Prévost dans Loxias


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Loxias | Loxias 30 | Doctoriales VII

Le Doyen de Killerine : entre hasard et providence ?

Au XVIIIe siècle, où la matière romanesque expose une collusion privilégiée entre le hasard et le démiurge, l’œuvre prévostienne loin de déroger à la tendance, regorge de ces signes organisateurs du destin. Dans le Doyen de Killerine (1735-1740), le partage qui s’impose entre hasard malheureux et Providence met singulièrement en exergue l’existence des personnages, tributaire du caractère exceptionnel de la destinée romanesque. Dans une architecture du roman qui tend à organiser les apparitions du hasard comme une menace essentielle pour les personnages, le brouillage des repères tant actantiels que spatio-temporels la systématise. Dès lors, les opérateurs optiques et les occasions qui se font les alliés de l’arbitraire et du sort, la force des contradictions qui contraint les existences à envisager le retournement funeste d’un bonheur assuré rendent a priori toute prévention caduque. À travers l’intrusion répétitive du hasard, qui entre dans la composition d’épisodes parallèles, l’auteur nous éclaire sur la démarche de personnages soumis à l’imminence du destin.

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Loxias | 75. | I.

Le voyage d’Anson et l’imaginaire géographique dans La Nouvelle Héloïse : expérience et savoirs du monde

Le récit du voyage de Saint-Preux dans l’expédition d’Anson constitue un épisode central dans La Nouvelle Héloïse. L’actualité des voyages, de la publication de leurs relations et de leurs traductions ancre le roman dans l’actualité de son temps. Rousseau y dévoile un imaginaire géographique qui fait jouer en miroir la réduction de Clarens et le tour du monde, le lac et l’océan. Le voyage d’Anson y est présenté, mais avec des modifications notables, le voyage d’Anson ayant été traduit par Joncourt, compilé par Prévost dans l’Histoire générale des voyages. Cependant le motif de Juan Fernandez évoque Robinson Crusoé et celui de Tinian apparaît comme une originalité dans la fictionnalisation des Voyages. D’ailleurs, le modèle de Rousseau est aussi celui des Voyages de Robert Lade. The account of Saint-Preux’s journey with Anson is a central episode in The New Heloise. The topicality of the journeys, the publication of their reports and their translations establishes the novel in the actuality of its time. Rousseau reveals a geographical imagination that links the reduction of Clarens and the tour of the world, the lake and the ocean. Anson’s voyage is presented here, but with notable modifications, as Anson’s voyage was translated by Joncourt and compiled by Prévost in the Histoire générale des voyages. However, Juan Fernandez’s theme evokes Robinson Crusoe and Tinian’s appears as an innovation in the fictionalisation of the Voyages. Moreover, Rousseau’s model is also that of Robert Lade’s Travels.

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