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Toujours migrants, mais désormais écrivains : stratégies identitaires et littérature africaine

La plupart des auteurs partis d’Afrique se sont posés comme migrants avant de s’insérer comme écrivains dans leur société d’accueil. Ils sont toujours reçus comme : migrants professionnels (Tahar ben Jelloun s’est installé en France pour enseigner et faire une thèse de doctorat en psychologie) ; comme étudiants (Max Lobé, Patrice Nganang, etc.) ; comme réfugiés (asile politique ou humanitaire) ; au titre de regroupement familial (Fatou Diome, sénégalaise, est allée en France en raison d’une histoire d’amour et d’un mariage avec un Français). Il existe aussi des cas d’immigrants illégaux comme Georges Yemy, ou comme Omar Bâ que le témoignage controversé de son expérience migratoire a justement fait connaître comme auteur. Ceux même qui sont nés en Occident de parents migrants ont d’abord connu la réalité de migrants avant de se distinguer comme écrivains. Il s’agit donc fondamentalement de sujets migrants, indépendamment de leurs stratégies. Contrairement à la femme de Lot, tous ont en commun de regarder sans cesse derrière eux, vers leurs origines, sans jamais être statufiés, c’est-à-dire que le matériau de l’origine est prégnant, mais leurs stratégies d’adaptation socioculturelle portent la marque à la fois des transformations identitaires qui ont cours dans leurs sociétés d’origine et des ressources multiculturelles mobilisées dans les sociétés d’accueil, ou ils créent et défendent de nouvelles identités hybrides, qu’il semble utile de catégoriser.

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