensive qui s’efface devant son enfant pour lui permettre de vivre en paix.

11En général, Zoyâ Pirzâd n’est pas tellement descriptive sur l’apparence de ses personnages. Elle avoue qu’elle n’a pas « dans la tête un schéma précis de ses personnages » et que pour elle « la personnalité est plus importante que l’apparence6. » Cependant l’apparence extérieure, donc l’expression du visage, la taille, la coiffure ou les vêtements peuvent en dire long sur un individu. L’apparence et surtout le visage révèlent les émotions, les pensées et aussi les joies. Alain Robbe-Grillet l’affirme : « Enfin il [un personnage] doit posséder un “caractère” un visage qui le reflète [...]7 ». En ce qui concerne Mah-Monir, Zoyâ Pirzâd ne donne toujours pas des descriptions détaillées sur son visage mais à plusieurs reprises elle décrit sa silhouette. Pour ce faire, le narrateur engendre des descriptions traditionnelles de l’apparence extérieure de ce personnage comme devant les yeux d’un spectateur :

Depuis la véranda, une femme maigre et élancée s’écria :
– Pas dans la cour, cela fait désordre ! Gare-toi dans la rue.
Elle avait les cheveux tirés en arrière et portait en boucles d’oreilles deux rubis sertis d’or8.

Chaque fois qu’on évoquait ce tableau, la mère d’Arezou se passait la main dans ses cheveux châtain clair et souriait de ses lèvres roses9.

Les “fines” jambes de Mah-Monir apparaissaient par instants à travers les plis de la jupe rouge dans la lueur du feu de bois artificiel. “Marlène Dietrich, en pire !” grommela Arezou10.

12Dans son blog, Ayeh la décrit ainsi :

La princesse, c’est ma grand-mère. Quand je dis ma grand-mère, n’allez pas croire qu’elle soit vieille. En fait, c’est une femme super : grande, svelte, incroyablement belle. Quelquefois, dans nos soirées familiales, elle se met à danser avec nous sur un rythme d’enfer11.

13L’apparence de Mah-Monir sous-entend son état d’esprit, sa situation psychique et même son état de santé. Sa manière de se comporter et de s’habiller peuvent laisser entendre son style de vie et son statut social. Elle souhaite surtout donner l’impression d’être toujours jeune. Sa mimique et ses gestes la permettent de s’exprimer sans mots.

La main droite de Mah-Monir se trouvait à un centimètre de l’épaule du monsieur chauve, tandis que la main gauche caressait un rubis en pendentif. La main droite décrivit un lent arc de cercle en direction des deux jeunes femmes [...]12

14Son allure révèle beaucoup d’elle. Ses gestes et sa façon de parler avec les gens soulignent sa fierté d’être belle et d’appartenir à la race Qadjar. Pourtant dans les descriptions concernant Mah-Monir, nous ne trouvons jamais le moindre indice de la maternité. « – Ma mère est une séductrice née. Elle séduit les hommes, elle séduit les femmes, et probablement, quand elle est seule face à son miroir, elle se séduit elle-même13. »

15La grossesse est souvent considérée comme une étape par laquelle une femme, jusque-là surtout conditionnée pour être objet de désir, devient mère, et dès lors n’est plus que mère. Ce point de vue illustre la rupture entre la féminité sexuelle et la féminité maternelle, après avoir eu un enfant. La séduction chez Mah-Monir et le fait qu’elle reste toujours l’objet du regard des autres, et surtout son manque d’affection envers sa fille, font en sorte qu’Arezou la considère plutôt comme une « femme » charmante que comme une mère. Et ce fait veut dire que son charme et son intention de séduire les autres agacent clairement Arezou : « Elle se mit à imiter sa mère en silence : “Oh ! Quel faux jeton je fais ! Je viens de lever un nouveau pigeon et je lui fais du gringue pour le mettre à contribution”14. »

16En effet, Zoyâ Pirzâd a l’intention de désacraliser la mère en mettant en lumière son côté séducteur et son impuissance pour tisser un lien affectif avec sa propre fille. Mah-Monir est présentée comme une mère distante, froide et irresponsable qui, par conséquent, fait obstacle à l’évolution normale de sa fille. Pour désacraliser le rôle de la mère, Zoyâ Pirzâd n’hésite pas à s’appuyer sur les maltraitances psychologiques15 exercées par Mah-Monir16. Dans le récit, Arezou retourne en arrière à plusieurs reprises pour creuser son lien conflictuel avec sa mère. Définitivement, son enfance est caractérisée par une relation avec la mère assez distante. Cette distance est majoritairement affective et psychologique. Arezou ne comprend souvent pas le rejet et les comportements de sa mère et elle assiste impuissante au déroulement d’une relation triste et morne. Cette mère distante crée un manque affectif chez sa fille. La citation suivante affirme que Mah-Monir a volontairement choisi d’être une mère distante. Mah-Monir ne redevenait mère que lorsqu’il s’agissait de torturer la conscience de sa fille. Toute petite, quand elle avait commencé à parler, Arezou s’était un jour écriée « Maman ! » Mais Mah-Monir l’avait reprise : « Non, pas “Maman”, tu dois dire : “Monir djan”17. » Cette courte citation suffit à démontrer que Mah-Monir ne se reconnaissait jamais en tant que mère. On dirait que, pour Mah-Monir, avoir un enfant, c’était un peu comme compléter sa panoplie d’accessoires, finaliser sa féminité, mais au fond elle ne sent le moindre sentiment de maternité chez elle.

17Par manque d’une relation fusionnelle avec Mah-Monir, Arezou va jusqu’à mettre en question l’amour maternel. « – Tu permets que je te pose une question stupide ? […] Est-ce que ta mère t’aimait ? 18 » Cette simple question qu’elle a posée à Shirine dévoile son hésitation sur l’existence de l’amour maternel chez Mah-Monir. En regardant une photo ancienne, Arezou se souvient de son enfance et de la scène où son cousin ne voulait pas la prendre en photo. Son père a insisté pour qu’elle rejoigne les autres mais sa mère l’a ignorée complètement. L’indifférence de sa mère reste bien gravée dans sa mémoire.

« Les singes, avait-il dit à Arezou, je ne les prends pas en photo. » Elle avait bondi. […] « Laisse-la, avait dit sa mère, elle fait encore son intéressante. » Derrière son rocher, Arezou s’était mise à pleurer, tandis que ses parents faisaient face à l’objectif. [Arezou] revint à la photo : « Si au lieu de dire “laisse-la”, elle avait simplement dit “viens”, je les aurais rejoints et je serais sur la photo19. »

18Ici, le retour en arrière fait par la photo est significative et très personnelle. Arezou est donc en mesure d’utiliser la photo comme une confirmation de l’image actuelle de sa mère. Ces attitudes, que nous pouvons qualifier d’intentionnelles chez Mah-Monir, incluent l’absence d’affection et l’indifférence flagrante. Ces conséquences font en sorte qu’Arezou à l’âge de quarante ans a toujours peur d’être rejetée par sa mère :

[Ayeh a dit :] « Quand donc comprendras-tu que tu ne dois rien à ta mère ? Du matin au soir, tu fais face au monde entier, et quand tu es devant ta mère…
Elle pencha la tête à gauche et l’imita :
– Pourvu que Monir djan n’en sache rien, ça lui ferait tellement de peine !
Elle pencha la tête à droite :
– Pour l’instant, pas un mot à Monir djan, surtout ne pas la contrarier ! […] Avoue plutôt que tu as peur. Tu as peur de bonne-maman20. »

19Une simple comparaison dévoile que Mah-Monir était plus dure avec Arezou qu’elle ne l’est avec Ayeh. Évidemment, Arezou n’est pas jalouse de sa propre fille pourtant les comportements complètement discriminatoires de Mah-Monir avec sa petite-fille la forcent à revivre le rejet qu’elle a vécu durant son enfance.

À la saison, la jeune Arezou se retrouvait sous l’arbre, cueillait les mûres et les mangeait, ce qui faisait rire son père. […] quand elle ressortait de dessous l’arbre, Mah-Monir criait : « Ne t’approche pas ! Une tache de mûre et je peux dire adieu à ma robe ! Nosrat ! Va lui laver les mains et la figure. » Son père embrassait en riant ses mains et son visage écarlates. Il la prenait dans ses bras en disant : « Au diable les vêtements ! 21 »

20Arezou se souvient également d’un voyage en Iran. Ayeh avait trois ans et un matin on l’avait trouvée sous le bureau, les doigts dans un pot de confiture de mûres.

– Mon Dieu ! J’ai pensé qu’on m’avait volé mon enfant.
Ayeh avait collé son visage rieur sur l’épaule de sa grand-mère, maculant de taches de confiture sa robe blanche. Mah-Monir l’avait embrassée.
– Ma petite chérie, nous allons nous laver les mains et la figure, changer nos vêtements et faire une belle promenade22.

21Dans l’imaginaire collectif, la mère se révèle très patiente et protectrice envers ses enfants. On dirait que ces comportements dit « maternels » sont surtout instinctifs. À travers ce genre de souvenirs, Zoyâ Pirzâd lutte contre ce genre du cliché et suggère qu’il ne suffit pas de mettre un enfant au monde pour se sentir aussitôt mère. Il n’y a donc rien de biologiquement déterminé et l’instinct maternel selon elle n’existe pas.

22Pour justifier cette idée, elle nous présente parallèlement le personnage de Nosrat qui adopte les comportements plus maternels vis-à-vis d’Arezou. Même son apparence évoque une certaine tendresse et elle ressemble plus au stéréotype d’une mère douce et affectueuse.

Naïm descendait l’escalier, suivi par une grosse femme vêtue d’une jupe plissée et d’un chemisier à fleurs. Arezou s’avança vers elle en tendant la joue :
– Bonjour Nosrat, comment vas-tu ?
La femme lui prit la tête entre les mains et l’embrassa deux fois sur chaque joue :
– Bonjour ma belle. Ne touche à rien23 !

23Les souvenirs d’enfance confirment le fait que Mah-Monir ne lui a jamais consacré assez du temps, tandis que Nosrat a été toujours disponible pour elle. Pour cette raison, le lien affectif entre Nosrat et Arezou semble plus fort. La manière dont Arezou appelle Nosrat montre sa grande affection envers elle : « Nosrat djoun djoun ». En effet, le redoublement de « djoun24 » indique une grande intimité entre elles. En revanche, comme nous avons déjà évoqué, elle appelle sa propre mère par « Monir djan », et parfois par « la Princesse » ou « Marie-Antoinette »25 pour marquer la distance et surtout pour se moquer de ses attitudes. Cette intimité avec Nosrat ne reste pas cachée aux yeux de Mah-Monir : « – Comme dit Nosrat ! Comme dit Nostrat ! […] En fait, depuis toujours, tu l’aimes plus que moi26. »

24Dans On s’y fera, Zoyâ Pirzâd va encore plus loin pour parler de la répulsion de l’enfant envers la mère. L’incompréhension ou l’incommunicabilité peuvent parfois se transformer au fur et à mesure en haine masquée. À titre d’exemple, un moment donné Arezou avoue clairement que le rire de sa mère la rend folle tandis que ce rire n’a pas le même effet sur Ayeh : « Elle eut un de ces rires qu’Arezou détestait déjà quand elle était toute petite et qui faisait dire à Ayeh : “Bonne-maman est dans son trip de séduction”27. »

25Zoyâ Pirzâd lance également le sujet de la rivalité au cœur de la relation entre mère et fille. La jalousie mère/fille est un sujet peu abordé dans la littérature persane et il est encore largement tabou.

Aussi loin qu’elle pût se rappeler, elle avait toujours vu sa mère se comporter ainsi, à lui parler comme si elles étaient du même âge, allant même jusqu’à lui cacher sa ménopause… Quand Ayeh avait atteint la puberté, Mah-Monir lui avait acheté des serviettes hygiéniques de marque. Elle répétait à Arezou : « Ces choses-là ne sont plus pour nous ! 28 »

26Son sentiment de jalousie peut notamment émerger d’une peur de vieillir. Voir Arezou toujours jeune rappelle à Mah-Monir qu’elle ne l’est plus forcément et que le meilleur est derrière elle. Par conséquent, cette angoisse forme une certaine rivalité avec sa propre fille. Cette rivalité peut parfois être réciproque. À plusieurs reprises, Arezou compare sa peau, la forme de ses mains ou son charme face à un homme avec ceux de sa mère et à chaque fois elle se sent battue.

27Ayeh est une autre cible de rivalité de la part de Mah-Monir. Devant la petite-fille, elle se montre très protectrice. Afin d’établir une certaine complicité avec Ayeh, elle n’hésite pas à la provoquer contre sa mère en lui donnant constamment raison.

Ayeh avait encore fait sa crise : tous ses amis étaient partis. […] Son père lui avait dit de ne pas regarder à la dépense. Elle n’avait qu’à venir. Elle s’était retournée vers sa grand-mère : « Bonne-maman, dites quelque chose, vous ! » et la grand-mère avait catégoriquement pris la partie de sa petite-fille. Le « pauvre Hamid » le lui avait assuré : « Ma tante, ne vous préoccupez pas de la dépense. » Puis elle avait lancé à sa fille, sur son ton furieux : « Pourquoi ne te montres-tu pas plus raisonnable ? » […] Arezou songeait : « Mettons qu’Ayeh soit une enfant qui ne comprenne rien à rien. Mais ma mère ! N’a-t-elle pas encore compris après toutes ces années que les paroles d’Hamid, c’est du vent ? 29 »

28Ainsi, Zoyâ Pirzâd développe encore une fois l’idée que l’enfantement est une étape certes nécessaire de la maternité mais un rapport proche et solidaire demande des efforts et cela ne se construit pas tout seul par ce qu’on appelle « l’instinct maternel ».

Arezou en tant que mère 

29Par le personnage d’Arezou, Zoyâ Pirzâd met en avant la complexité de l’image de la mère dans une nouvelle perspective. Tantôt rejetée, tantôt valorisée, la maternité devient une matière privilégiée dans sa quête d’identité féminine.

30Cette mère travailleuse et célibataire entretient une relation intime, amicale mais en même temps disciplinaire avec sa fille. Ses attitudes envers Ayeh se conforment plus avec les clichés de la mère moderne iranienne. Chargée d’endosser les responsabilités de la maison et celles de son agence immobilière, elle fait pourtant en sorte que sa fille ne sente ni le manque matériel ni l’absence de son père.

31Zoyâ Pirzâd suggère que la mécompréhension entre mère/fille est avant tout causée par leur changement de génération. Ayeh considère sa mère appartenant à une autre époque : « Madame ma mère, comme toute votre génération, attend [des enfants] qu’ils se mettent au garde-à-vous30. »

32Contrairement à Arezou qui appelle sa mère par des titres distants comme « Monir djan », « la Princesse » ou « Marie Antoinette », Ayeh appelle sa mère par les titres plus intimes comme « maman chérie » et « Ajou31 ». Contrairement à Mah-Monir qui fait souvent des reproches à Arezou pour son apparence négligée, Ayeh apprécie la beauté de sa mère :

Tu es belle comme la lune ! Pas plus tard qu’avant-hier, Babak me disait que j’avais une bien jolie mère.
Arezou se regarda dans le rétroviseur. Était-ce une impression ou elle avait rougi32 ?

33Zoyâ Pirzâd pour élargir le point de vue restrictif de la narratrice qui voit le monde à travers les yeux d’Arezou, a parfaitement employé le dispositif du blog. Par hasard, Arezou tombe sur le blog de sa fille où elle a exprimé ses propres sentiments.

Ma petite maman se mêle de toutes mes affaires […] Ici, je veux parler de choses dont je ne peux pas dire le quart à ma mère sans qu’on se dispute. Et si je ne les dis pas, elles me restent sur l’estomac et ça me met en boule. Comme le divorce de mes parents. Ou le fait que je veuille aller à Paris chez mon père et que ma mère s’y refuse33.

34Ainsi, le lecteur est tenu au courant des conflits et des préoccupations du plus jeune personnage du récit. La protagoniste est cette fois présentée de la vue de sa fille. Arezou qui se croit toujours très compréhensive vis-à-vis de sa fille, se retrouve soudainement à regarder dans le miroir une image différente de celle qu’elle croyait l’être.

Arezou […] se prit la tête entre les mains. « Elle a vraiment écrit tout ça sincèrement ? Se demanda-t-elle, ou […] elle a allongé la sauce ? Suis-je donc si mauvaise qu’elle préfère parler à une poignée d’étrangers plutôt qu’à moi ? 34 »

35Dans cette relation mère/fille, nous avons également les réflexions de la mère. Bien performante dans ses relations professionnelles, Arezou n’a pas la même aisance dans ses rapports avec Ayeh, ni avec Mah-Monir.

– Je ne sais pas ce que j’ai. Je n’en peux plus. Je ne supporte plus personne, ni ma mère ni ma fille. Je leur glisse dix doigts pleins de miel dans la bouche et elles trouvent encore le moyen de me mordre. […] La tête dans les genoux, elle se mit à sangloter35.

36Malgré cette incommunicabilité qui règne dans leur relation, par la suite, Ayeh en présentant sa mère sur son blog comme une mère responsable, forte et positive, elle surprend agréablement Arezou.

[Selon tante Shirine], maman est fatiguée (ce qui est vrai). Elle porte sur ses épaules de lourdes responsabilités (ce qui est vrai). “Toi et ta grand-mère, dit-elle, au lieu de l’aider, vous l’épuisez” (Ça, ce n’est pas vrai). Ma grand-mère, en effet, est très exigeante. Ma mère, je ne sais pas pourquoi, supporte tous ses caprices. Mais moi, qu’est-ce que j’y peux ? Je ne sais pas… Sans doute, parfois, je la taquine un peu, mais je l’aime beaucoup. Je pense c’est surtout à cause de papa qu’elle s’énerve36.

Quand je relis ce que j’ai écrit plus haut, je me dis : “[Tu n’as dit que de bonnes choses sur ta mère, alors qu’est-ce qui te prend ?] Ce qui me prend, je pense, c’est que je veux être libre, sans qu’il y ait constamment quelqu’un qui vienne me dire : « Tu as mangé ? Tu y vas ? Tu viens ? Fais ça ! Ne le fais pas ! » […] Je veux pouvoir me casser la gueule, ou ne pas me la casser. Je veux avoir mal, ou non. Bref, si les mères n’étaient pas aussi emmerdantes…37

37Les passages cités montrent qu’à part d’une différence de génération, la fatigue de la mère de sa vie surchargée et sans amour est un autre élément qui influence sa relation avec Ayeh. Selon Shirine, Arezou a besoin d’un homme qui la comprenne et qui soit à son écoute. Ainsi, elle pousse Arezou à sortir avec Sohrab, pour le voir, pour l’éprouver et surtout pour l’utiliser « comme une aspirine » afin de se recharger en énergie pour mieux affronter la vie et pour garder son équilibre vital. Même si au début Arezou résiste, une fois sortie avec Sohrab, elle ne peut plus se détacher de lui. Ses changements moraux sont tellement frappants qu’ils ne restent pas cachés aux yeux de sa fille. Ayeh écrit dans son blog :

De fait, ces jours-ci, Maman est dans une super forme. Si vous saviez pourquoi ! Vous vous souvenez de l’homme que Maman a emmené visiter la maison l’autre jour ? Mais oui ! Bref, et je te dis oui et tout ça et les restaurants et les balades et les mamours, une maman de très bonne humeur et une Yalda [son pseudonyme] qui pète la forme38.

38En s’appuyant sur les propos d’Ayeh, nous pouvons déjà émettre l’hypothèse que si les femmes ne sont pas heureuses en amour, elles ne peuvent pas être des mères totalement épanouies.

Femmes heureuses et mères épanouies ?

39Dans On s’y fera, Zoyâ Pirzâd souligne les aberrations de la société patriarcale et ses conséquences sur les femmes. Elle montre comment les femmes ont intériorisé́ les normes de la société et se trouvent assujetties à un rôle qui ne peut les rendre complètement satisfaites. Arezou en tant que mère divorcée, d’une part, éprouve le manque d’affection et de soutien du mari ; de l’autre, elle subit les exigences démesurées de Mah-Monir et d’Ayeh. Pour Arezou, être mère ne s’arrête pas à éduquer sa fille, à lui transmettre des valeurs humaines, à entretenir avec elle un rapport affectif, à l’accompagner dans son développement personnel, mais cela signifie aussi s’occuper de tous les besoins matériels d’Ayeh et de Mah-Monir. Elle souffre de la situation inconfortable d’une mère de famille monoparentale, sans cesse tiraillée entre le besoin de liberté pour reconstruire sa vie de femme et sa vie amoureuse et en même temps la mauvaise conscience de celle qui croit mal remplir ses différents rôles.

40En effet, ses obligations de la mère entrent souvent en contradiction avec ses désirs de femme. Arezou se culpabilise car sa décision de se marier avec Sohrab a énormément bouleversé Ayeh et Mah-Monir. Ayeh n’arrête pas de pleurer et s’obstine à vouloir émigrer en France pour y rejoindre son père. En lisant son blog, Arezou est au courant des épanchements de sa fille de ses sentiments les plus profonds.

Ces jours-ci tout me gonfle. Pourquoi ? Même à vous, j’ai honte de l’avouer. Ma mère veut se remarier. Comme si elle avait vingt ans. Ça me tue ! J’en peux plus. J’ai le spleen. Je pète les plombs, j’ai la haine. Elle a pas le droit de me faire ça ! Ça suffisait pas qu’elle divorce de Papa ? [...] Ma mère m’a volé mon enfance. C’était pas suffisant ? Maintenant, faut qu’un étranger prenne la place de Papa ? J’en veux pas. [...] C’est le féminisme qui nous a pourri la vie. Les femmes n’ont qu’à pas avoir d’enfant, sinon elles doivent... elles doivent quoi au fait ? Je sais plus ! J’ai envie de pleurer39.

41Pour Ayeh, la maternité́ est en opposition avec la vie de femme. Même si jusque-là̀ elle raisonnait plutôt comme les Européens en face de cette question, la voilà qui, une fois concernée personnellement à travers sa propre mère, revient aux notions prédéfinies et traditionnelles de ce que doit être une mère ; les mères doivent avant tout savoir se sacrifier pour le bien de leurs enfants et de leur famille. C’est le point de vue bien égoïste et infantile d’Ayeh.

42Cet exemple montre la pression affective imposée par l’environnement familial sur une femme mère. Bien qu’Arezou se débrouille bien dans son environnement de travail masculin, elle a réellement du mal à défendre son individualité de femme, y compris face à une fille de mentalité pourtant assez moderne. En analysant attentivement la citation ci-dessus, on y discerne qu’elle accuse même sa mère d’être la seule responsable du divorce. Cette jeune fille privilégiée et post-révolutionnaire adopte, par confort personnel notamment, une vision traditionnelle et antiféministe en ce qui concerne sa propre mère.

43Arezou évolue au fil du récit à l’intérieur de son rôle de mère. Progressivement, elle se rend compte que sa fille et sa mère ne peuvent pas remplacer le vide affectif de sa vie de femme. La maternité et la parentalité ne peuvent suffire à rendre une femme heureuse. De même, elle s’aperçoit de la nécessité d’avoir une vie amoureuse et l’admet. La fin du roman constitue une ouverture positive sur le chemin de l’émancipation des femmes. Arezou annonce également son accord pour que sa fille aille vivre en France. Elle espère ainsi qu’Ayeh pourra vivre libre et heureuse comme elle le souhaitait, tout en faisant l’expérience de la vie de femme à son tour. Zoyâ Pirzâd, en créant le personnage d’Arezou coincé entre le modèle de la mère divorcée moderne et celui de la mère traditionnelle, ne fait que souligner la complexité du rôle de mère, partagée entre la mère sacrificielle et la mère aspirant à un équilibre personnel, mais également entre les tâches maternelles et la vie de femme qui a le droit d’avoir besoin d’amour.

44Le titre du roman, On s’y fera, exprime l’espoir d’Arezou que son entourage – qui la considère toujours en tant que mère – s’habitue à ses nouvelles décisions pour sa vie amoureuse. Zoyâ Pirzâd en détruisant le mythe de la mère heureuse montre que les deux facettes de la vie des femmes cela veut dire la féminité et la maternité ne sont pas forcément en osmose ; et la difficulté de faire reconnaître cette double identité est ici source de souffrance. Ainsi elle ose suggérer à son lecteur que la maternité n’est pas tout et ne peut pas être tout.

Conclusion

45Dans On s’y fera, Zoyâ Pirzâd dépeint avec finesse les rapports conflictuels entre Arezou et sa mère, qui est loin de l’image de la mère traditionnelle et sacrificielle. Mah-Monir (veuve) semble particulièrement préoccupée par son rôle de femme plus que par son statut de mère. De même, Zoyâ Pirzâd donne une nouvelle image de mère à Arezou qui n’est pas fidèle à l’image traditionnelle d’une mère asexuée. Autrement dit, Zoyâ Pirzâd suggère l’idée que la féminité peut être aussi importante que la maternité et le fait de devenir mère ne signifie pas la perte d’autonomie dans la vie de femme. Pourtant une telle autonomie nécessite des ouvertures dans la famille.

46L’enjeu du roman est sans doute ailleurs. En mettant en scène une mère divorcée fidèle à son propre désir de femme, mal vue du point de vue patriarcal traditionnel et difficilement acceptée par sa propre fille et ses proches, Zoyâ Pirzâd lui prête une voix pleine que l’on n’entend pas habituellement dans les romans iraniens.

47Avec la démystification de l’image de la mère, loin de toute sacralisation, cette romancière s’approche d’une interprétation réelle de la vie d’une femme. Elle rend compte des facettes multiples qu’elle peut avoir. Sans prendre parti, elle laisse le lecteur réfléchir aux différents aspects de la vie d’une femme.

Notes de bas de page numériques

1 Zoyâ Pirzâd, On s’y fera (Âdat mikonim), traduit du persan par Christophe Balaÿ, Paris, Zulma, 2009, p. 9 et (p. 8).

2 On s’y fera, p. 10, Âdat mikonim, p. 9.

3 On s’y fera, p. 12, Âdat mikonim, p. 11.

4 On s’y fera, p. 13, Âdat mikonim, p. 12.

5 On s’y fera, p. 14, Âdat mikonim, p. 12.

6 Entretien avec Zoyâ Pirzâd préparé par NaghmehTarjoman Porshkoh, réalisé le 24 juillet 2015.

7 Alain Robbe-Grillet, Pour un Nouveau roman, Paris, Gallimard, 1963, p. 27.

8 On s’y fera, p. 37, Âdat mikonim, p. 29.

9 On s’y fera, p. 38, Âdat mikonim, p. 30.

10 On s’y fera, p. 44, Âdat mikonim, p. 35.

11 On s’y fera, p. 211, Âdat mikonim, p. 171.

12 On s’y fera, p. 45, Âdat mikonim, p. 36.

13 On s’y fera, p. 41, Âdat mikonim, p. 33.

14 On s’y fera, p. 45, Âdat mikonim, p. 36.

15 La maltraitance psychologique recouvre différents concepts. Elle comprend diverses formes d’injustice psychologiques et affectives infligées aux enfants. Rejeter, ignorer, agresser verbalement sont les différentes catégories de la maltraitance psychologique.

16 Yves-Hiram Haesevoets, Traumatismes de l’enfance et de l’adolescence : un autre regard sur la souffrance psychologique, Bruxelles, De Boeks, 2008, p. 14.

17 On s’y fera, p. 75, Âdat mikonim, p. 59.

18 On s’y fera, p. 100, Âdat mikonim, p. 80.

19 On s’y fera, p. 158, Âdat mikonim, p. 129.

20 On s’y fera, p. 157, Âdat mikonim, p. 128.

21 On s’y fera, p. 294, Âdat mikonim, p. 243.

22 On s’y fera, p. 296, Âdat mikonim, p. 244.

23 On s’y fera, p. 37, Âdat mikonim, p. 30.

24 Il est à noter que « djan » qui veut dire « Chéri(e) » peut devenir « djoun » en persan courant. Le mot « djoun » postposé au nom indique une certaine intimité et cela aussi confirme la proximité qui existe entre Nosrat et Arezou par rapport à Mah-Monir.

25 On s’y fera, p. 38, Âdat mikonim, p. 30.

26 On s’y fera, p. 77, Âdat mikonim, p. 60.

27 On s’y fera, p. 165, Âdat mikonim, p. 135.

28 On s’y fera, p. 172, Âdat mikonim, p. 140.

29 On s’y fera, p. 24, Âdat mikonim, p. 19.

30 On s’y fera, p. 61, Âdat mikonim, p. 48.

31 La prononciation enfantine du nom Arezou.

32 On s’y fera, p. 67, Âdat mikonim, p. 53.

33 On s’y fera, p. 209, Âdat mikonim, p. 170.

34 On s’y fera, p. 209, Âdat mikonim, p. 170.

35 On s’y fera, p. 64, Âdat mikonim, p. 50.

36 On s’y fera, p. 211, Âdat mikonim, p. 172.

37 On s’y fera, p. 229, Âdat mikonim, p. 187.

38 On s’y fera, p. 214, Âdat mikonim, p. 174.

39 On s’y fera, p. 284, Âdat mikonim, p. 235.

Bibliographie

Corpus

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Pour citer cet article

Naghmeh Tarjoman Porshkoh, « La maternité et son évolution chez Zoyâ Pirzâd », paru dans Loxias, 62., mis en ligne le 09 septembre 2018, URL : http://revel.unice.fr/loxias/index.html?id=8999.


Auteurs

Naghmeh Tarjoman Porshkoh

Docteur en Littérature Générale et Comparée à la Sorbonne Nouvelle-Paris 3. Elle a soutenu sa thèse intitulée « Images de la femme contemporaine au miroir des œuvres de Zoyâ Pirzâd et Katherine Pancol » en février 2018 sous la direction de monsieur Philippe Daros et sous la co-direction de madame Eve Feuillebois-Pierunek. Elle est intervenue en 2016 à Mashhad au colloque international organisé par l’Université de Ferdowsi « Imagologie en miroir : France-Iran » et en 2018 à Strasbourg au colloque international organisé par l’Université de Strasbourg « Traduction et découverte du patrimoine littéraire franco-persan ».