Loxias | 52. (Re)lectures écocritiques : l’histoire littéraire européenne à l’épreuve de la question environnementale | I. (Re)lectures écocritiques : l’histoire littéraire européenne à l’épreuve de la question environnementale 

Marion Brun  : 

Vers une réhabilitation du roman régionaliste français : une lecture écocritique de Marcel Pagnol

Résumé

Notre étude permet de relire à la lumière de l’écocritique non seulement l’œuvre de Marcel Pagnol mais les catégories dévalorisées dans le canon littéraire que sont les romans régionalistes. Le rapprochement avec le nature writing arrache ces romans à l’imaginaire réactionnaire qui leur est généralement associé et les envisage comme des textes précurseurs des questionnements environnementaux sur le rapport entre l’homme et la nature. Marcel Pagnol qui écrit une sorte de Provence américaine, sauvage, soumet l’homme au cosmos, introduit des personnages romantiques qui célèbrent et divinisent la nature, peut faire figure de nature writer avant l’heure. Surtout, en déplorant la fin d’un monde, l’écrivain contribue à la prise de conscience d’un patrimoine naturel aux portes de Marseille, ce qui confère une performativité écologique à son œuvre littéraire. Le motif du retour à la terre, loin d’être seulement vichyste, prend dès lors une autre dimension, et se relit à la lumière des mouvements sociaux de 1968, qui font de l’artisanat et la paysannerie les garants d’un équilibre entre l’homme et son milieu naturel.

Abstract

This article aims to reinterpret, in light of ecocriticism, Marcel Pagnol’s works as well as the regionalist novel category — a genre traditionally devalued by the literary canon. Reading Marcel Pagnol’s novels as nature writing allows us to dissociate them from the conservative imagery they are usually associated with, and demonstrate how they act as precursors to environmental thought, as they are mainly concerned with the interactions between man and nature. Marcel Pagnol, who depicts a Provence, like American landscapes, wild and capable of subjugating men to the cosmos, and who introduces romantic characters that celebrate and deify nature, could be dubbed a nature writer avant la lettre. When he regrets the end of an era, in particular, the writer contributes to raise awareness to the natural heritage near Marseille, giving his work an ecological performativity. The return to the countryside, thus, is far from being just a motif inspired by Vichy propaganda it should be re-read taking into account the 1968 social movements, that viewed crafts and peasantry as capable of preserving balance between man and the natural environment.

Plan

Texte intégral

1Alors que Jean Giono est abondamment commenté dans une perspective écocritique1 et figure dans les anthologies de textes écologiques2, aux côtés de Henri Pourrat, Henri Bosco ou encore Ferdinand Ramuz, Marcel Pagnol, son contemporain et ami, qui représente pourtant le même espace régional, ne fait pas l’objet d’une telle approche. Ce silence sur l’écriture de la nature chez Marcel Pagnol serait à expliquer, d’après Vincent Borel, par l’attachement de l’ancien dramaturge à la représentation de l’action humaine :

En 1928, voici Colline. L’Italo-provençal y développe une singulière métaphysique de la nature le magique, le secret, le terrifiant opèrent. La sécheresse qui s’abat sur le village, c’est une malédiction lancée par le vieux Janet, sorcier-sourcier, le seul à connaître les mots secrets qui ont pouvoir sur l’eau, la terre, l’air, le feu. C’est toute la différence avec le Manon des Sources de Pagnol, presque trop humain3.

2« Trop humain[e] », l’œuvre de Marcel Pagnol est davantage peuplée de portraits que de paysages. À la marge d’un de ses cahiers, l’écrivain avoue même :

J’aime beaucoup les gens, et ceux que je n’aime pas m’intéressent. Je préfère un homme ou une femme à un paysage, si beau soit-il. « Rien d’humain ne m’est étranger », a dit Térence. J’ajouterai « Rien d’inhumain ne m’est proche ».
Si j’avais été peintre, je n’aurais fait que des portraits4.

3Il est vrai que le combat cosmique de Jean Cadoret alias Jean de Florette contre « les forces aveugles de la nature5 » dissimule le combat humain entre un homme et un village uni par le silence. Malgré l’importance de la représentation des hommes, L’Eau des collines présente dès son titre l’élément minéral comme le personnage principal de son cycle et démontre que contrairement aux déclarations d’intention de l’auteur, la représentation du paysage est un élément central de son œuvre romanesque. Son œuvre cinématographique, qui fait une large part à l’adaptation des récits de Jean Giono, suffirait à rappeler l’importance du sujet écologique. Pagnol écrit et réalise le scénario de Jofroi, tiré d’une nouvelle du recueil Solitude de la pitié, qui a pour sujet la folle affection d’un homme pour ses arbres. Cette nouvelle semble le pendant inverse de L’Homme qui plantait des arbres, récit de la résurrection d’un désert en ruines par l’entreprise exemplaire d’un berger. Le thème de la résurrection rurale, que l’on trouve également dans Regain, et qui préoccupe Pagnol dans L’Eau des collines, montre que leurs œuvres réfléchissent aux possibilités pour enrayer l’urbanisation galopante dont ils sont les témoins. Aussi, le désintérêt pour la sensibilité écologique de l’œuvre de Marcel Pagnol est à chercher dans la réception ambivalente de celui-ci, déconsidéré en tant qu’écrivain régionaliste et populaire. Les outils d’analyse de l’écocritique permettraient d’opérer une relecture du genre, dévalué par l’intelligentsia parisienne, du roman de terroir6 tel que le pratique Marcel Pagnol en rappelant leur portée esthétique et politique qui questionne et redéfinit le rapport de l’homme à la nature.

I) Marcel Pagnol, un écrivain de la nature

a) Le roman régionaliste contre le nature writing

4Dans le contexte de la littérature française, on observe une persistance de l’imaginaire régionaliste et des valeurs qui l’accompagnent, ce qui empêche la transposition du genre du nature writing au corpus français et limite la catégorie aux seuls écrivains américains. Ainsi, Jérôme Dupuis écrit dans L’Express :

Mais, objectera-t-on, cette littérature ne s’épanouit-elle qu’entre Rocheuses et Montana ? N’y a-t-il pas d’« écrivains de nature » en Sibérie, au Chili ou en... France ? « Les manuscrits d’auteurs français que je reçois ne sont pas très bons, avoue Oliver Gallmeister. Je crois que c’est un genre spécifiquement américain ». Il est vrai, même si c’est injuste, que la Yellowstone River et Indian Creek sonnent mieux que la Deûle et la Marne... Et si l’on recherche, dans la littérature française du xxe siècle, qui pourrait incarner le genre, les noms qui viennent à l’esprit sont ceux de Maurice Genevoix (la Sologne de Raboliot) ou Marcel Pagnol. Un peu comme si la traduction française de nature writer était « écrivain de province »7...

5L’esprit jacobin et le parisianisme pèsent sur la représentation que l’on se fait des œuvres traitant de la nature dans les écrits français. Ce poids du centralisme hexagonal réduit l’écriture de la nature à l’écriture provinciale, qui porte en elle les contre-valeurs du passéisme, de l’immobilisme et de l’étroitesse d’esprit. Pour prétendre appartenir à la littérature légitime8, l’écrivain ne peut écrire sur la province qu’en termes satirique. Ainsi, Olivier Gallmeister, éditeur qui s’est attaché à faire connaître le nature writing en France, rappelle les implications de l’écriture sur la nature dans ce contexte idéologique « En France, quand tu parles de nature, c’est assez réactionnaire le retour aux racines, la tradition, la veste en tweed etc. Aux États-Unis, c’est un thème plutôt révolutionnaire9 ». Là où en France, l’imaginaire vichyste l’emporte encore quand il est question de terroir, en Amérique, le thème de la nature, au passé idéologique moins marqué, est plus facilement associé à des engagements politiques postmodernistes, comme l’écologie10. Le refus de la transposition du genre américain aux écrits français trouve son explication dans cette réception négative persistante de la thématique naturelle comme caractéristique du genre régionaliste. Dès lors, associer Marcel Pagnol à l’écriture de la nature (Nature Writing), c’est le couper en partie de cet imaginaire de réactionnaire qu’il était, il devient pionnier et visionnaire sur des questions environnementales loin d’être limité à vision étroitement régionaliste, il porte un discours universel sur le rapport entre l’homme et la nature. Pourtant, l’idée d’une filiation entre le roman de terroir français et le nature writing a déjà été suggérée :

Là où l’écriture barrésienne de la ruralité, de la terre et du monde paysan, que l’on retrouve dans les romans de Claude Michelet et des divers représentants d’écoles dites régionalistes, continue de rencontrer un indéniable succès, la fascination pour la vie sauvage a drainé un autre lectorat, plus jeune et soucieux d’écologie11.

6Le terroir (plutôt que la terre), la ruralité (plutôt que la nature) fait figure, aux yeux du « vieux » lectorat, de genre obsolète, encourant le double reproche d’être réactionnaire et infra-littéraire. Peut-on pour autant effectuer un tel rapprochement entre Marcel Pagnol et le genre du nature writing ?

b) Marcel Pagnol, nature writer ?

7Il semble peu naturel de recourir au modèle américain du nature writing pour qualifier l’œuvre de Marcel Pagnol tant son écriture est imprégnée par la tradition pastorale, comme en témoigne sa traduction des Bucoliques de Virgile12, ou la littérature critique13 qui fait une place à cette question de la réécriture virgilienne. Sa description des paysages doit beaucoup à sa lecture des Bucoliques il écrit dans La Gloire de mon père « C’était le thym, qui pousse au gravier des garrigues ces quelques plantes étaient descendues à ma rencontre, pour annoncer au petit écolier le parfum futur de Virgile14 » ou encore dans La Petite fille aux yeux sombres « C’était là seulement que l’on pouvait comprendre Virgile ou Théocrite, au milieu de cette nature frustre, maigre, sèche, odorante, si pareille aux coteaux de Sicile ou aux collines de l’Arcadie15 ». Jean Cadoret et la bergère Manon sont deux personnages qui semblent hériter de l’idéalisation pastorale. Jean de Florette, muni de son harmonica, et célébrant la beauté de la nature par sa musique, transforme sous son regard le paysage en Arcadie. Manon, fille de ce père à la flûte de Pan, est décrite comme une nymphe des collines, prenant son bain nue à la façon de la Déesse Diane. Malgré cet héritage revendiqué, la pastorale semble une référence insuffisante pour appréhender les descriptions pagnoliennes. Elles tirent parti d’un autre imaginaire, plus discrètement investi, la wilderness américaine. Lecteur de Fenimore Cooper et Gustave Aymard dans son enfance comme il le rappelle dans son œuvre autobiographique16, Marcel Pagnol lit le paysage provençal à travers le filtre de cette littérature des grands espaces, dont le souvenir hante ses descriptions :

Chacun sait que dans une prairie, une cabane abandonnée cache parfois le Sioux ou l’Apache, dont le tomahawk est dressé dans l’ombre, prête à fendre le crâne du voyageur trop confiant… d’autre part, je pouvais y trouver un serpent, des araignées venimeuses ou le scorpion géant des sables, qui vous saute au visage en sifflant17

8Le principal argument qui justifie la spécificité américaine du genre est le caractère radicalement différent des milieux naturels américain et européen. La grandeur des espaces, la préservation du milieu sauvage serait sans commune mesure avec les espaces verts français. Ainsi, Olivier Gallmeister déclare, à propos de l’espace naturel dans l’hexagone :

Il n’y a pas de nature en France. Ici c’est la campagne. Tu ne peux pas mettre ton pied à un endroit qui n’a pas été déjà visité. Les Américains utilisent le terme « wilderness » pour désigner la nature. C’est un mot intraduisible en français18.

9On peut avancer que cette différence entre la nature américaine et française, l’une sauvage, l’autre domestiquée, loin d’être essentielle, n’est que de degré. Marcel Pagnol compare la Provence avec l’Ouest américain. Les gorges provençales sont décrites dans L’Eau des collines comme des « cañon en miniature19 » et les activités agricoles du personnage de Jean de Florette comme des « travaux de pionniers20 », autant de termes qui renvoient à l’imaginaire du Far West. Il n’est pas anodin que Claude Beylie qualifie Pagnol de « Robinson Crusoé sur son île heureuse21 », lui qui, à la façon du héros de Defoe, défriche littéralement la Provence pour pouvoir tourner en plein air22. Les personnages de ses romans investissent cet imaginaire d’un espace sauvage provençal, notamment la bergère Manon qui croit voir un chercheur d’or dans l’instituteur sillonnant les collines pour sa collection de pierres. La Provence représente la terre sauvage par excellence aux yeux de l’écrivain, où l’on peut vivre en autarcie et à la marge de la civilisation. Manon des sources, qui vit dans une grotte et que les habitants ne voient jamais au village, possède les attributs de la sauvageonne étrangère à la civilisation. Ugolin la désigne fort à propos comme « la Sainte Vierge sauvage23 ». L’espace et ses personnages revêtent les caractéristiques de l’imaginaire associé à l’Ouest américain. Aussi les textes pagnoliens éveillent-ils comme dans le nature writing « la nostalgie de la vie sauvage24 », libérée des codes sociaux. La Provence, à la fois locus amoenus et horribilis, partage avec les grands espaces américains une dualité elle est tout à la fois Arcadie, bucolique virgilienne et le lieu où l’homme fait l’expérience de sa vulnérabilité face aux puissances cosmiques. Ainsi, une journaliste commente le genre du nature writing « Partout la nature domine, écrase, ramène l’homme à sa fragilité, tout en l’élevant, en lui insufflant le sentiment profond de son appartenance au cosmos25 ». De même, Jean de Florette, soumis aux aléas météorologiques, est le héros d’une véritable bataille contre les éléments, qui ruine sa fierté d’homme en montrant l’inanité de sa connaissance des statistiques pluviométriques26. La cruauté du paysage est anthropomorphisée sous le regard de sa fille, qui contemple « au loin la crête féroce du Saint-Esprit, le récif éventreur de nuages, qui l’avait ruiné27 ». On voit déjà la possibilité d’une lecture écocritique de Pagnol qui mette en lumière une remise en question du rapport de l’homme moderne à la nature, celui du « maître et possesseur », en rappelant la soumission des hommes à la fatalité des lois naturelles.

c) Nature sacrée

10Alors qu’il est question d’« épopée cynégétique28 » dans son autobiographie et qu’il met le plus souvent en scène une activité rurale qui suppose une relation d’exploitation et une gestion pragmatique de l’espace naturel, ce qui corroborerait l’image d’un homme dompteur de la terre, Marcel Pagnol tend à personnifier la flore et, in fine, à lui conférer une dimension sacrée. Dans le scénario de Jofroi, plus ample que la nouvelle de Jean Giono, Marcel Pagnol ajoute à l’argumentation du paysan une comparaison explicite entre les arbres et les hommes, qui souligne le caractère sacrilège de leur arrachage :

Mais les arbres ! Il n’y a pas de paradis des arbres ! Eux, quand ils meurent, ce n’est plus que du bois. Alors, les miens, ne les pressez pas comme ça, ne leur courez pas derrière avec une hache à la main ! Laissez-les mourir de mort naturelle !
C’est parce qu’ils ne font plus de fruits ? […] Alors, moi, parce que je suis trop vieux pour avoir des enfants, tu voudrais qu’on me mène à la guillotine ? […] Un arbre ce n’est pas une personne Et depuis quand ? […] On voit bien que jamais les arbres ne vous ont parlé29.

11Cette personnification des éléments naturels s’étend à la source, citée comme témoin dans son « procès » par Manon30, à l’eau des collines « qui aurait pu sauver son père, et qui gaspillait sa richesse dans la roche stérile et la nuit souterraine31 » et à la pluie « qui avait si longuement trahi son père32 ». De l’animation à la divinisation de la nature, il n’y a qu’un pas et l’on ne s’étonne pas que Jean de Florette adresse des prières à l’orage ou joue à l’harmonica de véritables hymnes de célébration panique :

Avant d’attaquer le premier arbuste sauvage, il lui fit, dans l’aube naissante, un petit discours, en invoquant la nécessité où il se trouvait de nourrir sa famille puis, pour toutes ces plantes qu’il allait tuer, il joua un petit air d’harmonica, noble et triste pendant que le jour se levait33

12Ce lien entre spiritualité et contemplation de la nature est un motif romantique, qui, de Thoreau à Kathleen Dean Moore, est au fondement du genre du nature writing. Le genre serait apte à faire « sentir l’âme des lieux34 », développant une mystique liée au paysage. Aussi, Manon la sauvageonne, qui se lance dans une course avec l’orage et lui envoie des baisers35, se prête à un rite, qui en fait une forme de prêtresse de la nature :

Vers onze heures, elle appelait la grosse chèvre et trayait un peu de lait dans une assiette de fer-blanc qu’elle posait à côté d’elle sur la roche plate… Puis elle portait à ses lèvres le petit harmonica, et jouait un air ancien, toujours le même, une longue phrase aiguë et fragile, qui égratignant à peine le pur silence du vallon alors, le grand « limbert » des Refresquières, le lézard vert ocellé d’or et de bleu, jaillissait d’un lointain fourré de ronces. Comme une traînée de lumières il accourait vers la musique, et plongeait son bec de corne dans le lait bleuté des garrigues36.

13Manon ressemble à une sorcière ou une fée, qui enchante la nature et les animaux de sa lyre à la manière d’Orphée. On peut voir les échos avec le Petit traité de philosophie naturelle de Kathleen Dean Moore qui rappelle ce fait anthropologique sur les Amérindiens :

Nos ancêtres parlaient aux orages avec des mots magiques, leur adressaient des prières et des malédictions, dansaient pour eux jusqu’à toucher le seuil même de ce qui est autre, puissant cette majesté glacée des courants océaniques, des vents chaotiques qui échappent au contrôle et à l’entendement37.

14Derrière la représentation de l’activité paysanne, Pagnol, souscrivant aux codes romantiques liant nature et sacralité, chante discrètement un hymne à la nature, qui s’anime et prend figure divine. En faisant du roman de terroir une ode à la nature, son œuvre semble présenter des accointances autant avec la pastorale qu’avec le nature writing. Malgré l’affinité qui existe entre les écritures de la nature et l’écologie – la pastorale, par exemple, étant considérée comme une forme ancestrale de littérature environnementale38 – doit-on pour autant penser que cet intérêt de Marcel Pagnol pour le paysage s’accompagne d’une revendication environnementale avant la lettre ?

II) Le patrimoine écologique Marcel Pagnol

15Célébrant les ruines d’un monde en voie de disparition, d’un monde rural transformé par la péri-urbanisation, d’une terre sauvage colonisée par les hordes touristiques, faisant l’éloge du temps des « dernier[s] chevrier[s]39 », Marcel Pagnol contribue à la prise de conscience que le site du massif de Garlaban constitue un patrimoine écologique à préserver. Comme l’expliquent Jean-Pierre Babelon et André Chastel, « le sens du patrimoine national est moins éveillé par la fidélité à l’œuvre des siècles que par une dimension funèbre sur leur caducité40 ». Aussi, relevant l’extinction progressive de la ruralité dans les environs de Marseille, Marcel Pagnol « patrimonialise » le paysage des collines du Garlaban. À cet égard, on pourrait qualifier l’œuvre de cet écrivain comme une littérature de l’écologie, qui est par essence d’après Alain Suberbicot une littérature de fin du monde41.

a) Littérature écologique et fin du monde

16La mort d’un monde rural qui contribuait à la préservation du paysage est mise en lumière par une poétique de la ruine qui se tisse dans les récits de Marcel Pagnol. Ce sont les ruines de fermes qui témoignent de la mort d’une civilisation. Elles sont évoquées assez superficiellement dans « La Gloire de mon père » la villa que la famille habite est une « ancienne ferme en ruine42 ». Cet édifice délabré est emblématique de la conversion en cours de l’espace provençal, terre agricole qui se transforme en espace touristique sa restauration trahit la fonction originelle du lieu. En effet, la Bastide Neuve, qui emprunte au Pont Neuf43 son paradoxe, se présente comme une ruine au milieu des ruines « La Bastide Neuve était la dernière bâtisse, au seuil du désert, et l’on pouvait marcher pendant trente kilomètres sans rencontrer que les ruines basses de trois ou quatre fermes du moyen âge, et quelques bergeries abandonnées44 ».

17C’est Regain45, adaptation du roman de Giono, qui renoue avec une inspiration ruiniste pour décrire le paysage provençal. La ruine, déjà présente dans le roman de Giono, n’est pas une idée originale du film. Néanmoins, l’attention particulière qu’a portée Pagnol aux ruines dit l’intégration de cet imaginaire. La campagne publicitaire qui a accompagné la sortie du film repose en effet sur le slogan « Le film pour lequel Pagnol a construit un village. Ne pouvant filmer le village des Redortiers, dont s’inspire Giono, pour des raisons pratiques, en termes à la fois d’accessibilité et d’exposition à la lumière, Pagnol décide en effet de construire un village en ruines. Le décor paradoxal mis en place – qui construit en déconstruisant – concrétise l’espoir d’une renaissance paysanne, en inscrivant dans le paysage une ruine en devenir. Dans la préface du scénario, le cinéaste raconte la visite du village où il avait prévu initialement de tourner :

Nous commençâmes l’ascension de ce tortueux raidillon en levant la tête, on voyait un spectacle tragique. Le sommet vers lequel nous montions était couronné de créneaux qui étaient les derniers pans de murs de maisons effondrées.
Nous débouchâmes sur la place du village, envahie par des kermès, des ronces sous des pins. Elle était entourée de maisons aux façades crevassées le porche de l’église s’était abattu dans l’herbe, l’abside était tombée sur l’autel, derrière un gros figuier dont une branche avait traversé un vitrail. Il restait cependant une rue étroite jonchée de tuiles brisées et bordée de maisons, dont certaines étaient inexplicablement assez bien conservées, si ce n’est que leurs fenêtres n’avaient plus de volets ni de vitres. On avait aussi emporté presque toutes les portes. Dans une cuisine, sur une table vermoulue, il y avait un soulier de paysan, dur comme du bronze, et sur l’évier, les débris verdâtres d’une cruche cassée. Des hommes et des femmes avaient vécu là ils avaient dansé sur la place du village, ils s’étaient aimés, ils avaient eu des enfants, puis, un jour, ils étaient partis les uns après les autres, vers les villes que les jeunes avaient découvertes en faisant leur service militaire, ou vers le cimetière du village, et tout ce qui restait de leur dur labeur, c’était ces ruines pathétiques, ce cruel témoignage de l’émouvante faiblesse de l’homme qui passe comme une ombre rapide sur cette terre minérale, nourrisseuse obstinée de l’herbe éternelle46.

18Il peut paraître paradoxal de voir dans ce texte un manifeste écologique, là où il est visible que Pagnol déplore la suprématie de la nature sur la culture, l’invasion de la végétation et la victoire de la nature sauvage sur toute forme de domestication. C’est que la fin du monde rural dit en creux la victoire de l’urbanisation, la progression inéluctable de la ville et son empiétement sur les campagnes. Notons l’atmosphère catastrophiste de la description, qui propose une scène de carnage, dont on retrouve le témoignage dans le soulier et les débris de bouteille le site respire la mort et prend un air de fin du monde. Marcel Pagnol pleure sur l’exode rural, la fin de la paysannerie provençale et la dénaturation de l’espace méridional devenu terre touristique. Dans une métalepse, le narrateur de Jean de Florette regrette la déforestation et la disparition de la faune provençale à la suite de la conversion d’un espace rural en zone de villégiature :

À cette époque, les gentils boy-scouts et les sympathiques campeurs n’avaient pas encore allumé, sous la côtelette du dimanche, ces poignées de crépitantes brindilles qui ont lancé leurs étincelles depuis Sainte-Victoire jusqu’au mont Boron d’immenses pinèdes couvraient encore la longue chaîne de montagnes qui borde notre Méditerranée, et l’on disait, sans trop exagérer, qu’il était possible, en partant d’Aix, d’aller à pied jusqu’à Nice, “sans passer au soleil”.
Sous ce couvert, dans les bruyères, les genêts, les chênes kermès, se cachaient des « compagnies » de perdrix, des lapins qui étaient déjà préparés pour la broche en se nourrissant de thym, et de grands lièvres presque rouges.
Puis, selon la saison, arrivaient des vols de grives, des essaims d’étourneaux, des bandes de culs-blancs, de solitaires bécasses, et dans les hautes vallées, des familles de sangliers, qui descendaient parfois, en hiver, jusqu’aux abords des villages47.

19Pagnol célèbre un monde disparu caractérisé par l’abondance de sa faune et de sa flore. En ce temps, l’espace naturel proliférant constituait encore une menace pour l’espace habité du village. Pagnol montre que le rapport de force du monde contemporain s’est inversé et souligne en creux la raréfaction des plantes et des animaux. Ce passage suggère que la nostalgie pagnolienne, longtemps considérée comme réactionnaire, peut être relue au prisme de l’écocritique sensible avant l’heure aux questions environnementales, Pagnol ne serait plus un écrivain d’arrière-garde, mais un précurseur.

b) Le retour à la terre une revendication écologique

20De même, le thème du retour à la terre, illustré par le roman L’Eau des collines qui évoque la parcours d’un citadin décidant de revenir sur les traces de ses ancêtres en se faisant paysan est soupçonné depuis le Régime de Vichy de véhiculer une pensée réactionnaire. Ce cycle romanesque publié en 1963 prend place dans un contexte où le thème du retour à la terre prend de nouvelles résonances, puisqu’il est associé aux premières actions de mobilisation en faveur de l’écologie, aux premières remises en question de la société de consommation. Le personnage de Jean de Florette, qui abandonne son métier de percepteur, renonce à une logique mercantile pour préférer la frugalité d’une vie naturelle. Jean Cadoret prononce le discours topique du retour aux sources, synonyme d’équilibre retrouvé entre l’homme et la nature :

Après avoir longuement médité et philosophé, je suis arrivé à la conclusion irréfutable que le seul bonheur possible c’est d’être un homme de la Nature. J’ai besoin d’air, j’ai besoin d’espace pour que ma pensée se cristallise. Je ne m’intéresse plus qu’à ce qui est vrai, sincère, pur, large, en un seul mot, l’authentique, et je suis venu ici pour cultiver l’authentique. […] Je veux vivre en communion avec la Nature. Je veux manger les légumes de mon jardin, l’huile de mes olives, gober les œufs frais de mes poules, m’enivrer du seul vin de ma vigne, et dès que ce sera possible, manger le pain que je ferai avec mon blé48.

21Il est visible qu’à la logique sociale, Jean de Florette préconise une régression au stade autarcique, qui lui permet de consommer les fruits de son travail sans dépendre du marché des biens manufacturés. Entre déploration de l’exode rural et apologie d’un retour à la terre, Marcel Pagnol ajoute un troisième terme, qui contribue au maintien des structures économiques et sociales de l’ancien monde la défense de l’artisanat. Cet « anachronisme49 » est nécessaire, dit-il, pour la préservation du monde paysan « La disparition possible du petit commerce et de l’artisanat constitue une menace terrible pour le paysan50 ». Comme il avait déploré la disparition du « dernier chevrier de Virgile », Pagnol pleure dans Regain la mort du dernier forgeron d’Aubignane. En mettant en scène la mort du forgeron, Gaubert, détenteur d’un savoir-faire ancestral, qui laisse en héritage son dernier soc de charrue51, Marcel Pagnol évoque la fin d’une société fondée sur l’artisanat. Cette logique est cohérente avec sa pratique cinématographique. Refusant de faire du cinéma industriel mais revendiquant une posture d’artisan, Pagnol se fait le pourfendeur des trusts et des monopoles. Comme le rappelle Timothy Clark52, le rapport avec la nature dépend étroitement d’une refondation de notre conception du travail. Cette critique des phénomènes de concentration qui détruisent le tissu économique et social de la France conçu sur les piliers de l’artisanat, de la paysannerie et du petit commerce est fondamentale pour l’établissement d’un rapport plus équilibré entre l’homme et la nature. Sa vision entre en résonance avec les propos de Giono « La paysannerie et l’artisanat sont seuls capables de donner aux hommes une vie paisible, logique, naturelle53 ». Pagnol conçoit une éthique environnementale avant l’heure, qui prône le retour à l’artisanat et à la paysannerie au nom de la défense d’un patrimoine culturel et écologique menacé.

c) Performativité écologique de l’œuvre de Marcel Pagnol

22Les conséquences qu’a eues son œuvre sur le paysage des environs d’Aubagne – ce que j’appelle performativité – démontrent in fine la validité d’une lecture écocritique. L’opposition populaire qui a fait l’actualité de la municipalité d’Aubagne en 2004 marque le lien entre Marcel Pagnol et la patrimonialisation d’un paysage. En effet, les randonnées-pèlerinages organisés dès les années soixante-dix sur les lieux de tournage et sur les lieux décrits dans les Souvenirs d’enfance, ont contribué à donner une histoire et une mémoire à cet espace, en l’érigeant en lieu de culte et de dévotion autour du personnage de Pagnol. Les tournages en décor naturel et le choix de construction, notamment pour Regain, d’un vrai-faux village en ruines ont laissé leurs marques dans le paysage, « exemple rare, sinon unique, de la marque physique d’un cinéaste sur le paysage naturel54 ». Traces ou reliques du cinéma français des années quarante et cinquante, le passage de Marcel Pagnol dans le paysage est l’objet d’un intérêt culturel. La mémoire proprement littéraire des lieux décrits dans les Souvenirs d’enfance donne également sa valeur au paysage des collines, justifiant leur conservation et leur préservation. Ainsi, lors du projet d’urbanisation du pied du Garlaban par la mairie d’Aubagne55, l’Association pour la Protection du Garlaban Aubagnais (APGA) se mobilise et organise un referendum populaire pour sauver de la bétonisation les « collines sacrées56 » de Marcel Pagnol. La sacralisation du lieu repose sur le sentiment d’une propriété de Marcel Pagnol sur cet espace. Les articles de presse citent systématiquement dans la polémique le nom de Pagnol, de l’autorité duquel on se réclame pour empêcher la destruction du paysage. 20 Minutes titre un article sur la question « Le Roman judiciaire des collines de Pagnol57 », jouant sur la référence à Manon des sources, roman « judiciaire » de l’eau. L’histoire finit mal malgré la victoire du non au référendum, l’importante abstention autorise la mairie à trancher en faveur de son projet d’urbanisation, mettant fin à la « polémique sur les flancs de la montagne de Marcel Pagnol58 ». L’événement a suffi à démontrer que le nom de l’écrivain, invoqué dans le cadre de la défense d’une cause écologique, est lié à l’image de marque du patrimoine écologique provençal et qu’une lecture écocritique de son œuvre s’est déjà opérée dans la mémoire collective française.

23La stratégie auctoriale de Marcel Pagnol pour légitimer le genre du roman régional avait été d’opérer un rapprochement entre Virgile et l’écriture du paysage provençal, cherchant dans l’héritage antique une caution culturelle. Jouant d’un autre anachronisme, nous avons relu les récits du terroir de Marcel Pagnol au prisme du Nature Writing, qui l’associe de nouveau à un genre légitimé, ce qui permet de reconfigurer le canon littéraire et la hiérarchie des genres. L’écriture de la nature et le rapport que l’homme entretient avec elle introduisent un universalisme dont les catégories régionalistes sont privées. Ces éléments déplacent le regard sur l’œuvre de Marcel Pagnol et dessinent de nouvelles potentialités de lecture qui pourraient amener à reconsidérer sa place dans le canon littéraire et dans l’histoire des idées.

Notes de bas de page numériques

1 Teresa Minhot, « Jean Giono prophète écologiste », Jean Giono Bulletin, n° 16, 1981, p. 95-102. Vincent Borel, « Giono, notre premier grand écrivain écolo », Clés, mars-avril 1993, [en ligne], http://www.cles.com/enquetes/article/giono-notre-premier-grand-ecrivain-ecolo, consulté le 9 novembre 2015. Voir la thèse de doctorat de Thomas Robert, « Naissance et développement d’une conscience écologique en littérature à travers Walden ou la vie dans les bois d’Henry David Thoreau, l’Homme qui plantait des arbres et Prélude de Pan de Jean Giono », 2010. Walter Wagner, « Ecological sensibility and the experience of nature in the twentieth century French littérature of Jean Giono, Marguerite Yourcenar and Julien Gracq », Ecozon@ European Journal of Literature, Culture and Environment, vol. 5, n. 1 (2014), p. 175-198 [en ligne] http://dspace.uah.es/dspace/handle/10017/20231, consulté le 9 novembre 2015.

2 Dominique Bourg (dir.), La Pensée écologique. Une anthologie, Paris, Presses Universitaires de France, 2014.

3 Vincent Borel, « Giono, notre premier grand écrivain écolo », Clés, mars-avril 1993, [en ligne], http://www.cles.com/enquetes/article/giono-notre-premier-grand-ecrivain-ecolo, consulté le 9 novembre 2015.

4 Cité par Bernard de Fallois, « Marcel Pagnol au temps des souvenirs », dans Œuvres complètes, t. III « Souvenirs et romans », Paris, Éditions de Fallois, 1995, p. 657.

5 Marcel Pagnol, « Manon des sources », dans L’Eau des collines, Œuvres complètes, t. III « Souvenirs et romans », Paris, Éditions de Fallois, 1995, p. 965 « Ce n’était pas contre les forces aveugles de la nature, ou la cruauté du Destin qu’il s’était si longuement battu mais contre la ruse et l’hypocrisie de paysans stupides, soutenus par le silence d’une coalition de misérables ».

6 Voir sur ce genre et sa réception Paul Vernois, Le roman rustique de Georges Sand à Ramuz ses tendances et son évolution (1860-1925), Paris, Nizet, 1962. Anne-Marie Thiesse, Écrire la France Le mouvement littéraire régionaliste de langue française entre la belle époque et la libération, Paris, Presses Universitaires de France, 1991. Élisabeth Souny, Le roman de pays dans l’entre deux-guerres la passion de la terre, thèse de doctorat sous la direction de Didier Alexandre, Paris IV.

7 Jérôme Dupuis, « Nature Writing », L’Express, 1er Juin 2008, [en ligne] http://www.lexpress.fr/culture/livre/italique-nature-writing-italique_814395.html, consulté le 10 novembre 2015.

8 Anthony Glinoer, « Classes de textes et littérature industrielle dans la première moitié du xixe siècle », COnTEXTES [En ligne], Varia, mis en ligne le 26 mai 2009, consulté le 8 mars 2016. URL http://contextes.revues.org/4325 « Pierre Bourdieu a proposé une définition sans grande équivoque de la légitimité “Est légitime une institution, ou une action, ou un usage qui est dominant et méconnu comme tel, c’est-à-dire tacitement reconnu”. En d’autres termes, le légitime s’impose et est imposé jusqu’à ne plus faire débat et avoir pris force d’évidence. Plusieurs sociologues de l’art et de la littérature ont discuté l’application de cette métaphore issu du domaine juridique et souligné que les définitions mêmes de la littérature légitime sont sujettes à une réévaluation permanente ».

9 Philippe Savary, « La tête à l’Ouest », Le Matricule des anges, avril 2007, [en ligne] http://www.gallmeister.fr/documents/lire/presse-nw-53f49d73da8d4.pdf, consulté le 10 novembre 2015.

10 On peut ainsi souscrire à la réflexion de Greg Garrard, Ecocriticism, London and New York, Routledge, 2004, p. 38 « The meanings and values implied by pastoral, elegy and idylle vary according to the historical context in which they appear ». [Les significations et les valeurs véhiculées par la pastorale, l’élégie et l’idylle varient en fonction des contextes historiques dans lesquels ces genres apparaissent].

11 Vladimir de Gmeline, « Le souffle de l’ouest », Valeurs actuelles, 24 novembre 2006, [en ligne] http://www.gallmeister.fr/documents/lire/presse-nw-53f49d73da8d4.pdf, consulté le 10 novembre 2015.

12 Marcel Pagnol, Bucoliques, recueil de Virgile, traduit du latin, Paris, Grasset, 1958.

13 Andrée Tudesque, Marcel Pagnol et la tradition bucolique, Worms, G. Reichert, 1991.

14 Marcel Pagnol, « La Gloire de mon père », dans Souvenirs d’enfance, Œuvres complètes, t. III, Paris, Éditions de Fallois, 1995, p. 69.

15 Marcel Pagnol, La Petite fille aux yeux sombres, dans Œuvres complètes, t. III, « Souvenirs et romans », Paris, Éditions de Fallois, 1995, p. 1238.

16 Marcel Pagnol, « La Gloire de mon père », op. cit., p. 81 « Le petit Paul, les yeux tout grands, la bouche entrouverte, m’écouta lire à haute voix Le Dernier des Mohicans. Ce fut pour nous une révélation, confirmée par Le Chercheur de Pistes nous étions des Indiens, des fils de la Forêt, chasseurs de bisons, tueurs de grizzlys, étrangleurs de serpents-boas, et scalpeurs de Visages Pâles. »

17 Marcel Pagnol, « La Gloire de mon père », op. cit., p. 136.

18 Philippe Savary, « La tête à l’Ouest », Le Matricule des anges, avril 2007, [en ligne] http://www.gallmeister.fr/documents/lire/presse-nw-53f49d73da8d4.pdf, consulté le 10 novembre 2015.

19 Marcel Pagnol, « Jean de Florette », dans L’Eau des collines, Œuvres complètes, t. III « Souvenirs et romans », Paris, Éditions de Fallois, 1995, p. 771.

20 Marcel Pagnol, « Jean de Florette »,, p. 760.

21 Claude Beylie, « À cœur ouvert », Cinéma 69, n° 134, mars 1969, p. 32 à 35.

22 Roger Régent, « Avec Marcel Pagnol, pendant les prises du vues d’Angèle dans la campagne marseillaise », L’Intransigeant, 9 juin 1934 « Il n’y avait pas de route pour venir jusqu’ici ! […] J’ai dû en faire construire une, à peu près carrossable pour que le matériel et nos camions sonores, nos appareils, et nos repas puissent accéder jusqu’à la ferme. »

23 Marcel Pagnol, « Manon des sources », op. cit., p. 938.

24 Emmanuel Romer, « La métaphore des grands espaces, d’Amérique et d’ailleurs », La Croix, 7 février 2008, [en ligne] http://www.gallmeister.fr/documents/lire/presse-nw-53f49d73da8d4.pdf, consulté le 10 novembre 2015.

25 Vladimir de Gmeline, « Le souffle de l’Ouest », Valeurs actuelles, 24 novembre 2006, [en ligne] http://www.gallmeister.fr/documents/lire/presse-nw-53f49d73da8d4.pdf, consulté le 10 novembre 2015.

26 Marcel Pagnol, « Jean de Florette », op. cit., p. 813 : « Il en conclut que pour tenir jusqu’au 26 août, il faudrait utiliser Baptistine, Aimée, et Manon, et faire sept voyages par jour, c’est-à-dire douze heures de marche puis, comme il était impossible d’imposer à ces femmes un programme qui eût effrayé un chasseur alpin, il se persuada qu’il était absurde d’envisager une aussi longue sécheresse, et changea les données du problème pour en améliorer la solution il décida donc que la pluie viendrait à son aide le 20 août. »

27 Marcel Pagnol, « Manon des sources », op. cit., p. 887. Le narrateur omniscient prête ces pensées au personnage qui regarde le paysage.

28 Marcel Pagnol, « Le Château de ma mère », op. cit., p. 155.

29 Marcel Pagnol, Jofroi, Œuvres complètes, t. II, Paris, Éditions de Fallois, 1995, p. 121-2.

30 Marcel Pagnol, « Manon des sources », op. cit., p. 1023.

31 Marcel Pagnol, « Manon des sources », op. cit., p. 971.

32 Marcel Pagnol, « Manon des sources », op. cit., p. 968.

33 Marcel Pagnol, « Manon des sources », op. cit., p. 971.

34 Mohammed Taleb, « Sentir l’âme des lieux », Le monde des religions, mai-juin 2013, [en ligne] http://www.gallmeister.fr/documents/lire/presse-nw-53f49d73da8d4.pdf, consulté le 10 novembre 2015.

35 Marcel Pagnol, « Manon des sources », op. cit., p. 901 « Et tout d’un coup, à ras de la gineste, je vois passer comme un oiseau doré… Il file, il file, et il arrive au découvert et je vois que c’était cette fille qui courait devant l’orage, et le doré, c’étaient ses cheveux. Elle s’arrête, elle se retourne, elle regarde les nuages. Le tonnerre pète, elle éclate de rire, elle lui envoie un baiser ! […] Elle a pris la pente, mes amis, en sautant les buissons comme une gerboise et que je meure à l’instant si ce n’est pas vrai, l’orage ne l’a pas rattrapée ! »

36 Marcel Pagnol, « Manon des sources », op. cit., p. 930-931.

37 Kathleen Dean Moore, Petit traité de la philosophie naturelle, Paris, Éditions Gallmeister, 2006, p. 64.

38 Voir Greg Garrard, Ecocriticism, London and New York, Routledge, 2004.

39 Marcel Pagnol, « Le Château de ma mère », dans Souvenirs d’enfance, Œuvres complètes, t. III, « Souvenirs et romans », Paris, Éditions de Fallois, 1995, p. 290.

40 Jean Pierre Babelon et André Chastel, La Notion de patrimoine, Paris, Liana Levi, 1994, p. 69.

41 Alain Suberchicot, Littérature et environnement, pour une écocritique comparée, Paris, Honoré Champion, coll. Unichamp-Essentiel, 2012, p. 13 : « La littérature de l’écologie est une littérature de fin du monde ».

42 Marcel Pagnol, « La Gloire de mon père », op. cit., p. 74.

43 Le Pont Neuf, malgré son nom, est le pont le plus ancien de la ville de Paris.

44 Marcel Pagnol, « La Gloire de mon père », op. cit., p. 76.

45 Regain, Production Films Marcel Pagnol, Réalisation, scénario et dialogue Marcel Pagnol, Musique Arthur Honegger, Interprètes Gabriel Gabrio (Panturle), Orane Demazis (Arsule), Margueite Moreno (la Mamèche), Fernandel (Gédémus), Robert Le Vigan (le brigadier), Henri Poupon (l’amoureux), Odette Roger (sa femme), Milly Mathis (Belline), Delmont (le père Gaubert), Blavette (son fils, Jasmin), Dullac (M. Astruc) Louisard (le garde-champêtre), Charblay (le boucher), Mme Chabert (la Martine), Jean Castans (Jérémie), Robert Bassac (le percepteur), France, 1937.

46 Marcel Pagnol, Regain, dans Œuvres complètes, t. II, Paris, Éditions de Fallois, 1995, p. 496.

47 Marcel Pagnol, « Jean de Florette », op. cit., p. 677.

48 Marcel Pagnol, « Jean de Florette », op. cit., p. 731.

49 Marcel Pagnol, Inédits, Paris, Vertiges du Nord-Carrère, 1987, p. 70.

50 Marcel Pagnol, Inédits, op. cit., p. 75.

51 « Un soc paraît. Un soc aiguisé, arrogant, avec le flanc creux des bêtes qui courent à travers la colline. Panturle regarde le soc et regarde Gaubert. Gaubert. Il est de bonne race. C’est le dernier. Je l’ai encore fait à Aubignane… Prends-le. […] Là, dans ce placard tu trouveras un bois de charrue, un bois d’araire, tout prêt, tout fini, tout tordu dans les règles. Un bois de race, aussi. Le bois qu’il faut pour ce soc » dans Marcel Pagnol, Regain, op. cit., p. 598.

52 Timothy Clark, The Cambridge Introduction to Literature and the Environment, Cambridge, Cambridge University Press, 2011, p. 17 « As the exemple of Wordsworth shows, a strong feature of Romantic oppositionalism in the nineteenth century was a profound concern with the nature of work, a crucial topic sometimes forgotten by modern environmentalists ». [Comme le montre l’exemple de Wordsworth, l’une des principales particularités de l’opposition romantique au xixe siècle était le profond intérêt pour la nature du travail, un thème crucial parfois oublié par les écologistes contemporains.]

53 Jean Giono, Triomphe de la vie, Paris, Bernard Grasset, 1942, p. 17.

54 Ginette Vincendeau, « Le petit monde de Marcel Pagnol », dans Pierre Beylot & Raphaëlle Moine (dir.), Fictions patrimoniales sur grand et petit écran contours et enjeux d’un genre intermédiatique, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, 2009, p. 189.

55 Le Mont lui-même fait partie du réseau Natura 2000 mais le piémont est classé en zone « NA », ce qui rend possible la construction.

56 Marie Cousin, « Collines sacrées », L’Express, 5 juillet 2004 [en ligne] http://www.lexpress.fr/informations/collines-sacrees_656471.html, consulté le 16 octobre 2015.

57 Frédéric Legrand, « Le Roman judiciaire des collines de Pagnol », 20 minutes, 5 mars 2006, [en ligne] www.20minutes.fr/marseille/31036-20040528-marseille-le-roman-judiciaire-des-collines-de-pagnol, consulté le 16 octobre 2015.

58 Denis Peiron, « Polémique sur les flancs de la montagne de Marcel Pagnol », La Croix, 27 mai 2004, [en ligne] http://www.la-croix.com/Archives/2004-05-27/Polemique-sur-les-flancs-de-la-montagne-de-Marcel-Pagnol-_NP_-2004-05-27-209597 consulté le 16 novembre 2015.

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Pour citer cet article

Marion Brun, « Vers une réhabilitation du roman régionaliste français : une lecture écocritique de Marcel Pagnol », paru dans Loxias, 52., mis en ligne le 14 mars 2016, URL : http://revel.unice.fr/loxias/index.html?id=8301.


Auteurs

Marion Brun

Agrégée de Lettres Modernes et doctorante contractuelle à Paris-Sorbonne dans le laboratoire « Littérature Française XIXe-XXIe siècles », Marion Brun a entamé une thèse sur « Marcel Pagnol, une figure d’auteur classique-populaire. Réflexions sur les marges du littéraire » sous la direction de M. Alexandre et travaille notamment sur les problématiques de la littérature populaire, du régionalisme et de la réception.