littérature de voyage dans Loxias-Colloques


Articles


Loxias-Colloques | 2. Littérature et réalité

Littérature de voyage et réalité: le cas de Marocco, de E. De Amicis

La relation de voyage s’affirme, au cours du XIXe siècle, comme une construction autonome par rapport au réel, elle n’est plus considérée comme une entité factuelle, mais fictionnelle, elle donne, tout au plus, à voir les modèles de la culture du voyageur et leurs effets sur la perception de l’altérité et de l’identité. On ne peut jamais y avoir accès à l’altérité de l’autre, mais seulement à des représentations configurées dans et par la culture d’origine. Au XXe siècle cette thèse a été confirmée par la théorie postmoderniste selon laquelle la « vérité » n’existe pas et la rechercher, l’affirmer peut être un mal. C’est l’idée qui s’exprime d’une façon paradigmatique dans la célèbre phrase de Nietzsche : « les faits n’existent pas ; seules les interprétations existent ». Toutefois « le radicalisme de ces thèses les condamne, bien qu’elle soient à peu de choses près au fondement des études postcoloniales » (C. Reichler). En effet, comme U. Eco l’affirme, il n’est pas vrai que toutes les interprétations ont la même valeur : « Il y a des interprétations que l’objet à interpréter refuse » (U. Eco). Bien que d’une façon négative nous avons donc un critère d’orientation pour distinguer entre les différentes « interprétations ». Dans le vaste corpus de la littérature de voyage pouvons-nous donc espérer trouver quelques informations qui ne concernent pas que nous-mêmes, quelque chose de l’Autre ? Dans quelle mesure ? Par quel moyen ? Je développerai cette perspective par l’exemple de Marocco, d’Edmondo De Amicis (1846-1908).

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Loxias-Colloques | 5. L’expérience féminine dans l’écriture littéraire | II.

Sur les traces de Lady Montagu. Femmes ottomanes du XXe siècle dans les récits de voyage de Demetra Vaka et Noëlle Roger

Cette contribution porte sur la représentation féminine, tant concernant la manière dont la femme est représentée, que les traits éventuellement « genrés » du discours narratif. Les auteurs abordés sont l’écrivaine et journaliste gréco-américaine Demetra Vaka Brown (1877-1946) qui voyagea en Albanie en compagnie de son frère, envoyé en mission politique pour le compte du gouvernement turc, et la romancière suisse Noëlle Roger (1874-1953), qui parcourut l’Europe balkanique et ottomane à la suite de son mari, l’anthropologue Eugène Pittard. Les œuvres rédigées par des femmes voyageant avec leurs maris, frères, ou d’autres hommes de famille sont assez répandues dans la littérature des derniers siècles ; à une époque où il était encore rare que des femmes partissent à l’étranger de leur propre initiative, ces « voyages à la suite de » étaient pour beaucoup d’entre elles l’occasion de franchir le seuil entre l’écriture « privée », à savoir limitée à la rédaction de lettres, que les femmes ont écrites depuis toujours, et l’écriture destinée à la publication, ce qui – depuis toujours – était pratiquement l’apanage des hommes. This contribution focuses on female representation, regarding either the ways women are represented, as the lines possibly gendered of the narrative discourse. The authors discussed are the writer and Greek-American journalist Demetra Vaka Brown (1877-1946), who travelled in Albania with his brother, sent on political mission on behalf of the Turkish government, and the Swiss novelist Noëlle Roger (1874-1953), who toured the Balkans and Ottoman Europe because of the anthropological research of her husband, Eugene Pittard. Travel books written by women journeying with their husbands, brothers or other relatives are quite common in the literature of the last centuries. In a time when it was still rare that women went abroad on their own initiative, these trips were for many of them the opportunity to cross the threshold between « private » writing (namely limited to writing letters, which women have always been doing) and publishing books, which – since forever – has always been a male prerogative.

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Loxias-Colloques | 6. Sociétés et académies savantes. Voyages et voyageurs, exploration et explorateurs, 1600-1900

De la pierre à la page, de la scène aux savants : Fixer l’identité des ‘Aztec Children’, 1851-1901

Dans son livre à succès Incidents of Travel in Central America, Chiapas, and Yucatan, publié en 1841, l’explorateur américain John Lloyd Stephens (1805-1852) décrit sa découverte des ruines mayas en Amérique centrale et son rêve de les faire parvenir à un musée américain. Une dizaine d’années plus tard, deux explorateurs, inspirés par son récit de voyage, déclarent avoir trouvé une cité perdue, dans laquelle ils auraient capturé deux enfants prêtres appartenant à une « race » antique aux traits anatomiques très spéciaux. Connus sous les noms de Maximo et Bartola, ces enfants sont exhibés en tant qu’ « Aztec Children » ou « Aztec Lilliputians », d’abord aux États-Unis en 1851, puis en Angleterre en 1853, avant de partir pour la France et l’Allemagne. La durée de l’exposition des enfants et les débats qu’ils ont suscités en font un cas d’étude unique, témoin des premières décennies de l’ethnologie en tant que discipline : ils permettent de comprendre les rapports entre cette dernière et l’art, l’archéologie, l’empire et, de façon peut-être moins attendue pour le lecteur d’aujourd’hui, le monde du spectacle. In his best-seller, Incidents of Travel in Central America, Chiapas, and Yucatan, published in 1841, the American explorer John Lloyd Stephens (1805-1852), described his discovery of the Maya ruins in Central America and his dream of shipping them off to an American museum. A decade later, two explorers, inspired by his travelogue, allegedly found a lost city, in which they captured two child priests of an ancient “race” who displayed very specific anatomical features. Known as Maximo and Bartola, the children were exhibited as the “Aztec Children” or “Aztec Lilliputians”, first in the United States in 1851, and then in England in 1853, before going to France and Germany. The length of the children's exhibition and the debates they generated make them a unique case study which runs parallel to the first decades of the discipline of ethnology : they help understand the latter’s relationship to art, archaeology, empire and, maybe less expectedly for the modern reader, showmanship.

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Loxias-Colloques | 10. Figures du voyage

Figures et représentation du monde

“Du point de vue strictement littéraire, le récit de voyage peut s’identifier plus immédiatement par sa thématique ou les conditions de sa rédaction, que par un ensemble de caractéristiques d’écriture qui seraient définitoires du genre. Autrement dit, un voyage se reconnaîtrait d’abord à son objet : un pays, un itinéraire, des impressions – tandis que la forme serait secondaire et contingente. La relation de voyage peut aussi entrer dans des cadres génériques plus précis, comme un compte rendu éphéméride itinérant suivant une ligne narrative chronologiquement fluide. La caractéristique du voyage est de renvoyer à une réalité existante (ou prétendument existante), la relation se fixant pour tâ...”

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La citation de l’autre : discours direct et altérité dans les relations de voyage des missionnaires aux Antilles au XVIIe siècle

À partir du constat que la manière dont la littérature viatique incorpore et « cite » l’autre est complexe et relève de plusieurs stratégies d’écriture (mots vernaculaires, discours direct, discours indirect, etc.), cet article propose d’étudier comment quelques relations de voyage aux Antilles du dix-septième siècle inscrivent les paroles autres dans la narration. Nous interrogerons plus précisément l’inclusion des discours directs dans la trame narrative, dans le but de voir à quelle fin la relation de voyage se fait l’écho des voix d’autrui et comment ces voix interviennent dans la construction de l’altérité. Il sera démontré que par le truchement du pathos, la voix de l’autre fait plus que couronner le voyageur d’héroïsme ou remplir le texte d’objets linguistiques exotiques. Elle agit sur le lecteur et compte parmi les figures servant à dynamiser la relation de voyage. Taking as a point of departure the fact that travel writing incorporates and quotes others in a complicated fashion, using a large variety of writing strategies (vernacular words, direct and indirect discourse, and so on), this article sets out to study how a select number of travelogues about the Caribbean from the seventeenth century include other voices in their narratives. More precisely, the aim is to interrogate the inclusion of direct discourses in the texts with the objective to understand the motivation behind making other voices heard and how these voices intervene in the construction of alterity. The article argues that through the uses of pathos, the voice of the other has other functions than to simply play into the heroization of the voyager or to fill the texts with exotic linguistic objects. These voices are meant to touch the reader and can be considered among the figures that contribute to the dynamics of travel writing.

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Loxias-Colloques | 19. Autour d’Henri Bosco : voyageurs et expatriés en Afrique du nord. Textes et images

La représentation de l’espace « oriental » dans les textes d’Isabelle Eberhardt

Dans cet article, nous examinons la représentation de l’espace oriental dans les nouvelles de l’écrivaine russo-suisse, Isabelle Eberhardt (1877-1904). Eberhardt a été fortement influencée par la littérature orientaliste de l’époque et avec son œuvre, elle s’inscrit dans la même tradition. Fine observatrice de son environnement, Eberhardt convainc ses lecteurs avec un style pictural, chargé d’émotions et d’exotisme. Les sujets de ses nouvelles tournent autour des rencontres interculturelles dans une Algérie coloniale, des voyages et de l’amour pour cet Orient idéalisé dans les textes. Cet article s’intéresse aux images et aux mécanismes utilisés pour la création de l’espace oriental dans les textes. This article examines the representation of the oriental space in the short stories of the Swiss and Russian writer and traveller Isabelle Eberhardt (1877-1904). Eberhardt was strongly influenced by orientalist literature and inserts her writing in the same tradition. As a fine observer of her environment, Eberhardt convinces her readers with a pictorial style, full of emotion and exoticism. The topics of her short stories revolve around intercultural encounters in a colonial Algeria, travelling and the love for this idealized Orient. The following article examines which recurrent images and mechanisms are used in the text in order to create the oriental space.

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Le Maroc dans les récits de voyage de Maddalena Cisotti Ferrara et Luigi Barzini

En 1907 paru en Italie Sotto la tenda, impressioni d’un giornalista al Marocco récit d’un voyage au Maroc de Luigi Barzini, un journaliste déjà célèbre à l’époque. Cinq ans plus tard, en 1912 paru Nel Marocco – Ricordi personali di vita intima, un récit de voyage peu connu et presque tombé dans l’oubli de nos jours, de Maddalena Cisotti Ferrara qui résida trois ans au Maroc entant qu’épouse du Commandant Eugenio Ferrara qui y dirigeait la Regia Missione Militare. Les deux récits, bien que très proches d’un point de vue chronologique, ne pourraient se révéler plus différents et, pour étrange que ça puisse paraître, ce n’est pas le point de vue féminin qui gagne dans la comparaison. In 1907, an account of travels in Morocco, Sotto la tenda, impressioni d’un giornalista al Marocco by Luigi Barzini, a renowned journalist at the time, was published in Italy. Five years later, Nel Marocco - ricordi personali di via intima, a little-known account of travels totally forgotten until recently, by Maddalena Cisotti Ferrara who lived in Morocco for three years with her husband, Commander Eugenio Ferrara, head of the Regia Missione Militare, was published in 1912. The two accounts, although chronologically very close, could not be more different, and as strange as it may seem, it is not the female perspective that prevails in the comparison.

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