Beckett (Samuel) dans Loxias


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Loxias | Loxias 27 | I. | Beckett

Le gai savoir de Winnie

Winnie, personnage central de Oh les beaux jours, s’enfonce peu à peu dans un tas de sable, et n’occupe plus guère ses journées qu’avec les quelques objets qui lui restent et les histoires qu’elle raconte à son mari guère plus mobile qu’elle et qui reste caché derrière le mamelon. Bavarde pour rester en vie, Winnie ne cesse de répéter que le jour est beau et qu’elle n’a guère de raisons de se plaindre, et termine en chantant. Nous nous interrogeons sur cette allégresse déroutante en analysant le rapport de Winnie au « réel » et la fonction des histoires qu’elle raconte. Winnie is probably the happiest character of Beckett’s work. While we see her progressively buried deeper in her mound of sand, she keeps talking, smiling, singing, and repeating that things are wonderful and the day happy. We will analyse the elements that sustain her happiness, looking closely at the stories she tells and the way she relates to “reality”.  

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Loxias | Loxias 33 | I.

L’écriture transgressive du silence chez Samuel Beckett, une « indiscrétion à l’égard de l’indicible »

Comment écrire le silence sans le briser, sans le trahir, sans provoquer ce que Lévinas appelle une « indiscrétion à l’égard de l’indicible » ? L’implicite appelle cette « indiscrétion », ce désir de déchiffrement. Mu par la curiosité, le lecteur (et chercheur) se heurte à l’impossible élucidation du secret, à son silence inviolable, d’où cet appel infini à la transgression. Le silence résiste donc à l’analyse, se soustrait infiniment, et dans le même temps, il détient cette force d’attraction qui nous pousse à penser ce qui nous dépasse, nous excède, mettant en jeu une tension palpable. Comment donc, selon les termes de Derrida dans L’Écriture et la Différence, « trouver une parole qui garde le silence », sans l’anéantir, sans le faire taire, sans provoquer sa dérobade ? Beckett précisément s’évertue à faire apparaître la disparition. Ainsi la quête infinie du silence devient-elle celle du point d’énonciation inaccessible (car soustrait), déterminant toute identité. How to write silence without breaking it, without betraying it, without causing what Lévinas calls an “indiscretion with regard to the unspeakable”? “Indiscretion”, it is implied, is precisely the desire to decipher. Driven by curiosity, the reader (and researcher) faces the impossible elucidation of secrecy, the inviolability of silence, hence his endless call to transgression. Silence therefore resists analysis, evades endlessly, but at the same time holds a compelling force that pushes us to think what is beyond us, what exceeds us ; it puts into play a palpable tension. How, then, according to Derrida in Writing and Difference, might one “find a word that keeps the silence”, without destroying it, without silencing it, without allowing its escape ? It is Beckett who strives to make this disappearance appear. Thus the endless quest of silence becomes the search for an enunciation of the inaccessible (because removed), that determines any identity.

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