Valerio Vittorini :
Littérature de voyage et réalité: le cas de Marocco, de E. De Amicis
Résumé
La relation de voyage s’affirme, au cours du XIXe siècle, comme une construction autonome par rapport au réel, elle n’est plus considérée comme une entité factuelle, mais fictionnelle, elle donne, tout au plus, à voir les modèles de la culture du voyageur et leurs effets sur la perception de l’altérité et de l’identité. On ne peut jamais y avoir accès à l’altérité de l’autre, mais seulement à des représentations configurées dans et par la culture d’origine. Au XXe siècle cette thèse a été confirmée par la théorie postmoderniste selon laquelle la « vérité » n’existe pas et la rechercher, l’affirmer peut être un mal. C’est l’idée qui s’exprime d’une façon paradigmatique dans la célèbre phrase de Nietzsche : « les faits n’existent pas ; seules les interprétations existent ». Toutefois « le radicalisme de ces thèses les condamne, bien qu’elle soient à peu de choses près au fondement des études postcoloniales » (C. Reichler). En effet, comme U. Eco l’affirme, il n’est pas vrai que toutes les interprétations ont la même valeur : « Il y a des interprétations que l’objet à interpréter refuse » (U. Eco). Bien que d’une façon négative nous avons donc un critère d’orientation pour distinguer entre les différentes « interprétations ». Dans le vaste corpus de la littérature de voyage pouvons-nous donc espérer trouver quelques informations qui ne concernent pas que nous-mêmes, quelque chose de l’Autre ? Dans quelle mesure ? Par quel moyen ? Je développerai cette perspective par l’exemple de Marocco, d’Edmondo De Amicis (1846-1908).
Valerio Vittorini, « Littérature de voyage et réalité: le cas de Marocco, de E. De Amicis », paru dans Loxias-Colloques, 2. Littérature et réalité, Littérature de voyage et réalité: le cas de Marocco, de E. De Amicis, mis en ligne le 30 janvier 2013, URL : http://revel.unice.fr/symposia/actel/index.html?id=335.
Auteurs
Valerio Vittorini
Professeur agrégé de Langue et Littérature Italienne en Italie, Valerio Vittorini a travaillé pendant cinq ans pour les services culturels de l’Ambassade d’Italie au Maroc et pour l’Ambassade d’Italie en France. Auteur de quelques publications en matière d’Histoire de la Littérature italienne, doctorant en Littérature générale et comparée à l’Université de Nice-Sophia Antipolis et de Gênes (Italie) sous la direction de Madame Odile Gannier et M. Stefano Verdino, il travaille sur l’image du monde arabe dans la littérature italienne et française du XIXe siècle.