Europe dans Loxias


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Loxias | Loxias 44. | I.

Les incorporations de Romain Gary : un pluriel stylistique

Romain Gary devient diplomate en 1945. Impliqué pendant une quinzaine d’années dans les négociations onusiennes et européennes, il ne cachera jamais dans son œuvre ses réticences concernant la construction de ces organisations internationales dont les fondations abstraites ne pouvaient pas être à la hauteur de l’idéalisme qui les présidait. L’ONU et l’Europe deviennent chez Gary des emblèmes symboliques d’une imagination abstraite et stérile s’apparentant à un fantôme de l’humanité. Si d’un point de vue politique ces organisations internationales s’imposent comme un miroir déformant de la fraternité dans lequel l’homme occidental désire se reconnaître, d’un point de vue littéraire, l’écrivain les réduit à des figures de style soulignant leur futilité et leur stérilité. Grâce à un jeu subtil de métaphores récurrentes dans plusieurs romans (principalement dans L’Homme à la colombe et Europa, mais aussi dans Tulipe et Le Grand Vestiaire), ces institutions peuvent être envisagées comme une écriture du corps. Romain Gary became a diplomat in 1945. With 15 years of involvement in United Nations and European negotiations, he never hided in his written works his reticence regarding the creation of these international organizations whose abstract foundations cannot meet the lofty idealism that preceded them. The UN and Europe became for Gary symbolic emblems of abstract and sterile imagination derived from a vain dream of humanity. From political point of view these organizations impose themselves as a distorting mirror of the brotherhood in which a western man would like recognize himself; from a literary point of view the writer reduce them to the figures underlining their futility and vanity. Thanks to their fine play of metaphors recurring in several novels (mainly in L’Homme à la colombe and Europa as well as Tulipe and Le Grand Vestiaire translated in English in 1950 as The Company of Men), these institutions can be considered as a writing of body.

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Loxias | 61. | II.

La Poésie comme entretien - La poesia come colloquio

“Paris, L’Harmattan, collection Thyrse n° 12 (Université Côte d’Azur, CTEL), 7 mai 2018, 486 pages. Le volume comprend des contributions en français et en italien. L’expression « la poesia come colloquio » à l’origine utilisée par Pétrarque a connu une longue fortune dans la littérature jusqu’à nos jours. En quoi consiste l’entretien ? Quelles sont les images d’interlocuteur qui y sont impliquées ? Dans quelles mesures l’entretien peut-il devenir une notion matricielle pour le discours poétique ? Quels sont ses enjeux et ses formes aux cours des siècles ? Table des matières Béatrice Bonhomme, Anna Cerbo et Josiane Rieu, Préface / Prefazione...”

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Loxias | 62. | I.

La figure féminine dans les romans « exotiques » : vision stéréotypée ou réelle découverte ? Madame Chrysanthème de Pierre Loti et Maihime (La Danseuse) de Mori Ôgai

Pierre Loti, académicien en 1892, et Mori Ôgai, l’un des écrivains pionniers de la littérature japonaise moderne, ont tous deux puisé l’inspiration créative dans leur expérience respective d’un pays étranger, à l’époque où la distance avec celui-ci était, autant dans la pratique que dans l’imaginaire, bien plus importante qu’aujourd’hui : Madame Chrysanthème (1887) décrit le Japon vu par un Français et Maihime (La Danseuse) (1890) l’Allemagne vue par un Japonais, au travers, comme l’indiquent les titres, d’une liaison amoureuse avec une femme autochtone. Pourquoi la représentation de celle-ci a-t-elle détenu la clef de la réussite de ces romans ? Comment incarne-t-elle la rencontre d’une altérité dans ces romans dits « exotiques » ? Et jusqu’où ces derniers illustraient-ils un monde vraisemblablement inconnu des lecteurs d’alors ? Plutôt que d’essayer d’élucider l’exactitude entre le récit et le vécu, nous nous intéresserons ici à la représentation de la figure féminine d’où découle le rapport à l’Autre, à l’image de la réalisation d’une esquisse et en considération des spécificités historiques et culturelles. Pierre Loti, French academician in 1892, and Mori Ôgai, one of the great pioneer writers of modern Japanese literature, both drew creative inspiration from their respective experiences of a foreign country, at a time when distance was, as much in practice as in the imagination, much more important than it is today: Madame Chrysanthème (1887) describes Japan seen by a Frenchman and Maihime (La Danseuse) (1890) Germany as seen by a Japanese, by means of a love affair with a native woman, as the respective titles indicate. Why should the representation of a native woman hold the key to the success of both these novels? How does it embody the meeting of the Other in these novels known as « exotic »? And, to what extent did they illustrate an unknown world for their contemporary readers? And was this indeed really one? Rather than try to clarify the accuracy between the narrative and the real experience, we shall be interested here in the representation of the female figure and the resulting relationship to the Other, in the manner of the execution of a sketch and in consideration of the historical and cultural specificities.

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