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Loxias-Colloques | 6. Sociétés et académies savantes. Voyages et voyageurs, exploration et explorateurs, 1600-1900

Les récits de voyage et d’exploration dans les Annales maritimes et coloniales 

Le propos de cet article est d’étudier l’importance, les caractéristiques et la fonction des récits de voyages et d’explorations dans les Annales maritimes et coloniales, publiées à partir de 1816. Les Annales accordent une large place aux textes et récits relatifs aux voyages et expéditions maritimes : cette publication innovante, à visée encyclopédique, remplit une fonction utilitaire dans un contexte professionnel, tout en servant les intérêts de la Marine. Les auteurs des écrits relatifs aux expéditions sont principalement des officiers de la Marine Royale ou du service de Santé, des capitaines au long cours et des savants. La grande variété de textes publiés sur les voyages révèle la très forte sociabilité qui unit les marins et les membres des sociétés et académies savantes, à une époque où les marins ont un rôle déterminant dans la collecte, l’analyse et la transmission des observations effectuées lors des explorations. Les textes publiés occupent dès lors une place singulière parmi les publications relatives aux voyages. This article aims to study the importance, the main characteristics and the functions of the travel narratives and exploration accounts, written in the Annales maritimes and coloniales, whose publication began in 1816. The Annales gave an extensive consideration to the documents and accounts dealing with travels and maritime expeditions : this innovative kind of publication, with an encyclopaedic purpose, fulfilled a utilitarian function in a professional context, while serving the interests of the French royal Navy. The authors of the documents related to expeditions were mainly officers belonging to the French royal Navy, or to the Army Health Service, or master mariners or scientists. The great variety of publications dealing with travels reveals the development of the networks of friendship which connected mariners and members of scientific societies or academies, during an era when mariners played a decisive role in collecting, analyzing and sharing observations made during the explorations. Thus, their publications played a singular role among travel accounts.

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Loxias-Colloques | 14. Tolérance(s) I : Regards croisés sur la tolérance

Marges de tolérance : pourparlers aux frontières de l’Intangible et du Négociable

La tolérance peut se définir comme l’« État d’esprit de quelqu’un ouvert à autrui et admettant des manières de penser et d’agir différentes des siennes » (cnrtl), qui suppose l’acceptation de ce que l’on pourrait éventuellement empêcher ; c’est-à-dire comme une qualité positive (ou passive). Or l’étymologie du mot renvoie plutôt à l’endurance, qui suppose que l’on accepte une gêne, un poids : ainsi – au lieu de s’ouvrir généreusement à l’autre – on consent à prendre sur soi, à supporter de voir son propre domaine envahi, ses convictions bafouées, ses certitudes ébranlées, son confort menacé. On peut émettre l’hypothèse qu’il en va ainsi des opinions d’autrui : elles ne sont acceptables que dans la mesure où elles ne remettent pas fondamentalement en cause les siennes propres. De la sorte, la tolérance connaît sa ligne de frontière entre ce qui est négociable (où les pertes sont négligeables) et l’intangible, qui constitue le noyau dur des convictions personnelles ou communautaires. La tolérance cesse lorsque l’on se place en situation de défense de sa propre forteresse investie (avec ses valeurs individuelles ou collectives). Il peut en aller ainsi de la réaction du voyageur surpris par l’altérité : il « tolère » tant que son intégrité n’est pas menacée. On pourra s’appuyer dans un premier temps sur l’opposition entre Thevet et Léry tous deux outre-atlantique vers 1550, face à un peuple de Tupinambas un peu cannibales… Tolerance can be defined as the "state of mind of someone who is open to others and admits ways of thinking and acting that are different from his own" (cnrtl), which implies the acceptance of what could possibly be prevented; i.e., as a positive (or passive) quality. However, the etymology refers to endurance, which implies that one accepts an embarrassment: to see one's own domain invaded, one's moral comfort threatened. Opinions of others are only acceptable if they do not fundamentally challenge one's own. In this way, tolerance lies within a boundary line between what is negotiable (where losses are negligible) and what is intangible, which constitutes the hard core of personal or community convictions. This may be the case for the traveller's reaction surprised by otherness: he "tolerates" as long as his integrity is not threatened. We will study the opposition between Thevet and Léry, both in America around 1550, among the Tupinambas.

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