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Florian Dimeck  : 

Pierre Gringore, entre les genres et les registres

Résumé

Pierre Gringore est un homme de spectacle et un écrivain bien connu dans Paris à la fin du XVe siècle puis dans le premier tiers du XVIe siècle. Il a su se faire un nom à un moment charnière de notre Histoire, profitant des évolutions techniques de l’époque pour publier des textes qui doivent beaucoup à la littérature médiévale. Il est donc un auteur polyvalent, à l’image de son œuvre qui touche à tous les genres littéraires et n’hésite pas à mêler les registres pour affirmer son originalité.

Index

Mots-clés : genres littéraires , Gringore (Pierre), registres littéraires, transition

Géographique : France

Chronologique : Moyen Âge , Renaissance, XVIe siècle

Plan

Texte intégral

Pierre Gringore, auteur actif à la fin du Moyen Âge et au cours de la Renaissance française, est caractérisé par l’idée de transition. Tourné vers deux périodes que notre histoire a distinguées, il participe à chacune des deux. C’est dans cet espace historique intermédiaire qu’il conçoit son œuvre, de sorte que ses textes témoignent aussi bien qu’ils résultent de la période de transition pendant laquelle il vit et écrit. C’est-à-dire que ses premières publications sont bien différentes des suivantes de sorte que l’on peut mettre en évidence une vraie évolution de sa pratique littéraire.

Cet auteur qui fait le lien entre deux époques est d’autant plus polyvalent qu’il ne se limite pas à un seul genre. Pierre Gringore rédige en effet des textes narratifs en prose ou en vers, mais aussi des poèmes et des épîtres parfois virulents, tout en organisant différents types de spectacles dans la ville de Paris puis à la cour du duc Antoine de Lorraine, durant la première moitié du XVIe siècle. De surcroît, en fonction des genres pour lesquels il écrit, les registres qu’il convoque ne sont pas les mêmes. Il peut privilégier l’aspect comique dans une œuvre, la dimension polémique dans une autre, sans omettre quelquefois un certain pathétique, sachant que ces tonalités ne sont pas exclusives dans la plupart de ses textes. L’une pourra simplement prévaloir sur l’autre, selon le genre et les objectifs de son œuvre. Parce que c’est aussi en fonction des objectifs qu’il vise qu’il choisit son genre. Ainsi, les œuvres de Pierre Gringore qui entretiennent d’étroites relations avec les événements politiques du début du XVIe siècle, et que l’on qualifie de « polémiques » pour cette raison, ne relèvent pas du même genre et ne bénéficient pas du même type de publication que ses textes plus généraux, où il peut par exemple décrire et commenter les mœurs de son temps.

Pour servir ses objectifs et sa carrière, Pierre Gringore a su jouer sur ces différents aspects en naviguant dans l’espace littéraire pour passer d’un genre à un autre et même d’un registre à un autre dans un même texte. Son œuvre n’est donc pas monolithique. Elle a toujours été en mouvement, bien caractérisée par la période de transition dans laquelle vit son auteur si bien qu’elle finit par en être représentative. Gringore ne s’est jamais fixé dans un mode de diffusion ni d’écriture unique, et s’est toujours nourri d’inspirations venant d’horizons historiques divers.

Pierre Gringore, un auteur qui écrit pendant une période de transition

Né au cours de la décennie 1470, Pierre Gringore écrit ses premières œuvres à la fin du XVe siècle, puis les suivantes au cours du premier tiers du XVIe siècle. Situés historiquement à la fin du Moyen Âge et au début de la Renaissance française, ses textes font cet auteur un acteur de ces deux périodes.

Un Grand Rhétoriqueur tributaire des traditions littéraires médiévales

Pierre Gringore est d’abord un écrivain tributaire du Moyen Âge et de sa littérature puisqu’il reprend ses grandes tendances littéraires. De ce point de vue, il est à l’image des autres « Grands Rhétoriqueurs », c’est-à-dire de ces auteurs du dernier tiers du XVe siècle et du début du XVIe siècle réunis a posteriori par la critique en raison de leurs caractéristiques communes. Ils mettent notamment leur plume au service d’hommes puissants, tout en accordant une grande attention au côté formel de leurs textes avec un travail poussé du vers et de la rime, ou encore en s’inspirant de la littérature passée. Bien qu’il se situe en marge de ce groupe, Gringore a des points communs qui l’y relient, et en particulier celui de se tourner vers la littérature médiévale pour créer des œuvres originales. Comme lui, les Grands Rhétoriqueurs incarnent un moment de transition entre deux périodes historiques et littéraires.

Les deux premiers récits de notre auteur regardent donc largement vers le Moyen Âge auquel ils doivent beaucoup. Il s’agit du Chasteau de labour et du Chasteau d’amours, deux récits allégoriques de trois mille et deux mille quatre-cent vers environ, datant de l’extrême fin du XVe siècle. Tous deux s’inscrivent pleinement dans la mode du roman allégorique initiée au XIIIe siècle par Le Roman de la rose de Guillaume de Lorris et Jean de Meun. Nous pouvons aussi les mettre en rapport avec les récits de pèlerinage tel Le Pèlerinage de la vie humaine de Guillaume de Digulleville (première moitié du XIVe siècle), où un personnage se déplace et apprend de ses expériences et de ses rencontres.

Les deux « chasteaux » de Gringore racontent effectivement le voyage d’un personnage vers le château de labour (qui signifie « travail ») et le château d’Amour. Alors que le premier a pour but d’inciter les jeunes hommes à travailler pour obtenir un revenu et faire vivre leur ménage, le second prend la forme d’une mise en garde contre l’« amour fou » qui attire ces mêmes jeunes hommes. Les protagonistes respectifs terminent leur trajet forts d’une nouvelle expérience que de nombreuses allégories leur ont permis d’acquérir. Or il se trouve que des passages du Chasteau d’amours prouvent que ce texte a une véritable orientation médiévale. Ce n’est pas anodin que les premiers vers attribués à « l’acteur » (que l’on peut confondre avec l’auteur lui-même) en appelle à la mémoire, au souvenir du temps passé :

Rememorant les faitz des amoureux
et la triumphe des gens chevalleureux
qui pour aimer ont eu mainte adventure
[…] ;
en recreant leur fragile nature,
d’un petit livre fais aulcune ouverture1.

Le verbe « rememorer » dans le premier vers puis « recreer » dans le sixième vers ont le sens de « se souvenir, se rappeler ». C’est donc à partir du souvenir, et plus précisément à partir du souvenir littéraire, que « l’acteur » dit composer son texte. Dès lors, lorsque nous nous penchons sur cette précision, nous remarquons que des éléments du récit renvoient à des œuvres antérieures. À titre d’exemple, nous citerons des paroles du « venant », personnage de retour du château d’Amour pour mettre en garde « l’allant » qui s’y dirige : « Nul homme, tant soit saige, / n’y entre sans dangers divers »2. Le substantif « danger », employé dans ce contexte amoureux (puisqu’il est question de rejoindre le château d’Amour), convoque l’univers allégorique relatif à l’amour en général, et plus spécifiquement celui du Roman de la rose qui a conditionné les récits allégoriques postérieurs. D’ailleurs, comme dans le récit de Guillaume de Lorris et Jean de Meun, dans la suite du Chasteau d’Amours Danger devient un personnage allégorique effrayant l’amant et voulant lui faire obstacle.

Ces deux passages, extraits du deuxième texte de Pierre Gringore, ont pour but de démontrer qu’une partie de son œuvre est tournée vers le Moyen Âge. Nous allons voir maintenant qu’elle regarde aussi son époque et profite en particulier des évolutions techniques qui ont eu lieu au XVe siècle.

Pierre Gringore, un auteur de son temps

Auteur de récits allégoriques tributaires de la littérature médiévale, Pierre Gringore n’en demeure pas moins un homme du début de la Renaissance. Même ses premières œuvres, qui se situent dans la continuité de ce que l’on pouvait lire des siècles plus tôt, en témoignent.

C’est le cas du Chasteau de labour, récit allégorique directement lié à la littérature médiévale dans la mesure où il est une réécriture du « Chemin de povreté et de richesse » de Jean Bruyant3 qui date du XIVe siècle. Toutefois, cette œuvre ne manque pas d’originalité. L’équilibre trouvé entre le respect de la tradition littéraire et les nouveautés de la manière dont est présenté le texte a contribué à en faire l’un des plus grands succès économiques de Pierre Gringore. L’originalité du Chasteau de labour réside dans son mode de publication. En s’associant avec l’imprimeur Philippe Pigouchet et le libraire Simon Vostre, l’auteur voit son texte bénéficier d’illustrations réalisées spécialement pour lui. Il parvient donc à tirer profit de l’innovation technique que représente l’imprimerie, en la mettant au service d’un texte réécrit à partir d’une source qui appartient au passé. Un large public place Gringore sur le devant de la scène parisienne, où il restera pendant encore quelques années. On constate que son œuvre s’affranchit des séparations historiques et littéraires qui distinguent habituellement deux périodes de notre Histoire. Elle parvient même à les rassembler à travers des textes aussi originaux que l’est la pratique de leur auteur.

Fort de cette première réussite, par la suite il a scrupuleusement contrôlé la publication de ses autres œuvres, devenant même un des premiers auteurs à obtenir un privilège royal protégeant un texte écrit en français. Cette forme primitive de droits d’auteur dont profite Pierre Gringore en fait un homme de lettres pleinement impliqué dans la littérature et la société de son temps. Ses œuvres suivantes le prouvent tout aussi bien : après avoir pris conscience de l’intérêt que porte le public aux illustrations, il saura leur accorder une attention particulière. Soutenu par sa nouvelle audience, il traite plus volontiers de sujets d’actualité, prenant régulièrement la défense de la politique expansionniste de Louis XII. Il sait qu’il peut agir sur ce que l’on pourrait appeler « l’opinion publique » de l’époque grâce au crédit que lui a conféré son premier succès littéraire, mais aussi grâce à son statut d’homme de spectacle réputé dans la capitale parisienne.

En effet, Pierre Gringore n’est pas seulement un auteur d’œuvres écrites. Il est aussi connu comme un organisateur de spectacles important en son temps, au point que les rois Louis XII et François Ier aient fait plusieurs fois appel à ses services au début du XVIe siècle. C’est d’ailleurs ce statut que Victor Hugo donne à son personnage Pierre Gringoire dans Notre-Dame de Paris, directement inspiré de l’auteur réel. Ce dernier est très impliqué dans la vie théâtrale de Paris, ce qui prouve bien qu’il ne se restreint pas à créer des œuvres écrites. Au contraire, il navigue entre les genres littéraires en fonctions des objectifs qu’il souhaite atteindre en tant qu’auteur et comédien.

Un auteur polyvalent

Pierre Gringore est un auteur polyvalent parce qu’il n’hésite pas à regarder vers le passé littéraire pour former des œuvres originales qui acquièrent un succès immédiat. Il est la preuve que les séparations historiques que nous érigeons pour distinguer deux époques doivent être questionnées pour ne pas penser que notre Histoire est faite de moments de rupture brutale. L’idée de transition conviendrait mieux, comme elle convient à la pratique de notre auteur.

On peut le qualifier de polyvalent aussi parce qu’il n’a jamais écrit pour un seul et unique genre. Que ce soit sur scène ou la plume à la main, il a réussi à concevoir une œuvre éclectique, à l’image de la période au cours de laquelle il a vécu.

Entre les genres…

Au début du XVIe siècle, les frontières entre les genres littéraires sont encore mal définies. Alors que notre regard moderne nous incite à considérer cet état de la littérature comme étant un défaut, il n’en était pas un pour les auteurs contemporains. L’œuvre de Pierre Gringore le démontre parfaitement. Il a su exploiter la porosité des limites entre les genres pour écrire ses textes et devenir un auteur très polyvalent, notamment lors de ses années parisiennes, entre 1499 et 1517. Il est à l’origine de récits allégoriques, dans lesquels sont insérés des rondeaux (sachant qu’il écrira des rondeaux indépendants ensuite), aussi bien que de textes plus moralisateurs où il décrit et commente le comportement des hommes, mêlant parfois vers et prose4. Il est aussi l’auteur de pièces qualifiées de « polémiques », pièces de circonstance, c’est-à-dire publiées à l’occasion d’événements politiques. C’est dans ce groupe de textes polémiques que l’on classe Le Jeu du prince des Sots et Mère Sotte, ensemble de trois spectacles théâtraux représenté aux Halle de Paris en 1512.

Pierre Gringore ne s’est jamais enfermé dans un seul genre poétique et narratif. Il a su se nourrir de diverses pratiques littéraires pour les adapter à son époque et parler à son public. De surcroît, ses textes ne sont pas monolithiques en eux-mêmes : ses écrits moralisateurs ont une portée politiques, qui se fait quelquefois aussi précise que dans ses écrits polémiques. Par ailleurs, l’étude de son œuvre globale nous fait remarquer que sa carrière a été rythmée par le genre dramatique. Tandis qu’il organise des spectacles à Paris, il y ait connu sous le nom de « Mère Sotte », nom que l’on retrouve au frontispice de certains de ses écrits faits pour la lecture. Mère Sotte renvoie à un personnage que Gringore a incarné ; elle est aussi « la marque de reconnaissance d’un savoir-faire, une consécration, le signe de la maîtrise de la tekhnè de l’acteur5 ». Or il est intéressant que cet homme de spectacle ait utilisé le nom « Mère Sotte », sorte de titre sanctionnant la qualité du savoir-faire du comédien, pour publier certains de ses textes. Peut-être pensait-il qu’il pouvait se servir de sa notoriété sous ce nom afin d’augmenter son succès. Peut-être pensait-il que ce nom le protégeait d’une éventuelle censure en lui permettant d’écrire sous couvert du masque de la folie (« sot » signifiant « fou »). Toujours est-il que l’utilisation qu’il fait de Mère Sotte démontre tout le crédit qu’il accordait au genre théâtral, puisqu’il n’hésitait pas à mettre en avant son statut de comédien en tête de ses livres.

… Et les registres

D’ailleurs, dès ses deux premiers récits allégoriques, nous pouvons remarquer que Pierre Gringore est orienté vers le registre dramatique, qui fera sa postérité. En témoignent les nombreux verbes d’action et les divers déplacements des personnages que l’on y lit. Ces derniers apparaissent parfois brusquement, donnant une dimension spectaculaire au texte composé de nombreux dialogues. L’ensemble de l’intrigue de ces œuvres se déroule de manière dynamique, en étant entrecoupée de passages à portée moralisatrice ou de rondeaux qui s’apparentent à des moments de pause. Le Chasteau de labour comme Le Chasteau d’amours semblent donc être destinés à être lus de manière silencieuse (d’où l’insertion des nombreuses illustrations), aussi bien qu’à être lus à haute voix, devant un auditoire (d’où leur grand dynamisme). Gringore souhaite sans doute se servir de leur polyvalence pour toucher le plus de lecteurs-auditeurs possible.

En outre, la portée dramatique de ces œuvres destinées à la lecture les rattache à la littérature médiévale étant donné qu’au Moyen Âge, tous les textes littéraires ont un rapport plus ou moins direct avec le monde du spectacle. Durant cette longue période, lorsque quelqu’un écrit, il pense à la manière dont il sera lu ou récité devant un public. La lecture personnelle ne se répand qu’à la fin du Moyen Âge, alors que les livres deviennent accessibles à un plus grand nombre de personnes. Or l’œuvre de Gringore, prise dans son ensemble et dans sa progression, donne l’impression qu’il s’inspire de la tradition littéraire médiévale dont il est tributaire, puis qu’il la liquide en partie. Le contenu de ses premiers textes la suit avec le choix du récit allégorique fortement dramatisé, à la différence de ses œuvres postérieures où le registre dramatique n’est plus aussi marqué.

Lorsque nous portons un regard sur la pratique littéraire globale de Pierre Gringore, le plus intéressant nous paraît être que la dimension dramatique qui caractérise ses écrits de début de carrière s’estompe en même temps qu’il commence à se faire un nom sur les scènes parisiennes ; à partir du moment où il devient connu sous le nom de Mère Sotte en somme. Tout porte à croire qu’il a fait de la scène son moyen d’expression dramatique privilégié, si bien qu’il aurait eu toute la liberté de donner un style différent à ses œuvres écrites. En définitive, alors que les premiers textes de Gringore touchaient au monde du spectacle en même temps qu’à la narration et à la poésie, au registre polémique tout autant qu’au registre didactique et comique, les suivants seront moins polyvalents. Mais son œuvre globale le sera davantage puisque composée de différents espaces, aux délimitations pas toujours strictes pour autant : on parle habituellement de ses « textes polémiques », pour les distinguer de ce que l’on nomme ses « textes moralisateurs ». L’on pourrait également distinguer ses œuvres faites pour la scène ou la récitation en public de ses œuvres destinées à être lues individuellement.

L’intérêt que Pierre Gringore porte au registre comique est bien représentatif de l’évolution de sa pratique littéraire. Présent dans ses deux premiers récits, il se fait plus rare dans les suivants, sans doute parce que le comédien parvient à le rendre plus efficace sur la scène. Dans ses textes, il prendra plus volontiers un ton d’indignation, comme dans Les Abus du monde, un poème moralisateur publié en 1509 et divisé en plusieurs parties consacrées à la dénonciation des excès commis par divers groupes de personnes. En guise d’illustration, nous pouvons citer quelques vers extraits d’un long passage où il prend pour cible les gens de justice, auxquels il s’adresse directement :

Ainsi les loix on voit aneanties
Quant soustenez faulx et mauvais procès.
Ceulx qui le font commettent maintz excés.

L’auteur fait preuve de véhémence, sachant qu’il a pris le nom de Mère Sotte dès le début de son discours. Ce masque le protège des réactions possibles aux reproches qu’il émet, alors que la fiction cadre semblait jouer ce rôle protecteur dans Le Chasteau d’amours, où des adresses directes à des tiers étaient déjà présentes. C’est parce qu’elles le sont aussi dans ses textes polémiques que nous pouvons dire qu’aucune classification stricte de l’œuvre de Gringore ne peut être faite.

Finalement, en fonction de la manière dont il souhaite diffuser son texte et en fonction du public qu’il vise, Pierre Gringore sélectionne son style dans le répertoire de ses possibilités littéraires. Il rédige son œuvre selon ces critères et l’associe à son nom véritable ou bien à celui de Mère Sotte. En tirant profit des innovations propres à son époque, de la situation politique du royaume au début du XVIe siècle et de la culture médiévale dont il a hérité, Gringore a su se créer un espace littéraire personnel, dans lequel il a le choix entre de multiples combinaisons qui doivent répondre aux buts qu’il se fixe.

Il n’écrit pas et ne diffuse pas son œuvre de la même manière s’il défend la politique royale, s’il veut divertir les spectateurs parisiens tout en dénonçant les agissements de certains hommes, ou s’il désire s’adresser à un public bourgeois ou aristocratiques pour commenter sa conduite et le mettre face à ses contradictions.

Notes de bas de page numériques

1 « Me souvenant des actions des amoureux / et des hauts faits d’armes des chevaliers / qui ont connu maint événement inattendu parce qu’ils aimaient […] ; / en me rappellant leur nature fragile, / je fais l’ouverture d’un petit livre », Pierre Gringore, Le Chasteau d’amours, Paris, 1ère édition Pigouchet-Vostre, 1499, p. 4, disponible sur Gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k70631b.image (nous soulignons).

2 « Aucun homme, même très intelligent, / ne peut y entrer sans grands dangers ». Pierre Gringore, Le Chasteau d’amours, Paris, première édition Pigouchet-Vostre, 1499, p. 6, disponible sur Gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k70631b.image.

3 « Le Chemin de povreté et de richesse » de Jean Bruyant est reproduit dans Le Mesnagier de Paris, Paris, Société des Bibliophiles François, 1846, tome II, pp. 4-42 disponible sur Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k831118/f2.image.texteImage.

4 C’est le cas du prosimètre Les Fantasies de Mere Sote (1517), disponible sur Gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k702855.image.

5 « Fils de juriste et homme de théâtre » de Bouhaïk-Gironès Marie, in Bellavitis Anna et Chabot Isabelle (dir.), La justice des familles : autour de la transmission des biens, des savoirs et des pouvoirs (Europe, Nouveau Monde, XIIe-XIXe siècles), Rome, École française de Rome, 2011, p. 310.

Bibliographie

Œuvres littéraires

Bruyant Jean, « Le Chemin de povreté et de richesse » dans Le Ménagier de Paris. Traité de morale et d’économie domestique composé vers 1393 par un bourgeois parisien [XIVe siècle], Paris, Société des Bibliophiles François, 1846, tome II, disponible sur Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k831118/f2.image.texteImage

Duval Frédéric et Pomel Fabienne, Guillaume de Digulleville. Les pèlerinages allégoriques, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2008.

Gringore Pierre, Le Chasteau de labour, [1499], Paris, troisième édition Pigouchet-Vostre, 1500, disponible sur Gallica : http://visualiseur.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k72156s

Gringore Pierre, Le Chasteau d’amours, [avant le 20 décembre 1500], Paris, édition Pigouchet-Vostre, 1500, disponible sur Gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k70631b.image

Gringore Pierre, Les Abus du monde, [1509], Paris, édition Alain Lotrian, vers 1527, disponible sur Gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k70467s.image

Gringore Pierre, Le Jeu du Prince des Sotz et de Mère Sotte, [1512], éd. Alan Hindley, Paris, Honoré Champion, 2000.

Gringore Pierre, Les Fantasies de Mere Sote, [1516-1517], Paris, édition Jehan Petit, 1516-1517, disponible sur Gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k702855.image

Gringore Pierre, Œuvres complètes de Gringore, éd. Charles d’Héricault et Anatole de Montaiglon, Paris, P. Jannet, vol. 1, 1858, disponible sur Gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k27730x?rk=42918;4

Gringore Pierre, Le Jeu du Prince des Sotz et de Mère Sotte, [1512], éd. Alan Hindley, Paris, Honoré Champion, 2000.

Gringore Pierre, Œuvres polémiques rédigées sous le règne de Louis XII, éd. Cynthia Brown, Genève, Droz, 2003.

Guillaume de Lorris et Jean de Meun, Le Roman de la rose, [XIIIe siècle], Paris, Librairie Générale Française, 1992.

Hugo Victor, Notre-Dame de Paris, 1482, [1832], éd. Marius-François Guyard, Paris, Garnier Frères, 1961.

Études littéraires et historiques

Bouhaïk-Gironès Marie, « Fils de juriste et homme de théâtre », in Bellavitis Anna et Chabot Isabelle (dir.), La justice des familles : autour de la transmission des biens, des savoirs et des pouvoirs (Europe, Nouveau Monde, XIIe-XIXe siècles), Rome, École française de Rome, 2011, pp. 307-322.

Brown Cynthia, « Pierre Gringore et ses imprimeurs (1499-1518) : collaborations et conflits », Seizième siècle, n°10, 2014, pp. 67-87, disponible sur Persée : http://www.persee.fr/doc/xvi_1774-4466_2014_num_10_1_1093

Brown Cynthia, « La mise en scène du texte dans Le Château de labour de Pierre Gringore », dans Arzoumanov Anna, Réach-N Anne et Tran Trung (dir.), Le discours du livre. Mise en scène du texte et fabrique de l’œuvre sous l’Ancien Régime, Paris, Classiques Garnier, 2012.

Dimeck Florian, « Pierre Gringore dans et hors de Notre-Dame de Paris », Loxias, n°62, 2018, http://revel.unice.fr/loxias/index.html?id=9033

Mühlethaler Jean-Claude et Cerquiglini-Toulet Jacqueline, Poétiques en transition : entre Moyen Âge et Renaissance, Lausanne, Études de lettres, 2002, pp. 79-110.

Oulmont Charles, Pierre Gringore : la poésie morale, politique et dramatique à la veille de la Renaissance, [1911], Genève, Slatkine Reprints, 1976.

Zumthor Paul, Le masque et la lumière. La poétique des grands rhétoriqueurs, Paris, édition du Seuil, 1978.

Pour citer cet article

Florian Dimeck, « Pierre Gringore, entre les genres et les registres », paru dans Loxias-Colloques, 15. Traverser l'espace, Pierre Gringore, entre les genres et les registres, mis en ligne le 05 décembre 2019, URL : http://revel.unice.fr/symposia/actel/index.html?id=1382.

Auteurs

Florian Dimeck

Florian Dimeck est attaché temporaire d’enseignement et de recherche à l’Université Paul Valéry Montpellier 3, où il dépend du Centre d’études médiévales de Montpellier (CEMM). Après avoir soutenu un mémoire sur le théâtre d’Alfred de Musset, il prépare une thèse de doctorat intitulée « Dits, poésies, jeux de Pierre Gringore (1475-1538) : une œuvre plurielle » à l’Université d’Aix-Marseille sous la direction de Madame Michèle Gally, au sein du Centre interdisciplinaire d’étude des littératures d’Aix-Marseille (CIELAM).

AMU, CIELAM