Loxias-Colloques |  3. D’une île du monde aux mondes de l’île : dynamiques littéraires et explorations critiques des écritures mauriciennes 

Evelyn Kee Mew  : 

Le mauricianisme et l’indianocéanisme : deux projets de définition de la littérature mauricienne

Résumé

Cet article présente deux approches théoriques de la littérature mauricienne : le mauricianisme et l’indianocéanisme, néologismes et concepts forgés par la critique locale dans le but de définir, d’une part, l’identité mauricienne et, d’autre part, l’identité régionale. Se révèle, à travers ces deux perspectives de l’identité insulaire, une tension entre les appartenances nationale et régionale. Toutes deux cherchent pourtant à saisir et à définir une production littéraire locale, en articulant et en mettant en valeur des grilles de lectures issues du terroir et non pas empruntées d’ailleurs. En présentant les apports et les limites de ces deux concepts, c’est à la définition même du champ littéraire mauricien que notre article s’intéresse et à la manière dont la critique locale se positionne face à celui-ci.

Abstract

This paper presents two local theoretical approaches to Mauritian literature, namely ‘mauricianisme’ and ‘indianocéanisme’, terms and concepts coined by local critics to explore Mauritian and regional identities. The difference between the two concepts lies in the fact that the first one allows for a definition as well as a questioning of what Mauritian national identity means, while the second rather relates to similar concerns in the Indian Ocean region. While trying to capture the essence of local literary works, both concepts favour local lenses rather than those imported from other contexts. In addressing the potential of these two concepts, while at the same time pointing to their limitations, this paper focuses on what actually makes the Mauritian literary field and the way that the local critical discourse relates to the latter.

Index

Mots-clés : Camille de Rauville , indianocéanisme, littérature mauricienne, Marcel Cabon, mauricianisme

Géographique : Maurice

Chronologique : Époque contemporaine

Plan

Texte intégral

Introduction

Après plus de deux siècles de création littéraire, il nous semble important de rappeler la diversité des approches théoriques proposées par la critique pour tenter de décrire et de situer la littérature mauricienne. Si les lectures critiques ont pendant longtemps privilégié des théories empruntées d’ailleurs, l’on ne doit pas oublier les tentatives de théorisation locales formulées par les auteurs eux-mêmes, en quête d’une entité littéraire bien mauricienne. L’on se souviendra notamment du mythe des origines de Robert-Edward Hart et de celui de la Lémurie de Malcolm de Chazal, qui traduisent le besoin de se reconnaître des ancêtres dans une île née de la barbarie du commerce humain (colonisation et esclavage) – un besoin auquel se réfère Jean-Louis Joubert en parlant de « mythologie de l’autochtonie1 ». L’on compte également parmi ces tentatives de théorisation locales le mauricianisme de Marcel Cabon, l’indianocéanisme de Camille de Rauville et la créolie indianocéaniste de Jean-Georges Prosper qui, s’inspirant des Réunionnais, a cherché à se démarquer de la créolité et de la créolisation antillaises. Quant au concept de coolitude de Khal Torabully, il s’inscrit à la suite du mouvement de la Négritude et émerge de la prise en compte des travailleurs indiens, les ‘coolies’, venus remplacer les esclaves affranchis dans les îles de plantation (de cannes à sucre). Pourtant, malgré l’intérêt certain que représente chacune de ces approches théoriques, aucune ne semble avoir convaincu suffisamment pour faire des adeptes, tout au moins localement. Il nous paraît pourtant important de revenir sur ces perspectives théoriques – dont certaines gagneraient probablement à être réactualisées. Sans doute alors faudrait-il, pour cela, revenir d’abord sur le contexte dont elles ont émergé pour comprendre, d’une part, les limites de telles tentatives et pour interroger, d’autre part, leurs apports possibles à la compréhension de la production littéraire mauricienne aujourd’hui. Cet article se propose donc d’aborder deux de ces approches théoriques, le mauricianisme et l’indianocéanisme, tous deux des néologismes forgés par la critique locale, dans le but de dire l’identité mauricienne et insulaire, et d’éveiller une conscience littéraire nationale et indianocéanique.

Deux projets de définition de la littérature mauricienne : d’une conscience littéraire nationale à celle d’une appartenance indianocéanique

Nés au courant de la décennie précédant l’indépendance de l’île, obtenue en 1968, les concepts de mauricianisme (fin 1950-début 1960) et d’indianocéanisme (1961) pourraient être considérés comme deux projets de définition de la littérature mauricienne. La période est en effet marquée par des réflexions autour de la construction possible d’un État-nation mauricien et d’un besoin de définir une entité mauricienne, que l’on retrouve aussi bien chez les auteurs que les penseurs et la classe politique. Ce que l’on entend toutefois par « entité mauricienne » varie selon l’ascendance ou encore la filiation de ceux qui en parlent. Le patriotisme affirmé se présente sous deux principales formes de loyautés, différentes mais non disparates, qui se chevauchent souvent chez les intellectuels de l’époque. La première loyauté se place ainsi du côté des valeurs françaises tandis que la deuxième se tourne vers des valeurs plus localisées et propres à Maurice. Il est sans doute important de rappeler d’ailleurs que le discours critique sur la littérature mauricienne affiche, dès ses origines, une tension liée à la complexité d’un champ littéraire divisé entre, d’une part, le francotropisme (néologisme forgé par Prosper pour désigner l’admiration idolâtre des auteurs pour tout ce qui est français) et, d’autre part, le mauricianisme (autre néologisme dont Cabon est l’un des pionniers et des plus ardents défenseurs). Ainsi, Philippe Galea, dans une conférence donnée en 1926 et intitulée « Essai d’un idéal mauricien », propose de définir ce qu’il appelle « un idéal mauricien ». Toutefois, si son intention semble à première vue fort louable, son discours finit par trahir son allégeance à la civilisation occidentale, chrétienne et française :

UN IDÉAL MAURICIEN, donc, serait une somme, un fonds d’aspirations vers le mieux-être de notre petit pays natal qui seraient communes à tous les Mauriciens – j’entends à tous les hommes et à toutes les femmes nés sur notre sol, respirant notre air natal et se sentant une âme mauricienne, c’est-à-dire ayant conscience que le pays leur appartenait et, surtout, qu’ils appartiennent au pays. […]
Notre « ethnisme » […] est fort complexe. L’Europe, l’Afrique et l’Asie y ont collaboré. […]
Et maintenant voyez la merveille : dans ce chaos, il y a une unité réelle et qui, déjà, n’est plus seulement latente […]. Quelle est cette force, quel est ce principe ? Lilia Crucem – la civilisation occidentale et chrétienne, ayant pour « mentalité » française, qui attire irrésistiblement vers elle les éléments de notre population les plus éloignés, voire les plus réfractaires en apparence2.

Cabon va proposer, pour sa part, une autre définition de l’entité mauricienne, nourrie des réflexions d’autres grands poètes mauriciens tels que Robert-Edward Hart ou encore Malcolm de Chazal qui ont cherché à dépasser les frontières communales et religieuses :

Parler en Mauriciens, vivre en Mauriciens. Regarder le bien de tous, qui s’insépare du bien de chacun. Aimer notre pays. La terre mauricienne est notre ventre commun. Nous avons une même mère. Soyons les fils de cette mère3.

Même si la paternité du terme « mauricianisme » ne peut être attribuée de manière certaine à Cabon, il est souvent attaché à la démarche littéraire, journalistique et politique de ce dernier. Le mauricianisme de Cabon naît en réaction à la division ethnique qui règne dans l’île et fait obstacle à l’unité nationale, donc à la réalisation d’un modèle sociétal fondé sur la reconnaissance et l’inclusion des groupes d’origines plurielles qui y vivent. Ainsi s’indigne-t-il dans un article du journal Le Mauricien pour lequel il exerce comme journaliste : « Mais pourquoi voulons-nous que l’Île Maurice ait pour tous le même visage ? L’Île Maurice ne peut-elle être à la fois l’église et le temple, la mosquée et la pagode ?4 » Cabon fait d’ailleurs plus que prôner son idée du mauricianisme dans ses écrits journalistiques ; il va jusqu’à la défendre dans son propre engagement politique en soutenant la cause du Parti Travailliste – qui est perçu à l’époque comme étant celui des hindous –, au point d’être considéré comme un traître à celle des Créoles, sa communauté ethnique de naissance (tout comme Malcolm de Chazal qui est issu, pour sa part, de la communauté franco-mauricienne). Par le biais du mauricianisme, il soutient une idéologie nationale fondée sur la reconnaissance et l’acceptation de la richesse de la diversité ethnique. Il cherche ainsi à apaiser les tensions interethniques dans l’île, notamment entre la communauté hindoue et la communauté créole (la première étant perçue par la seconde comme la nouvelle puissance hégémonique sur le plan politique), voire même la communauté franco-mauriciennne (ancienne puissance hégémonique), descendants de colons français.

Pour Cabon, le mauricianisme implique la compréhension et l’acceptation de l’autre. C’est ce qu’il illustre dans ses écrits littéraires où il démontre les possibilités de l’harmonie interraciale. Nous le voyons notamment dans le choix et le traitement des personnages de Namasté (où il présente l’Indien) et de Brasse-au-vent (où il présente les premiers colons français ainsi que les esclaves), romans parus respectivement en 1965 et 1969 – l’un, quelques années seulement avant l’indépendance de l’île, et l’autre tout juste après. En effet, sensible aux vives tensions à l’œuvre entre les différentes communautés du pays et aux préjugés et représentations plutôt négatives que les unes entretiennent vis-à-vis des autres, Cabon invite le lecteur Mauricien de l’époque (car c’est ce dernier qu’il vise en premier) à aller à la rencontre de l’altérité et à apprendre à connaître l’autre, non pas de l’extérieur mais de l’intérieur. C’est une façon pour lui de désamorcer la peur de l’inconnu que représente le changement proposé par les indépendantistes. Cette confrontation avec l’autre est mise en scène avec l’arrivée de Ram au village dans Namasté :le village va d’abord traiter Ram avec méfiance parce qu’il est un étranger, avant de finalement s’ouvrir aux changements proposés par ce dernier pour le bien non pas d’un individu mais du village entier. Cette peinture de l’autre n’est pas faite de manière idyllique même si le ton ne se veut pas non plus virulent. Cabon n’hésite pas à retranscrire tels quels les préjugés des villageois à l’égard de Ram et le changement graduel qui va s’opérer dans la perception qu’ils ont de lui. C’est à ce même parcours qu’il invite son lecteur : en socialiste modéré, il est conscient que l’on ne peut changer le monde du jour au lendemain mais que tout changement peut s’opérer graduellement. De même, il est question dans Brasse-au-vent des passe-droits du maître sur la femme de son esclave, du marquage et de la vente des esclaves, de la chasse impitoyable des marrons, alors même que le roman met en avant l’amour filial de Sylvestre pour l’esclave Mofine ou encore son amour pour une marronne, Mayotte. Cabon amène de plus le lecteur (quelle que soit sa communauté) à se reconnaître dans les souffrances, les sacrifices, les combats et les idées de l’autre, ainsi que dans certaines qualités telles que la valeur du travail et le dur labeur, aussi bien chez les Indiens de Namasté que chez les Franco-Mauriciens de Brasse-au-vent. Les deux romans insistent en effet sur la contribution de ces deux groupes au développement économique de l’île au-delà du mal qu’un groupe aurait causé à l’autre et pour lequel Cabon encourage d’ailleurs le pardon :

Mais en y songeant et malgré la peine qui lui brûlait le cœur de tous ces souvenirs, Ram se disait que si chacun le voulait, une grande joie viendrait à tous les enfants de l’île d’aller ensemble sur les routes, de quelque sang qu’ils soient…
Les mauvais souvenirs alors, ne seraient plus peut-être qu’un peu de poussière sous le pied…5

Mais cette acceptation de l’autre doit commencer par l’acceptation de soi qui va s’inscrire dans une production littéraire authentique aux couleurs et senteurs de l’île : « Ah ! si nos écrivains voulaient ne pas tant mépriser les choses de chez nous, quelles jolies choses ils écriraient !6 » Ce commentaire fait écho à ceux des militants en faveur d’une littérature non plus tournée vers la France, mais vers l’Île Maurice elle-même. Une démarche qui commence déjà avec l’appel d’Eugène Bernard7 en 1839 lorsque ce dernier encourage les Mauriciens à ne pas se laisser écraser par le complexe d’infériorité du colonisé face au pays colonisateur car ils sont en tous points égaux en élan créateur et en potentiel intellectuel. Bernard exhorte ainsi les Mauriciens à produire une littérature du terroir au lieu de chanter des lieux étrangers, car, selon lui, les sujets d’inspiration ne manquent pas dans une île dotée d’une végétation luxuriante et enrichie du contact de cultures issues des quatre coins du monde. Robert-Edward Hart dira de même en 1937 lors d’une fête pour marquer ses 25 années de création littéraire :

Il y a partout, chez nous, tant de beauté, de douceur, dans la Nature et sur les visages, tant de vraie civilisation, due à la bienheureuse rencontre, au carrefour mauricien, des influences françaises, anglaises et orientales, tant de bienveillance, de goût instinctif, atavique, que presque nul ici n’est indifférent aux œuvres de l’esprit8.

Cabon se montre aussi en faveur d’une littérature du terroir qui décrirait tel quel le quotidien des gens vivant dans l’île, au point de ponctuer ses écrits de mots et métaphores créoles. Il exprime également son amour profond pour son pays natal et sa fierté d’être un fils du sol, nous amenant à découvrir les petits villages tels que Vallée des Prêtres et Bras d’Eau, qu’il nous dépeint en éveillant tous nos sens et en nous communiquant son émerveillement.

Tout comme le mauricianisme, l’indianocéanisme, mot forgé par le critique littéraire Camille de Rauville, a été développé dans le temps. Les origines de l’indianocéanisme remontent au premier Congrès des Historiens et Archivistes de l’Océan Indien, qui s’est tenu à Tananarive en 1960 et où

il a été rappelé que le nom de notre Océan n’impliquait pas l’indianisme prépondérant sur les cultures et les territoires de son aire. C’est pourquoi nous avons préféré mettre l’accent sur océan plus que sur indien et choisi indianocéanisme plutôt qu’océanindianisme9

Pour sa part, de Rauville théorise sa pensée dans un essai intitulé Sur un indianocéanisme, paru dans la revue Les Cahiers littéraires de l’océan Indien (n° 2, 1961). Il poursuivra ses réflexions dans Indianocéanisme : humanisme et négritude, suivi de Mythes et structures indianocéaniques (1970), puis dans « Une autre vitalité des connaissances indianocéaniques. À la source des études sur les îles australes de l’océan Indien », article qu’il publie dans Le Mythe d’Etiemble. Hommages, Études et Recherches (n° 77, 1979). Ce concept fera de plus son chemin au fil des différentes publications du critique littéraire, qui s’étalent facilement sur 20 ans et qui représentent le fruit de 40 années de recherche sur les littératures de La Réunion, de Maurice et de Madagascar. Outre celles déjà citées où il expose son idée de l’indianocéanisme, ses publications comprennent des anthologies, quelques essais et des ouvrages critiques dont nous citons des exemples pour mieux souligner l’étendue de son étude comparatiste des littératures francophones de son île et d’autres îles de l’Océan Indien : Anthologie de l’Océan Indien (1956), L’An un de l’humanisme mauricien ? (1965), Pages choisies d’auteurs mauriciens I. La terre natale et ses aspects (co-écrit avec le poète mauricien Joseph Tsang Mang Kin, 1968), Bibliographies littéraires de l’Océan Indien. Chronologie générale des origines à nos jours (1972), Chazal des antipodes. Approche et anthologie (1974), Littératures francophones de l’Océan Indien (1990).

Comme le mauricianisme, l’indianocéanisme cherche aussi à créer une littérature « propre aux hommes nouveaux de nos îles10 » et qui ne serait plus calquée sur les normes et courants européens. En effet, pour de Rauville, les préoccupations visant à décrire les paysages, coutumes et gens locaux, ne sont pas celles des auteurs mauriciens uniquement (dont Cabon, comme nous l’avons vu précédemment) mais aussi des auteurs des autres îles de l’Océan Indien (La Réunion, Maurice, Madagascar). D’ailleurs, le premier auteur indianocéanique est, selon lui, Évariste Parny (né à la Réunion) pour ses Chansons madécasses (1787). L’indianocéanisme insiste ainsi sur une ouverture régionale (une personnalité collective du monde insulaire), et renvoie à

des caractéristiques propres à ces terres reliées depuis un, deux ou trois siècles en un archipel où les diversités ne contrecarrent point les convergences dans des échanges, des mélanges, des coutumes : recivilisation par fusions telluriques aux îles tropicales par le moyen du métissage, des langues et des religions malgaches, orientales et chrétiennes s’imprégnant réciproquement, des mœurs rapprochées ou communes (du costume à l’alimentation à base de riz), de conceptions de la vie, etc.11

Même si les deux concepts qui nous intéressent tiennent compte de l’héritage multiple de Maurice, les deux démarches adoptées ne sont pas similaires. Si le mauricianisme de Cabon prône plutôt le multiculturalisme (qui reconnaît plusieurs groupes culturels dans la formation d’un même paysage national), l’indianocéanisme de Rauville semble revendiquer le métissage culturel interprétable dans les idées et mythes qui sont à la base du concept : un premier versant asiatique, avec les apports notamment de l’hindouisme dans les textes littéraires (chez le poète mauricien Robert-Edward Hart ou encore le poète réunionnais Leconte de Lisle, par exemple), mais aussi dans la société (l’influence de la pensée de R. Tagore sur l’émancipation sociale des descendants des immigrants indiens à Maurice par exemple) ; un deuxième versant avec la Lémurie des littéraires et des philosophes (du Réunionnais Jules Hermann, avec son ouvrage Révélations du Grand Océan, paru à titre posthume en 1927, à un autre grand poète mauricien, Malcolm de Chazal en passant par Robert-Edward Hart), mythe d’autochtonie qui concerne l’Île Maurice mais également les autres îles des Mascareignes ; un troisième versant avec la nature enivrante des tropiques (dans ses effluves, ses flamboiements, ses mystères, sa mer et ses chairs brunes et chaudes).

Un autre élément caractéristique de l’indianocéanisme renvoie à l’idée des races en fusion (le métissage) : « les pulsations de leur vie nous sont rendues dans les textes romanesques par lesquels les auteurs ont recréé les dessous et le quotidien des mélanges et des chocs12 ». Ce métissage donnera ainsi lieu à ce que de Rauville nomme les « recivilisés » nés du brassage de races disparates car :

Que choisir ? Nous européaniser, nous asiatiser, nous africaniser ? Ou bien nous mauricianiser, nous re-civiliser – serait-ce à travers ce que certains appellent une « créolisation » en redoutant ce processus. Il n’y a pas à le redouter. Il établit la prise de conscience de l’adolescent face à des aînés. L’adolescent devenu adulte et qui assume désormais le poids de son destin devant la vie, devant ses propres tendances.
Il nous appartient donc d’établir les données éthiques et esthétiques de notre humanisme propre, qui ne doivent plus être copiées servilement – d’une manière quasi infantile – sur les apports extérieurs. Retenant ce que ceux-ci nous fournissent de nourrissant, nous établirons nos constituantes personnelles, qui seules répondront à nos problèmes individuels ou collectifs13.

Toutefois, selon de Rauville, le métissage psychique serait plus marqué que le métissage physique dans les îles du sud-ouest de l’Océan Indien (auquel s’intéressera par la suite également la créolie indianocéaniste de Prosper, qui se présente comme « une identité hybride, complexe, hétérogène […]. Un prototype de métissage “biologique et culturel” qui préfigure l’avenir de l’humanité dans sa marche irréversible vers le mélange et la mixité des races14 »).

Enfin, un autre élément qui regrouperait ces cultures et littératures sous une même bannière est l’utilisation de la langue française avec les accents du créole des îles. De Rauville s’intéresse en effet aux productions francophones des îles de l’Océan Indien. Mais si le créole y est apprécié car faisant partie intégrale du paysage multiculturel de ces îles, sa présence n’est pas pour autant revendiquée comme chez les créolistes de la Caraïbe :

D’autres apports […] ceux de la linguistique et de la communauté du français, même si l’on tient compte des déformations patoisantes ou syntaxiques qui se manifestent d’une île à l’autre : n’apparaissent-elles de même nature que cette unité de la langue malgache reliant ensemble les diversités anthropologiques des tribus de la grande île, chez qui se manifestent également des diversités dialectales ?15

Réactualisations possibles de ces deux concepts

Un demi-siècle plus tard, le mauricianisme de Cabon aurait-il pris un coup de vieux ? Sans doute y aurait-il alors lieu de repenser le concept, non plus sous l’angle du multiculturalisme mais sous celui de l’interculturalité (entendu ici comme caractéristique propre à l’espace de partages culturels qu’est la nation mauricienne) qui serait mieux adapté aux réalités mauriciennes actuelles. Ce qui n’était pas le cas dans les années 60 où Maurice, prise dans les tensions politiques, n’était pas (encore), semble-t-il, prête à accepter le métissage. Le mauricianisme se substitue alors à l’époque à une éventuelle proposition de créolisation en tant que projet de société16, tandis que dans la Caraïbe, les intellectuels passent de l’antillanité à la prescription d’un modèle créole. Ainsi, le métissage est voué à l’échec dans les deux romans de Cabon : l’enfant de Ram et d’Oumaouti, censé représenter le Mauricien authentique à qui l’on enseignerait « que les âmes peuvent s’aimer hors des races, hors des castes17 » meurt in-vitro ; tandis que la relation entre Sylvestre et Mayotte se termine avec le meurtre de l’esclave marronne par le propre frère de Sylvestre. En effet, la démarche mauricianiste a voulu privilégier la reconnaissance et l’acceptation d’une diversité culturelle de la juxtaposition, où les groupes ethniques évoluent côte à côte (sans pour autant se mélanger) sur le sol mauricien, dans l’idée d’une cohabitation harmonieuse. Et il en a été ainsi dans un pays pris en otage par les tensions engendrées par l’indépendance, car les communautés étaient cloisonnées et il a fallu attendre qu’elles s’ouvrent les unes aux autres avant de pouvoir envisager le métissage. Ainsi, la figure du métis est peu présente dans les deux romans de Cabon. Le métis sera d’ailleurs longtemps représenté comme la figure du maudit dans la littérature mauricienne comme le souligne Danielle Tranquille dans son article qui traite la question des ambiguïtés et des impasses du métissage mauricien18.

Même si le mauricianisme de Cabon s’est souvent vu reprocher son enfermement dans l’espace national, l’on se doit d’en reconnaître la démarche postcoloniale visant l’unification du peuple, la création d’un État-nation, et surtout l’émancipation de celui-ci du dogme littéraire occidental et de la pensée coloniale. Cabon a ainsi encouragé une vision tournée vers l’intérieur de l’île et provoqué le décentrement du regard : « Je ne dis pas qu’on écrit moins bien à Paris, je dis qu’on n’y pourrait trouver ce sel, cette saveur, cette succulence, ce fruité du mot et de la phrase19 ». De plus, comme le souligne à juste titre Aslakha Callikan-Proag, « Marcel Cabon désirait, à travers ses romans, retrouver la vraie Histoire, celle dont l’Histoire officielle ne parle pas20 ». Le mauricianisme, plus qu’une vision littéraire, se veut dans les années 60 un projet sociétal et patriotique, comme l’explique John Maury : « Cabon n’indique pas la voie à suivre mais plutôt la voie à ne pas suivre […] les multiples divisions et préjugés qui menacent l’épanouissement d’un esprit communautaire, d’un élan profondément mauricien21 ». Pourtant, à la fin de sa vie, Cabon porte un regard plutôt amère sur ce concept qui tarde à aboutir malgré l’accession de l’île à l’indépendance : « Le mauricianisme est encore loin. L’île Maurice est un bien beau pays mais c’est une grande misère que d’être né dans un pays où les hommes ne se ressemblent pas22 ».

De même, lorsqu’on parle d’indianocéanisme, l’on se rend compte à quel point l’adjectif « indianocéanique », qui reste sans doute la forme la plus utilisée du terme, est finalement employé comme une simple désignation régionale, plutôt qu’au sens anthropo-culturel que lui voulait son créateur. L’on en oublie en effet aujourd’hui que l’indianocéanisme a d’abord été pensé pour combler un vide théorique qui tiendrait compte des spécificités des littératures de l’Océan Indien. De Rauville avait proposé avec l’indianocéanisme une lecture des littératures francophones de cette région en partant de leurs caractéristiques intrinsèques difficilement saisissables par des grilles étrangères. Aussi, la pensée indianocéanique se situe, comme le mauricianisme, dans la logique du décentrement du regard critique en situation postcoloniale. Comme le rappelle Marie-Claude Smouts, le « post » dans le mot « postcolonial »

exprime également un « au-delà » qui est à la fois une résistance, une visée et une espérance : résistance aux représentations étouffantes de l’Autre comme semblable mais inférieur ; visée de repenser les expériences historiques fondées sur la domination pour les reformuler en une histoire partagée ; espérance d’une reconnaissance réciproque redonnant à chacun son histoire, sa culture et sa dignité23.

L’indianocéanisme naît donc en réaction à une critique exotique et européenne qui pécherait, selon de Rauville, par amateurisme dans son traitement de la littérature francophone de l’Océan Indien et qui aurait des difficultés à rendre compte des traits à la fois communs et spécifiques de ces littératures faute de connaissance du terrain et en l’absence d’outils critiques appropriés :

la propension de quelques historiens de la littérature à traiter en amateur celles de l’océan Indien, et cela, malgré une double défaillance de leur part : de documentation (les œuvres et les travaux restant impossibles à couvrir de loin) et de méthode – celle-ci restant trop lointaine ou trop peu littéraire – y compris ou non les implications indianocéaniennes24.

De Rauville dénonce par la même occasion les critiques français qui cherchent « à participer ou à bénéficier sinon à contrôler les pensées de cette littérature qui leur était déjà plus étrangère qu’étrange25 » en ramenant tout à leur propre littérature sous « prétexte d’universalisme26 ». Dans La République mondiale des lettres, Pascale Casanova met en effet en garde contre la reconnaissance littéraire par un Centre où reconnaître tendrait à voir le Même chez l’Autre :

L’universel est, en quelque sorte, l’une des inventions les plus diaboliques du centre : au nom d’un déni de la structure antagoniste et hiérarchique du monde, sous couvert d’égalité de tous en littérature, les détenteurs du monopole de l’universel convoquent l’humanité toute entière à se plier à leur loi. L’universel est ce qu’ils déclarent acquis et accessible à tous à condition qu’il leur ressemble27.

L’on en arrive alors à se demander : jusqu’où la critique peut-elle être globale ? Jusqu’où une critique qui cherche à saisir l’universel peut-elle rendre compte des spécificités locales ? Ne finit-elle pas par tout lire par le même prisme comme le soulignent de Rauville et plus tard Casanova ? Il nous semble que le dialogue entre la critique locale et la critique d’ailleurs (et la mise en commun des outils conceptuels qu’elles articulent) pourrait prévenir un tel écueil. Pourtant, quelle est la place accordée aujourd’hui aux outils forgés par la critique locale ? Cette interrogation se situe en effet au cœur même de notre réflexion. À prendre pour exemple le cas mauricien, on aurait tendance à répondre que peu de cas semble être fait de tels outils.

Pensé comme une mise en réseau des espaces qui ont une histoire commune de domination, l’indianocéanisme présente des limites posées par sa délimitation géographique même. Ce qui amène de Rauville à dire, dans sa conclusion à son histoire littéraire des littératures francophones de l’Océan Indien, que :

[c]ette donnée géographique est une commodité tout extérieure, l’essentiel se passant à l’intérieur de toute littérature. […]
Peut-on, ayant dit cela, parler de littérature indianocéanique ? Ou ne doit-on point l’évoquer, la saluer de loin, sachant que tout se passe, pour l’essentiel, à l’intérieur de formes non-saisissables par le géographique seul ? C’est un moyen commode de repérer des écrivains, des œuvres négligées du critique, mal connues ou inconnues du lecteur28.

Le but ainsi de l’indianocéanisme est de donner une visibilité à des auteurs souvent ignorés par la critique européocentrique. C’est bien ce qu’a tenté d’entreprendre de Rauville en constituant des bibliographies, anthologies, manuels scolaires, etc., comme mentionné précédemment. Toutefois, pour Jean-Michel Racault qui est aussi l’auteur, entre autres, de Mémoires du Grand Océan. Des relations de voyages aux littératures francophones de l’océan Indien (2007), même lorsque la littérature des Mascareignes,

dans sa volonté d’autochtonie, cherche à s’émanciper de la norme littéraire de la métropole et à rompre avec le regard « extérieur » de l’Européen afin de faire prévaloir le point de vue autocentré du « natif » sur le monde insulaire, elle reste en réalité tributaire, fût-ce pour les contester, des représentations construites par les récits de voyages du 17ème et du 18ème siècles, voire de schémas plus anciens29.

Mais il est important de souligner l’apport possible de l’indianocéanisme dans l’enracinement identitaire des peuples vivant dans les îles de l’Océan Indien. L’histoire du peuplement de ces îles s’est faite dans la violence de la colonisation qui a donné lieu à l’esclavage et à l’engagisme entre autres. L’un des éléments de l’indianocéanisme est bien la Lémurie, mythe fondateur mauricien proposé par Malcolm de Chazal, qui se base, comme évoqué précédemment, sur les travaux de Jules Hermann. Marie-José Matiti Picard interroge ainsi la nécessité de mythes fondateurs dans toute société, de la re-création dans l’exil ou encore de ce besoin de mémoire sur le(s)quel(s)/laquelle se constitue d’abord la fondation même du peuple déraciné, afin de pouvoir se projeter dans l’avenir. C’est ce qui pourrait cimenter notamment la nation mauricienne éclatée par les origines diverses de ceux qui la constituent et par extension les îles de l’Océan Indien. La littérature est un moyen d’y arriver, comme le démontre la quête des origines chez Hart ou encore chez Chazal. Nous pensons aussi à l’écriture de la mémoire30 chez des auteurs plus récents : la mémoire de l’esclavage dans Soupir (2002) d’Ananda Devi, ou encore de la traversée des engagés indiens dans Les Rochers de Poudre d’Or (2003) de Nathacha Appanah-Mouriquand. Mais il s’agit, selon Matiti Picard, d’inscrire les origines d’un peuple déraciné non pas seulement dans l’Histoire mais dans le mythe :

Ce choix d’un mythe situé au-delà de l’Histoire lui a alors permis non seulement d’évacuer la véritable Histoire de l’île mais de l’idéaliser et de sacraliser dans le même temps l’espace insulaire. Il lui a permis d’offrir un passé autre et une mémoire différente à un peuple et à un lieu. À la place de « l’impensable mythe des origines », on trouve ainsi un mythe d’avant les origines de l’île31.

En fait, c’est bien l’absence de récits de genèse à valeur collective ou encore de mythes propres au lieu – les légendes n’étant pas aussi vivantes que les mythes dans l’imaginaire d’un peuple –, qui rend difficile la tâche de rassembler une nation. La pensée indianocéanique amène cette dernière à repenser son Histoire, son identité, ses racines, qui ne seraient plus entachées de violence et inscrites dans une relation périphérique au centre occidental mais qui auraient une toute autre légitimité. Matiti Picard rappelle, de ce fait, que

plus que l’ancienneté des terres indianocéaniques c’est l’antériorité à la fois « physique » et socioculturelle des îles de l’Océan Indien sur la France qui est proclamée. En reconsidérant le passé de ces terres, J. Hermann fait donc plus que magnifier une Histoire, il reconstruit tout un espace, réinstalle ces îles et leurs habitants dans ce qu’il estime être leur dignité première32.

Ainsi écrit Racault qui justifie l’importance de la naissance du mythe insulaire indianocéanique : « c’est précisément la tâche de la création littéraire que de forger, à la faveur de la quête d’une origine mythique, la personnalité collective du monde insulaire33 ». La critique littéraire de l’époque, et même après, n’a pas donné suite à ce mythe des origines mais a préféré miser sur la pluralité des origines avec un retour vers les sources africaines (la Négritude à laquelle ont adhéré des poètes tels que Édouard J. Maunick, Emmanuel Juste, etc.) ou encore indiennes (la coolitude de Khal Torabully).

Conclusion

Le mauricianisme et l’indianocéanisme semblent a priori s’inscrire dans deux mouvances différentes : la focalisation sur le national (pour mieux se comprendre de l’intérieur) et l’ouverture avec cette tentative de rassembler et de marquer le territoire non plus mauricien mais de l’Océan Indien. Il y a dans l’indianocéanisme une tentative évidente de trouver des échos dans l’histoire commune de la colonisation et de l’esclavage (le peuplement, la diversité culturelle, le métissage), ou au-delà de la colonisation, des éléments qui traduiraient l’identité ou les identités commune(s) des îles de cette région (l’espace géographique, les mythes, la langue, etc.). Mais, comme le rappelle Callikan-Proag, le mauricianisme de Cabon préconise aussi « une identité non pas figée, frileuse, repliée sur son nombril, mais souple, chaleureuse, ouverte. Ouverture, non seulement, en ce qui concerne Maurice, sur les pays de peuplement, mais également sur la région34 ».

D’une idéologie nationale à une mise en réseau régional, le but recherché est bien d’amener ceux qui y vivent à apprendre à mieux se connaître et à s’apprécier au lieu de se perdre dans le regard de l’autre. En d’autres mots, ce but renvoie au développement d’une littérature aux sensibilités du terroir, mais aussi d’une critique autonome à même de la comprendre. Il y a dans ces deux approches une écriture de la résistance, celle-là même à laquelle s’intéresse Françoise Lionnet lorsqu’elle aborde la question des « Tensions of Empire and l’exception indianocéanique ?35 » Quelle serait donc cette « exception indianocéanique » ? Selon Lionnet, les auteurs de l’Océan Indien seraient plus intéressés par la créolisation des apports divers qui sont à la base de leur société, que par une société créole même. En cela, ils se différencient de la démarche des auteurs francophones antillais. Se dessine ainsi, avec l’exemple mauricien, une autre poétique qui mériterait d’être étudiée36.

Notes de bas de page numériques

1  Jean-Louis Joubert, Amina Osman et Liliane Ramarosoa, Littératures francophones de l’Océan Indien, Rose Hill (Maurice), Éditions de l’Océan Indien, 1993, p. 101.

2  Cité dans G. André Decotter, Pour mémoire. Une anthologie du souvenir (textes choisis de l’Essor) 1919-1959, Port Louis (Maurice), s. é., 1998, pp. 40-41.

3  Article de Malcolm de Chazal paru dans le journal Le Mauricien, 27 octobre 1961.

4  Article de Marcel Cabon paru dans le journal Le Mauricien, 28 novembre 1958.

5  Marcel Cabon, Namasté, Rose Hill (Maurice), Éditions de l’Océan Indien, 1981, pp. 36-37.

6  Marcel Cabon, cité par Aslakha Callikan-Proag, « La pertinence de Marcel Cabon au XXIe siècle », in Kumari R. Issur et Vinesh Y. Hookoomsing (dir.), L’Océan Indien dans les littératures francophones, Paris/Réduit (Maurice), Karthala/Presses de l’Université de Maurice, 2001, p. 339.

7  Eugène Bernard, « Aux jeunes Mauriciens », Keepsake mauricien, Port Louis (Maurice), Imprimerie du Mauricien, 1839, pp. 321-337.

8  Robert-Edward Hart, « Causerie de M. Robert-Edward Hart. En réponse à l’allocution de M. P. de Sornay », in Gérard Fanchin (textes choisis et présentés par), Hommage à Robert-Edward Hart. La maison qui se souvient, Réduit, Presses de l’Université de Maurice, 2003, p. 37.

9  Camille de Rauville, Indianocéanisme : humanisme et négritude suivi de Mythes et structures indianocéaniques, Port Louis (Maurice), Le livre mauricien, 1970, p. 4.

10  Camille de Rauville, Littératures francophones de l’Océan Indien, Saint Denis, Éditions du Tramail, 1990, p. 31.

11  Camille de Rauville, Indianocéanisme : humanisme et négritude, p. 31.

12  Camille de Rauville, Indianocéanisme : humanisme et négritude, p. 6.

13  Camille de Rauville, Indianocéanisme : humanisme et négritude, p. 14.

14  Jean-Georges Prosper, « La créolie indianocéaniste », Éthiopiques, vol. 7, n° 1, 1991, p. 98.

15  Camille de Rauville, Indianocéanisme : humanisme et négritude, p. 10.

16  Voir Julie Peghini, Les Impasses du multiculturalisme. Politiques, industries et tourisme culturels à Maurice, Thèse de doctorat soutenue à l’Université de Paris VIII, 2009.

17  Marcel Cabon, Namasté, p. 60.

18  Danielle Tranquille, « Inscriptions of Dev/Defiance : Métissage in Mauritian Literature », International Journal of Francophone Studies, vol. VIII, n° 2, 2005, pp. 199-218.

19  Article de Marcel Cabon paru dans le journal Advance, 24 mai 1968.

20  Aslakha Callikan-Proag, « La pertinence de Marcel Cabon au XXIe siècle », p. 346.

21  John Maury, « Étranger parmi les siens : une analyse du personnage de Ram dans Namasté de Marcel Cabon », in Kumari R. Issur et Vinesh Y. Hookoomsing (dir.), L’Océan Indien dans les littératures francophones, p. 363.

22  Article de Marcel Cabon paru dans le journal Advance, 19 avril 1968. Il est bon de rappeler que Advance est l’organe du Parti Travailliste dont les membres ont été les acteurs de la négociation avec les Britanniques en vue de l’obtention de l’indépendance de l’île.

23  Marie-Claude Smouts, « Le postcolonial pour quoi faire ? », in La situation postcoloniale, Paris, Presses de la fondation nationale des sciences politiques, 2007, p. 33.

24  Camille de Rauville, « Une autre vitalité des connaissances indianocéaniques. À la source des études sur les îles australes de l’océan Indien », Le mythe d’Étiemble. Hommages, études et recherches (inédits), n° 77, Paris, Didier érudition, 1979, p. 240.

25  Camille de Rauville, Littératures francophones de l’Océan Indien, p. 33.

26  Camille de Rauville, Littératures francophones de l’Océan Indien, p. 16.

27  Pascale Casanova, La République mondiale des lettres, Paris, Le Seuil, 1999, p. 215.

28  Camille de Rauville, Littératures francophones de l’Océan Indien, pp. 321-322.

29  Jean-Michel Racault, « Les origines du mythe insulaire indianocéanique », in Paolo Carile (dir.), Sulla via delle Indie Orientali. Aspetti della francofonia nell’Oceano Indiano/Sur la route des Indes Orientales. Aspects de la francophonie dans l’Océan Indien, Fasano (Italie)/Paris, Schena/Nizet, 1995, p. 49.

30  Voir Emmanuel Bruno Jean-François et Evelyn Kee Mew, « L’écriture de la déportation chez les écrivaines mauriciennes contemporaines : entre mémoire de la violence et violence de la mémoire », Les Cahiers du GRELCEF, n° 3, 2012, pp. 103-121.

31  Marie-José Matiti Picard, « Une rêverie des origines : Les révélations du grand océan de Jules Hermann », Études Créoles : Littératures et fondations, vol. XXVII, n° 1 & 2, Paris, L’Harmattan, 2004, p. 129.

32  Marie-José Matiti Picard, « Une rêverie des origines : Les révélations du grand océan de Jules Hermann », p. 128.

33  Jean-Michel Racault, « Les origines du mythe insulaire indianocéanique », p. 72.

34  Aslakha Callikan-Proag, « La pertinence de Marcel Cabon au XXIe siècle », p. 346.

35  Françoise Lionnet, Écritures féminines et dialogues critiques. Subjectivité, genre et ironie, Trou d’Eau Douce (Maurice), L’Atelier d’écriture, 2012, « Essais et Critiques Littéraires », p. 307.

36  Françoise Lionnet, Écritures féminines et dialogues critiques. Subjectivité, genre et ironie, p. 312.

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Pour citer cet article

Evelyn Kee Mew, « Le mauricianisme et l’indianocéanisme : deux projets de définition de la littérature mauricienne », paru dans Loxias-Colloques, 3. D’une île du monde aux mondes de l’île : dynamiques littéraires et explorations critiques des écritures mauriciennes, Le mauricianisme et l’indianocéanisme : deux projets de définition de la littérature mauricienne, mis en ligne le 28 mai 2013, URL : http://revel.unice.fr/symposia/actel/index.html?id=441.

Auteurs

Evelyn Kee Mew

Evelyn Kee Mew est maître de conférences au Mauritius Institute of Education. Ses domaines de recherche sont les littératures francophones postcoloniales, le discours de la critique sur la littérature mauricienne et la traduction littéraire. Elle a publié, entre autres, « Une invitation au voyage : Bénarès le film de Barlen Pyamootoo » (Journal of Mauritian Studies, n° 1, 2009) ; « La littérature mauricienne et les débuts de la critique » (International Journal of Francophone Studies, vol. 13, n° 3 & 4, 2010) et « Paris et sa représentation de la littérature mauricienne d’expression française » (avec Emmanuel Bruno Jean-François) (La Tortue verte, Dossier 1, 2012).