Kumari Issur


Enseignant-chercheur au département de français de l’Université de Maurice, Kumari Issur a soutenu une thèse sur les littératures francophones des îles créoles de l’Océan Indien et de la Caraïbe à l’Université Paris 13. Auteur de plusieurs articles sur ces littératures, elle a également co-édité L’Océan Indien dans les littératures francophones (Karthala, 2001) et Baudin-Flinders dans l’Océan Indien (L’Harmattan, 2006) et coordonné le n° 48 de la revue Francofonia sur « La littérature mauricienne de langue française » (Olschki, Bologne, septembre 2005). Ses recherches actuelles portent d’une part sur la mondialisation dans les littératures francophones et d’autre part sur les contes, mythes et traditions populaires de l’Océan Indien.

Articles de l'auteur


Loxias-Colloques | 3. D’une île du monde aux mondes de l’île : dynamiques littéraires et explorations critiques des écritures mauriciennes

Nationalisme, transnationalisme et postnationalisme dans Made in Mauritius d’Amal Sewtohul

La formation d’une identité nationale est un processus long et complexe qui obéit à de nombreuses conditions et contraintes. Nous connaissons sans conteste la difficulté de définir une identité nationale à Maurice. La nécessité de toujours qualifier le Mauricien par Indo-, Sino-, Franco-, etc. nous révèle bien l’absence de cristallisation d’une identité homogène. Le discours idéologique consistant à vouloir composer une nation uniforme et égalitaire n’est pas près de se réaliser car le Mauricien n’est pas disposé à desserrer sa prise sur les éléments d’identification ethniques, traces de ses origines ancestrales. Rivé en amont, le Mauricien est aussi interpellé en aval puisqu’il est aujourd’hui souvent pris dans le mouvement de l’émigration. Il s’inscrit alors dans le processus que Homi Bhabha nomme la « dissémiNation », une notion contraire à celle de la nation, une forme de déploiement transnational qui lui fait affronter d’autres défis identitaires. Dans cet article, j’étudierai en particulier Made in Mauritius d’Amal Sewtohul, qui soulève un grand nombre de réflexions sur l’identité et son articulation au territoire. Successivement voire simultanément traversé par les problématiques du nationalisme, du transnationalisme et du postnationalisme, ce roman nous donne des clés pour penser tout à la fois la continuité et le changement dans le parcours de ceux qui, pris dans les flux globalisants, se retrouvent à un moment de leur existence rattachés à Maurice, avant de se redéployer ailleurs. The construction of a national identity is a long and complex process, conditioned by various imperatives and requirements. National identity is problematic in the island-state of Mauritius as Mauritians feel the need to hold on to ethnic or ancestral identifiers and think of themselves as Indo-, Sino-, Franco- Mauritians, etc. In parallel though, they are increasingly engaged in what Homi Bhabha terms “dissemiNation” – a dynamic process which challenges the linear concept of Nation –, as they are swept into migrating and transnational flows which raise further complex and multimodal identity challenges. My study focuses on Made in Mauritius, a francophone novel of the Mauritian writer Amal Sewtohul, which questions the link between identity and territory. Concepts such as nationalism, transnationalism and postnationalism will be discussed as essential keys which help explore and understand the dynamics of identity in an age of global migration, as represented by Sewtohul.

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D’une île du monde aux mondes de l’île : dynamiques littéraires et explorations critiques des écritures mauriciennes

“Depuis quelques années maintenant, la littérature mauricienne contemporaine d’expression française bénéficie d’une visibilité grandissante dans le champ des études francophones et postcoloniales. La consécration récente d’écrivains tels Ananda Devi (Prix des Cinq Continents de la Francophonie) et Jean-Marie Le Clézio (Prix Nobel de Littérature) n’a fait qu’accentuer l’intérêt de l’espace littéraire international pour cette production, tant au niveau de l’édition que de la critique. En effet, si, d’une part, la littérature mauricienne est parvenue à se construire une place certaine, notamment chez les éditeurs parisiens1, on compte, d’autre part, aujourd’hui pl...”

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