Alliage | n°44 - Septembre 2000 Notes pour le musée 

Hans Georg Lichtenberg  : 

Inventaire d’une collection d’ustensiles

se trouvant dans la maison de Sir H. S. et qui doivent être vendus aux enchères publiques la semaine prochaine.
p. 27-33

Texte intégral

1Le deuxième centenaire de la mort de Hans Georg Lichtenberg (1742-1799) est passé trop inaperçu. Lichtenberg n’a pas pour seul titre de gloire « le couteau sans lame auquel il manque le manche ». Cette invention en accompagnait bien d’autres, que l’on trouvera ci-dessous, et qui ont dû inspirer Borges, Perec et Carelman. Surtout connu de nos jours comme écrivain, Lichtenberg jouissait en son temps d’une réputation d’homme de science parfaitement méritée. Il enseigna toute sa vie à Göttingen, où la première chaire de physique fut créée à son intention. Son champ d’intérêts — et de compétences ! — était immense : outre sa passion première pour la physique expérimentale, il travailla activement en géodésie, géophysique, météorologie, astronomie, chimie statistique et géométrie. Si aucune de ses contributions scientifiques ne fut révolutionnaire, leur originalité et leur diversité donnent le vertige : cartographe, il calcule l’aplatissement  de la Terre ; volcanologue, il évalue le volume des laves émises par l’éruption du Vésuve de 1784 ; météorologue, il construit la première version allemande du paratonnerre de Franklin (1780) ; chimiste, longtemps adversaire des idées de Lavoisier, il s’y rallie et invente l’alliage de Lichtenberg (50 % de bismuth, 30 % de plomb et 20 % d’étain) qui fond à 91,6° C (donc dans l’eau bouillante) ; mathématicien, il contribue au débat sur les fondements de la théorie des probabilités (le paradoxe de Saint-Pétersbourg) ; historien, il écrit une biographie de Copernic ; expérimentateur, il étudie les décharges électriques, produit ce qu’on appelle encore les « figures de Lichtenberg » et découvre le principe de l’enregistrement électrostatique, ouvrant la voie à la photocopie moderne ; astronome (un cratère lunaire porte son nom), il observe comètes et météorites et le transit de Vénus — qui lui inspirera ces lignes : « Lorsque, le soir du 3 juin 1769, Vénus devait passer devant le Soleil, on fit des préparatifs pour la voir et, en effet, on la vit apparaître à l’heure précise ; mais quand, le 8 juillet, la princesse de Prusse devait passer devant Göttingen, on l’attendit jusqu’à minuit. Elle n’arriva que le 9 au matin, à dix heures. » Physicien surtout, il développa des points de vue d’une impressionnante modernité, remettant en cause bien des idées admises : « En physique, presque tout doit être remis en chantier, même ce qui est le mieux connu, car c’est justement là qu’on soupçonne le moins l’erreur ou qu’on attend le moins la nouveauté. » Il est l’un des premiers à expliciter l’idée des « expériences de pensée », l’un des premiers aussi à mettre en question le postulat des parallèles d’Euclide, ou la pertinence du concept d’un éther sans effets observables — préfigurant certains aspects fondamentaux de la physique du XXe siècle. Ennemi de toute conception scientifique figée et dogmatique, il écrit, par exemple, à propos de la controverse entre les théories de la lumière particulaire et ondulatoire, et plus d’un siècle avant le développement de la théorie quantique : « Ne serait-ce pas une grande avancée que d’unifier les deux théories ? Étant donné les limites de nos connaissances, elles méritent toutes deux le respect et peuvent toutes deux être correctes. » Enfin, ne séparant nullement ses activités scientifiques et littéraires, Lichtenberg fut l’un des premiers observateurs de l’inconscient. Nombre des idées-clés de la psychanalyse — répression, sublimation, compensation — figurent dans ses écrits, que Freud citera d’ailleurs explicitement. Rien d’étonnant que Breton le place dans son Panthéon et le fasse figurer dans son Anthologie de l’humour noir. Critique d’art enfin, Lichtenberg sera l’un des meilleurs commentateurs des gravures de Hogarth, dont la verve ironique ne pouvait qu’inspirer la sienne. Esprit emblématique du meilleur des Lumières, ennemi de tout pathos, critique d’une impitoyable lucidité (« Pascal, l’homme qui, à douze ans, retrouva pour lui les propositions d’Euclide, et qui, à seize, rédigea un traité sur les coniques, ce qui ne dut point avoir d’égal depuis Archimède, croyait fermement, à trente ans, que la fille de sa sœur avait été guérie d’une fistule lacrymale grâce à une relique de la Sainte Couronne »), Lichtenberg met par avance en garde ses contemporains (et d’abord ses concitoyens) contre « les excès métaphysiques et romantiques ». Il est l’un des passeurs de l’âge classique à la modernité.
Les livres de Lichtenberg sont publiés par José Corti :
Le miroir de l’âme, Consolations à l’adresse des malheureux qui sont nés un 29 février.

2J.-M. L.-L.

3Sans doute l’inventaire que nous donnons ci‑après au lecteur demande‑t‑il un bref entretien. Je le trouvai lors de mon séjour en Angleterre, dans une bibliothèque du pays, où il reposait, rédigé proprement, derrière les pages blanches d’un tome des œuvres de Swift. Tout au‑dessous du dit écrit, entre parenthèses : « In the manner of Dr. Swift. » Le propriétaire de la bibliothèque m’assura qu’il s’agissait de l’extrait d’un journal, une satire passable d’un riche, mais anonyme, collectionneur d’objets d’histoire naturelle et d’artefacts, mort il y avait longtemps et qui, en dépensant des sommes monstrueuses, avait accumulé dans son cabinet une montagne de colifichets inutiles. Par dérision, on l’appela Sir Hans Sloane, d’où les initiales à l’en‑tête, l’homme, si je ne m’abuse, se dénommant en fait Marlowe. Sa collection ne contenait à la vérité aucunes des pièces ci‑après, mais en comptait plusieurs autres tout aussi folles, parmi lesquelles certaines l’abusèrent — mais n’eussent point, peut‑on penser, trompé un enfant —, entre autres une noix de cocu, qui pousse à l’état sauvage en Écosse ; une boule solide faite d’un métal nouveau et qui ne pesait pas plus qu’un gros morceau de liège semblable ; les deux boules pendaient aux bras d’une balance et s’équilibraient entre elles. Le noble propriétaire n’avait point remarqué que le fléau de la balance était creux du côté du métal mais solide ou coulé de plomb, de celui du liège. Le plaisant qui le roula avec cette rareté fut assez précautionneux pour concevoir le fléau de la balance de si excellente façon, et d’y fixer le liège ainsi que le métal de telle sorte, qu’on n’eût point été capable de les extraire, afin de les changer de place, ou bien pour les peser sur une autre balance, sans une lime et une pince. En outre, le nombre des ustensiles inutiles, et pour cela, fort coûteux, doit avoir été extraordinairement grand.

4Il m’est avis qu’on y peut assez bien trouver la sobre manière du comique de Swift. Les connaisseurs des produits de cette tête singulière sauront qu’il n’était pas rare que Sa Grandeur écrivît de bien plus basses choses, et qu’il tombât même fort souvent en de grossières obscénités. Ces dernières furent aussi imitées dans l’inventaire, mais nous les avons, bien sûr, omises ici. Que je n’ai point seulement traduit, mais que j’agençai parfois selon nos us et coutumes, voilà une chose que l’on me concédera volontiers ; car ce qui, dans cette sorte d’esprit ne fait point impression sans une explication constante, n’en fait habituellement qu’une fort misérable lorsqu’on l’explique complètement. Avant tout, l’on doit toutefois prier le lecteur de ne pas oublier que l’article parut quelques jours après la mort de l’insensé collectionneur, qui était alors l’objet des bavarderies de toutes les sociétés. C’était la véritable efflorescence de cette plante, qui, n’apparaît ici que misérablement desséchée :

51. Un couteau sans lame auquel manque le manche.
2. Une double cuillère d’enfant pour jumeaux.
3. Un cadran solaire à répétition en argent.
4. Un cadran solaire à visser sur un coche.
5. Dito, mais qui joue des mélodies.
6. Une boîte avec de petites cartouches délicatement ouvragés, pleine de poudre pour faire sauter les dents creuses.
7. Une chaise per se (sans doute faut‑il entendre percée). Lorsque l’on s’y asseoit comme il se doit, on entend un bruit accompagné de tambours et trompettes, qui retentit à travers toute la maison. Meuble pour grand seigneur. Il coûta cent guinées.
8. Une grande collection de pots de chambre en porcelaine, qui empruntent parfois des formes très divertissantes. On peut essayer les deux derniers articles, une heure avant la vente, derrière un paravent ou dans une pièce voisine.
9. Un lit de fer ébéné en forme de cercueil avec des poignées recouvertes d’étain, avec en plus douze guéridons pour porter douze veilleuses. Pour méthodistes et religieuses.
10. Idem, mais équipé pour qu’on y fasse soi‑même dedans le tour de la chambre durant la nuit.
11. Un somptueux lit impérial dans lequel trois grands vizirs sont morts de la peste.
12. Une excellente collection d’instruments pour convertir les juifs. La plupart sont en acier poli et l’ensemble des cravaches est en maroquin rouge. Le grand fouet, en particulier, est un chef‑d’œuvre de l’art anglais de la cravache.
13. Un magnifique et ouvragé modèle de corbillard, au sein duquel douze cadavres peuvent trouver logement.
14. Une bouteille contenant de l’eau d’un morceau de glace qui, à la Pentecôte l’an 1740, se trouvait encore dans la rue. Elle possède aussi cette propriété singulière, qu’un physicien a observée, que ce qui se trouve à l’intérieur se souvient aussitôt de sa liberté et fait éclater le verre à chaque hiver froid et lorsque l’on place la bouteille dehors. Le cher disparu avait, à ce propos, soumis un traité à la Société royale, lequel toutefois, à cause de diverses cabales, ne fut jamais imprimé.
15. Un compteur d’atouts en or. À peu près unique en son genre. On le place au doigt comme un anneau, de manière à ce qu’il vienne sur une jointure. Lorsque l’on joue un atout, on plie doucement le doigt de manière qu’il montre le nombre de l’atout joué, un peu comme un podomètre compte les pas.
16. Un merveilleux moulin à poudre maison, complet, et avec lequel quiconque peut préparer tout seul sa propre poudre à canon (c’est‑à‑dire un demi‑quintal le coup). Elle est si bien disposée qu’on peut le mettre en marche sous un assez gros secrétaire, de même que sous un lit assez élevé. Le caniche, qui met la roue en marche, est inclus dans la vente.
17. Un tube à observer les astres ; lorsqu’un ami y jette un regard et que l’on tourne une petite vis, il souffle du poivre et du tabac à priser dans l’œil. On doit l’utiliser au sol. À cause de cela, le cher disparu doit avoir reçu quelques mornifles.
18. Un excellent tube à observer les animaux équipé d’une pierre à fusil ; lorsque l’on enlève les lentilles, ce qui s’accomplit d’un seul mouvement (en fait, il suffit de les glisser dans leurs réservoirs latéraux), on peut alors chasser de petits oiseaux.
19. Un baromètre qui montre toujours le beau fixe. Le thermomètre assorti indique, année après année, une température chaude et agréable.
20. Un excellent équipement pour toutes les sortes de deuils dans les maisons nobles, comprenant :

  • a. Un billard noir avec des lacets blancs, rehaussé de clous noirs et tapissé tout autour de festons de calicot blanc. Les clochettes l’accompagnant sont en argent, mais amorties par de la soie noire.

  • b. Pour le deuil, une douzaine de dés noirs avec des points blancs.

  • c. Idem, mais pour le demi‑deuil, violets avec des points noirs.

  • d. Une provision de tarots et de cartes pour jouer au lombre ayant une large bordure noire, et une autre ayant une simple encoche de même couleur pour le demi‑deuil.

  • e. Quelques douzaine de petits verres à liqueur calqués sur d’antiques fioles destinées à recueillir les larmes et que l’on vide lors du repas d’enterrement.

  • f. Un beau recueil sur les recettes permettant de colorer de noir, absolument sans dommage, presque tous les mets tels, soupes, légumes, pâtisseries, et où se trouve la recette pour teindre en noir les citrons et les oignons qui sont auprès du cadavre.

  • g. Un service de table en porcelaine, complet et magnifique, dont chaque pièce fait de spirituelle façon allusion à la mort, et dont chacune mériterait ici une description détaillée. Pour n’en donner qu’une, citons, par exemple, le beurrier dont l’aspect forme une tête de mort qui semble si naturelle, et est si artistiquement ouvragée, qu’on croirait qu’elle est vivante. Le couvercle du beurrier ou, si l’on veut, la calotte crânienne, est si exactement formée selon l’ostéologie, même de l’intérieur, que lorsqu’un peu de beurre dépasse de la tête et que l’on remet le couvercle à sa place en appuyant, le suif emprunte parfaitement la forme du cerveau, ce qui à table — quand on donne au beurre la juste coloration —, est d’un effet d’une épouvantable beauté. Le cher disparu s’en servit un jour : lorsqu’il coupa le beurre, certaines dames et chapeaux s’évanouirent, d’autres encore bondirent de table et nul, hormis le maître de maison, n’en put manger.

  • h. Une cloche à fromage en platine pour sonner le glas.

  • i. Plusieurs colliers noirs émaillés avec têtes de mort blanches pour chiens de chasse.

  • j. Plusieurs masques pour les gens qui ne veulent, ou ne peuvent, pleurer. Ils ont tous été ouvragés par les meilleurs maîtres anglais, et sont d’une grande beauté. Bien qu’un peu pâles, ils sont néanmoins ravissants, en particulier les masques des femmes de chambre. Les larmes sont toutes représentées par des perles naturelles, certaines étant, pour la parenté rapprochée, de la grosseur d’un pois.

621. Une suite de vêtements, du berceau à l’âge de vingt ans, pour un enfant ayant deux têtes, quatre jambes et quatre bras. Un vrai chef‑d’œuvre de l’art de l’aiguille. On les peut essayer en les faisant endosser à deux personnes, ce qui donne lieu, surtout dans ce confus compagnonnage, à des scènes cocasses.
22. Une collection de moules magnifiques, tiers et deux tiers, à couler, avec un demi-quintal de métal inclus. Pour soigner la délicatesse de l’acquéreur, cet article sera vendu aux enchères dans l’obscurité et consigné dans la noirceur. La somme versée pour acquitter l’achat sera comptée par le vendeur, dans un recoin, à l’aide d’une lanterne sourde. C’est un homme d’honneur.
23. Quelques bouteilles de vin lapon, cru 1748. En anglais, on lit : « Some bottles of Iceland‑Madeira. »
24. Une collection complète de livres en partie interdits, en partie de mauvaise renommée, avec incisions d’une beauté grande et licencieuse. Tous les volumes sont reliés en cordouan noir à tranche dorée. À l’usage des jeunes du collège d’Eton et de Westminster, afin de les divertir durant le service religieux.
25. Un morceau digne de la plus haute attention : une petite machine ouvragée avec un art indescriptible servant à expliquer le concubinium (doit certainement signifier connubium ou commercium) animae et corporis. Le cylindre, qui confère le mouvement à l’ensemble, possède trois positions différentes pour les trois systèmes connus ; une pour l’influence physique, une pour les causes accidentelles, et une autre pour l’harmonie préétablie. Le cylindre a cependant assez d’espace pour en inclure deux à trois autres, seulement qu’il doit établir un corps et une âme, afin que l’âme, en cas d’urgence, puisse être éliminée. Dans ce coûteux appareil, le corps est fait de corne pour plus de la moitié transparente, et mesure quelque cinq pouces. L’âme toutefois, qui n’est pas plus grosse qu’une grande fourmi, est toute complète, avec ses petites ailes et ses onze pattes. Il n’y a guère que les petites pattes de gauche qui soient un peu abîmées. Le mouvement vient imprimé à la machine, non point par une manivelle (qui sinon la mettrait en pièces), mais par une paire d’ailerons de la plus fine baudruche sur lesquels on souffle de manière constante à l’aide d’un double soufflet (follis infinitus), qui est inclus, installé et actionné à une distance déterminée (la double distance). Ces ailerons sont tenus par une vis sans fin (cochlea infinita) qui met le tout en mouvement.
26. L’Édit de peine capitale (en anglais : Habeas Corpus Act), mis en musique par le cher disparu. Il s’agit d’une partition remarquable avec tambours et trompettes. L’accompagnement de certains passages prévoit même des coups de canon. Il y a aussi, çà et là, des soli de guimbarde.
27. Quelques moules pour fabriquer des artefacts en pierre. Les ingrédients pour la pâte sont ci‑joints. Il y a également un arsenal de pectinites, de terebratulites, d’ammonites, etc., ainsi que des coquillages inventés de toutes pièces, qui ont été façonnés à l’aide de ces moules. Ils donnent la parfaite impression d’antiquités.
28. La pièce la plus étrange, non point la seule dans cette collection, mais peut‑être dans le monde entier : un morceau de granite véritable sur lequel se trouve si fortement incrusté un Aleph en métal, qu’une main humaine ne l’y a pu placer, du moins sans le réduire en poudre, et qui ne peut non plus être enlevé. Tous ceux qui l’ont vu, ont reconnu unanimement qu’il avait servi à l’imprimerie. Le cher disparu l’a acheté à gros prix à un homme de qualité qui a ses terres sur le mont Liban.
29. Un luxueux carrosse d’État plein de dorures. Bien au‑dessus du siège du cocher, se trouve un magnifique miroir, qui est incliné, en un angle de 45°, vers l’équipage, au niveau où il va et vient. À l’arrière, sur l’équipage, correspond un autre miroir identique, hormis qu’il est incliné inversement. Grâce à cet excellent polémoscope, le cocher peut aussitôt voir de son siège si quelqu’un est assis derrière le coche. Dans ce cas, une simple pression du pied suffit pour que le passager reçoive aussitôt un vigoureux coup au derrière, de manière à ce qu’il n’y revienne plus.
30. Une paire de chevaux à qui le disparu enseigna à manger les papiers inutiles. Un article pour les libraires et les relieurs.

7Mais arrêtons‑nous ici afin que ce savant article, s’il se poursuivait encore, ne transformât à la fin tout l’Almanach en nourriture pour chevaux...

Pour citer cet article

Hans Georg Lichtenberg, « Inventaire d’une collection d’ustensiles », paru dans Alliage, n°44 - Septembre 2000, Inventaire d’une collection d’ustensiles, mis en ligne le 03 septembre 2012, URL : http://revel.unice.fr/alliage/index.html?id=3863.


Auteurs

Hans Georg Lichtenberg

1742-1799 ; écrivain et physicien allemand.