Bosco Henri dans Loxias-Colloques


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Loxias-Colloques | 19. Autour d’Henri Bosco : voyageurs et expatriés en Afrique du nord. Textes et images

« Guide pour le voyageur », « Un guide pour celui qui sait ». Edith Wharton, Voyage au Maroc (1920), Henri Bosco, Des sables à la mer (1950)

Plusieurs voyageurs, militaires ou fonctionnaires coloniaux, ont décrit le Maroc entre la fin XIXe et 1950. Leurs descriptions ont servi de compte rendu de leurs activités et de référence aux voyageurs qui ont marché sur leurs traces. Charles de Foucauld (Reconnaissance au Maroc, 1888), Pierre Loti (Au Maroc, 1890) René de Segonzac (Au cœur de l’Atlas. Mission au Maroc, 1904-1905, 1910) Edmond Doutté (En tribu. Missions au Maroc, 1914), Augustin Bernard (Le Maroc, 1916), par exemple, sont cités par la voyageuse Edith Wharton (1862-1937), invitée dans ce pays par le général Lyautey en 1917. Elle « commence ce livre en affirmant qu’il n’existe pas encore de guide du Maroc », et racontant son propre périple, elle se propose aussi de procurer des éléments d’art, d’histoire, de géographie, et en quelque sorte de servir de guide de voyage culturel à son tour. C’est l’occasion pour elle de réfléchir aussi au processus de colonisation selon son regard de voyageuse. Ce point de vue porté sur un itinéraire rapide est nécessairement différent chez Henri Bosco (1888-1976), dans les Pages marocaines, publiées en 1948 et reprises chez Gallimard en 1950 sous le titre Des sables à la mer : il y présente des réflexions poétiques sur le Maroc où il a longtemps vécu, en y marquant en particulier sa méfiance vis-à-vis du touriste. « Guide pour le voyageur », « Un guide pour celui qui sait » sont deux chapitres du volume : mais ils sont aussi représentatifs de ce genre hybride, cette forme d’essai à tendance lyrique que peut prendre la relation de voyage lorsqu’elle est inspirée par ce que la critique appellera ensuite la « géopoétique ». Dans les deux cas, les récits illustrés (photographies ou dessins) montrent leurs auteurs en correspondance avec les paysages, respectueux des habitants, et désireux de conserver au Maroc son authenticité : même si Wharton chante les louanges de Lyautey, dans le contexte de l’affrontement avec l’Allemagne, on comprend que l’emprise coloniale – qu’elle s’exprime par la force, l’organisation ou le tourisme – n’est pas le meilleur moyen d’y parvenir. Several travellers, military or colonial officials, described Morocco between the end of the 19th century and 1950. Their descriptions were used as an account of their activities and as a reference for the travellers who followed in their footsteps. Charles de Foucauld (Reconnaissance au Maroc, 1888), Pierre Loti (Au Maroc, 1890) René de Segonzac (Au cœur de l'Atlas. Mission au Maroc, 1904-1905, 1910) Edmond Doutté (En tribu. Missions au Maroc, 1914), Augustin Bernard (Le Maroc, 1916), for example, are quoted by the traveller Edith Wharton (1862-1937), who was invited to this country by General Lyautey in 1917. She “begins this book by stating that there is no guide to Morocco yet”, and recounting her own journey, she also proposes to provide elements of art, history, geography, and in a way to serve as a cultural travel guide in her turn. It is also an opportunity for her to reflect on the process of colonisation from her perspective as a traveller. This point of view on a rapid itinerary is necessarily different in Henri Bosco’s (1888-1976) Pages marocaines, published in 1948 and reprinted by Gallimard in 1950 under the title Des sables à la mer (From the Sands to the Sea): he presents poetic reflections on Morocco, where he lived for a long time, in which he expresses his distrust of the tourist in particular. “Guide pour le voyageur” (A Guide for the Traveller) and “Un guide pour celui qui sait” (A Guide for the the one who knows) are two chapters in the volume: but they are also representative of that hybrid genre, that form of essay with a lyrical tendency that the travel report can take when it is inspired by what critics will later call “geopoetics”. In both cases, the illustrated accounts (photographs or drawings) show their authors in correspondence with the landscapes, respectful of the inhabitants, and eager to preserve Morocco’s authenticity: even if Wharton praises Lyautey, in the context of the confrontation with Germany, one understands that colonial control - whether expressed by force, organisation or tourism - is not the best means to success.

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