littérature comparée dans Loxias-Colloques


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Loxias-Colloques | 2. Littérature et réalité

Littérature de voyage et réalité: le cas de Marocco, de E. De Amicis

La relation de voyage s’affirme, au cours du XIXe siècle, comme une construction autonome par rapport au réel, elle n’est plus considérée comme une entité factuelle, mais fictionnelle, elle donne, tout au plus, à voir les modèles de la culture du voyageur et leurs effets sur la perception de l’altérité et de l’identité. On ne peut jamais y avoir accès à l’altérité de l’autre, mais seulement à des représentations configurées dans et par la culture d’origine. Au XXe siècle cette thèse a été confirmée par la théorie postmoderniste selon laquelle la « vérité » n’existe pas et la rechercher, l’affirmer peut être un mal. C’est l’idée qui s’exprime d’une façon paradigmatique dans la célèbre phrase de Nietzsche : « les faits n’existent pas ; seules les interprétations existent ». Toutefois « le radicalisme de ces thèses les condamne, bien qu’elle soient à peu de choses près au fondement des études postcoloniales » (C. Reichler). En effet, comme U. Eco l’affirme, il n’est pas vrai que toutes les interprétations ont la même valeur : « Il y a des interprétations que l’objet à interpréter refuse » (U. Eco). Bien que d’une façon négative nous avons donc un critère d’orientation pour distinguer entre les différentes « interprétations ». Dans le vaste corpus de la littérature de voyage pouvons-nous donc espérer trouver quelques informations qui ne concernent pas que nous-mêmes, quelque chose de l’Autre ? Dans quelle mesure ? Par quel moyen ? Je développerai cette perspective par l’exemple de Marocco, d’Edmondo De Amicis (1846-1908).

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Loxias-Colloques | 15. Traverser l'espace

L’espace concentrationnaire

Le camp nazi est un espace unique dans sa conception et son fonctionnement, puisqu’il est à la fois marginalisé et producteur de marginalisation ; créé pour exclure des populations particulières, il les fait dans le même temps cohabiter, s’affronter et parfois s’entraider. Lieu incessant de passages, le camp est aussi marqué par des frontières multiples : physiques, abstraites, officielles et officieuses, et le plus souvent, synonymes de mort en cas de transgression. L’espace concentrationnaire est donc un espace d’exception qui impose ses propres normes et modifie en profondeur les notions de bien et de mal. Le déporté est le produit de ce cadre extra-ordinaire. Être de l’entre-deux, il est marqué par ce voyage au-delà des limites physiques et mentales. En quoi le déporté devient-il alors un médiateur entre l’espace concentrationnaire et la société civile ? Quelles sont les tentatives en littérature pour décrire, transmettre ce voyage hors normes ?

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Loxias-Colloques | 19. Autour d’Henri Bosco : voyageurs et expatriés en Afrique du nord. Textes et images

L’Afrique du Nord face au miroir et à la mémoire : un espace de réappropriation dans Jours de Kabylie de Mouloud Feraoun et Des sables à la mer d’Henri Bosco

Henri Bosco et Mouloud Feraoun sont deux auteurs, deux instituteurs, de la même génération : un Français et un natif d’Algérie. Cependant, l’Afrique du Nord était sous domination française et l’Algérie était un département français. Mouloud Feraoun, par sa formation et par son métier, fait partie de cette culture colonisatrice. De plus, entre le passé et le présent, Feraoun ne reconnaît plus son propre pays. Donc, peut-on parler d’un indigène ou d’un natif en quête d’une reconstruction personnelle ? Quant à Henri Bosco, l’expatriation, pendant 24 ans, au Maroc fut le résultat d’une quête adoptive. Cette adoption a inspiré l’œuvre de l’auteur, au point de s’intéresser au soufisme et à la culture de l’Autre. Décrire le Maroc devient, pour lui, une passion autour de son nouveau pays d’accueil. En effet, il semblerait que ces deux écrivains aillent au-delà d’un simple questionnement sur leur nouvel environnement : ils vont plutôt se réapproprier cet espace, qu’il soit nouveau ou revisité, grâce au texte illustré. Cette réappropriation perceptible dans leurs ouvrages était la conséquence d’un refus des identités sclérosées, tout en permettant un dialogue et/ou une rupture entre le passé et le présent. La réappropriation d’un nouvel espace transmue le désir des deux écrivains à se (re)définir grâce à l’écriture, mais aussi grâce à l’image. En réajustant l’écriture d’Henri Bosco et de Mouloud Feraoun par les aquarelles et les dessins de Louis Riou et de Charles Brouty, nous nous appliquons à comprendre cette réappropriation, à travers le miroir (la rencontre) et la mémoire, dans l’expatriation et la (re)naissance. Henri Bosco and Mouloud Feraoun are two authors, two schoolteachers of the same generation; a French and a native of Algeria. However, North Africa was under French domination and Algeria was a French department. Mouloud Feraoun, through his education and his profession, is part of this colonizing culture. Moreover, between the past and the present, Feraoun no longer recognizes his native country. So, can we talk about an indigenous or a native in search of personal reconstruction? As for Henri Bosco, the expatriation, for 24 years, in Morocco was the result of an adoptive quest. This adoption inspired the author’s work, to the point of being interested in Sufism and the culture of the Other. Describing Morocco becomes, for him, a passion around his new host country. Indeed, it would seem that these two writers go beyond a simple questioning of their new environment: they will rather reclaim this same space, whether it is new or revisited, due to the illustrated text. This perceptible reappropriation in their publications was the consequence of a rejection of sclerotic identities, while allowing a dialogue and/or a rupture between the past and the present. The reappropriation of a new space transmutes the desire of the two writers to (re)define themselves through writing, but also through the image. By readjusting the writing of Henri Bosco and Mouloud Feraoun with the watercolors and drawings of Louis Riou and Charles Brouty, we try to understand this reappropriation, through the mirror (the meeting) and memory, all within expatriation and (re)birth.

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