Kierkegaard dans Loxias


Articles


Loxias | Loxias 18 | Doctoriales

Jouir et mettre à mort : la séduction sacrificielle

La séduction force doucement la personne séduite à rentrer dans le cadre du séducteur. L’être séduit est sacrifié au désir du séducteur. Il s’agit de voir jusqu’où est mené ce sacrifice dans Le journal du séducteur de Kierkegaard. Le sacrifice charnel est lié au plaisir à travers la joie de la maîtrise pour celui qui tue et peut-être, pour suivre l’hypothèse de Bataille, dans le rétablissement de la continuité humaine. Le sacrifice advenant dans la séduction n’est pas charnel mais symbolique. Il néantise l’existence d’autrui. Le séducteur s’unit à l’esthétique à travers la jeune fille. La séduction devient donc meurtrière, réduisant la jeune fille à être l’argile de la statue. En faisant de la jeune fille l’esclave de son désir, le séducteur se pose en maître. Il refuse à son esclave la possibilité d’accéder à la conscience de soi autonome car il assume la transformation de l’objet en poésie. Il est ainsi maître tout en étant esclave de sa séduction, ne pouvant se définir qu’à travers celle-ci. La figure du séducteur pose ainsi une séduction qui, en étant littéraire, pointe le sacrifice comme la base de la création esthétique. Seduction takes away the subject from his path and makes him follow the seducer’s desire. The seducer sacrifices the affected individual to his desire. In Kierkegaard’s The seducer’s diary, how far does the sacrifice go? Pleasure and physical sacrifice are linked to each other through the control excerterted by the one organizing the sacrifice and perhaps, if following Bataille’s hypothesis, because it re-establishes the human continuity. The sacrifice presented in seduction is not a physical but more of a symbolical one. It denies the existence of the seduced. Through the young girl, the seducer reaches the aesthetic. Consequently, seduction is murder, taking the young girl’s life and transforming her into the clay for a sculpture. The seducer enslaves her and presents himself as the master. The slave does not have an autonomous self-consciousness because the seducer is the one assuming the transformation of the object into poetry. Furthermore, the seducer is both master and slave of his own seduction. He can only define himself through it. Thus, it is a literary sacrifice that constitutes the basis of a very esthetical creation.

Consulter l'article

Loxias | 70. | I.

La critique de l’ironie romantique chez Søren Kierkegaard dans le contexte postmoderne

Le Concept d’ironie (1841) de Søren Kierkegaard reçoit une attention particulière dans la seconde moitié du XXe - début du XXIe siècle, alors que l’ironie devient une notion importante pour les théories poststructuralistes, ainsi que le trope définissant le milieu culturel postmoderne. Le présent article effectue une lecture approfondie de la critique du premier romantisme allemand chez Kierkegaard et soutient que Le Concept d’Ironie constitue une critique implicite de l’ironie postmoderne dans la mesure où il est explicitement critique de l’ironie romantique. In 1841, the twenty-eight-year old Søren Kierkegaard defended his master’s thesis On the Concept of Irony with Continual Reference to Socrates at the University of Copenhagen. This first major work by the young Danish philosopher gains particular attention in the second half of the twentieth - beginning of the twenty-first century, as irony becomes an important concept for poststructuralist theories of indeterminacy of language, as well as “the central mode of consciousness of postmodernism ”. Building on the existing parallels between romanticism and postmodernism, the present paper argues that On the Concept of Irony constitutes an implicit critique of postmodern irony in as much as it is explicitly critical of German Romanticism and Romantic irony. It presents a thorough reading of Kierkegaard’s criticism of Romantic irony and discusses how Kierkegaard’s idea of the “truth of irony” relates to the notion of irony in the postmodern condition.

Consulter l'article