Dimension motrice de la perception visuelle d’objets

Carole Celse-Giot

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Résumé :
International audience
L’évolution des recherches en sciences cognitives conduit à accorder une importance croissante aux mécanismes moteurs dans la formation et l’organisation des connaissances. Par exemple, le rôle de la motricité est mis en évidence lors de différentes activités perceptives comme des tâches de rotation mentale, de jugement ou encore de catégorisation. Néanmoins, si l’idée d’une dimension motrice de la connaissance semble partagée par un grand nombre de chercheurs, celle-ci est appréhendée de manière différente selon les prises de position théorique. Deux courants de pensée se distinguent entre lesquels s’interposent des conceptions intermédiaires : les approches cognitivistes classiques et l’approche énactive. D’après les approches classiques le rôle de la motricité est limité à la sortie motrice qui permet l’exécution de l’action. Dans ce cadre, la motricité peut jouer un rôle de régulateur dans l’organisation des connaissances et dans certains mécanismes comme la rotation d’images mentales. A l’inverse selon l’énaction, toute unité de connaissance est liée à une simulation comportementale, c'est-à-dire que la connaissance d’un objet repose sur la connaissance de ses propres actions sur ce même objet. Ainsi l’organisation des connaissances émerge d’une simulation gestuelle, par exemple l’image mentale visuelle d’un objet est engendrée par le déroulement intériorisé d’un comportement oculaire sur l’objet. Premièrement, de cette approche, nous retenons la dimension gestuelle qui sous-tend la perception de l’espace et des objets qui le composent. L’idée générale est que notre capacité à se représenter cet espace est tributaire de nos capacités de déplacement. Deuxièmement, nous avons considéré les liens existant entre la perception visuelle et la motricité manuelle qui ont été étudiés depuis une quinzaine d’années et ont montré des effets d’amorçage visuomoteur (e.g., Craighero & al., 1998, 1999 ; Tucker & Ellis, 1998, 2004). Ces effets d’amorçage peuvent être succinctement définis comme l’anticipation mentale d’un geste d’atteinte et de saisie d’un objet déclenchée par la perception visuelle de ce même objet.Dans la lignée de ces travaux, certaines études expérimentales issues de notre travail de thèse suggèrent qu’un jugement perceptif peut s’accompagner d’une anticipation mentale du geste qui permettrait de saisir cet objet (Celse & al., 2006). Nous avons proposé à des participants droitiers une tâche de reconnaissance de poignées de porte saisissables par la main droite et par la main gauche. Ces stimuli étaient présentés de façon plus ou moins inclinées et les participants devaient déterminer si le stimulus visuel était une poignée droite ou une poignée gauche. Principalement nos résultats montrent que les poignées saisissables droites sont reconnues plus vite que des poignées saisissables par la main gauche. Ils suggèrent que la simulation mentale du geste d’atteinte de la main préférentielle est plus rapide que la simulation de ce même geste par la main non préférentielle. De plus nos résultats montrent que le recours à cette anticipation gestuelle peut être lié à la préférence manuelle.
Date de publication : 2008-10-09
Type de document : Communication dans un congrès
Affiliation : Laboratoire de psychologie cognitive et sociale (LPCS) ; Université Nice Sophia Antipolis (... - 2019) (UNS) ; COMUE Université Côte d'Azur (2015-2019) (COMUE UCA)-COMUE Université Côte d'Azur (2015-2019) (COMUE UCA)

Citer ce document

Carole Celse-Giot, « Dimension motrice de la perception visuelle d’objets », Corps et savoir, 2008-10-09. URL : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03441066