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Stéréotypes et roman maritime : gros temps sur la Sea Trilogy. To the Ends of the Earth (Trilogie maritime) de William Golding

Le roman maritime peut être considéré comme un sous-genre dans la littérature de voyage ou le roman d’aventures, qui obéissent sinon à des normes, au moins à des pratiques récurrentes et à des habitudes d’écriture. Si l’on regarde de plus près, le paradigme des scènes et des motifs vraisemblables et crédibles à bord est relativement limité. Rares sont les romans qui tentent la parodie, car dénudant les procédés, les « recettes », le romancier risque de ruiner ce que D. Couégnas a appelé une « esthétique de la transparence ». William Golding, cependant, tente la réécriture d’un récit maritime avec la Sea Trilogy (Rites of Passage, Rites de Passage, 1980, Close Quarters, Coup de semonce, 1987, Fire Down Below, la Cuirasse de feu, 1989). D’une part, il reprend les motifs narratifs les plus attendus du roman maritime, mais il introduit un brouillage de ces éléments narratifs par le pastiche des romans anglais du XVIIIe et l’écriture du journal de bord ; enfin la parodie achève de miner de l’intérieur la convention romanesque par un recours fréquent à l’intrusion d’auteur et par la dénudation des artifices et des stéréotypes. De sorte que le roman maritime classique se trouve démembré par la mise en abyme de sa propre écriture.

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