relégation dans Loxias-Colloques


Articles


Loxias-Colloques | 13. Lettres d'exil. Autour des Tristes et des Pontiques d’Ovide | Mélancolie de la disgrâce: échos génériques

Un chevalier romain sur la mer Noire’ : regards sur l’exil d’Ovide et les fautes d’Auguste au XVIIIe siècle

Cette contribution analyse l’interprétation de l’exil d’Ovide dans la culture française entre la fin du XVIIe siècle et celle du XVIIIe à partir d’attestations tirées d’œuvres d’intellectuels, d’érudits, d’historiens aux intérêts différents. On voit comment, à l’âge des Lumières, Ovide n’était pas uniquement rappelé et apprécié sur le plan artistique et littéraire comme l’auteur des Métamorphoses mais incarnait l’exemple de l’exilé victime d’Octavien Auguste. À ce propos, une attention particulière est réservée aux réflexions de Voltaire qui, s’appuyant sur des passages des Pontiques et des Tristia, mettait en lumière la triste condition d’Ovide contraint de vivre loin de sa patrie parmi des peuples d’une langue différente mais contre lesquels il n’éprouvait pas d’hostilité. Par ailleurs, Voltaire saisissait, dans son éloignement, la preuve du déclin de la liberté sous le Principat d’Auguste à qui il attribuait la faute de l’avoir éloigné pour cacher sa conduite dépravée. D’autre part, certains passages de son ouvrage montrent que Voltaire jugeait trop soumise la ligne d’Ovide exilé au point de lui reprocher d’avoir exagéré dans ses louanges envers de prince et de soutenir qu’il aurait dû réagir courageusement en rentrant à Rome pour ordonner l’assassinat d’Octavien. Cette lecture différente de celle des érudits et des historiens qui, dans l’ensemble, plus ou moins à la même époque ne virent en Ovide qu’une victime, reflète des positions et des états d’âme propres aux décennies qui précédèrent la Révolution Française. This contribution analyses how latter 17th and 18th century French Culture interpreted Ovid’s exile examining texts from works of intellectuals, scholars and historians with various interests. What emerges is that in the Age of the Enlightenment Ovid was not remembered and appreciates simply for his artistic merits as the author of the Metamorphoses, but rather as the embodiment of the exile, victim of Octavian Augustus. In this sense, noteworthy are reflections of Voltaire who focussing on some passages from the Black Sea Letters and Tristia highlighted the sad situation of the poet condemned to live far from his homeland among people speaking a different language, even if felt no hostility toward them. Moreover, in his exil Voltaire found proof that liberty had declined under Augustus’ rule, blaming him for exiling Ovid to cover his own depraved behaviour. Furthermore, some passages of his work show that Voltaire considered Ovid’s attitude while in exile too docile, reproaching him for effusively praising the prince, declaring he should have been courageous enough to return to Rome and have Octavian assassinated. In Voltaire’s stance, which stood out from that of the more or less contemporary scholars and historians who saw him only as a victim, one can recognize a reflection of the attitudes and moods of the decades leading up to the French Revolution.

Consulter l'article