Odile Gannier :
Les hommes qui parlaient au vent, aux arbres et aux pierres : Romancero aux étoiles (J.S. Alexis), Rosinha, minha canoa (J. Mauro de Vasconcelos), L’empreinte à Crusoé (P. Chamoiseau) ; et Derek Walcott
Résumé
La fable semble être réservée à l’enfance, comme le conte merveilleux. Or la littérature caribéenne ou brésilienne s’accommode fort bien du merveilleux, de cette fiction assumée qui ne s’embarrasse même pas du souci d’être vraisemblable, un réel qui se satisfait de sa seule apparence et qui redonne une vie autonome aux éléments, aux choses, aux animaux, qui existent sans les hommes mais que ceux-ci peuvent entendre, s’ils ont l’oreille universelle, à l’écoute du « diversel ». Dans Romancero aux étoiles, c’est le Vieux Vent Caraïbe qui est la mémoire des îles, Rosinha, le canoë qui parle, détient la vérité contre la folie des hommes, et ne se fait connaître que de Zé Oroco ; Crusoé doit entendre le monde pour survivre. Le rapport au monde qui est réputé inanimé dévoile bien des perspectives « alternatives » qui ne sont pas réservées à l’enfance. La philosophie en est tirée par exemple dans « L’Atelier de l’empreinte » : « pas d’existence sans l’expérimentation permanente d’une infinité de possibles. […] C’est dans ses rapports à l’impensable et à l’impossible que toute pensée trouve sa vibration et sa justesse la plus profonde. »
Odile Gannier, « Les hommes qui parlaient au vent, aux arbres et aux pierres : Romancero aux étoiles (J.S. Alexis), Rosinha, minha canoa (J. Mauro de Vasconcelos), L’empreinte à Crusoé (P. Chamoiseau) ; et Derek Walcott », paru dans Loxias-Colloques, 12. Le Diversel
Universel ou « Diversel », Tout-Monde ou « Multivers » à l’œuvre dans la fiction caribéenne contemporaine, "L'intraitable beauté" du Diversel, Les hommes qui parlaient au vent, aux arbres et aux pierres : Romancero aux étoiles (J.S. Alexis), Rosinha, minha canoa (J. Mauro de Vasconcelos), L’empreinte à Crusoé (P. Chamoiseau) ; et Derek Walcott, mis en ligne le 15 avril 2019, URL : http://revel.unice.fr/symposia/actel/index.html?id=1197.
Auteurs
Odile Gannier
Odile Gannier est professeur de littérature générale et comparée à l’Université Côte d’Azur, dans le laboratoire CTEL qu’elle dirige. Elle y est co-responsable de l’axe « Écritures de l’altérité et de la singularité », et dans la MSH Sud-Est du thème de recherche « Discours du voyage ». Elle travaille en particulier sur les littératures insulaires (Caraïbes : Les Derniers Indiens des Caraïbes, 2005 ; Pacifique…), la littérature des haïtienne, la littérature de voyage, la littérature maritime et l’anthropologie culturelle (étude des représentations). Elle a en particulier co-édité le Journal de bord d’Étienne Marchand. Le Voyage du Solide autour du monde (1790-1792), CTHS, 2005 et, outre de nombreux articles, publié La Littérature de voyage, 2001 ; Le Roman maritime. Émergence d’un genre en Occident, PUPS, 2011.
Université Côte d’Azur, CTEL