Loxias-Colloques |  15. Traverser l'espace 

Yichao Shi  : 

Voyager dans un monde de rêve : la reconstruction du temps et de l’espace dans Le Dragon Impérial

Résumé

Le Dragon Impérial, roman légendaire sur la Chine antique, a été entièrement composé par l’imaginaire de son auteure, Judith Gautier. D’une part, ses études sérieuses sur la langue et la littérature chinoises, ainsi que ses abondantes lectures des écrits des voyageurs européens, lui ont fourni une riche connaissance de l’Empire du Milieu. La Chine rêvée dépeinte dans le roman porte une couleur typiquement locale de cette contrée lointaine. D’autre part, ne s’y étant jamais rendue, l’auteure voyageait dans son monde de rêve. Elle combinait les différents passages historiques de la Chine et mettait en scène une révolte qui balayait tout l’Empire, visant à emporter la capitale de Pékin. Toutes les images esquissées dans Le Dragon Impérial sont encadrées dans un temps et un espace reconstruits, d’où la singularité de cette écrivaine.

Index

Mots-clés : Gautier (Judith) , la Chine rêvée, Le Dragon Impérial, reconstruction

Géographique : Chine

Chronologique : xixe siècle

Plan

Texte intégral

1Le Dragon Impérial est publié pour la première fois, en 1868, sous la forme d’un feuilleton de trente-trois épisodes dans La Liberté, où l’annonce de la publication prédit son grand succès1. Avec les descriptions spectaculaires des paysages, l’arrangement ingénieux des intrigues et l’imagination romanesque foisonnante de l’écrivaine, ce roman a été accueilli par les plus beaux éloges. Théophile Gautier, à qui ce livre a été dédié, trouve « du Salammbô sans lourdeur2 » dans la création de sa fille ; Anatole France le considère comme « un livre tout brodé de soie et d’or3» ; Remy de Gourmont pense que « le Dragon Impérial est sûrement une œuvre de génie, et sûrement l’une des trois ou quatre belles œuvres littéraires qui furent jamais produites par des femmes4 » ; quant à Villiers de L’Isle-Adam, il le place au rang des livres utiles et dignes d’admiration, où « les paysages, les villes témoignent d’un prodigieux sentiment de couleur locale et d’une connaissance raffinée des détails de la vie tartare5 ».

2Ne s’étant jamais rendue en Chine, Judith Gautier traverse le temps et l’espace par son imagination tout au long de sa création du roman. Elle mettait en scène, à sa propre manière, des gens, des constructions et des paysages qu’elle n’avait jamais vus réellement. Toutes les images de la Chine esquissées dans l’ouvrage sont encadrées dans un temps et un espace reconstruits, où la beauté orientale se mélange aux particularités occidentales. Quelles sont les sources qui ont inspiré cette reconstruction du temps et de l’espace ? Comment celle-ci peut-elle se former dans le récit ? Quel est l’écart entre la Chine créée par l’écrivaine et la Chine réelle durant la dynastie des Qing ? Toutes les réponses tenteront d’ouvrir une nouvelle phase de découverte sur Le Dragon Impérial et le rôle de Judith Gautier dans l’échange culturel entre l’Orient et l’Occident.

Déroulement de l’histoire

3La légende du Dragon Impérial se déroule à l’époque de la dynastie des Qing, sous le règne de l’empereur Kang-Si (Kangxi, 康熙, 1654-1722). Dans le champ de Chi-Tsi-Po, un laboureur, Ta-Kiang, fut choisi par le destin : il possédait, dans son ombre, un dragon ailé qui le suivait humblement, ayant ainsi formé un consensus tacite qui se retrouve dans toute l’histoire :

Nul n’ignore que si l’ombre d’un homme prend la forme d’un dragon qui suit humblement les pas de son maître, cet homme tiendra un jour dans sa main la poignée de jade du sceptre impérial.
Mais nulle bouche ne doit s’ouvrir pour révéler le miracle qu’ont vu les yeux ; car la destinée serait renversée et une nuée de malheurs descendrait du ciel.6

4Passionné par son ambition, Ta-Kiang quitta ses vieux parents pour se rendre à la ville de Pey-Tsin (Pékin), capitale de l’Empire, accompagné de Ko-Li-Tsin, un poète qu’il avait rencontré aux champs, et de Yo-Men-Li, sa fidèle fiancée. Par imprudence, ils tombèrent tous trois sur une organisation secrète – La secte du Lys Bleu, fondée dans l’objectif de lutter contre le règne des Tartares manchous et de restaurer le pouvoir des Chinois. Doté du remarquable talent qui consistait à être accompagné par l’ombre d’un dragon, Ta-Kiang fut nommé chef de l’organisation et entama ainsi son parcours vers le siège suprême de l’Empire. Leur première tentative d’assassiner l’empereur Kang-Si fut un échec, ce qui entraîna une attaque acharnée des soldats tartares. Ta-Kiang fut contraint de quitter la ville de Pékin et Ko-Li-Tsin fut capturé.

5Or, la prison ne parvint pas à fermer Ko-Li-Tsin, étant parvenu à s’échapper et à rejoindre l’armée de son maître. Les révoltés marchèrent invinciblement vers la capitale, conquérant de plus en plus de villes. Ils avaient quasiment atteint leur but final lorsque, pendant la chasse dans la Vallée du Daim Blanc, l’empereur Kang-Si fut prévenu du risque que son pouvoir encourait et retourna à son palais, afin de se préparer pour lutter contre les révoltés.

6Le combat final se déroula sur la place méridionale de la cité impériale. Au Portique du Sud, Ta-Kiang se présenta sur le champ de bataille dans l’attente de monter sur le trône. Cependant, son rêve fut brisé par le Prince Ling, fils préféré de l’empereur Kang-Si et Héritier du Ciel, qui révéla à haute voix le secret tacite : « L’ombre du Dragon Impérial marche derrière toi, Ta-Kiang !7 » Cette révélation changea brusquement la destinée des révoltés et les conduisit à une défaite totale. La scène sanglante de leur exécution mit fin à cette insurrection de grande envergure.

Reconstruction du temps : combinaison des passages historiques

7Judith Gautier s’est avec grand soin attachée à construire les circonstances historiques du Dragon Impérial. Dans le quatrième chapitre du roman, lors de la préparation d’une réunion clandestine, elle précise la date exacte de l’histoire, qui se déroule « la quinzième année du glorieux règne de Kang-Si [Kangxi], second empereur de la dynastie tartare des Tsings [Qing], la troisième nuit de la dixième lune […]8 » À l’époque de la dynastie des Qing en Chine, on comptait les jours et les mois selon le calendrier lunaire, et les années en fonction du nom de la dynastie, du titre de l’empereur, ainsi que de l’année de son règne. En considérant que le règne de l’empereur Kangxi débute en 1661 selon l’ère chrétienne, nous pouvons savoir que ce fut en 1676 que commença la démarche des intrigues, où les conflits entre les deux nations, tartare et chinoise, forment la tension principale de tout le récit.

8D’un côté, la nation tartare, représentée par l’empereur Kangxi de la dynastie des Qing, constitue la force gouvernementale. Cet éminent souverain, de son nom Xuanye (玄烨), monta sur le trône à l’âge de huit ans et y resta durant soixante-et-un ans. En vertu de son mérite politique et militaire, il est souvent considéré comme le « Louis XIV de l’Extrême-Orient » par les voyageurs européens. Le père Joachim Bouvet l’a ainsi évoqué dans son ouvrage adressé au Roi-Soleil :

Les Jésuites, que Vôtre Majesté lui envoya il y a quelques années, ont été étonnés de la terre, ce qu’on n’avait point vu jusque-là hors de la France, c’est-à-dire un Prince, qui comme Vous SIRE, joint à un génie aussi sublime que solide, un cœur encore plus digne de l’Empire ; qui est maître de lui-même comme de ses sujets, également adoré de ses peuples, et respecté de ses voisins.9

9L’empereur Kangxi était réputé pour ses réactions déterminées et ses répressions efficaces contre toutes les révoltes. Il étouffa la Rébellion des trois feudataires au Sud, vainquit les envahisseurs Mongols au Nord, réprima les troubles au Tibet à l’Ouest, et élimina les révoltés des Ming à l’Est. Les luttes qu’il mena durant les premières années de son règne rétablirent une paix durable sur l’ensemble de son Empire. C’est ainsi que débuta une longue période florissante, où le développement fut remarquable.

10De l’autre côté, la nation chinoise, représentée par les révoltés issus de la dynastie des Ming (1368-1644), formait la force antigouvernementale. Selon l’histoire de la Chine, la dynastie des Ming fut renversée en 1644, et les envahisseurs fondèrent la dynastie des Qing. Les souverains tartares prêtèrent grande attention aux mœurs et coutumes des Mandchous et s’attachèrent à la conservation ainsi qu’à la propagation de leur culture. Avec ce nouveau régime, de nombreuses préconisations des empereurs de la dynastie des Ming furent abolies et les Chinois furent contrains de s’assimiler à la culture des Tartares, ce qui suscita, au sein du peuple, de profonds ressentiments et conduisit à une forte tension entre les deux nations.

11À partir des révoltes venues des quatre coins de l’Empire, Judith Gautier a conçu une organisation antigouvernementale sous le nom de « La secte du Lys Bleu », formée de bonzes et de laïcs, de « grands dignitaires » et d’individus issus des « castes inférieures des Cent Familles10 ». Ils avaient pour but de renverser le pouvoir mandchou et de restaurer le glorieux règne du maître chinois. Leur slogan politique, « En haut les Mings, en bas les Tsings ! 11 », inscrit sur des bannières de soie, fut créé selon la formule « Fan Qing Fu Ming » (反清复明), utilisée par des organisations du même type durant toute la dynastie des Qing.

12Sur cette force rebelle dans le roman, William Leonard Schwartz remarque l’influence de « la Révolte des Taiping » qui, selon lui, a pu inspirer Judith Gautier sur l’insurrection qu’elle a ramenée dans son récit sous le règne de l’empereur Kangxi :

The plot of the Dragon Impérial is evidently suggested by the Tai-Ping rebellion, suppressed in 1864, but the action of the story is transferred to the reign of the Manchu emperor Kang-Shi (1662-1723) at which time the author has imagined a Chinese insurrection against the Manchu race.

L’intrigue du Dragon Impérial s’inspire de la Révolte des Tai-Ping, étant réprimée en 1864, mais l’histoire est remise sous le règne de l’empereur mandchou Kang-Shi (1662-1723), où l’écrivaine crée une insurrection chinoise contre les Mandchous.12

13En réalité, bien que la révolte créée dans l’histoire ait des points communs avec celle des Taiping, cette dernière n’est pas l’inspiration directe de « La secte du Lys Bleu ». Cette organisation antigouvernementale dont il est question dans Le Dragon Impérial trouve son origine dans l’histoire de la Chine, où une secte du même nom, « Qing lian jiao » (青莲教), existait à la fin de la dynastie des Qing. Il s’agissait d’une association antigouvernementale, parmi plusieurs, dont les chefs déclenchèrent de multiples soulèvements au Sud-Ouest du pays.

14Néanmoins, compte tenu des circonstances et des détails historiques, ce groupe, sous la plume de Judith Gautier, possède beaucoup plus de points communs avec une autre organisation clandestine au nom quasiment identique – « La secte du Lys Blanc ». Cette association, plus connue sous le nom chinois de « Bai lian jiao » (白莲教), a été fondée par Mao Ziyuan (茅子元) à l’époque de la dynastie des Song du Sud (南宋). Elle était composée non seulement de moines, mais également de disciples laïcs issus de différentes classes sociales. Après que les Mandchous se sont emparés du trône suprême, la secte proclama sa mission qui consiste à restaurer la dynastie des Ming et à résister aux envahisseurs tartares. Durant le règne de l’empereur Kangxi, cette association constituait l’une des forces rebelles les plus actives. John Francis Davis, dans La Chine, ou description générale, a donné d’importantes preuves de son existence à travers un édit de l’empereur Kangxi :

Dix-huit ans se sont écoulés depuis que, malgré mes faibles mérites, je reçus, avec une profonde vénération, le trône de mon impérial père. J’avais à peine gravi les degrés de l’estrade, que les membres de la secte du Lys blanc fomentèrent l’anarchie dans quatre provinces où le peuple souffrit plus que je ne saurais l’exprimer. J’ordonnai à mes généraux de marcher contre eux ; ils le firent et les obligèrent à rentrer dans le devoir13.

15La secte du Lys Blanc naquit dans la province de Zhejing (浙江), au Sud-Est de la Chine. Son influence fut ressentie dans les provinces de Henan (河南) et s’étendit jusqu’à la ville de Pékin. D’un point de vue géographique, ce développement coïncide avec l’itinéraire de l’avancement de l’armée de la secte du Lys Bleu dans Le Dragon Impérial, qui, « après avoir pris Hang-Tchéou, capitale du Tché-Kiang (Hangzhou), gagna le Ho-Nan (Henan), [pour] atteindre la Capitale de l’Empire (Pékin)14 ».

16Toutes ces analyses rendent compte du fait que Judith Gautier a utilisé, dans sa création, l’appellation d’une secte datant de la fin de la dynastie des Qing, qu’elle lui a attribué des spécificités d’une autre organisation apparue sous la dynastie des Song et l’a placée sous le règne de l’empereur Kangxi. Tous les événements historiques, qui attestent les riches connaissances de l’écrivaine sur l’histoire de la Chine, lui ont fourni d’importantes inspirations. Elle les a découpés, mélangés et combinés afin de reproduire un monde de rêve unique et idéal pour ce roman légendaire.

Reconstruction de l’espace : aménagement de la capitale de l’Empire des Qing

17La ville de Pékin a été nommée capitale de la Chine à partir de la dynastie des Jin (, 1115-1234), et a assisté aux successions consécutives des souverains des trois dynasties féodales suivantes, Yuan (, 1271-1368), Ming (, 1368-1644) et Qing (, 1644-1912). Dès le règne de Kubilai Khan (1215-1294), fondateur de la dynastie des Yuan, la construction de la capitale fut inaugurée selon les exigences des Rites de Zhou (《周礼》). Les quatre murailles de 28,6 kilomètres entouraient la ville dans un grand carré, avec, de l’extérieur à l’intérieur, trois parties principales : le Waicheng (外城, cité extérieure), le Huangcheng (皇城, cité impériale) et le Gongcheng (宫城, cité des palais). La capitale de la dynastie des Yuan jeta les bases importantes pour l’établissement de la future ville de Pékin des époques suivantes.

18En 1368, les troupes de la dynastie des Ming s’emparèrent de Pékin, Zhu Yuanzhang (朱元璋) s’auto-proclama empereur et installa son palais à Nanjing. En 1442, après nombre de luttes tant ouvertes que clandestines, l’empereur Yongle (永乐), quatrième fils de Zhu Yuanzhang, reprit Pékin, en fit le centre politique de l’Empire, et se chargea de la reconstruction et de l’amélioration de la ville toute entière. Les murailles furent déplacées vers le sud d’environ un kilomètre. Et, à l’extrême sud, l’empereur fit ériger de nouveaux remparts qui entouraient la quatrième partie de la ville, devenue la nouvelle cité extérieure. Ce fut à partir de ce moment-là que commença l’édification des avenues, des pagodes, des temples, des cités, ainsi que des palais de l’enceinte sacrée – la Cité Interdite. Située au centre de toutes les cités, celle-ci était la demeure du Fils du Ciel et comprenait deux sections. La section extérieure, qui occupait la partie sud de la cité, où se trouvaient, dans l’axe, les trois palais principaux : Tai he dian (太和殿), Zhong he dian (中和殿), Bao he dian (保和殿) ; c’était endroit où l’empereur recevait en audience ses mandarins et organisait les cérémonies. La section intérieure regroupait, quant à elle, les gynécées et les demeures des descendants du souverain, et dans l’axe, se trouvaient les palais de Qianqing (乾清宫), de Jiaotai (交泰殿), de Kuining (坤宁宫). Au moment de la dynastie des Qing, ayant procédé à quelques ajustements, les gouverneurs tartares prirent l’essentiel de la capitale des Ming et continuèrent à s’y installer jusqu’à la fin de leur règne.

19Parmi tous les voyageurs européens, Marco Polo fut le premier à noter, dans son récit, Le Dévisement du monde, les détails du palais du « Grand Khan » à l’époque de la dynastie des Yuan. Son livre a connu une grande valeur historique et documentaire, fournissant aux futurs chercheurs de précieuses sources originales.

20Beaucoup plus tard, Jean-Baptiste du Halde, dans sa Description géographique, historique, chronologique, politique, et physique de l’Empire de la Chine et de la Tartarie chinoise, fit une présentation détaillée de la capitale à partir des lettres des missionnaires à Pékin. Dans le chapitre de la « Première ville : Capitale de la Province et de tout l’Empire, Chun Tien Fou ou Péking, c’est-à-dire, Cour du Nord15 », il montre, à l’aide d’une carte détaillée, les deux grandes parties de la capitale de l’Empire durant la dynastie des Qing : « la vieille Ville, Lao tching » (Lao cheng, 老城), où les Chinois, ayant été chassés, se retirèrent, et « la nouvelle Ville, Sin tching » (Xin cheng, 新城), qui renfermait la muraille de « Hoang tching » (Huang cheng, 皇城) et « la Cité Interdite » (Zijin cheng, 紫禁城).

21Une autre personnalité importante quant à la présentation de Pékin au monde européen est John Francis Davis, sinologue anglais. Dans son ouvrage, La Chine, ou description générale des mœurs et des coutumes, du gouvernement, des lois, des religions, des sciences, de la littérature, des productions naturelles, des arts, des manufactures et du commerce de l’empire chinois, le missionnaire anglais fournit de précieuses informations documentaires sur la capitale de Pékin au début du xixème siècle. En se basant sur les récits des personnages de l’ambassade russe, notamment le père Hyacinthe, ainsi que sur ceux de ses compatriotes, John Barrow et George Staunton, Davis débute sa présentation avec la description des murailles hautes et épaisses à l’extérieure de la ville. Puis, tout en dépassant les remparts, la vue passe par « la Cité Chinoise », « la Cité Tartare », pour arriver dans « la Cité Impériale ». N’ayant pas fourni beaucoup de détails sur l’enceinte sacrée de « la Cité Interdite », l’auteur se tourne vers les Jardins de « Youen-ming-youen » (Yuan Ming Yuan, 圆明园) au Nord-Ouest, dans la banlieue de la ville.

22Guillaume Pautier, orientaliste français et auteur du célèbre livre, Chine ou Description historique, géographique et littéraire de ce vaste empire16, poursuit les recherches de ses prédécesseurs et cite tout un passage du livre de Marco Polo dans ses études sur la « fondation de la ville tartare de Péking (Pékin) ». Il trouve fort curieuses ses descriptions de la ville et du palais du Grand Khan « Huu-pi-lie » (Kubilai Khan), semblables à celles des contes des Mille et une Nuits.

23Ces études des voyageurs sur la ville de Pékin ont procuré à Judith Gautier d’importantes sources de documentation pour la reconstruction de la capitale de l’Empire dans Le Dragon Impérial. Une confrontation des écrits des voyageurs européens dans la capitale de la Chine avec ceux du Dragon Impérial permet de constater des influences directes des premiers, en particulier les études de John Francis Davis sur Judith Gautier, qui a décrit avec une telle exactitude la ville qu’elle n’a jamais réellement vue. L’histoire commence dans l’environnement calme de la campagne, et, tout en suivant les pas des personnages principaux, l’image somptueuse de la capitale de grande envergure se déploie sous les yeux des lecteurs.

24Dans le chapitre ii du roman, intitulé « Pey-Tsin », Judith Gautier présente la capitale de la Chine selon deux axes : le premier va de l’extérieur vers l’intérieur, commençant par « la Cité Chinoise » pour entrer dans « la Ville Rouge » (la Cité Interdite), en passant par « la Cité Tartare » et « la Cité Jaune ». Le second s’étend de l’intérieur à l’extérieur, débutant par « la Ville Rouge » et passant respectivement par les trois autres Cités, pour aboutir aux Jardins Impériaux dans la banlieue. Les plans ci-dessous fournissent un aperçu des différences entre la ville de Pékin durant la dynastie des Qing et celle d’après l’écrivaine française dans Le Dragon Impérial :

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Légende Comparaison entre la ville de Pékin des Qing avec celle dépeinte dans Le Dragon Impérial

25Le gigantesque rempart de la ville de Pékin, qui est, selon Judith Gautier, « Haut, crénelé, ténébreux sur le ciel17 » fait penser à la description de Marco Polo, qui trouve ce « grand mur carré » « très gros, haut de bien dix pas, tout blanc et crénelé18 », et à celle de John Francis Davis, qui considère ces « hautes murailles crénelées de briques bleues » comme « le trait le plus frappant des principales villes de la Chine19 ».

26En traversant « la Porte du Sud », les personnages principaux pénètrent dans « la Cité Chinoise », où deux pagodes, « la Pagode du Ciel » et « la Pagode de l’Agriculture », se situent aux deux côtés de « l’Avenue du Centre ». Ils sont respectivement le Tian Tan (天坛, le Temple du Ciel) et le Xian Nong Tan (农坛, le Temple de l’Agriculture), deux groupes de constructions essentielles dans la cité méridionale de Pékin, où l’empereur rendait hommage au Ciel et au dieu de l’agriculture. L’ambiance animée des deux côtés de l’Avenue, où, d’après Judith Gautier, « les rues transversales roulent tout autant de gens et de vacarmes dans plus de boue et dans plus d’encombrement20 », rappelle la scène semblable décrite par le père Du Halde, qui, dans sa Description l’Empire de la Chine et de la Tartarie chinoise, note l’étonnement des voyageurs européens lorsqu’ils ont vu « la multitude innombrable de peuples qui remplissent ces rues21 ». C’est comme si Judith Gautier avait assisté à ces scènes dans les rues de l’Empire du Milieu et avait retenu, dans sa mémoire, les détails sur les passagers aux alentours. Grâce à sa lecture des écrits des voyageurs, elle a peuplé son propre empire de rêves, mettant en scène de nombreux personnages de divers métiers, se croisant dans les rues tumultueuses et pleines d’entrain.

27Ensuite, « La Porte de l’Aurore », située au milieu des trois portes au Sud de « la Cité Tartare », permet d’entrer dans la deuxième cité de la capitale, où l’emplacement de certains monuments, dans les descriptions de Judith Gautier, diffère de ceux dans la carte de Pékin durant la dynastie des Qing. D’abord, la « tour du Gong » se trouve, selon l’écrivaine, « à l’est de la Cité Tartare22 ». En réalité, dans cette même cité, deux grandes tours, le Gu Lou (鼓楼, tour au tambour) et le Zhong Lou (钟楼, tour à la cloche), situées au Nord-Est de la cité, constituent un groupe de constructions importantes, ayant pour fonction de donner l’heure : le matin, on frappait la cloche, et le soir le tambour. Un autre exemple est « l’Observatoire de Kan-Si », qui, d’après l’auteure, est à l’Ouest de la cité. Cet observatoire, plus connu sous le nom de « Kangxi Guan Xiang Tai » (康熙观象台), se situe, en réalité, au Sud-Est. Construit en 1442, il a reçu le nom de règne de l’empereur Kangxi en raison de sa contribution à l’amélioration des équipements. De 1669 à 1674, à la demande du souverain, le prêtre jésuite flamand, Ferdinand Verbiest, créa six instruments astronomiques, parmi lesquels le Quadrant pivotant et l’Astrolabe sphérique. Puis, en 1715, un autre missionnaire, Kilian Stumpf, inventa le Théodolite, ce qui favorisa le développement des études astronomiques de l’époque.

28Après le franchissement des grands remparts de « la Cité Jaune », l’image somptueuse du centre politique, économique et culturel commence à se révéler. Le « Palais sacré des Érudits », que Judith Gautier transcrit par « Ren-Lin-Ue » (Han Lin Yuan, 翰林院), est un établissement scientifique et littéraire fondé pendant la dynastie des Tang sous le règne de l’empereur Taizong (唐太宗, 598-649). Non loin de ce lieu sacré, s’élèvent deux groupes de constructions importantes, situées devant l’entrée de « la Ville Rouge », au sud de « la Cité Jaune », de part et d’autre : à l’Est, « la Pagode des Ancêtres Impériaux », plus connue sous l’appellation de « Tai miao » (太庙), est un temple dédié aux ancêtres impériaux ; à l’Ouest, « l’Autel de la Terre et des Champs », est le « She ji tan » (社稷坛), un ensemble de temples et d’autels construits pour rendre hommage au dieu de la terre et à celui des champs. Dans la partie septentrionale de la cité, deux espaces ont capté l’attention de l’auteure : « la Pagode de Youen-Fi », où « l’épouse auguste du Fils du Ciel offr[ait] des sacrifices à l’ingénieuse femme qui découvrit le ver à soie23 », et « la Montagne de Charbon ». Vu que la transcription de « Youen-Fi » est proche de « Yuan Fei » (元妃), épouse de l’Empereur Jaune, ayant inventé le tissage de la soie, selon la légende, nous savons que cette pagode est le « Xian can tan » (先蚕坛), où l’impératrice chinoise organisait, chaque printemps, la cérémonie en l’honneur de « Yuan Fei ». Ce symbole féminin, que Judith Gautier tire de cette ville dominée par le pouvoir paternel, réapparaît dans plusieurs d’autres œuvres de l’écrivaine, lui inspirant sa création de la Fille du Ciel de l’Empire du Milieu.

29Dans la présentation sur l’ensemble de la ville de Pékin, Judith Gautier n’a pas donné d’informations précises sur l’enceinte sacrée de « la Ville Rouge », s’étant plutôt tournée vers la banlieue, où, « dans le lointain, la plaine unie, verte, dorée, sans bornes ; puis, vaporeux et vagues, les trente-six palais de Yu-Min-Ue, la résidence d’été ; et, au fond de l’horizon, les dentelures bleuâtres des montagnes24 ». Yvan Daniel, dans les Œuvres Complètes de Judith Gautier, donne une note sur la transcription de « Yu-Min-Ue », ayant transcrit par « Yiheyuan » (Yi he yuan, 颐和园), l’un des palais impériaux de Pékin :

Le Palais d’été (Yiheyuan) avait été tristement rendu célèbre par l’expédition anglo-française d’octobre 1860, pendant laquelle il avait été pillé et détruit par les troupes occidentales. L’événement et toute l’expédition furent condamnés par Victor Hugo dans sa « Lettre au Capitaine Butler » (25 novembre 1861, Actes et Paroles, Pendant l’Exil). Une partie des biens pillés, rapportés en France, avait été exposée par l’Empire à Saint-Cloud25.

30En réalité, « Yi he yuan » avait été construit sur les ruines de « Qi chun yuan » (绮春园) en 1888, sous le règne de l’empereur Guangxu (光绪, 1875-1908). Compte tenu du fait que « Qi chun yuan » (绮春园) était l’un des deux jardins subsidiaires de l’ancien Palais d’été « Yuan ming yuan » (圆明园), et que, phonétiquement, la transcription « Yu-Min-Ue » ressemble à l’appellation de ce dernier, cette « résidence d’été », sous la plume de Judith Gautier, devait être le « Yuan ming yuan », palais impérial construit sous le règne de l’empereur Kangxi. Connu pour sa grande valeur esthétique et architecturale, cet ancien Palais d’été était composé d’un grand nombre de pavillons, de jardins et d’œuvres d’art. Cependant, au moment de la Seconde guerre de l’opium, en 1860, l’invasion des troupes britanniques et françaises le détruisit totalement, notamment par l’incendie qui en ravagea la beauté. Victor Hugo a condamné cet acte dans une lettre au capitaine Butler : « Un jour, deux bandits sont entrés dans le Palais d’été. L’un a pillé, l’autre a incendié. La victoire peut être une voleuse, à ce qu’il paraît. Une dévastation en grand du Palais d’été s’est faite de compte à demi entre les deux vainqueurs26 ». Ce fait de barbarie n’intéresse pas tellement Judith Gautier. « Les palais de Yu-Min-Ue », devenus sujet sensible durant l’échange entre la Chine et la France de l’époque, n’occupe pas une place importante dans le monde rêvé de l’écrivaine, qui ne présente guère la volonté de s’engager. L’histoire se passe dans l’« Enceinte Sacrée » de la capitale de l’Empire, où demeurait l’éminent empereur Kangxi, sous le règne de qui, l’ensemble du pays était dans son état le plus florissant.

Conclusion

31Dans The Imaginative Interpretation of the Far East in the Modern, William Léonard Schwartz met en doute l’exactitude des descriptions de la ville de Pékin dans Le Dragon Impérial, jugeant que certaines scènes du roman ne correspondent pas aux images que l’on a de cette ville à l’époque :

The principal defect of the Dragon Impérial as a representation of Chinese life is Judith Gautier’s complete disregard of the trammels of etiquette that beset oriental chieftains, and deny them a life of action. It has also been found impossible to collate the description of Peking (chap. II, and passim) with maps or with other accounts of the city.

Le défaut principal du Dragon Impérial, en tant que représentation de la vie des Chinois, est que Judith Gautier néglige totalement l’importance des rites qui entravent tellement les mandarins chinois, et qu’elle nie l’existence de cette mode de vie. De plus, il est impossible de trouver une correspondance entre sa description de Pékin (dans le chapitre II) et le véritable plan de cette ville.27

32Or, une comparaison entre la capitale de l’Empire décrite dans le roman et la carte de Pékin durant la dynastie des Qing permet de savoir que la majorité des constructions parues sous la plume de Judith Gautier sont exactes et bien situées.

33En réalité, dans Le Dragon Impérial, l’auteure n’a pas cherché à faire réapparaître l’histoire de la dynastie des Qing selon les historiens et la ville de Pékin d’après la vraie carte, elle s’est plutôt attachée à reconstruire la capitale de l’Empire à partir d’un prototype suivant les exigences du développement de son roman. Elle a construit un palais somptueusement décoré de jades et d’émaux afin de romancer la rencontre sentimentale entre le Prince Ling et Yo-Men-Li. Elle a transféré une pagode de la cité tartare dans la prison de la ville dans le but d’expliquer l’évasion légendaire de Ko-Li-Tsin. Elle a également élargi les places devant chaque entrée de « la Ville Rouge » pour ranger les troupes des deux camps adversaires et amplifier l’envergure du dernier combat. Cette belle légende permet aux lecteurs de traverser le temps et l’espace, tout en admirant les meilleurs sites de la Chine, et de voyager dans un monde de rêve, créé par l’imagination fantastique de l’écrivaine.

Notes de bas de page numériques

1 Le commentaire est le suivant : « Cet ouvrage est destiné à un très grand succès. Il a le double avantage d’être amusant comme un roman d’aventures et exact comme un roman historique. L’action se passe à Pey-Tsin, que nous appelons Pékin sous le règne de Kang-Si, le Louis XIV chinois. Toute la société chinoise, princes, mandarins, guerriers, poètes [sic], marchands et laboureurs se montrent, avec leur esprit, leurs mœurs et leurs costumes spéciaux dans vingt épisodes toujours intimement liés au fond même de l’œuvre. On ne sait s’il faut admirer davantage la science rare et la puissance de divination qui permet à l’auteur de faire vivre devant nous une société inconnue, ou l’art avec lequel il a su développer la noble et simple donnée de son livre. Quant au style, il est tour à tour net dans les récits, pompeux dans les descriptions, tendre dans les scènes de passion, tout à fait digne, en un mot, du jeune et excellent écrivain qui a signé le Livre de Jade », La Liberté, Paris, vendredi 10 avril 1868.

2 Edmond de Goncourt, Jules de Goncourt, Journal des Goncourt, troisième volume 1862-1865, Paris, G. Charpentier et Cie, 1887, p. 200.

3 Anatole France, La Vie littéraire, 4e série, Paris, Calmann-Lévy, 1900, p. 136.

4 Remy de Gourmont, Judith Gautier, Paris, Bibliothèque Internationale d’Édition, 1904, p. 8.

5 Auguste de Villiers de L’Isle-Adam, « Le Dragon Impérial, par Madame Judith Mendès », Mercure de France, 1er novembre 1939, p. 231.

6 Judith Gautier, Le Dragon impérial, Paris, A. Lemerre, 1869, p. 1.

7 Judith Gautier, Le Dragon impérial, Paris, A. Lemerre, 1869, p. 281.

8 Judith Gautier, Le Dragon impérial, Paris, A. Lemerre, 1869, p. 44.

9 Joachim Bouvet, Portrait historique de l’Empereur de la Chine, Paris, Estienne Michelle, premier imprimeur du Roy, 1697, p. 4-5.

10 Judith Gautier, Le Dragon impérial, Paris, A. Lemerre, 1869, p. 45.

11 Slogan traduit par Judith Gautier, Le Dragon impérial, Paris, A. Lemerre, 1869, p. 50.

12 William Leonard Schwartz, The Imaginative interpretation of the Far East in modern French literature 1800-1925, Paris, Champion, 1927, p. 49 (notre trad.).

13 John Francis Davis, La Chine, ou description générale, ouvrage traduit de l’anglais par A. Pichard, revu et augmenté d’un appendice par Bazin aîné, vol. 1, Paris, Librairie de Paulin, 1837, p. 359.

14 Judith Gautier, Le Dragon impérial, Paris, A. Lemerre, 1869, p. 207-208.

15 Jean-Baptiste Du Halde, Description géographique, historique, chronologique, politique, et physique de l’Empire de la Chine et de la Tartarie chinoise, tome 1, Paris, P.-G. Le Mercier, 1735, illustration mise en haut de la page 113.

16 Guillaume Pautier, Chine ou Description historique, géographique et littéraire de ce vaste empire, d’après les documents chinois, Paris, F. Didot frères, 1839.

17 Judith Gautier, Le Dragon impérial, Paris, A. Lemerre, 1869, p. 19.

18 Marco Polo, Le Livre de Marco Polo, ou le Devisement du monde, Paris, A. Michel, 1955, p. 151.

19 John Francis Davis, La Chine, ou description générale, ouvrage traduit de l’anglais par A. Pichard, revu et augmenté d’un appendice par Bazin aîné, vol. 1, Paris, Librairie de Paulin, 1837, p. 348.

20 Judith Gautier, Le Dragon impérial, Paris, A. Lemerre, 1869, pp. 21-22.

21 Du Halde Jean-Baptiste, Description géographique, historique, chronologique, politique, et physique de l’Empire de la Chine et de la Tartarie chinoise, Paris : P.-G. Le Mercier, 1735, tome 1, p. 114.

22 Judith Gautier, Le Dragon impérial, Paris, A. Lemerre, 1869, p. 33.

23 Judith Gautier, Le Dragon impérial, Paris, A. Lemerre, 1869, p 30.

24 Judith Gautier, Le Dragon impérial, Paris, A. Lemerre, 1869, p. 34.

25 Judith Gautier, Œuvres Complètes de Judith Gautier, tome 1, note d’Yvan Daniel sur « Yu-Min-Ue », Paris, Éd. Classiques Garnier, 2011, p. 52.

26 Victor Hugo, Lettre au capitaine Butler, 25 novembre 1861, https://www.monde-diplomatique.fr/2004/10/HUGO/11563 (cons. le 3 décembre 2017).

27 William Leonard Schwartz, The Imaginative interpretation of the Far East in modern French literature 1800-1925, Paris, Champion, 1927, p. 51 (notre trad.).

Bibliographie

Bouvet Joachim, Portrait historique de l’Empereur de la Chine, Paris, Estienne Michelle, premier imprimeur du Roy, 1697.

Davis John Francis, La Chine, ou description générale, traduit de l’anglais par A. Pichard, revu et augmenté d’un appendice par Bazin aîné, Paris, Librairie de Paulin, 1837.

Du Halde Jean-Baptiste, Description géographique, historique, chronologique, politique, et physique de l’Empire de la Chine et de la Tartarie chinoise, tome 1, Paris, P.-G. Le Mercier, 1735.

France Anatole, La Vie littéraire, 4e série, Paris, Calmann-Lévy, 1900.

Gautier Judith, Le Dragon Impérial, Paris, A. Lemerre, 1869.

Gautier Judith, Œuvres Complètes de Judith Gautier, tome 1, Paris, Éd. Classiques Garnier, 2011.

Goncourt Edmond de, Goncourt Jules de, Journal des Goncourt, troisième volume 1862-1865, Paris, G. Charpentier et Cie, 1887.

Gourmont Remy de, Judith Gautier, Paris, Bibliothèque Internationale d’Édition, 1904.

Hugo Victor, Lettre au capitaine Butler, 25 novembre 1861, https://www.monde-diplomatique.fr/2004/10/HUGO/11563 (cons. le 3 décembre 2017).

Pautier Guillaume, Chine ou Description historique, géographique et littéraire de ce vaste empire, d’après les documents chinois, Paris, F. Didot frères, 1839.

Polo Marco, Le Livre de Marco Polo, ou le Devisement du monde, Paris, A. Michel, 1955.

Schwartz William Leonard, The Imaginative interpretation of the Far East in modern French literature 1800-1925, Paris, Champion, 1927.

Villiers de L’Isle-Adam Auguste de, « Le Dragon Impérial, par Madame Judith Mendès », Mercure de France, 1er novembre 1939.

Pour citer cet article

Yichao Shi, « Voyager dans un monde de rêve : la reconstruction du temps et de l’espace dans Le Dragon Impérial  », paru dans Loxias-Colloques, 15. Traverser l'espace, Voyager dans un monde de rêve : la reconstruction du temps et de l’espace dans Le Dragon Impérial , mis en ligne le 05 décembre 2019, URL : http://revel.unice.fr/symposia/actel/index.html?id=1427.


Auteurs

Yichao Shi

Doctorante en littérature française à Sorbonne Université, Yichao Shi prépare une thèse, « La distance entre l’art et le réel : un monde de rêve chinois esquissé par Judith Gautier », sous la direction de Madame Sophie Basch. Son dernier livre, Rencontre à travers le temps et l’espace, est paru aux Éditions Universitaires Européennes et son article, « "La Divine" au seuil de l’Orient et de l’Occident » a été publié dans la Revue de philologie et de communication interculturelle en juillet 2018.