Jean-Marc Lévy-Leblond


Physicien et essayiste, professeur émérite de l’université de Nice-Sophia-Antipolis. Derniers ouvrage parus : La science (n’)e(s)t (pas) l’art, Hermann, 2010 ; Le grand écart (la science entre technique et culture), Manucius, 2012. A paraître à l’automne : La science expliquée à mes petits-enfants, Seuil, 2014.

Articles de l'auteur


Alliage | n°69 - Octobre 2011

Francis Masse et la science-friction

“Tout jeune déjà, j’étais fasciné par les illustrations de livres scientifiques du siècle dernier dénichés sur les rayons de la bibliothèque municipale. Dans ces gravures sombres où des messieurs en jaquette et chapeau manipulaient des appareils compliqués, la science apparaissait à la fois sérieuse et dérisoire – et je n’ai guère cessé depuis de vivre ce dilemme. Cette impression, je l’ai retrouvée d’emblée chez Masse. Ses bonshommes qui, dans son album Les deux du balcon, pérorent avec assurance sur les grands thèmes de la science contemporaine sont absurdes, les idées qu’ils agitent n’en sont pas moins fascinantes. Les limites d’une diffusion de la connaissance scientifiqu...”

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Alliage | n°66 - Avril 2010

Et pas d’histoire(s) !

“Ceux qui veillent à l’instruction de notre jeunesse ont bien raison de supprimer l’histoire des programmes des classes de terminale S. Trop nombreux sont les exemples historiques qui pourraient donner de fâcheuses idées aux futurs scientifiques. Il est déjà bien difficile de les persuader que la science ne produit que des connaissances pures et neutres. Ne serait-il donc pas très mal venu de leur montrer que tant de grands savants, d’Archimède à Oppenheimer en passant par Galilée, ont entretenu avec les militaires des liens étroits — et les ont chèrement payés ? Comment les convaincre qu’il n’est pas de salut linguistique pour la publication scientifique...”

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Alliage | n°62 - Avril 2008

Lu & Vu : Du (tout) petit art…

“« There is plenty of room at the bottom », que l’on pourrait (mal) traduire par « il y a plein de place au fond », tel est le titre de la fameuse conférence donnée en 1959 par Richard Feynman (http://www.zyvex.com/nanotech/feynman.html), et que l’on s’accorde à reconnaître comme l’acte de naissance des nanotechnologies. Il semblerait qu’aujourd’hui les artistes emboîtent le pas aux physiciens et aillent chercher « au fond » de la matière de nouveaux espaces de jeu. Après les nanosciences, l...”

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Alliage | n°61 - Décembre 2007

Notes pour une nouvelle politique scientifique

“Argument 1 L’identification, courante aujourd’hui, entre recherche (scientifique) et innovation (industrielle) est à la fois douteuse et dangereuse. Douteuse, car seule trouve des applications techniques une part des avancées scientifiques, tout à la fois assez faible et imprévisible. Dangereuse, car cette conception porte à privilégier les recherches les plus prometteuses de résultats à court terme, évidemment les moins novatrices. Il en résulte que les moyens matériels se concentrent sur les domaines apparemment riches d’applications potentielles immédiates (biotechnologies, par exemple) et tendent à stagner, voire à régresser, dans les domaines des recherches spéculative...”

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Alliage | n°60 - Juin 2007

Les fictions expérimentales de Philippe Ramette

“« On dirait que… », ainsi les enfants définissent-ils les règles de leurs jeux, les fictions qu’ils vont mettre en scène. Philippe Ramette joue avec — et se joue de — nos habitudes. « On dirait que » c’est la surface du sol ou de la mer qui reste horizontale, les arbres, les meubles, les rochers obéissant à la pesanteur verticale, et le personnage qui s’y meut non pas en apesanteur, mais régi par une force perpendiculaire qui lui permet d’escalader le tronc ou le mur horizontalement debout. Ou bien, « on dirait que », à angle droit avec les situations précédentes, le personnage reste soumis à la gravité usuelle, verticale, mais dans un monde où la mer devient paroi et le sol falaise. Ou enco...”

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Alliage | n°59 - Décembre 2006 | Médiation et culture scientifique

Faut-il faire sa fête à la science ?

“Depuis une vingtaine d’années, la Fête de la science a pris sa place dans le programme des évènements festifs que bien des institutions culturelles organisent depuis les années 1980 pour tenter de (re)trouver le contact avec le public, aux côtés de la Fête de la Musique, de Lire en fête, des Journées du Patrimoine, etc. Pour autant, le projet de célébrer la science, de lui donner un caractère festif, ludique et populaire, n’est pas si nouveau qu’on pourrait le croire.Le xixe siècle a connu d’importantes manifestations de ce type, dont le spectaculaire reposait déjà sur les nouvelles ...”

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Alliage | n°57-58 - Juillet 2006

Des essais transformés (hommage à Stephen J. Gould)

“Stephen Jay Gould est entré dans la petite cohorte de ceux qui ont su écrire la science, et pas seulement sur la science. Ses ouvrages ont rejoint la catégorie assez peu fournie, il faut le reconnaître, des textes scientifiques qui sont aussi des textes littéraires, suivant les traces de Galilée (dont il se réclamait d’ailleurs explicitement), de Fontenelle, de son cher Darwin, et de quelques autres, bien rares au vingtième siècle. Il est devenu banal de saluer en Gould un remarquable chercheur qui était aussi un excellent vulgarisateur. Je souhaite récuser cette trop banale dichotomie, et affirmer que l’on ne saurait distinguer un Gould scientifiqu...”

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Alliage | n°55-56 - Mars 2004 | II. Modèles de la connaissance et transculturalité

La science est-elle universelle ?

“« La science étant un des éléments vrais de l’Humanité, elle est indépendante de toute forme sociale, et éternelle comme la nature humaine », écrivait en 1848 Ernest Renan, dans L’Avenir de la science.1 Si le scientisme du dix-neuvième siècle a beaucoup cédé de terrain à la fin du vingtième, il s’en faut que toutes ses idées reçues aient disparu. L’universalité de la science reste aujourd’hui une conviction largement partagée. En un monde où systèmes sociaux, valeurs spirituelles, formes esthétiques connaissent d’incessants bouleversements, il serait rassurant que la science au moins offre un point fixe auquel se référer dans le relativisme ambiant. L...”

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Alliage | n°48-49 - Septembre 2001

Le cirque immobile des choses

“Ces plateaux en équilibre sur une mince tige sans base et portant verres ou carafes, cette lourde échelle métallique posée sur un œuf, cet éléphant sur un tremplin bandé, cette bobine de corde en équilibre sur une fine tringle, ces boules empilées avec un miraculeux aplomb, ces tuyaux improbablement obliques — mais oui, nous sommes au cirque. Et notre émerveillement est celui que nous inspirent depuis l’enfance les équilibristes portant sur leur nez des guéridons chargés ou faisant le poirier sur une échelle verticale, les funambules sur leurs filins, les antipodistes qui soutiennent du bout des pieds des rouleaux plus gros qu’eux, les sauteurs à l’envol sur leurs tremplins. Mais là où les h...”

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Alliage | n°47 - Juillet 2001

Max Charvolen ou le décollage

“Longtemps, la science est restée conçue comme une simple description du réel, aussi éléborée soit-elle. Ses concepts étaient censés rendre compte des choses à l’identique, ou, tout au moins, au plus proche possible. On faisait certes la part, dans le travail scientifique, des effets de style ou de manière, voire de matière — tout comme dans l’art classique. Mais, portraits ou paysages, il s’agissait bien aussi pour la science de dépeindre la nature, telle qu’elle est. Nous n’avons plus cette naïveté, et les épistémologues ont enfin compris, quelques siècles après Spinoza, que le concept de chien n’aboie pas plus pour les biologistes que pour les philosophes, et que les équations de la physiq...”

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Alliage | n°44 - Septembre 2000

Les muses de la science

“À : 9muses@muses.orgDE : apollon.musagete@ mont-olympe.govOBJET : Muses de la science ? Muses, mes neuf sœurs,Voici la requête que m’adresse la Pythie. >À : apollon.musagete...”

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Philippe Bouveret, en effet(s)

“La première physique, celle de Galilée d’abord et de Newton encore, se pensait comme “philosophie naturelle”, et voulait comprendre la nature (phusis), au double sens du mot, entendement et embrassement. L’espoir de ramener ainsi tous les phénomènes à une seule cause parut atteint avec la théorie newtonienne. Mais la gravitation n’était pas cette “attraction universelle” qu’elle prétendait, et elle dut faire place à d’autres types d’interactions, électriques, magnétiques, plus tard nucléaires. Et quelles que fussent leur nature profonde (électromagnétique, en général), les forces œuvrant à notre échelle, capillarité, élasticité, friction, gardaient leur autonomie de comportement. Malgré leur...”

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Alliage | n°41-42 - Décembre 1999 | Hommage à Joseph Needham (1900-1995)

Le grand titrage

“Ce numéro de confrontation entre la Chine et l’Europe paraît l’année du centenaire de la naissance de celui qui contribua tant à ce dialogue, Joseph Needham, inspirateur et maître-d’œuvre d’un monument intellectuel et éditorial du vingtième siècle, Science and Civilization in China. Joseph Needham naît en 1900 à Londres. Son père est un médecin connu et sa mère une éminente musicienne. Il fait ses études à Cambridge — et y accomplit toute sa carrière universitaire, ponctuée de très nombreux voyages et séjours à l’étranger. Sa première discipline est la biochimie qu’il applique l’un des premiers à l’embryologie, devenant pionnier de ce domaine dans les années 30 à 40. En rédigeant son traité ...”

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Un entretien avec Joseph Needham

“En 1974, Joseph Needham effectua une visite en France. La fascination qu’exerçait alors la Chine maoïste conféra un vif intérêt à sa venue. Un entretien demeuré inédit nous donne l’occasion de rendre à Joseph Needham, pour le centenaire de sa naissance, un hommage particulièrement bienvenu dans ce numéro.Le contexte de cet entretien offre quelques matériaux pour une réflexion sur les incroyables malentendus de l’époque, dont l’analyse relève aussi du dialogue entre Chine et Occident. Dans l’immédiat après-68, l’institution scientifique n’avait pas échappé à la contestation ; des mouvements sociaux imprévus se développaient dans les laboratoires, le physicien Gell-Mann, impliqué dans la guerr...”

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Alliage | n°40 - Septembre 1999

La flamme de Bruno

“Voici très exactement quatre cents ans, le 17 février 1600, s’allumait au cœur de Rome, sur le Campo dei Fiori, le bûcher où périssait l’un des plus libres esprits de son temps — et peut-être de tous les temps. Giordano Bruno, né à Nola, près de Naples en 1548, entre dans l’ordre des Dominicains ; il est ordonné prêtre en 1572. Mais, déjà novice, il attire l’attention de l’Inquisition par l’originalité de ses vues et sa critique ouverte de la théologie conventionnelle. Accusé d’hérésie en 1576, il rompt ses vœux, fuit Rome et entame une vie d’errance, passant d’un protecteur à un autre, se brouillant avec chacun à cause de son franc-parler et de son irrespect. Après avoir traversé l’Italie, ...”

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Alliage | n°63 - Octobre 2008

Les beautés de la science

“La quête éperdue de convergences entre art(s) et science(s) repose sur une conviction vite transformée en argument : il y aurait du Beau dans la science, ce qui la rapprocherait ipso facto de l’art. Innombrables sont les énoncés d’une telle idée, en général dus aux scientifiques eux-mêmes.1 Ne donnons que quelques exemples de ce florilège. « Je suis de ceux qui pensent que la science a une grande beauté. »2 Marie Curie « On peut s’étonner de voir invoquer la sensibilité à propos de démonstrations mathématiques qui, semble-t-il, ne p...”

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Alliage | n°73 - Mars 2014

La culture scientifique, pourquoi faire ?

“Ce communiqué du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche du 30 janvier 2014 m’a incité à reprendre ici le texte d’une intervention faite en 2011 lors des Journées d’études organisées par l’Espace Culture de l’Université de Lille I, alors dirigé avec dynamisme par Nabil El Haggar, sur le thème « Peut-on parler de culture scientifique » ? Peut-on vraiment parler de culture scientifique ? Oserai-je avancer que le syntagme de « culture scientifique », cette juxtaposition de deux mots en un seul terme, me paraît doublement inadéquat ? D’abord, le mot culture tolère mal quelque étiquette ou épithète que ce soit. Dès lors qu’on lui colle un adjectif et ...”

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