Méditerranée dans Loxias


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Loxias | Loxias 2 (janv. 2004) | Figures. Explosion, latence, résurgence de mythes structurant les créations littéraires, plastiques, lyriques

Des constellations méditerranéennes au mythe d’Euphorion : l’homme méditerranéen d’après Albert Camus

Afin de saisir la portée incontestablement contemporaine des textes camusiens, au-delà de certains principes philosophiques et éthiques, il convient de s’intéresser aux personnages de fiction créés par cet écrivain et à leur environnement, ou plutôt à leur milieu. En effet, ces hommes (et femmes, mais dans une moindre mesure) évoluent pratiquement toujours dans un milieu méditerranéen d’où ils semblent tirer autant leurs énergies de révolte que leur foi inébranlable en l’homme. Cette forte présence de la Méditerranée (parfois même en creux) s’avère alors être, chez Camus, à la source du surgissement d’un mythe du renouveau.

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Loxias | Loxias 40. | Panaït Istrati, « l’homme qui n’adhère à rien »

Cultures et identités balkano-méditerranéennes dans l’œuvre de Panaït Istrati

Digne descendant d’Ulysse, Istrati construit son existence, de même que sa création littéraire, autour du voyage. Adrien Zografi, son alter ego fictionnel, n’est qu’un éternel vagabond, attiré en égale mesure par la splendeur des étendues marines et par le spectacle humain. Il se glisse sur les bateaux sans payer son billet, sans passeport, sans argent, attiré comme un halluciné par le mirage du voyage qui n’en finit plus. Comme lui, il y a beaucoup de personnages dans l’univers istratien : ils quittent leur pays pour faire fortune ailleurs, mais surtout pour assouvir cette soif de s’en aller et de connaître d’autres horizons. Leur monde est un espace aussi vaste que le Levant entier – avant le démantèlement de l’Empire Ottoman – qui comprend tout le bassin est-méditerranéen et une partie des Balkans (le littoral de la Mer Noire, les bouches du Danube, la plaine roumaine connue sous le nom de « Bărăgan »). Notre article se propose de donner un aperçu de la découverte de l’altérité dans les écrits à forte teinte autobiographique de Panait Istrati. Les premiers pas dans ce sens sont faits dans la ville natale de l’auteur, à Braila, ville multiculturelle et porto franco pendant la seconde moitié du XIXe siècle. Panait, tout comme son double fictionnel, Adrien Zografi, y découvre dès l’enfance des cultures appartenant à l’espace des Balkans et de la Méditerranée, qu’il connaîtra plus tard.

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Loxias | 54 | I.

Marseille à l’avant-garde poétique (1925-1945) : le choix audacieux des Cahiers du Sud

Entre 1925 et 1966 paraît à Marseille une revue dont la renommée n’est plus à faire : Les Cahiers du Sud. Le choix de cette implantation géographique n’est pas banal, à tel point que la question du déménagement du siège reviendra à plusieurs reprises lors de moments-clés pour la revue (départ de Pagnol à Paris en 1925 et Libération). Pourtant, ils ne quitteront jamais leur ville natale, ce qui les rend atypiques dans un pays où la tendance à la centralisation a eu des conséquences importantes sur le plan culturel. Si l’industrie du livre se concentre majoritairement dans la capitale, la plupart des grandes revues littéraires aussi. Les Cahiers sont les seuls à s’être maintenus aussi longtemps sans être pour autant parisiens. Ce choix va se révéler capital dans la ligne éditoriale de la revue, et ce à plusieurs titres (ouverture sur la Méditerranée et apolitisme entre autres). Le volontarisme de Jean Ballard permet ainsi aux Cahiers de se singulariser et de mettre en avant une perspective différentielle vis-à-vis de ses concurrents immédiats. Cette localisation s’impose donc à la revue et devient, pour Jean Ballard, une affirmation idéologique permettant de faire de Marseille, durant l’entre-deux-guerres, un haut-lieu de l’avant-garde poétique. Between 1925 and 1966 a famous magazine comes out in Marseille : Les Cahiers du Sud. The choice of this geographical presence is not commonplace in the magazine’s world and the question of the moving of the office will repeatedly ask (at the time of Pagnol’s departure in 1925 and of the French Liberation). Nevertheless, Les Cahiers du Sud will never leave their home town, what makes this journal atypical in a centralist country. Most of the magazines are in the capital and Les Cahiers have an exceptional longevity for a non-Parisian magazine. This choice is major in his editorial policy : interest for the Mediterranean culture and apolitical literature for example. The magazine so differs from his competitors. This location becomes ideological and Marseille quickly became at the vanguard of this time.

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Loxias | 82. | I.

Les représentations politiques méditerranéennes selon Margaret Mazzantini, Francesca Melandri et Louis-Philippe Dalembert

Tantôt dessinés en filigrane, tantôt soulignés, les personnages d’hommes politiques sont omniprésents dans le projet scriptural de la littérature qui traite des migrations contemporaines. Dans la littérature liée à la Méditerranée du début du XXIe siècle, les écrivains prennent souvent une posture critique vis-à-vis des personnages politiques. En français le Haïtien Louis-Philippe Dalembert dans Mur Méditerranée (2019) et en italien Margaret Mazzantini dans La Mer, le matin (2011) et Francesca Melandri dans Tous, sauf moi (2017) dénoncent en particulier une diplomatie mortifère dans laquelle les migrants deviennent une arme de négociation. Dans ce corpus, Mouammar Kadhafi, homme politique sulfureux, est peint de manière négative, parfois en tant que chef suprême des passeurs entre la Libye et l’Italie. Des hommes d’État occidentaux n’ont pas non plus un traitement de faveur au regard de leur implication dans les négociations entre l’Union européenne et Kadhafi dans ce qui est communément présenté comme une « crise migratoire ». Quels sont les enjeux d’une telle représentation négative des hommes politiques dans notre corpus ? A-t-on affaire à des romans à thèse ? Et comment l’écrivain s’empare-t-il du politique dans la littérature exilique pour intervenir dans un débat sociétal brûlant ? Sometimes drawn implicitly, sometimes underlined, the characters of politicians are omnipresent in the scriptural project of migrant literature. In literature related to the Mediterranean at the beginning of the 21st century, writers often take a critical stance concerning the political figures. In French the Haitian Louis-Philippe Dalembert in “Mur Méditerranée” (2019) and in Italian Margaret Mazzantini in “Mare al mattino” (2011) and Francesca Melandri in “Sangue giusto” (2017) denounce this deadly diplomacy in which migrants become a weapon of negotiation. Muammar Gaddafi, a sulphurous politician, is portrayed in a negative way, sometimes as the supreme leader of the smugglers between Libya and Italy. Western statesmen also do not get preferential treatment about their involvement in the negotiations between the European Union and Gaddafi in what is commonly presented as a “migration crisis”. What are the issues of such a negative representation of politicians in our corpus? Are we dealing with “Romans à these”? And how does the writer seize politics in exilic literature to intervene in a burning societal debate?

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