Alexie (Sherman) dans Loxias


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Loxias | 56. | I.

Le roman amérindien contemporain pour la jeunesse ou la récupération autochtone d’un capital culturel bafoué

Pour lutter contre les représentations stéréotypées et diffuser auprès des jeunes lecteurs des images diversifiées des cultures amérindiennes contemporaines, un certain nombre d’associations nord-américaines (comme The American Indian Library Association) et de sites spécialisés promeuvent aujourd’hui, par le biais de prix littéraires et de comptes rendus de leurs œuvres, les textes de romanciers amérindiens. Ici et là, ce sont souvent les mêmes titres qui sont retenus : The Absolutely True Diary of a Part-Time Indian (Le Premier qui pleure a perdu), premier texte pour la jeunesse de Sherman Alexie (National Book Award 2007), Hidden Roots (2004) et Heart of a Chief (2001) de Joseph Bruchac, The Birchbark House (finaliste du National Book Award en 1999), première incursion de Louise Erdrich dans la littérature pour la jeunesse, et Rain is Not My Indian Name (2001) de Cynthia Leitich Smith, une voix plus récente. À partir de l’étude de ces récits produits par des écrivains de renom qui revendiquent leur appartenance tribale, on analysera les principales stratégies grâce auxquelles ils contrecarrent les stéréotypes toujours à l’œuvre aujourd’hui dans la société nord-américaine et développent, parallèlement, chez les jeunes lecteurs une meilleure connaissance des peuples autochtones et de leur histoire. Bien que donnant des gages de véridicité, les romans évitent toutefois une approche trop didactique, en s’appuyant sur une question que les jeunes protagonistes permettent de mettre en récit : que cela signifie-t-il aujourd’hui d’être Amérindien ? Struggling against stereotyped representations and trying to disseminate diversified images of contemporary Native cultures among young readers, several North American associations (as The American Indian Library Association) and specialized websites promote, by means of literary awards and reviews of their works, the books of Native contemporary novelists. Here and there, the same titles are often mentioned : The Absolutely True Diary of a Part-Time Indian, first novel for young adults by Sherman Alexie (National Book Award 2007), Hidden Roots (2004) and Heart of a Chief (2001) by Joseph Bruchac, The Birchbark House (National Book Award finalist in 1999), Louise Erdrich’s first book for young readers, and Rain is Not My Indian Name (2001) by Cynthia Leitich Smith, a more recent voice. In these narratives produced by renowned writers, who claim their tribal membership, will be analyzed the main strategies, which help, on the one hand, fighting stereotypes still running in North-American society and, on the other, developing – among young readers – a better knowledge of Native peoples and their history. Although looking for accuracy, their novels avoid however a too didactic approach, asking a question which the young protagonists experience throughout the narratives : what does it mean to be Native today ?

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Être ou ne pas être Indien ? Reservation Blues de Sherman Alexie, ou l’identité irréductible

Dans Reservation Blues de Sherman Alexie, l’appartenance à la culture amérindienne se fait au carrefour de nombreux paradoxes. Au-delà de la lutte idéologique ou identitaire à laquelle les auteurs amérindiens sont souvent réduits, Sherman Alexie nous invite à considérer la notion d’identité amérindienne, ses limites mais aussi son existence même. Irréductible à toute définition mais impossible à éviter, cette identité amérindienne oscille dans le roman entre fantasmes naïfs, refus des stéréotypes au profit d’une réalité sociale brute (notamment l’alcoolisme dans les réserves), revendication ou au contraire rejet d’une singularité et d’une exception indiennes. Le roman de Sherman Alexie place ainsi ses personnages et, du même coup, ses lecteurs, face à l’aporie que constitue toute individualité lorsqu’elle tente d’être circonscrite. This article will analyse Sherman Alexie’s Reservation Blues through the notion of identity. At the same time irreducible and unsolvable, the supposedly “Native American identity” is questioned in Sherman Alexie’s novel, even if it cannot be apprehended. Just as the symbol of the crossroad opening the novel, this identity is characterised by paradoxes, torn between stereotypes and deep social and human misery, between individual claim and communitarianism, between the weight of the past and the yearning for living.

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