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Silvia Rossi  : 

Les autopathographies de personnes atteintes du cancer en France et en Italie

Résumé

Les narrations du cancer à la première personne se sont multipliées ces dernières années : pourtant, elles paraissent invisibles aux yeux de la critique. Cet article, en prenant en considération la double appartenance de ces écritures à la littérature intime et à la littérature de la maladie, propose une définition du terme « autopathographie » et interroge le rôle du cancer en tant que matière de la narration et en tant que déclencheur de l’écriture.

Index

Mots-clés : autobiographie , autopathographie, cancer

Plan

Texte intégral

1Bien que le cancer soit connu depuis Hippocrate, son entrée en littérature se fait tardivement. Plusieurs raisons à cela : tout d’abord, pendant longtemps le cancer a été tabou et son diagnostic caché au patient, en particulier en France et en Italie1. Ensuite, il y a des raisons médicales, liées au pronostic néfaste de cette maladie. En outre, malgré son incidence, le cancer est une maladie individuelle, qui ne frappe pas la société dans son ensemble. Pour toutes ces raisons, sa narration à la première personne ne trouve publication qu’à partir des années soixante-dix.

2C’est notamment le cas de Susan Sontag, écrivaine et critique littéraire américaine, qui, suite à son cancer du sein, publie l’essai La maladie comme métaphore2. Il ne s’agit pas d’un récit de maladie au sens strict du terme, mais le cancer est le fondement de sa démarche d’écriture, et des références à son expérience personnelle sont repérables dans le texte. La fin des années soixante-dix voit aussi la publication de Mars3 de Fritz Zorn. Mars raconte, à la première personne, la vie d’un jeune Suisse diagnostiqué d’une maladie de Hodgkin. Le nom de l’auteur, Fritz Zorn, est un pseudonyme, mais nous savons grâce aux paratextes que les vicissitudes narrées sont celles de l’auteur. Dans Mars, le cancer est le fil rouge du récit. La narration de la maladie est riche en réflexions sur l’attitude des patients et des médecins vis-à-vis du cancer, sur les tabous qui y sont liés, sur la portée de ce mot qui « désigne tout ce qui est, par définition, malin4 » et qui est donc « le mal général et indifférencié5 ». Par les modalités d’écriture et les thématiques appréhendées, il s’agit d’un ouvrage fondamental dans la narration du cancer à la première personne. Avec La maladie comme métaphore de Susan Sontag, il représente un modèle pour les récits de malades qui paraîtront par la suite.

3À partir de l’année 2000, nous assistons à une multiplication des écritures des personnes atteintes du cancer. Plusieurs hypothèses s’esquissent pour expliquer leur apparition : in primis, des raisons liées à l’amélioration du pronostic de certains cancers. En deuxième lieu, des raisons liées à la législation : en France6 comme en Italie7, la loi donne désormais aux personnes malades le droit de connaître toute information concernant leur santé ; même si une loi ne suffit pas à éliminer les tabous liés au cancer, elle contribue à la prise de parole de la part des patients. Un autre élément qui favorise l’expression et le partage de l’expérience de maladie est la démocratisation de l’usage d’internet : en effet, nous constatons que depuis l’année 2000 les journaux personnels en ligne se sont multipliés.

4L’objectif de cet article est de proposer une définition de ces écritures de plus en plus nombreuses8, tout en prenant en compte leur double appartenance à la littérature intime et à la littérature de la maladie. In primis, nous vérifierons s’il s’agit (ou pas) d’autobiographies ; par la suite, nous interrogerons le rôle du cancer en tant qu’objet central du récit, mais aussi en tant que déclencheur de ces écritures.

5Afin d’établir le rapport que ces récits entretiennent avec le genre autobiographique, nous nous appuierons sur la définition proposée par Philippe Lejeune :

L’autobiographie (récit racontant la vie d’un auteur) suppose qu’il y ait identité de nom entre l’auteur (tel qu’il figure par son nom sur la couverture), le narrateur du récit et le personnage dont on parle9.

6La définition donnée par Lejeune implique une triple identification, auteur-narrateur-protagoniste ; cette triple identification est-elle valable pour les récits de personnes atteintes du cancer ?

L’autobiographie : partager la maladie, questionner l’identité

7Narrer le cancer à la première personne implique l’identification entre l’auteur et le protagoniste – donc la personne atteinte du cancer. Le partage de l’expérience du cancer advient, pour certains écrivains, dans le but déclaré d’aider d’autres personnes malades vivant la même expérience. Pour cette raison, il est important pour l’auteur de rassurer son lecteur à propos de la véridicité des évènements racontés : établir un « pacte avec le lecteur » permet à l’écrivain de se rendre légitime en tant que « patient expert10 ».

8C’est le cas de Tiziano Terzani, journaliste et écrivain italien ; grand voyageur, Terzani a vécu longtemps en Asie. Dans Un altro giro di giostra11 il raconte la découverte de sa tumeur, son parcours de soins aux États-Unis et sa recherche à travers les traitements proposés par la médecine asiatique. Dans les premières pages de Un altro giro di giostra, il explique :

J’ai décidé d’en raconter l’histoire [de mon cancer] tout d’abord parce que je sais comment est encourageante l’expérience de quelqu’un qui a déjà fait un bout de chemin pour ceux qui se trouvent maintenant à l’aborder12.

9Terzani établit un rapport de confiance avec ses lecteurs en se rendant reconnaissable dès les premières pages de son livre, ou même avant, dès la couverture sur laquelle il apparaît en photo. Par la suite, il évoque des étapes bien connues de sa vie et il confirme son identité en citant des épisodes narrés dans d’autres livres, ainsi que ses réactions à leurs parutions. En outre, la forme de cet ouvrage s’inscrit dans la continuité par rapport aux précédents : si son cancer est au centre du récit, Un altro giro di giostra est aussi un reportage journalistique dans le monde des traitements contre le cancer.

10Appréhender la maladie à la première personne en revendiquant le rôle d’auteur, de narrateur et de protagoniste donne aux personnes malades l’occasion d’interroger leur identité menacée par la maladie. En effet, pour Tiziano Terzani Un altro giro di giostra est l’occasion de se définir par rapport aux transformations impliquées par les traitements, notamment lorsqu’une ablation est nécessaire. Ainsi, dans un chapitre intitulé « Les pièces du je13 », il se demande où se trouve le « je » : dans le nom ? Dans le corps ? Dans quelle partie du corps ? La question est abordée grâce à l’exemple d’une rose qui reste une rose même en enlevant un pétale ; si on en enlève deux, aussi… mais à quel moment cesse-t-elle d’être une fleur ? Combien de pétales peut-on enlever tout en pouvant continuer à la définir comme rose ? Cette interrogation s’applique au corps soumis aux traitements : avant une opération chirurgicale, Terzani se demande où réside réellement son « je » et « combien de pièces [le chirurgien pouvait] enlever de [son] corps sans que [il] disparaisse [lui]-aussi14 ».

11Jean-Luc Nancy se pose la même question dans L’Intrus15 ; soumis à une greffe de cœur, le philosophe s’interroge :

Quelle est cette vie "propre" qu’il s’agit de "sauver" ? Il s’avère donc au moins que cette propriété ne réside en rien dans mon "corps". Elle n’est située nulle part, ni dans cet organe dont la réputation symbolique n’est plus à faire16.

12La greffe de cœur, les traitements qui suivent, le lymphome qu’il développe et les traitements pour le lymphome, questionnent son identité et la mettent à l’épreuve par ces multiples intrusions : « Il y a l’intrus en moi, et je deviens étranger à moi-même17 », constate-t-il.

13Les récits à la première personne permettent donc d’interroger l’identité menacée par la maladie et les traitements et de la redéfinir ; ainsi, Jean-Luc Nancy, dans un post scriptum publié dans la réédition du 2005 de L’Intrus, explique : « Je n’ai plus un intrus en moi : je le suis devenu, c’est en intrus que je fréquente un monde où ma présence pourrait bien être trop artificielle ou trop peu légitime18 ».

Le roman autobiographique, vérité et imagination

14Parmi les ouvrages traitant du cancer parues récemment en Italie, il y a La formula chimica del dolore19 de Giacomo Cardaci. Le texte raconte les vicissitudes de Filippo Sperduti, jeune étudiant en droit atteint d’une maladie de Hodgkin.

15Le texte se présente d’abord comme un roman, puis l’auteur, Giacomo Cardaci, prend la parole dans le chapitre qui conclut le récit, « Un éléphant et cinq aveugles – Une histoire manquée20 » : il y évoque des épisodes appartenant à son parcours de soins et fait des considérations d’ordre général sur la médecine. Dans ces pages, narrées à la première personne, le nom de l’auteur21 apparaît et nous retrouvons des évènements qui ont déjà été racontés au cours du livre et attribués au protagoniste. Ainsi, Giacomo Cardaci, comme Filippo Sperduti, est un étudiant en droit, les deux sont originaires du Frioul et habitent à Milan. Au niveau médical, l’auteur et son protagoniste partagent le diagnostic tardif d’un lymphome de Hodgkin et sont soumis à une greffe. Enfin, le nom qui est attribué au cancer est le même : « Gigetto » ; « À force de dialoguer et de me disputer avec mon cancer, je lui ai même donné un nom : Gigetto22 », explique le narrateur du récit ; quant à Cardaci, il raconte avoir listé les signes que « Gigetto – [il a] par la suite appelé [sa] tumeur ainsi, pour l’exorciser – était en train de [lui] lancer depuis désormais un an23 ».

16La formula chimica del dolore se présente donc comme un « roman autobiographique » : l’identité entre l’auteur et le protagoniste se vérifie au niveau du contenu mais elle n’est pas explicitée, au contraire, elle est refusée. Interrogé sur ce sujet au cours d’une interview, Giacomo Cardaci a expliqué : 

Le choix de ne pas utiliser mon nom, mais d’utiliser un alter ego, Filippo, est imputable à ma fragilité en tant qu’auteur, il s’agit d’un filtre pour ne pas donner l’idée de parler de moi-même. Le livre est en grande partie autobiographique, mais il y a quand même une partie d’imagination24.

Écrire en temps réel, réécrire

17La difficulté, soulignée par Giacomo Cardaci, de partager à la première personne une expérience intime comme le cancer, trouve écho dans le choix de certains auteurs d’utiliser, dans un premier temps, des pseudonymes, ou d’attribuer leur propre expérience à un tiers. C’est le cas des écritures du cancer dans les blogs ; dans les journaux personnels en ligne les blogueurs partagent leur maladie en temps réel et ils échangent avec leurs lecteurs. Dans un second temps, ces blogs peuvent devenir des livres : pensons, par exemple, au blog « Fuckmycancer25 » qui devient le livre Fuck my Cancer – Autopathographie sans pitié26, ou au blog « AnnaStaccatolisa27 », publié par la suite avec le titre Toglietemi tutto ma non il sorriso28.

18Le même processus d’écriture « en deux temps » a lieu dans le cas du journaliste Pietro Calabrese. Calabrese, depuis le diagnostic de son cancer au poumon en 2009, raconte ses vicissitudes de santé dans « Moleskine », la rubrique hebdomadaire qu’il tient pour le magazine Sette. Il narre la maladie à la troisième personne en attribuant son cancer à un ami et en gardant pour lui le rôle de « passeur » d’histoire et d’ami fidèle29 : « À l’extérieur moi, je deviens Gino, et il devient moi30 », résume Calabrese. Un escamotage qui n’est pas anodin : Tahar Ben Jelloun explique que dans L’Ablation31 il raconte l’expérience d’un ami opéré de la prostate ; mais les critiques se demandent si, en réalité, il ne s’agit pas de sa propre histoire. Le choix d’attribuer le cancer à un ami remplit la même fonction de protection que le pseudo pour les bloggeurs : ceux-ci signent rarement de leur nom complet, mais, comme Calabrese, ils assument leur identité d’auteurs lorsqu’ils publient un livre.

19Les écritures personnelles du cancer ne sont pas forcément des autobiographies au sens défini par Philippe Lejeune : l’identification entre l’auteur, le narrateur et le protagoniste advient (ou pas) selon l’assurance de l’écrivain, selon le moment où l’écriture se produit et selon les thématiques que les écrivains choisissent d’aborder.

20En revanche, il y a une identification entre la maladie vécue par l’auteur et celle du protagoniste ; en reprenant la définition d’autobiographie donnée par Philippe Lejeune, nous pouvons la paraphraser pour définir ces écritures : il s’agit de « récits rétrospectifs en prose qu’une personne fait de sa propre maladie » dans lesquels il y a concordance entre « l’expérience de maladie de l’auteur (tel qu’il figure par son nom sur la couverture), celle du narrateur du récit et celle du malade dont on parle ».

L’écriture qui vient de la vie

21Les récits de personnes atteintes du cancer, tout en appartenant à la littérature de l’intime, ne sont donc pas forcément définissables comme des autobiographies : d’abord parce que, comme nous venons de le constater, l’identité entre auteur, narrateur et protagoniste ne se vérifie pas systématiquement. En second lieu, Philippe Lejeune décrit l’autobiographie comme le « récit racontant la vie d’un auteur32 » ; or, la matière de ces récits n’est pas constituée par les auteurs mêmes mais par les auteurs et leur maladie.

22En ce qui concerne ce second aspect, c’est-à-dire la concentration des récits sur un moment particulier de la vie d’un auteur plutôt que sur sa vie entière, Françoise Simonet-Tenant, relève : « Il me semble que l’autobiographie a tendance à se miniaturiser33 ». Selon elle, l’autobiographie se concentre de plus en plus sur une période ou sur un événement particulier d’une vie, plutôt que de couvrir une existence entière. Pour reprendre son expression, le récit autobiographique contemporain préfère « à la somme le segment34 ». Parmi les événements qui sont traités dans une autobiographie, Simonet-Tenant cite le deuil, les ruptures et la séparation ; nous pouvons ajouter la maladie grave.

23Le cancer est donc un de ces événements sur lesquels les récits peuvent se concentrer ; mais est-ce qu’il se limite à être l’objet de la narration, ou assume-t-il une autre fonction, notamment celle d’appel à la narration35 ? Dans L’usage de la photo, Annie Ernaux relate les mots de Marc Marie, son compagnon de l’époque et co-auteur du livre :

Un jour, il m’a dit "Tu n’as eu un cancer que pour l’écrire". J’ai senti que, en un sens, il avait raison, mais jusqu’ici, je ne pouvais pas m’y résoudre. C’est seulement en commençant à écrire sur ces photos que j’ai pu le faire. Comme si l’écriture des photos autorisait celle du cancer. Qu’il y avait un lien entre les deux36.

24L’usage de la photo est composé par 14 photos prises par Annie Ernaux et Marc Marie, 14 photos qui montrent le « paysage dévasté d’après l’amour37 ». À partir de ces clichés le couple écrit des textes, chacun de façon indépendante ; leur réunion donne naissance au livre. « Je me demande pourquoi l’idée de le photographier [le paysage dévasté d’après l’amour] ne m’est pas venue plus tôt. Ni pourquoi je n’ai jamais proposé cela à aucun homme38 » se demande Annie Ernaux, avant de faire une hypothèse : « Peut-être aussi ne pouvais-je le faire qu’avec cet homme-là et qu’à cette période de ma vie39 ». La période à laquelle l’écrivaine fait allusion est celle correspondant aux traitements pour son cancer du sein. Ainsi, les photos sont le moyen de raconter la relation entre Ernaux et Marie, mais aussi « "l’autre scène", celle où se jouait dans [son] corps, absent des clichés, le combat flou, stupéfiant [...] entre la vie et la mort40 ».

25Il est possible d’établir un rapport entre le projet d’écriture et l’annonce de la maladie dans les récits d’autres écrivains. Tiziano Terzani, par exemple, déclare son diagnostic de cancer dès les premiers paragraphes de Un altro giro di giostra et il consacre la première partie du livre aux traitements qu’il suit à New York. Terzani, après avoir longuement vécu en Asie, attendait l’occasion de redécouvrir l’Occident et son cancer est pour lui cette occasion41.

26De même, pour Manuela Wyler, la découverte de la maladie coïncide avec le début de la narration ; « parce qu’il faut commencer du début42 », elle commence son récit en racontant :

Tout a commencé un jeudi, dans une cour intérieure, derrière la porte qui me séparait du trottoir d’un boulevard parisien. Je sortais d’un cabinet de radiologie, je tenais dans une main les comptes rendus de ma mammographie et de l’échographie de mes deux seins. Je comprenais chaque mot du document, et même si le mot cancer était absent du texte, il se dessinait en gras et clignotait dans ma tête, accompagné du mot danger, écrit en capitales43.

27Nous constatons donc que les écritures des personnes atteintes du cancer sont concentrées sur une période particulière de leur vie, notamment la maladie, mais le cancer est aussi la raison qui mène à l’écriture et le moment de l’annonce correspond au début de la narration.

Conclusions

28Les ouvrages analysés dans cet article peuvent revendiquer l’appartenance à des genres littéraires différents : Un altro giro di giostra de Terzani est un reportage de voyage ; La maladie comme métaphore de Susan Sontag est un essai critique ; L’usage de la photo d’Annie Ernaux et de Marc Marie est un texte hybride, qui mélange photo et écriture… De plus, l’analyse menée dans cet article met en évidence la variété d’écritures personnelles qui traitent du cancer : de l’autobiographie au roman autobiographique, de l’écriture à quatre mains à celle sous pseudonyme.

29Ces différences rendent difficile d’identifier ces ouvrages comme un corpus homogène ; cependant, l’identité entre la maladie de l’auteur et celle du protagoniste se vérifie systématiquement et le terme d’autopathographie, dont nous avons proposé une définition, souligne bien cette identité.

30De plus, en reprenant notre hypothèse initiale, nous constatons que le cancer n’est pas seulement l’objet de ces autopathographies, le fil rouge de la narration. Le cancer est aussi la raison pour laquelle ces textes ont été écrits, une call for stories44 ; ou, pour le dire avec les mots d’Annie Ernaux, « jamais je n’aurais pu prévoir le texte que nous sommes en train d’écrire. C’est bien de la vie qu’il est venu45 ».

Notes de bas de page numériques

1 « En France et en Italie, c’est la règle que les médecins communiquent en cas de cancer leur diagnostic à la famille du malade et non à ce dernier. D’après eux, la vérité serait intolérable pour tout patient », Susan Sontag, La Maladie comme métaphore [1978], trad. Marie-France de Paloméra, Paris, Christian Bourgois Éditeur, 1979, p. 13.

2 Susan Sontag, La Maladie comme métaphore [1978], trad. Marie-France de Paloméra, Paris, Christian Bourgois Éditeur, 1979.

3 Fritz Zorn, Mars [1977], trad. Gilberte Lambrichs, Paris, Gallimard, 1979.

4 Fritz Zorn, Mars, p. 212.

5 Fritz Zorn, Mars, p. 212.

6 Loi n. 2002-303 du 4 Mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé, Art. L. 1111-2, Article 11, Chapitre II.

7 L’Italie a ratifié la Convention pour la protection des Droits de l’Homme et de la dignité de l’être humain à l’égard des applications de la biologie et de la médecine, signée à Oviedo le 4 avril 1997 ; cette Convention consacre le principe que la personne concernée doit donner son consentement éclairé préalablement à toute intervention dans le domaine de la santé et que tout patient a le droit de connaître toute information recueillie sur sa santé.

8 Le terme « autopathographie » est utilisé par Manuela Wyler dans son ouvrage Fuck my Cancer – Autopathographie sans pitié (Paris, Éditions Fayard, 2015) ; il apparaît aussi dans les écrits de Stéphane Grisi (Dans l’intimité des maladies – De Montaigne à Hervé Guibert, Paris, Desclée de Brouwer, 1996, p. 25), de Jeffrey K. Aronson (« Autopathography : the patient’s tale », in British Medical Journal, vol. 321, décembre 2000, p. 1599) et de Sophie Vasset (« Narrating pain in British medicine and fiction », in Sabine Arnaud, Helge Jordheim, (dir.), Le Corps et ses images dans l’Europe du dix-huitième siècle / The Body and Its Images in Eighteenth-century Europe, Paris, Champion, 2012, p. 200) ; cependant, l’usage du terme « autopathographie » reste soumis à l’interprétation de chacun : pour cette raison nous en proposerons une définition.

9 Philippe Lejeune, Le Pacte autobiographique, Paris, Éditions du Seuil, 1975, « Poétique », p. 23-24.

10 Le concept de « patient expert » désigne celui qui, atteint d’une maladie chronique, a développé au fil du temps une connaissance fine de sa maladie et a appris à vivre avec. En premier lieu, le patient est expert de sa propre prise en charge ; en deuxième lieu, il peut partager un vécu et une expérience avec d’autres patients : on parle alors de « patient ressource ». Source : Banque de données en santé publique, www.bdsp.ehesp.fr/.

11 Tiziano Terzani, Un altro giro di giostra – Viaggio nel male e nel bene del nostro tempo, Milano, Longanesi Saggi, 2004, Collection » Il cammeo « .

12 [N.T.]. « Ho deciso di raccontarne la storia [del mio cancro], innanzitutto perché so quanto è incoraggiante l’esperienza di qualcuno che ha fatto già un pezzo di strada per chi si trovasse ora ad affrontarla », Tiziano Terzani, Un altro giro di giostra – Viaggio nel male e nel bene del nostro tempo, p. 24.

13 [N.T.]. « I pezzi dell’io », Tiziano Terzani, Un altro giro di giostra – Viaggio nel male e nel bene del nostro tempo, p. 81.

14 [N.T.]. « Quanti pezzi poteva togliere dal [suo] corpo [il chirurgo] senza che [scomparisse] [anche lui] », Tiziano Terzani, Un altro giro di giostra – Viaggio nel male e nel bene del nostro tempo, p. 81.

15 Jean-Luc Nancy, L’Intrus, Paris, Galilée, 2000, « Lignes fictives ».

16 Jean-Luc Nancy, L’Intrus, p. 27.

17 Jean-Luc Nancy, L’Intrus, p. 31.

18 Jean-Luc Nancy, L’Intrus, p. 47.

19 Giacomo Cardaci, La formula chimica del dolore, Milan, Arnoldo Mondadori Editore, 2010, « Strade blu ».

20 [N.T.]. « Un elefante e cinque ciechi – Una storia sbagliata », in Giacomo Cardaci, La formula chimica del dolore, p. 196.

21 « Pour les tachycardies, se boucher le nez avec les doigts et souffler fort, plus fort que tu peux, Giacomo, ainsi, tu vois ? », [N.T.]. « Per le tachicardie, tapparsi il naso con le dita e soffiare forte, forte, più forte che puoi, Giacomo, così, vedi ? », Giacomo Cardaci, La formula chimica del dolore, p. 196.

22 [N.T.]. « A furia di dialogare e litigare con il mio cancro, gli ho persino dato un nome : Gigetto », Giacomo Cardaci, La formula chimica del dolore, p. 166.

23 [N.T.]. « Gigetto – così [ha] chiamato in seguito il [suo] tumore, per esorcizzarlo – [gli] stava lanciando da ormai un anno », Giacomo Cardaci, La formula chimica del dolore, p. 195.

24 [N.T.]. « La scelta di non usare il mio nome, ma di utilizzare un alter ego, Filippo, è imputabile alla mia fragilità come autore, è un filtro per non dare l’idea di parlare di me.Il libro è in gran parte autobiografico, ma vi è comunque una parte d’invenzione ». Interview de Giacomo Cardaci, in Silvia Rossi, Écrire le cancer – L’entrée en littérature de l’autopathographie : le cas italien, thèse de doctorat, Université Paris Ouest-Nanterre-La Défense, 2016, p. 368.

25 Fuckmycancer.fr/.

26 Manuela Wyler, Fuck my Cancer – Autopathographie sans pitié, Paris, Éditions Fayard, 2015.

27 Annastaccatolisa1.wordpress.com/.

28 Anna Lisa Russo, Toglietemi tutto ma non il sorriso, Milan, Arnoldo Mondadori Editore, 2012, « Strade blu ».

29 En 2010 Pietro Calabrese publie L’Albero dei mille anni (Milan, Rizzoli). Calabrese raconte son expérience de maladie à la première personne et il rend hommage à « son ami Gino » et à ses lecteurs en intégrant dans le livre son expérience d’écriture « en direct ».

30 [N.T.]. « All’esterno io ero diventato Gino, e lui diventa me », Pietro Calabrese, L’Albero dei mille anni, p. 70.

31 Tahar Ben Jelloun, L’Ablation, Paris, Éditions Gallimard, 2014, « Folio ».

32 Philippe Lejeune, Le Pacte autobiographique, Paris, Éditions du Seuil, 1975, « Poétique », p. 23-24.

33 Françoise Simonet-Tenant, Le Propre de l’écriture de soi, Paris, Téraèdre, 2007, « Passage aux Actes », p. 21.

34 Françoise Simonet-Tenant, Le Propre de l’écriture de soi, p. 21.

35 « Illness as a Call for Stories », Arthur W. Frank, The Wounded Storyteller – Body, Illness, and Ethics [1995], Chicago, University of Chicago Press, 2013, p. 53.

36 Annie Ernaux, L’usage de la photo, Paris, Éditions Gallimard, 2005, « Folio », p. 76.

37 Annie Ernaux, L’usage de la photo, p. 32.

38 Annie Ernaux, L’usage de la photo, p. 32.

39 Annie Ernaux, L’usage de la photo, p. 32.

40 Annie Ernaux, L’usage de la photo, p. 16.

41 « Après la sortie de Un devin m’a dit, à qui me demandait quel livre je voulais maintenant écrire, je répondais que les livres sont comme les enfants, il faut déjà être enceinte pour penser à accoucher et que, si l’occasion se présentait, après beaucoup d’années en Extrême-Orient, j’aurais bien aimé faire un grand voyage de redécouverte de l’Occident le plus extrême : les États-Unis », [N.T.]. « Dopo l’uscita di Un indovino mi disse, a chi mi chiedeva che libro volessi ora scrivere rispondevo che i libri sono come i figli, che bisogna almeno essere incinta per pensare di farli e che volentieri, se mi capitava l’occasione, dopo tanti anni in Estremo Oriente mi sarebbe piaciuto fare un gran viaggio di riscoperta nell’Occidente più estremo : gli Stati Uniti », Tiziano Terzani, Un altro giro di giostra – Viaggio nel male e nel bene del nostro tempo, Milano, Longanesi Saggi, 2004, Collection » Il cammeo « , p. 12.

42 Manuela Wyler, Fuck my Cancer – Autopathographie sans pitié, Paris, Éditions Fayard, 2015, p. 9.

43 Manuela Wyler, Fuck my Cancer – Autopathographie sans pitié, p. 9.

44 Arthur W. Frank, The Wounded Storyteller – Body, Illness, and Ethics [1995], Chicago, University of Chicago Press, 2013, p. 53.

45 Annie Ernaux, L’usage de la photo, Paris, Éditions Gallimard, 2005, « Folio », p. 76.

Bibliographie

La bibliographie présente, dans l’ordre, les œuvres littéraires et les témoignages de maladie cités ; dans la seconde section se trouvent les ouvrages critiques.

Œuvres littéraires et les témoignages de maladie

BEN JELLOUN Tahar, L’Ablation, Paris, Gallimard, 2014, « Folio ».

CALABRESE Pietro, L’Albero dei mille anni, Milan, Rizzoli, 2010.

CARDACI Giacomo, La formula chimica del dolore, Milan, Arnoldo Mondadori Editore, 2010, « Strade blu ».

ERNAUX Annie, L’usage de la photo, Paris, Gallimard, 2005, « Folio ».

ERNAUX Annie, Écrire la vie, Paris, Éditions France Loisirs, 2011.

NANCY Jean-Luc, L’Intrus, Paris, Galilée, 2000, « Lignes fictives ».

RUSSO Anna Lisa, Toglietemi tutto ma non il sorriso, Milan, Arnoldo Mondadori Editore, 2012, « Strade blu ».

SONTAG Susan, La maladie comme métaphore [1978], trad. Marie-France de Paloméra, Paris, Christian Bourgois Éditeur, 1979.

TERZANI Tiziano, Un altro giro di giostra – Viaggio nel male e nel bene del nostro tempo, Milano, Longanesi Saggi, 2004, Collection » Il cammeo « .

WYLER Manuela, Fuck my Cancer – Autopathographie sans pitié, Paris, Fayard, 2015.

ZORN Fritz, Mars [1977], trad. Gilberte Lambrichs, Paris, Gallimard, 1979.

Ouvrages critiques

ARONSON Jeffrey K., « Autopathography : the patient’s tale », British Medical Journal, n. 321, décembre 2000, pp. 1599-1602.

FRANK Arthur W., The Wounded Storyteller – Body, Illness, and Ethics [1995], Chicago, University of Chicago Press, 2013.

GRISI Stéphane, Dans l’intimité des maladies – De Montaigne à Hervé Guibert, Paris, Desclée de Brouwer, 1996, « Épi-intelligence du corps ».

LEJEUNE Philippe, Le Pacte autobiographique, Paris, Seuil, 1975, « Poétique ».

LEJEUNE Philippe, Les brouillons de soi, Paris, Seuil, 1998, « Poétique ».

SIMONET-TENANT Françoise, Le propre de l’écriture de soi, Paris, Téraèdre, 2007, « Passage aux Actes ».

STAROBINSKI Jean, « Le style de l’autobiographie », in Poétique – Revue de théorie et d’analyse littéraires, n. 3, 1970, p. 77-94.

Pour citer cet article

Silvia Rossi, « Les autopathographies de personnes atteintes du cancer en France et en Italie », paru dans Loxias, 54, mis en ligne le 16 septembre 2016, URL : http://revel.unice.fr/loxias/index.html/lodel/docannexe/file/7601/%20http:/www.cnrtl.fr/definition/index.html?id=8481.


Auteurs

Silvia Rossi

Silvia Rossi est docteure en Études Italiennes et elle a soutenu en 2016 sa thèse Écrire le cancer – L’entrée en littérature de l’autopathographie : le cas italien sous la direction de Christophe Mileschi, à l’Université Paris Ouest-Nanterre-La Défense. Elle a participé à plusieurs manifestations scientifiques dans le domaine de la littérature et des sciences sociales et elle travaille pour l’association Cancer Contribution où elle développe, entre autres, des projets de médecine narrative au service de la démocratie en santé.