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Jean-François Durand, Jean Sévry et Jean-Marie Seillan  : 

Vient de paraître

Le Désenchantement colonial

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Texte intégral

Les Cahiers de la SIELEC n° 6

Éditions Kailash, Paris/Pondichéry, 2009

503 pages, 20 €

9-782842-681876

Avec ce volume sur le désenchantement colonial, la SIELEC a voulu à nouveau sortir des sentiers battus : si beaucoup de travaux ont abordé l’idéologie de la conquête, analysé une littérature souvent vouée à la célébration de l’Empire et de son œuvre, plus rares sont les études qui s’intéressent aux doutes, aux inquiétudes, au malaise qui se dégagent de nombreux récits, et pas seulement des livres clairement engagés dans la critique de la colonisation. Or, ce qui est frappant, c’est l’extrême diversité de ces textes, parfois venus d’administrateurs et de militaires, qui laissent s’exprimer une désillusion qui vient contredire les accents épiques et exaltés de toutes les formes de propagande.

Il va de soi que ces grands thèmes de la désillusion et du désenchantement ne se présentent pas sous le même éclairage selon les continents : du Maghreb (Odette du Puigaudeau, Jérôme et Jean Tharaud, Aline de Lens) à l’Afrique noire (M. Leiris, G. Balandier, Simenon...), les nuances sont sensibles, comme le montrent plusieurs articles de ce livre. Désillusions d’un fonctionnaire colonial à peau noire, comme René Maran, et ailleurs, démystification du discours missionnaire, pessimisme du regard, souvent, quand on compare l’Afrique vécue à l’Afrique rêvée : dans tous les cas, la conviction que la réalité quotidienne (de la brousse, du désert, ou de la colonie elle-même) est bien différente de celle que voudrait imposer la rhétorique dominante. Pour certains auteurs (Malraux, Aragon), la critique se fait plus directement politique, et ne se limite pas à regretter les défaillances d’un système : elle en dénonce les fondements. Les contrastes sont non moins évidents lorsqu’on aborde le vaste continent de l’anglophonie, d’où se détachent quelques cimes.

Faire se côtoyer des écrivains universellement reconnus et des auteurs plus confidentiels, mais dont le propos peut aussi bien que celui des plus grands jeter un éclairage cru sur les failles et lézardes de toute une époque, est aussi l’un des objectifs de ces Cahiers. Comme pour les précédents volumes, le thème choisi est volontairement complexe et problématique. Il permet de mieux comprendre à quelle profondeur et à quel niveau d’analyse les textes littéraires peuvent parler de problèmes contemporains, affronter les questions historiques les plus cruciales et aller au cœur de ces nouveaux mondes nés de l’expansion coloniale de l’Europe.

Table des matières

Première partie : Pour ouvrir le débat

Roger Little, Colonisation et désillusion : une synchronie ?

Jean-Marie Seillan, Littératures coloniales et contraintes génériques

Jean Sévry, Occident et Extrême-Orient : une autre vision de la colonisation à travers la littérature des voyages

Jean-Claude Blachère, Le Fada et le Pada. Missionnaires en miroir

Antony Mangeon, « Les colonies sont faites pour être perdues ». Désillusions coloniales chez Henry de Montherlant (1895-1972) et Robert Delavignette (1897-1976)

Jean-François Durand, Ahmadou Kourouma et le désenchantement africain

Kusum Agganval, Les désillusions d’un africaniste : Afrique ambiguë de Georges Balandier

Deuxième partie : Les Afriques

Ieme van der Poel, Congo-Océan (1921-1934). La démythification progressive d’un chemin de fer colonial

Frédéric Mambenga Magon, Désillusion coloniale et postcoloniale gabonaise : socle historique et économique, représentations littéraires chez Georges Simenon et les écrivains gabonais

Brigitte Legrand, L’Afrique mangeuse d’hommes. Nos Congolais et autres albums inédits constitués par Adolphe Stroobant en mémoire de son frère et de ses oncles, militaires belges morts au Congo au service de Stanley et de Léopold II

PC. D. Atangana Kouna, Le désenchantement colonial dans Cette Afrique-là de Jean Ikelle-Matiba

Lourdes Rubiales, Désillusion et frustration. L’administration coloniale contre René Maran

Guy Riégert, Jeune couple avec ruines. Aline de Lens et André Réveillaud au Maroc

Raïd Zaraket, École d’Alger et algérianisme : les désillusions coloniales à travers le débat identitaire et littéraire

Gérard Chalaye, Albert Truphemus ou les désillusions coloniales d’un instituteur socialiste dans l’Algérie de 1930

Dominique Ranaivoson, Les romans de la décivilisation à Madagascar : du mora-mora enchanteur à l’épave australe

Katherine Roussos, Odette du Puigaudeau entre idéalisme et désenchantement

Michel Naumann, Heart of Darkness, de Conrad : protestation anti-coloniale ou apologie de l’Empire ?

Jean Arrouye, Désenchantement et désillusion dans La Fête arabe de Jérôme et Jean Tharaud

Troisième partie : Regards sur l’Extrême-Orient

Sébastien Cauquil, Malraux face au colonialisme : aspects du désenchantement en Indochine

Emmanuelle Radar, La (non)représentation d’Angkor, indice de (dés)illusion coloniale

Charlotte Billard, Aragon et le colonialisme

Richard Laurent Omgba, Michel Leiris et la démythification de l’Afrique

Richard Samin, Les paradoxes du désenchantement dans Turbott Wolfe de William Plomer

Marie-Paule Ha, Mission civilisatrice revisited

Dhana Underwood, La métisse indienne dans Désordres à Pondichéry de Georges Delamare (1935) : union ou désunion coloniale

Pour citer cet article

Jean-François Durand, Jean Sévry et Jean-Marie Seillan , « Le Désenchantement colonial », paru dans Loxias, Loxias 28, mis en ligne le 08 mars 2010, URL : http://revel.unice.fr/loxias/index.html/lodel/docannexe/file/7601/lodel/index.html?id=5985.

Auteurs

Jean-François Durand

Jean Sévry

Jean-Marie Seillan