Loxias-Colloques |  20. Tolérance(s) III - concepts, langages, histoire et pratiques
Tolerance(s) - concepts, language, history and practices
 

Cornel Zwierlein  : 

Tolérance et Controverse confessionnelle entre Occident et Orient, XVIe-XVIIIe siècles

Résumé

L’empire ottoman a toujours servi de référence dans les débats sur la tolérance religieuse en Occident, souvent de façon positive. En réalité, la coexistence pluri-religieuse dans l’empire ottoman ne résultait pas d’une quelconque « idéologie de l’état » mais d’une pratique administrative de gouvernement efficace d’une multitude ethnique. Or, au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, suite aux efforts des missionnaires catholiques et protestants de l’Ouest et en dépit du cadre englobant de la domination ottomane, les églises de la Chrétienté orientale sont marquées par la « confessionnalisation », comme ce fut le cas au siècle précédent pour celles d’Occident. Toutefois, à la différence de l’Occident, aucun discours élaboré de tolérance n’émerge lors de ce processus conflictuel, ce qui invite à mener une réflexion sur la relation entre types de gouvernements et types de coexistence religieuse et sur la fonction des discours de tolérance.

Abstract

The Ottoman Empire always served as a reference during the debates about religious tolerance in the West, often in a positive way. The reality was different: Religious coexistence in the Ottoman Empire was not the result of any state ideology of tolerance/toleration but was an administrative practice to govern efficiently an ethnic plurality. In fact, under the overall Ottoman rule, the Eastern Christian churches became “confessionalized” like it had been the case earlier with their Western counterparts as a result of their confrontation with the catholic and protestant missionaries. Different from the situation in the West, no elaborated discourse of tolerance was emerging during these conflicts of the seventeenth and eighteenth century; this leads to some comparative thoughts about the relationship between types of governments, types of religious coexistence and the function of discourses of tolerance.

Index

Mots-clés : chrétienté orientale , Empire ottoman, Gabriel Sionita, Islam, Nectarios

Keywords : Eastern Christianity , Gabriel Sionita, Islam, Nectarios, Ottoman Empire

Plan

Texte intégral

1Les enchevêtrements et les relations croissantes entre les églises occidentales et orientales autour de 1700 sont d’une importance historique majeure. Dans ce contexte, j’essayerai de déterminer dans quelle mesure le concept de « tolérance » a eu sa place dans l’histoire théologique et politique et son application plurielle selon les pays et dans la perception de l’Orient dans l’Occident.

I. Le débat sur la tolérance au XVIe siècle et l’empire ottoman

2Dans le débat qui anime les acteurs de la Réforme et de la Contre-Réforme européennes, les églises orientales contemporaines et leur théologie n’ont joué quasiment aucun rôle, que ce soit dans la prétendue première controverse eucharistique entre Érasme, Luther, Zwingli, Karlstadt, Oecolampade, ou encore dans la prétendue seconde controverse vers 1555/1562. Si les théologiens européens ne manquaient pas de se référer aux anciens pères de l’Église primitive qui écrivaient en langue grecque (comme Oecolampade, qui éditait tous les arguments et fragments pertinents servant son argumentation en faveur d’un concept protestant de l’Eucharistie en 15251), ils n’avaient néanmoins que peu d’attrait pour les théologiens orientaux contemporains ou médiévaux. Ainsi, en ce qui concerne la polémique savante autour de la tolérance religieuse, des auteurs comme Oecolampade et Castellion proposent une définition du concept de « tolérance », au moins ad tempus, qui se rapproche de celle des premiers pères de l’Église puis des auteurs contemporains2, sans mentionner les églises implantées dans l’Empire Ottoman, au Moyen Orient et dans certaines parties de l’Asie. Faire mention de la théologie orientale à cette époque-là, n’aurait finalement eu pour effet que de complexifier l’argumentation, notamment en ce qui concerne la transsubstantiation et les autres modalités de la présence du Christ dans la Cène, ou encore sur la question de la personne du Christ. Il y eut toutefois quelques exceptions, ainsi Martin Crusius dans sa vaste entreprise de collecte d’informations manuscrites3 et d’autres théologiens de Tübingen qui avaient établi un échange au moins ponctuel avec le patriarche Jeremias II4, ou encore des théologiens comme l’anglican John Jewell qui commencèrent à inclure la liturgie basilienne dans leur doctrine vers 15605. Cependant, malgré ces quelques tentatives d’ouverture aux interprétations venues d’Orient, la situation religieuse dans l’Empire Ottoman resta souvent occultée par les représentations hautement polémiques et finalement apocalyptiques de « l’ennemi juré », le Turc6.

3Le discours sur la tolérance a pris différentes formes durant les guerres de religion occidentales. On distingue ainsi le discours de ce qui serait la vraie tolérance religieuse, fondée sur des concepts philosophiques de scepticisme et d’incapacité humaine à décider de la vérité religieuse7, le discours qui associe tolérance et syncrétisme, l´économie adiaphorique ou irénisme du fait que ces formes respectent le statu quo ou s’orientent vers une réunion souvent utopique8. Enfin, on distingue encore le discours qui envisage la tolérance du point de vue politique, focalisant sur l’État et sa tranquillité, et renversant par-là les priorités9. Ces différentes formes de discours se sont épanouies au rythme des polémiques et des controverses relatives à la succession rapide des événements des guerres de religions occidentales.

4Au sein de ces polémiques, l’Empire ottoman servit parfois de matrice comparative selon un raisonnement « a fortiori » que l’on peut résumer ainsi : si l’Empire ottoman réussit à maintenir une religion, alors le roi de France le peut faire aussi – et inversement : si la coexistence multi-religieuse dans l’Empire ottoman ne pose aucun problème, alors les guerres de religion occidentales ne sont pas justifiées. Partant de la classification post-aristotélicienne habituelle selon laquelle l’empereur ottoman est un véritable « despote » (barbare) contrairement aux monarques chrétiens, on pouvait mélanger de petits éléments du Prince de Machiavel concernant l’utilisation instrumentale de la religion pour mieux comprendre le processus. On entend ainsi suggérer que le sultan faisait preuve d’une certaine tolérance envers de nombreuses religions dans les pays où il ne dominait pas encore vraiment, mais que sitôt le pays pleinement conquis, cette « tolérance de circonstance » était remplacée par une politique rigide suivant le principe « un roi, une foi ». Tout cela laisse penser que, comme le disait le célèbre pamphlet circulant après la Saint-Barthélemy La France-Turquie (1575), le roi de France se comportait comme le sultan10. Dans ces analogies, le gouvernement ottoman resta plutôt un type ou une métaphore idéale de gouvernement tyrannique vis-à-vis des religions, détaché de la « réalité » au Moyen Orient – malgré le fait que la France ait recueilli beaucoup d’expérience de coopération prudente avec la Porte depuis l’époque de François Ier (153511). Il y a cependant quelques premières exceptions à cette normalité de la polémique et à cet angle mort du discours confessionnel interchrétien occidental dont il convient de rappeler deux exemples, Guillaume Postel et David Chytraeus.

5L’un concerne le célèbre français Guillaume Postel qui, en véritable voyageur en Orient, plaidait pour ce qu’il entendait être une vision « cosmopolite » en présentant ses descriptions de l’Empire ottoman au jeune François II et au cardinal de Lorraine12. Bien sûr, Postel insistait toujours sur la vérité de la révélation chrétienne. Cependant, quand il décrivait la pratique des croyances et des mœurs musulmanes telles qu’il les avait vécues, ainsi que certains aspects de la vie quotidienne, il essayait de montrer qu’il existait une forme commune de coexistence pacifique. Il mentionne par exemple la tradition selon laquelle les Ottomans, qu’ils soient musulmans ou chrétiens, ouvraient leur maison et offraient l’hospitalité aux voyageurs de passage, quelle que soit leur confession, en les accueillant avec un « salem aleic13 ». Bien qu’il ait également rapporté en détail comment les musulmans essayaient de convertir les chrétiens – plus ils les aimaient, plus ils essayaient – et quels effets cette entreprise avait sur les anciens chrétiens et sur les mariages, il notait également que :

[Les] Ismaëlites laissent & Chrestiens & Iuifs viure chascun en sa loy & cerimonies […] Vous trouuerrés là tout ce qui est requis a la vie humaine, reste le vin, & porc : du vin en la maison des Iuifs y en a assés, ou de maluoisie : porc & vin chés les Chrestiens assés. Vous irés par tout a vos cerimonies & messes comme deça : & n’empeschent point les Turcs chacun de viure a sa loy : & s’il y auoit quelque meschant qui y fist quelque empeschement, vous aués action contre luy chés le Iuge du lieu. Vous aués a Constantinople, ou en Pera, qui anciennement estoit vne partie d’icelle, les messes des Grecs tous les Dimanches, & quelques festes, vne par jour seulement. Aus Armeniens aussi qui en ont plusieurs […] il y a encor des Cordeliers, Iacopins, & Benedictins en Pera, qui chantent a la Franque, ou Romanesque. Voila le commun moien de conuerser auec les Turcs, & comme communement entr’eus ils habitent, & y faut habiter par vn estranger14.

6Deux ans avant le massacre des calvinistes à Wassy et le déclenchement de la première guerre de religion, Postel rendait compte d’une coexistence quotidienne plus ou moins pacifique des deux religions chrétienne et musulmane, protégées par la loi et le système judiciaire du sultan. Postel n’était pas la voix dominante dans la France catholique de son époque, mais lorsque la guerre éclata, d’autres penseurs non traditionnels retinrent cette référence, comme l’auteur de l’Exhortation aux princes (1561) et Sébastien Castellion dans son célèbre Conseil à la France désolée (1562)15, Innocent Gentillet (1576), Jean Bodin (livre IV de la République, éd. 1586), Philipp et Ludwig Camerarius (1591, 1625), Johannes Leuenclaw (1591), Johannes Crell (1637) et Francis Osborne16. Quoique ce topos de la tolérance ottomane soit répandu, il s’agissait, pour tous ces autres auteurs, d’un topos rhétorique.

7Cependant, d’autres textes plus volumineux et plus spécialisés sur le Levant sont apparus. C’est ainsi que David Chytraeus, ayant agi comme réformateur des églises des états protestants des territoriaux domaniaux des Habsbourg en Autriche en 1568/69 (et encore en 1574), territoires plus proches des frontières ottomanes, puis professeur à Rostock, publie, en 1569, l’Oratio de statu ecclesiarum hoc tempore en Grèce, Asie, Afrique, Vngaria, Boëmia, &c. Son intention était d’informer ses lecteurs d’Europe du Nord sur la pérennité de l’Église orthodoxe de Grèce, avec toute sa structure épiscopale et son système juridictionnel ecclésiastique, le tout sous domination ottomane (« sub Turcica tyrannide tolerari & défendi17 »). À Athènes, la religion chrétienne demeurait en assez bonne paix et tranquillité aussi bien sous les Turcs que sous les empereurs de la dynastie des Paléologues. Contre quelques tributs payables aux Ottomans, tous les chrétiens de Grèce ont pu s’intégrer dans la société avec leur « libre Religion18 ». Se référant à l’important conseiller (probablement crypto-philippiste ou crypto-calviniste) de l’empereur Maximilien II, Lazarus Schwendi, célèbre comme chef de troupes dans les guerres contre les Turcs ainsi que contre Magdebourg assiégée en 155019, Chytraeus note qu’à Buda, les Turcs acceptent aussi bien les églises catholiques que luthériennes. En effet, selon la conception politique ottomane, la reconnaissance des différentes religions permet aux religions non musulmanes de bénéficier d’une autonomie partielle, qu’il s’agisse des anciennes églises orientales antérieures à la conquête ou de celles fondées après la Réforme20. La nécessité de payer des contributions aux Ottomans pour conserver ce statut favorable est confirmée plus loin par des lettres et des pièces incluses adressées à Chytreaus par des membres du clergé orthodoxe et qu’il a traduites en latin21. Celles-ci stipulent que chaque patriarche dépend de la reconnaissance du sultan après l’élection par les métropolites et les évêques et qu’il doit payer pour ce « priuilegium22 ». La pratique religieuse et la constitution en communauté avec autonomie juridictionnelle partielle est ainsi rendue possible au moyen d’un barāt.

8Ces deux exemples que constituent les textes de Guillaume Postel et David Chytraeus témoignent qu’il y avait donc, sans aucun doute, des connaissances facilement accessibles en Europe depuis les années 1560 sur le mode de gouvernement multi-religieux et multi-ethnique des Ottomans. L’interprétation suggérée par ce constat confère à l’empereur ottoman une forme de « tolérance », qui contraste vivement avec la brutalité des guerres de religions occidentales et le caractère imparfait des paix et des édits religieux acceptés jusqu’alors. Cependant, malgré un intérêt croissant pour le Coran et la foi musulmane ainsi que pour les différentes églises orientales de l’empire ottoman, aucun grand traité d’un intellectuel de premier plan n’a été publié sur le lien éventuel entre l’islam religion d’État et ces formes de tolérance singulière – lien qui permettrait de mettre en évidence une pluralité religieuse de facto et de jure.

II. Mahomet comme prince de tolérance (1630)

9Le traité de Chytraeus fut un des premiers de ce qui allait devenir tout un genre De praesente statu ecclesiarum Graecarum ou, plus tard, au XVIIe siècle, De l’État présent de l’Église grecque23. Beaucoup de choses avaient changé à cette époque : Rome et la France avaient commencé leurs efforts missionnaires, au plus tard vers 1620 (il faut rappeler l’œuvre du père Joseph, la fondation de la Propaganda fide, le travail des collèges nationaux à Rome pour organiser cette entreprise d’évangélisation). Mais surtout, il est important de rappeler que les réseaux plus stables des empires commerciaux anglais, hollandais et français avaient été établis à travers la Méditerranée orientale et dans les ports et villes de commerce ottomans les plus importants24. Cette organisation permit la mise en place d’une infrastructure propice à l’enchevêtrement d’intérêts, aux échanges et au croisement des discours entre les Églises orientales et occidentales, lesquels furent relatés par de nombreux auteurs – de Cyril Lucaris aux auteurs grecs latinisants qui écrivaient dans et pour Rome, s’adressant aux Grecs, mais aussi aux Maronites, aux Jacobites et aux Arméniens25. Contrairement aux théologiens universitaires de la période précédente, ces auteurs étaient des consuls, des missionnaires, des drogmans, des spécialistes des langues orientales, formés à l’enseignement des langues orientales en Orient ou à Rome, au collège maronite ou au collège grec, ou encore dans les écoles spéciales vénitiennes et françaises. Ces nouveaux acteurs de la transmission historiographique étaient au service des ambassadeurs, des nations marchandes du Levant ou des bibliothèques royales et des sociétés savantes. Nombre d’entre eux avaient par ailleurs, séjourné longtemps à l’étranger. Le contact avec les églises orientales était désormais plus dense et continu. Deux exemples du XVIIe siècle vont me permettre d’illustrer ce changement fondamental. Ils sont tous deux symptomatiques de l’époque où le discours de controverse entre les confessions s’est complexifié par la triangulation avec les églises orthodoxes et ils illustrent la manière dont le débat sur la « tolérance / tolérance » avait pris, à l’époque, une tournure résolument orientale-occidentale.

10En 1630, alors que la France de Richelieu intensifie ses relations avec le Levant, le maronite Ğibraʽīl al Ṣahyūnī, dit Gabriel Sionita, disciple du collège romain des maronites qui s’était imposé comme un des meilleurs érudits en langues orientales d’Europe, travaillait en France pour le collège royal26, après avoir séjourné à la Sapienza à Rome, et à Venise. Il publia à Paris un texte arabe avec traduction latine dont le titre latin était Testamentum et pactiones initae inter Mohammedem Apostolum Dei, et Christianae fidei cultores. « Testamentum » a ici le sens du sémitique berith/foedus comme pour le nouveau et l’ancien testament.

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11Ce texte aurait été envoyé par le père capucin « Pacifique Scaliger ». Prétendument signé par le prophète Mahomet lui-même ainsi que par 36 dirigeants musulmans et par le secrétaire Moavia ben-abi-Sofian lors de la quatrième année de l’hégire, le texte fut annoncé comme la première charte officielle de tolérance accordée et publiée par le prophète lui-même. Il fut élaboré précisément au moment où les troupes arabes s’étoffaient et avaient rencontré des chrétiens, si bien que la question du vivre ensemble devait être tranchée.

12Paul Rycaut, l’un des chanceliers les plus illustres, alors consul de la Compagnie du Levant du roi à Smyrne, publia en 1678 un traité intitulé The Present State of the Greek Church, lequel appartenait au genre établi par Chytraeus. Surtout, dans son Present State of the Ottoman Empire, déjà publié en 1668, il incluait un chapitre explicitement intitulé “The Toleration that Mahometanism in its Infancy promised to other Religions ; and in what manner that agreement was afterwards observed” avec une traduction anglaise du Testamentum de Muhammad de Sionita27 :

By this agreement, whereby I have obliged my self, and which the Christians have required of me, and in the name of all my Disciples, to enter into a Covenant of God with them, and League and Testament of the Prophets […] I promise to defend [the Christians’] Judges in my Provinces, with my Horse and Foot, Auxiliaries, and other my faithful followers; and to preserve them from their enemies, whether remote or neer, and secure them both in peace and war: and to protect their Churches, Temples, Oratories, Monasteries, and places of Pilgrimage, wheresoever scituated, whether in Mountain or Valley, Cavern or House, a Plain, […] also to preserve their Religion and their goods in what part soever they are, whether at Land or Sea, East or West, even as I keep my self and my Scepter, and the faithful believers of my own people. Likewise, to receive them into my protection from all harm, vexation, offence and hurt. […] For since I am set over them, I ought to preserve and defend them from all adversity, and that no evil touch them before it first afflict mine, who labour in the same work28.

13Le Pacte précisait également qu’une chrétienne mariée avec un musulman devait être laissée libre de pratiquer son ancienne religion – un passage qui a rapidement jeté le doute sur le texte car il était contraire à toute expérience passée et présente. En fait, Grotius avait immédiatement soupçonné le texte de Sionita d’être un faux et il a été reçu comme tel dans la discussion des premières Lumières (Bayle)29. La préface du texte donne même quelques indices dans ce sens : il est publié en 1630 à l’initiative du conseiller parlementaire François de Hotman, abbé de St. Marc et Sr de Morfontaine. Ce dernier était un descendant d’un des monarchomaques calvinistes et juristes les plus connus quelques décennies plus tôt30. Le texte est envoyé par un certain frère, « Pacifique Scaliger », dont le nom fait écho au célèbre savant humaniste de la Renaissance. Le texte est donc immédiatement suspecté d’être un pastiche ludique, issu d’un milieu libertin, qui refléterait le processus d’enregistrement du dernier édit de paix d’Alès, confirmé par l’édit de Nîmes, entre huguenots et catholiques en France après le siège de La Rochelle en 162931. Ce texte représente en quelque sorte Louis XIII sous la personnalité de Mahomet, en position de protecteur des différentes confessions. Par conséquent, en comparant ce Testamentum (1630) avec La France Turquie (1575), la façon de refléter la théologie politique de la France dans celle de l’Islam et des Ottomans s’est complètement inversée. En lieu et place de la doctrine « un roi-une foi », c’est désormais la doctrine de la tolérance et de la protection des différentes religions qui s’impose comme le message à véhiculer en arabo-latin. John Locke, par exemple, ne s’appuyait probablement pas sur cette prétendue promulgation prophétique du 7e siècle après JC, dans sa version originale de 1630, mais faisait référence à la simple pratique de la tolérance des communautés chrétiennes (millets), juives et autres semblables sous la domination ottomane comme l’un de ses arguments dans l’Essay concerning toleration, dans sa version de 168932. Toutefois, il ne semble pas impossible qu´il en ait fait usage dans la traduction anglaise incluse par Paul Rycaut dans son Present state of the Ottoman Empire.

14Le texte de Rycaut est par ailleurs réputé pour être fondé en grande partie sur une observation empirique de première main, probablement parce que pour lui, une telle observation permettait de rendre une certaine vérité sur la façon dont les Ottomans comprenaient et organisaient la coexistence de différentes formes de culte. Même s’il ne manquait pas de préciser que la protection des églises chrétiennes était limitée aux seules anciennes ou aux lieux où les communautés chrétiennes étaient acceptées. Il était d’ailleurs interdit d’en construire de nouvelles afin de limiter l’expansion du christianisme, et si une ancienne était complètement détruite, le terrain était alors ouvert à l’islamisation. Il illustre ces restrictions en rappelant les événements en marge de l’incendie d’Istanbul de 1660 : alors que des milliers de maisons et d’églises avaient été incendiées, le sultan en profita pour expulser la population grecque et islamiser la ville. Cette thèse de Rycaut est d’ailleurs aujourd’hui confirmée par les recherches récentes sur l’incendie33. En évoquant cela, Rycaut confronte l’expérience quotidienne des avanies, des restrictions, de la violence des officiers ottomans contre les chrétiens (ainsi que contre les autres sujets et les étrangers), et illustre ainsi les réalités de la coexistence.

15Au début du XVIIIe siècle, la relation entre les chrétiens d’Orient et d’Occident sous la domination ottomane est donc devenue complexe. Je vais maintenant en examiner les effets à partir d’une étude de cas.

III. La pratique des missions, les conflits en Orient – polémique confessionnelle entre Occident et Orient et ‘tolérance’

16C’est plus particulièrement sur l’administration quotidienne de cette coexistence dans l’Empire ottoman sous les sultans Moustafa et Ahmed III que je me penche maintenant, en prenant comme exemple la situation complexe des années 1720 et 1730. Au cours du siècle précédent, le patriarche œcuménique de Constantinople et le patriarche orthodoxe d’Antioche, Athanase, résidant principalement à Damas, avaient présenté une demande au sultan pour qu’il donne l’ordre à ses officiers d’empêcher les moines missionnaires de l’église catholique, d’essayer de convertir les Grecs orthodoxes (arabes) au catholicisme34. Ils se plaignaient de la façon agressive avec laquelle les missionnaires catholiques essayaient de s´approcher des enfants en Syrie pour les convertir. Dans leur démarche, les patriarches et ecclésiastiques orthodoxes comptaient sur leurs barāts, que le sultan et ses prédécesseurs leur avaient accordés depuis l’époque de la conquête, leur assurant aussi qu’ils pourraient vivre en paix et sans entrave de l’extérieur. Le sultan s’est alors vu dans l’obligation de réagir face à ce danger de sédition et de trouble qu’il n’accueillit pas de la meilleure des manières. Dans un hatt-ı şerif envoyé aux pachas et qādīs à Alep, Evzurum, Diarbakhyr, Nicosie, Chios, Tripoli en Syrie, Tokat, Angora, Adana, Van, Smyrne, Damas, Sidon (Seyde), et à d’autres endroits sur la côte de la Méditerranée, le sultan ordonna que les gouverneurs et les juges ottomans défendent à tous les catholiques romains de cristalliser ces tensions en franchissant les frontières confessionnelles. Cela avait pour but d’entériner la règle selon laquelle, les missionnaires et les catholiques romains n’étaient autorisés à habiter que dans les lieux où un consul avait été établi avec une nation marchande étrangère ; ils ne devraient pas se déplacer35. Ces tensions atteignirent leur paroxysme autour des années 1723 et 1724. Peu de temps après, lorsque le patriarche Athanase mourut, le grand schisme du patriarcat d’Antioche éclata. Une double élection eu lieu en 1724, d’un côté le patriarcat d’Antioche était en état de schisme entre le grec orthodoxe Silvester proche de Constantinople et protégé par un barāt ottoman et de l’autre Cyril VI Tanas, plus proche de Rome en termes de rite et qui fut accepté officiellement par la curie36.

17Ce schisme provoqua de nombreux événements de micro-violences dans de nombreuses villes du Levant, bien loin des volontés exprimées par le sultan dans son hatt-ı şerif de 1724. Cependant, la pratique des gouverneurs locaux ottomans ainsi que de la Sublime Porte elle-même dut être propice à de tels conflits entre des chrétiens. Tandis que les orthodoxes devaient payer la protection forcée de Janizares, les latins devaient payer une somme importante à la Porte pour la protection d’un barāt. Il faut d’ailleurs préciser que cette situation était très coûteuse financièrement pour les deux factions, car le prix augmentait au fil des décennies que dura le conflit. Les Anglais et les Français de la région étaient désormais profondément impliqués dans ces différends entre communautés, dans la mesure où les Anglais favorisaient (principalement) les orthodoxes, tandis que les Français favorisaient et protégeaient les Grecs catholiques. De plus, comme le sultan avait accordé au roi de France le rôle de protecteur des chrétiens du Levant (c’est-à-dire des catholiques), il se dessina parfois une forme complexe de revendication de protection, de sous-protection et de concurrence avec les autres Européens. Le consul de France à Sidon eût-il par exemple pu protéger les missionnaires français suite aux règlements de leurs capitulations alors que le sultan ordonna parallèlement lui-même la protection des orthodoxes ? Ainsi fait, ce dernier achevait de contrecarrer les plans français en se retournant contre ceux qu’il avait faits protecteurs. Après tout, les Français n’étaient-ils pas de simples « hôtes » et leur statut accordé uniquement par le sultan lui-même ? Une analyse du succès des événements des années 1720/30 est bien trop complexe pour notre propos ici, mais il est important de souligner que, si l’on se détache d’une perspective purement rhétorique dans l’analyse du discours occidental sur la tolérance et que l’on aborde les réalités de l’Empire ottoman, nous sommes confrontés à une multiplicité de perspectives. Il faut prendre en compte les conflits, les frontières religieuses-confessionnelles et par conséquent, la multiplicité d’éventuelles formes de « tolérance » dans un croisement national-international. Cette multiplicité des perspectives détonne cependant lorsque l’on se penche sur la norme que le sultan exprimait dans le hatt-ı şerif : si l’on ne s’arrête qu’à la notion « d’ordre », le sultan bannissait la sédition, la violence et les troubles entre ses sujets multi-ethniques. Ce texte place donc chaque communauté comme une entité spatialement plus ou moins stable, avec ses propres coutumes, cérémonies et droits. Il témoigne donc d’une coexistence où chacun est libre d’exprimer ses coutumes sans qu’aucune communauté n’impose ses pratiques à une autre. De ce point de vue, la communauté chrétienne anglaise, la communauté chrétienne française, la communauté arménienne et la communauté arabo-grecque sous le patriarche d’Antioche (et ainsi de suite) virent s´installer une certaine ségrégation suivant leurs régimes « confessionnels ».

18De nombreuses discussions ont été menées sur le système du millet, et on souligne généralement qu’il faut veiller à ne pas projeter les réalités de la fin de l’Empire ottoman du XIXe siècle sur le début de la période moderne, où la terminologie était généralement différente37.

19Les Français et les Anglais étaient considérés comme des étrangers par rapport aux autres sujets ottomans. Toutefois en tant qu’habitants du sol ottoman, ils étaient soumis aux mêmes règles administratives relatives à la « souveraineté politico-ecclésiastique » du sultan. Ce dernier s’attacha par ailleurs à maintenir cette distinction stable dans le temps et dans l’espace en garantissant l’absence de tentative d’expansion d’une communauté sur l’autre. Il ne se souciait pas, dans de tels édits et ordonnances, de la relation avec les Ottomans eux-mêmes car celle-ci n’était ni un enjeu ni un problème. Si sur le plan politique il s’agissait d’imposer la « tolérance » de façade dans le discours étatique, c’était, en termes religieux, rien de moins qu’une forme désintéressée d’administration de la multitude de religions et d’ethnies par le biais d’une proto-ségrégation.

20Accorder un barāt, et donc le statut de groupe protégé, ne signifiait pas nécessairement un respect profondément affiché pour l’autre religion. En effet, ces privilèges qui « administrent la tolérance » n’exprimaient généralement que le degré, les formes et les domaines d’autonomie partielle d’un groupe, ou encore les limites et les questions juridictionnelles relatives à l’application de la loi communautaire ou de la loi qādī. Cette situation laisse planer le doute sur l’existence d’une conscience explicite de « tolérance » et donne plutôt l’impression d’une forme politique d’administration fonctionnelle destinée au gouvernement de plusieurs ethnies, néanmoins, je laisse cette conclusion aux spécialistes ottomans38.

21Dans tous les cas, la contrefaçon de Sionita de 1630, le Testamentum de Muhammad, peut être mieux comprise comme une élévation de cette administration de coexistence proto-ségrégative en termes de volonté ou de « constitution » idéologique « originelle » de tolérance. Le Testamentum de Muhammad traduit la pratique ottomane dans des termes propres au discours occidental sur la tolérance, comme si l’idée de tolérance était fondamentale, comme s’il y avait un manifeste musulman de tolérance aux fondements de l’empire ottoman (et non pas seulement une pratique du maintien de la paix par la ségrégation). Cette lecture occidentale de la pratique de gouvernement ottomane a, par effet retour, influencé la façon dont l’Empire ottoman percevait l’Occident. Cela a eu des conséquences jusque dans les formes pratiques d’échange. Ainsi Rycaut, qui vivait depuis longtemps au Levant, considérait que ce texte était en harmonie avec la pratique de l’administration qu’il connaissait et son Present state a connu un grand succès auprès des marchands du Levant soucieux de mieux comprendre cette pratique de gouvernement.

22Sortons à présent de la perspective ottomane : quid de la coexistence et de la tolérance au sein de l’église chrétienne ? Comment se comportaient les chrétiens protestants et catholiques post-Réforme et post-tridentins d’une part et la multitude de chrétiens orientaux d’autre part les uns envers les autres ? Les églises orientales des XVIIe et XVIIIe siècles n’étaient plus les mêmes qu’à l’époque médiévale : après un siècle, les contacts entre l’Orient et les théologiens occidentaux avaient également abouti à des formes de « confessionnalisation ». Quand, depuis les années 1980, on parle de « confessionnalisation » comme processus fonctionnel proche de la construction de l’État39, on oublie souvent l’un des repères définitionnels les plus simples : la réitération de la confession comme type de texte théologique de part et d’autre des frontières ami-ennemi. La confessionnalisation peut être comprise, tout d’abord, comme un processus normatif agressif, fondé sur une prétendue ignorance – l’un ne connaissant pas la position exacte de l’autre concernant le baptême, l’Eucharistie, la hiérarchie de l’Église ou encore la papauté. On attend toutefois que certaines normes soient respectées ; par conséquent, on interroge la confession d’un individu ou de toute une église. La confessionnalisation peut être conçue aussi comme un processus de confrontation entre les religions qui lui-même nécessite la délivrance volontaire et explicite d’une « confession » de foi (comme l’a fait, au début, Cyril Lukaris40). C’est typiquement ce type de communication, moins que le fond de l’argumentation théologique lui-même, qui fait figure de nouveauté dans le monde oriental. Le fait qu´à d´innombrables reprises des voyageurs et théologiens occidentaux ont demandé une confession de foi à leurs interlocuteurs des églises orientales peut s’interpréter comme une infection virale du discours théologique oriental, par la forme occidentale de débat et de conflit. En Orient, la « confession » n´était certainement pas totalement absente : on la rencontre pendant l’époque de la première chrétienté au moins depuis les IVe et Ve siècles41. Les érudits du XIXe siècle ainsi que l´édition encore courante des « confessions » de l’Église orthodoxe grecque de Kamires y ont rajouté les offices d’encyclique photienne pour la période byzantine et aussi les deux lettres théologiques de Michael Keroularis et de Petros d’Antioche (1054) tirées des débats du Grand Schisme42. Mais normalement, on fait commencer la succession des « confessions » proprement dites de la forme similaire à celles occidentales avec la Homologia pisteos de Markos Éphèse (1440-1441) et celle de Gennadios Scholarios (1455-145643).

23Faisant suite aux dialogues entre le patriarche Jeremias et les luthériens de Tübingen évoqué plus haut, qui se sont déroulés pour l’essentiel à distance, toutes les autres confessions importantes des XVIIe et XVIIIe siècles (Metrophanes Kritopoulos, Lukaris, Dositheos, les déclarations des synodes de Jérusalem et de Constantinople, etc.) prennent forme dans une situation triangulaire préexistante de remise en cause épistémique entre l’Est et l’Ouest44. Ainsi, le temps des « Confessions » orientales est un produit de l’échange et du défi renouvelés avec et par l’expansion missionnaire romaine et les suivis protestants. Le doxographe du XIXe siècle Kimmel l’affirmait clairement « Non quidem ignoro, in Graeca ecclesia libros symbolos fuisse nullos, si eorum naturam ac rationem ita circumscribimus ac definimus, quemadmodum ex nostrae potissimum ecclesiae consuetudine soliti sumus. » Il a également évoqué les prémices de ce qu’il reconnaissait comme une confession « réelle » avec Gennadios Scholarios dans son opposition à Mehmet le conquérant45. C’est ce que j’appelle le « défi épistémique occidental ». Les Églises orientales elles-mêmes ont été confrontées massivement à de telles questions, toutefois pas seulement dans des moments de conflit, d’acceptation ou de rejet des objectifs missionnaires. Cependant, le débat théologique en Occident a également connu un énorme développement de « l’orientalisation », amenant avec lui de nombreuses recherches empiriques par des personnalités célèbres comme Charles Olier de Nointel, Antoine Galland, John Covel. Ces derniers ont servi alors les arguments des plumes controversées catholiques-huguenotes occidentales, à l’origine de La perpétuité de la foi de l’église.

24On trouve des dizaines, voire des centaines de « confessions » ou déclarations de foi explicites ou certains théologoumènes (essentiellement sur l’Eucharistie) dans les papiers de Nointel (puis de Renaudot46) ou dans les papiers de l’ancien chapelain de la Levant Company John Covel47 professés par des coptes, des arméniens, des grecs orthodoxes, des jacobites, de simples prêtres, métropolites ou patriarches – parce qu’ils avaient besoin de connaître empiriquement la pratique courante précisément en tel ou tel lieu – non un idéal-type de la théologie de Basile « quelque part » en Orient. C’était une forme différente de communication théologique défiant les églises orientales. Ces dernières ont d’ailleurs commencé à les imiter dans leurs synodes avec pour objectif de rejeter et de défendre leurs propres frontières contre les tentatives missionnaires.

25Alors que le discours moderne occidental sur la tolérance est le produit d’une opposition confessionnelle polarisée depuis les années 1550, on aurait pu s’attendre à l’émergence de quelque chose de similaire en Orient, au moins après les années 1670. Seulement, on ne trouve pas trace d’un discours aussi fortement exposé dans les églises orientales. Généralement, on se réfère au Σχεδιάσμα περὶ ἀνεξιθρήσκειας d’Evgenios Boulgaris (1768) véritable modèle de « tolérance » religieuse écrite par un orthodoxe. Cependant, il s’agit d’un cas tardif et particulier, étant donné que Boulgaris avait reçu Leibniz, Wolff, Locke, Newton, était membre de la Royal Society et était influencé par Rousseau. Si son contenu fait bien référence au dialogue avec les catholiques, il faut le recontextualiser dans une période éclairée sur Athos et à Jannina où la présence de la pensée occidentale était forte et où les efforts missionnaires en Méditerranée n’étaient plus à leur apogée48.

IV. Controverse confessionnelle, frontières contre la tolérance : la réception des écrits de Nectarios dans les années 1720

26Tournons-nous donc vers un auteur qui pourrait plus ou moins défendre le point de vue orthodoxe vers 1700 : au cours du prétendu schisme entre Silvestre et Cyrille, moins de nouvelles confessions sont apparues dans la presse officielle, mais de nombreux traités ont circulé sous forme manuscrite. Fait intéressant par ailleurs, des textes plus anciens des années 1670-1680 refont surface. En 1684, Thomas Coke envoyait la version grecque de l’ouvrage de Nectaire « sur la suprématie du pape, imprimé à Yassi en Moldavie [sc. en 1682] par le patriarche actuel » à John Covel49, et en 1689, Dositheos II (1669-1707), le successeur de Nectaire en tant que patriarche de Jérusalem semble lui avoir envoyé via Coke également une copie manuscrite50, dont Covel a noté qu’« il contient beaucoup plus que celui imprimé à Giassium ou Jassi en Moldavie, 1672 [sic] ». Covel commençait pour sa part une traduction latine du manuscrit51 mais ne la termina jamais et ne l’imprima jamais, tandis que le huguenot-anglican Pierre Allix52 commença indépendamment une traduction latine du livre manuscrit de l’important travail de Nectaire contre la suprématie papale, qui fut finalement imprimé en 170253. Par la suite, en 1729, au milieu des luttes précitées, un autre texte de Nectaire traduit par Allix fut publié54, permettant, à travers la langue latine, une diffusion plus large au Levant et en Europe55. Ces textes furent jusqu’à un certain point d’utiles ouvrages dogmatiques, controversés mais ils clarifiaient surtout le point de vue grec orthodoxe (qui serait proche de celui de Silvester à ce moment-là). Leur diffusion était fut subventionnée par l’église anglicane, par l’archevêque de Cantorbéry lui-même. Je considère ces textes comme étant représentatifs de ces quelques cinq à six décennies empreintes de revendications. C’est d’ailleurs ainsi qu’ils ont été reçus, diffusés et utilisés déjà en 1670-1680, en 1702 puis en 1729. Ils représentent le front anglican-orthodoxe de ces décennies qui peut être opposé et reflété par le conglomérat melkite-romain-français malgré toutes les divisions et sous-conflits internes56.

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27Le livre de Nectaire sur l’ἀρχή τοῦ πάπα, composé en 1671, toujours traduit par « imperium papae [empire] du pape » (par Covel comme par Allix) était divisé en 10 thèses qu’il réfuta57. Ces thèses furent résumées comme étant celles du franciscain espagnol gardien des lieux saints de Jérusalem, Pietro Matteo de Lara (1637-167158), et en fait tirées des travaux de Bellarmin et Georgios Koressios. Ils étaient, selon Nectaire, les forteresses de la papauté (« propugnaculum ») et ces théologiens, en fait, avaient construit cet empire du pape (« ...constituatis Papae Imperium »). Dans la théologie occidentale, il est inhabituel d’écrire sur « l’imperium papae » ; les termes usuels sont plutôt « potestas » ou éventuellement « auctoritas papae », car le terme « imperium » était assez clairement limité au pouvoir séculier dans la tradition de l’Empire romain. La traduction d’Allix était ici probablement cohérente avec l’intention de Nectaire car en grec aussi, on n’écrirait généralement pas sur l’ἀρχή d’un évêque ou d’un patriarche59. Les premières parties sont consacrées à un exposé d’histoire ecclésiastique dans le but de prouver que l’Église a toujours connu, depuis ses origines, des formes de dissidence et de divisions. Le plus intéressant pour notre réflexion vient de trois thèmes principaux qui façonnent plusieurs parties du traité : (1) l’(auto)perception du grand schisme et de sa signification, (2) l’analyse et la description de l’ecclésiologie, et (3) la perception et la description de la situation actuelle de l’Église chrétienne d’Orient et d’Occident en termes de concurrence dans un monde globalisé et au regard de la fracture confessionnelle occidentale.

28(1) Il y avait une longue tradition dans la scolastique occidentale de la fin du Moyen Âge dans le traitement du schisme qui revenait à le distinguer de la dissidence concernant l’adiaphora d’une part et de l’hérésie d’autre part60. Partant toujours de la métaphore corporelle de l’église comme corps du Christ, il utilise les arguments de Totum / pars et de mobile / immobile (« Schisma est pars a toto discerpta »), soulignant que l’église latine est la partie qui avait été coupée du tout, et que par conséquent l’église grecque reste « l’universelle » (et non pas l’église latine). De même, le schisme est un mouvement à part entre quelque chose de mobile et quelque chose d’immobile, et comme l’église grecque incarnait l’immobile, l’église latine devait par conséquent être la partie mobile et plus petite car elle s’était également éloignée des anciennes confessions, traditions et canons de l’époque. Plus tard, cet argument se complexifie lorsque Nectarios met en œuvre la distinction traditionnelle entre l’ecclesia visibilis et l’invisibilis. Si l’on suit cette distinction, alors l’église orthodoxe grecque en tant que « corpus mysticum » serait mélangée et coagulée (« coagmentatum ») avec le Christ à sa tête, faisant d’elle l’Église invisible. Quant à l’Église latine, laquelle affirme que le pape serait le seul chef de l’Église sur terre, elle constitue un monstre qui combine le corps invisible de l’église avec un membre corporel humain. Cela doit être mortel pour ce genre monstrueux d’église61.

29Si l’église latine venait à prétendre que la métaphore corporelle prouvait en elle-même (« Colligis ex Analogia corporis ») la monstruosité de l’église grecque du fait de sa pluralité de patriarches – car un corps naturel n’a qu’une tête, et s’il a plusieurs têtes, c’est un monstre – il s’agirait d’une mauvaise interprétation. L’Église grecque n’a qu’un seul chef, le Christ, et les patriarches et évêques ne sont que ses représentants sur terre, au contraire de l’Église latine qui se trouve « décapitée » de son seul véritable chef, le Christ62.

30(2) L’autre ligne d’argumentation se concentre sur la forme constitutionnelle de la partie séculière visible de l’église. Ici, Nectaire fait référence, par des comparaisons historiques, à la pratique (moins à la théorie) conciliariste et à la forme représentative de l’Église d’une part, et d’autre part à des analogies avec les catégories laïques (post-aristotéliciennes) de la constitution.

31En ce qui concerne la tradition conciliaire, Nectaire se réfère prudemment aux conciles florentins et bâlois car ce n’est que dans les anciens conciles qu’il y avait soit une présence directe des églises grecques, soit au moins une présence et une correspondance diplomatiques. Cependant, il n’embrasse pas ce pour quoi l’on connaît aujourd’hui Constance et Bâle, c’est-à-dire l’ecclésiologie plurielle alternative. Ce qui m’intéresse, c’est plutôt de savoir si ces conciles doivent être acceptés en tant que conciles universels. Nectaire rejette cela malgré la collaboration, la négociation et la présence grecques63. Ce n’est que plus tard, dans la section concernant la forme constitutionnelle de l’église, que Nectaire insiste sur le pouvoir des synodes à décider en matière de foi, car le Christ est le seul chef (invisible) de l’Église. D’ailleurs partout « où deux ou trois sont réunis », il y a Jésus Christ et donc, il y a l’Église : il applique cela à tout synode, qu’il soit particulier ou œcuménique-universel64. En général, il n’y a pas besoin d’un empereur ou d’un pape pour se rassembler et présider le synode, car celui-ci est légitimé par l’inspiration divine et l’efficacité du Saint-Esprit. Il ne cite pour cela aucun auteur médiéval occidental, ni Gerson, ni d’Ailly, et aussi aucun auteur oriental post-photien à l’exception des références bibliques. Cependant, il admet à ce stade la légitimité et l’autorité du concile de Bâle dans la mesure où le pape agissait sous ces préceptes (« sub illa agens »65). La principale partie novatrice de la théorie conciliariste occidentale, à savoir une théorie subtile de la représentation (« Haec synodus…ecclesiam repraesentans...66 »), n’est pas vraiment nécessaire du point de vue de la théologie orthodoxe. En effet, l’ecclésiologie christocentrique et la conception corporelle de l’église rend cela obsolète. Les théologiens occidentaux du Moyen Âge tardif avaient été contraints de creuser profondément dans les voies inconnues de la pensée représentative, afin de contourner et détourner les obstacles d’une doctrine fondamentalement papale de l’église visible. La même chose n’était d’ailleurs pas nécessaire dans la tradition théologique orthodoxe – du moins pas dans la représentation de Nectarios.

32Pietro avait déclaré, dans la plus pure tradition de la théorie politique aristotélicienne médiévale, que le gouvernement monarchique est meilleur que l’aristocratique et le démocratique, que l’Église n’est sûrement pas une démocratie et qu’il fallait en fait la percevoir comme une monarchie. Nectaire lui reprochait d’argumenter ici comme « un second Platon », faisant probablement allusion à la préférence thrasymachéenne de l’état de raison et à la préférence platonicienne pour une forme pyramidale de la hiérarchie marquée par la primauté d’« un seul » contre toute autre forme de pluralité67. Au contraire, Nectaire défendait que la nature de l’Église était aristocratique, puisque constituée par les douze apôtres, puis divisée et ordonnée par les synodes universels dans la forme organique de cinq chefs suprêmes. Cet argument est ensuite développé en un mélange intéressant de théorie politique (se référant principalement à Aristote, à la politique, à la rhétorique, à Philon, à des auteurs anciens comme Hérodote), qui prend appui sur des exemples de l’histoire de l’Église et des exemples de gouvernement séculier, le tout dans le but de prouver que les aristocraties les plus extrêmes sont plus stables et durent plus longtemps. Il fait pour cela référence à l’histoire de l’Église, plus précisément à l’époque de la persécution des chrétiens, où la multiplicité des chefs d’églises dispersés dans l’empire romain était assurément un avantage. Il prend également pour exemple la République vénitienne dont la constitution aristocratique, stable depuis 1300 ans, prouverait l’avantage de l’aristocratie sur la monarchie. C’est un argument typique et ancien dans le courant du républicanisme politique dans la tradition occidentale après Machiavel, utilisé par Giannotti et d’autres. Cependant, le transférer dans un traité sur l’ecclésiologie orthodoxe et la forme constitutionnelle de l’Église est assez original. Finalement, selon Nectaire, il existerait une forme spéciale de « constitution mixte » où cohabiterait « la monarchie et l’aristocratie dans l’Église68 ».

33(3) À ma connaissance, il est rare de trouver une réception positive de la théorie humaniste néo-aristotélicienne de la constitution mixte en termes de pensée constitutionnelle attachée à un modèle ecclésiologique. L’élément le plus révélateur et le plus innovant dans les écrits controversés de Nectaire est la façon dont il compare les églises orientales et occidentales en ce qui concerne les développements de l’évangélisation missionnaire mondiale et la division confessionnelle européenne. La question directrice n’est pas, curieusement, de savoir si l’Église d’Orient est plus proche de ou alliée avec les protestants ou avec Rome. Il s’agit plutôt, dans la controverse qu’il a avec le franciscain Pietro (laquelle est aussi influencée par les premiers concepts modernes de description proto-quantitative de l’état), de savoir si l’une des deux églises, orientale ou occidentale, s’est agrandie ou a diminué après le schisme médiéval. Cette nouvelle interrogation devait servir l’argument selon lequel Dieu aurait soutenu l’une ou l’autre église.

34Pietro soutenait que l’Église catholique latine était la plus universelle, du fait de son usage du latin, langue universelle du christianisme, présente dans le monde entier. Cependant, Nectaire réfutait cet argument de la primauté du latin au sein de l’Église latine. Sur ce point, il ajoute que Pietro se contredit, puisqu’il souligne d’un côté les succès des missions sud-américaines, tout en rappelant par ailleurs la supériorité numérique des chrétiens du Nouveau Monde par rapport à l’Ancien (« in novo Mundo Hispanorum plures numerantur fideles, quam in hoc veteri Orthodoxi & Heterodoxi »). « Et combien de personnes latinisantes [étaient à trouver] de l’Égypte à l’Océan et dans toute l’Afrique, qui est la plus grande et du monde entier la quatrième partie ? Seulement très peu, si on regarde ceux qui font du commerce dans les villes portuaires69 ». Nectaire fait également référence aux autres parties du monde, où les « Romains » ne dominent pas du tout. En effet, comment les catholiques pourraient-ils imaginer que l’Océan et le monde entier soient sous domination espagnole, alors qu’il est évident que les Britanniques et les Hollandais ont gagné en bien des endroits « tantum imperium70 » ? S’il est difficile de percevoir clairement dans ce discours une influence des traités de droit international, on y décèle un écho de la controverse Grotius/Freitas/Selden qui eut lieu au début du XVIIe siècle : il s’agissait de savoir si les territoires et donc les océans étaient sous domination espagnole et portugaise par la grâce du pape Inter caetera et par le traité de Tordesillas 1493/1494, ou si la mer était au contraire libre de toute domination et si les autres nations avaient aussi le droit de coloniser et de fonder leurs propres empires71. La multitude de religions et d’ethnies représentées en Méditerranée, prouve la non-supériorité de l’église latine. La séparation des protestants de l’Église d’Occident sous Calvin et Luther diminue également l’importance de l’Église latine72. Enfin, Nectaire insiste sur le fait que l’Église d’Orient est en fait bien plus grande que l’Église d’Occident : il faudrait selon lui y ajouter toutes les nations russes (« Russorum solas nationes, quae nostrarum sunt partium ») car cela équilibrerait le nombre et conduirait même à une supériorité numérique de croyants de l’une sur l’autre (« ...vobis aequiparandas & aequalis numeri, ac etiam majores, & vobis plures esse. ») – Cet argument revient une seconde fois, faisant ainsi des Russes les sauveurs du christianisme oriental73.

35Nectaire prête une voix commune aux orthodoxes face aux Latins74 lorsqu’il évoque par exemple, à la fin de Contra Latinos, le cas de l’ambassadeur de France (Nointel) et son voyage à travers les îles méditerranéennes. L’ambassadeur avait alors formulé la demande que les orthodoxes rejoignent les catholiques ou du moins qu’ils l’acceptent comme autorité et juge de la dissidence et des troubles qui avaient lieu à l’époque75. Nectaire rejette parfaitement cette théorie : comment les orthodoxes auraient-ils pu accepter un ennemi comme juge ?76 Nectaire ne développe aucune réflexion théorique personnelle sur une idée de tolérance. Même s’il passe beaucoup de temps à se lamenter sur l’unité de l’église perdue, il ne cherche qu’à marquer la frontière entre la catholicité et l’orthodoxie. Cependant, cette frontière est largement définie par les conceptions ecclésiastiques de la structure de l’église ; dans Contra latinos, sa compréhension de l’Eucharistie est clairement anti-calviniste et même anti-luthérienne, même si, au même temps, il n´y a aucun point de convergence avec les catholiques non plus (rejet de la transsubstantiation). De plus, « Luther et Calvin » n’apparaissent que comme des dénominateurs métonymiques de la Réforme et de son impact ; Nectaire ne prend d’ailleurs aucun risque et ne s’engage pas contre des idées protestantes spécifiques, comme le nombre de sacrements ou autres théologoumènes. Ce qui est évident ici, c’est une situation de conflit où l’église orthodoxe grecque maintient sa « troisième » position en confrontation avec l’occident, le protestantisme et le catholicisme sous ses différentes formes. D’autres sectes orientales « erronées » sont aussi mentionnées mais pas réfutées. Dans le commerce et les communications quotidiennes des Grecs avec les Européens au Levant, les conflits restèrent généralement maîtrisables. Cependant, lors du schisme melkite-orthodoxe de 1724 qui créa une situation difficile pendant de longues décennies, un enchevêtrement complexe et un franchissement des frontières confessionnelles entre l’Occident et l’Orient se forgea.

36Ainsi, au moment même où les Lumières occidentales embrassaient la « tolérance » de Locke à Voltaire, une situation fort différente s’instaurait en Méditerranée, caractérisée par la néo-confessionnalisation suite aux efforts missionnaires. À cette opposition face à l’Ouest s´ajoutaient des divisions schismatiques intra-orthodoxes qui durcissaient la confrontation et les frontières. Quoique nécessaire, la tolérance ne s’y est pas exprimée à travers un Castellion. Malgré cela, l’administration ottomane, par sa gestion tantôt belliqueuse et tantôt pacifique de la coexistence, tempérait encore la situation, prévenant ainsi toute guerre de religion77. En effet, il subsistait en principe l’agenda pratique d’une coexistence proto-ségrégationnelle en termes de religion, de cérémonies, de culture, et de libre-échange (au sens commercial du terme). Cependant, du côté catholique, non pas à Alep ou à Damas, mais à Rome et dans certains contextes, une politique et une « économie » de la tolérance envers les soi-disant « schismatiques » se dessinait : la communication quotidienne entre les confessions, par exemple dans le commerce, était normale, bien que les Grecs aient été sous domination ottomane de longue date et qu’ils aient conservé leur opinion schismatique. Rome les considérait comme des « chrétiens » dans la mesure où leur maintien dans l’empire était même voulu par Dieu : ils pouvaient éventuellement servir de point d’appui à la restauration d’un gouvernement chrétien dans le futur, et ils constituaient un public privilégié des efforts missionnaires. Qu’une seule âme puisse être gagnée pour le catholicisme dans un avenir lointain, justifiait le vivre ensemble avec les schismatiques dans le présent. Peut-être, des chrétiens orientaux vivaient même toujours dans l’ignorance du contenu exact du schisme. Et enfin, leurs biens, leurs navires et leurs gains dans les entreprises commerciales devaient certainement être protégés et respectés par les autres chrétiens.

Nilque turbat, quod aliqui ex Graecis, alijsque Christianis Orientalibus, sint Schismatici ; Etenim, cum illos benigne toleret Catholica Mater Ecclesia, & plerumque ipsi Saecularis laborent ignorantia inuincibili Schismatis, ita quidem ut, quoties a Catholicis charitatiue doceantur, instruanturque, facili negocio abijciant Schisma, & Catholicae Fidei professionem emittant, prout fere quotidiana nos edocet experientia, inde fit ut etiamsi ijdem Graeci essent Schismatici, eorum tamen Bona jure diripi non possent […]78

37Ainsi, malgré les controverses menées aussi bien par des auteurs latins comme Allacci – et entretenues par Rome – que par des orthodoxes comme Nectaire, la curie s’arrangea de la situation dans laquelle les échanges commerciaux avec l’Orient étaient quotidiens et trouva une forme juridique concrète de tolérance conforme au droit canonique en faveur des « schismatiques », laquelle pouvait même être défendue contre des pouvoirs catholiques.

38En ce qui concerne les protestants – dont la population a toujours été plus faible que celle des catholiques romains de la région – l’attitude vis-à-vis des « schismatiques » s’apparente moins à de la « tolérance » qu’à de l’irénisme, au moins du côté anglican79 : depuis Lukaris, en effet, les protestants considèrent ces populations comme proches des premiers chrétiens et donc de la foi protestante-anglicane.

39 

40En résumé, d’aucun serait tenté de se voir contraint d’admettre que le concept de tolérance dans sa forme discursive la plus explicite était très occidental. De fait, jʼai voulu montrer que la contrefaçon de Sionita fit peut-être plutôt partie de l’horizon d’attente occidental. Ce n´était pas la traduction d’un « manifeste » ou d’une constitution de « liberté de religion » authentique, mais au moment de sa parution le texte pouvait être utilisé pour ses fonctions propres au discours interne de la controverse politique et religieuse en France. Par ailleurs, on pourrait suggérer l’existence d’une quelconque bureaucratie, d’une administration de ce que l’on pourrait éventuellement appeler la « tolérance » dans l’Empire ottoman, qui fonctionnait, somme toute, très bien pour intégrer aussi bien que pour ne pas intégrer les groupes multi-ethniques et multi-religieux. Cependant, il sera mieux de parler d’une bureaucratie de proto-ségrégation qui garantissait la paix pour tous les sujets et le bien-être de l’empire. La confessionnalisation des églises orientales et la dérive orientalisante partielle de la théologie des églises chrétiennes occidentales ont apporté ou plutôt redéfini les frontières confessionnelles et ravivé des conflits relatifs à la domination ottomane dans l’empire. Cela implique certaines analogies avec les conflits occidentaux du XVIe au XVIIIe siècle qui avaient donné naissance au discours occidental de tolérance. Cependant, il semble que le cadre englobant de la domination ottomane n’encourageait ni ne nécessitait la diffusion d’un discours de tolérance élaborée parmi les chrétiens ottomans eux-mêmes, en ce sens que la communication triangulaire avec le sultan et les gouverneurs ottomans suffisait finalement comme mécanisme de paix. En Occident au contraire, une telle communication triangulaire avec un pouvoir ou un niveau de décision neutre n’était plus possible. En effet, les rois, les princes ou les empereurs eux-mêmes, de Charles V en Allemagne aux rois d’Espagne des Pays-Bas, mais aussi en France et en Angleterre – tous ces souverains n’étaient pas ou n’étaient plus acceptés comme des autorités neutres. Un bref regard sur les réalités de l’Empire ottoman peut donc suggérer qu’un discours de tolérance très élaborée, tant au niveau épistémique du discours qu’au niveau de la diffusion large à travers des pamphlets et d’autres écritures, ne remplit pas de fonctions irremplaçables autrement que dans le cas où plusieurs parties en conflit n’acceptaient pas (plus) ou n’avaient pas de supérieur, pas d’instances neutres pouvant accorder, ordonner, fournir et renforcer la paix80.

Notes de bas de page numériques

1 Johannes Oekolampad, Quid de eucharistia veteres tum Graeci, tum Latini senserint, Dialogus, s.l., 1530 ; Ernst Bizer, Studien zur Geschichte des Abendmahlsstreits im 16. Jahrhundert, 2e éd., Darmstadt, Wiss. Buchges., 1962 ; Walther Köhler, Zwingli und Luther. Ihr Streit über das Abendmahl nach seinen politischen und religiösen Beziehungen, 2 vol. , Leipzig u. Halle, Verein f. Reformationsgeschichte, 1924-1939.

2 Sébastien Castellion, De haereticis an sint persequendi […], Sape van der Woude (dir.), Genève, Droz, 1954 ; pour Castellio et sa réception cf. toujours Hans R. Guggisberg, Sebastian Castellio 1515-1563. Humanist und Verteidiger der religiösen Toleranz im konfessionellen Zeitalter, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1997 ; Ferdinand Buisson, Sébastien Castellion, sa vie et son œuvre (1515-1563). Étude sur les origines du protestantisme libéral français, 2 vol. , Paris, Hachette, 1892 ; Bruno Becker (dir.), Autour de Michel Servet et de Sébastien Castellion, Haarlem, Willink & Zoon, 1953 ; Marie-Christine Gomez-Géraud (dir.), Sébastien Castellion : des Écritures à l’écriture, Paris, Classiques Garnier, 2013 ; Hans Rudolf Guggisberg, Sebastian Castellio im Urteil seiner Nachwelt vom Späthumanismus bis zur Aufklärung, Basel, Helbing & Lichtenhahn, 1956 ; Dirk V. Coornhert, Synode over gewetensvrijheid. Een nauwgezet onderzoek in de vergadering gehouden in het jaar 1582 te Vrijburgh, Amsterdam, Amsterdam UP, 2008 ; Uwe Plath, Der Fall Servet und die Kontroverse um die Freiheit des Glaubens und Gewissens, Essen, Alcorde, 2004 ; Cornel Zwierlein, « The Waldensians, Bucer, Beza, Castellio, and French-German Confessional Diplomacy 1556/7 », Archive for Reformation History 106, 2015, p. 184-240 ; Barbara Mahlmann-Bauer (dir.), Sebastian Castellio (1515-1563) - Dissidenz und Toleranz, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 2018.

3 Richard Calis, Martin Crusius (1526–1607) and the Discovery of Ottoman Greece, PhD diss., Princeton University, 2020.

4 Acta et scripta theologorum Wirtembergensium, Wittenberg, Krafft, 1584; G. Mastrantonis (dir.), Augsburg and Constantinople. The Correspondence between the Tübingen Theologians and Patriarch Jeremiah II of Constantinople on the Augsburg Confession, Brookline, Holy Cross Orthodox Press, 1982 ; Dorothea Wendebourg, Reformation und Orthodoxie. Der ökumenische Briefwechsel zwischen der Leitung der Württembergischen Kirche und Patriarch Jeremias II. von Konstantinopel in den Jahren 1573-1581, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1986 ; Colton Moore, « Wittenberg and Byzantium : Lutheran Incentives to Correspond with the Patriarch of Constantinople (1573-1581) », Journal of Religious History [16 Jan 2022, https://doi.org/10.1111/1467-9809.12814 ].

5 G. J. Cuming, « Eastern Liturgies and Anglican Divines 1510-1662 », in Derek Baker (dir.), Orthodox Churches and the West, Oxford, Oxford UP, 1976, p. 231-238. Pareillement, la réception de Basile en Allemagne qui se concentre encore sur les œuvres liturgiques et l´ascèse, alors qu´il y a peu d´intérêt « pour les œuvres dogmatiques » (R. Toepfer, Pädagogik, Polemik, aränese. Die deutsche Rezeption des Basilius Magnus im Humanismus und in der Reformationszeit, Tübingen, Niemeyer, 2007, p. 236).

6 Carl Göllner, Turcica, 2 vol. , Bucureşti, Ed. Acad. R.P.R., 1961 ; Almut Höfert, Den Feind beschreiben : ‘Türkengefahr’ und europäisches Wissen über das Osmanische Reich, 1450-1600, Frankfurt/M, campus, 2003 ; Winfried Schulze, Reich und Türkengefahr im späten 16. Jahrhundert. Studien zu den politischen und gesellschaftlichen Auswirkungen einer äußeren Bedrohung, München, Oldenbourg, 1978 ; Noel Malcolm, Useful enemies : Islam and the Ottoman Empire in Western political thought, 1450-1750, Oxford, Oxford UP, 2019.

7 Cf. n.  ; Cornel Zwierlein, Discorso und Lex Dei. Die Entstehung neuer Denkrahmen im 16. Jahrhundert und die Wahrnehmung der französischen Religionskriege in Italien und Deutschland, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 2006, p. 374-391.

8 Axel Hilmar Swinne, Bibliographia irenica: 1500-1970, Hildesheim, Olms, 1977; Howard Hotson, « Irenicism and Dogmatics in the Confessional Age. Pareus and Comenius in Heidelberg », Journal of Ecclesiastical History 46, 1995, p. 432-453 ; Heinz Duchhardt (dir.), Union - Konversion - Toleranz : Dimensionen der Annäherung zwischen den Konfessionen im 17. und 18. Jahrhundert, Mainz, Zabern, 2000.

9 Mario Turchetti, « Une question mal posée : l’origine et l’identité des Politiques au temps des guerres de Religion », in Thierry Wanegffelen (dir.), De Michel de L’Hospital à l’Édit de Nantes. Politique et religion face aux Églises, Clermont-Ferrand, PU Blaise-Pascal, 2002, p. 357-390 ; Denis Crouzet, La sagesse et le malheur. Michel de l’Hospital, chancelier de France, Seyssel, Champ Vallon, 1998 ; Robert Descimon, « Penser librement son intolérance : le président Jacques Auguste de Thou (1553-1617) et l’Épître dédicatoire des Historiae sui temporis (1604) », in François Lecercle (dir.), La liberté de pensée. Hommages à Maurice Laugaa, Poitiers, UFR Langues et Littératures, 2002, p. 73-86 ; Loris Petris, La plume et la tribune. Michel de L’Hospital et ses discours (1559-1562), Genève, Droz, 2002 ; Christiane Berkvens-Stevelinck et al. (dir.), The Emergence of Tolerance in the Dutch Republic, Leiden et al., Brill, 1997; Henry Méchoulan et al. (dir.), La formazione storica della alterità. Studi di storia della tolleranza nell’età moderna offerti a Antonio Rotondò, 3 vol. , Florence, Olschki, 2001; Ronnie Po-Chia Hsia, Henk Van Nierop (dir.), Calvinism and Religious Toleration in the Dutch Golden Age, Cambridge, Cambridge UP, 2002; la pratique de la coexistence a été étudiée par des nombreuses études sur la « confessionalisation » et par quelques volumes et études e.g. Michel Grandjean, Bernard Roussel (dir.), Coexister dans l’intolérance. L’édit de Nantes (1598), Paris, Labor et fides, 1998; Benjamin J. Kaplan, Calvinists and Libertines: Confession and Community in Utrecht 1578-1620, Oxford, Oxford UP, 2009; Judith Pollmann, Catholic Identity and the Revolt of the Nettherlands, 1520-1635, Oxford, Oxford UP, 2009; Genji Yasuhira, « Delimitation of the “Public” and Freedom of Conscience: Catholics’ Survival Tactics in Legal Discourses in Utrecht, 1630-1659 », Early Modern Low Countries 3, 2019, p. 81-114 avec bibliographie plus récente.

10 Michael J. Heath, « Islamic Themes in Religious Polemic », Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance, vol. 50 nr. 2, 1988, p. 289-315, 295f. ; Alain Desrayaud, « Un projet machiavélique de tyrannie turquesque au temps des guerres de religion », Revue française d’Histoire des Idées Politiques, vol. 3, nr. 1, 1996, p. 77-111.

11 Christine Isom-Verhaaren, Ottoman-French Interaction 1480-1580. A sixteenth-century encounter, PhD Chicago Univ., 1997; Michael J. Heath, “Unholy alliance: Valois and Ottomans”, Renaissance Studies vol. 3, nr. 3, 1989, p. 303-315; pour le regard de l’autre côté cf. Nicolas Vatin, “The Ottoman view of France from the late Fifteenth to the mid-sixteenth Century”, French History, vol. 29, nr. 1, 2015, p. 6-11.

12 Guillaume Postel, Histoire et consideration de l’origine, loy, et coustume des Tartares, Persiens, Arabes, Turcs, & tous autres Ismaelites ou Muhamediques, dits par nous Mahometains, ou Sarrazins, Poitiers, Marnef, 1560, p. 70; William J. BOUWSMA, The life and thought of Guillaume Postel, 1510-1581: Concordia mundi, Cambridge/Mass., Harvard UP, 1957; Hartmut BOBZIN, Der Koran im Zeitalter der Reformation. Studien zur Frühgeschichte der Arabistik und Islamkunde in Europa, Beirut, Orient-Inst., 1995, p. 365-498 (sur les travaux de Postel de traduction du Q’urān depuis 1544); Marion Leather Kuntz, Guillaume Postel: Prophet of the restitution of all things, his life and thought, The Hague, Nijhoff, 1981; Frédéric Tinguely, L’Écriture du Levant à la Renaissance. Enquête sur les voyageurs français dans l’Empire de Soliman le Magnifique, Genève, Droz, 2000.

13 Postel sait que chaque européen de l’Ouest est accoutumé de se méfier des Ottomans : « […] tous ceus qui ont experimenté leur domination (je ne veus point dire conuersation) pour la captiuité ou aduerse fortune, qui fait sans doubte trouuer toutes choses ameres, ou ja pour opinion de la diuersité de la loy qu’ils gardent, ne pouuans conceuoir aucune bonne opinion d’iceus, ont tous jugé vniuersellement estre intractables barbares & indignes d’humaine ou Ponentine conuersation [but one has to retreat from the Court at Constantinople and try to meet the ‹simple Turc naturel›] : […] Moy estant au dit pais de Natoli, & estant par tempeste contraint a tenir logis long temps, iceus Turcs s’en venoient dedans mon logis, tout aussi priuement comme dedans le leur, sans dire autre chose que leur salem alec, ou Dieu vous gard [I asked about that strange behaviour of familiarité] Il me respondoient tous, Corcma cardasch, bisum edat suyle varbiz bizdam corcmeßis : c’est a dire, mon ami, ou frere, n’ayes peur, nostre coustume est telle : nous ne craignons point les vns les autres. » (Postel, Histoire, p. 70f.).

14 Postel, Histoire, p. 74f.

15 Sébastien Castellion, Conseil à la France désolée, ed. Marius F. Valkhoff, Genève, Droz, 1967, p. 74 : « Le Turc maintient bien les Chrestiens et Juifs ses subjetz contre la violence qui leur pourroit estre faite, et les maintient non à cause de leur religion, laquelle il a en dédain, mais à cause qu’ilz sont ses subjectz. Le mesme font les princes chrestiens aux Juifs. » ; ce passage est repris, au milieu des guerres de religion néerlandaises, dans un pastiche anonyme du Conseil de Castellion : Exhortation amiable, et Conseil salutaire pour le Païs-Bas, s.l., 1579, f. E6r.

16 Joseph Lecler, Histoire de la tolérance au siècle de la Réforme, [prem. Éd. 1955], Paris, Albin Michel, 1994, p. 288f., 396, 428, 441, 462, 483-487, 551, 563, 710 ; Malcolm, Useful enemies, p. 148, 154f., 226, 230, 268, 282-7, 302, 322, 366.

17 « Nam in ipsa Graecia, hodierno die, non modo Doctrinam & Ritus Christianae religionis, uerum etiam Ordinem et gradus Episcoporum, totamque politiam & iurisdictionem ecclesiasticam, sub Turcica tyrannide tolerari & defendi, ex multis fide dignis testibus, qui Constantinopoli, & in Graecia diu uixerunt, cognoui. » (David Chytraeus, Oratio de statu ecclesiarum hoc tempore in Graecia, Asia, Africa, Ungaria, Boëmia, Wittenberg, Lufft, 1580, p. 8).

18 « Ab eo tempore, urbs Attica, sub Turcarum imperio, mediocri tranquillitate & quiete sua, Religionem Christianam, qualis antea etiam sub Palaeologis Imp. paßim usitata erat, huc usque retinuit. sicut & paßim alibi, in tota Graeca, Christiani habitant. Quibus, cum tributum annuum de singulis capitibus singulos aureos pendunt : et facultates et Religio libera reliquuntur. » (Chytraeus, Oratio, p. 12).

19 Eugen V. Frauenholz (dir.), Lazarus von Schwendi. Der erste deutsche Verkünder der allgemeinen Wehrpflicht, Hamburg, Hanseat. Verlagsanst., 1939 ; Lina Baillet, « Schwendi, lecteur de Machiavel », Revue d’Alsace 112, 1986, 119-197 ; Thomas Nicklas, Um Macht und Einheit des Reiches. Konzeption und Wirklichkeit der Politik bei Lazarus von Schwendi (1522-1583), Husum, Matthiesen, 1995 ; Zwierlein, Discorso und Lex Dei, 709-716.

20 « uerum etiam in ipsa urbe Buda, duobus Christianis concionatoribus pontificio & Lutherano, locum in publico templo a Turcis concessum esse, ex Lazaro Suendio & alijs fide dignis audiui. » (Chytraeus, Oratio, p. 32), il mention aussi brièvement la situation tri-confessionnelle dans la principauté de Transylvanie où même les antitrinitariens étaient tolérés (Chytraeus, Oratio, p. 33).

21 Chytraeus, Oratio, p. 48.

22 Chytraeus, Oratio, p. 98. Sur le barāt que les patriarches et les metropolites dont les églises autocéphales avaient besoin cf. Halil İnalcik, « The Status of the Greek Orthodox Patriarch under the Ottomans », Turcica XXI-XXXIII (1991), p. 407-436.

23 E.g. Christophoros Angelos, Status et Ritus ecclesiae graecae, Frankfurt/M, Beyer, 1655 ; Thomas Smith, De Graecae ecclesiae hodierno statu epistola, Oxford, Sheldon, 1676 ; Paul Rycaut, The present state of the Greek and Armenian churches, London, Starkey, 1679 ; François Petis de La Croix, La Turquie crétienne, sous la puissante protection de Louis le Grand […] Contenant l’état present des nations & des eglises grecque, armenienne & maronite, dans l’empire Otoman, Paris, P. Herissant, 1695; John Covel, Some account of the present Greek Church, Cambridge, Crownfield, 1722.

24 Bernard Heyberger, Les Chrétiens du Proche-Orient au temps de la Réforme catholique, Rome, École française de Rome, 1994; Giuseppe Pizzorusso, Aurélien Girard, “The Maronite college in early modern Rome: Between the Ottoman Empire and the Republic of Letters”, in Liam Chambers, Thomas OʼConnor (dir.), College Communities Abroad. Education, Migration and Catholicism in Early Modern Europe, Manchester, Manchester University Press, 2018, p. 174-197.

25 Gerhard Podskalsky, Griechische Theologie in der Zeit der Türkenherrschaft (1453-1821), Munich, Beck, 1988; Gunnar Hering, Ökumenisches Patriarchat und europäische Politik 1620-1638, Wiesbaden, Steiner, 1968; Paschalis M. Kitromilides, « Orthodoxy and the West: Reformation to Enlightenment », in Michael Angold (dir.), The Cambridge History of Christianity, vol. 5: Eastern Christianity, Cambridge, Cambridge UP, 2006, 187-209; Remy Snoeks, L’argument de tradition dans la controverse eucharistique entre catholiques et réformés français au XVIIe siècle, Louvain, PU Louvain, 1951, 84-128; Alastair Hamilton, « From East to West: Jansenists, Orientalists, and the Eucharistic Controversy », in W. Otten et al. (dir.), How the West was Won: Essays on Literary Imagination, the Canon, and the Christian Middle Ages for Burcht Pranger, Leiden, Brill, 2010, 83-100; Cornel Zwierlein, Imperial unknowns. The French and the British in the Mediterranean, 1650-1750, Cambridge, Cambridge UP, 2016, p. 117-184 (chap. ‘Religion’ avec plus de bibliographie).

26 Sur lui Nasser Gemayel, Les échanges culturels entre les Maronites et l’Europe, Beyrouth, Impr. Gemayel, 1984, 217-240; Bernard Heyberger (dir.), Orientalisme, science et controverse. Abraham Ecchellensis (1605-1664), Turnhout, Brepols, 2010, passim.

27 Paul Rycaut, The Present State of the Ottoman Empire, London, Starkey, 1668, II, 2, 98-102; Sonia P. Anderson, An English Consul in Turkey. Paul Rycaut at Smyrna, 1667-1678, Oxford, Clarendon 1989, p. 229-247.

28 P. Rycaut, Present State, p. 100.

29 Pierre Bayle, Dictionnaire historique et critique, vol. IX, Paris, Desoer, 1820, p. 80 (art. « Mahomet »).

30 Robert Descimon, « La réconciliation des Hotman protestants et catholiques (des années 1580 aux années 1630) », in Wanegffelen (dir.), De Michel de L’Hospital, 529-562, p. 548f. Il avait été trésorier de l’Epargne, mais il était aussi orientaliste et soutenait aussi le travail de Sionita à la Bible polyglotte, cf. Paul Colomès, Gallia orientalis, s’Gravenhage, Adrian Vlacq, 1665, p. 164f.

31 Au moins le parlement de Toulouse résistait à l’enregistrement de l’édit en 1629 pour quelque temps : Michel Nassiet, La France au XVIIe siècle : société, politique, cultures, Paris, Belin, 2006, p. 128 ; Claire Chatelain, Chronique d’une ascension sociale : exercice de la parenté chez de grands officiers, XVIe-XVIIe siècles, Paris, EHESS, 2008, p. 57. Pour l’enjeu de pouvoir autour de la procédure de l’enregistrement cf. Lauriane KADLEC, Quand le Parlement de Pris s’oppose à l’autorité royale. L’affaire de la chambre de justice de l’Arsenal, Paris, Champion, 2007, et pour le XVIe siècle, Sylvie Daubresse, Le Parlement de Paris ou la voix de la Raison (1559-1589), Genève, Droz, 2005 ; Sarah Hanley, The Lit de Justice of the Kings of France : Constitutional Ideology in Legend, Ritual, and Discourse, Princeton, Princeton UP, 2014 (mais il n’y avait pas de cérémonie de lit de justice pour ce cas).

32 That the thing may be made yet clearer by an Example; Let us suppose two Churches, the one of Arminians, the other of Calvinists, residing in the City of Constantinople. Will any one say, that either of these Churches has Right to deprive the Members of the other of their Estates and Liberty, (as we see practised elsewhere) because of their differing from it in some Doctrines or Ceremonies; whilst the Turks in the mean while silently stand by, and laugh to see with what inhumane Cruelty Christians thus rage against Christians?” (John Locke, A letter concerning Toleration: Humbly Submitted, London, Churchill, 1689, p. 15f.); ce semble être une addition tardive, car dans ces premiers écrits sur la tolérance, les Ottomans et la coexistence religieuse dans l’empire sont touchées seulement très brièvement cf. le manuscrit Adversaria 1661: “[...] it is not impossible that a Christian prince should have Mahumetan Subjects who may deserve all civil freedom. & defacto the Turke hath Christian subjects” (John Locke, An Essay concerning Toleration and other Writings on Law and Politics, 1667-1683, ed. J. R. Milton et Philip Milton, Oxford, Oxford UP, 2006, p. 311).

33 Marc David Baer, “The Great Fire of 1660 and the Islamization of Christian and Jewish Space in Istanbul”, International Journal of Middle East Studies, vol. 36, nr. 2, 2004, p. 159-181.

34 AE Nantes, Collection Priest (166 PO / 1) Nr. 260.

35 AE Nantes, Collection Priest (166 PO / 1) Nr. 260.

36 R. M. Haddad, The Orthodox Patriarchate of Antioch and the Origins of the Melkite Schism, PhD thesis, Harvard Univ 1965 [HU Archives 90.8765A]; Bernard Heyberger, Les Chrétiens; Cornel Zwierlein, “Interaction and boundary work: Western merchant colonies in the Levant and the Eastern Churches, 1650-1800”, Journal of Modern European History, vol. 18, nr. 2, 2020, 156-176 pour bibliographie ultérieure; Cesare Santus, Trasgressioni necessarie. Communicatio in sacris, coesistenza e conflitti tra le comunità cristiane orientali (Levante e Impero Ottomano, XVII-XVIII secolo), Rome 2019 ; Aurélien Girard, Le christianisme oriental (XVIIe-XVIIIe siècles). Essor de l´orientalisme catholique en Europe et construction des identités confessionnelles au Proche-Orient, thèse de doctorat E.P.H.E. (472) Paris, 2011 ; Constantin A. Pachenko, Arab Orthodox Christians Under the Ottomans 1516-1831, Jordanville, New York, 2016.

37 Daniel Goffmann, “Ottoman Millets in the Early Seventeenth Century”, New Perspectives on Turkey 11, 1994, p. 135-158.

38 Pour le temps avant la conquête de Constantinople, on s’est interrogé sur la question de savoir si les Ottomans ont eu vraiment une idée d’orthodoxie ou s’il faut parler plutôt d’une « metadoxy » (Cemal Kafadar, Between Two Worlds: The construction of the Ottoman state, Berkeley, Berkeley UP, 1995, p. 76; Nir Shafir, “How to Read Heresy in the Ottoman World”, in Tijana Krstić, Derin Terzioğlu (dir.), Historicizing Sunni Islam in the Ottoman Empire, c. 1450-c. 1750, Leiden, Brill, 2021, p. 196-231.

39 Cornel Zwierlein, “’Konfessionalisierung’ europäisch, global als epistemischer Prozess : Zu den Folgen der Reformation und zur Methodendiskussion”, in Christoph Strohm (dir.), Reformation und Recht. Zur Kontroverse um die Kulturwirkungen der Reformation, Tübingen, Mohr & Siebeck, 2017, p. 1-51.

40 Κυρίλλου πατριάρχου Κωνσταντινόπολεως ὁμολογία τῆς Χριστανικῆς πίστεως. Cyrilli Patriarchae Constantinopolitani Confessio Christianae fidei, Genève, Jean de Tournes, 1633 [première éd. 1629, jamais imprimée en Grèce à cette époque] ; HERING, Ökumenisches Patriarchat, p. 135, 184 et 191.

41 Frédéric Gabriel, « Des professions de foi à l’église, une communauté de parole mise à l’épreuve », in Marie-Hélène Blanchet, Frédéric Gabriel (dir.), L’Union à l’épreuve du formulaire. Professions de foi entre églises d’Orient et d’Occident (XIIIe-XVIIIe siècle), Leuven et al., Peeters, 2016, p. 1-27, p. 6 : « la forme déclaratoire, qui n’est documentée qu’à partir du IVe siècle ». On connaît certainement des confessions et de la rhétorique de confession pour Irenaeus, Tertullien et des autres pères d’église dans leur controverse avec la gnosis, mais le credo de Nicée a été le seul valable.

42 Johannes Kamires, Τὰ δογμάτικα καὶ συμβόλικα μνημεία τῆς ὀρθοδόξου καθολικής ἐκκλησίας, 2 vol. , Graz, Akademische Druck- u. Verlagsanstalt, 1968, I, p. 316ff, 331ff.

43 Kamires, Τὰ δογμάτικα I, p. 417ff, 429ff.

44 Cf. Kamires, Τὰ δογμάτικα II, p. 515-950.

45 Prima vero occasio, publice, quae sit fides ac circa res divinas persuasio, profitendi oblata est Graecae ecclesiae, quum, Constantinopoli anno saeculi XV. quinquagesimo tertio a Muhammede altero vi expugnata, de Graecorum Christianorum juribus quaesitum esset.” (Ernst Julius Kimmel, Monumenta fidei ecclesiae orientalis, pars I, Jena 1850, p. I-II.)

46 E.g., BNF Paris NAF 7460.

47 BL London Harley 6943; Add Ms. 22911, 22911A (correspondance), Lansdowne 355.

48 Evgenios Boulgaris, Σχεδιάσμα περὶ ἀνεξιθρήσκειας ἤτοι περὶ ἀνοχής τῶν ἑτεροθρήσκων, ed. Nektarios Kephalas, Alexandreia, Lagoudakis, 1890; Martin Knapp, Evjenios Vulgaris im Einfluss der Aufklärung: der Begriff der Toleranz bei Vulgaris und Voltaire, Amsterdam, Hakkert, 1984; Günther S. Henrich (dir.), Evgenios Vulgaris und die neugriechische Aufklärung in Leipzig, Leipzig, Univ.-Verl., 2003.

49 Thomas Coke à Covel, Pera, 9 octobre 1684 (l’envoyant par Mr Cookes, a “Wollen draper […] at ye Seaven Starres in St Pauls Church Yard”) BL Ms. Harley, 6943, f. 88r. Thomas Coke avait été chancelier de la nation anglaise (le Levant Company’s factory) à Constantinople depuis les années 1670 jusqu’à 1694, et dans les temps de manque de consul et même d’ambassadeur, il exerça aussi la fonction consulaire ou de chargé d’affaires. Il était intéressé par les religions orientales et était « alarmed by the Roman [sc. missionary] successes in the east » (Anderson, Paul Rycaut, p. 234f. with n. 1), la copie de son testament, 14 novembre 1694, dans PRO SP 105/177, p. 24-26.

50 I was lately with ye Patriarch of Jerusalem who sends you ye enclos’d letter, & I have from him two bookes (I suppose) Nectarius about ye Popes Supremacy, & Simeon Metropolite of Thessalonica of ye Articles & Rites of ye Greeke Church. I formerly sent you myselfe these two but I know not whether they arriv’d you, with ye first occasion I shall forward these to you.” (Coke à Covel, Constantinople, 2 November 1689, BL Ms. Harley 6943, f. 89r-v).

51 Note dans BL London Add Ms 22902 [pag. de front], “This Book was compos’d by Nectarius, & Hilarion Cygala Archbishop of Cyprus, who had studied & been brought up at Venise. Dr Covel had the copy of this book given him by Dositheus who succeeded Nectarius in the Patriarchate, & it hath much more in it than that which is printed at Giassium or Jassi in Moldavia 1672. Peter Allix (having never seen Covel’s translation) translated Nectarius into Latin, & publish’d it in octavo London 1717” – le volume contient le texte grec, mais pas la traduction latine – si elle existait déjà – de Covel.

52 Sur Allix cf. Vivienne Larminie, “Peter [Pierre] Allix”, Oxford Dictionary of National Biography [2004], https://doi.org/10.1093/ref :odnb/407.

53 Του πανυ κυρ Nectarii Patriarchae Hierosolymitani Confutatio Imperii Papae in Ecclesiam, London, John Taylor, 1702. Contre ce dernier était dirigé Michel Lequien, Panoplia contra Schisma Graecorum, qua Romana et occidentalis ecclesia defenditur, adversus criminationes Nectarii nuperi Patriarchae Hierosolymitani, quas congessit in Libro Περι αρχης του Πάπα de Primatu Papae, Paris, Nicolaus Simart, 1718.

54 Reverendissimi in Christo Patris ac domini, Domini Nectarii, Nuper Patriarchae Hierosolymitani, De Artibus quibus Missionarii Latini, praecipue in Terra Sancta degentes, ad Subvertendam Graecorum Fidem, utuntur, & de quamplurimis Ecclesiae Romanae Erroribus & Corruptelis, libri tres, Ex Autographo Graeco Latine redditi, London, J. Tonson, & J. Watts, 1729 (dans une des copies rares, Oxford Christ Church College Library Wb.7.23, William Reading avait noté que l’archéveque de Canterbury avait payé £ 21 pour imprimer 250 copies de ce livre in octavo par Dr. Lisle ; merci beaucoup à Alina Nachescu d’avoir facilité la reproduction. Il y en a au moins quatre autres copies : Westminster Abbey Library (ESTC), Paris, Bib. de la Sorbonne, Bibliothèque de l’Institut d’études grecques, INH Rés2.166.26 ; Paris, Institut français d’études byzantines, R II 8243 ; Biblioteca nazionale Marciana Venezia, C 047C 073, la dernière un don par Chrysanthos Notaras, patriarch de Jérusalem [1707-1731]).

55 SCPF SOCG Greci Melchiti 2, f. 88r-141 ; Le père Romualdo Cardi, préfet des conventionnels en Moldavie, avait envoyé une copie manuscrite à Rome de l’imprimé de 1729 (cf. note ).

56 Un autre argument qui soutient de considérer tous ces textes de Nectaire dans leur forme ‘cumulative’ ou agrégée comme étant pendant cinq décennies encore une représentation valable de l’enseignement de « l’église orthodoxe grecque », du moins du point de vue des Anglais. C’est ainsi qu’ils concevaient eux-mêmes leur véritable alliance avec l’Église grecque en 1716-18 : les Grecs eux-mêmes ne comprenaient pas vraiment pourquoi les non-jurés proposaient de subordonner leur Église anglicane (partielle) au patriarche de Jérusalem qui était le moins important des cinq contrairement à ce qu’il fut sous le patriarcat œcuménique de Constantinople, (Cornel Zwierlein, “Non-Juror Patristic Studies and International Diplomacy : Cyprianic Exchange with the Greek Orthodox Church”, International Journal of the Classical Tradition, vol. 27, 2020, p. 473-492. Il n’y a aucune référence à Nectaire ni du côté des non-jurés (cependant Covel leur appartenait) ni du côté des Grecs, mais la coïncidence de la réédition de Nectaire en 1717 par Allix, l’implication de Covel dans tout cela et l’importance de Nectaire en Angleterre à cette époque suggèrent que les Britanniques reconnaissaient encore « le patriarche de Jérusalem » comme dogmatiquement le plus représentatif et que ce plan n’était donc pas seulement dû à l’approche plus « humaniste » de l’histoire (qui était une raison : ils considéraient le patriarche de Jérusalem comme le plus ancien de l’histoire de l’Église), mais aussi en raison de cet engagement des plus sérieux avec la théologie controversée de Nectaire.

57 C’est mentionné par Aurélien Girard, Le christianisme oriental, p. 114f., 642f.

58 Joseph Nasrallah, Histoire du mouvement littéraire dans l’église melchite du Ve au XXe siècle, Louvain et al., Peeters, 1979, p. 150.

59 Allix n’avait pas « protestantisé » délibérément le texte : il ne coupe pas ni ne change des passages dans Nectarios, De artibus, p. 37-39, où le concept orthodoxe du dernier de l’eucharistie, basé sur l’argument typologique de Chrysostome, et après aussi sur le concept de « metousiosis », traduit par « transsubstantiation », est rendu de façon fidèle à la pensée de Nectarios. Tout cela n’est clairement pas en congruence avec la théologie anglicane.

60 Pour une analyse du terme schisme et la distinction de l’hérésie proprement dite cf. Juan López De Palacios Rubios, De iusticia et iure obtentionis ac retentionis regni Nauarre Liber, s.l., s.d. [mais 1513].

61 « Corpus mysticum, quod vero genuino & incorruptibili & invisibili capiti coagmentatum est, vivit : Moritur autem quod falso corruptibili & visibili capiti coagmentatum est. Verum Ecclesia Orientalis vero, & genuino, & incorruptibili & invisibili capiti, Christo coagmentata est. Latina autem non proprio & vero sed corruptibili, & visibili : Ergo Ecclesia Orientalis vitam habet, Latina autem est mortua. » (Nectarios, Confutatio, p. 248f.)

62 Nectarios, Confutatio, p. 249.

63 Nectarios, Confutatio, p. 56-62.

64 Nectarios, Confutatio, p. 203-206.

65 Nectarios, Confutatio, p. 207.

66 Albert Zimmermann (dir.), Der Begriff der Repraesentatio im Mittelalter, Berlin, New York, de Gruyter, 1971 ; Hartmut Hoffmann, Repräsentation. Studien zur Wort- und Begriffsgeschichte von der Antike bis ins 19. Jahrhundert, Berlin, de Gruyter, 1974 ; Francis Oakley, Natural Law, Conciliarism and Consent in the Late Middle Ages, London, Variorum Reprints, 1984 ; Hermann Josef Sieben, Traktate und Theorien zum Konzil. Vom Beginn des großen Schismas bis zum Vorabend der Reformation (1378-1521), Paderborn, Schöningh, 1984 ; Brian Tierney, Foundations of the Conciliar Theory. The Contribution of the Medieval Canonists from Gratian to the Great Schism, 2nd ed., Cambridge, Cambridge UP, 1998.

67 Nectarios, Confutatio, p. 191.

68 Nectarios, Confutatio, p. 361.

69 Nectarios, Confutatio, p. 253.

70 Quomodo igitur vobis credam dicentibus, Orbem in Oceano ad vestras accessisse partes, idque sub Hispanorum Imperio? Et quomodo de mendaciis gloriaris? ubi & Britanni & Flandri & Hollandi, qui vestrarum non sunt partium, tantum imperium habent?” (Nectarios, Confutatio, p. 254).

71 Hugo Grotius, Mare liberum, ed. Robert Feenstra, Leiden, Brill, 2009, ch. III, X, 7-9, 55f.; James Muldoon, “Papal Responsibility for the Infidel: Another Look at Alexander VI’s’Inter Caetera’”, The Catholic Historical Review , vol. 64, nr. 2, 1978, p. 168-184; Martti Koskenniemi, “Empire and International Law: The real Spanish contribution”, The University of Toronto Law Journal, vol. 61, nr. 1, 2011, p. 1-36; plus de bibliographie chez Zwierlein, Imperial unknowns, p. 72-112.

72 Nectarios, Confutatio, p. 254.

73 Unica Russorum populosissima gens par saltem, si non & superior fuerit vobis Papisticis: Eos autem quos propter Lutherum & Calvinum abjecistis, quinimo & omnes haereses, interrogetis velim, utrum Orientalia an Latina conversi amplexuri essent?” (Nectarios, Confutatio, p. 302).

74 « opportuit manu conserta oppugnare » (Nectarios, Confutatio, p. vi).

75 Albert Vandal, L’Odyssée d’un ambassadeur. Les voyages du marquis de Nointel (1670-1680), Paris, Plon, 1900 ; Mohamed Abdel-Halim, Antoine Galland sa vie et son œuvre, Paris, A.G. Nizet, 1964; Guy Meyer, « Antoine Galland et le voyage entre Smyrne et Versailles de quatre statues trouvées par un marchand hollandais », Revue des Études Grecques, vol. 121, nr. 2, 2008, p. 797-804; Richard Van Leeuwen, Arnoud Vrolijk, The Thousand and one nights and Orientalism in the Dutch Republic, 1700-1800, Amsterdam, Amsterdam UP, 2019 – tous avec bibliographie ultérieure.

76 Nectarios, Contra latinos, p. 107.

77 Ce n’est pas le lieu d’élargir ici sur la question de savoir si la confrontation ottomano-perse avait des aspects de ‘guerre de religion’ (sunnites contre shiites) – le point ici est qu’il est probablement difficile de prouver qu’il y avait une véritable guerre de religion entre dénominations chrétiennes sous le gouvernement des ottomans entre 1453 et 1922.

78 Sacra Congregatione Particulari […] deputata […] Meleuitana Depraedationum PRO Graecis, aliisque Christianis Orientalibus, s.l. [Rome], s.n., 1729, f. A4R ; Cornel ZWIERLEIN, “Juridification of Corsairing in the Early Modern Mediterranean circa 1700 : the contribution of the Roman Rota and the Propaganda Fide to International Maritime Law”, Il pensiero politico, vol. 52, nr. 3, 2019, p. 345-376.

79 George Williams, The Orthodox Church of the East in the XVIIIth Century, London, Rivingtons, 1868; bibliographie ultérieure in Zwierlein, “Cyprianic Exchange”, n. 64.

80 Cornel Zwierlein, « The European Merchant Nations and the Economic Dimensions of the 1724 Schism », in Ronney el Gemayel / Željko Paša (dir.), The Split in the Greek Patriarchate of Antioch. Three Centuries Later (1724-2024). Retrospective and Prospect (à paraître, 2024).

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Pour citer cet article

Cornel Zwierlein, « Tolérance et Controverse confessionnelle entre Occident et Orient, XVIe-XVIIIe siècles », paru dans Loxias-Colloques, 20. Tolérance(s) III - concepts, langages, histoire et pratiques
Tolerance(s) - concepts, language, history and practices
, Tolérance et Controverse confessionnelle entre Occident et Orient, XVIe-XVIIIe siècles,
mis en ligne le 26 octobre 2023, URL : http://revel.unice.fr/symposia/actel/index.html?id=1921.


Auteurs

Cornel Zwierlein

PD Dr. habil. Cornel Zwierlein ; thèse en cotutelle LMU Munich / CESR Tours, Habilitation à diriger des recherches Univ. Bochum (Histoire moderne). Fellowships de recherche à Harvard, Cambridge, Erfurt. Il s’intéresse notamment à l’histoire des guerres de religion françaises, l’histoire de la sécurité et des risques et l’histoire des européens dans la Méditerranée et d’autres mers à l’époque moderne. 2020-2023 FU Berlin, Heisenberg Fellow et leader d´un projet (DFG). Ses derniers ouvrages sont: The Political Thought of the French League and Rome, 1585-1589 (Genève, Droz 2016); Imperial Unknowns. The French and British in the Mediterranean, 1650-1750 (Cambridge UP, 2016); Prometheus Tamed. Fire, Security and Modernities, 1400-1800 (Leiden, Brill 2021); The Power of the Dispersed. Early Modern Global Travelers beyond Integration (Leiden, Brill 2022).