Loxias-Colloques |  19. Autour d’Henri Bosco : voyageurs et expatriés en Afrique du nord. Textes et images 

Angela Maffre  : 

Voyager ou produire : Henri Bosco au Maroc à travers Humazur

Résumé

Humazur, la bibliothèque numérique d’Université Côte d’Azur, conçu sur le web sémantique, en donnant accès à des reproductions numériques des manuscrits des œuvres d’Henri Bosco et des ouvrages lui ayant appartenu, offre de nouvelles perspectives de connaissances et d’études de l’œuvre d’Henri Bosco et en particulier de sa période marocaine.

Abstract

Humazur, the digital library of Université Côte d’Azur, designed on the semantic web, is giving access to digital reproductions of the manuscripts of Henri Bosco’s works and books and reviews from his houses. It offers new perspectives of knowledge and studies of the work of Henri Bosco, and in particular of his intellectual life at Marocco.

Index

Mots-clés : base de données , Bosco, Henri, Maroc

Géographique : Maroc , Provence

Chronologique : XXe siècle

Plan

Texte intégral

1Université Côté d’Azur vient d’ouvrir sa bibliothèque numérique, Humazur, conçue dans la nouvelle logique du web, le web de données qui permet d’exploiter au maximum les relations et la puissance de recherche du web. Le web de données repose sur l’utilisation de langages de description de données lisibles par les machines, des ontologies, des vocabulaires qui définissent les propriétés de chaque élément entré : les données de base sont les fonctions auteur, titre, date, éditeur, etc. Mais aussi en s’appuyant sur des entités personnes, lieux, œuvres, dates, le web de données permet d’établir des relations telles que « untel est le collègue de », « ce manuscrit est une version de telle œuvre », etc. Avec ces ontologies, le « web sémantique » ou « web de données » vise à décloisonner les informations contenues dans les sites web pour les rendre indexables et recherchables par les moteurs de recherche : au lieu de chercher des ouvrages et des articles dans un catalogue de bibliothèque, les ouvrages numérisés dans Humazur viennent à vous dans les résultats de votre moteur de recherche.

2Le projet de bibliothèque numérique, commencé en 2016, s’appuie sur les collections remarquables des bibliothèques d’Université Côte d’Azur et, entre autres, les manuscrits, archives et livres légués par Henri Bosco. La sélection actuelle destinée à s’accroître fait la part belle aux années marocaines de la vie d’Henri Bosco. En 1931, Henri Bosco est détaché du Ministère de l’Éducation nationale au ministère des Affaires étrangères pour prendre un poste d’enseignant de français au lycée de Rabat. Il quitte le Maroc pour s’installer à Nice en janvier 1955, comme de nombreux Français quittant le Protectorat en plein troubles nationalistes. Il a donc passé 24 ans au Maroc, de 43 ans à 67 ans, en pleine maturité, et c’est au Maroc qu’il reçoit le Prix Renaudot en 1945 pour Le Mas Théotime.

Le Maroc a eu pour moi une influence à la fois précise et indirecte. C’est en Provence que j’ai écrit mes œuvres « marocaines », et au Maroc que j’ai écrit mes romans provençaux1.

Les œuvres marocaines

Le Mas Théotime

3En août 1940, deux mois après la défaite française, Henri Bosco se lance dans l’écriture du Mas Théotime. Le livre achevé le 22 juillet 1941, un extrait est publié dans La Revue universelle du 10 avril 1942, mais l’ouvrage est édité par Charlot à Alger seulement en juin 1945. Le roman rencontre un grand succès public grâce à son message d’espérance après les affres de la guerre. 300 000 exemplaires sont vendus, le livre reçoit le prix Renaudot en décembre 1945, ce qui permet à Henri Bosco de prendre sa retraite anticipée. Le volume est ensuite réimprimé à Paris en 1946, puis réédité par Gallimard à partir de 1952.

4De tous ses ouvrages, Henri Bosco considère que seul Le Mas Théotime est un roman, et pas un récit, avec « un commencement, une fin, un milieu, des personnages, une crise2 ». L’inspiration profonde du Mas Théotime vient de la débâcle de juin 1940 : « C’était la débâcle, l’invasion. Je me trouvais dans ma maison du Maroc. Que faire ? Dans les grands désastres, j’estime que chacun doit d’abord essayer d’accomplir la tâche qui lui est propre. [...] Romancier, je résolus tout de suite de mettre en chantier un roman. Le sujet ou plutôt le thème, s’imposa à moi : nous étions dépossédés de notre terre, c’était de cette terre que je parlerais3. » L’illustration parfaite de ce dialogue entre les terres de Provence et d’Afrique du Nord figure en fin du manuscrit du Mas Théotime : le manuscrit relié par les soins de son ami Ludo von Bogaert, à qui Henri Bosco l’avait offert et qui l’a ensuite confié à la bibliothèque, porte une dédicace d’Henri Bosco à sa mère datée novembre 1940, et en dernier feuillet, cette phrase de conclusion : « Rabat, le samedi 12 juillet 1941. Tout ceci a été écrit en pensant à Lourmarin ». Écrit au Maroc avec un cœur provençal.

L’Antiquaire

5Dans l’œuvre d’Henri Bosco, la Provence reste le lieu de l’action le plus représenté, seules trois œuvres se passent en Afrique du Nord.

6Ce roman qui appartient à l’« œuvre au noir » selon l’expression de Claude Girault4, écrit à partir de 1951 et paru en 1954, se passe pour deux chapitres au Maroc, et plus précisément dans les régions du Tafilalet et du Moyen-Atlas. Il évoque les troubles nationalistes du Protectorat marocain, déclenché après la Deuxième Guerre mondiale et qui conduiront à l’indépendance du Maroc en 1955.

7Dans Humazur, à partir de la notice d’œuvre de L’Antiquaire, le lecteur a accès à des versions : c’est-à-dire des brouillons et documents préparatoires. Humazur explicite aussi l’importance de l’influence de Paul Valéry sur Henri Bosco dans cette œuvre : « L’Antiquaire fut écrit en réaction à la Soirée de M. Teste de Valéry. Valéry a voulu écrire un roman. Mais M. Teste est un roman inachevé. J’ai repris le personnage de M. Teste et je l’ai fait parler. Même certaines phrases du modèle sont copiées textuellement, pour donner l’accent « Teste ». Je l’ai mené jusqu’au bout5. » Paul Valéry écrit à partir de 1896, avec la Soirée de M. Teste un ensemble d’essais autour du personnage d’Edmond Teste, rassemblés ensuite sous le titre de Monsieur Teste. Dans ces essais, il expose sa conception intellectuelle après la « Nuit de Gênes » en 1892 : l’être intérieur n’obéit qu’à des lois mathématisables et universalisables et elles ne peuvent être comprises qu’avec la distance, la maîtrise et la lucidité d’un moi dissocié de lui-même. Le nihilisme de la pensée incarnée par le personnage d’Edmond Teste de Paul Valéry se retrouve dans le personnage de Surac dans L’Antiquaire, qui est « expert en tous les possibles6 », comme Edmond Teste est « démon des possibles ordonnés » et qui reprend nombre de mots et de jugements de Paul Valéry sur l’amour, la nature ou les « bêtises ». Ce personnage et ce nihilisme sont connotés négativement et représentent une des deux voies néfastes que teste le héros Baroudiel : Henri Bosco voit en lui « le Négateur, le Séparateur, l’Opposant, le Mal à l’état pur, celui qui ne pêche que dans son esprit, par le seul esprit, et contre l’esprit. Péché suprême7 » ; « [Valéry] et [M. Teste] portent en eux un néant (si j’ose dire) qui ne peut aboutir qu’au désespoir. Or je suis l’ennemi du désespoir8.

Pages marocaines

8On peut suivre dans Humazur l’histoire éditoriale particulièrement intéressante d’une autre œuvre marocaine d’Henri Bosco, Pages marocaines.

9Le texte final a été publié en 1948 à la Galerie Derche de Casablanca avec des aquarelles de son ami Louis Riou. Mais deux chapitres ont été publiés antérieurement : le chapitre « Chant pastoral d’hiver au Grand Atlas » est publié dans la revue de Jean Amrouche Quatre vents, en 1942.

10De même, la partie « Sanctuaire » sur le site de Chellah est largement antérieure à 1948, puisqu’une première version partielle paraît en septembre et octobre 1941 dans la Tunisie française littéraire également dirigée par Jean Amrouche à Alger, puis dans les Cahiers du Sud en 1947.

11Les multiples avatars de ce chapitre finalement intitulé « Sanctuaire », qui occupe la place centrale dans Pages marocaines indiquent l’importance du site de Chellah, un des lieux de promenade privilégié des Bosco à Rabat, qui a marqué sensiblement l’écrivain. Ce site de Chellah est l’« enclos sacré » par excellence ; pour Henri Bosco, c’est « l’un des jardins du monde où l’on sent partout le génie du lieu9 ». « Cette ville d’âmes, de ruines, de vieux arbres et d’eaux limpides repose ainsi sur des terrains spirituels d’une densité singulière ; et la vie qui s’y alimente participe à leur plénitude10. ». Lieu alimenté de sources et de vasques, Chellah cumule l’eau jaillissante, la condition de vie, symbole de l’Esprit qui se renouvelle, symbole de l’espérance, source de la foi qui ne tarit jamais, et l’eau dormante, qui réfléchit le ciel, donc un lieu d’approfondissement et de méditation. Tous les états du texte sont divisés en trois parties, le premier volet étant descriptif, le second, un message levant le voile et le troisième, « Stèles invisibles », sous forme poétique, donne à entendre la voix des morts de la nécropole. Au-delà des tombes visibles, Henri Bosco perçoit les « Stèles invisibles », les passages des forces telluriques à la rencontre de l’Un et du Multiple, de l’Être pur, il dépasse le visible et le sensible, pour l’absolu et la plénitude du sacré. C’est le « Jardin de la Doctrine » qui garde le souvenir de l’innocence et de la connaissance originelle et annonce son retour, un lieu initiatique où Henri Bosco reconnaît les signes de la tradition guénonienne. Elles font entendre la « Parole perdue » que recherche le disciple. La nécropole, au centre d’un centre, puisqu’il faut passer deux enceintes, est successivement dans les états successifs de ce texte « un Jardin de la Doctrine » dans le brouillon envoyé à François Bonjean, un lieu « de doctrine » dans la prépublication « Chellah » dans le numéro spécial des Cahiers du Sud, L’Islam et l’Occident, et « le Jardin de la Doctrine » dans le chapitre renommé « Sanctuaire » dans les Pages marocaines. L’usage final des majuscules et du défini marque le symbolisme de ce portrait d’un paradis disparu, symbole visant à consoler de cette perte.

12Ces textes montrent déjà le réseau nord-africain d’Henri Bosco en la personne de Jean Amrouche : Jean Amrouche se définit comme « hybride culturel » revendiquant la littérature des écrivains français et le patrimoine oral kabyle de sa mère. Ami avec Armand Guibert, il publie articles et comptes-rendus dans les revues littéraires tunisiennes, Mirages, Shéhérazade, La Tunisie française littéraire et deux recueils de poésies dans la collection « Les Cahiers de Barbarie » créée par Armand Guibert, Cendres (1934) et Étoile secrète (1937). En 1939, les Chants berbères de Kabylie traduisent en français les chants de sa mère empreints du souvenir nostalgique de sa Kabylie natale, et d’une méditation poétique et religieuse. En 1943, lorsqu’André Gide décide de créer une revue de la France libre en remplacement de la Nouvelle revue française, alors qu’il est exilé à Tunis, il désigne son ami Jean Amrouche pour diriger L’Arche. Jean Amrouche est sollicité par Henri Bosco pour sa revue dès mars 1937, numéro dans lequel est publié un extrait d’Étoile secrète, et Aguedal publie encore un compte-rendu élogieux des Chants berbères de Kabylie en mai 1940.

Le réseau intellectuel d’Henri Bosco en Afrique du Nord

13À travers les documents sélectionnés dans la bibliothèque personnelle d’Henri Bosco, apparaissent de nombreux amis et écrivains d’Afrique du Nord tel Jean Amrouche, principalement car Henri Bosco les a fait participer à son entreprise majeure au Maroc, la revue Aguedal.

Aguedal

14Pour se rendre compte du réseau intellectuel nord-africain, il suffit de voir tous les articles et les auteurs qui ont contribué à cette revue. Ce travail de dépouillement de la revue a pu être fait sur le premier numéro de mai 1936, où le réseau nord-africain ne semble pas encore en place étant donné la présence encore forte d’amis provençaux, Fernand Mazade ou Noël Vesper, qui apportent des poésies. Les autres numéros à étudier montreront l’implantation croissante d’Henri Bosco dans le réseau intellectuel d’Afrique du Nord.

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Page de couverture du premier numéro d’Aguedal

15Dans le premier numéro, interviennent déjà :

16- Léopold Justinard, militaire d’abord envoyé en Algérie où il apprend l’arabe, puis détaché à la Mission militaire française au Maroc, chargée d’instruire et d’organiser l’armée chérifienne. En contact avec les soldats chleuh, il apprend ce dialecte berbère, le consigne de même que des contes oraux et publiera deux manuels de berbère marocain. Il tient une chronique dans la revue Aguedal, « Propos du Chleuh » consacrée à la poésie berbère chleuh ;

17- Jules Borély, peintre, proche un temps de Cézanne, Frédéric Mistral, Jean Moréas, ou Charles Maurras, s’installe en 1919 dans la médina de Rabat. Pour remplacer son premier directeur du Service des Beaux-Arts et des monuments historiques, Maurice Tranchant de Lunel, le maréchal Lyautey fait appel à lui de 1925 à 1935. En accord avec la pensée du maréchal Lyautey, Jules Borély contrôle strictement les nouvelles constructions dans le Protectorat, et par décret, soumet toute nouvelle construction au schéma d’ordonnances préparés avec les architectes Jules Laforgue et Antoine Marchisio, son collègue à la Direction générale de l’instruction publique, des beaux-arts et des antiquités, qui donne lui aussi un article au premier numéro d’Aguedal, « L’architecture moderne au Maroc ». Il y expose leur politique architectural, rejetant le style néo-mauresque, pour privilégier de nouvelles constructions inspirées de l’architecture marocaine traditionnelle.

Gabriel Audisio et l’École d’Alger

18Dès ce premier numéro d’Aguedal, paraît aussi par un poème, « Chant d’Arion », l’écrivain Gabriel Audisio : aux dires d’Henri Bosco, Gabriel Audisio et lui se sont rencontrés chez Gallimard en 1928 pour une signature sous le regard de Louis-Daniel Hirsch. Tous les deux fils d’artistes lyriques d’opéra, ils débutent dès cette période une riche correspondance autour de leurs écrits et de « leur » mer Méditerranée, mais aussi du Maroc et du protectorat français, des colonialismes et de leur littérature sensible au monde non occidental. En effet, Gabriel Audisio est nommé en 1920 rédacteur de préfecture à Constantine puis Alger. Il occupe un poste au Gouvernement général d’Algérie jusqu’en 1958, d’abord à partir de 1938 comme délégué de l’Office algérien d’action économique et touristique (OFALAC), chargé de promouvoir l’image de l’Algérie en métropole, au sein duquel il publie la revue Algeria. Ses premiers poèmes, Hommes au soleil (1922), sont déjà marqués par une inspiration algérienne et l’idéal de l’« Homme méditerranéen », sublimé par la mer et le soleil, incarné dans un Sauveur, héros d’une série romanesque débutant avec Héliotrope en 1928 et qu’il retrouve également dans le personnage d’Ulysse. En 1926, il reçoit le Grand Prix littéraire de l’Algérie pour le roman sur l’immigration Trois hommes et un minaret, satire de la vision orientaliste et coloniale française sur les musulmans et les Arabes. Dans ses essais Jeunesse de la Méditerranée (1935), Sel de la mer (1936), et Ulysse ou l’intelligence (1946), il défend, contre l’affirmation d’un colonialisme néo-latin, une vision universaliste de l’Algérie de tradition pluraliste, héritière de nombreuses civilisations, et lieu privilégié pour des échanges et le mélange des civilisations du Nord et du Sud. Il développe l’idée de « patrie méditerranéenne », par son attention aux pieds-noirs, autant qu’à la société musulmane, sur laquelle il écrit quelques essais ethnographiques et des travaux historiques, et incarne le courant « méditerranéiste », qui au contraire des « algérianistes », ne résume pas la civilisation et la culture de la Méditerranée à la latinité de la Rome antique, et à la notion de « mare nostrum », ayant induit la colonisation ; prenant en compte l’hégémonie arabe et la littérature orale berbère, il défend une Méditerranée « une et multiple ». Gabriel Audisio et ses idées « méditerranéistes » sont est au centre de l’« École d’Alger », réseau d’écrivains rassemblés autour de l’éditeur Edmond Charlot à Alger, comme Jules Roy, un autre ami proche d’Henri Bosco, Max Pol Fouchet, Jean Amrouche, Mohamed Dib ou Albert Camus, qui œuvrent pour faire renaître la culture arabe, faire communiquer les civilisations du bassin méditerranéen et réconcilier l’Orient et l’Occident.

L’Islam et l’Occident

19Ces idées ont été exprimées dans la deuxième édition du numéro L’Islam et l’Occident des Cahiers du Sud, dans lequel nous avons vu paraître l’une des versions du chapitre « Sanctuaire » extrait des Pages marocaines.

20Cette deuxième édition de 1947, à laquelle Henri Bosco participe, prend une tournure beaucoup plus « méditerranéiste » que la première de 1935 : confié à Émile Dermenghem, ce numéro spécial 175 d’août-septembre 1935 met en avant le rôle de l’Islam en tant qu’entité civilisationnelle complémentaire de l’Occident, dans le cadre d’une méditation sur le déclin de l’Occident, inspirée par Paul Valéry et René Guénon. L’Orient et en premier lieu, l’Inde et l’Islam, sont présentés comme des lieux de tradition et de spiritualité, au contraire d’un Occident en déclin, rationaliste et critique. Au centre, la Méditerranée est donc le lieu de la synthèse humaniste, comme Jean Ballard le formule dans la préface (reprise en 1947) :

Pouvait-on rêver encore d’une civilisation méditerranéenne à formule ample, où l’Islam interviendrait comme au Moyen-Âge pour affiner, enrichir l’intelligence gréco-latine et aiderait à la création d’un nouveau syncrétisme dont notre mer serait le lieu et le véhicule11.

21La position orientaliste, inspirée des anti-Lumières catholiques, exprimée en 1935 par Émile Dermenghem, mais aussi avec quelques inflexions par François Bonjean, Philippe Guiberteau, Louis Massignon, René Guénon, dont les textes sont repris in extenso dans le numéro 1947 avec parfois des ajouts, se double de la conviction profonde d’une mission de l’Occident envers l’Islam, justifiant la tutelle européenne sur l’Afrique du Nord. En 1947, le nouveau numéro paraît dans un contexte complètement différent : la première édition, qui comprend un encart de 62 pages publicitaires comprenant un grand nombre d’annonces de compagnies de navigation, entreprises clés de l’essor économique colonial, est paru en pleine apogée coloniale alors qu’en 1947, après-guerre, le monde est au début de l’effondrement des empires coloniaux. Les inflexions entre les deux numéros sont en partie le signe du sentiment d’échec de l’humanisme des Cahiers du Sud, mais aussi d’une vision moins clivante de la Méditerranée de l’époque. Le numéro de 1947 modifie cet essentialisme orientaliste : le numéro comprend – dans une structure en six parties qui n’existe pas en 1935 – une partie intitulée « Influences et échanges » mettant l’accent sur cette civilisation méditerranéenne hybride. La rêverie orientaliste cède un peu la place à des analyses philologiques et historiques avec des articles d’islamologues comme Miguel Asin Palacios, Hector Théry, Henri Pérès, Charles Sallefranque, Georges Marçais ou Georges-Albert Astre… Le numéro explore au-delà du postulat de l’imperméabilité des cultures des anti-Lumières, les transferts entre des espaces culturels hétérogènes. Ce numéro est lui-même alors un lieu d’échanges et d’interférences et prend en compte les changements du monde arabe depuis la Nahda (mouvement de renaissance culturelle et sociale particulièrement fort en Egypte). Outre l’article de l’écrivain Muhammed Hussein Heykal, « Les causes de l’incompréhension entre l’Europe et les musulmans et comment y remédier », déjà publié en 1935, le numéro de 1947 accueille de nombreux articles d’hommes de lettres égyptiens : Taha Husayn, Tawfiq al-Hakim et Moustapha Abd-El-Razek, et de Maghrébins, Saadeddine et Rachid Benchened, Mostafa Lacheraf. Ces intellectuels mettent en évidence la non-opposition à leurs yeux du réformisme musulman, de la modernité occidentale et le nationalisme naissant. Dans une place ténue, l’histoire et la politique et notamment le système colonial sont étudiés avec les articles de Daniel Valdaran, « La nouvelle élite musulmane en Afrique du Nord », Louis Massignon « Situation internationale de l’Islam », et Carlo Suarès, « Regards d’Alexandrie », où la situation du monde arabo-musulman est bien analysé entre d’un côté, les anciennes puissances coloniales, la France et le Royaume-Uni, et, de l’autre, les deux grandes puissances issues de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis et l’URSS. L’humanisme « méditerranéiste » dépasse les oppositions de civilisations et est inséré juste avant la conclusion d’Emile Dermenghem, l’article inédit de Gabriel Audisio « D’homme à homme ».

Henri Bosco et l’influence de René Guénon

22La participation d’Henri Bosco à ce numéro de 1947 et son amitié avec Gabriel Audisio le rapproche de ce mouvement « méditerranéiste » mais elle peut s’expliquer aussi par sa proximité avec François Bonjean et à par son biais, avec René Guénon, qui participent aussi aux deux numéros L’Islam et l’Occident.

François Bonjean et René Guénon

23François Bonjean, après avoir été prisonnier pendant la Première Guerre mondiale et avoir été reconnu comme écrivain grâce au récit de ces années de prisonnier, fuit l’Occident barbare pour Le Caire, puis la Syrie, l’Algérie, le Maroc. Tout en restant catholique, il se marie avec Lalla Touria, Marocaine de culture traditionnelle et purement orale, musulmane qui lui transmet sa culture et notamment le darija, le parler vernaculaire du Maroc. Il est contacté en 1935 par Henri Bosco qui recherche des publications sur des sujets marocains pour Aguedal. La première rencontre entre l’écrivain confirmé et reconnu qu’est François Bonjean et le jeune poète cherchant encore sa voie littéraire Henri Bosco, semble avoir eu lieu en décembre 1938. Le déclenchement de la guerre en 1940 et l’accablement devant ces « heures cruelles » rapproche les deux hommes : face à ce désastre, François Bonjean partage la Doctrine de René Guénon et sa vision de l’Ultime Vérité qui permet de comprendre le sens des événements. En effet, François Bonjean a rencontré René Guénon en 1924 à Paris dans des salons où les discussions tournent autour des rapports entre Orient et Occident et où il diffuse ses idées de centres orientaux détenteurs de la Tradition et échange une correspondance régulière avec celui-ci à partir de 1935. Ce philosophe qui finit sa vie au Caire en 1951, initié au soufisme et aux métaphysiques extrême-orientales et hindous, élabore à partir des années 1910 une pensée « traditionnaliste » qui pour rénover la spiritualité occidentale mise à mal par l’échec humaniste que représente la Première Guerre mondiale, soutient qu’il faut aller rechercher la tradition primordiale perdue dans les centres spirituels orientaux et dans la voie initiatique. La correspondance entre François Bonjean et Henri Bosco fait état des nombreuses discussions sur Guénon, des lectures et relectures, et du rôle d’« inspirateur de spiritualité » de Bonjean pour Henri et Madeleine Bosco. Celle-ci écrit à François Bonjean et Lalla Touria le 16 janvier 1942 : « J’ai lu Guénon avidement et aussi lentement en restant des heures à rêver sur un mot et aussi studieusement avec un cahier et des notes […] Je n’ai plus que le souvenir d’une exaltation qui m’a déposée sur un lieu indicible où tout m’est apparu sous un jour nouveau12. » En 1943, Henri Bosco et François Bonjean, par l’intermédiaire d’Ahmed Sefrioui, ancien élève de François Bonjean et écrivain arabe d’expression française, rencontre à Fès un disciple de René Guénon, Pierre Georges, ou Si Abdallah. Ces rencontres permirent d’approfondir la connaissance de la doctrine guénonienne et firent l’objet de deux récits dans Sites et mirages et dans l’article « Trois rencontres » paru dans l’hommage de la NRF à André Gide. Cet article est aussi un hommage à René Guénon, mort un mois avant Gide en janvier 1951, nouvelle qu’Henri Bosco apprend alors qu’il est à Amizimiz, en train d’écrire L’Antiquaire13.

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René Guénon, 1925.

Le Mas Théotime

24L’influence des idées de René Guénon se retrouve dans de nombreuses œuvres d’Henri Bosco écrites au Maroc, de Sites et mirages qui relate la rencontre avec Si Abdallah, aux Pages marocaines dont le chapitre « Sanctuaire » évoque le « Jardin de la Doctrine », en passant par Le Mas Théotime. Des éléments travaillés par René Guénon servent de bases doctrinales au Mas Théotime et en premier lieu le symbole du « Rose-Croix », central dans le récit. Ce symbole représentant un cœur surmonté d’une croix, orne la tapisserie brodée par Madeleine Dérivat, l’aïeule supérieure des Visitandines de Nazareth, cachée dans le grenier du Mas, est dessiné par Geneviève enfant et figure sur le maître-autel de l’ermitage de Saint-Jean ; il obsède les personnages de Geneviève, Pascal et Jacques Lebreux. D’un côté, le cœur, dont Guénon parle abondamment dans Le Roi du monde est symboliquement le centre spirituel du monde où vit le « Roi du monde », dont l’influence diffusée par l’intellectuel pur (le rayon céleste) est nécessaire à la marche positive du monde. Cette symbolique du rayon de René Guénon renforce le culte du Saint-Esprit d’Henri Bosco, qui fusionnent ainsi sa foi chrétienne et l’apport spirituel du guénonisme. De l’autre côté, la croix (grecque, à deux branches de longueur égale) dont la symbolique est étudiée dans des termes empruntés au soufisme par René Guénon dans Le Symbolisme de la croix en 1931, représente les deux phases de la réalisation spirituelle : l’ampleur et l’exaltation. Elle symbolise la réalisation de l’Homme universel ou « Roi du monde », épanoui intégralement et harmonieusement dans les deux sens. Henri Bosco utilise ces notions à plusieurs reprises dans Le Mas Théotime, Malicroix, et dans le texte « Sanctuaire » et en fait le titre d’un de ses articles paru dans la revue Fontaine en mars-avril 1942. L’espace même du roman est traversé de cette croix, représentant le centre de l’être, l’exaltation et l’ampleur (ou amplitude) : Théotime est au centre de la croix formée par le village des Métidieu et Dérivat, Sancergues et la ferme des Alibert, deux opposés, tendresse et douceur des jardins face à la rigueur de la maîtrise de la terre. C’est donc au centre de cette croix que Geneviève arrive, en quête (mystique) de la tapisserie de Madeleine Dérivat. Dans cette quête, elle est traversée d’expériences d’illuminations, de progressions intellectuelles : « Si l’exaltation ne manquait point à Geneviève, qui, pour un rien, se portait tout à coup à la pointe extrême de son cœur et y flambait, elle ignorait encore les bienfaits de l’amplitude, qui compensent l’élan et équilibrent l’âme. Car l’exaltation nous emporte au-dessus de nous-mêmes, comme un jaillissement vers les hauteurs, tandis que l’amplitude, contrairement à l’apparence, ne s’acquiert que par le recueillement et une lente concentration14. ». Dans un premier temps, elle circule sur la branche verticale de l’exaltation, entre La Jassine et Théotime, centre spirituel secondaire, un lieu de refuge dans lequel Geneviève trouve la quiétude et doit atteindre le grenier, où est conservé le symbole de la Rose-Croix qui lui ouvrirait la porte d’autres centres spirituels. Ce temps de l’exaltation, caractérisé par la lutte entre Pascal et Clodius, entre Théotime et La Jassine, s’achève sur la scène des sangliers que Geneviève charme et vainc, allégorie de la victoire de l’esprit sur les sens : elle dépasse les ardeurs charnelles pour atteindre un autre ordre de la passion. Elle se pacifie et prend le chemin de l’amplitude. Si Pascal lui défend la voie d’initiation du mas Théotime, il offre à Geneviève par un élan du cœur l’autre centre spirituel secondaire, Micolombe. De ce centre, Geneviève se tourne vers un troisième centre spirituel, supérieur, plus pur encore, l’ermitage de Saint-Jean, équivalent du grenier du mas Théotime. Celui-ci la mènera ensuite vers l’Orient, le couvent des Trinitaires de Marseille, puis Nazareth, le « séjour de Paix ». Elle découvre via le symbole de la Rose-Croix reproduit dans la chapelle de Saint-Jean, la « Parole perdue », la Tradition décrite par René Guénon. L’ensemble du roman est donc le récit d’une initiation graduée à la Tradition guénonienne.

25 

26Après ce chemin dans Humazur, nous voici à nouveau à notre point de départ, Le Mas Théotime. Grâce aux relations suivies dans les documents sélectionnés dans la bibliothèque personnelle d’Henri Bosco, nous comprenons mieux les influences intellectuelles d’une partie de l’œuvre d’Henri Bosco : de milieu colonial marocain de la Direction générale de l’instruction publique, des beaux-arts et des antiquités au courant « méditerranéiste » de Gabriel Audisio et de l’éditeur Edmond Charlot, qui publie Le Mas Théotime en 1945, et à la tradition guénonienne dont il adopte l’ouverture au monde musulman et maghrébin, Henri Bosco aura participé à une période de transition de l’Occident en échec après la Première Guerre mondiale, qui cherche dans les colonies d’Afrique du Nord un nouvel humanisme, un nouveau rapport au monde, certes colonial, mais rêvant une synthèse et une égalité spirituelles. C’est l’un des axes à suivre dans Humazur.

Notes de bas de page numériques

1 Cité par Sophie Pacifico Le Guyader, En Provence, sur les pas de Bosco, Equinoxe, 2015, p. 27.

2 Entretien avec Jean-Pierre Cauvin 10 octobre 1962, Jean-Pierre Cauvin, Henri Bosco et la poétique au sacré, Éditions Klincksieck, 1974, p. 247.

3 Cité par Georges Raillard, dans « En Provence chez Henri Bosco », Pensée française, janvier 1959, p. 27-33.

4 Claude Girault, « La genèse d’Hyacinthe : le créateur et ses personnages d’après des documents inédits », Cahiers Henri Bosco, numéro 35-36, 1995-1996, p. 127.

5 Entretien avec Jean-Pierre Cauvin, 8 octobre 1962, Jean-Pierre Cauvin, Henri Bosco et la poétique au sacré, Éditions Klincksieck, 1974, p. 238.

6 L’Antiquaire, Gallimard, 1954, p. 15.

7 Henri Bosco, « L’Antiquaire », extrait du diaire 1954-1955, Cahiers Henri Bosco, numéro 24, 1984, pages 11. Disponible en ligne sur Gallica, consulté le 12 février 2021. https://gallica.bnf.fr/ark :/12148/bpt6k9762579w/f10.item

8 Henri Bosco, « L’Antiquaire », extrait du diaire 1954-1955, Cahiers Henri Bosco, numéro 24, 1984, pages 9. Disponible en ligne sur Gallica, consulté le 12 février 2021. https://gallica.bnf.fr/ark :/12148/bpt6k9762579w/f10.item

9 Des sables à la mer, Gallimard, 1950, p. 64

10 Des sables à la mer, Gallimard, 1950, p. 86-87.

11 L’Islam et l’Occident, Cahiers du Sud, numéro 175, tome XIII, 22e année, août-sept. 1935.

12 Lettre du 20 janvier 1942 (39), « Correspondance Henri Bosco – François Bonjean (1935-1963) », éditée par Claude Girault, Cahiers Henri Bosco, numéro 37-38, 1997-1998, p. 89. Disponible en ligne sur Gallica, consulté le 3 septembre 2021 https://gallica.bnf.fr/ark :/12148/bpt6k9762555g/f91.item.

13 Lettre du 27 janvier 1951 (100), « Correspondance Henri Bosco – François Bonjean (1935-1963) », éditée par Claude Girault, Cahiers Henri Bosco, numéro 37-38, 1997-1998, p. 162-165. Disponible en ligne sur Gallica, consulté le 3 septembre 2021 https://gallica.bnf.fr/ark :/12148/bpt6k9762555g/f91.item.

14 Le Mas Théotime, Gallimard, 1968, p. 77-78.

Bibliographie

Dans Humazur

Manuscrit du Mas Théotime https://humazur.univ-cotedazur.fr/omeka-s-dev/s/humazur/ark:/17103/mnq

L’Antiquaire https://humazur.univ-cotedazur.fr/omeka-s-dev/s/humazur/ark:/17103/1nc1

Pages marocaines https://humazur.univ-cotedazur.fr/omeka-s-dev/s/humazur/ark:/17103/7j2v

Quatre vents, 2ème année, numéro 5 https://humazur.univ-cotedazur.fr/omeka-s-dev/s/humazur/ark:/17103/mds

« Chella » https://humazur.univ-cotedazur.fr/omeka-s-dev/s/humazur/ark:/17103/7drz

 

Amrouche Jean (1906-1962) https://humazur.univ-cotedazur.fr/omeka-s-dev/s/humazur/ark:/17103/70t

Aguedal, 1ère année, n° 1 https://humazur.univ-cotedazur.fr/omeka-s-dev/s/humazur/ark:/17103/3tg

Justinard Léopold-Victor (1878-1959) https://humazur.univ-cotedazur.fr/omeka-s-dev/s/humazur/ark:/17103/3x9

Borély Jules (1874-1947) https://humazur.univ-cotedazur.fr/omeka-s-dev/s/humazur/ark:/17103/4m2

Marchisio Antoine https://humazur.univ-cotedazur.fr/omeka-s-dev/s/humazur/ark:/17103/4v0

Audisio Gabriel (1900-1978) https://humazur.univ-cotedazur.fr/omeka-s-dev/s/humazur/ark:/17103/4c4

L’Islam et l’Occident https://humazur.univ-cotedazur.fr/omeka-s-dev/s/humazur/ark:/17103/ksk

Bonjean François (1884-1963) https://humazur.univ-cotedazur.fr/omeka-s-dev/s/humazur/ark:/17103/5wh

Guénon René (1886-1951) https://humazur.univ-cotedazur.fr/omeka-s-dev/s/humazur/ark:/17103/7cp2

Autres textes d’Henri Bosco

Bosco Henri, Audisio Gabriel, « Correspondance choisie », éditée et annotée par Christian Morzewski, Cahiers Henri Bosco, numéro 51, 2015-2016, p. 11-153.

Bosco Henri, Bonjean François, « Correspondance Henri Bosco–François Bonjean (1935-1963 »), Girault Claude (éd.), Cahiers Henri Bosco, numéro 37-38, 1997-1998, p. 29-294. Disponible en ligne sur Gallica, consulté le 18 décembre 2020 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9762555g/f31.item

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Bosco Henri, « Lettres à Jules Roy (1942-1969) », Cahiers Henri Bosco, numéro 25, 1985, p. 156. Disponible en ligne sur Gallica, consulté le 20 août 2020 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9762558q/f116.item

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Pour citer cet article

Angela Maffre, « Voyager ou produire : Henri Bosco au Maroc à travers Humazur », paru dans Loxias-Colloques, 19. Autour d’Henri Bosco : voyageurs et expatriés en Afrique du nord. Textes et images, Voyager ou produire : Henri Bosco au Maroc à travers Humazur, mis en ligne le 11 juin 2022, URL : http://revel.unice.fr/symposia/actel/index.html?id=1869.


Auteurs

Angela Maffre

Angela Maffre est bibliothécaire à l’Université Côte d’Azur, en charge de la conservation et de la valorisation des fonds d’archives littéraires, et en particulier du fonds de l’écrivain Henri Bosco. Elle travaille pour la bibliothèque numérique Humazur, procédant aux phases de numérisation, de modélisation des données et d’éditorialisation des contenus.