Odile Gannier :
Retour au « pays-temps » de Grannie
(Louis-Philippe Dalembert, Le crayon du bon Dieu n’a pas de gomme, L’Autre Face de la mer, Les dieux voyagent la nuit)
Résumé
L’œuvre de Louis-Philippe Dalembert est pour une grande part narratologiquement orientée vers la réactivation d’un « pays-temps » (Les dieux voyagent la nuit, 29) qui donne vie à un lieu en partie réel, en partie fictionnel, Port-aux-Crasses ou Salbounda (alternant dans Le Songe d’une photo d’enfance), hanté par la présence de la grand-mère. Ce n’est pas pour autant toujours le lieu de l’enfance puisqu’il s’agit, pour le narrateur, d’y retrouver son être propre dans un autre contexte. Comme pour l’enfant dans Le crayon du bon Dieu n’a pas de gomme, l’histoire est dans le rétroviseur – comme un souvenir est derrière soi, sans doute ; mais seule l’attention que l’on y porte permet de continuer à se conduire dans le présent et aller de l’avant. Grannie est restée sur place (le narrateur lui tient compagnie jusqu’à la fin dans L’Autre Face de la mer), elle fait toujours partie de l’univers du narrateur dans Les dieux voyagent la nuit et ce n’est qu’en la ressuscitant que le héros peut expliquer sa personnalité présente. Les récits ne sont donc pas des souvenirs d’enfance, au sens d’un passé révolu, mais l’enrichissement de la personne des multiples histoires qui le composent.
Odile Gannier, « Retour au « pays-temps » de Grannie
(Louis-Philippe Dalembert, Le crayon du bon Dieu n’a pas de gomme, L’Autre Face de la mer, Les dieux voyagent la nuit) », paru dans Loxias-Colloques, 9. Entre Haïti et ailleurs. Louis-Philippe Dalembert, Retour au « pays-temps » de Grannie
(Louis-Philippe Dalembert, Le crayon du bon Dieu n’a pas de gomme, L’Autre Face de la mer, Les dieux voyagent la nuit), mis en ligne le 20 janvier 2018, URL : http://revel.unice.fr/symposia/actel/index.html?id=1022.
Auteurs
Odile Gannier
Professeur de littérature comparée à l’Université Nice Sophia Antipolis, membre du Centre Transdisciplinaire d’Épistémologie de la Littérature et des arts vivants. Après avoir enseigné le FLE à l’Institut français de Port-au-Prince, elle a fait sa thèse sur les Indiens des Caraïbes (Les Derniers Indiens des Caraïbes, Ibis Rouge, 2003) ; elle poursuit ses recherches sur les littératures insulaires (antillaise et tout particulièrement haïtienne), les littératures des marginalités, ainsi que sur la littérature de voyage.
Université Côte d’Azur, CTEL