Loxias | 61. Autour de Hubert Félix Thiéfaine

Sous la direction de Françoise Salvan-Renucci

15 juin 2018

2018 est une « année Thiéfaine » à plusieurs titres : 70 ans en juillet pour l’auteur, 40 ans depuis la sortie du premier album, 20 ans depuis le premier Bercy dont l’anniversaire sera célébré in situ le 9 novembre prochain… C’est l’occasion pour LOXIAS de s’associer aux divers hommages prévus en proposant un numéro « autour de H. F. Thiéfaine ».

Le numéro saluera Thiéfaine le poète, dans la lignée des poètes maudits, d’Edgar Poe, de Baudelaire, de Rimbaud ou de Lautréamont, du surréalisme et de la Beat Generation – mais aussi des poètes de l’Antiquité, des romantiques de tous pays, de Whitman, des poètes russes de Pouchkine à Anna Akhmatova… Loin de se voir cantonné dans la « chanson française » dont il dit lui-même ne pas faire partie, c’est d’un vrai poète qu’il s’agit dont l’œuvre aux accentuations multiples réunissant 17 albums à ce jour invite à toutes les approches, sans œillères et sans parti pris générique, incluant le dialogue avec le roman ou le théâtre, la philosophie ou les autres arts…

Thiéfaine l’homme de scène et le dramaturge, lecteur d’Artaud et de Brecht, qui dit « je conçois un concert comme une pièce de théâtre » ou bien « une chanson se finit sur scène ». Les concerts sont très bien documentés sur YouTube, et chaque tournée possède par ailleurs un « live » officiel. Modifications scéniques et/ou musicales au fil des reprises des chansons-phares, lumières, couleurs, chorégraphies, dramaturgie du concert s’inscrivant délibérément à contre-courant de la structure de l’album, rapprochement ou mise en perspective de chansons issues de différents albums à travers leur intégration au programme d’un même concert : autant de pistes à explorer pour témoigner de l’importance de la partie « arts vivants » de la création thiéfainienne, sans oublier le fascinant spectacle J’arriverai par l’ascenseur de 22h 43 – Chronique d’un fan écrit et interprété par Philippe Soltermann (actuellement en tournée en Suisse puis en France).

Bien que s’affirmant comme un « solitaire » ou un « franc-tireur », Thiéfaine est sans doute possible un authentique exposant de l’altérité, donnant voix à l’« indien », au « bougnoule », aux « juifs », à l’« autochtone humilié » et opposant à toutes les formes d’oppression – du « goulag » aux « nazis » ou aux camps staliniens de Karaganda – sa conception de la « race humaine » et de la « nationalité terrienne », jusqu’à l’idée de la « méditerranée » qui « viendra troubler nos attitudes ». Il devient ainsi le garant d’une mémoire face à l’attraction de l’oubli, se plaçant sous le signe de l’« humanité » et de la « fraternité ». La question du devenir de la Terre est également au cœur de son œuvre, posée sous la forme de la recherche d’un possible futur qui semble se dérober de façon toujours plus inéluctable, les principaux protagonistes de la « fin programmée » étant aussi bien le « terrien » qu’un « soleil » toujours plus menacé.

Pour plus de détails sur la composition du corpus thiéfainien (textes y compris), on peut se reporter au site www.thiefaine.com.