Loxias-Colloques |  5. L’expérience féminine dans l’écriture littéraire | III. Combats féministes 

Elaheh Salehi Rizi  : 

La mise en scène du corps féminin chez Zoyâ Pirzâd et Annie Ernaux

Résumé

Comme l’indique Béatrice Didier, la présence de la femme dans un texte impose la présence de son corps, et on peut supposer que l’écriture-féminine est en quelque sorte l’écriture du corps féminin par la femme elle-même et que son but est bien évidemment la valorisation de ce corps qui est évoqué implicitement ou présenté d’une manière explicite sous différents thèmes dans les différents contextes. La présentation de ces thèmes dans les œuvres d’Annie Ernaux et Zoyâ Pirzâd est étroitement liée à l’espace socio-culturel de ces deux écrivaines et à la liberté dont elles disposent pour évoquer la réalité du corps féminin. Comme on le constate chez ces deux écrivaines, à l’ère moderne, au contraire des époques précédentes, les femmes écrivaines, notamment occidentales, ont moins de prudence pour décrire le corps féminin.

Index

Mots-clés : corps , Ernaux (Annie), femme, Pirzâd (Zoyâ), société

Géographique : France , Iran

Chronologique : Période contemporaine

Plan

Texte intégral

1Comme l’indique Béatrice Didier, la présence de la femme dans un texte impose la présence de son corps, et on peut supposer que l’écriture-féminine est en quelque sorte l’écriture du corps féminin par la femme elle-même et que son but est bien évidemment la valorisation de ce corps. La focalisation sur le corps par les femmes écrivaines implique une manière d’expression qui leur est propre, véritablement différente de l’écriture des hommes écrivains sur le corps féminin. Ce corps est évoqué ou présenté d’une manière explicite sous différents thèmes. L’enfantement, la grossesse, l’avortement, la sexualité, la beauté, la vieillesse et la maladie peuvent suggérer ce corps dans l’écriture féminine. La présentation de ces thèmes dans les œuvres des femmes est étroitement liée à l’espace socio-culturel de l’auteur et à la liberté dont elle dispose pour évoquer la réalité du corps féminin.

2Ce qui nous intéresse ici, c’est d’étudier quelle place occupe le corps féminin dans les œuvres de Zoyâ Pirzâd, l’écrivaine iranienne contemporaine, et d’Annie Ernaux, la romancière française dont les œuvres sont écrites sur la vie des femmes. Comment ce corps est-il suggéré ou présenté ? Quelles sont les représentations de la féminité, de la maternité, de l’enfantement, de la sexualité, de l’avortement, etc. ? Ces représentations varient-elles en fonction du lieu et de la société des auteurs ? Quelles sont les stratégies pour parler du corps dans des contextes socio-culturels différents ? Y a-t-il, avec le temps, une évolution dans la représentation du corps féminin dans la littérature persane et française ?

Écriture féminine : L’écriture du corps

3Dans l’écriture féminine « il faut bien reconnaître qu’il existe une spécificité féminine, non pas tant dans l’écriture que dans les thèmes et la manière de les aborder1 » et l’un des thèmes les plus remarquables dans cette écriture, est le corps et à travers ce corps, des sentiments, de la sensation et du sens. Elle est « une écriture du Dedans : l’intérieur du corps, l’intérieur de la maison2 », l’écriture qui « vient du corps profond, du corps intérieur3 », l’écriture qui inscrit le corps féminin dans le texte, a été analysé et présenté par les théoriciennes françaises de « l’écriture féminine », comme Luce Irigaray, Hélène Cixous, Julia Kristeva. D’après une critique, prenant pour point de départ la littérature française,

Cixous, dans Le Rire de la méduse, invite les femmes à exhiber leur corps dans leurs textes : […] en s’écrivant, la femme fera retour à ce corps qu’on lui a plus que confisqué, dont on a fait l’inquiétant étranger dans la place, le malade ou le mort, et qui souvent est le mauvais compagnon, cause et lieu des inhibitions. À censurer le corps, on censure du même coup le souffle, la parole. Écris-toi ; il faut que ton corps se fasse entendre. Alors jailliront les immenses ressources de l’inconscient4.

4Annie Ernaux précise que, les femmes écrivaines, dans leurs œuvres, ont tenté de parler du corps féminin, qui était déjà camouflé ou écrit d’une manière implicite.

Ernaux reconnaît que, depuis les années 70, la littérature féminine a beaucoup parlé du corps, du quotidien. " On peut rapprocher cette écriture de l’écriture prolétarienne des années 30, ou de la littérature rurale. Ce qu’il y a de commun à cette littérature féminine des années 70, c’est une certaine exaltation, une violence, normale d’ailleurs pour des personnes qui se sentaient dominées. Ce mouvement a permis aux femmes d’aujourd’hui d’oser écrire sur le corps féminin. "5

5La présence des femmes dans les œuvres, essentiellement dans celles sur les femmes, met en cause la présence de leurs corps dans le texte dès cette époque des mouvements de libération féminine en Occident. Ainsi la femme, par l’intermédiaire de son corps, devient la créature inspiratrice et initiative dans toutes les œuvres littéraires. À cet égard, soulignons l’exemple d’Aragon qui s’inspire du corps d’Ava dans ses écrits :

Normalement, le corps féminin est porteur d’écriture, source d’inspiration, œuvre d’imagination et de création. À travers la métaphore et le jeu du corps féminin, notre romancier a l’intention d’inventer des images et des formes d’écriture, tout comme il l’a indiqué lui-même dans Ava, "une vaste métaphore où les mots et les amours confondus trouveront dans le corps d’Ava […] une forme de chair"6.

6De tels exemples sont très nombreux, chez les écrivains tant hommes que femmes. Ainsi pour Béatrice Didier, la présence du corps et des sensations féminines joue un rôle essentiel dans l’écriture-femme :

La présence de la personne et du sujet impose immanquablement la présence du corps dans le texte. Et il est évident que c’est peut-être le seul point sur lequel la spécificité soit absolument incontestable, absolue. Si l’écriture féminine apparaît comme neuve et révolutionnaire, c’est dans la mesure où elle est écriture du corps féminin, par la femme, elle-même […] On assiste alors à un renversement : non plus décrire […] mais exprimer son corps, sentir, si l’on peut dire de l’intérieur : toute une foule de sensations jusque-là un peu indistinctes interviennent dans le texte et se répondent. Au vague de rêveries indéterminées se substitue la richesse foisonnante de sensations multiples7.

7Laura Cremonese accentue la valorisation du corps féminin comme une spécificité de l’écriture-féminine :

J’estime utile de dégager les traits communs, les grandes lignes de force de l’écriture féminine contemporaine, autour desquels s’articulent les différences : la revendication de la spécificité de la « parole » ou de « l’écriture » féminine, la valorisation du corps et de l’inconscient, le refus des mythes féminins élaborés par la littérature masculine et la recherche d’une image littéraire nouvelle de la femme, plus véritable8.

8En effet, la description du corps, ingrédient systématique de tout texte, change toujours en fonction de différents facteurs ; l’un des plus marquants est l’influence masculine sur les textes des femmes. Dans les siècles précédents, le corps féminin était un corps fractionné. Les descriptions détaillées, mais restreintes à certaines parties du corps, prouvent que :

Le corps féminin – beaucoup plus que le corps masculin – était, dans la littérature, un corps morcelé… les stéréotypes romanesques limitaient le corps de la femme à peu de choses : yeux, cheveux, front, bras, cheville, etc., et le roman féminin acceptait ces limites, les renforçait peut-être encore par souci de bienséance. Mais il ne suffit pas de dévoiler complètement le corps de l’héroïne pour qu’il devienne une totalité9.

9Autrement dit, aux yeux des psychanalystes,

il y a forcément du corps dans tout texte, or le corps morcelé par les fantasmes masculins, par les interdits des morales religieuses et sociales était autant de langage interdit. Aujourd’hui, la femme écrit son corps comme une libération, dans un certain excès parfois. Mais cette parole muselée doit sans doute déborder avant de trouver son juste milieu. La poésie est ce qui se dérobe aux discours de pouvoir, aux sollicitations des marchands – peu vendue, peu éditée, elle est sans enjeu –, c’est donc une écriture totalement libre10.

10Dans l’exemple d’Annie Ernaux, l’une des écrivaines les plus engagées dans le féminisme, et dont l’œuvre est largement autobiographique, on constate que

[s]i l’écriture est chevillée au corps d’Annie Ernaux, entendons-nous, c’est une écriture du corps qui vit, souffre, sue et jouit qu’elle trace et nous transmet, et l’on peut être surpris de découvrir à quel point cette question du corps sexué est présente dans l’ensemble des pages d’Écrire la vie. C’est, comme elle l’avoue dans son journal intime (daté de janvier 1989), qu’elle n’est "pas culturelle : il n’y a qu’une chose qui compte pour moi, saisir la vie, le temps, comprendre et jouir"11.

11De même, les histoires racontées par Pirzâd sont celles de femmes, et on suppose donc que le corps féminin y occupe une place principale, et ce qui importe c’est la manière dont il est présenté : on peut ainsi percevoir la différence de cette présentation chez ces deux écrivaines, elles-mêmes originaires de contextes socio-culturels différents.

Les repères de la présentation du corps

12La menstruation est la marque du début de la maturité sexuelle de la jeune fille et la phase importante de sa vie pour atteindre à l’âge adulte et pour devenir femme comme le disait Simon de Beauvoir. Claudia Cardinale a été l’une des premières femmes qui avait fait scandale en écrivant librement sur la menstruation. Après cela, les femmes écrivains n’hésitent pas à parler de cette marque de féminité. Dans Une femme, Annie Ernaux évoque ses règles et la réaction de sa mère à cette occasion. Elle est angoissée par l’absence de ses règles et sa grossesse non désirée dans L’Événement :

Au moins d’octobre 1963, à Rouen, j’ai attendu plus d’une semaine que mes règles arrivent. C’était un mois ensoleillé et tiède…12 

13La description du rapport sexuel est un autre thème important dans les textes des femmes. Chez Ernaux, les scènes d’amour se présentent manifestement au long de ses écrits.

Dans ces derniers récits, il [le sexe] a sans doute un rôle non négligeable : postures amoureuses, scènes érotiques arrachés à l’agenda occupé du diplomate, attentes monotones dans l’espoir d’un moment de retrouvaille, l’évocation crue des relations physiques, signe toujours, évidemment, une histoire particulière, mais dont l’intimité émotionnelle paraît plutôt occultée. Ce n’est pas la machinerie de son propre désir qu’Annie Ernaux démonte devant nous avec succès : « Il m’a semblé que l’écriture devrait tendre à cela, cette impression qui provoque la scène de l’acte sexuel, cette angoisse et cette stupeur, une suspension du jugement moral. » L’émotion, elle, reste soigneusement entre parenthèses13.

14Dans Passion simple, elle raconte l’histoire de son amour avec un homme marié, qui vient à son appartement pour coucher avec elle. Ce livre « explore les mécanismes de la passion, point de friction le plus intense de la relation à l’autre14 », et c’est l’histoire d’une passion, celle d’un désir très intense pour cet homme :

Enfermée dans la passion, Annie Ernaux ausculte le moindre signe qui lui parle de son amour. Robes, maquillage, horoscope, une avalanche de superstitions grandioses la tiennent en équilibre dans ce temps arrêté où tous les gestes se ressemblent, où rien n’est supportable qui n’évoque l’être aimé, son visage, sa poitrine, son sexe, le désir qu’elle a de lui 15.

15Le livre s’ouvre avec une scène érotique d’un film classé X à la télévision, sur Canal +.

16Dans L’Usage de la photo les scènes érotiques sont décrites aussi manifestement que dans Passion simple :

Sur la photo, on ne voit de M., debout, que la partie du corps comprise entre le bas de son pull gris, à larges côtes torsadées, tombant au ras de la toison rousse, et le milieu des cuisses sur lesquelles est baissé son slip, un boxer noir avec la marque Dim en grosses lettres blanches. Le sexe de profil est en érection. La lumière du flash éclaire les veines et fait briller une goutte de sperme au bout du gland, comme une perle16.

17En effet, Ernaux en recourant à la relation texte-image, donne à lire et à voir son désir vivant envers ses compagnons. Elle se permet de dévoiler ce qui ne peut pas encore être admis, au moins facilement, dans la société, même la société française : les scènes érotiques. Dans L’usage de la photo, elle recourt à la métonymie : les vêtements pêle-mêle abandonnés par terre après l’acte amoureux pour évoquer les scènes d’amour. Les photos de ces vêtements jouent le rôle d’intermédiaire pour lancer l’écriture érotique. Elle recourt aussi à la description détaillée des sous-vêtements du couple.

18Le moment de la maternité, plus traditionnel, est évoqué également : thème apparemment consensuel, puisqu’il reste le pilier de la société patriarcale classique. On donne ainsi aux femmes le « droit » d’en parler librement, de sorte que ce thème a toujours été le plus richement illustré dans la littérature. Béatrice Didier affirme que :

Encore faudrait-il le libérer de tout un appareil d’oppression qui a visé à socialiser, à « épurer » et spiritualiser l’instinct maternel, pour lui ôter sa redoutable primitivité, sa violence, sa sensibilité et finalement son pouvoir17.

19Pour la plupart des femmes, la grossesse est un bonheur. Pirzâd montre la joie d’Arezou dans On s’y fera quand cette dernière apprend sa grossesse :

J’étais si heureuse quand je suis tombée enceinte18.

20Annie Leclerc considère même comme un grand bonheur la maternité choisie :

Ce que j’apprends enfin, c’est que l’enfantement ne vaut que parce qu’il est un bonheur, que s’il est un bonheur. En la matière je suis seul juge et nul ne peut me faire la loi19.

21La femme par son accouchement est « la puissance et les ressources de la féminité20 », « au corps de la nature 21 », et par son corps « dans le secret22 ». Elle est « le mystère de toute chose23 » et l’enfantement est considéré comme « l’acte le plus sacré, le plus terrible et le plus merveilleux de la vie24 » et comme une « ouverture au monde25 ». Cependant, dans C’est moi qui éteins les lumières, même si Clarisse est heureuse d’être mère, la scène de l’accouchement est décrite sans enthousiasme excessif :

Cet après-midi-là, nous accompagnâmes au train la cousine d’Artosh et son mari à Khorramshahr. Sur le chemin du retour, dans les faubourgs d’Abadan, mes douleurs ayant commencé, nous allâmes à l’hôpital. Armen était né au milieu de la nuit. Je restai allongée toute la nuit sur ce lit de l’hôpital de la Compagnie des pétroles, sans pouvoir dormir. Je n’arrêtais pas trembler de froid, mettant cela sur le compte de l’accouchement26.

22La grossesse peut être aussi marquée par la tristesse et l’angoisse. C’est ce qui arrive à Annie Ernaux, qui, étudiante en lettres, à 23 ans, tombe enceinte. Ne souhaitant pas garder l’enfant, elle tente d’avorter clandestinement alors que l’avortement était illégal en France27. Elle décrit les scènes douloureuses et sanglantes de son avortement à la fois avec pudeur et réalisme dans L’événement. Il lui est très pénible d’apprendre qu’elle est enceinte :

Je suis rentrée à pied à la cité universitaire. Dans l’agenda, il y a : « je suis enceinte. C’est l’horreur28. […] »
De retour à Rouen, j’ai téléphoné au docteur N. qui m’a confirmé mon état et annoncé qu’il m’envoyait mon certificat de grossesse. Je l’ai reçu le lendemain. Accouchement de : Mademoiselle Annie Duchesne. Prévu le : 8 juillet 1964. J’ai vu l’été, le soleil. J’ai déchiré le certificat. J’ai écrit à P. que je suis enceinte et que je ne voulais pas le garder29.

23En se souvenant de ses mémoires concernant son avortement, cette « expérience pure de la vie et de la mort30 », cette « violence subie en victoire individuelle31 », elle l’envisage comme un « événement » et une faute :

Depuis des années, je tourne autour de cet événement de ma vie. Lire dans un roman le récit d’un avortement me plonge dans un saisissement sans images ni pensées, comme si les mots se changeaient instantanément en sensation violente. De la même façon, entendre par hasard la Javanaise, j’ai la mémoire qui flanche, n’importe quelle chanson qui m’accompagné durant cette période, me bouleverse32.

24Pirzâd évoque la question de la contraception quand l’héroïne de On s’y fera, Arezou, dans le bus, discute avec des femmes qui appartiennent aux classes défavorisées. Une femme, un enfant sur un bras, ajoute au sujet de son quatrième bébé :

J’ai beau répéter à ce minus qu’il doit se faire stériliser, il ne veut rien entendre. Il craint sans doute pour sa virilité !33

25Pirzâd évoque la ménopause d’Arezou, la femme de quarante et un ans :

Arezou défit le nœud de son foulard noir en disant : J’étouffe ! Il ne fait pas si chaud. Qu’est-ce que tu as ? La ménopause probablement… Toi alors, tu es bien comme tout le monde ! À quarante-deux ans, la ménopause ?... Quarante et un !34 

26Ici la ménopause est évoquée, mais comme peu probable, pour montrer qu’Arezou est en mesure de se remarier et faire des enfants.

27Dans les œuvres de Pirzâd, le corps féminin s’est limité particulièrement aux descriptions de l’apparence physique. Il se trouve, chez Pirzâd, maints exemples sur la description de la physionomie de femme, la beauté, l’embonpoint ou la maigreur du corps des femmes. Cela prouve en même temps l’exactitude de l’auteure pour parler du corps féminin et l’importance de l’apparence physique.

Elle observait la silhouette fine et les yeux verts de celle qui discutait avec le garçon au comptoir35.

Ses ongles étaient courts, sans vernis36.

Elle avait une taille moyenne. Ni maigre ni grosse. Ses cheveux blonds lui tombaient sur les épaules. Des yeux couleur de miel. Elle portait des mules à talons hauts et un chemisier blanc à pois rouges37.

28En considérant que la beauté est une obsession pour les femmes, on constate l’importance qui lui est accordée. On remarque la répétition des mots « belle », « beauté », l’usage de maquillage chez les personnages féminins de Pirzâd et les autres termes concernant la perfection physique :

Armineh commença : « comme vous êtes belles38. »

Nina froissait son papier cadeau : « Tout le monde le sait que tu es merveilleusement belle »39.

J’allais dans ma chambre me donner un coup de peigne et mettre un peu de rouge à lèvres. Je me lavai les mains, me passai de la crème, regardai l’heure40.

29La beauté reste un souci pour les personnages féminins. La mère d’Arezou, Mah-Monir comme la plupart des femmes qui dépassent la quarantaine, a peur de paraître vieille et son souci, c’est de sembler aussi jeune que sa fille. Voici un exemple :

Aussi loin qu’elle pût se rappeler, elle avait toujours vu sa mère se comporter ainsi, à lui parler comme si elles étaient du même âge, allant même jusqu’à lui cacher sa ménopause… Quand Ayeh avait atteint la puberté, Mah-Monir lui avait acheté des serviettes hygiéniques de marque. Elle répétait à Arezou : « ces choses-là ne sont plus pour nous !41

30Pirzâd prête à la mère de Marjan des commentaires sur le fait qu’elle et sa fille ont la même taille :

Du matin au soir, elle suit sa fille chez le coiffeur ou chez le tailleur, d’une boutique à l’autre et tout ce qui compte dans sa vie, c’est…
La cigarette décrivit en l’air un arc de cercle censé imiter l’attitude de la mère de Marjan :
Marmar, nous avons la même taille ! 42

31D’autres femmes, quel que soit leur âge, s’imposent des régimes alimentaires sévères et presque nuisibles à leur santé afin d’avoir le corps idéal, ni mince ni gros, ou se font opérer le visage pour tenter de redevenir belles et jeunes, ou modeler leur physique selon leurs rêves. Pirzâd le suggère avec cette femme qui se fait opérer le nez et les lèvres, femme qu’Arezou rencontre dans le centre commercial :

La femme au nez opéré et le vendeur toisaient Arezou. Les lèvres de la femme, écartées l’une de l’autre par le sourire, luisantes d’un rouge à lèvres de couleur brune rehaussées par un trait d’une nuance plus soutenue, étaient deux fois plus épaisses que celles du jeune vendeur43.

32Les descriptions de l’apparence des femmes ne sont pas négligées chez Ernaux :

Une femme arrivait en face de moi, elle portait des bas noirs à grands motifs sur des jambes fortes44.

Juste après moi, une fille très jeune, blonde avec de longs cheveux45

Dans le métro, je regardais les femmes âgées, leurs rides profondes, leurs paupières affaissées46.

33Dans la présentation du corps féminin par les femmes et les hommes écrivains, apparaît une grande différence. En fait, les hommes présentent ce corps sans aucune idéalisation superficielle, d’une manière très réaliste, ce que prouve la différence entre l’écriture d’Annie Ernaux et celle de Marc Marie dans la description des mêmes scènes des vêtements éparpillés par terre après l’acte amoureux. Les vêtements et les objets dans la même scène sont décrits par Ernaux en deux pages tandis qu’ils sont décrits en une demi-page par Marc Marie47. Les scènes d’amour sont décrites plus violemment chez Marie qu’Ernaux, de la même manière que dans la réalité :

La jambe retournée d’un pantalon, une culotte entortillée sur elle-même, des lacets à moitié défaits : tout me disait la force de l’acte et de l’instant. Il y avait là les traces d’une lutte et, rassemblés sur quelques mètres carrés, le sexe et la violence48.

34L’image du corps dans L’usage de la photo est bien différente de celle qui apparaît dans les autres œuvres d’Ernaux. Dans ce livre, le corps féminin doit assumer la perte : elle parle de son cancer du sein, d’un corps qui pendant quelques mois « a été théâtre d’opérations violentes49 », de ses efforts et des séances de chimiothérapie pour combattre sa maladie. Et « elle veut se souvenir que son corps n’était pas qu’une enveloppe meurtrie, qui trahissait son envie de vivre, et qu’il était aussi un objet de désir et une source de bonheur50. » La maladie, l’affaiblissement, les effets du cancer et de son traitement sur son corps, ainsi que la perte des cheveux, des cils, des sourcils, des poils, même d’un sein, représentent « la perte du corps ». Le corps féminin de L’Usage de la photo est un corps « qui se décompose, qui s’échappe, qui devient anticipation de la mort, cadavre en sursis51 ».

Dans le lit, je n’ai pas enlevé ma perruque, je ne voulais pas qu’il voie mon crâne chauve. Sous l’effet de la chimiothérapie mon pubis l’était aussi. J’avais près de l’aisselle une sorte de capsule de bière saillant sous la peau, le cathéter qu’on m’avait installé au début du traitement52

Il ne s’est pas aperçu ce soir-là que je n’avais pas non plus de cils ni de sourcils, absence qui me donnait pourtant un regard étrange, de poupée en cire53.

J’avais perdu mes cheveux en deux semaines. Une nuit, ils ont paru se changer en piquants fichés dans mon crâne tendu54.

Quand cette photo a été prise, j’ai le sein droit et le sillon mammaire brunis, brûlés par le cobalt, avec des croix bleues et des traits rouges dessinés sur la peau pour déterminer précisément la zone et les points à irradier55.

35Les vêtements pêle-mêle par terre sont aussi les images d’un corps en train de s’éclipser :

Ces photos d’où les corps sont absents, où l’érotisme est seulement représenté par les vêtements abandonnés, renvoyaient à ma possible absence définitive56.

36La ceinture dégrafée qui « entoure et maintient un ventre absent57 » ou encore « un jean assis58 » à côté de « deux bras tendus d’un tronc sortant du parquet59 », suscitent l’impression d’absence par les formes vides du corps.

37Dans les œuvres de femmes des époques précédentes, on constate une sorte de censure à l’égard du corps, qui est le code d’une société patriarcale et l’héritage de la domination masculine. Ernaux, entre autres, prend le contrepied de ces interdits séculaires.

L’influence de l’imaginaire socio-culturel

38Le corps féminin est considéré comme le signe porteur d’idéologies sociales sur la femme. C’est ainsi que le corps féminin ne se présente pas partout et toujours de la même façon ; cette représentation entretient un rapport étroit avec les réalités sociales et les valeurs culturelles :

Concevoir le corps en tant qu’entité esthétique, puisque c’est là notre propos, pose déjà un ensemble de problèmes dont la complexité même fonde la nature de sa présence au monde. Parmi ces problèmes, le plus évident est de penser que la beauté et la féminité sont des conceptions relatives dont la définition et les critères ne sont jamais stables, tout en sachant qu’il existe plusieurs types de cultures et de sociétés et que les interprétations et les valeurs esthétiques ou morales sont à situer dans cette même diversité60.

39Particulièrement, les notions de la sexualité, la féminité et le désir correspondent étroitement avec l’espace socio-culturel dans lequel la production féminine s’est réalisée. Le corps est un magnifique sujet littéraire qui nous en apprend autant sur la société de l’auteur que sur lui-même.

40Dans les textes d’Ernaux, les organes génitaux sont décrits le plus souvent avec une liberté déconcertante ; elle expose les relations sexuelles dans un langage cru, sans aucune pudeur. Elle s’en explique ainsi :

Je ne ressens naturellement aucune honte à noter ces choses à cause du délai qui sépare le moment où elles s’écrivent, où je suis seule à les voir, de celui où elles seront lues par les gens et qui, j’ai l’impression, n’arrivera jamais. D’ici là, je peux avoir un accident, mourir, il peut souvenir une guerre ou une révolution61.

41Dans cette optique,

Écrire le corps malade et photographier des vêtements dans une posture érotique permet certainement à Annie Ernaux de dévoiler ce que notre société ne peut encore regarder : le paysage érotique, même métonymique, d’une dévastation corporelle62.

42Les femmes écrivaines prennent la parole sur le corps, lorsqu’elles sentent une certaine facilité à cet égard, et c’est la société qui définit la frontière de cette liberté :

Les femmes écrivaines parlent librement de la société quand la société et les contextes culturels leur donnent une certaine facilité. L’Usage de la photo pose la question du désir excessif de vérité, excès dans le sens d’abondance, de surenchère d’images et de preuves matérielles, mais aussi en tant que signes de silence et d’absence63.

43Cependant, même dans les sociétés occidentales, les écrivaines ne s’expriment pas toujours à propos de leur vie sexuelle ou sentimentale avec autant de liberté, voire d’ostentation. Ces thèmes sont abordés dans les œuvres de Pirzâd avec une certaine timidité. Dans On s’y fera, lorsque les femmes discutent dans le bus à propos de la grossesse et de l’avortement, l’une des femmes veut faire taire les autres de peur qu’une jeune fille n’entende leurs paroles.

Pourquoi n’y vas-tu pas toi-même, dit Arezou à voix basse. Il y a un tas d’endroits où on fait l’opération gratuitement, non ?64

44Et quand la jeune fille, entendant leur conversation, leur pose une question, sa mère lui demande de ne pas intervenir. Mais l’autre femme insiste :

Bien sûr qu’elle doit savoir, sinon, elle va se retrouver comme moi en un clin d’œil avec quatre mioches vagissant sur les bras65.

45Dans la société dans lesquelles il est inconvenant de parler du corps, les écrivaines recourent aux métaphores pour suggérer les repères de la féminité. Par exemple, la phrase « C’est moi qui éteins les lumières », qui se répète deux fois dans le roman de même nom, s’interprète de deux manières. L’une signifie tout simplement que celui qui éteint les lumières est la dernière personne qui se met au lit et qui, donc, veille sur le repos de la maisonnée. Mais l’autre signification, peut-être un peu compliquée à déchiffrer pour les lecteurs, évoque le devoir conjugal et c’est une manière implicite de suggérer le temps de l’intimité du couple :

–Je t’ai demandé si c’était toi ou moi qui éteignais la lumière ?
– Euh, c’est moi66. »

Artosh ouvrit ses yeux, se leva en s’étirant : » J’éteins les lumières, ou tu le feras toi-même ?
– Non, c’est moi qui éteindrai67.

46L’autre exemple c’est lorsqu’Arezou se fâche contre sa mère et lui rappelle de manière très discrète la tentative d’attouchements du domestique de la maison sur la personne d’Arezou quand elle était petite :

Elle parlait d’une voix qu’elle seule et Mah-Monir pouvaient entendre.
– Te souviens-tu de ce domestique que tu avais fait venir de son village ?
Elle fit un autre pas.
– Te souviens-tu de ce déjeuner dans cet endroit chic où l’on n’acceptait pas les enfants ?
À chaque pas, le son de sa voix enflait.
– Te souviens-tu que lorsque tu es venue, tu m’as retrouvée en pleurs, enfermée à clef dans ma chambre ?
Mah-Monir reculait lentement vers sa chambre, poursuivie par Arezou.
– Te souviens-tu de ce que j’ai dit : " Je resterai dans ma chambre tant que vous n’aurez pas renvoyé le domestique" ?68 

47Chez Pirzâd, les personnages ne vont pas plus loin que les valeurs socio-culturelles ne le prescrivent, on le constate bien dans les descriptions des personnages. En effet, l’écriture du corps dépend de la société dans lesquelles les femmes prennent la plume, et elle peut donc varier ou évoluer.

Il faudra attendre l’avènement de la littérature contemporaine, accompagnée par les différents combats féministes, mais aussi ceux qui aboutirent à la libération des mœurs, pour que l’écriture féminine trouve un point d’ancrage69.

48L’écriture féminine change en fonction du changement de la société. Une œuvre qui n’est pas acceptable du fait de son écriture ou de son contenu peut être acceptée plus tard, en raison des mutations sociales :

Quand Annie Ernaux a publié L’Événement en 1999 (le récit de son avortement), plusieurs journalistes lui ont demandé si elle n’avait pas peur d’offrir un livre trop impudique, trop intime. « Je sais que l’époque n’est pas très sensible à ce féminin-là », répond-elle. « Le féminin érotique, oui, le féminin sexuel, oui » (Argant 2000). Dans L’Usage de la photo, elle dénonce encore la violence des interdits qui pèsent sur les corps féminins, sur le sien et sur celui de toutes les femmes70.

49L’inscription du corps dans la littérature se transforme avec le temps : longtemps, le corps féminin a été dissimulé et frappé de tabou, jusqu’à ce que des femmes comme Benoîte Groult par exemple, dans son pamphlet Ainsi soit-elle, prennent le relais du féminisme plus académique à la Beauvoir. Mais toutes ces femmes ont contribué à dissiper l’opacité qui pesait sur la présence féminine, et a ainsi plus largement ouvert la voie à l’écriture des femmes, en permettant de parler du corps de manière plus libre.

Conclusion

50Dans ses textes Annie Ernaux, expose sans aucune entrave les relations sexuelles avec ses différents amants, et parfois le rapport au corps semble devenir l’objet du récit. Ainsi une représentation très claire voire ostensible à l’égard du corps se distingue du souci de la décence et de la retenue de Pirzâd à l’égard du corps, qu’elle présente en particulier du point de vue de la féminité et de la maternité. Le corps féminin est un thème important qui nous apprend bien sur la société de l’auteur. En effet, l’écriture du corps dépend de la société dans laquelle les femmes prennent la plume et évolue en fonction des changements de cette société. Dans les œuvres de femmes des époques précédentes, on constate une sorte d’effacement à l’égard du corps, qui est le résultat d’une société patriarcale Mais, à l’ère moderne, les écrivaines, notamment occidentales, ont moins de prudence pour décrire le corps féminin.

Notes de bas de page numériques

1 Pascale Frey, « Y a-t-il une écriture féminine ? », Lire, publié le 1er avril 1995, consulté le 20 juin 2013, http://www.lexpress.fr/culture/livre/y-a-t-il-une-ecriture-feminine_798571.html

2 Béatrice Didier, L’écriture-femme, Paris, PUF, 1981, p. 37.

3 Luce Guilbaud, « Le féminin de « poète » », Cahiers jungiens de psychanalyse, 2/2004 (n° 110), p. 67-77, URL : http://www.cairn.info/revue-cahiers-jungiens-de-psychanalyse-2004-2-page-67.htm

4 Béatrice Gallimore Rangira, « Écriture féministe ? Écriture féminine ? Les écrivaines francophones de l’Afrique subsaharienne face au regard du lecteur/critique », Études françaises, vol. 37, n° 2, 2001, p. 79-98, http://www.erudit.org/revue/etudfr/2001/v37/n2/009009ar.html?vue=resume, Hélène Cixous, Le rire de la méduse, L’Arc, n° 61, 1975, p. 43.

5 Pascale Frey, « Y a-t-il une écriture féminine ? », Lire, publié le 1er avril 1995, consulté le 20 juin 2013, http://www.lexpress.fr/culture/livre/y-a-t-il-une-ecriture-feminine_798571.html

6 Louis Aragon, Le Fou d’Elsa, Paris, Gallimard, 1963, p. 166.

7 Béatrice Didier, L’Écriture-femme, Paris, PUF, 1981, p. 35.

8 Laura Cremonese, Dialectique du masculin et du féminin dans l’œuvre d’Hélène Cixous, Paris, Didier Erudition, 1997, p. 17.

9 Béatrice Didier, L’Ecriture-femme, Paris, PUF, 1981, p. 36.

10 Luce Guilbaud, « Le féminin de "poète" », Cahiers jungiens de psychanalyse, 2/2004 (n° 110), p. 67-77, URL : www.cairn.info/revue-cahiers-jungiens-de-psychanalyse-2004-2-page-67.htm

11 Jean-Pierre Han, « le livre de vie d’Annie Ernaux », mise en ligne 16 janvier 2012, consulté le 5 juillet 2013, http://www.les-lettres-francaises.fr/2012/01/le-livre-de-vie-dannie-ernaux/

12 Annie Ernaux, L’événement, Écrire la vie, p. 274.

13 Thomas Hunkeler et Marc-Henry Soulet, Annie Ernaux. Se mettre en gage pour dire le monde. Genève, MētisPresses, coll. Voltiges, 2012, p. 77. Annie Ernaux, Passion simple, Paris, Gallimard, 1991, p. 12.

14 Annie Ernaux, « Passion simple », consulté le 23 mai 2013, http://www.hangar23.fr/programmes/passion-simple

15 Annie Ernaux, « Passion simple », consulté le 13 juin 2013, http://culture-et-debats.over-blog.com/article-14173065.html

16 Annie Ernaux, Marc Marie, L’Usage de la photo, Paris, Gallimard, 2005, p. 19.

17 Béatrice Didier, L’écriture-femme, Paris, PUF, 1981, p. 7.

18 Zoyâ Pirzâd, On s’y fera, Téhéran, Nashr-e Markaz, 2004, trad. Christophe Balaÿ, Paris, Zulma, 2007, p. 178.

19 Annie Leclerc, Parole de femmes, Paris, Grasset, coll. Aventures, 1974, p. 117.

20 Hélène Cixous, Madeleine Gagnon, Annie Leclerc, La venue à l’écriture, Paris, UGE, 1977, p. 37.

21 Annie Leclerc, Parole de femmes, p. 124

22 Annie Leclerc, Parole de femmes, p. 124

23 Annie Leclerc, Parole de femmes, p. 124

24 Annie Leclerc, Parole de femmes, p. 124.

25 Luce Guilbaud, « Le féminin de " poète " », Cahiers jungiens de psychanalyse, 2/2004 (n° 110), p. 67-77, URL: www.cairn.info/revue-cahiers-jungiens-de-psychanalyse-2004-2-page-67.htm, A. Dreyfus, « Entretien avec V. Rouzeau et J.-P. Dubost », Décharge, no 94, septembre 1997.

26 Zoyâ Pirzâd, C’est moi qui éteins les lumières, Téhéran, Nashr-e Markaz, 2001, trad. Christophe Balaÿ, Paris, Éditions Zulma, 2011, p. 169.

27 L’avortement était illégal et pénalisé en France jusqu’au 30 juillet 1975 où la dépénalisation de l’avortement et l’encadrement légal de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) furent adoptés. Simone Veil à l’époque ministre de la santé du gouvernement de Chirac, est arrivée, avec le soutien de la gauche, à gagner le « combat » désormais connu sous le nom de « loi Veil ». Ce droit à l’avortement légal issu en particulier des débats féministes des années 70, donne, à condition de respecter le délai fixé, la liberté à la femme de disposer son corps pour la contraception ainsi que la grossesse.

28 Annie Ernaux, L’événement, Écrire la vie, Paris, Gallimard, 2011. p. 276.

29 Annie Ernaux, L’événement, Écrire la vie, p. 277.

30 Annie Ernaux, L’événement, Écrire la vie, p. 310.

31 Annie Ernaux, L’événement, Écrire la vie, p. 317.

32 Annie Ernaux, L’événement, Écrire la vie, p. 277.

33 Zoyâ Pirzâd, On s’y fera, p. 191.

34 Zoyâ Pirzâd, On s’y fera, p. 49.

35 Zoyâ Pirzâd, On s’y fera, p. 52.

36 Zoyâ Pirzâd, On s’y fera, p. 28.

37 Zoyâ Pirzâd, C’est moi qui éteins les lumières, p. 142.

38 Zoyâ Pirzâd, C’est moi qui éteins les lumières, p. 142.

39 Zoyâ Pirzâd, C’est moi qui éteins les lumières, p. 142.

40 Zoyâ Pirzâd, C’est moi qui éteins les lumières, p. 180.

41 Zoyâ Pirzâd, On s’y fera, p .172.

42 Zoyâ Pirzâd, On s’y fera, p 63.

43 Zoyâ Pirzâd, On s’y fera, p 176.

44 Annie Ernaux, L’événement, Écrire la vie, p. 271.

45 Annie Ernaux, L’événement, Écrire la vie, p. 271.

46 Annie Ernaux, Marc Marie, L’Usage de la photo, p. 36.

47 Nous nous permettons de renvoyer sur ce sujet à notre article : « Photo-fragments : L’Usage de la photo d’Annie Ernaux », paru dans Loxias, Loxias 42, mis en ligne le 15 septembre 2013, URL : http://revel.unice.fr/loxias/index.html?id=7509.

48 Annie Ernaux, Marc Marie, L’Usage de la photo, p. 39.

49 Annie Ernaux, Marc Marie, L’Usage de la photo, p. 111.

50 Elaheh Salehi Rizi, « Photo-fragments : L’Usage de la photo d’Annie Ernaux », paru dans Loxias, Loxias 42, mis en ligne le 15 septembre 2013, URL : http://revel.unice.fr/loxias/index.html?id=7509.

51 Lucie Ledoux, « Formes vides de corps. La fonction des vêtements dans L’Usage de la photo d’Annie Ernaux et Marc Marie », Lignes de la fuite, http://www.lignes-de-fuite.net/IMG/_article_PDF/article_156.pdf.

52 Annie Ernaux, Marc Marie, L’Usage de la photo, p. 23.

53 Annie Ernaux, Marc Marie, L’Usage de la photo, p. 24.

54 Annie Ernaux, Marc Marie, L’Usage de la photo, p. 48.

55 Annie Ernaux, Marc Marie, L’Usage de la photo, p. 109.

56 « Rencontre avec Annie Ernaux et Marc Marie, à l’occasion de la parution de L’Usage de la photographie (2005) », consulté le 20 mai 2013, http://www.gallimard.fr/catalog/Entretiens/01052322.htm

57 Annie Ernaux, Marc Marie, L’Usage de la photo, p.119.

58 Annie Ernaux, Marc Marie, L’Usage de la photo, p. 120.

59 Annie Ernaux, Marc Marie, L’Usage de la photo, p. 120.

60 Fatima Ahnouch Agadir, « Beauté, féminité et images corporelles dans l’écriture de Assia Djebar », CongrèsiInternational « Bellesa i literatura », Université de Barcelone, 12-14 mars 1997, Actes publiés sous forme de CD Rom, Angel Carabi, Marta Segarra, (éd.).

61 Annie Ernaux, Passion simple, Écrire la vie, p. 672.

62 Lucie Ledoux, « Formes vides de corps. La fonction des vêtements dans L’Usage de la photo d’Annie Ernaux et Marc Marie », Lignes de la fuite, http://www.lignes-de-fuite.net/IMG/_article_PDF/article_156.pdf

63 Lucie Ledoux, « Formes vides de corps. La fonction des vêtements dans L’Usage de la photo d’Annie Ernaux et Marc Marie », Lignes de la fuite, http://www.lignes-de-fuite.net/IMG/_article_PDF/article_156.pdf

64 Zoyâ Pirzâd, On s’y fera, p. 191.

65 Zoyâ Pirzâd, On s’y fera, p. 192.

66 Zoyâ Pirzâd, C’est moi qui éteins les lumières, p. 27.

67 Zoyâ Pirzâd, C’est moi qui éteins les lumières, p. 111-112.

68 Zoyâ Pirzâd, On s’y fera, Téhéran, Nashr-e Markaz, 2004, trad. Christophe Balaÿ, Paris, Zulma, 2007, p. 302.

69 Aïcha Chaïb Chérif-Kréchiem, « Paroles de femmes : l’écriture féminine », Synergies, Algérie n° 17-2012, p. 171-182.

70 Lucie Ledoux, « Formes vides de corps. La fonction des vêtements dans L’Usage de la photo d’Annie Ernaux et Marc Marie », Lignes de la fuite, http://www.lignes-de-fuite.net/IMG/_article_PDF/article_156.pdf, Catherine Argant, « Écrivains... entretiens. Annie Ernaux », Lire [Lire.fr], avril 2000.

Bibliographie

Corpus

ERNAUX Annie, Écrire la vie, Paris, Gallimard, 2011.

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PIRZAD Zoyâ, C’est moi qui éteins les lumières, Téhéran, Nashr-e Markaz, 2001, trad. Christophe Balaÿ, Paris, Éditions Zulma, 2011.

PIRZAD Zoyâ, On s’y fera, Téhéran, Nashr-e Markaz, 2004, trad. Christophe Balaÿ, Paris, Zulma, 2007.

Textes complémentaires et études

AHNOUCH AGADIR Fatima, « Beauté, féminité et images corporelles dans l’écriture de Assia Djebar », in Angel Carabi, Marta Segarra (dir.), Bellesa i literatura, Congrès International Université de Barcelone, 12-14 mars 1997, Actes publiés sous forme de CD.Rom.

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Pour citer cet article

Elaheh Salehi Rizi, « La mise en scène du corps féminin chez Zoyâ Pirzâd et Annie Ernaux », paru dans Loxias-Colloques, 5. L’expérience féminine dans l’écriture littéraire, III., La mise en scène du corps féminin chez Zoyâ Pirzâd et Annie Ernaux, mis en ligne le 30 mai 2014, URL : http://revel.unice.fr/symposia/actel/index.html?id=596.


Auteurs

Elaheh Salehi Rizi

Elaheh Salehi Rizi est actuellement doctorante en Littérature Générale et Comparée à l’Université Nice Sophia Antipolis et elle prépare une thèse intitulée « Identités féminines et mutations sociales dans les œuvres de Zoyâ Pirzâd et Annie Ernaux », sous la direction de Madame la Professeure Odile Gannier au sein du laboratoire CTEL.