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Denis Bussard  : 

Catalogue de l’exposition : deuxième partie

Amis et soutiens de Romain Rolland

Plan

Texte intégral

Paul Seippel

8. Lettre aut. de Romain Rolland à Paul Seippel, [Vevey], 17 août 1914.

Première lettre après la déclaration de guerre.
Fonds Paul Seippel, RR-PS/95, 1 f. A4 r°-v°.

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9. Lettre aut. de Romain Rolland à Paul Seippel, [Genève], 19 mars [1915].

Fonds Paul Seippel, RR-PS/136, 1 f. A4, r°.

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10. Lettre aut. de Romain Rolland à Paul Seippel, [Thun], 2 août 1915.

Fonds Paul Seippel, RR-PS/145, 1 f. A4, r°-v°.

Je crois plus fermement que jamais en tout ce que j’ai écrit, depuis un an. Mais je l’ai assez écrit pour le petit troupeau (les autres ne veulent pas entendre)1, silencieux, – trop silencieux, comme vous dites, – qui attend toujours qu’un autre parle pour lui. Eh bien, je veux voir à présent si mon silence le fera parler, à son tour !
Et puis, il faut que je revienne à l’art, pour un temps. On permet bien aux poilus, après 12 mois de tranchées, de retrouver leurs femmes !
– J’ai passé une quinzaine entre Château d’Oex et Gstaad. Je suis revenu aux bords de cette Aar, qui m’est indiciblement chère. Vous ne pouvez savoir tout ce que ces pays évoquent pour moi de profonds, de multiples souvenirs heureux et douloureux. Il y en a de deux ou trois de mes vies. Je me promène, entouré de fantômes aimés ; et je saurais à peine dire ceux qui ont existé et ceux que j’ai rêvés. – J’aime les arbres et l’eau…

11. Lettre aut. de Romain Rolland à Paul Seippel, s.l., 9 mars 1918.

À propos de la Révolution russe.
Fonds Paul Seippel, RR-PS/251, 1 f. A4, r°-v° et 1 f. A5, r°-v° intitulé « 
Note ajoutée à la lettre »

Je vous remercie de votre lettre, qui ne m’a en rien déplu. Mais je ne suis pas sûr que nous pensions de même à l’égard de la Révolution. Ses violences me sont aussi odieuses que celles de la guerre. Mais elles sont une conséquence fatale de celles de la guerre. Si vous voulez éviter la Révolution, combattez la guerre. Il n’y a pas d’autre moyen ; et si vous vous y refusez, vous n’avez aucun droit de réprouver l’enchaînement logique d’erreurs, que vous n’attaquez pas à la racine.

Hermann Hesse

12. Lettre aut. de Romain Rolland à Hermann Hesse, [Genève], 26 février [1915].

Premier échange, suite aux articles de Hesse dans la NZZ, dont « O Freunde, nicht diese Töne ! ».
Fonds Hermann Hesse, Ms-L-83, 1 f. 22 x 13.5, r°-v°.
Publ. : D’une rive à l’autre. Hermann Hesse et Romain Rolland. Correspondance et fragments du Journal, Paris, Éditions Albin Michel, 1972, coll. Cahiers Romain Rolland, n° 21, p. 18.

On me communique votre article dans la Neue Zürcher Zeitung du 18 février. Je vous serre la main cordialement. Il y a déjà longtemps que je voulais le faire, – depuis que j’ai lu vos livres, et particulièrement, depuis que je vous ai entendu, au milieu de cette tourmente, redire les mots qui dissipent les nuées de la haine, les mots de Beethoven délivré.

13. Lettre aut. de Romain Rolland à Hermann Hesse, [Thun], 17 août 1915.

Fonds Hermann Hesse, Ms-L-83, 1 f. A4, r°.
Publ. :
D’une rive à l’autre. Hermann Hesse et Romain Rolland. Correspondance et fragments du Journal, Paris, Éditions Albin Michel, 1972, coll. Cahiers Romain Rolland, n° 21, p. 30.

J’ai été heureux de la soirée passée avec vous. Vous êtes, bien plus que moi, enraciné au sol, comme l’arbre protecteur qui est à votre seuil. Vous y avez votre maison, votre famille. Je suis un oiseau errant, dont on a détruit le nid. Mais je compte, de loin en loin, au cours de mes pérégrinations, faire une petite visite à votre home hospitalier.

Carl Spitteler

14. Carte aut. de Romain Rolland à Carl Spitteler, s.l., 23 septembre 1915.

Quatrième lettre, suite à leur rencontre à Lucerne, à propos de l’œuvre de Spitteler.
Fonds Carl Spitteler, 1 f. 15 x 9.5, r°-v°.

J’ai bien souvent pensé à vous, depuis que je vous ai vu. Je ne puis vous dire ce que vos œuvres ont été pour moi, dans ce dernier trimestre, – et surtout les deux grandes : Olympischer Frühling et Prometheus. J’y ai renouvelé ma force, puisé une joie puissante, largement respiré, rêvé, contemplé, jubilé, comme au cours d’une longue marche, entrecoupée de haltes, sur une haute montagne. Je continuais d’y penser, même en pensant à autre chose. Je me propose d’en parler, si je m’en sens capable, dans une étude un Essai pour une revue ou un journal de Suisse romande. Il est honteux que la Suisse française et la France ne vous connaissent pas mieux. La célébrité que vous a faite chez elles votre discours de Zürich me rappelle la popularité que notre vieil ami Beethoven conquit en Allemagne, non par ses symphonies, mais par sa Bataille de Wellington

15. Lettre aut. de Romain Rolland à Carl Spitteler, [Genève], 25 octobre 1915.

Cinquième lettre, au retour de Spitteler de Genève, où il participa à un banquet donné en son honneur.
Fonds Carl Spitteler, 1 f. A4, r°-v°.

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Jean Debrit et Jules Humbert-Droz

16. Lettre dact. de Jean Debrit à Romain Rolland, Genève, 29 octobre 1914.

Coll. Romain Rolland, B-2-DEB, 2 ff. A4, r°.

Vous n’êtes peut-être pas sans avoir lu ou avoir entendu parler de la "Guerre mondiale", connue surtout pour les graphiques quotidiens qu’elle donne de la guerre. Mais notre journal a eu une ambition plus haute. Frappé du danger que court la Suisse et sa mission de paix dans le monde devant les axcès de langage que les Confédérés germains et latins se permettent les uns à l’égard des autres au nom de leurs sympathies internationales d’ailleurs des plus légitimes, j’ai entrepris d’insister auprès de mes concitoyens, sans me lasser, sur les raisons qu’ils ont de rester unis, pour le plus grand bien, non seulement d’eux-mêmes, mais aussi des belligérants, qu’il faudra tenter de réconcilier après, et à qui l’exemple d’une Suisse demeurée une malgré ses races "ennemies" pourrait peut-être servir de guide dans la voie future.
Cette voie, il suffit de lire l’un de vos admirables articles pour comprendre qu’elle est aussi la vôtre. Nul n’a parlé, en ces temps d’abaissement général des esprits et des cœurs, avec plus d’éloquence, avec une émotion plus profonde et plus convaincante, le langage de l’éternelle justice, des fraternités de demain. C’est pourquoi je me suis cru autorisé – la communauté d’aspirations n’est-elle pas le sauf-conduit par excellence ? – à parvenir jusqu’à vous pour vous demander de nous prêter le plus souvent possible, une fois par semaine au moins si la chose vous paraît faisable, le secours de votre voix si justement admirée, aimée, et obéie.
J’ose à peine, Monsieur, vous parler des conditions. J’ignore celles qu’a pu vous faire le "Journal de Genève". Pour nous, le maximum rédactionnel a été jusqu’ici de 20 fr par article.

17. Lettre aut. de Jules Humbert-Droz à Romain Rolland, La Chaux-de-Fonds, 7 mars 1917

Coll. Romain Rolland, B-2-HUM, 1 f. A4, r°.

Plusieurs camarades de Suisse romande aimeraient <voir> votre article "aux peuples assassinés" publié à part, en brochure, que nous puissions répandre dans le grand public.
Les camarades des "Tablettes" espéraient réaliser ce dessein. Ils ne le peuvent maintenant et le Comité central de la jeunesse socialiste a repris leur idée.
Nous donnez vous l’autorisation de publier cet article dans notre petite bibliothèque des jeunesses socialistes ? Ce serait le n° 2. (le n° 1. est ma plaidoirie) Nous pourrions l’éditer à 10’000 exemplaires et fixer le prix de vente à 5 centimes. Les jeunesses se chargeraient de colporter cette brochure.

 

Notes de bas de page numériques

1 « (les autres ne veulent pas entendre) » : ajout supérieur.

Pour citer cet article

Denis Bussard, « Amis et soutiens de Romain Rolland », paru dans Loxias-Colloques, 8. Ecrire en Suisse pendant la grande Guerre, Catalogue de l'exposition, Amis et soutiens de Romain Rolland, mis en ligne le 23 août 2017, URL : http://revel.unice.fr/symposia/actel/index.html?id=979.

Auteurs

Denis Bussard

Études de Lettres à l’Université de Lausanne puis archiviste aux Archives littéraires suisses (Bibliothèque nationale, Berne) depuis 2011. Responsable de la Collection Romain Rolland, de la Collection Edmond Bille et des fonds d’archives de Paul Seippel, de Gonzague de Reynold, de Jacques Chessex et des Éditions Bertil Galland. Il est notamment l’auteur de « Pierre Jean Jouve et Marc Eigeldinger. Une amitié de circonstances ? » (Quarto, 2014).