Loxias-Colloques |  6. Sociétés et académies savantes. Voyages et voyageurs, exploration et explorateurs, 1600-1900 

Marie-Christine Bot-Cabanes  : 

Les récits de voyage et d’exploration dans les Annales maritimes et coloniales 

Résumé

Le propos de cet article est d’étudier l’importance, les caractéristiques et la fonction des récits de voyages et d’explorations dans les Annales maritimes et coloniales, publiées à partir de 1816. Les Annales accordent une large place aux textes et récits relatifs aux voyages et expéditions maritimes : cette publication innovante, à visée encyclopédique, remplit une fonction utilitaire dans un contexte professionnel, tout en servant les intérêts de la Marine. Les auteurs des écrits relatifs aux expéditions sont principalement des officiers de la Marine Royale ou du service de Santé, des capitaines au long cours et des savants. La grande variété de textes publiés sur les voyages révèle la très forte sociabilité qui unit les marins et les membres des sociétés et académies savantes, à une époque où les marins ont un rôle déterminant dans la collecte, l’analyse et la transmission des observations effectuées lors des explorations. Les textes publiés occupent dès lors une place singulière parmi les publications relatives aux voyages.

Abstract

This article aims to study the importance, the main characteristics and the functions of the travel narratives and exploration accounts, written in the Annales maritimes and coloniales, whose publication began in 1816. The Annales gave an extensive consideration to the documents and accounts dealing with travels and maritime expeditions : this innovative kind of publication, with an encyclopaedic purpose, fulfilled a utilitarian function in a professional context, while serving the interests of the French royal Navy. The authors of the documents related to expeditions were mainly officers belonging to the French royal Navy, or to the Army Health Service, or master mariners or scientists. The great variety of publications dealing with travels reveals the development of the networks of friendship which connected mariners and members of scientific societies or academies, during an era when mariners played a decisive role in collecting, analyzing and sharing observations made during the explorations. Thus, their publications played a singular role among travel accounts.

Index

Mots-clés : académies et sociétés savantes , Annales maritimes et coloniales, circumnavigation, colonies, explorateurs, explorations, Louis-Marie Bajot, Marine, navigateurs, officiers, voyages

Géographique : Afrique , Asie, Océan Arctique, Océan Atlantique, Océan indien, Océan Pacifique, Océanie

Chronologique : XIXe siècle

Plan

Texte intégral

Présentation générale des Annales maritimes et coloniales

Publiées à partir de 1816, les Annales maritimes et coloniales constituent une publication mensuelle du Ministère de la Marine et des Colonies, comme l’indique leur titre, et plus précisément du Dépôt des cartes et plans et de Louis-Marie Bajot, leur éditeur et rédacteur, lui-même employé du Dépôt général de la Marine. Elles rassemblent une somme considérable de données relatives à la Marine, aux marins et aux officiers, aux navires et à la politique navale au XIXe siècle. Elles se décomposent en deux sous-ensembles, qui paraissent entre janvier 1816 et décembre 1847.

La première partie, intitulée « Lois et ordonnances », constitue une forme de bulletin officiel de la Marine1. Elle comporte les « lois et ordonnances royales, règlements et décisions ministérielles » et se compose chaque année d’un volume in-octavo, doublé en 1827 et 1830. Nous nous intéresserons plus particulièrement à la seconde partie, intitulée « Lettres, sciences et arts », dite partie « non-officielle » de la revue, qui se décompose elle-même en deux sous-parties, l’une relative aux « Sciences et aux arts », l’autre formant une sorte de revue coloniale2. Elle comporte 68 volumes, de 400 pages à un millier de pages chacun. Ces deux sous-ensembles rassemblent nombre d’articles relatifs à la navigation, aux navires eux-mêmes et à l’évolution de la construction navale, ainsi qu’au commerce, aux voyages d’explorations, à la botanique, la géologie, la pêche, la science physique, l’histoire des colonies françaises ou des régions explorées par les Français. Les Annales maritimes et coloniales furent interrompues en 1847 et trois revues leur succédèrent : le Bulletin officiel de la Marine, la Revue maritime et coloniale3 et les Annales hydrographiques.

Après avoir cherché à définir l’importance des voyages dans les Annales maritimes et coloniales, nous nous efforcerons de préciser le contexte dans lequel elles paraissent, leurs particularités et leurs rapports avec des publications relatives au même sujet au XIXe siècle. L’importance des officiers et la présence de représentants des académies et sociétés savantes parmi les contributeurs nous conduiront à nous intéresser aux rapports entretenus par la Marine avec ces institutions.

Place et importance des récits de voyage et d’exploration dans les Annales

I. Les objectifs des Annales font des voyages et des explorations un thème central de cette publication

Les voyages et explorations constituent un des principaux sujets des études publiées dans les Annales maritimes et coloniales qui consacrent, dans chaque volume de la partie « Sciences et Arts », une section aux « Voyages de découvertes et expéditions lointaines ». Chaque année, les volumes rassemblent, en moyenne, une quinzaine d’articles ou de récits relatifs à des expéditions et des voyages lointains, le nombre de publications relevant de cette rubrique variant entre 4 et 25 récits selon les différents volumes. Ce n’est pas la thématique exclusive des Annales qui comportent d’autres sections, consacrées aux « questions hydrographiques », aux « constructions navales et aux arts qui leur sont relatifs », aux « sciences, arts et découvertes utiles à la Marine », ainsi qu’à « l’histoire naturelle, à l’hygiène navale et à la médecine coloniale », aux « aspects législatifs et administratifs », à la « littérature navale », sans parler des « notices biographiques et nécrologiques » et des récits se rapportant aux marines étrangères. Néanmoins, dès le lancement de la publication en 1816, Louis-Marie Bajot, éditeur et rédacteur des Annales, fait de l’étude des « longs voyages où l’on va reconnaître les limites de la Terre4 », un des deux points centraux de son entreprise, au-delà de l’étude des sciences exactes et des arts d’application.

Ce dessein est rappelé à de nombreuses reprises par Louis-Marie Bajot qui consacre plusieurs réflexions à ce thème central dans les préfaces des Annales. Ainsi, en 1819, comme en 1827, la préface est dédiée aux « voyages et découvertes anciennes et modernes dues à la navigation », vantant à la fois l’intérêt que leur lecture suscite auprès du public et les connaissances qu’elle procure. Preuve de son intérêt personnel pour cette question, Bajot rédige lui-même, dans ce même volume, un tableau chronologique des principaux voyages et découvertes depuis l’an 2000 avant J.C. jusqu’au commencement du XVIIIe siècle, bientôt suivi, en 1827, par le mémoire que le Chevalier de Fréminville5 consacre aux grands découvreurs du XVIIIe siècle. Ainsi, selon Louis-Marie Bajot, le lecteur « aura donc désormais dans son entier l’abrégé historique de toutes les grandes navigations et des principales découvertes qui en ont été le résultat6. » En 1826, ces initiatives sont saluées par le Comte de Chabrol, Ministre de la Marine et des Colonies, qui voit dans la lecture des récits de voyage un des principaux centres d’intérêt de la revue : « cet ouvrage offre l’agrément mêlé à l’instruction, dans les relations des voyages de découverte et d’expéditions lointaines, dans la description des mœurs et des usages de peuples encore non connus7. »

II. Un contexte favorable aux expéditions

L’importance des récits de voyage et d’exploration dans les Annales peut s’expliquer par le souhait du Ministre de la Marine et des colonies de disposer d’un organe de communication sur les opérations navales et les voyages d’exploration. Le contexte est en effet résolument favorable à la reprise des grandes campagnes d’exploration scientifique menées au XVIIIe siècle. Lorsque prennent fin, en 1815, les grandes guerres qui avaient ravagé l’Europe jusqu’alors, de nouvelles possibilités apparaissent et les voyages scientifiques peuvent prendre un nouvel essor8. Plusieurs circumnavigations seront, par exemple, entreprises à partir de 1816 : Freycinet, sur l’Uranie (1817-1820), Duperrey, sur la Coquille (1822-1823), Bougainville fils sur la Thétis (1824-1826) Dumont d’Urville, à bord de l’Astrolabe (1826-1829 et 1837-1840), en seront, notamment les artisans9. Le rédacteur des Annales atteste ce regain d’activité, en 1816 :

Pendant la funeste époque que notre époque vient de traverser, […] on travaillait pour assurer sa subsistance, et non pour se faire un nom et pour être utile à sa patrie. Maintenant, tout est changé, le Roi nous a réconciliés avec l’Univers, tous les ports nous accueillent et nous désirent ; nos vaisseaux parcourent le globe, sillonnent toutes les mers et ne rencontrent partout que des vaisseaux amis et le génie du commerce, que la paix a ramené sur nos bords, va nous aider à réparer les maux que la guerre et le despotisme nous ont causés. […] Toutes les puissances maritimes verront sans doute avec satisfaction ces voyages pacifiques qui ne blessent les intérêts d’aucune10.

III. Le succès indéniable des récits de voyage

1. La reprise d’un vaste projet encyclopédique

De nouveaux défis attendent donc les auteurs de récits de voyage à cette époque. Au début du XIXe siècle, les grandes lignes de la configuration du monde sont connues, mais il reste à parfaire la connaissance de nombreux aspects, dans de nombreux domaines. Il importe donc, pour parvenir à une compréhension globale du monde, de pouvoir recueillir, centraliser, synthétiser et commenter les nouvelles connaissances. Il s’agit de relancer un vaste projet encyclopédique. La publication des récits de voyage sous la forme d’annales s’inscrit parfaitement dans cette perspective : cette forme permet d’inventorier les savoirs et de rendre compte, avec régularité, des progrès accomplis, tout en esquissant les contours des connaissances qui restent à acquérir ou à approfondir. Ce n’est pas un hasard si les premières éditions des Annales sont marquées par la publication des synthèses des voyages passés, l’éditeur donnant ensuite la parole aux marins de son temps, soucieux de faire connaître leurs découvertes.

Dès le lancement des Annales maritimes et coloniales, le souhait de diffuser les connaissances et le souci d’exhaustivité placent ce dessein encyclopédique au cœur du projet annalistique. Les termes employés dans la préface de la première édition des Annales en 1816 ne sont pas sans rappeler le projet de l’ouvrage de D’Alembert et Diderot, tel que Condorcet le définissait dans son éloge de D’Alembert : il se proposait de

réunir dans un dictionnaire tout ce qui avait été découvert dans les sciences, ce qu’on avait pu connaître des productions du globe, les détails des arts que les hommes [avaient] inventés, les principes de la morale, ceux de la politique et de la législation, les lois qui gouvernent les sociétés, la métaphysique des langues et les règles de grammaire, l’analyse de nos facultés et jusqu’à l’histoire de nos opinions11.

Dès 1816, Bajot, éditeur des Annales, se présente en effet comme le dépositaire des communications relatives aux voyages en faisant des Annales « un vaste entrepôt où les hommes instruits et studieux de tous les pays pourront déposer le fruit de leurs observations, de leurs études et de leurs talents12. » La vocation de la publication, selon le comte de Chabrol en 1826, sera donc d’apparaître comme « une statistique annuelle du globe, à laquelle travaille sans cesse les hommes instruits, attachés aux diverses branches du service naval13. »

La vocation des Annales dépasse cependant le simple archivage des observations des savants et des marins. Elles ont pour objectif de devenir l’un des vecteurs de la diffusion de l’information recueillie par les voyageurs et destinée aux marins. Reprenant à son compte les propos du géographe danois Konrad Malte-Brun en 1807, Bajot souhaite que ses Annales deviennent un « centre de communications » pour les voyageurs afin qu’ils puissent

consigner en commun des travaux qui tendent au même but, discuter les difficultés qui les arrêtent, faire un échange de lettres et de découvertes, et, surtout, répandre de plus en plus le goût de ces connaissances, en offrant aux gens du monde une variété agréable de ces petits morceaux où l’instruction se cache sous les traits d’un tableau neuf et piquant14.

2. La publication des récits de voyage et d’exploration n’est pas l’apanage des Annales maritimes et coloniales au XIXe siècle

Si le XVIIIe siècle est souvent considéré comme l’âge d’or des récits de voyage, composés à la suite des circumnavigations de marins d’exception, le XIXe siècle est marqué par la production d’un très grand nombre de publications qui connaissent un succès croissant. La parution des récits de voyage et d’exploration n’est pas l’apanage des Annales maritimes et coloniales au XIXe siècle. L’examen du catalogue de la Bibliothèque nationale de France révèle, un siècle, entre 1800 et 1900, la publication de quelque 7993 ouvrages relatifs à des voyages, qu’il s’agisse de rapports scientifiques, de synthèses ou de revues consacrées aux récits de voyage15. 6113 récits de voyage auraient ainsi été publiés entre 1800 et 1899, contre 1683 avant 180016. En 1842, la littérature de voyage représente 14% de l’ensemble des publications, les années 1820-1840 ayant été marquées par une hausse considérable des parutions.

Quelles sont les caractéristiques de ces publications et dans quel paysage « littéraire » ou éditorial les récits de voyage des Annales s’inscrivent-ils ?

a. Les grandes synthèses

Le XIXe siècle est marqué par la publication de grandes synthèses de l’histoire des voyages et par la parution ou la réédition des récits de voyage des premiers voyageurs et circumnavigateurs. Ainsi, en 1822, Jean-Baptiste Eyriès publie l’Abrégé des voyages modernes17 ; Charles-Athanase Walckenaër, de l’Institut, fait paraître l’Histoire générale des voyages18 et Albert-Montémont la Bibliothèque universelle des voyages19. Les Annales maritimes et coloniales font la promotion de certains de ces travaux auprès de leurs lecteurs. Ces ouvrages encyclopédiques s’inscrivent dans l’esprit des travaux de l’Abbé Prévost qui, de 1746 à 1761, avait publié une Histoire des voyages en seize volumes20, dans laquelle il présentait tous les voyages qui s’étaient déroulés entre les XVe et XVIIIe siècles21. Ils seront poursuivis, notamment, par Jules Verne, en 1878, dans l’Histoire des grands voyages et grands voyageurs qu’il fait paraître chez Hetzel, dans un souci didactique et divertissant.

b. Les publications périodiques scientifiques

À côté de ces sommes, de nombreuses publications périodiques, dans une perspective scientifique et documentaire, font la part belle aux récits de voyage. Ainsi, en 1807, neuf ans avant les Annales maritimes et coloniales, le géographe Malte-Brun entreprend la publication des Annales des voyages, destinées à recueillir l’ensemble des récits contemporains pour mettre à la disposition des géographes et du public les découvertes récentes. Publiées à partir de janvier 1807, elles s’interrompent au début de l’année 1814, après 24 volumes. À partir de 1818 et jusqu’en 1824, Jacques-Thomas Verneur fait éditer le Journal des voyages22, qui rassemble 24 volumes23. Entre novembre 1835 et avril 1836, il relancera le Magasin des voyages et des sciences géographiques au XIXe siècle, présenté comme « un journal d’instruction et d’agrément, offrant le résumé des entreprises, expériences, recherches, découvertes et observations des voyageurs et navigateurs modernes24 ». Peu après la publication de la première édition des Annales maritimes et coloniales, en 1822, le Bulletin de la Société de Géographie de Paris commence à rendre compte des voyages et des découvertes effectuées. Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, L’Année géographique de Vivien de Saint-Martin, historien des explorations et cartographe, entreprendra aussi de rendre compte des découvertes géographiques sous la forme de récits de voyages tandis que Vidal de la Blache et Dubois lanceront en 1891 les Annales de géographie, souhaitant devenir la référence en matière scientifique sur ce sujet.

c. Les périodiques illustrés et la presse grand public

Les Annales maritimes et coloniales s’inscrivent parmi ces publications à vocation didactique et documentaire. À partir des années 1830, elles subissent aussi la concurrence des journaux illustrés qui contribuent également à vulgariser les récits de voyage auprès du grand public, les faisant sortir du cadre des revues savantes, des revues culturelles et des publications institutionnelles pour les populariser. Tirant parti de du pouvoir de l’illustration pour représenter les voyages dans une sorte de scénographie, Édouard Charton, avocat, saint-simonien, est l’artisan majeur de cette évolution. Il fonde successivement le Magasin pittoresque (1833-1912), la revue pittoresque de L’Illustration (1843-1944), Le Tour du monde, nouveau journal des voyages (1860-1914)25, concurrencés, à partir de 1877, par le Journal des aventures de terre et de mer qui contribuera à approcher le récit de voyage et le roman d’aventures26.

IV. La place singulière des Annales dans le monde de la « littérature » de voyage

Ce panorama nous permet de préciser la singularité des objectifs des Annales qui partagent certes, avec ces publications, un même dessein encyclopédique, mais qui s’en distinguent par plusieurs aspects.

La singularité du projet des Annales par rapport à ces publications vient d’abord de ce qu’elles ne se limitent pas à la seule question des voyages : la pluralité des sujets et la recherche de l’exhaustivité font partie des objectifs. Leur éditeur entend en faire une référence incontournable sur l’ensemble des questions maritimes, sans se limiter à une spécialité. Cette ambition peut contribuer à expliquer l’augmentation incessante du nombre de volumes des Annales pendant la période où elles paraissent. En 1829, Louis-Marie Bajot se félicite de l’envergure prise par la revue après 14 ans de travaux : les objectifs initiaux de publication de 28 volumes de 480 pages ont été dépassés, les parutions s’élevant à 39 volumes de 720 pages chacun, en moyenne27. L’ampleur et la spécialisation de certaines sections rendront sans doute inévitable la scission de la revue lors du départ de Louis-Marie Bajot en 1847. En 1845, le directeur du Dépôt demande la publication autonome des données hydrographiques, publiées isolément sous le titre d’Annales hydrographiques à partir de 184828.

Les Annales ne sont pas seulement un objet de curiosité, mais remplissent également une fonction utilitaire auprès des marins : diffusées dans tous les ports, elles ont pour mission d’« éclairer, dans l’exercice de leurs fonctions, les consuls, les juges maritimes, les officiers militaires, du génie et de santé, enfin les administrateurs de toutes les parties du service de la Marine29 ». Elles sont le principal vecteur de l’information maritime et nautique et un instrument de la formation continue des marins, notamment pour les campagnes d’exploration, les opérations navales et les questions hydrographiques30. En effet, leur intérêt pour les navigateurs est manifeste : s’inscrivant dans une logique professionnelle, elles intègrent par exemple de précieuses instructions nautiques et de nombreux avis aux navigateurs, signalant souvent l’information avant même qu’elle ne paraisse sur les cartes nautiques. Leur vocation n’est donc pas seulement d’être tournées vers le grand public, à l’instar des guides touristiques qui accompagneront l’essor des voyages d’agrément dans la deuxième moitié du XIXe siècle31. En cela, elles se distinguent aussi des récits de voyage publiés à partir des années 1830 par des écrivains comme Lamartine, Dumas, Gautier, Sand ou Gérard de Nerval qui, à l’image de Chateaubriand dans Itinéraire de Paris à Jérusalem, entendaient livrer leurs impressions de voyage dans un récit littéraire dépourvu de finalité utilitaire.

Dans ce contexte professionnel, elles instaurent aussi un réseau de communication novateur entre le Ministère, le Dépôt général de la Marine, les officiers de l’État, les officiers des chambres de commerce des ports français, les représentants de la diplomatie française, les armateurs, les marins de commerce et l’ensemble des navigateurs. Comme le souhaitait leur éditeur, il s’agit non seulement d’enregistrer et de partager des découvertes, mais aussi d’établir la circulation de l’information de manière interactive entre les marins et le Ministère. Les marins sont invités à diffuser le fruit de leurs observations au Dépôt général de la Marine. Publiés, ces apports peuvent ensuite faire l’objet de corrections, afin de faire progresser la science nautique comme la connaissance des pays, des peuples ou des espèces végétales ou animales mentionnées. On dispose ainsi, dans le courrier des lecteurs, de fréquentes rectifications d’informations précédemment publiées.

Enfin, si elle s’inscrit dans une logique de vulgarisation et de diffusion des connaissances, cette publication sert également un autre objectif qui justifie le soutien apporté par le ministère de la marine et des colonies à sa parution, celui de mettre en valeur les travaux de la Marine, selon le vœu de Louis-Marie Bajot : « Puisse notre entreprise contribuer […] au bien et à la gloire de cette Marine qui fut si longtemps l’orgueil de la France et qui devra toujours en faire la prospérité32. » Les Annales peuvent donc également être perçues comme un instrument de communication au service des intérêts de la Marine et de son rayonnement. Diffusées auprès des chambres de commerce et de certains ministères, elles étaient aussi envoyées aux consuls de France à l’étranger ou à certains représentants étrangers dans les ambassades. Cette orientation justifie certains choix éditoriaux, notamment l’absence de référence à des événements fâcheux, comme le naufrage de la Méduse en 1816 ou le choix de commencer par des expéditions comme celle de La Pérouse et d’Entrecasteaux : outre le lien qu’elles rappellent avec la Marine de Louis XVI que servait déjà le ministre Du Bouchage, ces expéditions rappelaient les exploits de la Marine.

Ces spécificités confèrent aux Annales maritimes une place singulière dans le monde de la « littérature » de voyage.

Quelles sont les caractéristiques des récits publiés ?

Il n’est pas inutile de commencer par quelques observations générales sur les auteurs des récits et articles liés aux voyages dans les Annales.

I. Qui sont les auteurs des articles relatifs aux voyages ?

La plupart des auteurs des publications sont des marins, officiers de la Marine royale, capitaines au long cours, ou des membres des Académies ou de diverses sociétés savantes. Parmi les marins, les officiers de la Marine Royale sont les principaux auteurs des textes publiés dans la section « Voyages de découvertes et expéditions lointaines ». On repère les figures des commandants des grandes circumnavigations, celles des officiers du service de santé ainsi que celles de jeunes officiers de l’État-major. Leur relation prend souvent la forme d’une chronique ou d’un itinéraire, entrecoupés de rapports sur des sujets très variés, fondés sur l’observation et sur une expérience de terrain. Il ne s’agit pas de simples récits touristiques ou pittoresques, même si le pittoresque n’est pas absent. Il s’agit bien de récits ou de rapports suivant une orientation scientifique, sur des sujets récurrents, tels que la géographie, les mœurs et l’histoire naturelle.

1. Une forte représentation des officiers, due à l’éviction des savants à bord des bâtiments

La forte représentation, parmi les auteurs, des officiers et l’orientation scientifique de leurs récits peuvent s’expliquer par la décision du ministre de la Marine, Du Bouchage, de mettre un terme à l’embarquement des savants pendant les missions d’exploration scientifique menées à partir de 1816, au profit des marins militaires. Jusqu’à cette date, savants, scientifiques et marins embarquaient ensemble pendant les expéditions, l’équipage de la Pérouse étant même considéré comme une « académie flottante ».

Tirant les leçons de la mésentente entre savants et marins pendant l’expédition de Nicolas Baudin de 1800 à 1804, le ministre de la Marine décida qu’à bord, seuls seraient présents désormais des marins militaires sur lesquels la discipline pouvait influer pour apaiser les rivalités et les désaccords potentiels. À partir de l’expédition du commandant Freycinet, lui-même ancien membre de l’expédition Baudin, les marins furent seuls à faire les observations et les comptes rendus33.

Avant le départ en expédition, ils recevaient les orientations de travail de l’Académie des Sciences sous la forme d’instructions34. Pendant le voyage, certains commandants se révélaient particulièrement soucieux de la méthodologie et de la rigueur des observations et mesures scientifiques, à l’exemple de Freycinet, dont des lettres révèlent les conseils donnés aux marins de son bord35. Même si les marins ne remplacent pas les savants, leurs récits révèlent cet intérêt scientifique et pluridisciplinaire36, le marin incarnant, en quelque sorte, une forme de savoir encyclopédique et universel, là où le savant apparaître de plus en plus spécialisé.

2. L’importance des contributions des officiers du service de santé : l’exemple de René-Primevère Lesson

Parmi les récits d’officiers qui figurent dans les Annales maritimes et coloniales, on peut aussi distinguer plus particulièrement les travaux effectués par les médecins, les pharmaciens ou des chirurgiens de Marine, notamment par René-Primevère Lesson, auteur de plusieurs publications dans les Annales. Chargé de la rédaction de la partie zoologique du récit de voyage de la Coquille, commandée par Duperrey, il traduit le Journal de deux expéditions dans l’intérieur de la Nouvelle-Galles méridionale de John Joseph Oxley, une notice du Docteur Leyden, médecin britannique, sur Bornéo, dont l’intérieur est encore peu connu, une deuxième notice sur Saint-Catherine, au Brésil37, et une sur les îles Galapagos en 1825. En 1827, Lesson publie également une étude anthropologique sur « les mœurs et usages des habitants de la Nouvelle-Zélande » en 1827. Figurent ensuite des écrits sur les « routes commerciales des îles de la mer du Sud », le rapport d’une excursion à Botany Bay, en Nouvelle-Galles du Sud. Ces récits et études révèlent l’éclectisme, la curiosité et l’ouverture d’esprit de René-Primevère Lesson, qui s’intéresse aussi bien à l’histoire naturelle, qu’à la géographie et l’anthropologie. Il incarne la figure du pharmacien de Marine, éclairé et savant38, dont le rôle scientifique et la stimulation intellectuelle exercés à bord devaient être considérables. Ses publications dans les revues de la Restauration sont régulières et ne se limitent pas aux seules Annales maritimes et coloniales : il contribue aussi bien à la rédaction d’articles dans des ouvrages encyclopédiques, comme le Dictionnaire classique d’Histoire naturelle de Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent39, que dans des revues spécialisées ou dans le Journal des voyages. Membre de la société des Sciences et Belles Lettres de Rochefort, il y côtoyait Louis-Marie Bajot, éditeur des Annales. Un autre de ses collègues de Rochefort, le Docteur Thévenot, chirurgien, publie également des récits en 183440. Des récits de médecins étrangers, comme le docteur Leyden, figurent aussi dans les Annales. Ils incarnent, en quelque sorte, la figure du marin érudit.

3. Des capitaines au long cours

À côté des récits d’officiers, les Annales publient les récits de capitaines au long cours, issus de la Marine de commerce, signe de l’ouverture de la publication à tous les représentants du monde maritime qui souhaitent contribuer à développer l’information maritime et le savoir nautique. Avec les Annales, le voyage et son récit ne sont plus l’apanage des savants, de l’aristocratie, des grands circumnavigateurs. On observe ainsi une forme de démocratisation dans les Annales qui donnent la parole à des officiers ou des marins de commerce, soucieux de livrer leurs observations après une circumnavigation ou bien leur connaissance d’une région particulière. On peut notamment lire les récits des capitaines M.A. Berthault41, Chemisard42, Saliz43, M. de Beaufort44 ou Bouet45, par exemple.

4. Des articles émanant des travaux des Académies et sociétés savantes

La représentation des Académies et des sociétés savantes est aussi importante dans les Annales, où figurent de nombreux textes relatifs à des membres de diverses institutions savantes. Les plus représentées sont l’Académie des Sciences, l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres, la Société de Géographie de Paris à partir de 1821, sans parler de quelques sociétés savantes de province, notamment la société des Sciences et Belles Lettres de Rochefort, à laquelle appartiennent à la fois Louis-Marie Bajot, éditeur des Annales et René-Primevère Lesson, contributeur régulier des Annales46.

a. Des rapports de l’Académie des Sciences et des récits de voyage abrégés

Parfois, les textes publiés dans les Annales sont les récits de voyages abrégés lus lors des séances de l’Académie des Sciences, comme pour le récit de voyage de M. Leschenault aux Indes orientales lu à l’Académie le 9 septembre 182247. Parfois, les publications concernent les rapports composés par les membres de l’Académie des Sciences sur des expéditions. Ainsi, en 1825, est publié dans les Annales le rapport du Baron Cuvier, secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences, sur la partie géologique de l’expédition de la Coquille, commandée par le Lieutenant de Vaisseau Duperrey, dans lequel le Baron Cuvier donne des leçons et des conseils aux marins pour leurs futures observations48. En 1830, est publié le rapport de M. de Freycinet à l’Académie royale des Sciences sur la relation de voyage du capitaine Dillon et sa découverte des débris de l’expédition de la Pérouse49. Parfois, il s’agit simplement d’un article ou d’un extrait d’article composé par un savant de l’Académie des sciences à la suite d’un voyage de découverte, à l’exemple de celui que M. Jomard consacre, en 1819, au voyage de M. Cailliaud en Égypte50.

b. Des notices analytiques présentant les travaux et publications de membres de sociétés ou d’académies savantes

Parmi les publications, on peut aussi relever la parution de nombreuses notices analytiques relatives à l’édition des travaux des géographes membres de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres. Ainsi, en 1821, les Annales annoncent la parution d’un ouvrage de Charles-Athanase Walckenaër consacré aux recherches géographiques sur l’intérieur de l’Afrique septentrionale51, bientôt suivi d’une deuxième notice de M. Sueur-Merlin, signalant la parution d’une Histoire générale des voyages par mer ou par terre, mise en ordre et complétée jusqu’à nos jours du même auteur52. En cette même année 1821, les Annales annoncent la parution de la traduction du récit de voyage du commandant Krusenstern par M. Eyriès, géographe membre de l’Institut53.

Une importante publicité est également faite des activités de la Société de Géographie de Paris, à partir de sa création en 1821. Il peut s’agir simplement de rappeler les lectures qui ont été faites lors des certaines séances de la société et de signaler la parution de volumes de recueil de voyages et de mémoires qu’elle publie54. Il s’agit également d’informer les lecteurs des Annales du lancement de certaines expéditions sous les auspices de la société de géographie comme en 182755, d’annoncer les récompenses qui leur ont été décernées par cette même société56 ou d’encourager le lancement d’explorations en Afrique par exemple, comme en 1825 au sujet d’une expédition à Tombouctou et dans l’intérieur de l’Afrique, ce qui influença René Caillié, découvreur de cette ville.

II. Réflexions sur les rapports avec les académies et sociétés savantes

La publication de ces textes de la part des Académies et des sociétés savantes appelle plusieurs observations. D’abord, il ne s’agit pas d’interventions spécialement conçues pour les Annales maritimes et coloniales qui accorderaient une tribune aux membres des Académies et des sociétés savantes, qui disposent de leurs propres médias57.

Ensuite, les communications sont ponctuelles et irrégulières. Elles signalent aux lecteurs l’importance de la reconnaissance accordée par les institutions aux travaux scientifiques des marins, dont elles garantissent la valeur scientifique. Elles permettent également d’attirer l’attention sur l’ensemble des voyages entrepris sur une période donnée, non seulement par les marins français, mais aussi par des explorateurs empruntant la voie terrestre et par des explorateurs étrangers, notamment russes et britanniques. Elles assurent également la publicité de la toute nouvelle Société de Géographie de Paris, créée en 1821 et dont le rédacteur des Annales maritimes et coloniales est un membre fondateur58.

Ces mentions semblent guidées par la volonté de marquer la reconnaissance des scientifiques aux travaux des marins, révélant ainsi les liens très forts qui unissent ces institutions au Ministère de la Marine et des colonies et rappelant la très importante sociabilité entre les membres des académies et sociétés savantes, le personnel du Dépôt de la Marine et les marins.

1. Les liens entre le Dépôt des cartes et plans et l’Académie des Sciences

Les liens entre l’Académie des Sciences et le Dépôt des cartes et plans, pour lequel travaille Louis-Marie Bajot, éditeur et rédacteur des Annales maritimes et coloniales, sont très importants. L’Académie des Sciences apparaît comme la principale collaboratrice du Ministère de la Marine pour l’organisation des voyages. Une coopération étroite lie l’Académie, le Ministère et le Dépôt avant le départ, pendant la mission et au retour de l’expédition.

En fonction de l’itinéraire qu’empruntera la mission, le ministre de la Marine sollicite les ingénieurs hydrographes du Dépôt, chargés de la rédaction des instructions hydrographiques. C’est le seul organisme responsable de la collecte d’informations pour la cartographie marine et un centre de référence pour le tracé des routes maritimes59.

Le ministre de la Marine informe aussi l’Académie des Sciences du projet de l’expédition et demande la concertation des membres des différentes sections pour la rédaction des instructions de voyage, base de travail scientifique élaborée avec le commandant de l’expédition et le Ministère pour prendre en compte les impératifs liés à la navigation, au ravitaillement, aux finances et à la diplomatie.

Pendant l’expédition, la correspondance reçue par le ministère de la Marine de la part des officiers en mission est régulièrement transmise à l’Académie des sciences pour informer les savants des avancées scientifiques et des résultats en cours de voyage. Ces documents donnent parfois lieu à des lectures lors de la séance du lundi à l’Académie des sciences et peut faire l’objet d’une parution dans les Annales, comme lors de l’envoi de mémoires et de dessins depuis l’Astrolabe en 182760.

Au retour de l’expédition, le Ministre sollicite l’Académie pour un travail d’évaluation des résultats de l’expédition qui garantit leur validité et rend possible leur publication. Approuvé, le dossier est transmis au ministre de la Marine pour préparation (et financement) de l’édition. Le travail de rédaction et de mise en forme du manuscrit s’effectue au Dépôt des cartes et plans, où les officiers rédacteurs trouveront la documentation nécessaire. Ce travail est parfois très long et peut prendre plusieurs années.

Au-delà des liens institutionnels qui lient le Ministère et l’Institut, il faut noter que certains officiers participent eux-mêmes aux séances de l’Académie des sciences, à l’instar de Freycinet, correspondant de la section de géographie et navigation depuis 1813, devenu ensuite membre permanent en 1826.

2. Les liens avec la Société de Géographie de Paris

Avec la Société de Géographie de Paris, les rapports semblent moins formalisés et institutionnalisés dans la mesure où la Société n’est pas engagée formellement dans la préparation scientifique ou financière de l’expédition, assurée par l’État et ses institutions61. Les références à l’activité éditoriale et scientifique de la Société de Géographie dans les Annales témoignent surtout d’une curiosité et d’un intérêt pour les expéditions. Si cet intérêt est marqué, c’est en raison de la très forte sociabilité qui relie certains membres du Ministère de la Marine et de la Société de Géographie où les marins sont très bien représentés. Louis-Marie Bajot, éditeur des Annales, est membre de la Société de Géographie de Paris depuis sa fondation en 1821. Il appartient à la commission centrale. De nombreux marins figurent aussi parmi les membres fondateurs. Certains d’entre eux assurent même la direction de la Société savante. Ainsi, dès 1822, le vice-amiral Rosily-Mesros, directeur du Dépôt des cartes et plans, est vice-président de la société. Victor Rossel, directeur-adjoint du Dépôt, figure aussi parmi les membres fondateurs, à l’instar de Freycinet, Beautemps-Beaupré et, par la suite, de Duperrey.

Cette proximité justifie le haut degré d’information des membres de la société savante par rapport aux missions effectuées. Des marins viennent présenter leur future expédition lors des séances de la société, à l’image de Dumont d’Urville, en 1837, lorsqu’il vient remercier les membres de la société pour leur confiance, ce qui atteste l’intérêt et l’écoute accordés aux navigateurs par la société, même si elle ne leur apporte aucun soutien financier ou technique.

III. Quelques observations sur la typologie des textes relatifs aux voyages et expéditions lointaines

La connaissance des réseaux qui lient le Ministère de la Marine, notamment le Dépôt des cartes et plans, l’Institut et la Société de Géographie de Paris permet de mieux comprendre la typologie des textes relatifs aux voyages publiés dans la deuxième partie des Annales, de préciser leur fonction et, souvent, leur tonalité élogieuse, en particulier lorsqu’il s’agit d’annoncer, en des termes laudateurs, la parution d’un ouvrage d’un membre de l’Institut. Sans entrer ici dans une étude approfondie et complète de l’intégralité des documents relatifs aux voyages et expéditions dans les Annales, qui forment un corpus de plusieurs milliers de pages, il est néanmoins possible de formuler quelques observations d’ensemble.

La typologie des récits et documents publiés dans la section « Voyages de découvertes et expéditions lointaines » présente une grande variété. Des récits d’expédition et de navigation côtoient des synthèses à visée scientifique, des extraits de rapports, des notices ou des lettres d’officiers ou de marins français ou étrangers, principalement britanniques, russes, hollandais et américains. Ces publications composent une sorte de florilège qui permet aux lecteurs de s’informer régulièrement des expéditions en cours. Plus accessibles que les récits officiels des voyages publiés par le Ministère, elles répondent à la curiosité et à un besoin immédiat de savoir, là où les récits officiels proposent une étude scientifique approfondie, plus élitiste.

1. Des écrits de vulgarisation abordables

En effet, là où le Ministère de la Marine, après validation des résultats de l’exploration par l’Académie des Sciences, fait publier en plusieurs volumes le récit de l’expédition, parfois longtemps après l’expédition elle-même, les Annales, elles, ne livrent pas le récit global de la circumnavigation des marins d’État. Les récits des expéditions de Freycinet, Duperrey, Laplace, Dumont d’Urville, pour ne citer qu’eux, font l’objet d’une simple notice qui annonce la parution des relations de voyage, plutôt que d’un récit complet. Ainsi, dans les Annales maritimes et coloniales de 1831 et 183262, on peut lire l’annonce de la parution du voyage autour du monde du capitaine de frégate Laplace, effectué de 1830 à 1832, sur la corvette Favorite. Les Annales annoncent la publication prochaine de ce récit en plusieurs volumes, comprenant un album illustré et un atlas. Aussi, les Annales se bornent-elles à n’en donner qu’un résumé « en traçant l’itinéraire de la Favorite » pour faire « connaître à quelles sources variées M. le commandant Laplace a puisé l’intérêt qui s’attache à sa relation. […] Ainsi, on jugera, par l’annonce des éditeurs, de tout l’intérêt qu’excitera cette prochaine publication63. »

Procédant ainsi, les Annales maritimes et coloniales semblent guidées par le souci de mettre l’information rapidement à portée d’un public plus large que celui des relations de voyage publiées, plusieurs années après, dans des éditions de prestige destinées à quelques destinataires sélectionnés parmi des hautes fonctionnaires des ministères, des hommes politiques, des Académies et des bibliothèques. En 1832, Bajot confirme cette volonté de vulgariser l’information maritime :

Dans notre désir de n’offrir au public que des sujets remarquables supérieurement exécutés, et moyennant un prix que toutes les fortunes pussent atteindre, nous avons élagué, quoiqu’à regret, quelques-uns des riches matériaux recueillis par la Favorite, échappant ainsi aux inconvénients attachés à ces somptueuses éditions que leur magnificence rend trop souvent inaccessibles aux lecteurs plus éclairés64.

Il s’agit donc de donner une information limitée, à moindre coût65.

2. Le souci de tenir le lecteur informé

En revanche, pendant le voyage lui-même, pour maintenir le lectorat informé des progrès de l’exploration, les Annales publient des lettres envoyées par des officiers de l’expédition ou des extraits de rapports relatifs aux voyages en cours. Ainsi, en 1818, sont publiées deux lettres « écrites des îles de France et de Bourbon, à bord de la corvette l’Uranie, commandée par M. le Capitaine Freycinet, parti en 1817 pour faire le tour du monde. » Communiquées par le vice-amiral Leissègues, elles sont publiées pour répondre à la promesse faite en 181766, « de tenir, autant que possible, nos lecteurs au courant du voyage physique qu’exécute en ce moment M. le Capitaine Freycinet67 ». Il en va de même pour certains marins étrangers dont des lettres ou des extraits de lettres sont publiés pour donner des précisions sur leurs résultats ou leurs difficultés : ainsi, en 1818, des lettres de marins appartenant à l’expédition de l’Isabella, commandée par Ross, chargé de trouver un passage au Nord-Ouest, vers le Pacifique, sont rendues publiques.

3. Des articles relatifs aux voyages français et étrangers

Cet intérêt ne se limite à la seule politique des voyages français, mais concerne également les expéditions menées par des nations étrangères, en particulier les Russes et les Britanniques, parfois les Hollandais et les Américains68. Les expéditions russes présentées à partir du début du XIXe siècle et jusque vers 1830 reprennent les travaux effectués dans le Pacifique nord successivement par Krusenstern, Golovnin et Kotzebue. Ces voyages, effectués pour chercher un passage maritime entre les océans Atlantique et Pacifique par le Nord et la mer de Béring ont donné des résultats importants pour la navigation dans le Pacifique. Pour les Britanniques, les récits publiés au fur et à mesure de l’expédition, comme un feuilleton, traitent principalement de la recherche d’un passage au Nord-Ouest, par la mer de Béring, comme les expéditions des capitaines Ross et Parry, ou d’explorations en Arctique, en Antarctique et en Afrique.

Conclusion

Les Annales maritimes et coloniales figurent en bonne place dans la littérature de voyage au XIXe siècle. Liées au Ministère de la Marine et des colonies, elles se caractérisent au départ par une visée scientifique et utilitaire, distincte des récits de voyage romantiques et des périodiques illustrés qui contribuent à populariser le thème du voyage, en particulier dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Vecteur de l’information maritime auprès des marins, elles contribuent grandement à faire connaître l’action de la Marine et à servir ses intérêts et son rayonnement. Elles ne doivent toutefois pas être réduites à un instrument de propagande au service de l’accroissement du domaine colonial : c’est surtout à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle, notamment des années 1880-1890, période d’accroissement important de l’empire colonial, que des périodiques serviront les intérêts du parti colonialiste, à l’image de la Quinzaine impériale et la Dépêche coloniale d’Eugène Étienne.

Cette étude constitue un point de départ et de nombreux aspects méritent d’être approfondis, notamment l’analyse des récits de voyage eux-mêmes, les réseaux relationnels de Louis-Marie Bajot, les conditions de sélection des documents publiés et les possibles équivalents étrangers des Annales françaises, notamment d’inspiration anglaise, comme la Revue britannique, lancée en 1825. La question de la représentation des populations rencontrées par les voyageurs dans les récits de voyages publiés dans les Annales maritimes et coloniales méritera également une attention accrue. Les documents relatifs aux voyages révèlent en effet une vraie curiosité pour l’Autre, même si les représentations ne sont pas sans véhiculer des clichés récurrents, à l’image, notamment, des mœurs des Néo-Zélandais présentés à plusieurs reprises comme un peuple cruel, vengeur et anthropophage.

Notes de bas de page numériques

1 D’après la préface du premier volume des Annales maritimes et coloniales, quatre types de lois sont examinés : Les lois particulières à la Marine et aux Colonies : « fond(s) du recueil » / Les lois communes en totalité avec d’autres ministères / Les lois communes, en partie, avec les autres services publics / Les lois générales : « traités, conventions et autres actes diplomatiques ». Sur ce point, voir Louis-Marie Bajot, Annales maritimes et coloniales, Première partie, volume1, 1816, p. 11 et 12.

2 Ce terme « colonial » renvoie à une notion très large, dont les contours ne sont pas clairement définis. Il semble qu’au début du XIX e siècle, ce terme dépasse largement la notion de territoires compris dans l’empire colonial. Au début du XIXe siècle, sont rapportés sous cette dénomination des récits d’aventures, des expéditions, des découvertes géographies, des portraits de peuples et des descriptions de régions éloignées et exotiques. On sort du cadre des espaces géographiques pour une acception plus large. Bien qu’il y ait d’autres titres relatifs à ces aspects, la Marine est la principale concernée par ces aspects coloniaux. Voir, sur ce point, Dominique Khalifa, Philippe Régnier, Marie-Ève Thérenty, Alain Vaillant (dir.), La civilisation du journal. Histoire culturelle et littéraire de la presse française au XIXe siècle, Paris, Éditions Nouveau monde, 2011, p. 516.

3 Plus précisément, La revue coloniale paraît en 1848. Parallèlement, les Nouvelles annales de la Marine et des colonies paraissent en 1849. En 1859-1860, la Revue algérienne et coloniale est publiée, grâce à la collaboration de Louis Hachette et d’Édouard Charton qui l’abandonne : en 1861, elle est reprise sous le titre de Revue maritime et coloniale et paraît jusqu’en 1896, patronnée par le Ministère de la Marine. Voir, sur ce point Dominique Khalifa, Philippe Régnier, Marie-Ève Thérenty, Alain Vaillant (dir.), La civilisation du journal. Histoire culturelle et littéraire de la presse française au XIXe siècle, Paris, Éditions Nouveau monde, 2011, p. 516 et 477.

4 Louis-Marie Bajot, Annales maritimes et coloniales, Première partie, volume1, 1816, p. 14.

5 Il s’agit de Christophe-Paulin de la Poix de Fréminville (1787-1848).

6 Louis-Marie Bajot, Annales maritimes et coloniales, Deuxième partie, 1827, p. 7.

7 Louis-Marie Bajot, Annales maritimes et coloniales, Première partie, 1826, p. XI.

8 Étienne Taillemite, Les découvreurs du Pacifique, Paris, Gallimard, 2004, p. 111.

9 Étienne Taillemite, Marins français à la découverte du monde, de Jacques Cartier à Dumont d’Urville, Paris, Fayard, 1999, p. 469 à 657.

10 Louis-Marie Bajot, Annales maritimes et coloniales, 1816, T.2, p. 411-412, note 73 sur « le commerce et les expéditions lointaines ».

11 Marquis de Condorcet (de l’Académie des Sciences), Extrait des Œuvres de D’Alembert, « Éloge de D’Alembert », Tome premier, Première partie, 1821, p. VIII.

12 Louis-Marie Bajot, Annales maritimes et coloniales, Partie 2, 1816, p. 15-16.

13 Louis-Marie Bajot, Annales maritimes et coloniales, Partie 1, 1826, p. XI 

14 Louis-Marie Bajot, Annales maritimes et coloniales, Partie 2, 1819, p. XI.

15 Anne-Gaëlle Weber, A beau mentir qui vient de loin, Paris, Honoré Champion, 2004, p. 61.

16 Anne-Gaëlle Weber, « Le genre romanesque du récit de voyage scientifique au XIXe siècle », Sociétés & Représentations, n° 1, 2006, p. 75.

17 Jean-Baptiste Eyriès (1767-1846), Abrégé des voyages modernes depuis 1780 jusqu’à nos jours, Paris, É. Ledoux, 1822.

18 Charles Athanase Walckenaër (1771-1852), Histoire générale des voyages, 21 volumes, Paris, Lefèvre, 1826-1831.

19 Albert-Montémont (1788-1861), Bibliothèque universelle des voyages effectués par terre ou par mer, dans les cinq parties du monde, sur divers points, 51 volumes, Paris, Armand-Aubrée.

20 Au départ, l’Abbé Prévost traduit un périodique anglais, encouragé par Maurepas, Ministre de la Marine de l’époque. Après 1748, Prévost se charge de réunir les récits de voyage, de les traduire et d’en faire le résumé. Voir, sur ce point, Numa Broc, Voyages et géographie au XVIIIe siècle, Revue d'histoire des sciences et de leurs applications, 1969, tome 22, n° 2, pp. 137-154. Il fut imité par l’Abbé Delaporte qui publia les 42 volumes du Voyageur français (1765-1795), puis par La Harpe et son Histoire des voyages (1780-1786).

21 Odile Gannier, La littérature de voyage, Paris, Ellipses, 2001, p. 14.

22 Jacques-Thomas Verneur, Journal des voyages, découvertes et navigations modernes ou Archives géographiques du XIXe siècle, Paris, Colnet-Delauney, 1818-1829.

23 Après 1829, il sera absorbé par la Revue des deux mondes, dont le sous-titre était : « Journal des voyages de l’administration et des mœurs, etc. chez les peuples du globe, ou archives géographiques du XIXe siècle ». La Revue évolua et bientôt, la part des récits de voyage s’affaiblit. Voir, notamment, Dominique Khalifa, Philippe Régnier, Marie-Ève Thérenty, Alain Vaillant, La civilisation du journal. Histoire culturelle et littéraire de la presse française au XIXe siècle, Paris, Éditions Nouveau monde, 2011, p. 468.

24 Joseph-Marie Quérard, La France littéraire ou didactique, Bibliographie des savants, volume 10, Paris, Editions Firmin Didot, 1839.

25 À partir de 1860, il fut publié en association avec Louis Hachette.

26 Sur la presse illustrée, voir l’article de Sylvain Venayre, intitulé « Le voyage, le journal et les journalistes au XIXe siècle », Le Temps des médias, n° 8, automne 2007, p. 51-52.

27 Voir, sur ce point, les décomptes effectués dans l’Avant-propos, in Louis-Marie Bajot, Annales maritimes et coloniales, 1829.

28 Olivier Chapuis, À la mer comme au ciel, Beautemps-Beaupré et la naissance de l’hydrographie moderne, 1700-1850, Presses de l’Université Paris-Sorbonne, p. 641-642 : dès 1845, grâce au Dépôt, l’hydrographe Darondeau fait paraître les Mélanges hydrographiques, remplacés par les Annales hydrographiques en 1848.

29 Louis-Marie Bajot, Annales maritimes et coloniales, 1816, Première partie, p. 15.

30 Voir, sur les questions hydrographiques, Olivier Chapuis, À la mer comme au ciel, Beautemps-Beaupré et la naissance de l’hydrographie moderne, 1700-1850, Presses de l’Université Paris-Sorbonne, p. 641.

31 Dominique Khalifa, Philippe Régnier, Marie-Ève Thérenty, Alain Vaillant, La civilisation du journal. Histoire culturelle et littéraire de la presse française au XIXe siècle, Paris, Éditions Nouveau monde, 2011, p. 474.

32 Louis-Marie Bajot, Annales maritimes et coloniales, 1816, IIe partie, p 16.

33 Les marins étaient jugés aptes aux travaux scientifiques. La responsabilité de la conduite de l’expédition revenait à celui qui proposait l’expédition et qui présentait des compétences scientifiques reconnues, à l’instar de Freycinet, en même temps qu’une bonne expérience de la navigation. Voir, sur ce point, Hélène Blais, Voyages au grand Océan, CTHS, 2005, p. 101 à 103.

34 Silvia Collini, Antonella Vannoni, Les Instructions scientifiques pour les voyageurs, XVIIe-XIXe siècles, Paris, L’Harmattan, 2005 ; Hélène Blais, Voyages au Grand océan, CTHS, 2005, p. 74-75 ; Pierre Singaravélou (dir.), L’Empire des géographes, Paris, Belin, 2008, p. 42-43.

35 Voir, sur ce point, la longue lettre que Freycinet, le 23 octobre 1817, fait afficher à bord de l’Uranie à destination de tous les officiers, afin de leur prodiguer les conseils méthodologiques nécessaires lors de leurs relevés et travaux scientifiques, Archives nationales, Marine, JJ/5/62a, citée par Hélène Blais, Voyages au grand Océan, CTHS, 2005, p. 105.

36 Les récits traitent souvent de nombreuses disciplines : botanique, géographie, anthropologie, hydrographie, zoologie…

37 Il y détaille ses sols, son histoire naturelle, son agriculture, ses habitants et leurs mœurs. Cf. « Voyage pittoresque et médical de Toulon au Brésil, sur la corvette la Victorieuse, effectué en 1833 par M. Thévenot, docteur en médecine, chirurgien de la Marine à Rochefort », Annales maritimes et coloniales, 1834, tome II, p. 653.

38 Sur l’étendue de la bibliothèque des frères Lesson, Pierre-Adolphe (1805-1888) et René-Primevère (1794-1849), voir le catalogue numérique de l’exposition Papiers d’Océanie, publié par Olivier Desgranges, conservateur des bibliothèques et directeur de la médiathèque de Rochefort, Papiers d’Océanie : le fonds Lesson, bibliothèque, archives, objets, Médiathèque de Rochefort, 2014.

39 Sur ce point, voir la notice biographique établie par Paul Delaunay, « Un pharmacien de la marine et voyageur naturaliste : René.-Primevère Lesson », Revue d'histoire de la pharmacie, 1954, vol. 42, n° 142, pp. 341-343.

40 Annales maritimes et coloniales, 1834, tome II, p. 653.

41 Louis-Marie Bajot, Les Annales maritimes et coloniales, 1821, Tome II, p. 474 à 520, sur la relation de voyage du navire français Le Léman, de Nantes aux Philippines, à contre-mousson, au cours des années 1819 à 1821.

42 Annales maritimes et coloniales, 1824, deuxième partie, tome II, p. 209 à 212 : l’extrait du journal du navire Le Larose, dans sa traversée de Batavia à Manille, à contre-mousson, par le Capitaine Chemisard, apporte des précisions sur une zone peu connue. Un extrait du même type figure également dans le Bulletin de la Société de Géographie de Paris, tome II, n° 14, p. 89 à 92 : il apporte des précisions sur la navigation et la cartographie dans une zone inconnue jusqu’au voyage du commandant Lebrun sur la frégate française La Colombe en 1755. Le capitaine Chemisard avait pris le commandement du Larose à la disparition du premier et du second capitaine. L’extrait de son journal est transmis à la société de Géographie par l’armateur Balguerie.

43 Annales maritimes et coloniales, 1827, deuxième partie, p. 394 : « Relation d’un voyage fait autour du monde du 8 juin 1825 au 25 février 1827, sur le navire Le Péruvien, au départ de Bordeaux ».

44 Annales maritimes et coloniales, 1827, deuxième partie, Tome II, p. 628 à 633 : voyage autour du monde du 16 avril 1825 au 17 juin 1827 par M.R. de Beaufort, sur le navire Le Romilly, de l’armateur M. Ducarrey, de Nantes.

45 Annales maritimes et coloniales, 1834, Deuxième partie, Tome II, p. 234 et 369 : M. Bouet, capitaine au long cours, publie deux lettres retraçant le voyage en Inde effectué à bord du navire Le Diligent, de 1829 à 1831. Elles contiennent des précisions relatives à la navigation et au commerce.

46 Sur la participation des fonctionnaires et des médecins aux sociétés savantes, voir Jean-Pierre Chaline, Sociabilité et érudition, les sociétés savantes en France, « Chapitre V : le milieu érudit », Paris, CTHS, 1995, p. 110-111.

47 P. 516 à 541. On dispose aussi du rapport sur la circumnavigation effectuée par commandant Louis de Freycinet sur l’Uranie, lu à l’Académie royale des Sciences le 23 avril 1821 : Annales maritimes et coloniales, 1821, Deuxième partie, p. 441 à 474. Le rapport, composé par Humboldt, Cuvier, De Rossel, Biot, Thénard, Gay-Lussac et Arago (rapporteur) présente, en séance, le récit et la description de l’ensemble des travaux scientifiques, menés avec « zèle et constance ». Les savants espèrent ensuite une publication rapide du récit de voyage complet.

48 Annales maritimes et coloniales, tome II, p. 189 à 202.

49 Annales maritimes et coloniales, tome I, p. 422.

50 Annales maritimes et coloniales, 1819, p. 858 à 860. Il s’agit d’un extrait d’article paru dans la Revue Encyclopédique.

51 Annales maritimes et coloniales, 1821, p. 834-838. L’ouvrage est édité à Paris, chez Firmin Didot.

52 Annales maritimes et coloniales, Tome II, p. 623 et Tome I, p. 831.

53 Traduction du récit russe du « voyage fait autour du monde par les ordres de Sa Majesté Impériale Alexandre Ier, empereur de Russie, sur les vaisseaux Nadiejda et Neva, commandés par M. de Krusenstern, Capitaine de vaisseau de la Marine impériale, traduit de l’aveu et avec les additions de l’auteur par M. Eyriès, en deux volumes in-8 avec un atlas », Annales maritimes et coloniales, 1821, p. 890.

54 Ainsi sont signalées les lectures faites le 25 mars 1825, tome I, p. 546. On annonce également la présentation au Dauphin du premier volume de recueil de voyages et de mémoires, Tome I, p. 309.

55 1827, tome II, p. 566.

56 Ainsi, en 1832-1833, la Société de Géographie a décerné une médaille d’or de 1000 francs à M. Douville pour son voyage de découverte au Congo et dans l’intérieur de l’Afrique selon M. Eyriès. La société propose également le prix d’encouragement pour un voyage de découvertes dans l’intérieur de la Guyane, tome II, p. 589.

57 Jean-Pierre Chaline, Sociabilité et érudition, les sociétés savantes en France, Paris, CTHS, 1995, « Chapitre VII : les activités savantes », p. 166 à 170 sur la « diffusion des connaissances » : « Toute société savante au fonctionnement régulier, dès lors que ses finances le lui permettent, n’a de cesse de donner à ses activités la consécration de l’imprimé. »

58 Bulletin n° 1 de la Société de géographie de Paris, 1822.

59 Hélène Blais, Voyages au grand océan, Paris, CTHS, 2005, p. 69.

60 Annales maritimes et coloniales, 1827, Tome I, p. 545.

61 Alfred Fierro, La Société de Géographie de Paris (1821-1946), Thèse de troisième cycle, EPHE, Genève-Paris, Droz-Champion, 1983 ; Dominique Lejeune, Les sociétés de Géographie en France et l’expansion coloniale au XIXe siècle, Paris, Albin Michel, 1993, chapitre I, p. 21 à 46.

62 Annales maritimes et coloniales, 1831, tome II, p. 134 et 1832, tome I, p. 541 et T2, p. 677.

63 Annales maritimes et coloniales, 1832, tome II, p. 677-678.

64 Annales maritimes et coloniales, 1832, tome II, p. 678.

65 En 1829, Bajot se félicite que les Annales proposent à leurs lecteurs deux fois plus d’informations, pour un prix divisé par deux par rapport à ses concurrents.

66 Annales maritimes et coloniales, 1817, p. 154.

67 Annales maritimes et coloniales, 1818, p. 876.

68 Ainsi, en 1830, dans le tome I, p. 291, on peut lire le « récit du départ de New York d’un brick américain pour une expédition commerciale et scientifique au pôle Antarctique ».

Bibliographie

Bibliographie synthétique indicative

XIXe siècle

Bajot Louis-Marie, Annales maritimes et coloniales, 1816-1847, Imprimerie Royale

Bulletin de la Société de Géographie de Paris, Paris, Arthus-Bertrand, 1822-1899

Condorcet Marquis de, (de l’Académie des Sciences), Extrait des Œuvres de D’Alembert, « Éloge de D’Alembert », Tome premier, Première partie, 1821

Eyriès Jean-Baptiste (1767-1846), Abrégé des voyages modernes depuis 1780 jusqu’à nos jours, Paris, É. Ledoux, 1822

Freycinet Louis de, 23 octobre 1817, « Lettre aux officiers de l’Uranie », Archives nationales, Marine, JJ/5/62a

Montémont, dit Albert-Montémont (1788-1861), Bibliothèque universelle des voyages effectués par terre ou par mer, dans les cinq parties du monde, sur divers points, 51 volumes, Paris, Armand-Aubrée

Quérard Joseph-Marie, La France littéraire ou didactique, Bibliographie des savants, volume 10, Paris, Éditions Firmin Didot, 1839

Verneur Jacques-Thomas, Journal des voyages, découvertes et navigations modernes ou Archives géographiques du XIXe siècle, Paris, Colnet-Delauney, 1818-1829, puis Magasin des voyages et des sciences géographiques au XIXe siècle, Paris, 1835-1836

Walckenaër Charles Athanase (1771-1852), Histoire générale des voyages, 21 volumes, Paris, Lefèvre, 1826-1831

XXe-XXIe siècles : Monographies

Blais Hélène, Voyages au grand Océan, Paris, CTHS, 2005

Chaline Jean-Pierre, Sociabilité et érudition, les sociétés savantes en France, Paris, CTHS, 1995

Chapuis Olivier, À la mer comme au ciel, Beautemps-Beaupré et la naissance de l’hydrographie moderne, 1700-1850, Presses de l’Université Paris-Sorbonne

Collini Silvia, Vannoni Antonella, Les Instructions scientifiques pour les voyageurs, XVIIe-XIXe siècles, Paris, L’Harmattan, 2005 

Desgranges Olivier, Papiers d’Océanie : le fonds Lesson, bibliothèque, archives, objets, Médiathèque de Rochefort, 2014

Fierro Alfred, La Société de Géographie de Paris (1821-1946), Thèse de troisième cycle, EPHE, Genève-Paris, Droz-Champion, 1983 

Gannier Odile, La Littérature de voyage, Paris, Ellipses, 2001

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Pour citer cet article

Marie-Christine Bot-Cabanes, « Les récits de voyage et d’exploration dans les Annales maritimes et coloniales  », paru dans Loxias-Colloques, 6. Sociétés et académies savantes. Voyages et voyageurs, exploration et explorateurs, 1600-1900, Les récits de voyage et d’exploration dans les Annales maritimes et coloniales , mis en ligne le 26 août 2015, URL : http://revel.unice.fr/symposia/actel/index.html?id=729.

Auteurs

Marie-Christine Bot-Cabanes

Enseignante de Lettres classiques, Université de Bretagne occidentale, doctorante au CERHIO-Lorient, CNRS UMR 6258, sous la direction des Professeurs Sylviane Llinarès (UBS-Lorient) et Odile Gannier (Université Nice Sophia Antipolis). Marie-Christine Bot-Cabanes prépare un doctorat sur Louis-Marie Bajot et les Annales maritimes et coloniales, publication du Ministère de la Marine et des colonies sous la Restauration et la Monarchie de Juillet (1816-1847). Les recherches menées portent à la fois sur l’histoire de la publication et sur l’analyse des Annales maritimes et coloniales, dans une perspective combinant approches historique et littéraire.