voyage dans Loxias-Colloques


Articles


Loxias-Colloques | 1. Voyage en écriture avec Michel Butor | Le pas du texte

Invitation au voyage – à la rencontre de Michel Butor

“La journée que Cristina Pîrvu consacre à l’œuvre de Michel Butor réveille un passé, les souvenirs d’un parcours ponctué de rencontres avec l’écrivain. L’exposition aménagée dans la Bibliothèque Universitaire du campus Carlone en mai 2008 : Texte Promenade, sous le signe du voyage, s’inscrit dans une continuité et fut d’autant plus suggestive. Les liens de Michel Butor avec la ville de Nice sont anciens. Il convient d’évoquer les années d’enseignements à la Faculté des Lettres entre 1971 et 1974. À l’invitation du Professeur Michel Launay, dix-huitiémiste et disciple de J.-J. Rousseau, il revint plusieurs fois, en 1988 entre autres, puis en 1989 pour le bicentenaire de la Révo...”

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Loxias-Colloques | 1. Voyage en écriture avec Michel Butor | Le texte cherche sa voie et sa voix

Le voyage en écriture

“Pour Maria Cristina Pîrvu J’ai commencé par les bâtonsc’étaient les barreaux d’une échellepour un grenier rempli de jeuxque la maîtresse allait chercherpour nous en expliquer les règlesà la craie sur le tableau noirque nous imprimions dans nos têtesavec nos yeux écarquillés C’étaient d’abord les majusculesque l’on recopiait en rangéescomme un défilé de soldats un jour de fête nationale ...”

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Relecture transversale (mais égocentrique) d’un texte de Michel Butor

“Quant est paru de Traverses le numéro 41-42, en bon provincial, j’ignorais l’existence de cette publication : « revue du Centre de Création Industrielle - Centre Georges Pompidou », dont la référence « industrie » du sous-titre n’avait rien pour me séduire. Le thème de ce numéro, Voyages, n’avait aucune chance de m’attirer, puisque le voyage ne m’a vraiment intéressé qu’en tant que figure symbolique. Ainsi Ulysse parcourant le monde (à l’échelle de son temps) pour retrouver chez lui, vingt ans après, ce qu’il avait rencontré partout : la jalousie, la guerre, la mort et aussi, il est vrai, l’amour. Ce numéro est paru, donc, sans que j’en aie été informé, en septembre ...”

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Loxias-Colloques | 1. Voyage en écriture avec Michel Butor | Le Texte-Promenade

Sur une phrase en voyage

“SUR UNE PHRASE EN VOYAGE Savourer longuement la liberté donnée par Cristina Pîrvu de faire une promenade dans le texte-monde de Michel Butor, feuilleter l’Égypte au rythme de sa déambulation dans un essai si étranger au topos du « voyage en Orient », y retrouver le paysage vu du lourd train de nuit qui joint le Caire à Louxor et passe à Minieh au petit matin, paysage revu en surplomb, au hublot d’un avion parti de Victoria, dans les bleus et les roses du soleil levant, s’embarquer sur une phrase du Génie du Lieu, une longue phrase de dix pages dans l’édition originale : ...”

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Loxias-Colloques | 2. Littérature et réalité

L’Orient réel et poétique à travers La Voie cruelle d’Ella Maillart et Où est la terre des promesses ? d’Annemarie Schwarzenbach

C’est en été 1939 que les portes de l’Orient s’ouvrent sur deux voyageuses Suisses : l’écrivaine et journaliste Annemarie Schwarzenbach et la grande voyageuse Ella Maillart. Le compte rendu de ce voyage rédigé par Maillart, raconte toutes les observations de Maillart qui ont été enregistrées sous la forme de film, photographies et des petites notes. Par ailleurs, le récit d’Annemarie Schwarzenbach contient une vingtaine de textes réunis par ordre chronologique de ce périple. La comparaison de ces récits nous révèle que ces deux voyageuses ont vécu cette aventure de manière différente. Par conséquent deux expériences et deux écritures différentes. Alors, comment A. Schwarzenbach a-t-elle présenté l’Orient à travers sa prose poétique et lyrique ? Et les descriptions d’E. Maillart qui a essayé de rester objective, sont-elles vraiment plus réelles que celles d’Annemarie ? Autrement dit, quelle est la part de réel dans les récits de ces deux voyageuses ?

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Loxias-Colloques | 5. L’expérience féminine dans l’écriture littéraire | II.

La vie hors du commun de Jane Dieulafoy et son écriture du voyage

Dans la France du XIXͤ siècle, où les femmes devaient surmonter encore beaucoup d’obstacles pour pouvoir mener une vie littéraire, on assiste à la naissance d’une écrivaine aussi marquante par sa vie que par sa carrière : Jane Dieulafoy. Une femme qui s’est battue contre l’ennemi dans les champs de bataille et qui en se travestissant en homme, a accompagné son mari en Orient en tant qu’archéologue. Ses deux récits de voyage autobiographiques, Une amazone en Orient et L’Orient sous le voile, bien loin d’être uniquement factuels, nous révèlent ses grandes qualités intellectuelles. Jane est une femme qui ne veut pas rester en marge de la société : tel est le message qu’elle fait passer à travers sa vie de femme combattante, ainsi qu’à travers ses livres. Quelles sont les caractéristiques de son écriture ? Quelle image donne-t-elle d’elle-même et de la femme en général ? Pourquoi accepte-t-elle les conditions de vie qu’on prêtait aux hommes de son siècle ?

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Loxias-Colloques | 7. Images de l’Oriental dans l’art et la littérature

Les Persans dans l’objectif des voyageurs-photographes : Nicolas Bouvier, Ella Maillart et Annemarie Schwarzenbach

En 1939, Ella Maillart et Annemarie Schwarzenbach sillonnent les routes d’Orient. À la suite de leur voyage, outre la représentation écrite, elles exposent aussi leurs témoignages photographiques. L’admiration que Nicolas Bouvier voue à Ella Maillart l’incite à entreprendre sa propre aventure dans les mêmes contrées quinze ans plus tard. Ce qu’il apprécie dans l’œuvre d’Ella Maillart et qu’il essaie d’imiter, tant dans l’écriture de son récit que par ses photos, c’est sa neutralité apparente. Dans cette étude nous voulons examiner l’image qui nous livre leurs témoignages à propos des Orientaux et en particulier des Persans.

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Loxias-Colloques | 10. Figures du voyage

Parti pour nulle part : Parodie du récit de voyage dans Je m’en vais (1999) de Jean Echenoz

Figure de rhétorique classique, la parodie est profondément à l’œuvre dans la thématique du voyage qu’annonce le titre du roman d’Echenoz : titre, voire déclaration, que reprend la première phrase du récit même. Cette thématique obsédante inaugure l’excès de voyages qui attendent le lecteur : voyages de recherche, voyages de fuite, errances identitaires, dérives et déchéances socioéconomiques (dont une pérégrination qui dépasse les confins mêmes de Je m’en vais, faite par un personnage qui « voyage » entre deux romans d’Echenoz). Pourtant, l’acte de voyager prend une dimension parodique, se voit ironiser par la vacuité foncière qui caractérise le protagoniste, quels que soient ses déplacements. Même une mission en Arctique ne peut réussir à secouer Ferrer, qui paraît traverser le récit tel un somnambule, alors que – miroir ironique – son associé, en fuite, erre à travers la France et l’Espagne. Car, même en dehors du voyage au grand Nord (où le rapport au réel paraît être garanti dans les minutieuses descriptions des paquebots, guides eskimos, traîneaux, équipes de chiens) Ferrer « voyage » d’appartement en appartement, comme de femme en femme, semblant incapable de progresser dans sa vie. Malgré tous ses déplacements physiques et sentimentaux, pourtant, Ferrer aboutit, dans les dernières lignes du roman, à son point de départ—la maison qu’il avait quittée au début –où il clôture le récit en prononçant encore une fois les mots « Je m’en vais. » Quel progrès aura-t-il fait, entre le début et la fin du roman ? Cette reprise du voyage à la Godot sert d’hommage, bien sûr, au grand prédécesseur de chez « Minuit », mais va plus loin ; tout comme la pièce de Beckett, elle interroge certaines notions fondamentales dans l’acte de voyager, à commencer par le déplacement spatial même. Car Ferrer, même s’il voyage physiquement – contrairement à Vladimir et Estragon – se fige dans l’immobilité d’un retour répété au même, à peu de chose près : immobilité qui voue à l’échec toute métamorphose, car quel que soit le voyage extérieur – spatial ou sentimental, déplacement physique ou affectif – il n’entraîne aucun voyage intérieur, aucune transformation. La très forte thématisation du voyage dans Je m’en vais ne sert donc qu’à parodier l’acte de voyager, en posant d’inquiétantes questions sur ses prémisses les plus fondamentales. Ironie qui hante – peut-être – la littérature de voyage en général, car, bien avant les déboires de Ferrer, un autre avait demandé, « À quoi sert de voyager si tu t’emmènes avec toi ? C’est d’âme qu’il faut changer, non de climat » (Sénèque). Interroger les procédés parodiques mis en œuvre par Echenoz dans Je m’en vais permet de mettre en lumière un certain nombre d’implications inquiétantes pour tout récit de voyage. Parody, a figure of classical rhetoric, is deeply at work in the travel thematic announced by Echenoz’s title, I’m Leaving: itself a declaration renewed in the novel’s first line. Such an obsessive thematic launches the range of voyages that await the reader : research trips, escapist trips, identitarian wanderings, drifts and socioeconomic descents (including one peregrination that exceeds the confines themselves of Je m’en vais, carried out by a character who « travels » between two Echenoz novels). However, as I hope to demonstrate, the act of traveling takes on a parodic dimension as it becomes ironized by the protagonist’s vacuity, whatever his displacements. Even a mission to the Arctic fails to succeed in shaking the soporific Ferrer, who appears to sleepwalk through the narrative while his treacherous associate purposefully hides out by wandering across France and Spain. For, even beyond the trip to the Far North (where the relation to the real seems guaranteed by the minute descriptions of freighters, eskimo guides, dogsleds and dog teams), Ferrer « travels » from apartment to apartment as he does from woman to woman, appearing unable to progress in any arena. Despite all his physical and sentimental displacements, however, Ferrer ends up, in the novel’s final lines, at his point of departure—the house he had left at the beginning—where he closes the narrative by pronouncing once again the words, « I’m leaving. » What progress will he have made, between the beginning and the end of the novel ? This reprise of traveling à la Godot serves as an hommage, of course, to Echenoz’s great predecessor with the Editions Minuit, but goes further ; like Beckett’s play itself, the repetition of « Je m’en vais » questions certain fundamental notions defining traveling, beginning with spatial displacement itself. For Ferrer, even though he travels physically—unlike Vladimir et Estragon—becomes fixed within the immobility of a repeated return to the same. Such immobility dooms to failure any metamorphosis, for whatever the ostensible voyage—spatial or sentimental, physical or affective displacement—it entails no inner voyage, no transformation. The heavy thematisation of traveling in Je m’en vais serves thus only to parody the act of traveling, in posing worrisome questions about its most fundamental assumptions. Such irony may well haunt travel literature in general—for, well before Ferrer’s aimless escapades, another had asked, « What purpose does traveling serve if you take yourself with you ? It’s the soul that must be changed, not the climate » (Seneca). Exploring the parodic strategies employed by Echenoz in Je m’en vais brings to light certain worrisome implications for any travel narrative.

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Figure de l’inversion et altérité dans les récits des voyageurs québécois

De tout temps, le récit de voyage a pris appui sur diverses figures de discours pour rendre compte de l’altérité. Parmi ces figures, l’inversion, que François Hartog (1980) considère comme « une fiction qui fait “voir” et qui fait comprendre », témoigne d’une étonnante adaptabilité selon les époques. En effet, si elle a longtemps été liée à des processus de négation et d’exclusion inhérents à l’ethnocentrisme, « de l'inversion à la conversion » comme disait Francis Affergan (1987), elle a tout autant étayé, dans la seconde moitié du XXe siècle entre autres, la volonté de se désaliéner d’une perception ethnocentrée et la promotion d’une meilleure connaissance et reconnaissance de l’Autre. À l’aide d’un corpus de récits de voyageurs québécois, le présent article consiste précisément à montrer comment l’inversion est une figure indissociable de la pratique du récit de voyage qui a servi tantôt à dévaloriser et à instrumentaliser la culture de l’Autre, tantôt à idéaliser la différence de l’Autre, voire à l’investir de valeurs que l’on se reproche de ne pas avoir. Enfin, notre article tente de montrer qu’avec le tournant du XXIe siècle, certains écrivains voyageurs prennent de plus en plus conscience qu’une approche fondée sur la dépréciation ou sur l’idéalisation entretient une projection en miroir qui risque de les détourner d’une véritable tentative de connaissance de l’Autre. Le défi consiste alors à « s’ouvrir à l’Autre sans se perdre soi-même », pour reprendre l’expression d’Édouard Glissant (1996). Dans ce contexte, la figure de l’inversion acquiert un nouvel usage qui correspond notamment à « l’Esthétique du Divers » telle que la proposait Victor Segalen, c’est-à-dire qu’elle ne vise plus à favoriser « la compréhension parfaite d’un hors soi-même qu’on étreindrait en soi, mais la perception aiguë et immédiate d’une incompréhensibilité éternelle ». Historically, the travel narrative has relied on various speech figures to account for alterity. Among these figures, inversion, which François Hartog (1980) considers as « une fiction qui fait “voir” et qui fait comprendre », shows an astonishing adaptability according to the different times. Indeed, while it has long been linked to negation and exclusion processes inherent to ethnocentrism, from "inversion to conversion" as Francis Affergan (1987) used to say, it has been equally supporting in the second half of the twentieth century among others, the desire to disengage from an ethnocentric perception and the promotion of a better knowledge and recognition of the Other. From a corpus of Quebec traveler's stories, this article will focus on showing how inversion is an inseparable part of the travel narrative that has sometimes been used to devalue and exploit the culture of Other, sometimes to idealize the difference of the Other, or even to invest in it values ​​that we blame ourselves for not having. Finally, our article will attempt to show that with the turn of the twenty-first century, some travel writers are becoming more and more aware that an approach based on depreciation or idealization cultivates a mirrored projection that risks distracting them from a real attempt to know the Other. The challenge then is to "open oneself to the Other without losing oneself", to use the expression of Édouard Glissant (1996). In this context, the figure of the inversion acquires a new use which corresponds in particular to the "Aesthetics of the Diverse" as proposed by Victor Segalen, that is to say that it does not aim anymore to favor « la compréhension parfaite d’un hors soi-même qu’on étreindrait en soi, mais la perception aiguë et immédiate d’une incompréhensibilité éternelle ».

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Loxias-Colloques | 20. Tolérance(s) III - concepts, langages, histoire et pratiques
Tolerance(s) - concepts, language, history and practices

La tolérance en voyage. Leçons sur le déplacement à la Renaissance

Dans le premier collectif sur la Tolérance (journée d’études de Nice, 28 juin 2019), j’avais proposé de considérer la « tolérance » comme l’abandon de souveraineté sur les marges du territoire résistant que représentent les valeurs personnelles ou collectives considérées comme intangibles. Dans le présent article les variations du concept et de l’actualisation de la tolérance à travers les personnes en déplacement, qui se décrivent ou sont mises en scène par la littérature de voyage ou sur les voyages au XVIe : une ligne de démarcation se dessine ainsi non seulement entre voyageurs et sédentaires, mais aussi entre différents voyageurs, selon qu’ils se transportent entièrement avec eux-mêmes, caparaçonnés dans leurs certitudes – et donc susceptibles de tolérance si elle n’affecte pas leur entité personnelle –, ou qu’ils sont prêts à s’adapter aux manières et croyances locales, moyennant des concessions sur leur territoire intime. Nous prenons pour hypothèse de travail le présupposé que les voyageurs en mission, qui sont conditionnés par les impératifs de leur mandat, ainsi que les voyageurs très imbus de leur propre culture relèvent plutôt de la première catégorie, tandis que le « voyageur » sans but particulier se plaît, au moins en théorie, à entrer dans la seconde. Pourquoi la Renaissance est-elle exemplaire ? parce que les voyages de découverte révolutionnent les conceptions géographiques de l’Ancien Monde, et suscitent des réflexions sur l’étrangeté. On se souvient ainsi de la différence entre Thevet et Léry dans l’Amérique tout juste découverte (Thevet plein de certitudes, Léry friand de découvertes), ou de Montaigne visitant l’Italie sans préjugés… La Renaissance offre à cet égard des exemples significatifs, qui seront repris et amplifiés plus tard. In the first collective volume on Tolerance (Nice, 28 June 2019), I had proposed to consider ‘tolerance’ as the surrender of sovereignty over the margins of the resistant territory represented by personal or collective values considered as intangible. In this paper, variations in the concept and actualisation of tolerance will be explored through people on the move, who describe themselves or are portrayed by travel literature in the sixteenth century: A line of demarcation thus emerges not only between travellers and sedentary people, but also between different travellers, depending on whether they are transporting themselves entirely with themselves, caparisoned in their certainties - and therefore susceptible to tolerance if it does not affect their personal entity -, or whether they are ready to adapt to local manners and beliefs, in exchange for concessions on their intimate territory. We assume that mission travellers, who are conditioned by the imperatives of their mandate, as well as travellers with a strong sense of their own culture fall into the first category, while the aimless traveller is satisfied withfalling into the second, at least in theory. Why is the Renaissance exemplary? Because voyages of discovery revolutionised geographical conceptions of the Old World, and gave rise to reflections on strangeness. This recalls the example of Montaigne in Italy, or the difference between Thevet and Léry in the newly discovered America... The Renaissance offers significant examples in this respect, which will be taken up and amplified later.

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